Dialogue en Islam
Quand le pape propose un dialogue avec l'islam, il se trouve des organisations musulmanes ou prétendues telles , pour protester de par le monde ; mais quand des musulmans tuent d'autres musulmans , en nombre , de préférence devant des mosquées , en Irak , en Afghanistan et au Soudan , il ne se trouve nulle organisation musulmane pour crier d'indignation. Pour le Darfour , génocide intra-islamique , seuls les occidentaux , en particulier des organisations humanitaires américaines , s'inquiètent. Les musulmans , que disent-ils ? Le dialogue entre Islam et Christianisme est beaucoup moins urgent qu'un dialogue entre les musulmans . Mais comment dit-on Benoit XVI en arabe ?
[J'ajoute : où sont passés les pétitionnaires compulsifs, ? Je ne les vois pas se hâter pour défendre Robert Redeker, "condamné à mort", obligé de vivre en errant sous protection policière, pour avoir écrit dans le Figaro ce qu'il pense de l'Islam. Il semble plus aisé de s'offusquer des propos de Benoit XVI. Principes à deux vitesses ou simple lâcheté ? Il est vrai que le troupeau des intellectuels nous a surtout appris qu'il méritait le mépris, alors je ne suis pas surpris.]
Guy Sorman, New York , 29 septembre 2006
29 septembre 2006 à 17:37
Aux Etats-Unis , la civilisation recule
Profitant de l’assemblée générale de l’ONU, les ministres français se succèdent à New York. Leurs propos et leurs commentaires sur les Etats-Unis ravissent les délégués des kleptocraties, majoritaires : sans doute le gouvernement français en retire-t-il le sentiment exaltant de conserver une clientèle mondiale. Mais est-ce la bonne ?
Pour avoir rencontré certains de ces ministres, on est frappé par leur ignorance innocente des Etats-Unis. Selon l’un d’entre eux, « la civilisation américaine recule ». Certes, mais comment expliquer que les meilleurs étudiants, artistes, entrepreneurs français et autres souhaitent travailler aux Etats-Unis ? Selon une autre de nos éminences, « il faut que les Européens sauvent l’Amérique contre elle-même ». C’est-à-dire, après explication de texte, contre les électeurs américains qui ont le mauvais goût de voter pour le Parti républicain et les conservateurs.
Ce que les visiteurs pressés, qui ne quittent pas les bons quartiers de Manhattan, ne voient pas, c’est combien les Etats-Unis ne ressemblent plus à leur rêve. Ce pays est de moins en moins européen : l’immigration, depuis quarante ans, en a fait une nation plus à l’image du monde qu’une copie conforme de la vieille Europe. La religiosité américaine, qui n’est pas neuve, mais s’amplifie et devient de plus en plus mystique , est incompréhensible aux Européens.
Pour les Français particulièrement, civilisation et religion sont antinomiques : un préjugé Voltairien qui ne fonctionne pas aux Etats-Unis. La démocratie américaine est aussi trop démocratique au regard de la corporation politique française. Un troisième de ces ministres trouve « indigne » la classe politique américaine qui ne fait que refléter la volonté du peuple, au lieu de le guider. « Les politiciens américains n’ont pas le sens des responsabilités », commentait notre homme.
Il existe mille raisons d’être antiaméricain : c’est facile, c’est sans risque, il n’est pas même nécessaire de s’en justifier. Mais la plus mauvaise raison, c’est de ne rien comprendre à ce pays et de ne surtout pas vouloir comprendre. Un antiaméricanisme qui serait fondé sur la connaissance reste à inventer : mais il exigerait de se renseigner, ce qui est très fatiguant et n’entre pas dans l’agenda du ministre.
Guy Sorman, New York , 29 septembre 2006
29 septembre 2006 à 16:16
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