Je trouve assez indécents, voire choquants, certains commentaires français sur l'exécution de Saddam Hussein (voir par exemple Le Monde : Non à la peine de mort)
Je préfère de très loin le point de vue de Guy Sorman : Fallait-il exécuter Saddam Hussein ?
Abolitionniste de longue date, je suis amer de la joie mauvaise avec laquelle certains abolitionnistes de paccotille, qu'on n'entend point si virulents pour condamner la Chine qui à elle seule fait 90 % des exécutions dans le monde, se révèlent soudain émus par la mort d'un tyran sanguinaire.
Cela n'aurait il pas à voir avec un certain anti-américanisme ? Mais, j'exagère, sans doute, je délire.
Pitoyable spectacle !
dimanche, décembre 31, 2006
vendredi, décembre 29, 2006
Pour le Droit à la voiture avec chauffeur pour tous
Le droit au logement et le droit au travail sont entrés dans les moeurs, je souhaite que désormais la France, fidèle à son rôle de phrare mondial du Progrès Social, fasse un nouveau pas en avant vers plus de bonheur.
Je propose donc que la France institue le droit à la voiture avec chauffeur. Bien entendu, de même que pour le logement et le travail, l'Etat veillera à ce que ce droit nouveau devienne réalité.
Ces avantages et justifications sont si puissants et évidents qu'il ait choquant d'avoir attendu 2007 pour y songer. C'est dire si il nous reste des progrès à faire s'agissant de la prise en considération des besoins des plus démunis. Ah ! Monde cruel et égoïste !
Pour les plus fermés, les plus les égocentriques, pour tout dire, pour les plus bourgeois, je rappelle ce qui justifie l'inscription du droit à la voiture avec chauffeur dans la Constitution :
> la route tue : pourquoi seuls les riches auraient ils droit aux services d'un professionnel pour améliorer leur sécurité ? Non à la route qui tue les pauvres.
> la route épuise : le stress du conducteur est facteur avéré de diminution de l'espérance de vie et d'augmentation des maladies. Le droit à la voiture avec chauffeur est bon pour le trou de la Sécu.
> Songez à tous les nouveaux postes de chauffeurs de voiture de maître : le droit à la voiture avec chauffeur est bon pour l'emploi.
Je vous appelle à une manifestation sur les Champs-Elysées devant la concession Mercedes pour qu'enfin le Droit à la Voiture avec Chauffeur devienne universel.
jeudi, décembre 28, 2006
Ségolène Royal au Fil de l'épée
Non, il ne s'agit pas de décapiter l'icône du néo-socialisme (c'est trop sanguinaire, bien que ça puisse être une bonne action pour la France), mais, comme le suggère Alain Duhamel dans Commentaire, de la confronter au portrait du chef par De Gaulle dans le Fil de l'épée.
Mais je n'ai pas éprouvé le besoin de gloser, la simple lecture se passe de commentaires :
Le Caractère, dans Le fil de l'épée
Juste une remarque : j'ai bien peur que les faiblesses de SR soient encore plus dans les capacités, sans lesquelles le caractère, déjà déficient, n'est rien.
Mais je n'ai pas éprouvé le besoin de gloser, la simple lecture se passe de commentaires :
Le Caractère, dans Le fil de l'épée
Juste une remarque : j'ai bien peur que les faiblesses de SR soient encore plus dans les capacités, sans lesquelles le caractère, déjà déficient, n'est rien.
mardi, décembre 26, 2006
Bilan 2006
Je n'ai pas encore sacrifié à cette tradition du bilan.
Bien entendu, la nouvelle de 2006, ce n'est pas l'émergence de Ségolène Royal, c'est la croissance mondiale qui fait sortir un million de chinois de la pauvreté tous les mois et presque autant d'Indiens.
En Europe, nous n'en sentons que peu les effets (1), mais c'est notre problème.
(1) : à part qu'elle nous empêche de sombrer dans le marasme que notre aboulie nous mériterait.
Bien entendu, la nouvelle de 2006, ce n'est pas l'émergence de Ségolène Royal, c'est la croissance mondiale qui fait sortir un million de chinois de la pauvreté tous les mois et presque autant d'Indiens.
En Europe, nous n'en sentons que peu les effets (1), mais c'est notre problème.
(1) : à part qu'elle nous empêche de sombrer dans le marasme que notre aboulie nous mériterait.
Vers un totalitarisme écologique ? (Sommes nous menacés par un refroidissement climatique ?)
Vous connaissez mon opinion sur le réchauffisme : tous ceux qui nous affirment que l'on connaît suffisamment les mécanismes climatiques pour juger qu'il est urgent de prendre des mesures extrêmement contraignantes sont soit des imbéciles soit des escrocs.
Et ce n'est pas parce que trois prix Nobel français et quelques honorables parlementaires, dont je tairai le nom par respect, viennent de signer une pétition appelant la France à être en pointe des mesures dans l'esprit du protocole de Kyoto que je changerai d'avis.
En effet, le réchauffisme, contrairement aux trompeuses apparences, est un sujet essentiellement politique, plus que scientifique.
Or, la cohorte d'estimables scientifiques, dont pas mal de prix Nobel, qui ont versé du coté des totalitarismes communiste et fasciste est assez grande pour nous permettre d'estimer qu'il ne faut pas accorder plus d'importance à l'opinion politique d'un éminent chercheur qu'à celle du commun des mortels, je suis même enclin à penser qu'il faut peut-être même lui en accorder moins.
En effet, un chercheur de renommée internationale est un monomaniaque, un obsédé, qui vit dans un monde très particulier ; certes, il a d'autres passions (Einstein et son violon !), il peut être très cultivé, il n'en demeure pas moins qu'il est, par son talent même, à part. On ne peut guère être bon partout, en physique des particules et en politique.
******************************
Vers un totalitarisme écologique ?
Par Edgar Gärtner, directeur du forum Environnement au Centre for the New Europe (CNE) à Bruxelles. Publié dans Le Figaro.
Si un remède ne marche pas, vous n'avez qu'à quadrupler la dose. C'est cette logique digne du Dr Knock, personnage de Jules Romains, qui semble se cacher derrière la revendication répétée cet automne lors de la conférence internationale sur le changement climatique à Nairobi : faire suivre le traité de Kyoto par un Kyoto II encore plus contraignant. Une fuite en avant qui n'est pas sans évoquer cette définition du totalitarisme, inspirée de L'Homme révolté d'Albert Camus : mobilisation de masse pour des buts que l'on ne peut jamais atteindre.
Le protocole de Kyoto part de la supposition que le changement climatique, qui est indéniable, est causé par l'augmentation de la concentration de gaz carbonique (CO2) dans l'atmosphère. Cette supposition ne peut pas s'appuyer sur des expériences scientifiques, mais relève d'un raisonnement spéculatif, jugé suffisant cependant, en Europe, pour justifier l'imposition de mesures coûteuses menaçant de manière radicale notre mode de vie.
Dans l'esquisse du nouveau rapport du Giec (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat, l'organisme de l'ONU chargé de l'évaluation du changement climatique), qui est déjà accessible sur Internet, on estime le coût d'un plafonnement de la concentration du CO2 à 550 ppm (parts par million) à 5 % du PIB, ce qui est considérable. Mais l'Union européenne s'est fixé un but encore plus ambitieux : limiter le taux du CO2 à 450 ppm. Cela causerait un appauvrissement généralisé de la population certainement plus dommageable que la passivité face au changement climatique. Le rapport Stern, publié récemment en Angleterre, arrive à des conclusions différentes uniquement parce qu'il cache les gains possibles du réchauffement (comme par exemple la possibilité d'augmenter les rendements agricoles dans le Nord) et minore les estimations du coût des investissements nécessaires pour diminuer les émissions de CO2 par les centrales, usines, chauffages domestiques et transports.
En l'état actuel des connaissances, le diagnostic du Giec n'est pas scientifique mais politique. Il est établi scientifiquement depuis le « compendium météorologique » de la Société américaine de météorologie, en 1951, que le principal agent de l'effet de serre est la vapeur d'eau (à concurrence de 95 %), laquelle échappe à l'emprise humaine. Le CO2 joue un rôle mineur ; et encore les émissions de CO2 ne sont-elles que très partiellement d'origine humaine. Y a-t-il eu jamais une expérience dont les résultats pourraient contredire cette conclusion ?
On ne peut pas expérimenter avec l'atmosphère et il faut donc se contenter de simulations sur des ordinateurs puissants, rétorquent les défenseurs de Kyoto. Mais avec des simulations électroniques il est possible de démontrer n'importe quoi en manipulant les logarithmes dans la direction souhaitée. En réalité, il est aujourd'hui tout à fait possible de clarifier des questions clefs de la météorologie, soit par des observations directes de la circulation atmosphérique à l'aide de photos prises par des satellites ou, dans certains cas, par des expériences en laboratoire. Une équipe de physiciens danois sous la direction de Henrik Svensmark vient de publier, début octobre, les résultats très parlants d'une expérience en chambre close qui montrent que le réchauffement terrestre, enregistré ces dernières décennies, peut aussi bien avoir été provoqué par un accroissement parallèle du champ magnétique du soleil (indiqué par la présence plus grande de taches à la surface du soleil). Ce renforcement du champ magnétique solaire empêche l'entrée de particules cosmiques dans l'atmosphère, qui normalement favorisent la formation de bas nuages qui empêchent les rayons solaires de chauffer le sol terrestre. Une augmentation des taches solaires devrait donc être suivie, à l'inverse, d'une raréfaction des nuages : d'où le réchauffement. L'équipe de Svensmark a justement démontré dans une chambre dite de Wilson que les particules cosmiques qui ne sont pas déviées par le champ magnétique solaire provoquent l'ionisation de molécules d'air, ce qui facilite la formation de nuages. Voilà à n'en pas douter une théorie qui concurrence sérieusement la théorie du CO2.
L'expérience des Danois va probablement être répétée bientôt au Centre européen de recherche nucléaire (Cern) à Genève. Si cette expérience appelée « Cloud » (nuage) confirme les conclusions de l'équipe danoise, le programme de la recherche en climatologie et de la politique internationale devrait être remanié. Car il faut s'attendre à ce que le cycle solaire qui nous a donné, pendant trois décennies, du beau temps (chaud en été, mais parfois très froid en hiver), touche bientôt à sa fin. Des astronomes russes et américains ont annoncé un refroidissement terrestre vers le milieu du siècle qui devrait déjà être sensible dans une dizaine d'années. Des coûteuses réductions de CO2 (un gaz qui, il faut le souligner, ne peut pas être appelé polluant car il nourrit la végétation et conditionne à ce titre la vie même) deviendraient alors non seulement superflues, mais nuisibles. Voilà qui viendrait opportunément rappeler à tous les marchands de peur que l'humanité n'est pas enfermée dans une serre, mais continue à évoluer dans un monde ouvert dont l'intelligence nous échappe encore largement.
Et ce n'est pas parce que trois prix Nobel français et quelques honorables parlementaires, dont je tairai le nom par respect, viennent de signer une pétition appelant la France à être en pointe des mesures dans l'esprit du protocole de Kyoto que je changerai d'avis.
En effet, le réchauffisme, contrairement aux trompeuses apparences, est un sujet essentiellement politique, plus que scientifique.
Or, la cohorte d'estimables scientifiques, dont pas mal de prix Nobel, qui ont versé du coté des totalitarismes communiste et fasciste est assez grande pour nous permettre d'estimer qu'il ne faut pas accorder plus d'importance à l'opinion politique d'un éminent chercheur qu'à celle du commun des mortels, je suis même enclin à penser qu'il faut peut-être même lui en accorder moins.
En effet, un chercheur de renommée internationale est un monomaniaque, un obsédé, qui vit dans un monde très particulier ; certes, il a d'autres passions (Einstein et son violon !), il peut être très cultivé, il n'en demeure pas moins qu'il est, par son talent même, à part. On ne peut guère être bon partout, en physique des particules et en politique.
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Vers un totalitarisme écologique ?
Par Edgar Gärtner, directeur du forum Environnement au Centre for the New Europe (CNE) à Bruxelles. Publié dans Le Figaro.
Si un remède ne marche pas, vous n'avez qu'à quadrupler la dose. C'est cette logique digne du Dr Knock, personnage de Jules Romains, qui semble se cacher derrière la revendication répétée cet automne lors de la conférence internationale sur le changement climatique à Nairobi : faire suivre le traité de Kyoto par un Kyoto II encore plus contraignant. Une fuite en avant qui n'est pas sans évoquer cette définition du totalitarisme, inspirée de L'Homme révolté d'Albert Camus : mobilisation de masse pour des buts que l'on ne peut jamais atteindre.
Le protocole de Kyoto part de la supposition que le changement climatique, qui est indéniable, est causé par l'augmentation de la concentration de gaz carbonique (CO2) dans l'atmosphère. Cette supposition ne peut pas s'appuyer sur des expériences scientifiques, mais relève d'un raisonnement spéculatif, jugé suffisant cependant, en Europe, pour justifier l'imposition de mesures coûteuses menaçant de manière radicale notre mode de vie.
Dans l'esquisse du nouveau rapport du Giec (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat, l'organisme de l'ONU chargé de l'évaluation du changement climatique), qui est déjà accessible sur Internet, on estime le coût d'un plafonnement de la concentration du CO2 à 550 ppm (parts par million) à 5 % du PIB, ce qui est considérable. Mais l'Union européenne s'est fixé un but encore plus ambitieux : limiter le taux du CO2 à 450 ppm. Cela causerait un appauvrissement généralisé de la population certainement plus dommageable que la passivité face au changement climatique. Le rapport Stern, publié récemment en Angleterre, arrive à des conclusions différentes uniquement parce qu'il cache les gains possibles du réchauffement (comme par exemple la possibilité d'augmenter les rendements agricoles dans le Nord) et minore les estimations du coût des investissements nécessaires pour diminuer les émissions de CO2 par les centrales, usines, chauffages domestiques et transports.
En l'état actuel des connaissances, le diagnostic du Giec n'est pas scientifique mais politique. Il est établi scientifiquement depuis le « compendium météorologique » de la Société américaine de météorologie, en 1951, que le principal agent de l'effet de serre est la vapeur d'eau (à concurrence de 95 %), laquelle échappe à l'emprise humaine. Le CO2 joue un rôle mineur ; et encore les émissions de CO2 ne sont-elles que très partiellement d'origine humaine. Y a-t-il eu jamais une expérience dont les résultats pourraient contredire cette conclusion ?
On ne peut pas expérimenter avec l'atmosphère et il faut donc se contenter de simulations sur des ordinateurs puissants, rétorquent les défenseurs de Kyoto. Mais avec des simulations électroniques il est possible de démontrer n'importe quoi en manipulant les logarithmes dans la direction souhaitée. En réalité, il est aujourd'hui tout à fait possible de clarifier des questions clefs de la météorologie, soit par des observations directes de la circulation atmosphérique à l'aide de photos prises par des satellites ou, dans certains cas, par des expériences en laboratoire. Une équipe de physiciens danois sous la direction de Henrik Svensmark vient de publier, début octobre, les résultats très parlants d'une expérience en chambre close qui montrent que le réchauffement terrestre, enregistré ces dernières décennies, peut aussi bien avoir été provoqué par un accroissement parallèle du champ magnétique du soleil (indiqué par la présence plus grande de taches à la surface du soleil). Ce renforcement du champ magnétique solaire empêche l'entrée de particules cosmiques dans l'atmosphère, qui normalement favorisent la formation de bas nuages qui empêchent les rayons solaires de chauffer le sol terrestre. Une augmentation des taches solaires devrait donc être suivie, à l'inverse, d'une raréfaction des nuages : d'où le réchauffement. L'équipe de Svensmark a justement démontré dans une chambre dite de Wilson que les particules cosmiques qui ne sont pas déviées par le champ magnétique solaire provoquent l'ionisation de molécules d'air, ce qui facilite la formation de nuages. Voilà à n'en pas douter une théorie qui concurrence sérieusement la théorie du CO2.
L'expérience des Danois va probablement être répétée bientôt au Centre européen de recherche nucléaire (Cern) à Genève. Si cette expérience appelée « Cloud » (nuage) confirme les conclusions de l'équipe danoise, le programme de la recherche en climatologie et de la politique internationale devrait être remanié. Car il faut s'attendre à ce que le cycle solaire qui nous a donné, pendant trois décennies, du beau temps (chaud en été, mais parfois très froid en hiver), touche bientôt à sa fin. Des astronomes russes et américains ont annoncé un refroidissement terrestre vers le milieu du siècle qui devrait déjà être sensible dans une dizaine d'années. Des coûteuses réductions de CO2 (un gaz qui, il faut le souligner, ne peut pas être appelé polluant car il nourrit la végétation et conditionne à ce titre la vie même) deviendraient alors non seulement superflues, mais nuisibles. Voilà qui viendrait opportunément rappeler à tous les marchands de peur que l'humanité n'est pas enfermée dans une serre, mais continue à évoluer dans un monde ouvert dont l'intelligence nous échappe encore largement.
dimanche, décembre 24, 2006
Contre la retenue de l'impot à la source
Voici un extrait d'un article de Paul Fabra, qui, le moins qu'on puisse dire, n'est pas un utra-libéral déchainé mais qui commence lui aussi à en avoir sa claque de l'Etat maternant :
Il se fait qu'il existe encore en France, implicitement, des partisans d'une société adulte où Papa mon patron ne verse pas à ma place les impôts que je dois. Non seulement la pression fiscale a augmenté partout (y compris au Royaume-Uni sous Mme Thatcher !), mais le détenteur d'un revenu salarial ou autre - Bercy travaille à la retenue à la source des dividendes - ne voit plus, retenue à la source oblige, la couleur d'une bonne partie des sous qu'il gagne et qui vont directement dans les caisses de l'Etat Léviathan. Un peu de trésorerie en moins, la liberté d'agir est rognée d'autant. Sous prétexte de simplifier la vie des contribuables et pour rendre l'impôt le plus indolore possible, on a anesthésié les citoyens.
Il se fait qu'il existe encore en France, implicitement, des partisans d'une société adulte où Papa mon patron ne verse pas à ma place les impôts que je dois. Non seulement la pression fiscale a augmenté partout (y compris au Royaume-Uni sous Mme Thatcher !), mais le détenteur d'un revenu salarial ou autre - Bercy travaille à la retenue à la source des dividendes - ne voit plus, retenue à la source oblige, la couleur d'une bonne partie des sous qu'il gagne et qui vont directement dans les caisses de l'Etat Léviathan. Un peu de trésorerie en moins, la liberté d'agir est rognée d'autant. Sous prétexte de simplifier la vie des contribuables et pour rendre l'impôt le plus indolore possible, on a anesthésié les citoyens.
Pour des raisons qu'il serait intéressant - et sans doute possible - d'élucider, l'exception française a plusieurs facettes. Certaines d'entre elles reflètent timidement le souci de ne pas complètement tomber dans les bras de la technocratie [c'est un vieux fonds libertaire, rebelle, centrifuge]. Ne perdons pas ce réflexe.
samedi, décembre 23, 2006
Je suis démocrate, mais tout de même quand on voit ce qu'on voit ...
Carambolages monstres sur l'A63, le plan rouge déclenché
LEMONDE.FR avec AFP | 23.12.06 | 11h59 • Mis à jour le 23.12.06 | 12h33
Entre 200 et 300 véhicules ont été impliqués dans deux carambolages survenus samedi matin sur l'A63 au niveau de la commune du Barp (Gironde), provoquant la fermeture de l'autoroute. En raison "d'un brouillard terrible", un premier carambolage est survenu vers 9 heures 30 sur l'A63 dans le sens Bordeaux-Bayonne avant qu'un second ne se produise au même endroit, dans le sens inverse, a indiqué la préfecture, ajoutant qu'au total "200 à 300 véhicules (étaient) concernés par l'événement".
Selon le bilan le plus récent, encore non définitif, la préfecture recensait en fin de matinée "six blessés graves" et "une vingtaine de blessés légers". Les moyens de secours rencontrent des difficultés pour se rendre sur les lieux et les moyens aériens sont rendus inopérants par le brouillard.
"On ne voit pas à 20 mètres", a confié le lieutenant-colonel Larrouy-Castéra, officier-presse des pompiers, qui a indiqué qu"'une vingtaine d'engins opérationnels" étaient sur place, soulignant également "les difficultés d'accès des pompiers" sur le site. Un PC de crise a été installé à la préfecture de la Gironde et le plan rouge a été déclenché. Il permet de mobiliser tous les moyens de secours (pompiers, gendarmerie, services de l'équipement, humanitaires, etc.) afin de porter assistance aux automobilistes bloqués dans le froid. Il s'agit "de réquisitionner des bus, des gymnases, de faire intervenir des associations", afin d'évacuer les passagers et de les abriter, ont expliqué les pompiers.
LEMONDE.FR avec AFP | 23.12.06 | 11h59 • Mis à jour le 23.12.06 | 12h33
Entre 200 et 300 véhicules ont été impliqués dans deux carambolages survenus samedi matin sur l'A63 au niveau de la commune du Barp (Gironde), provoquant la fermeture de l'autoroute. En raison "d'un brouillard terrible", un premier carambolage est survenu vers 9 heures 30 sur l'A63 dans le sens Bordeaux-Bayonne avant qu'un second ne se produise au même endroit, dans le sens inverse, a indiqué la préfecture, ajoutant qu'au total "200 à 300 véhicules (étaient) concernés par l'événement".
Selon le bilan le plus récent, encore non définitif, la préfecture recensait en fin de matinée "six blessés graves" et "une vingtaine de blessés légers". Les moyens de secours rencontrent des difficultés pour se rendre sur les lieux et les moyens aériens sont rendus inopérants par le brouillard.
"On ne voit pas à 20 mètres", a confié le lieutenant-colonel Larrouy-Castéra, officier-presse des pompiers, qui a indiqué qu"'une vingtaine d'engins opérationnels" étaient sur place, soulignant également "les difficultés d'accès des pompiers" sur le site. Un PC de crise a été installé à la préfecture de la Gironde et le plan rouge a été déclenché. Il permet de mobiliser tous les moyens de secours (pompiers, gendarmerie, services de l'équipement, humanitaires, etc.) afin de porter assistance aux automobilistes bloqués dans le froid. Il s'agit "de réquisitionner des bus, des gymnases, de faire intervenir des associations", afin d'évacuer les passagers et de les abriter, ont expliqué les pompiers.
En lisant Commentaire
Pour ne pas changer, la livraison trimestrielle de la revue Commentaire apporte sa légère brise libérale dans le lourd climat du conformisme intellectuel déterministe et relativiste.
Je note un article d'Alain Duhamel intitulé La candidate au miroir, vous devinez de qui l'on parle et pour vous en indiquer la teneur, il suffit que je vous dise qu'il se termine par une invitation à relire la description du chef par Charles De Gaulle dans Le fil de l'épée. Bien qu'ayant souvent lu ces pages, je ne m'en rappelle plus par coeur, mais elles sont dans la tonalité de ces trois citations de Mémoires de guerre : "Face au mauvais destin, le chef est toujours seul.", "La délibération est le fait de plusieurs, la décision est le fait d'un seul." et "Le caractère, vertu des temps difficiles".
D'ailleurs indépendamment de Mme Royal et de ce que l'on peut en penser, je vous invite à lire ou à relire ces pages qui sont parmi les meilleures et les plus personnelles à sa manière de De Gaulle.
Le numéro de l'hiver 2007 est essentiellement consacré au tombeau de JF Revel. Ca tombe bien en ce dbut de morne campagne présidentielle : il était un personnage haut en couleurs et doté d'un humour tranchant ; l'humour, le plus gros manque des libéraux, à l'exception de Nicolas Baverez.
Pour ma part, j'apprécie particulièrement, parmi tous les ouvrages de JF Revel, La connaissance inutile, Le voleur dans la maison vide et La grande parade.
Son plus grand fait d'armes journalistique reste à mes yeux la révélation du passé de travailleur volontaire en Allemagne de George Marchais. Celui-ci n'était pas le clown pittoresque que se plaisent à présenter ceux qui en parlent encore mais un bouffon sinistre.
Comme d'habitude, je vous mets quelques extraits.
J'ai numérisé celui sur l'ultra-antilibéralisme en ayant quelques personnes en tête. Je résume pour ceux qui n'auraient pas envie de lire :
L'ultra anti-libéralisme
> si le libéralisme est revenu à la mode depuis les années 80, c'est que l'économie planifiée a a échoué.
> les ultra-antilibéraux ne pouvant admettre l'échec de leurs idées et le naufrage de leur rêve sont obligés d'imaginer une conspiration libérale pour expliquer ce retour en grâce, mystérieux dans leur logique puisqu'ils nient la catastrophe de l'économie planifiée.
> ne pouvant tout de même plus promouvoir ouvertement l'économie planifiée de but en blanc, ils sont forcés de transformer leur adversaire en épouvantail. En réalité, personne ne récuse la liberté de choisir son opérateur de téléphone mobile et d'acheter des T-shirts à 1 €, il est donc difficile de faire peur avec le libéralisme, d'où les délires sur la "marchandisation" de la société ; délires car cet argument ne tient pas 2 minutes :
>> théoriquement : jamais aucun penseur libéral n'a écrit que tout devait s'échanger sur un marché. Au contraire, les libéraux accordent beaucoup d'importance aux associations libres, aux corps intermédiaires et à la protection de la sphère privée. Encore faut-il avoir lu les libéraux pour le savoir.
>> pratiquement : il est très clair que les individus ont des valeurs morales et qu'ils mettent d'eux-mêmes sans violence une barrière à la société marchande, simplement il y a des choses qui ne se vendent ni ne s'achètent.
Une admis qu'il ya des barrières naturelles à l'échange marchand, cet argument de la "marchandisation" de la société revient au fond à dire qu'il est mieux d'être obligé d'utiliser un opérateur étatique que d'avoir le choix entre trois opérateurs privés, ça n'est pas très crédible.
> les ultra-antilibéraux déforment tellement le libéralisme (c'est un bel oxymore "libéralisme totalitaire") qu'on est en droit de se demander si ils croient ce qu'ils disent. Il est possible que non, que cet ultra-antilibéralisme soit une position d'attente (en attendant qui ? Quoi ? Godot ?) avant que de passer à autre chose.
Le deuxième article est un hommage à JF Revel.
J'ai choisi celui de Philippe Meyer pour les raisons que vous devinerez en le lisant.
Un homme pour toutes saisons
Juste une remarque, je pense que, dans son hommage, A. Besançon se trompe quand il parle de "l'intelligentsia de gauche, honte de la France" au passé.
Certes le temps des odes à Staline et à Mao est fini, mais le traitement différent de Castro et de Pinochet suffit à montrer que, vu de Paris, il vaut mieux être un bourreau de gauche qu'un bourreau de droite, comme si le fait d'être de gauche était un charme particulier rendant les tortures plus douces, les exécutions sommaires plus justes, les camps de travail plus guillerets.
Sur le sujet de l'intelligensia, on peut toujours se reporter au Pourquoi les intellectuels n'aiment pas le libéralisme de Raymond Boudon.
Je note un article d'Alain Duhamel intitulé La candidate au miroir, vous devinez de qui l'on parle et pour vous en indiquer la teneur, il suffit que je vous dise qu'il se termine par une invitation à relire la description du chef par Charles De Gaulle dans Le fil de l'épée. Bien qu'ayant souvent lu ces pages, je ne m'en rappelle plus par coeur, mais elles sont dans la tonalité de ces trois citations de Mémoires de guerre : "Face au mauvais destin, le chef est toujours seul.", "La délibération est le fait de plusieurs, la décision est le fait d'un seul." et "Le caractère, vertu des temps difficiles".
D'ailleurs indépendamment de Mme Royal et de ce que l'on peut en penser, je vous invite à lire ou à relire ces pages qui sont parmi les meilleures et les plus personnelles à sa manière de De Gaulle.
Le numéro de l'hiver 2007 est essentiellement consacré au tombeau de JF Revel. Ca tombe bien en ce dbut de morne campagne présidentielle : il était un personnage haut en couleurs et doté d'un humour tranchant ; l'humour, le plus gros manque des libéraux, à l'exception de Nicolas Baverez.
Pour ma part, j'apprécie particulièrement, parmi tous les ouvrages de JF Revel, La connaissance inutile, Le voleur dans la maison vide et La grande parade.
Son plus grand fait d'armes journalistique reste à mes yeux la révélation du passé de travailleur volontaire en Allemagne de George Marchais. Celui-ci n'était pas le clown pittoresque que se plaisent à présenter ceux qui en parlent encore mais un bouffon sinistre.
Comme d'habitude, je vous mets quelques extraits.
J'ai numérisé celui sur l'ultra-antilibéralisme en ayant quelques personnes en tête. Je résume pour ceux qui n'auraient pas envie de lire :
L'ultra anti-libéralisme
> si le libéralisme est revenu à la mode depuis les années 80, c'est que l'économie planifiée a a échoué.
> les ultra-antilibéraux ne pouvant admettre l'échec de leurs idées et le naufrage de leur rêve sont obligés d'imaginer une conspiration libérale pour expliquer ce retour en grâce, mystérieux dans leur logique puisqu'ils nient la catastrophe de l'économie planifiée.
> ne pouvant tout de même plus promouvoir ouvertement l'économie planifiée de but en blanc, ils sont forcés de transformer leur adversaire en épouvantail. En réalité, personne ne récuse la liberté de choisir son opérateur de téléphone mobile et d'acheter des T-shirts à 1 €, il est donc difficile de faire peur avec le libéralisme, d'où les délires sur la "marchandisation" de la société ; délires car cet argument ne tient pas 2 minutes :
>> théoriquement : jamais aucun penseur libéral n'a écrit que tout devait s'échanger sur un marché. Au contraire, les libéraux accordent beaucoup d'importance aux associations libres, aux corps intermédiaires et à la protection de la sphère privée. Encore faut-il avoir lu les libéraux pour le savoir.
>> pratiquement : il est très clair que les individus ont des valeurs morales et qu'ils mettent d'eux-mêmes sans violence une barrière à la société marchande, simplement il y a des choses qui ne se vendent ni ne s'achètent.
Une admis qu'il ya des barrières naturelles à l'échange marchand, cet argument de la "marchandisation" de la société revient au fond à dire qu'il est mieux d'être obligé d'utiliser un opérateur étatique que d'avoir le choix entre trois opérateurs privés, ça n'est pas très crédible.
> les ultra-antilibéraux déforment tellement le libéralisme (c'est un bel oxymore "libéralisme totalitaire") qu'on est en droit de se demander si ils croient ce qu'ils disent. Il est possible que non, que cet ultra-antilibéralisme soit une position d'attente (en attendant qui ? Quoi ? Godot ?) avant que de passer à autre chose.
Le deuxième article est un hommage à JF Revel.
J'ai choisi celui de Philippe Meyer pour les raisons que vous devinerez en le lisant.
Un homme pour toutes saisons
Juste une remarque, je pense que, dans son hommage, A. Besançon se trompe quand il parle de "l'intelligentsia de gauche, honte de la France" au passé.
Certes le temps des odes à Staline et à Mao est fini, mais le traitement différent de Castro et de Pinochet suffit à montrer que, vu de Paris, il vaut mieux être un bourreau de gauche qu'un bourreau de droite, comme si le fait d'être de gauche était un charme particulier rendant les tortures plus douces, les exécutions sommaires plus justes, les camps de travail plus guillerets.
Sur le sujet de l'intelligensia, on peut toujours se reporter au Pourquoi les intellectuels n'aiment pas le libéralisme de Raymond Boudon.
La rupture tranquille, qu'est-ce que c'est ?
En quelques années le Canada a réduit ses dépenses publiques et effacé les déficits budgétaires. De passage à Paris à l'occasion des entretiens de Royaumont, l'ancien premier ministre canadien Jean CHRETIEN a donné au Figaro Economie une interview qui nous apprend beaucoup sur cette réforme.
Mais si les hommes politiques français découvrent « pragmatiquement », comme les Canadiens, qu'il faut en finir avec l'Etat tout puissant, et réduire d'un cinquième le nombre de fonctionnaires, nous ne ferons pas la fine bouche. Mais pour l'instant en France, on est loin de la situation canadienne : le déficit apparaît chez nous comme une vertu. KEYNES est toujours le maître à penser de la classe politique française, il est vrai qu'il n'était pas « idéologue » !
Tout en se refusant à donner des conseils à l'occasion des élections en France, il a néanmoins précisé :
« Je ne constate qu'une chose : au Canada, nous avons réalisé neuf exercices budgétaires excédentaires d'affilée, ce qui a profondément changé le langage des hommes politiques. Alors qu'avant, tout le monde expliquait que le déficit avait du bon car il s'agissait d'un investissement pour le futur, aujourd'hui plus aucun responsable politique n'ose mentionner le mot déficit. Désormais, l'appréciation des qualités d'un ministre se fait sur sa capacité à bien mener son ministère sans augmenter ses dépenses ».
Heureux Canadiens !
« Nous étions dans une situation désespérée avec un déficit de plus de 6% du PIB. Tous les partis disaient vouloir rééquilibrer le budget en cinq ans. En ce qui me concerne, j'avais opté pour un langage franc. Je pensais que cet objectif était trop dur et pas réaliste et je m'étais engagé à ramener le déficit au niveau de Maastricht, c'est-à-dire 3% du PIB. On a finalement équilibré nos comptes en trois ans, plus vite que prévu ».
C'est donc possible.
Question du Figaro : pourquoi ce message a-t-il pu être accepté par les électeurs ?
« Nous avons expliqué pourquoi nous devions le faire car nous étions face à un mur. On en était arrivé à un point où les gens pensaient que le Fonds monétaire international allait venir gérer nos affaires en direct. Comme nos taxes étaient déjà extraordinairement élevées, il était impossible d'augmenter les impôts. Il n'y avait qu'une seule solution : réduire les dépenses. ».
« Nous avons réduit de 30 à 40% le budget de certains ministères et diminué de 19% le nombre de fonctionnaires, en les incitant à partir avec des parachutes dorés. Au total, notre budget est passé de 121 à 101 milliards de dollars. Pour faire accepter ces coupes difficiles, j'ai créé un comité du trésor réunissant les principaux ministres, présidé par le ministre du budget. L'objectif était de réduire les dépenses de tout le monde, il n'y avait pas d'enfants chéris, c'était le principe même de la solidarité ministérielle : nous étions tous dans le même bateau. ».
« En tant que premier ministre, je jouais le rôle de cour d'appel en cas de litiges, mais cette cour ne siégeait pas ! La clef, dans ce type de réforme, c'est que le chef du gouvernement soutienne sans faille son ministre du budget ».
Et Jean CHRETIEN d'ajouter qu'avec cette politique, le Canada a même dégagé des surplus, qui ont servi à mener de vraies politiques, en particulier d'investissement en capital humain dans les universités en créant deux mille chaires d'excellence, ce qui fait que le Canada a cessé de « perdre des cerveaux », mais en acquiert au contraire :
« Nous avons maintenant le plus haut niveau de diplômés de l'enseignement supérieur au monde ».
Ce qui est intéressant dans l'exemple canadien, c'est que ce pays n'a pas connu l'équivalent d'une révolution reaganienne ou thatchérienne, et qu'il s'est pourtant réformé en profondeur parce que la classe politique, unanime, a compris qu'il fallait rompre avec les politiques antérieures et que cette fuite en avant des dépenses ne pouvait plus durer. Une révolution tranquille en quelque sorte.
On remarque que, contrairement à ce qu'on agite comme épouvantail en France, le recul de l'Etat n'a en rien conduit à l'écroulement du pays, bien au contraire. Les fonctionnaires peuvent faire l'équation "Etat = pays", c'est naturel, par contre il n'y a aucune raison pour que le reste des Français admettent cette folle équivalence.
On remarque que, contrairement à ce qu'on agite comme épouvantail en France, le recul de l'Etat n'a en rien conduit à l'écroulement du pays, bien au contraire. Les fonctionnaires peuvent faire l'équation "Etat = pays", c'est naturel, par contre il n'y a aucune raison pour que le reste des Français admettent cette folle équivalence.
La classe politique française se méfie unanimement des idéologies (sauf de l'idéologie socialiste, bien sûr) ; les Canadiens n'ont pas agi par idéologie, mais par nécessité et simple bon sens. Chez nous ceux qui prônent la rupture tranquille sont-ils prêts à diminuer de 19% le nombre de fonctionnaires, comme au Canada ? Et d'environ 20% en moyenne le budget ?
Pour nous, le recul de l'Etat et le libéralisme sont des nécessités morales.
jeudi, décembre 21, 2006
Puisque les impots sont à la mode ...
Voici un dialogue entre Thomas Piketty et Alain Madelin sur le sujet :
Université de tous les savoirs : faut-il augmenter les prélèvements obligatoires ?
Vous vous doutez de quel coté mon coeur et ma raison penchent.
L'argument massue est donné par A. Madelin : une croissance annuelle de 3.5 % fait doubler les revenus en 20 ans. Aucune politique de redistribution n'arrive à cet exploit, seule une politique de croissance, c'est-à-dire de baisse des impots et de dégonflement de l'Etat, peut y parvenir.
Université de tous les savoirs : faut-il augmenter les prélèvements obligatoires ?
Vous vous doutez de quel coté mon coeur et ma raison penchent.
L'argument massue est donné par A. Madelin : une croissance annuelle de 3.5 % fait doubler les revenus en 20 ans. Aucune politique de redistribution n'arrive à cet exploit, seule une politique de croissance, c'est-à-dire de baisse des impots et de dégonflement de l'Etat, peut y parvenir.
Qu'est-ce que la justice sociale ?
François Hollande propose d'augmenter les impots des "riches" (en réalité des classes moyennes supérieures, les vrais riches ont les moyens de se payer de "l'ingenierie fiscale") au nom de la justice sociale et de la nécessaire redistribution des revenus.
Examinons donc ces raisons : qu'est-ce que la justice sociale ?
D'après ce que l'on comprend, il s'agit de justice redistributive : certains gagnent trop, d'autres pas assez, on prend aux uns pour donner aux autres. Certes, mais "trop" et "pas assez" par rapport à quoi ?
On entre là dans le vif du sujet. Nous vivons dans une économie de marché, où, à condition qu'il n'y ait pas de monopole, nul n'est forcé de faire une transaction. Si j'achète, je vends, je loue, c'est parce que je le veux.
Il en est de même pour le travail : un employeur et un employé s'accordent sur un prix pour un certain travail.
Là dedans, nulle notion de justice ou d'injustice : chacun vit des ressources que lui procure le travail qu'un autre est prêt à lui acheter. Ce brillant mécanisme est faussé par deux grains de sable :
> le chomage, qui fait que la possibilité de négocier son salaire est très faible voire inexistante pour certains.
> Les impots, qui introduisent une différence, le "coin fiscal", entre ce que l'employeur débourse et ce que l'employé reçoit, dont la variation, l'usage et l'utilité ne dépendent ni de l'un ni de l'autre.
Ces deux maux sont essentiellement d'origine étatique.
Premier constat : la "justice sociale" est un moyen pour l'Etat de compenser les dégats qu'il cause.
Deuxième constat : nous ne sommes toujours pas plus avancés pour savoir qui gagne "trop" ou "pas assez".
Puisque chacun, employé et employeur, est pris dans une transaction qu'il était libre de refuser, c'est qu'elle lui convient, au moins par défaut : il n'a pas trouvé mieux ailleurs. Et comme chacun est libre, surtout l'employé, de sortir de la transaction à tout moment, c'est qu'il n'a toujours pas trouvé mieux ailleurs.
Alors comment juger que ce qu'il reçoit n'est "pas assez" puisqu'il ne trouve personne qui consente librement et sans entente à lui payer plus ? Et inversement, comment juger que tel autre gagne "trop" si il trouve quelqu'un qui prêt à lui payer ce qu'il gagne ?
A défaut d'avoir une justification théorique de la redistribution - manque qui nous met tout de même la puce à l'oreille, essayons de voir comment cela se passe en pratique :
> un gouvernement est élu qui décide, à travers impots et subventions, de la redistribution.
Mais qui influe sur le gouvernement ? En théorie, c'est la majorité, mais la majorité peut avoir tort et porter sciemment atteinte à des droits élémentaires. De plus, l'expérience et la théorie micro-politique montrent que ce sont les groupes de pression les plus bruyants ou les mieux organisés qui font valoir leurs demandes.
Par comparaison, le marché libre est une démocratie participative permanente : ce qui s'y passe est la somme de décisions individuelles toujours renouvelées prises librement d'acheter ou de vendre.
De tout cela, on tire que la redistribution étatique des revenus n'est pas juste mais arbitraire. La seule justice qui vaille, c'est celle qui, garantissant les mêmes droits à chacun, offre à tous la possibilité de faire fortune, non pas que tous la saisissent.
Pour conclure, on peut citer Pascal Salin :
Imposer des transferts obligatoires, c’est-à-dire prendre des ressources à ceux qui les ont créées par leurs propres efforts pour les remettre à d’autres qui ne les ont pas créées, quelles que soient les situations respectives des uns et des autres, revient à dire que les seconds ont des droits sur les premiers.
Mais il est totalement incohérent de vouloir défendre la liberté humaine et d’admettre en même temps l’idée que quelqu’un a des droits sur vous et sur vos propriétés, c’est-à-dire sur le produit de votre activité.
Il existe de ce point de vue une différence radicale entre les transferts obligatoires et les transferts volontaires – inspirés par l’altruisme et la morale individuelle – car on ne peut légitimement transférer que ce que l’on possède légitimement. Et on ne peut donc légitimement recevoir que ce qui vous est transféré volontairement par un propriétaire légitime.
Tout le reste est violence et ne peut être que violence. La politique sociale, c’est donc la guerre des uns contre les autres. Et c’est une imposture que d’utiliser le beau mot de justice pour couvrir des actes de violence qui sont à l’opposé de la vraie solidarité et de la vraie charité.
Il est donc aisé de comprendre que les hausses d'impots préconisées par François Hollande sont non pas un facteur de justice mais une spoliation illégitime au profit des profiteurs de l'Etat.
mercredi, décembre 20, 2006
Etre de droite : un tabou de l'éducation nationale
Je suis en train de lire Qui a eu un jour cette idée folle de casser l'école ?, de Fanny Capel, qui trainait depuis quelques temps au pied de mon lit (le livre, pas Fanny). Il ne se distingue guère de la littérature du même type par JP Brighelli, M. Le Bris ou R. Boutonnet.
Or, à part dans les livres de M. Le Bris, vient toujours, plutôt au début qu'à la fin, une protestation d'authenticité de gauche par l'auteur.
A croire que la politique a quelque chose à voir avec la pédagogie, à croire que seuls les profs de gauche peuvent râler contre l'EN, à croire que si la même critique était portée par des profs de droite, ou soupçonnés de l'être, elle serait moins légitime. D'où l'impérieuse nécessité de protester de son gauchisme.
On retrouve chez ses personnes pourtant de bonne volonté l'un des maux les plus graves de notre école publique : le sectarisme. Plus sectaire qu'un prof, ça existe, c'est deux profs ; et plus sectaire que deux profs, ça existe aussi, c'est une salle des profs.
J'ai un fantasme, être invité un jour dans une salle des profs pour pouvoir y déclarer benoitement après les présentations d'usage : "Je suis libéral et je vote Sarkozy". J'en savoure d'avance l'effet. J'ai déjà essayé lors de réunions privées avec un effet assez réjouissant, alors j'aimerais bien recommencer à plus grande échelle.
Si, comme je le pense, le problème fondamental de l'instruction en France est d'être un système étatique, les meilleures volontés du monde ne suffiront pas à améliorer la situation tant qu'elles se refuseront à dépolitiser l'école, c'est-à-dire à la désétatiser, comme on exorcise un possédé.
Je constate, en parcourant un site comme Sauver les lettres, que, les refuzniks du pédagogisme non seulement n'ont pas compris où était le problème, mais ils entrent dans la même logique que leurs adversaires : dans un système centralisé, on peut tout changer en changeant la tête.
Les pédagogistes ont aujourd'hui le pouvoir, les anti-pédagogistes veulent le leur prendre. Ils changeraient tout, tout sauf la centralisation elle-même.
Ils affaiblissent mortellement leur position : si la question ne revient qu'à changer la couleur de l'équipe dirigeante, ce n'est que querelle de clochers sans importance.
Les anti-pédagogistes auraient un moyen de se rendre compte que chaque fois qu'ils hurlent contre la libéralisation de l'école, ils se tirent une balle dans le pied : c'est que le principal moteur du débat sur l'école, l'aiguillon, est la concurrence de fait créée par des entreprises privées comme Complétudes, Acadomia et cie. C'est donc que la concurrence et la liberté ne sont pas si mauvaises pour faire bouger l'école (1).
Mais leur cerveau reptilien gauchiste sera-t-il vaincu par leur cerveau hominien amoureux du savoir ? J'en doute : l'école n'est pas un espace de liberté, il y est malaisé de se débrarrasser d'un carcan idéologique. Il ne s'agit même pas de passer de la gauche à la droite, ce qui serait le miroir de l'erreur initiale, il s'agit juste de se rappeller que la liberté est nécessaire à l'enseignement et qu'il n'y a pas de liberté en situation de monopole.
C'est dommage, car la cause est fondamentalement juste et sympathique.
(si vous parcourez le site de Sauvez les lettres, vous vous paierez de bonnes tranches de rire : après bien des contorsions, ils finissent toujours par dire que ce que fait ou préconise un homme de droite est mauvais, le plus souvent "Le constat est bon, mais la solution est mauvaise (ou ne va pas assez loin)". C'est tellement systématique que ça finit par engendrer un effet comique. Tout cela n'est pas très sérieux).
(1) : je pense que l'école de Jules Ferry souffrait du même défaut fondamental, mais tant que la tête faisait les bons choix, ça ne se voyait pas ; quand les mauvais choix ont commencé à être faits, il n'y avait pas de contrepoids, de contre-pouvoir.
Or, à part dans les livres de M. Le Bris, vient toujours, plutôt au début qu'à la fin, une protestation d'authenticité de gauche par l'auteur.
A croire que la politique a quelque chose à voir avec la pédagogie, à croire que seuls les profs de gauche peuvent râler contre l'EN, à croire que si la même critique était portée par des profs de droite, ou soupçonnés de l'être, elle serait moins légitime. D'où l'impérieuse nécessité de protester de son gauchisme.
On retrouve chez ses personnes pourtant de bonne volonté l'un des maux les plus graves de notre école publique : le sectarisme. Plus sectaire qu'un prof, ça existe, c'est deux profs ; et plus sectaire que deux profs, ça existe aussi, c'est une salle des profs.
J'ai un fantasme, être invité un jour dans une salle des profs pour pouvoir y déclarer benoitement après les présentations d'usage : "Je suis libéral et je vote Sarkozy". J'en savoure d'avance l'effet. J'ai déjà essayé lors de réunions privées avec un effet assez réjouissant, alors j'aimerais bien recommencer à plus grande échelle.
Si, comme je le pense, le problème fondamental de l'instruction en France est d'être un système étatique, les meilleures volontés du monde ne suffiront pas à améliorer la situation tant qu'elles se refuseront à dépolitiser l'école, c'est-à-dire à la désétatiser, comme on exorcise un possédé.
Je constate, en parcourant un site comme Sauver les lettres, que, les refuzniks du pédagogisme non seulement n'ont pas compris où était le problème, mais ils entrent dans la même logique que leurs adversaires : dans un système centralisé, on peut tout changer en changeant la tête.
Les pédagogistes ont aujourd'hui le pouvoir, les anti-pédagogistes veulent le leur prendre. Ils changeraient tout, tout sauf la centralisation elle-même.
Ils affaiblissent mortellement leur position : si la question ne revient qu'à changer la couleur de l'équipe dirigeante, ce n'est que querelle de clochers sans importance.
Les anti-pédagogistes auraient un moyen de se rendre compte que chaque fois qu'ils hurlent contre la libéralisation de l'école, ils se tirent une balle dans le pied : c'est que le principal moteur du débat sur l'école, l'aiguillon, est la concurrence de fait créée par des entreprises privées comme Complétudes, Acadomia et cie. C'est donc que la concurrence et la liberté ne sont pas si mauvaises pour faire bouger l'école (1).
Mais leur cerveau reptilien gauchiste sera-t-il vaincu par leur cerveau hominien amoureux du savoir ? J'en doute : l'école n'est pas un espace de liberté, il y est malaisé de se débrarrasser d'un carcan idéologique. Il ne s'agit même pas de passer de la gauche à la droite, ce qui serait le miroir de l'erreur initiale, il s'agit juste de se rappeller que la liberté est nécessaire à l'enseignement et qu'il n'y a pas de liberté en situation de monopole.
C'est dommage, car la cause est fondamentalement juste et sympathique.
(si vous parcourez le site de Sauvez les lettres, vous vous paierez de bonnes tranches de rire : après bien des contorsions, ils finissent toujours par dire que ce que fait ou préconise un homme de droite est mauvais, le plus souvent "Le constat est bon, mais la solution est mauvaise (ou ne va pas assez loin)". C'est tellement systématique que ça finit par engendrer un effet comique. Tout cela n'est pas très sérieux).
(1) : je pense que l'école de Jules Ferry souffrait du même défaut fondamental, mais tant que la tête faisait les bons choix, ça ne se voyait pas ; quand les mauvais choix ont commencé à être faits, il n'y avait pas de contrepoids, de contre-pouvoir.
Ouverts à toutes les folies
Je vous rappelle succintement comment je vois la situation politique française :
> un fond culturel étatiste hérité de la monarchie, du jacobinisme puis du gaullisme, phénomène maintes fois décrit et analysé (Tocqueville, Taine, Hayek, etc.)
> une classe (c'est à dessein que j'emploie ce mot) politique dominée par les fonctionnaires, et, plus globalement encore, profondément ignorante et inexpérimentée en matière d'économie (sur environ 600 députés, seuls 100 ont déjà travaillé dans une entreprise privée) (1).
> depuis trente ans, un recours constant, sous tous les gouvernements, à la socialisation et à l'étatisation des problèmes, ce qui entraîne une illusoire, et perdue d'avance, course à toujours plus d'assurance étatique. C'est ce que j'appelle le syndrome de l'Etat maternant, la Big Mother ; processus d'autant plus dommageable, qu'il est soumis au rapport de force des différents groupes de pression s'échinant à vivre sur la bête étatique.
> or, le phénomène que l'on appelle mondialisation est une mise en concurrence au niveau planétaire qui nécessite une libération des énergies individuelles. Autrement dit, l'Etat n'est pas la solution, c'est le problème.
> on aboutit à la schizophrénie française, le divorce d'avec la réalité, parfaitement rendu par le slogan des anti-libéraux "Un autre monde est possible". Cette envie d'arrêter le temps en 1970, de se retirer du monde, est une pulsion de mort.
Elle est le contraire de la pensée, c'est pourquoi il est vain d'argumenter, seule l'action dans une direction différente compte.
> La mondialisation est non pas un choix, mais une donnée de l'environnement dont il s'agit de tirer le meilleur parti, ceci se prouve en faisant des marchés mondiaux et de l'innovation une source de richesses.
Pour dire à quel point de bêtise nous sommes arrivés : la France est sans doute le seul pays développé dont la politique sociale et fiscale conduit sciemment à chasser les riches et les qualifiés et à attirer les pauvres et les non qualifiés.
Aujourd'hui nous en sommes à l'avant dernière étape, la schizophrénie est bien établie, mais personne n'est encore passé au traitement de la maladie par l'action politique libératrice. Y passerons nous ?
C'est toute la question de la campagne présidentielle en cours.
Les indications qui nous parviennent n'incitent pas à l'optimisme : Sarko et Ségo font assaut de populisme, l'un dans un style brouillon, l'autre dans un style éthéré. Mais aucun n'a commencé à combattre le syndrome de l'Etat maternant. Or, il me semble que les 4 mois qui restent avant le scrutin ne seront pas suffisants pour revenir sur 30 ans d'errements.
Que se passera-t-il alors ? Puisque nous n'aurons pas voulu voir les problèmes en face, nous nous trouverons des boucs-émissaires : les juifs sont passés de mode (quoique), nous nous rabattrons sur les "riches", les patrons-voyous, les "ultra" libéraux, l'Europe et, pourquoi pas, les immigrés et les pollueurs.
C'est la porte ouverte à toutes les folies, à tous les excès, à toutes les violences.
*************************
(1) : la position correcte en économie me semble être de considérer que la macro-économie n'existe pas, que c'est un leurrre, que seule la micro-économie compte et que toutes les autres positions sont erronées.
Cependant, dans l'erreur, il y a des degrés. Voici comment, d'après leur comportement, les politiciens français envisagent l'économie : l'Etat tripatouille les "curseurs", joue avec les taux de ceci et les barèmes de cela, puis l'Etat ouvre les vannes de la dépense publique, le fluide bienfaisant se répand dans les canaux économiques, apportant croissance et emploi. Avouez tout de même que cette vision se situe très haut dans la hiérarchie des erreurs économiques telles qu'on les connaît en 2006.
> un fond culturel étatiste hérité de la monarchie, du jacobinisme puis du gaullisme, phénomène maintes fois décrit et analysé (Tocqueville, Taine, Hayek, etc.)
> une classe (c'est à dessein que j'emploie ce mot) politique dominée par les fonctionnaires, et, plus globalement encore, profondément ignorante et inexpérimentée en matière d'économie (sur environ 600 députés, seuls 100 ont déjà travaillé dans une entreprise privée) (1).
> depuis trente ans, un recours constant, sous tous les gouvernements, à la socialisation et à l'étatisation des problèmes, ce qui entraîne une illusoire, et perdue d'avance, course à toujours plus d'assurance étatique. C'est ce que j'appelle le syndrome de l'Etat maternant, la Big Mother ; processus d'autant plus dommageable, qu'il est soumis au rapport de force des différents groupes de pression s'échinant à vivre sur la bête étatique.
> or, le phénomène que l'on appelle mondialisation est une mise en concurrence au niveau planétaire qui nécessite une libération des énergies individuelles. Autrement dit, l'Etat n'est pas la solution, c'est le problème.
> on aboutit à la schizophrénie française, le divorce d'avec la réalité, parfaitement rendu par le slogan des anti-libéraux "Un autre monde est possible". Cette envie d'arrêter le temps en 1970, de se retirer du monde, est une pulsion de mort.
Elle est le contraire de la pensée, c'est pourquoi il est vain d'argumenter, seule l'action dans une direction différente compte.
> La mondialisation est non pas un choix, mais une donnée de l'environnement dont il s'agit de tirer le meilleur parti, ceci se prouve en faisant des marchés mondiaux et de l'innovation une source de richesses.
Pour dire à quel point de bêtise nous sommes arrivés : la France est sans doute le seul pays développé dont la politique sociale et fiscale conduit sciemment à chasser les riches et les qualifiés et à attirer les pauvres et les non qualifiés.
Aujourd'hui nous en sommes à l'avant dernière étape, la schizophrénie est bien établie, mais personne n'est encore passé au traitement de la maladie par l'action politique libératrice. Y passerons nous ?
C'est toute la question de la campagne présidentielle en cours.
Les indications qui nous parviennent n'incitent pas à l'optimisme : Sarko et Ségo font assaut de populisme, l'un dans un style brouillon, l'autre dans un style éthéré. Mais aucun n'a commencé à combattre le syndrome de l'Etat maternant. Or, il me semble que les 4 mois qui restent avant le scrutin ne seront pas suffisants pour revenir sur 30 ans d'errements.
Que se passera-t-il alors ? Puisque nous n'aurons pas voulu voir les problèmes en face, nous nous trouverons des boucs-émissaires : les juifs sont passés de mode (quoique), nous nous rabattrons sur les "riches", les patrons-voyous, les "ultra" libéraux, l'Europe et, pourquoi pas, les immigrés et les pollueurs.
C'est la porte ouverte à toutes les folies, à tous les excès, à toutes les violences.
*************************
(1) : la position correcte en économie me semble être de considérer que la macro-économie n'existe pas, que c'est un leurrre, que seule la micro-économie compte et que toutes les autres positions sont erronées.
Cependant, dans l'erreur, il y a des degrés. Voici comment, d'après leur comportement, les politiciens français envisagent l'économie : l'Etat tripatouille les "curseurs", joue avec les taux de ceci et les barèmes de cela, puis l'Etat ouvre les vannes de la dépense publique, le fluide bienfaisant se répand dans les canaux économiques, apportant croissance et emploi. Avouez tout de même que cette vision se situe très haut dans la hiérarchie des erreurs économiques telles qu'on les connaît en 2006.
mardi, décembre 19, 2006
Quelques cours de management cinématographiques
J'ai remarqué, dans les entreprises qui m'ont fait la grâce de me verser un salaire, qu'il était souvent difficile de trouver un bon chef ; à tel point que, dans certaines, on ne parle plus de chef mais de "hiérarchique" : "Mon hiérarchique ceci, mon hiérarchique cela."
En plus d'être particulièrement laid -mais les RH ayant du goût, surtout en matière d'expression française, sont rares, ils préfèrent souvent un charabia ronflant- ce barbarisme est pathétique : qu'est-ce qu'un chef qu'on n'ose pas appeler chef ?
Pour aider ceux qui sont confrontés aux difficultés du management, quelques références cinématographiques :
> Un homme de fer, avec Gregory Peck. Pendant la seconde guerre mondiale, les Américains expérimentent le bombardement stratégique de jour, les pertes sont énormes. Malgré un chef bon et généreux, le moral est au plus bas. Gregory Peck arrive pour essayer de rétablir la situation ...
> Ouragan sur le Caine. Sur un dragueur de mines, le capitaine paraît un peu déphasé, à bout de nerfs, et, pour tout dire, mauvais. Ses officiers subalternes se liguent contre lui ...
> Le pont de la rivière Kwaï. Le colonel Nicholson, obsédé par le but qu'il s'est fixé, oublie de prendre du recul et ne s'aperçoit plus qu'il travaille pour l'ennemi, avec de facheuses conséquences ...
En plus d'être particulièrement laid -mais les RH ayant du goût, surtout en matière d'expression française, sont rares, ils préfèrent souvent un charabia ronflant- ce barbarisme est pathétique : qu'est-ce qu'un chef qu'on n'ose pas appeler chef ?
Pour aider ceux qui sont confrontés aux difficultés du management, quelques références cinématographiques :
> Un homme de fer, avec Gregory Peck. Pendant la seconde guerre mondiale, les Américains expérimentent le bombardement stratégique de jour, les pertes sont énormes. Malgré un chef bon et généreux, le moral est au plus bas. Gregory Peck arrive pour essayer de rétablir la situation ...
> Ouragan sur le Caine. Sur un dragueur de mines, le capitaine paraît un peu déphasé, à bout de nerfs, et, pour tout dire, mauvais. Ses officiers subalternes se liguent contre lui ...
> Le pont de la rivière Kwaï. Le colonel Nicholson, obsédé par le but qu'il s'est fixé, oublie de prendre du recul et ne s'aperçoit plus qu'il travaille pour l'ennemi, avec de facheuses conséquences ...
Thème de campagne : le pouvoir d'achat
Le pouvoir d'achat (la "vie chère" comme dit l'arriviste des Charentes, pour faire plus "peuple") est un thème de la campagne électorale qui s'enfonce dans la bêtise.
Disons le tout net : IL N'Y A PAS DE PROBLEME GLOBAL DE POUVOIR D'ACHAT EN FRANCE.
Que se passe-t-il ?
1) Les populations qui vivent des minima sociaux (RMI, SMIC) ont vu leurs revenus augmenter beaucoup plus vite que la moyenne.
2) Le revenu des classes moyennes a augmenté moins vite que ... la moyenne, et elles se sont faites rattraper par le bas (c'est la "smicardisation" des classes moyennes).
3) Les plus hauts revenus ont profité à plein directement ou indirectement de la mondialisation.
Il n'y a pas de problème global de pouvoir d'achat en France, il y a "juste" le sentiment de déclassement de la classe moyenne.
Première réaction, primaire et idiote, digne d'un socialiste "à la française" : taxer encore plus les riches pour redistribuer encore plus, mais :
> ils ne sont finalement pas si nombreux
> ils peuvent s'enfuir
> c'est un étouffoir pour l'économie (hé oui : les riches aussi font marcher l'économie)
> la classe moyenne est toujours la "couillonnée" de la redistribution
Deuxième réaction possible : réfléchir et analyser la situation (si vous êtes socialiste ou troskyste, vous pouvez essayer, mais attention, à petites doses, recommencer à réfléchir à fortes doses après tant d'années d'arrêt pourrait provoquer un rhume de cerveau).
Vous vous apercevriez alors que la France est une société à statuts particulièrement stratifiante (il faut habiter dans le bon quartier, pour faire la bonne école pour avoir le bon job). C'est ce qu'on appelle l'ascenceur social bloqué.
Or, qui est le gardien des statuts de toutes sortes, c'est-à-dire le maître d'oeuvre principal (mais non unique) des blocages ?
Mais oui, c'est l'Etat toujours et encore lui. (1)
En réalité, il n'y a aucune problème de demande en France, mais des problèmes d'offre. Si vous voulez augmenter le pouvoir d'achat moyen, rien de plus simple : n'entravez plus le travail et l'investissement (libérez l'enseignement, libérez le temps de travail, licenciez ou mettez à la retraite anticipée une forte proportion des fonctionnaires, permettez le cumul travail-retraite, déréglementez le travail, baissez les impots, etc.)
Mais, bien entendu, personne ne fera rien de tout cela et on s'étonnera que persistent des problèmes dont on refuse les solutions.
(1) : ce qui l'y a de pratique dans la situation française, c'est que l'Etat y étant le principal facteur de risques et de troubles, tous les problèmes se ramènent à : comment faire pour que l'Etat cesse vraiment de s'occuper de ceci ou de cela et laisse place aux initiatives individuelles ?
Disons le tout net : IL N'Y A PAS DE PROBLEME GLOBAL DE POUVOIR D'ACHAT EN FRANCE.
Que se passe-t-il ?
1) Les populations qui vivent des minima sociaux (RMI, SMIC) ont vu leurs revenus augmenter beaucoup plus vite que la moyenne.
2) Le revenu des classes moyennes a augmenté moins vite que ... la moyenne, et elles se sont faites rattraper par le bas (c'est la "smicardisation" des classes moyennes).
3) Les plus hauts revenus ont profité à plein directement ou indirectement de la mondialisation.
Il n'y a pas de problème global de pouvoir d'achat en France, il y a "juste" le sentiment de déclassement de la classe moyenne.
Première réaction, primaire et idiote, digne d'un socialiste "à la française" : taxer encore plus les riches pour redistribuer encore plus, mais :
> ils ne sont finalement pas si nombreux
> ils peuvent s'enfuir
> c'est un étouffoir pour l'économie (hé oui : les riches aussi font marcher l'économie)
> la classe moyenne est toujours la "couillonnée" de la redistribution
Deuxième réaction possible : réfléchir et analyser la situation (si vous êtes socialiste ou troskyste, vous pouvez essayer, mais attention, à petites doses, recommencer à réfléchir à fortes doses après tant d'années d'arrêt pourrait provoquer un rhume de cerveau).
Vous vous apercevriez alors que la France est une société à statuts particulièrement stratifiante (il faut habiter dans le bon quartier, pour faire la bonne école pour avoir le bon job). C'est ce qu'on appelle l'ascenceur social bloqué.
Or, qui est le gardien des statuts de toutes sortes, c'est-à-dire le maître d'oeuvre principal (mais non unique) des blocages ?
Mais oui, c'est l'Etat toujours et encore lui. (1)
En réalité, il n'y a aucune problème de demande en France, mais des problèmes d'offre. Si vous voulez augmenter le pouvoir d'achat moyen, rien de plus simple : n'entravez plus le travail et l'investissement (libérez l'enseignement, libérez le temps de travail, licenciez ou mettez à la retraite anticipée une forte proportion des fonctionnaires, permettez le cumul travail-retraite, déréglementez le travail, baissez les impots, etc.)
Mais, bien entendu, personne ne fera rien de tout cela et on s'étonnera que persistent des problèmes dont on refuse les solutions.
(1) : ce qui l'y a de pratique dans la situation française, c'est que l'Etat y étant le principal facteur de risques et de troubles, tous les problèmes se ramènent à : comment faire pour que l'Etat cesse vraiment de s'occuper de ceci ou de cela et laisse place aux initiatives individuelles ?
lundi, décembre 18, 2006
Quelques romans
Il paraît que je ne donne pas assez de conseils de lecture de romans.
Un préliminaire : depuis que j'ai lu deux pages de la nombriliste dont j'ai oublié le nom (ah si, Christine Angot) , j'ai décidé de ne rien lire en matière de romans qui n'avait pas vingt ans d'âge minimum.
En réalité, je suis souvent plus près des cent ans !
Allons y :
> Le roman bourgeois, de Furetière (qui n'est pas vraiment un roman)
> La guerre et la paix, de Léon
> Anna Karénine, du même Léon
> La condition humaine et La voie royale, de Dédé Malraux
> Les chemins de la liberté, de JP Sartre (qui était ignoblement bête dès qu'il écrivait autre chose que des romans)
> Les mémoires d'Hadrien et L'oeuvre au noir de la Margot Yourcenar
> Pylones de Faulkner, c'est mon coté aviateur
> Les trois mousquetaires (et pourtant je n'apprécie guère Dumas)
> Les misérables
> Le nom de la rose, d'Eco
> Les nus et les morts, de Mailer
> La serie des Fortune de France, surtout les 8 premiers, de Robert Merle.
> enfin pour la détente et pour les vacances, toute l'excellentissime série de petits bouquins semi-autobiographiques d'Henry de Monfreid.
Bref, rien que du solide, de léprouvé.
Un préliminaire : depuis que j'ai lu deux pages de la nombriliste dont j'ai oublié le nom (ah si, Christine Angot) , j'ai décidé de ne rien lire en matière de romans qui n'avait pas vingt ans d'âge minimum.
En réalité, je suis souvent plus près des cent ans !
Allons y :
> Le roman bourgeois, de Furetière (qui n'est pas vraiment un roman)
> La guerre et la paix, de Léon
> Anna Karénine, du même Léon
> La condition humaine et La voie royale, de Dédé Malraux
> Les chemins de la liberté, de JP Sartre (qui était ignoblement bête dès qu'il écrivait autre chose que des romans)
> Les mémoires d'Hadrien et L'oeuvre au noir de la Margot Yourcenar
> Pylones de Faulkner, c'est mon coté aviateur
> Les trois mousquetaires (et pourtant je n'apprécie guère Dumas)
> Les misérables
> Le nom de la rose, d'Eco
> Les nus et les morts, de Mailer
> La serie des Fortune de France, surtout les 8 premiers, de Robert Merle.
> enfin pour la détente et pour les vacances, toute l'excellentissime série de petits bouquins semi-autobiographiques d'Henry de Monfreid.
Bref, rien que du solide, de léprouvé.
Les impots, thème de campagne
Les propos de François Hollande dans Le Monde, qui parle de remonter les impots au niveau de 2002 et qui évoque le rôle de cohésion sociale de l'ISF seraient tout simplement ahurissants si l'on s'en tenait au premier degré.
Mais voilà : le PS est un parti qui a depuis longtemps arrêté de penser l'économie pour mieux préparer la manoeuvre politicienne et la distribution des places.
Replacés dans ce contexte, les propos de M. Royal se comprennent : on peut classer les Français en deux catégories :
> les profiteurs de l'impot (fonctionnaires et apparentés, subventionnés de toute sorte)
> les victimes de l'impot (les classes moyennes non fonctionnarisées surtout et un peu les classes supérieures)
Sachant que :
> les victimes de l'impot ne votent guère socialiste.
> certaines victimes de l'impot vivent dans l'espoir vain de devenir des profiteurs de l'impot, ou même se croient déjà profiteurs de l'impot.
il est facile de déduire qu'un propos économiquement idiot peut être électoralement intelligent
Quant à la proposition de Thierry Breton de supprimer l'impot sur revenu de 2008, n'étant appuyée sur aucune réforme de l'Etat, elle est tout aussi démagogique que celle de M. Royal, simplement au lieu de s'adresser aux profiteurs de l'impot, elle s'adresse à ses victimes, mais la logique est identique.
Je préfère N. Sarkozy à S. Royal, et de plus en plus, puisque le PS s'enfonce, par une sorte de système de vases communicants, dans l'archaïsme idéologique à mesure qu'il progresse dans l'avant-garde de la communication.
Cependant, je trouve le début de campagne présidentielle des deux cotés caractérisé par un vide intellectuel sidéral et effrayant. Il y a bien une phrase de Blaise Pascal sur le sujet : "Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie."
(1) : il serait trop long de détailler tous les arguments qui ridiculisent la proposition de François Hollande (la plupart se trouvent sur ce blog), c'est pourquoi je vous rappelle les deux arguments fondamentaux : l'impot est un vol légal qu'il convient de réduire au minimum et l'Etat est moins légitime et moins informé pour dépenser l'argent des Français que les Français eux-mêmes.
******************
Au fait je vous précise ma position sur la réduction de la dette publique :
> il y a quelques années, je pensais qu'il fallait réduire la dette en maintenant les impots et en baissant les dépenses. C'est idiot, c'est un raisonnement de matheux malthusien, pas d'économiste.
> en économie, rien n'est fixé, le vrai moyen de réduire la dette est la croissance par la technique reaganienne : dimininuer les impots, privatiser, libéraliser, déréglementer. Là intervient le facteur humain : les énergies libérés créent tellement de richesses que la baisse des taux d'imposition est plus que compensée vis-à-vis des rentrées de l'Etat et que la dette réduit.
Mais voilà : le PS est un parti qui a depuis longtemps arrêté de penser l'économie pour mieux préparer la manoeuvre politicienne et la distribution des places.
Replacés dans ce contexte, les propos de M. Royal se comprennent : on peut classer les Français en deux catégories :
> les profiteurs de l'impot (fonctionnaires et apparentés, subventionnés de toute sorte)
> les victimes de l'impot (les classes moyennes non fonctionnarisées surtout et un peu les classes supérieures)
Sachant que :
> les victimes de l'impot ne votent guère socialiste.
> certaines victimes de l'impot vivent dans l'espoir vain de devenir des profiteurs de l'impot, ou même se croient déjà profiteurs de l'impot.
il est facile de déduire qu'un propos économiquement idiot peut être électoralement intelligent
Quant à la proposition de Thierry Breton de supprimer l'impot sur revenu de 2008, n'étant appuyée sur aucune réforme de l'Etat, elle est tout aussi démagogique que celle de M. Royal, simplement au lieu de s'adresser aux profiteurs de l'impot, elle s'adresse à ses victimes, mais la logique est identique.
Je préfère N. Sarkozy à S. Royal, et de plus en plus, puisque le PS s'enfonce, par une sorte de système de vases communicants, dans l'archaïsme idéologique à mesure qu'il progresse dans l'avant-garde de la communication.
Cependant, je trouve le début de campagne présidentielle des deux cotés caractérisé par un vide intellectuel sidéral et effrayant. Il y a bien une phrase de Blaise Pascal sur le sujet : "Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie."
(1) : il serait trop long de détailler tous les arguments qui ridiculisent la proposition de François Hollande (la plupart se trouvent sur ce blog), c'est pourquoi je vous rappelle les deux arguments fondamentaux : l'impot est un vol légal qu'il convient de réduire au minimum et l'Etat est moins légitime et moins informé pour dépenser l'argent des Français que les Français eux-mêmes.
******************
Au fait je vous précise ma position sur la réduction de la dette publique :
> il y a quelques années, je pensais qu'il fallait réduire la dette en maintenant les impots et en baissant les dépenses. C'est idiot, c'est un raisonnement de matheux malthusien, pas d'économiste.
> en économie, rien n'est fixé, le vrai moyen de réduire la dette est la croissance par la technique reaganienne : dimininuer les impots, privatiser, libéraliser, déréglementer. Là intervient le facteur humain : les énergies libérés créent tellement de richesses que la baisse des taux d'imposition est plus que compensée vis-à-vis des rentrées de l'Etat et que la dette réduit.
dimanche, décembre 17, 2006
Ultra-capitalisme et Etat maternant : les deux faces d'un même problème
JF Roubaud nous explique que les prélèvements sociaux et fiscaux sur le salaire brut "réel" sont de 71 %.
Entreprises, la richesse confisquée
D'autre part, Paul Fabra remarque que les entreprises françaises sont celles qui recourent le plus aux techniques de l' "ultra-capitalisme" (flux tendus, effets de levier, travail temporaire, etc.) :
Les entreprises françaises trop bien gérées
L'économie française se caractérise par quatre particularités :
> des prélèvements collectifs écrasants.
> des PMEs sous-capitalisées.
> des groupes mondialisées florissants
> une grande division entre les "in" et les"out", la trop fameuse "fracture sociale" (plus qu'aux USA par exemple)
Bien sûr, ces phénomènes sont liés : les PMEs financent les grands groupes, à la fois comme fournisseurs pressurés et comme contribuables finançant des subventions qui vont surtout aux gros. Evidemment, pour s'en sortir, on presse les employés, excluant de fait les moins rentables de l'emploi, mais en sachant qu'ils sont pris en charge par l'Etat.
Ces cercles vicieux sont bien connus, le problème est : comment en sortir ? (Comme disait Groucho Marx : quand on caresse un cercle suffisamment longtemps, il finit par devenir vicieux.)
Je vois quelques pistes :
> supprimer toutes les subventions aux entreprises, petites ou grosses.
> réduire la dette étatique (ce qui indirectement recapitaliserait les PMEs)
> privatiser les régimes d'assurance sociaux.
Mais globalement, on en revient toujours au "mal français" : il faut redonner de la liberté eux acteurs économiques, leur faire plus confiance. Pour paraphraser la camarade Ségo, les citoyens sont les plus légitimes et les mieux placés, les meilleurs experts, pour faire les choix économiques qui les concernent.
Entreprises, la richesse confisquée
D'autre part, Paul Fabra remarque que les entreprises françaises sont celles qui recourent le plus aux techniques de l' "ultra-capitalisme" (flux tendus, effets de levier, travail temporaire, etc.) :
Les entreprises françaises trop bien gérées
L'économie française se caractérise par quatre particularités :
> des prélèvements collectifs écrasants.
> des PMEs sous-capitalisées.
> des groupes mondialisées florissants
> une grande division entre les "in" et les"out", la trop fameuse "fracture sociale" (plus qu'aux USA par exemple)
Bien sûr, ces phénomènes sont liés : les PMEs financent les grands groupes, à la fois comme fournisseurs pressurés et comme contribuables finançant des subventions qui vont surtout aux gros. Evidemment, pour s'en sortir, on presse les employés, excluant de fait les moins rentables de l'emploi, mais en sachant qu'ils sont pris en charge par l'Etat.
Ces cercles vicieux sont bien connus, le problème est : comment en sortir ? (Comme disait Groucho Marx : quand on caresse un cercle suffisamment longtemps, il finit par devenir vicieux.)
Je vois quelques pistes :
> supprimer toutes les subventions aux entreprises, petites ou grosses.
> réduire la dette étatique (ce qui indirectement recapitaliserait les PMEs)
> privatiser les régimes d'assurance sociaux.
Mais globalement, on en revient toujours au "mal français" : il faut redonner de la liberté eux acteurs économiques, leur faire plus confiance. Pour paraphraser la camarade Ségo, les citoyens sont les plus légitimes et les mieux placés, les meilleurs experts, pour faire les choix économiques qui les concernent.
samedi, décembre 16, 2006
Guillaume Seznec encore coupable
Je ne me prononcerais pas sur la culpabilité réelle de Guillaume Seznec, par contre il paraît évident que les doutes sur l'enquête et les faits nouveaux, c'est-à-dire postérieurs aux procès, alimentant ces doutes sont tellement puissants que la présomption d'innocence aurait du profiter pleinement à l'accusé ... sans aucun doute, et qu'il aurait du être acquitté ou, à défaut, son procès révisé.
Nous parlons là d'un meurtre sans cadavre et au mobile très flou, d'une enquête menée par un futur révoqué pour falsification de preuves.
Pourquoi la cour de révision en a-t-elle jugé autrement ?
Pour une raison révélée dans toute sa bêtise par les auditions parlementaires Outreau : le corporatisme judiciaire alimente la présomption d'infaillibilité de la justice au-delà du raisonnable.
Tout homme mis dans la position de jouer à Dieu, c'est-à-dire d'influencer lourdement la vie de ses semblables (juge, ministre, général,DRH, chef de service etc.) court un risque : celui de vraiment se prendre pour Dieu et de se croire infaillible.
Il faut beaucoup de scrupules, une attention de tous les instants, une éducation et un caractère adéquats pour ne pas tomber dans ce piège. Bref, inutile de trop s'interroger, ces conditions sont trop sévères pour être souvent réunis : la plupart des hommes mis en position de jouer à Dieu se prennent pour Dieu et un Dieu capricieux et susceptible, voire impoli et irrespectueux.
Et si les Dieux se disputent entre eux sur l'Olympe, ils sont toujours d'accord pour remettre à sa place le mortel qui ose contester leurs décisions.
C'est pourquoi les systèmes démocratiques ont inventé les contre-pouvoirs, les mandats à durée limitée, les droits inaliénables, etc ...
Mais, dans notre justice où la carrière se fait par cooptation et par copinage, où l'on rend des comptes entre soi, qui protège le faible de la solidarité de corporation ?
Bien sûr, pour tout oeil extérieur, la décision de la cour de révision la ridiculise plus qu'elle ne flétrit la famille Seznec. En jugeant sur des faits désormais publics, que tous ceux qui s'en donnent la peine peuvent jauger par eux-mêmes, elle s'expose au jugement du public et, au final, c'est elle-même qu'elle condamne dans les consciences.
Enfin, c'est la situation même qui est scabreuse : juger 80 ans après les faits n'est pas raisonnable.
MEA CULPA du 20/12 : Pourquoi Seznec n'a-t-il pas été réhabilité ?
Après avoir écrit ce billet, j'étais assez mal à l'aise : il y a des sujets que je maitrise plus ou moins. Cela me gênait de hurler contre la justice avec les loups médiatiques (je suis aristocrate d'intellect, voire snob), mais bah j'ai écrit sur le moment ce que je pensais : "Personne n'est exempt de dire des fadaises, le malheur est de les dire curieusement [avec soi]".
C'est pourquoi j'ai continué à butiner sur la toile pour me renseigner et que je vous fais part du billet en lien.
Nous parlons là d'un meurtre sans cadavre et au mobile très flou, d'une enquête menée par un futur révoqué pour falsification de preuves.
Pourquoi la cour de révision en a-t-elle jugé autrement ?
Pour une raison révélée dans toute sa bêtise par les auditions parlementaires Outreau : le corporatisme judiciaire alimente la présomption d'infaillibilité de la justice au-delà du raisonnable.
Tout homme mis dans la position de jouer à Dieu, c'est-à-dire d'influencer lourdement la vie de ses semblables (juge, ministre, général,DRH, chef de service etc.) court un risque : celui de vraiment se prendre pour Dieu et de se croire infaillible.
Il faut beaucoup de scrupules, une attention de tous les instants, une éducation et un caractère adéquats pour ne pas tomber dans ce piège. Bref, inutile de trop s'interroger, ces conditions sont trop sévères pour être souvent réunis : la plupart des hommes mis en position de jouer à Dieu se prennent pour Dieu et un Dieu capricieux et susceptible, voire impoli et irrespectueux.
Et si les Dieux se disputent entre eux sur l'Olympe, ils sont toujours d'accord pour remettre à sa place le mortel qui ose contester leurs décisions.
C'est pourquoi les systèmes démocratiques ont inventé les contre-pouvoirs, les mandats à durée limitée, les droits inaliénables, etc ...
Mais, dans notre justice où la carrière se fait par cooptation et par copinage, où l'on rend des comptes entre soi, qui protège le faible de la solidarité de corporation ?
Bien sûr, pour tout oeil extérieur, la décision de la cour de révision la ridiculise plus qu'elle ne flétrit la famille Seznec. En jugeant sur des faits désormais publics, que tous ceux qui s'en donnent la peine peuvent jauger par eux-mêmes, elle s'expose au jugement du public et, au final, c'est elle-même qu'elle condamne dans les consciences.
Enfin, c'est la situation même qui est scabreuse : juger 80 ans après les faits n'est pas raisonnable.
MEA CULPA du 20/12 : Pourquoi Seznec n'a-t-il pas été réhabilité ?
Après avoir écrit ce billet, j'étais assez mal à l'aise : il y a des sujets que je maitrise plus ou moins. Cela me gênait de hurler contre la justice avec les loups médiatiques (je suis aristocrate d'intellect, voire snob), mais bah j'ai écrit sur le moment ce que je pensais : "Personne n'est exempt de dire des fadaises, le malheur est de les dire curieusement [avec soi]".
C'est pourquoi j'ai continué à butiner sur la toile pour me renseigner et que je vous fais part du billet en lien.
L'affaire Hulot : un signe annonciateur de catastrophes ?
Voici :
> un sujet important : l'écologie (ce n'est pas parce que les écologistes en politique sont ridicules que l'écologie est négligeable).
> une échéance importante : les prochaines élections présidentielles.
Il y avait donc lieu de penser qu'il ne pourrait pas arriver de surprises de ce coté là.
Hé bien pas du tout ! Un saltimbanque, certes sympathique, raméne sa fraise, et hop, c'est la panique chez les politiciens.
Une telle impréparation, pour ne pas parler d'amateurisme, associée à tant de populisme ne peut qu'inquiéter.
Toutes les réformes réussies à l'étranger l'ont été après une longue préparation et un choix clair des électeurs.
En France, on fait le contraire : on improvise et on sème la confusion. Les slogans actuels sont tous interchangeables entre les partis, tous sauf ceux du FN.
Entre ceux qui pensaient qu'enfin la campagne de 2007 allait être l'occasion salutaire d'une clarification et ceux qui n'attendaient pas d'améliorations par rapport au chiraco-mitterrandisme, les seconds ont aujourd'hui nettement l'avantage.
Les écolos en politique : jusqu'au bout de la tartufferie
Dans le rapport provisoire consacré à la gestion de la SAEMES, une société d’économie mixte présidée par Denis Baupin, adjoint vert tendance radicale à la mairie de Paris,et rendu en décembre 2003, on pouvait lire :
“Les rapporteurs ont été surpris de l’importance des frais de taxis engagés par la société alors que celle-ci est pourvu d’un parc automobile conséquent. Le 21 juin 2001, soit quelques semaines après son arrivée à la présidence de la SAEMES, M. BAUPIN qui a souhaité ne pas bénéficier d’un véhicule de fonction a demandé que la SAEMES souscrive un contrat d’abonnement au Club Affaires des taxis G7.
Ce contrat annuel reconduit en 2002 pour un montant de 1.750,36 € TTC, prévoit l’attribution d’une ligne privilégiée pour permettre les réservations ainsi que l’attribution d’un code personnel à chaque abonné. Un relevé des courses est effectué chaque mois permettant de visualiser les consommations de chacun des abonnés. En sus du règlement de la course, des frais de gestion de 15% HT sont prélevés ainsi qu’un droit de 1,83 € HT pour chaque utilisation. La SAEMES a en outre opté pour l’attribution systématique d’un pourboire de 20% au chauffeur, ce qui constitue une option qui n’était en rien obligatoire. Si l’on fait abstraction des frais d’abonnement annuels qui alourdissent encore le prix de ce service, ce système renchérit d’environ 50% le prix des courses. Les bénéficiaires de cet abonnement sont M. BAUPIN (président) et (deux autres responsables que nous ne citerons pas).
On constate que des dépenses de taxi étaient engagées dans Paris et de manière récurrente par des personnes en possession d’un véhicule de fonction. L’examen détaillé des factures montre que certaines personnes extérieures à la société avaient bénéficié ponctuellement de ce service.”
“Les rapporteurs ont été surpris de l’importance des frais de taxis engagés par la société alors que celle-ci est pourvu d’un parc automobile conséquent. Le 21 juin 2001, soit quelques semaines après son arrivée à la présidence de la SAEMES, M. BAUPIN qui a souhaité ne pas bénéficier d’un véhicule de fonction a demandé que la SAEMES souscrive un contrat d’abonnement au Club Affaires des taxis G7.
Ce contrat annuel reconduit en 2002 pour un montant de 1.750,36 € TTC, prévoit l’attribution d’une ligne privilégiée pour permettre les réservations ainsi que l’attribution d’un code personnel à chaque abonné. Un relevé des courses est effectué chaque mois permettant de visualiser les consommations de chacun des abonnés. En sus du règlement de la course, des frais de gestion de 15% HT sont prélevés ainsi qu’un droit de 1,83 € HT pour chaque utilisation. La SAEMES a en outre opté pour l’attribution systématique d’un pourboire de 20% au chauffeur, ce qui constitue une option qui n’était en rien obligatoire. Si l’on fait abstraction des frais d’abonnement annuels qui alourdissent encore le prix de ce service, ce système renchérit d’environ 50% le prix des courses. Les bénéficiaires de cet abonnement sont M. BAUPIN (président) et (deux autres responsables que nous ne citerons pas).
On constate que des dépenses de taxi étaient engagées dans Paris et de manière récurrente par des personnes en possession d’un véhicule de fonction. L’examen détaillé des factures montre que certaines personnes extérieures à la société avaient bénéficié ponctuellement de ce service.”
Sarkozy décevant
Il y a des problèmes d'immigration ? N. Sarkozy prose de créé un ministère dédié.
Alors que la France bat le record mondial des ministères de tout et de n'importe quoi, la seule réponse qu'a à un problème, c'est de créer un ministère.
Et on me dira que Sarko est un "ultra-libéral", on croit rêver. Ce n'est pas simplement une question d'étiquette, c'est une question de fond : le libéralisme est la politique de la confiance. Mais la défaince est la relation principale aujourd'hui entre les Français et leur dirigeants.
Alors que la France bat le record mondial des ministères de tout et de n'importe quoi, la seule réponse qu'a à un problème, c'est de créer un ministère.
Et on me dira que Sarko est un "ultra-libéral", on croit rêver. Ce n'est pas simplement une question d'étiquette, c'est une question de fond : le libéralisme est la politique de la confiance. Mais la défaince est la relation principale aujourd'hui entre les Français et leur dirigeants.
vendredi, décembre 15, 2006
La connaissance inutile : l'exemple de Cuba
Une thèse, chère à JF Revel , est qu'un idéologue, aujourd'hui, en France, ils sont très majoritairement de gauche, ne voit que les faits qui l'arrangent, ignore ceux qui le dérangent et déforment les autres. Phénomène qu'il appelait la connaissance inutile.
Sur mon ancien blog, celui sur le site du Monde, j'avais posté jadis un message espliquant que les problèmes des sud-américains venaient d'eux-mêmes et non des yankees et que l'anti-américanisme (au sens anti-USA) primaire des latinos les déservaient en leur permettant de fuir leurs reponsabilités, d'attribuer leurs incapacités au bouc-émissaire septentrional (fuite encouragée par des faux-amis bien pensants trop contents de dire du mal des Américains). Et je citais comme exemple Cuba.
Ne voilà-t-il pas qu'un commentateur tardif, baptisé, tout un programme, "anti-Sarko", me contredit en m'opposant l'embargo américain sur Cuba :
> embargo n'est pas blocus : les pays non engagés dans l'embargo sont parfaitement libres de commercer avec Cuba. Ils ne le font pas parce que le pays est pauvre et les dirigeants corrompus jusqu'à la moelle.
> même l'embargo n'est pas total : les USA sont le premier fournisseur de produits alimentaires à Cuba.
> enfin, l'administration Clinton avait proposé la levée de l'embargo en échanges d'avancées démocratiques. C'est le gouvernement castriste qui n'a pas donné suite.
Non, décidément, le diable américain n'est pas pour grand'chose dans les ennuis des Cubains.
Mais probablement "anti-Sarko" est un fidèle lecteur du Monde Diplodocus, ce qui expliquerait, sans l'excuser, son information très particulière sur les difficultés cubaines (le directeur de rédaction du Monde Dipodocus est tellement castriste que même sa rédaction en est gênée, c'est dire ! Car enfin, la rédaction en question n'est pas très regardante sur les dirigeants latinos, par exemple Chavez, pourvu qy'ils soient de gauche, le Bien.)
Sur mon ancien blog, celui sur le site du Monde, j'avais posté jadis un message espliquant que les problèmes des sud-américains venaient d'eux-mêmes et non des yankees et que l'anti-américanisme (au sens anti-USA) primaire des latinos les déservaient en leur permettant de fuir leurs reponsabilités, d'attribuer leurs incapacités au bouc-émissaire septentrional (fuite encouragée par des faux-amis bien pensants trop contents de dire du mal des Américains). Et je citais comme exemple Cuba.
Ne voilà-t-il pas qu'un commentateur tardif, baptisé, tout un programme, "anti-Sarko", me contredit en m'opposant l'embargo américain sur Cuba :
> embargo n'est pas blocus : les pays non engagés dans l'embargo sont parfaitement libres de commercer avec Cuba. Ils ne le font pas parce que le pays est pauvre et les dirigeants corrompus jusqu'à la moelle.
> même l'embargo n'est pas total : les USA sont le premier fournisseur de produits alimentaires à Cuba.
> enfin, l'administration Clinton avait proposé la levée de l'embargo en échanges d'avancées démocratiques. C'est le gouvernement castriste qui n'a pas donné suite.
Non, décidément, le diable américain n'est pas pour grand'chose dans les ennuis des Cubains.
Mais probablement "anti-Sarko" est un fidèle lecteur du Monde Diplodocus, ce qui expliquerait, sans l'excuser, son information très particulière sur les difficultés cubaines (le directeur de rédaction du Monde Dipodocus est tellement castriste que même sa rédaction en est gênée, c'est dire ! Car enfin, la rédaction en question n'est pas très regardante sur les dirigeants latinos, par exemple Chavez, pourvu qy'ils soient de gauche, le Bien.)
jeudi, décembre 14, 2006
Et pendant ce temps, dans les écoles ...
Voici un petit échange électronique avec une amie professeur de français (dont vous pardonnerez le style familier). Comme le milieu éducatif est facilement intolérant (et c'est presque un euphémisme), je me suis permis de falsifier son nom.
***************************
ELLE : Salut
Une affaire sans doute à suivre, une "nouveauté" : un avis de grève lancé dans l'EN, incroyable, non ? Et comme je suis de mauvaise foi, je me demande si l'an passé à la même époque, il n'y avait pas aussi un "truc grave" à contester.Ah oui, parce que c'est une grève "intersyndicale" et "contestataire". Les motifs ?? je n'en sais encore rien, mais si j'ai vaguement lu, c'est un problème lié au statut !
Plus sérieusement, un réforme annoncée : modification d'un décret qui fixe nos statuts, et volonté de revenir sur la note de vie scolaire (une vaste fumisterie) et le fonctionnement des remplacements : il y a du bon et du mauvais, mais comme c'est la droite qui a imposé, forcément c'est que du mauvais ! En plus, ça vise à vouloir nous faire travailler plus et là ...
Il n'empêche : j'écoute beaucoup les collègues et en vient forcément à conclure qu'ils ont inventé une recette pour avoir des semaines de 8 jours, avec plus de 24h par jour, seul moyen d'expliquer qu'ils peuvent "aller au marché de Noël, faire les cadeaux, s'occuper de leur famille, faire à manger, inviter, aller au ciné(ou au théâtre) et corriger, préparer et faire cours au moins 35 h" !
Quelle mauvaise foi ! Mais en fait non, je crois savoir écoutant et discutant (ou essayant car c'est dur tant ils sont convaincus d'avoir la vérité et tant je n'ose exprimer vraiment ... ) le problème c'est en fait qu'on travaille chez nous, et il y a une mauvaise appréhension du temps. J'espère en fait qu'ils sont de bonne foi, quand ils disent faire régulièrement 35 ou 40 h... (35 on doit les faire, 40 je doute). [Sans compter que les nombreuses semaines de vacances réduisent de toute façon le temps de travail]
Je pense qu'ils ont l'impression d'avoir parfois travaillé 4h chez eux là où en fait ils n'ont bossé que 2h30 ou 3h car c'est connu que quand on est chez soi (et plus encore s'il y a des enfants) un truc qui prend 1h ailleurs peut prendre bcp + de temps, d'où l'éternel débat ...
Sinon, je me demandais si vraiment c'était stratégique pour le gouvernement de prétendre faire une réforme avant les élections. En salle des profs il est "urgent de réagir, car ça va mal et on a fini de manger notre pain blanc" ... mais en vrai, y a -t-il un "risque" quelconque d'une réforme (et encore la notion de risque pour un prof ...)Quand on voit l'état de connaissance des élèves. que risque-t-on ?? ah, si on risque notre tranquillité, c'est là le vrai problème !
Sinon j'ai appris récemment qu'en primaire, les élèves étudiaient assidûment la grammaire (euh, non, l'ORL) à raison d'1h30 par semaine (sic) et les syndicats continuent de réclamer moins d'élèves par classe ! Y a-t-il espoir qu'un jour ils ouvrent les yeux ??? je suis assez pessimiste
.
Bref lundi, journée chiante, faire ou pas grève, j'aime pas ça, la grève mais comme tu le dis ... est-on vraiment libre de sa pensée ???
Allez j'espère arriver à continuer à résister ...
A plus
Denise
***************************
MOI : Bon courage
***************************
ELLE : ah, ben merci ! j'ai lu les papiers du syndicat ... y a de quoi se taper la tête contre les murs ! N'empêche que ça fait "55 ans qu'il n'y a pas eu de réduction de temps de travail chez les profs (!!) qu'on veut nous faire travailler encore plus, alors que déjà on fait 40 heures" ... et on passe "25h au collège" ...
Bon, ben ... je dois vraiment être prof fainéant. L'histoire ne dit pas si c'est 25h au collège + 40h !! sans compter qu'on gagne "38% de moins que dans le privé". (ah, oui, les salaires)
Bon ... sans commentaire, mais discuter avec le SNES, c'est pas gagné !! (extrait de l'affiche pour la grève de lundi, dont entre parenthèse personne ne parle en salle des profs ... voire personne n'est au courant !)
On marche sur la tête, mais dans la joie et la bonne humeur !
A +
Denise
***************************
Est-il nécessaire de préciser que la particularité de cette prof est d'être la seule de sa famille dans l'EN et de ne pas fréquenter outre mesure ses collègues ?
Nous avons bien ri d'ailleurs avec une amie : nous discutions des quelques profs que nous fréquentons séparément et nous sommes tombés d'accord qu'un des problème d'avoir un prof à table, c'est qu'il ramène toujours la conversation à lui et aux problèmes de l'EN.
Certes, ces questions m'intéressent, mais il n'y a pas que cela dans la vie (quoique, si on change de conversation pour s'entendre sortir des conneries venues tout droit du Monde Diplodocus, je préfère encore continuer à parler d'éducation).
***************************
ELLE : Salut
Une affaire sans doute à suivre, une "nouveauté" : un avis de grève lancé dans l'EN, incroyable, non ? Et comme je suis de mauvaise foi, je me demande si l'an passé à la même époque, il n'y avait pas aussi un "truc grave" à contester.Ah oui, parce que c'est une grève "intersyndicale" et "contestataire". Les motifs ?? je n'en sais encore rien, mais si j'ai vaguement lu, c'est un problème lié au statut !
Plus sérieusement, un réforme annoncée : modification d'un décret qui fixe nos statuts, et volonté de revenir sur la note de vie scolaire (une vaste fumisterie) et le fonctionnement des remplacements : il y a du bon et du mauvais, mais comme c'est la droite qui a imposé, forcément c'est que du mauvais ! En plus, ça vise à vouloir nous faire travailler plus et là ...
Il n'empêche : j'écoute beaucoup les collègues et en vient forcément à conclure qu'ils ont inventé une recette pour avoir des semaines de 8 jours, avec plus de 24h par jour, seul moyen d'expliquer qu'ils peuvent "aller au marché de Noël, faire les cadeaux, s'occuper de leur famille, faire à manger, inviter, aller au ciné(ou au théâtre) et corriger, préparer et faire cours au moins 35 h" !
Quelle mauvaise foi ! Mais en fait non, je crois savoir écoutant et discutant (ou essayant car c'est dur tant ils sont convaincus d'avoir la vérité et tant je n'ose exprimer vraiment ... ) le problème c'est en fait qu'on travaille chez nous, et il y a une mauvaise appréhension du temps. J'espère en fait qu'ils sont de bonne foi, quand ils disent faire régulièrement 35 ou 40 h... (35 on doit les faire, 40 je doute). [Sans compter que les nombreuses semaines de vacances réduisent de toute façon le temps de travail]
Je pense qu'ils ont l'impression d'avoir parfois travaillé 4h chez eux là où en fait ils n'ont bossé que 2h30 ou 3h car c'est connu que quand on est chez soi (et plus encore s'il y a des enfants) un truc qui prend 1h ailleurs peut prendre bcp + de temps, d'où l'éternel débat ...
Sinon, je me demandais si vraiment c'était stratégique pour le gouvernement de prétendre faire une réforme avant les élections. En salle des profs il est "urgent de réagir, car ça va mal et on a fini de manger notre pain blanc" ... mais en vrai, y a -t-il un "risque" quelconque d'une réforme (et encore la notion de risque pour un prof ...)Quand on voit l'état de connaissance des élèves. que risque-t-on ?? ah, si on risque notre tranquillité, c'est là le vrai problème !
Sinon j'ai appris récemment qu'en primaire, les élèves étudiaient assidûment la grammaire (euh, non, l'ORL) à raison d'1h30 par semaine (sic) et les syndicats continuent de réclamer moins d'élèves par classe ! Y a-t-il espoir qu'un jour ils ouvrent les yeux ??? je suis assez pessimiste
.
Bref lundi, journée chiante, faire ou pas grève, j'aime pas ça, la grève mais comme tu le dis ... est-on vraiment libre de sa pensée ???
Allez j'espère arriver à continuer à résister ...
A plus
Denise
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MOI : Bon courage
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ELLE : ah, ben merci ! j'ai lu les papiers du syndicat ... y a de quoi se taper la tête contre les murs ! N'empêche que ça fait "55 ans qu'il n'y a pas eu de réduction de temps de travail chez les profs (!!) qu'on veut nous faire travailler encore plus, alors que déjà on fait 40 heures" ... et on passe "25h au collège" ...
Bon, ben ... je dois vraiment être prof fainéant. L'histoire ne dit pas si c'est 25h au collège + 40h !! sans compter qu'on gagne "38% de moins que dans le privé". (ah, oui, les salaires)
Bon ... sans commentaire, mais discuter avec le SNES, c'est pas gagné !! (extrait de l'affiche pour la grève de lundi, dont entre parenthèse personne ne parle en salle des profs ... voire personne n'est au courant !)
On marche sur la tête, mais dans la joie et la bonne humeur !
A +
Denise
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Est-il nécessaire de préciser que la particularité de cette prof est d'être la seule de sa famille dans l'EN et de ne pas fréquenter outre mesure ses collègues ?
Nous avons bien ri d'ailleurs avec une amie : nous discutions des quelques profs que nous fréquentons séparément et nous sommes tombés d'accord qu'un des problème d'avoir un prof à table, c'est qu'il ramène toujours la conversation à lui et aux problèmes de l'EN.
Certes, ces questions m'intéressent, mais il n'y a pas que cela dans la vie (quoique, si on change de conversation pour s'entendre sortir des conneries venues tout droit du Monde Diplodocus, je préfère encore continuer à parler d'éducation).
Les idées de Le Pen progresse et Villepin joue au père Noël
La collision de ces deux actualités n'est pas complètement une coïncidence : tant que le syndrome de l'Etat maternant sera entretenu par ceux-là même qui confisquent le pouvoir (1), les frustrations et les malaises ne pourront que grandir.
(1) : je ne crois pas au mythe des deux cents familles, par contre je ne suis pas loin de penser qu'il y a deux cents énarques (et X) qui se partagent le pouvoir.
(1) : je ne crois pas au mythe des deux cents familles, par contre je ne suis pas loin de penser qu'il y a deux cents énarques (et X) qui se partagent le pouvoir.
HELP : les origines de la France contemporaine
Je recherche (désespérement) le T. 2 dans la collection Bouquins de "Les origines de la France contemporaine", d'Hippolyte Taine.
Peut-être, Taine étant classé comme anti-révolutionnaire et comme libéral, double crime odieux à notre bien-pensance, ses oeuvres ont elles été brûlées ?
Ou est-il également condamné pour penser droit et écrire juste ?
Peut-être, Taine étant classé comme anti-révolutionnaire et comme libéral, double crime odieux à notre bien-pensance, ses oeuvres ont elles été brûlées ?
Ou est-il également condamné pour penser droit et écrire juste ?
mardi, décembre 12, 2006
Les étapes d'un projet industriel
Je suis sûr qu'il connaissent cette blague chez Airbus :
1) Signature du contrat : euphorie.
2) Etudes: inquiétudes.
3) Approvisionnements : panique.
4) Prototypes et essais : punition des innocents.
5) Livraison : décoration de ceux qui n'ont pas trempé dans l'affaire.
Evidemment, comme toutes les caricatures, clle-ci est comique parce qu'elle recèle une part de vérité.
Prenons par exemple, l'étape 5 "décoration de ceux qui n'ont pas trempé dans l'affaire" : ceux qui sont depuis longtemps sur une affaire finissent par passer pour des râleurs (ils n'ont jamais assez de moyens) ou pour des incompétents (le client n'est pas content, le projet est en retard) ou les deux à la fois, tandis que celui qui arrive la 9ème année sur un projet de 10 ans, si il est suffisamment habile, pourra se faire créditer du succès final auquel il participera et ainsi récolter les fruits de 10 années de travail alors qu'il n'en a vécu que la fin.
De même, le conseilleur, qui aura bien fait attention à ne pas prendre de responsabilités et à éviter les coups, pourra toujours arguer que le succès est du à ses judicieux conseils.
Ne rigolez pas : c'est tellement vécu que je pourrais presque vous citer des noms, et dans différentes entreprises.
1) Signature du contrat : euphorie.
2) Etudes: inquiétudes.
3) Approvisionnements : panique.
4) Prototypes et essais : punition des innocents.
5) Livraison : décoration de ceux qui n'ont pas trempé dans l'affaire.
Evidemment, comme toutes les caricatures, clle-ci est comique parce qu'elle recèle une part de vérité.
Prenons par exemple, l'étape 5 "décoration de ceux qui n'ont pas trempé dans l'affaire" : ceux qui sont depuis longtemps sur une affaire finissent par passer pour des râleurs (ils n'ont jamais assez de moyens) ou pour des incompétents (le client n'est pas content, le projet est en retard) ou les deux à la fois, tandis que celui qui arrive la 9ème année sur un projet de 10 ans, si il est suffisamment habile, pourra se faire créditer du succès final auquel il participera et ainsi récolter les fruits de 10 années de travail alors qu'il n'en a vécu que la fin.
De même, le conseilleur, qui aura bien fait attention à ne pas prendre de responsabilités et à éviter les coups, pourra toujours arguer que le succès est du à ses judicieux conseils.
Ne rigolez pas : c'est tellement vécu que je pourrais presque vous citer des noms, et dans différentes entreprises.
Pour que ça change fort
Ainsi, le slogan de campagne de la Joconde du néo-socialisme a été dévoilé : "Pour que ça change fort".
Quelques remarques :
> c'est un français peu élégant pour ne pas dire médiocre, ou plutôt devrait-on dire vulgaire ? Un éditorialiste se moquait ce matin en disant qu'elle n'est pas allée jusqu'au bout de sa logique, son slogan aurait du être : "Pour que ça change grave."
> ce slogan est parfaitement interchangeable avec celui de N. Sarkozy ("La rupture tranquille") et tout aussi vide.
> elle continue dans la veine populiste et creuse qui fait son succès jusqu'à maintenant. Plus vide que "ça", c'est impossible et plus populiste que "change fort", ça n'existe pas. On essaie de se rapprocher des Français quand on s'en sent éloigné.
En somme, elle prend les Français pour des imbéciles (1), tout en les flattant, et ceux-ci (d'après les sondages) applaudissent des deux mains. Elle aurait bien tort de se priver.
Puisque Nicolas Sarkozy semble mal parti pour une campagne qui lui permettrait de l'emporter (mais tout peut encore changer), il reste à espérer, si elle est élue, qu'elle suivra jusqu'au bout l'exemple de son maître Mitterrand, c'est-à-dire qu'elle considérera que les idées servent juste à être élu et qu'on peut en changer comme de chemise, ce qui lui évitera au moins de persévérer dans l'erreur.
Si, par malheur, elle est élue et s'accroche à ses "idées" (2), elle précipitera l'inéluctable crise sans avoir les outils conceptuels pour la résoudre (3). Bref, comme on dit vulgairement (mais c'est à la mode), on ne sera pas dans la merde !
Enfin, il est probable qu'on en viendra rapidement, si elle élue, à se demander comment les socialistes ont pu proposer quelqu'un portant un message aussi creux et les Français l'élire.
Pour les socialistes, la réponse est facile : depuis 1973, les socialistes français ne pensent plus, du moins de façon massive, ils n'ont pas pensé la mondialisation, l'émergence de l'Asie, l'économie de la connaissance, l'atomisation de la société, les nouveaux medias etc. A pensée vide, discours creux, c'est logique.
Quant aux Français ... Ma foi, je ferais bien la même réponse que pour les socialistes : certains Français s'adaptent à titre individuel mais sans remettre en cause leur vision du monde, la nouveauté ne vient que sous forme de nouvelles peurs.
(1) : initialement j'avais écrit "elle prend les Français pour des cons", mais je ne crois pas qu'il y ait chez Mme Royal la nuance agressive que suppose l'emploi de cette expression.
(2) : S. Royal exprime peu d'idées claires, cependant, la ligne étatiste maternante est évidente.
(3) : toujours la logique de ma fameuse citation d'Einstein : il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre. Cette logique paraît évidente, et pourtant, si vous examinez la politique française des trente dernières années, c'est une logique inverse qui a prévalu : ceux qui étaient à l'origine des problèmes se sont présentés encore et encore comme les meilleurs experts tandis que ceux qui ont tenté quelque chose sans avoir trempé dans l'affaire auparavant (Barre, Rocard, Juppé) ont été lessivés en une fois. Les Français ne sont pas si cartésiens qu'on le dit !
Quelques remarques :
> c'est un français peu élégant pour ne pas dire médiocre, ou plutôt devrait-on dire vulgaire ? Un éditorialiste se moquait ce matin en disant qu'elle n'est pas allée jusqu'au bout de sa logique, son slogan aurait du être : "Pour que ça change grave."
> ce slogan est parfaitement interchangeable avec celui de N. Sarkozy ("La rupture tranquille") et tout aussi vide.
> elle continue dans la veine populiste et creuse qui fait son succès jusqu'à maintenant. Plus vide que "ça", c'est impossible et plus populiste que "change fort", ça n'existe pas. On essaie de se rapprocher des Français quand on s'en sent éloigné.
En somme, elle prend les Français pour des imbéciles (1), tout en les flattant, et ceux-ci (d'après les sondages) applaudissent des deux mains. Elle aurait bien tort de se priver.
Puisque Nicolas Sarkozy semble mal parti pour une campagne qui lui permettrait de l'emporter (mais tout peut encore changer), il reste à espérer, si elle est élue, qu'elle suivra jusqu'au bout l'exemple de son maître Mitterrand, c'est-à-dire qu'elle considérera que les idées servent juste à être élu et qu'on peut en changer comme de chemise, ce qui lui évitera au moins de persévérer dans l'erreur.
Si, par malheur, elle est élue et s'accroche à ses "idées" (2), elle précipitera l'inéluctable crise sans avoir les outils conceptuels pour la résoudre (3). Bref, comme on dit vulgairement (mais c'est à la mode), on ne sera pas dans la merde !
Enfin, il est probable qu'on en viendra rapidement, si elle élue, à se demander comment les socialistes ont pu proposer quelqu'un portant un message aussi creux et les Français l'élire.
Pour les socialistes, la réponse est facile : depuis 1973, les socialistes français ne pensent plus, du moins de façon massive, ils n'ont pas pensé la mondialisation, l'émergence de l'Asie, l'économie de la connaissance, l'atomisation de la société, les nouveaux medias etc. A pensée vide, discours creux, c'est logique.
Quant aux Français ... Ma foi, je ferais bien la même réponse que pour les socialistes : certains Français s'adaptent à titre individuel mais sans remettre en cause leur vision du monde, la nouveauté ne vient que sous forme de nouvelles peurs.
(1) : initialement j'avais écrit "elle prend les Français pour des cons", mais je ne crois pas qu'il y ait chez Mme Royal la nuance agressive que suppose l'emploi de cette expression.
(2) : S. Royal exprime peu d'idées claires, cependant, la ligne étatiste maternante est évidente.
(3) : toujours la logique de ma fameuse citation d'Einstein : il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre. Cette logique paraît évidente, et pourtant, si vous examinez la politique française des trente dernières années, c'est une logique inverse qui a prévalu : ceux qui étaient à l'origine des problèmes se sont présentés encore et encore comme les meilleurs experts tandis que ceux qui ont tenté quelque chose sans avoir trempé dans l'affaire auparavant (Barre, Rocard, Juppé) ont été lessivés en une fois. Les Français ne sont pas si cartésiens qu'on le dit !
lundi, décembre 11, 2006
Quand le PCF négociait avec les nazis : l'étonnement du Monde m'étonne
Dans l'article "Quand le PCF négociait avec les nazis", le journal Le Monde présente comme une découverte le fait que des dirigeants du PCF, désavoués ultérieurement quand le retournage de veste fut d'actualité, aient négocié en 1940, sans succès, avec l'occupant nazi la reparution de l'Humanité.
L'article est d'ailleurs ambigu, car la découverte porte sur un document, mais le fond de l'affaire en lui-même est bien connu depuis longtemps.
Je me perds en conjectures : incompétence du journaliste ? Eternelle indulgence de la gauche pour l'extrême-gauche (1) ?
(1) : on fait mine de découvrir sur le tard une tache sur le communisme.
La faillite de la France
J'ai trouvé le scénario catastrophe ci-dessous sur internet. Possible mais improbable il y a quelques années, il devient de plus en plus probable, sa vraisemblance est renforcée par deux facteurs :
> la démographie
> l'inadaptation de la France à la nouvelle donne issue de la mondialisation. Demain les Chinois sauront faire des Airbus et les Coréens des voitures de grande série. Comme nous avons préféré payer les profs du secondaire à travailler 18 heures par semaine 35 semaines par an plutôt que d'investir dans la recherche et dans les universités, que nous avons refusé les réformes du système éducatif, que ferons nous ?
Deux scénarios différents toutefois :
> Le scénario encore plus noir, proche de celui de l'article : comme la faillite de la France sera précédée de celle du Portugal et de l'Italie, il est possible que l'euro puis le système financier mondial explose et la mondialisation avec lui. On en reviendrait aux protectionnismes et aux catastrophes (pauvreté, guerres) qui vont avec.
Cependant, d'énormes populations ont tout à gagner à la mondialisation et, donc, si les USA ne mettent pas leur poids dans la balance du coté anti-mondialisation, il est plus probable qu'on abandonnera les pays faillis sur le bord de la route, après une crise dans le style argentin, et que le monde continuera à tourner sans eux.
> Le scénario rose : le moment thatcherien, tant de fois repoussé, arrive. Mais ce scénario est aussi très peu probable : personne pour le porter, méconnaissance totale du libéralisme en France, culte de l'Etat, manque de fonds pour acheter les oppositions.
Il y a folie à penser et à dire que 30ans de déficits publics ininterrompus ne sont pas une folie.
Pour justifier cette idée folle et repousser les oiseaux de malheur (Barre, Rocard, Juppé, ...), certains ont inventé les théories les plus folles, mettant nos maux sur le compte de la mondialisation (alors que c'est elle qui nous permet de financer notre dette), du libéralisme, ultra, forcément ultra (avec 55 % du PIB en dépenses publiques), des patrons cupides (alors que les plus gros employeurs de France sont publics).
Mais toutes les folies et tous les mensonges se payent un jour.
On a souvent dit que la défaite du printemps 1940 était une défaite intellectuelle ; du moins, nous avions l'excuse d'un adversaire qui n'avait pas les deux pieds dans le même sabot.
Mais quand viendra la faillite de la France, nous n'aurons pas d'excuse pour cette défaite intellectuelle, pour ces erreurs de conception, pour ces fautes d'exécution, nous n'avons eu d'autre adversaire que nous-mêmes, que notre lâcheté et notre imprévoyance.
Maintenant, que faire ?
> S'engager en politique ? Il est probablement trop tard.
> Emigrer ? Pour des raisons démographiques et économiques, les USA semblent la destination de choix, ou l'Asie pour les plus audacieux.
> Et pour ceux qui veulent rester en France ? Economiser (évidemment pas en obligations d'Etat) car le proverbe chinois risque de revenir en force : "quand les riches maigrissent, les pauvres meurent."
Tableau très noir ? Certes, mais c'est ce que je peux faire de mieux en l'état de mes connaissances. Le futur n'est jamais écrit : Churchill a dit, en pensant à Jeanne d'Arc et à Clémenceau (je pourrais ajouter Henri IV sur la liste), que la France avait le génie de secréter des sauveurs quand on croyait tout perdu, et De Gaulle est arrivé. Alors, il ne faut pas totalement désespérer.
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La Faillite de la France
Un Etat peut-il faire faillite ? D'office, la réponse est non. Un Etat ne peut pas faire "faillite" dans le vrai sens du terme, puisque la liquidation judiciaire est exclue. On imagine mal des pays étrangers "créanciers" venir faire leurs emplettes du patrimoine national, comme un huissier qui fait l'inventaire des meubles d'un individu poursuivi pour dettes. Une telle démarche serait, localement, qualifiée d'un autre nom: la guerre.
Cela n'empêche pas un Etat de pouvoir faire banqueroute. L'Argentine et d'autres y sont parvenus, alors, pourquoi la France devrait y être invulnérable? Parce qu'elle est riche? Certes, mais elle est aussi endettée dans des montants que d'autres pays en ruines n'arrivent même pas à concevoir.
Ces derniers temps, un sujet semble se décliner en librairie: la France en faillite. Les "déclinologues" sont peut-être raillés par le Premier Ministre, mais le succès public de leurs écrits ne se dément pas.
Ce style littéraire émergent a connu un coup de fouet en 2005, lors de la publication du fameux Pébereau. Ce dernier osa salir l'optimisme forcené régnant au plus haut niveau de l'Etat en dévoilant pudiquement que la dette publique n'était pas de 1 200 milliards d'Euros comme on le croyait d'abord, mais bien 2 000 milliards, soit 120% du PIB - une modeste différence venant de l'intégration au bilan de tous les engagements financiers futurs de l'Etat, par exemple les retraites des fonctionnaires, qui étaient joyeusement ignorés jusqu'ici. Les sociétés privées ont l'obligation d'intégrer les engagements de ce type dans leur états financiers; la comptabilité plus "créative" du gouvernement français s'en était jusque là abstenue.
[et les autres retraites ? Qui s'est engagé à voler l'argent pour les payer ? C'est encore une falsification à démasquer]
La limite de 60% du PIB imposée par Maastricht a été pulvérisée. Mille deux cent ou deux mille milliards d'Euros sont, par leur ordre de grandeur même, des montants impossibles à concevoir; en revanche, un constat s'impose: la situation financière de l'Etat français est bien pire que ce qu'on avait pu imaginer jusque là. "Après moi, le déluge" est une maxime égoïste qui pourrait bien ne plus avoir de sens désormais: la pluie a déjà commencé à tomber...
Parmi ces livres, un se distingue du lot: Le jour où la France a fait faillite, de Philippe Jaffré et Philippe Riès. Les deux auteurs ne sont pas des débutants; ils connaissent les rouages du système bancaire, les coulisses du Trésor Public, et l'un d'eux a vécu aux premières loges la quasi-faillite d'Alsthom.
Oubliez les sempiternels diagnostics sur ce qui a mené (et ceux qui ont amenés) le pays à la perdition, assortis d'une lancinante mise en garde. Leur ouvrage d'anticipation projette la France en 2012, au coeur de l'action, en prenant le cours des événements le jour où la faillite survient. Ce roman-fiction aussi réaliste que possible rend compte des événements que traverse la France ce soir de juillet et les mois qui suivent. Il traite du comment et non du pourquoi.
Mais tout d'abord, examinons l'hypothèse de base.
Et pourtant, elle coule
- Les pompes vous donneront plus de temps, mais c'est une question de minutes. A partir de cet instant, quoi que nous fassions, le Titanic va couler.
- Mais ce navire est insubmersible!
- Il est fait de métal, monsieur. Je peux vous l'assurer, il coulera. C'est une certitude mathématique.
-- Dialogue entre Thomas Andrews, l'ingénieur, et Bruce Ismay, dans le film Titanic
L'Etat français vit à crédit depuis plus de trente ans. Cela signifie qu'il dépense plus qu'il ne gagne et qu'il emprunte pour le reste, à hauteur de 20% de son budget chaque année. Ces emprunts sont souscrits sur les marchés financiers internationaux. Le gouvernement émet des obligations et les clients - des fonds de pension, des banques, des assurances - y souscrivent. Comme l'Etat est un créancier fiable, le rendement est faible : les souscripteurs cherchent surtout un placement sans danger.
Pour différentes raisons, les obligations sont émises par lots selon des durées diverses. Il a donc des obligations à trois ans, cinq ans, dix ans, trente ans. Les lots étant eux-mêmes émis pratiquement à n'importe quel moment, un flux d'obligations se négocie chaque jour dans les marchés financiers. Certaines arrivent à échéance : l'Etat doit alors donner aux emprunteurs la somme promise. Mais, on le sait, l'Etat français a un budget déficitaire depuis trente ans. Comment fait-il alors pour payer une obligation échue ? Il en émet une nouvelle ! Emprunter pour payer ses dettes, voilà qui est singulier... Pourtant, ce n'est rien que de très banal dans les tractations financières avec les Etats. Ce renouvellement ininterrompu des emprunts d'Etat en a amené certains à croire à une sorte de mouvement perpétuel, comme le socialiste Jean-Luc Mélenchon qui alla jusqu'à affirmer: "De toute manière, l'Etat ne rembourse jamais ses dettes."
Grave méconnaissance du fonctionnement des marchés financiers !
En réalité, l'Etat rembourse ses dettes, mais, on l'a vu, il en contracte de nouvelles pour honorer les premières. Or, le processus n'est pas sans conséquences financières: la manoeuvre n'est pas gratuite. A toutes les étapes, l'Etat est un emprunteur; il dilapide donc des fortunes au travers du paiement des intérêts, lesquels sont calculés en fonction d'un facteur crucial, le taux d'intérêt.
Tout le monde vous le dira, on ne prête qu'aux riches - parce que ceux qui prêtent pensent que leur client a les moyens de rembourser. Mais que se passe-t-il lorsque la richesse de l'individu en question est mise en doute, lorsque son haut de forme se défraîchit, lorsqu'il vient quémander un nouveau crédit avec une chemise élimée ? On commence à se méfier. C'est exactement la même chose au sein de ces marchés financiers colossaux où les acteurs sont des mastodontes qui font affaires à grands coups de milliards; seulement, cette vérification de l'état de santé financier de l'emprunteur se fait au travers d'une valeur plus abstraite qu'on appelle la note.
Le grand public en entend peu parler, mais toutes les entreprises d'une certaine taille, les Etats, les collectivités locales, bref, tout ce qui peut emprunter à un moment ou un autre, est surveillé en permanence par des agences de notation - des "tiers neutres" qui évaluent, froidement, les capacités financières des uns et des autres - comme Moody's ou Standard & Poor's. Les agences de notation ne sont pas impliquées dans les échanges; il en va de leur crédibilité. Leur jugement, la note, a un effet direct sur le taux que réclament les prêteurs pour confier de l'argent à un candidat à l'emprunt. Une bonne note permet d'emprunter à moindre frais; une mauvaise note force à payer davantage d'intérêts, et sur quelques milliards la différence se fait sentir. Les notes vont de AAA, la meilleure, à C ou D pour les cancres en faillite. Prêter à ces derniers tient à de la loterie, voire à de la folie pure et simple.
A l'heure où ce texte est écrit, la France dispose toujours de la meilleure note qui soit, le fameux AAA. Pas que le pays soit bien géré, mais seulement qu'il dispose d'un patrimoine gigantesque d'une valeur d'ailleurs difficile à estimer. Entreprises et Etats ne sont pas jugés selon les mêmes critères, bien que leurs notes se retrouvent sur la même échelle. Ce triple A permet à la France d'emprunter à un taux plancher. Toutefois, les agences de notation ont commencé à émettre des doutes: le volume des montants levés par la France et la dérive jamais endiguée des dépenses publiques entament la confiance dans les capacités de l'Etat à rembourser, même compte tenu de son patrimoine. De l'aveu même de certains analystes des agences de notation, la France ne correspond plus aux critères AAA. Si la situation financière du pays se dégrade, les agences de notation finiront par baisser la note. Elles ne s'en sont pas privées pour l'Italie début novembre 2006.
Or, une note plus mauvaise aggrave les choses. Moins de gens sont susceptibles de prêter de l'argent, et ceux qui restent demandent plus cher. Dans le cas d'un renouvellement continu d'emprunts comme en France, à chaque étape il faut désormais emprunter à un taux plus élevé pour rembourser les prêts qui se terminent; le montant de l'addition augmente en même temps que celui des taux d'intérêt. Le trou se creuse alors tout seul, comme doué d'une vie propre. Cela dégrade en conséquence la situation financière du pays... Et donc sa note. Le cercle vicieux s'enclenche alors. Il a été baptisé de bien des noms: effet ciseau, effet boule de neige... En l'absence de terribles efforts pour redresser la barre, l'accélération est vertigineuse, jusqu'à sa conclusion.
En effet, le processus n'est pas sans fin: il arrive un moment où plus personne ne veut prendre le risque de prêter de l'argent. Les dettes ne sont alors plus reportées dans le futur. Il faut désormais les payer. Mais comme il n'y a plus d'argent dans les caisses puisque l'Etat empruntait pour payer ses dettes, il ne reste rien pour personne - ni pour rembourser ceux qui réclament paiement de leur dû, ni pour payer toutes les autres dépenses du gouvernement. C'est la cessation de paiement. La banqueroute.
Le jour noir
Nous sommes en 2012. Après l'élection présidentielle de Ségolène Royal en 2007, Nicolas Sarkozy a été à deux doigts de renoncer à la politique; mais bien lui a pris de persévérer, puisqu'il a fini par accéder à la plus haute marche de l'Etat après le fade quinquennat de la socialiste. Le scénario du Jour où la France a fait faillite commence au moment où une agence de notation dégrade une fois de plus la note de la France, comme au long des années précédentes. Sa nouvelle note est BBB. Or, dans la nomenclature des marchés financiers, cette valeur revêt une importance particulière: elle distingue de façon nette les emprunteurs "respectables" des emprunteurs "douteux".
Les prêteurs ont aussi des comptes à rendre. Ce sont des banques, des fonds de pension, et ils placent de l'argent dans l'intérêt de leurs clients. Leur conduite est soumise à des règles de gestion strictes; ils ne prêtent pas de l'argent à n'importe qui. Ils ont l'interdiction de prêter à des débiteurs douteux - c'est-à-dire, un organisme avec une note de BBB ou pire. La dégradation de la note de la France à ce niveau provoque donc plus qu'une simple hausse des taux, comme les fois précédentes. Elle sonne l'hallali. Il n'y a plus de prêteur institutionnel pour accepter les obligations émises par la France. Quant aux autres, quand bien même le voudraient-ils, ils n'ont pas assez d'argent en caisse pour financer les montants colossaux que demande le pays.
Incapable de renouveler sa dette, la France se retrouve soudainement en cessation de paiement. C'est un coup de tonnerre. Elle n'a plus d'argent liquide ni pour son fonctionnement, ni pour payer les obligations qui viennent d'arriver à échéance. La crise est là. Rapidement, elle se répand à tous les secteurs de l'économie, par un jeu de vases communicants d'exposition financière: les banques privées et les régies d'Etat sont touchées, puis les autres entreprises. Les paiements par carte de crédit ne fonctionnent plus. Les Français ne peuvent plus retirer d'argent aux distributeurs des banques. Ceux qui sont à l'étranger sont coupés de leurs avoirs. Des scènes de pillage surviennent dans les hypermarchés. Le CAC40 est en chute libre avant suspension générale des cotations. Les salaires des fonctionnaires n'arrivent plus, pas plus que celles des retraités ou le versement des allocations...
Confronté à cette urgence, le gouvernement tente de réagir: il faut trouver des alternatives au marché financier. Les institutions existent - FMI, Banque Mondiale, ou les autres pays de l'Union Européenne appelés à la rescousse au nom de la "solidarité européenne". Mais si les accords de principe sont faciles à obtenir, le diable est dans les détails: la France contracte des prêts, pas des dons. C'est un pays riche et développé qui ne doit son infortune qu'à sa mauvaise gestion. En plus, elle doit aussi trouver un moyen de rembourser toutes les dettes qui parviennent peu à peu à l'échéance. Chacun vient donc avec son lot de conditions, demande des garanties, réclame des gages en échange de son obole. L'heure de la réforme a sonné. Elle interviendra à marches forcées.
Dos au mur, essayant de sauver ce qui peut l'être, le gouvernement n'a pas d'autre choix que de procéder d'un coup aux changements qui auraient dû avoir lieu des décennies plus tôt. Dégraissement des effectifs de la fonction publique, vente d'actifs par pans entiers, révision à la baisse des régimes de retraite, privatisation de tout ce qui peut l'être: l'Etat en crise fait face à une cure d'amaigrissement douloureuse, immédiate et sans précédent.
Il n'y a pas d'alternative. Dévaluer l'Euro ? Les autres membres de l'Euroland ne le permettraient pas. Quitter l'Euro ? Comme le dit un protagoniste: "la dette a été contractée en Euros, elle doit être payée en Euro." Pas possible de changer d'unité monétaire au milieu d'un crédit pour le solder en monnaie de singe. Cela conviendrait à la rigueur pour les paiements internes de l'Etat, mais pas pour satisfaire ses débiteurs. S'emparer des économies des Français, faire un bras d'honneur aux créanciers ? Un vol légal qui mettrait un terme à la démocratie et qui achèverait ce qui reste du secteur privé, le seul à rapporter encore de l'argent au pays.
La crise est d'autant plus grave qu'avec un pouvoir politique fragile, la menace de l'extrémisme pèse. Chacun sait que la démagogie ne résout rien, mais qu'elle offre une palette infinie de solutions aussi séduisantes que fausses, avec ses coupables tous trouvés : le libéralisme, la dictature des marchés, les fonds de pension anglo-saxons, les immigrés, le capitalisme... Et les électeurs pourraient bien se réfugier dans ce discours aussi éculé que sécurisant. Face à la crise, le Parti Socialiste, alors dans l'opposition, est divisé entre la défense des institutions et la voie anti-capitaliste radicale; il est promis à l'éclatement.
En outre, même l'application tardive de recettes libérales s'accompagnera de douleurs immenses. Le retrait économique d'un mastodonte de la taille de l'Etat en France, si mal géré soit-il, ne va pas sans provoquer des remous en conséquences. Aussi vicieux et destructeur de richesse qu'il soit, l'Etat est jusqu'à la veille de sa banqueroute un acteur économique incontournable. Son repli entraînera une vague de faillites sans précédent. Le chômage atteindra au moins 15% de la population active pendant plusieurs années, alors que les mécanismes d'allocation-chômage auront eux-mêmes fait faillite. Les mécanismes d'aide sociale - assurance chômage, RMI - auront disparu, faute d'argent à distribuer. Les Français ne pourront compter que sur eux-mêmes.
Sur le plan international, le peu d'influence de la France sera balayé. Vivant sous la perfusion financière, désormais tarie, de la métropole, les DOM-TOM seront rendus à l'indépendance. L'influence étrangère de la France implosera alors que ses bases se videront de ses militaires, ramenés en urgence sur le continent pour aider à maintenir l'ordre. La plupart des soutiens étrangers de la France étant acquis à travers les rivières de l'aide au développement, à sec pour longtemps, le pays sera isolé comme jamais.
La France s'apprêtera à traverser le désert - un voyage aussi dangereux que douloureux, qui durera des années avant d'apercevoir le bout du tunnel. C'est en tous cas ce que planifie le gouvernement après des semaines de négociations de crise.
Le livre se clôt sur un rebondissement que je laisse à chacun le soin de découvrir.
La lecture du livre Le Jour où la France a fait faillite est vivement conseillée, ne serait-ce que pour le brillant exercice de futurologie qu'il représente. L'ouvrage est à la fois instructif et distrayant. Les auteurs maintiennent même un site web (http://www.lejourou.info%29/ où les curieux peuvent venir commenter leur oeuvre, découvrir le contexte de son écriture, et compléter leur connaissance économique sur le sujet.
Sans aucun doute, la solidité de l'intrigue tient dans la vraisemblance des personnages qui s'y débattent. Les protagonistes vont du ministre au proverbial homme de la rue; et aux commandes de l'Etat, les auteurs ont décidé de placer des personnalités qui existent aujourd'hui, dans des rôles différents, mais qui pourraient bien se retrouver aux postes pressentis en 2012.
Un scénario différent ?
Si la finesse économique de Philippe Jaffré et Philippe Riès et le talent qu'ils ont à monter leur scénario méritent le respect, je ne partage pas certains points de leur analyse.
Didactique, le roman explique très bien le mécanisme de refinancement permanent de la dette française et l'influence des agences de notation. Comme eux, je pense en effet que le coup de grâce sera sonné de ce côté, lorsqu'une de ces agences osera franchir le rubicond en déclarant que les obligations émises par la France sont désormais des "obligations pourries" (junk bonds - c'est le terme officiel !)
Malheureusement, l'exercice de vulgarisation est bien trop optimiste. Le livre ne s'attarde pas trop sur la violence, l'agitation populaire, le risque d'embrasement qui menace. Les acteurs font tous preuve d'un professionnalisme exemplaire: on entend à peine des jurons ou des cris de désespoir. Les ministres expliquent doctement, les fonctionnaires (désormais sans solde) travaillent avec diligence et sans compter leurs heures, même les syndicats réalisent l'ampleur de la crise et deviennent des interlocuteurs constructifs. Le public dans son ensemble est atterré, mais calme. Tous affrontent dignement le déluge.
Je crains que le jour où la France fera faillite, l'ambiance ne soit moins propice au recueillement et à la réflexion.
Un ensemble aussi obèse que l'Etat français ne peut pas s'écrouler dans son intégralité d'un seul coup. Comme un jeu de dominos, il faut du temps avant que toutes les pièces ne soient à terre. L'effondrement commencera par la périphérie: certaines caisses n'auront plus d'argent pour payer leurs allocations (les Aides Personnalisées au Logement, par exemple); d'autres paieront avec retard, ou une seule fois trimestriellement ou annuellement au lieu du versement mensuel.
Parallèlement, l'Etat sera toujours plus gourmand avec ses recettes: par exemple, les impôts sur les entreprises seront exigés en début d'année sur la base des bénéfices engrangés l'année précédente, peut-être même sur une extrapolation de croissance, au lieu de porter sur les affaires effectives. Les plus sagaces observateurs de la décrépitude de l'Etat français auront constaté que cette étape a déjà commencé. Le centre tombera en dernier, après s'être épuisé à essayer de maintenir debout les pans qui s'écroulent. Cela signifie que lorsque la France subira le coup de grâce, elle sera déjà dans un état de paralysie générale désastreuse: les trains en panne ou en grève, les policiers dans la rue, les hôpitaux en faillite, etc.
La crise précédera la banqueroute, et non l'inverse.
Evidemment, l'accélération de l'effondrement n'ira pas sans mouvements sociaux d'une ampleur encore jamais vue. La mobilisation de la fonction publique dans la grève survient dès qu'un ministre se contente d'évoquer une réforme possible : les leaders syndicaux et leurs troupes vivent dans la paranoïa de la lutte des classes. Ils ne perçoivent le monde qu'à travers le prisme déformant de leur idéologie marxiste et montent une garde vigilante contre toute remise en cause du régime privilégié dans lesquels ils baignent. Or, un Etat aux abois trouve pour ses réformes une force de caractère inhabituelle : les réformateurs sont tout simplement au pied du mur. Mais en face, la résistance syndicale est solide et bien préparée pour l'affrontement.
Alors que les finances de la France tomberont en miette, les charognards essayeront chacun de se réserver la plus belle part du cadavre, de sécuriser ses acquis lors de la liquidation, ou encore d'être plus prioritaire que le voisin lorsqu'il faudra finalement couper dans les crédits, usant et abusant de son pouvoir de nuisance.
En 2005 déjà...
A ce stade, les banlieues auront brûlé depuis longtemps. Les acteurs de l'Etat agissant dans ces zones étant moins proches du pouvoir, ils seront financièrement sacrifiés bien avant les autres. Aujourd'hui, un an après les émeutes de 2005, pas un acteur du "milieu associatif" ne peut passer dans un média quelconque sans en profiter pour quémander plus de moyens aux pouvoirs publics ; le calme apparent des grands ensembles ne tient que par la construction régulière de bâtiments neufs à incendier, un arrosage général de subventions, et l'abandon de ces zones par les forces de l'ordre au profit des mafias locales.
Lorsque la crise se précisera, les policiers n'y seront pas plus nombreux, on s'en doute, vu le nombre d'autres chats qu'ils auront alors à fouetter, mais en plus la manne gouvernementale versée aux associations se tarira, et avec elle leurs effets d'apaisement. A la faveur de la crise, après l'éradication finale des derniers symboles de la présence de l'Etat français dans les banlieues, les "zones de non-droit" se révèleront sous leur nouveau jour : des enclaves soumises à d'autres lois. La balkanisation du pays sera désormais indiscutable.
Il y a enfin un ensemble de circonstances complètement laissé de côté dans Le Jour où la France a fait faillite, et pas des moindres : la situation géopolitique internationale. Les auteurs estiment, avec raison, que la cessation de paiement de l'Etat français est avant tout affaire de politique intérieure; mais la France n'est pas pour autant imperméable à ce qui se passe dans le monde.
Intégrer ce facteur dans un récit qui se déroule en 2012 tient de la gageure : nul ne sait ce qui se sera passé d'ici là en Irak, entre l'Iran et Israël, à la tête de l'appareil d'Etat américain, etc...
Or, selon moi, la faillite de la France surviendra à la faveur d'une crise mondiale, ou au moins d'un ralentissement économique généralisé, comme il s'en produit toujours de façon cyclique. La France est fragile, mais c'est un choc qui la mettra à terre. Un choc probablement venu de l'extérieur. Cela signifie que lorsque la France coulera, le reste du monde ne sera pas dans une très bonne passe, voire pire. Cela signifie aussi que le reste du monde n'aura, à ce moment, guère de moyens à dégager pour sortir l'Hexagone de son gouffre, et bien d'autres préoccupations en tête.
Le scénario du livre, assez bienveillant, repose sur l'idée que des partenaires de la France pourront pallier à la défiance des marchés financiers en se substituant à eux, quitte à faire payer leur aide au prix fort; mais si le jour dit ces partenaires sont eux-mêmes en train de lutter contre leur propre faillite, ils resteront, faute de moyens, sourds à tous les appels au secours.
Au bout du compte, je crois que la mort de l'Etat social-démocrate français s'accompagnera de soubresauts beaucoup plus violents que ce que Le Jour où la France a fait faillite ne laisse présager : émeutes, tueries, rafales tirées dans la foule, mises à sac et incendies, couvre-feu, intervention de l'armée, état d'urgence. Et qu'à l'inverse du livre, il n'y aura peut-être pas de chevaliers blancs prêts à venir en aide à son Etat, réformes ou pas. Si ces prévisions pessimistes s'avèrent exactes, la démocratie ne survivra pas à cette épreuve et l'émergence d'une guerre civile n'est pas à exclure non plus. Quant à la crise, elle s'installera pour des années, une génération peut-être, le temps que le peuple français réapprenne, peu à peu, les valeurs de base du travail et du fonctionnement de l'économie. A moins qu'il ne s'abandonne complètement aux chimères idéologiques d'ici là.
Demain est un autre jour
La banqueroute de la France arrive peu à peu au centre du débat. Il y a quelques années, évoquer ce genre d'idées ouvertement n'aurait provoqué que ricanements; aujourd'hui, le sujet fait vendre des livres. On peut se réjouir de l'ouverture d'esprit du grand public face à cette question. On peut aussi s'en inquiéter : l'émergence de plus en plus marquée d'un sujet autrefois tabou montre peut-être aussi que la France n'a jamais été si proche du précipice.
Dans les rues, tout est à peu près calme; la vie suit son cours. L'annonce d'une tempête aussi prochaine que violente semble difficile à croire. On dirait les cris d'un de ces prophètes de la fin du monde, hirsutes et dépenaillés. La crise nous guette pourtant. Aucun régime, aucune force politique ne peut s'affranchir des limites physique de la réalité. Or, la comptabilité est soumise à de telles lois; elles sont aussi implacables que la gravité terrestre. L'illusion ne peut y régner que de façon temporaire. Il n'y a guère de débat en vérité, seulement un devoir d'information : le chemin de moindre résistance mène la France à la faillite. Aucun doute là-dessus. Nulle croissance mondiale, nulle découverte technologique majeure ne pourra sortir le pays de la fosse qu'il s'est creusée.
En fait, compte tenu la situation française pudiquement dévoilée dans le rapport Pébereau, l'effondrement reste probable même dans l'hypothèse (totalement fantaisiste à l'heure actuelle) d'un gouvernement à la fois combatif et bien inspiré, qui prendrait les problèmes à bras-le-corps pour les affronter de la bonne façon - un gouvernement libéral, par exemple. Nous en sommes plus éloignés que jamais: la classe politique française est toujours divisée entre étatistes de gauche et étatistes de droite.
La cessation de paiement surviendra donc. Reste une seule question: quand ?
> la démographie
> l'inadaptation de la France à la nouvelle donne issue de la mondialisation. Demain les Chinois sauront faire des Airbus et les Coréens des voitures de grande série. Comme nous avons préféré payer les profs du secondaire à travailler 18 heures par semaine 35 semaines par an plutôt que d'investir dans la recherche et dans les universités, que nous avons refusé les réformes du système éducatif, que ferons nous ?
Deux scénarios différents toutefois :
> Le scénario encore plus noir, proche de celui de l'article : comme la faillite de la France sera précédée de celle du Portugal et de l'Italie, il est possible que l'euro puis le système financier mondial explose et la mondialisation avec lui. On en reviendrait aux protectionnismes et aux catastrophes (pauvreté, guerres) qui vont avec.
Cependant, d'énormes populations ont tout à gagner à la mondialisation et, donc, si les USA ne mettent pas leur poids dans la balance du coté anti-mondialisation, il est plus probable qu'on abandonnera les pays faillis sur le bord de la route, après une crise dans le style argentin, et que le monde continuera à tourner sans eux.
> Le scénario rose : le moment thatcherien, tant de fois repoussé, arrive. Mais ce scénario est aussi très peu probable : personne pour le porter, méconnaissance totale du libéralisme en France, culte de l'Etat, manque de fonds pour acheter les oppositions.
Il y a folie à penser et à dire que 30ans de déficits publics ininterrompus ne sont pas une folie.
Pour justifier cette idée folle et repousser les oiseaux de malheur (Barre, Rocard, Juppé, ...), certains ont inventé les théories les plus folles, mettant nos maux sur le compte de la mondialisation (alors que c'est elle qui nous permet de financer notre dette), du libéralisme, ultra, forcément ultra (avec 55 % du PIB en dépenses publiques), des patrons cupides (alors que les plus gros employeurs de France sont publics).
Mais toutes les folies et tous les mensonges se payent un jour.
On a souvent dit que la défaite du printemps 1940 était une défaite intellectuelle ; du moins, nous avions l'excuse d'un adversaire qui n'avait pas les deux pieds dans le même sabot.
Mais quand viendra la faillite de la France, nous n'aurons pas d'excuse pour cette défaite intellectuelle, pour ces erreurs de conception, pour ces fautes d'exécution, nous n'avons eu d'autre adversaire que nous-mêmes, que notre lâcheté et notre imprévoyance.
Maintenant, que faire ?
> S'engager en politique ? Il est probablement trop tard.
> Emigrer ? Pour des raisons démographiques et économiques, les USA semblent la destination de choix, ou l'Asie pour les plus audacieux.
> Et pour ceux qui veulent rester en France ? Economiser (évidemment pas en obligations d'Etat) car le proverbe chinois risque de revenir en force : "quand les riches maigrissent, les pauvres meurent."
Tableau très noir ? Certes, mais c'est ce que je peux faire de mieux en l'état de mes connaissances. Le futur n'est jamais écrit : Churchill a dit, en pensant à Jeanne d'Arc et à Clémenceau (je pourrais ajouter Henri IV sur la liste), que la France avait le génie de secréter des sauveurs quand on croyait tout perdu, et De Gaulle est arrivé. Alors, il ne faut pas totalement désespérer.
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La Faillite de la France
Un Etat peut-il faire faillite ? D'office, la réponse est non. Un Etat ne peut pas faire "faillite" dans le vrai sens du terme, puisque la liquidation judiciaire est exclue. On imagine mal des pays étrangers "créanciers" venir faire leurs emplettes du patrimoine national, comme un huissier qui fait l'inventaire des meubles d'un individu poursuivi pour dettes. Une telle démarche serait, localement, qualifiée d'un autre nom: la guerre.
Cela n'empêche pas un Etat de pouvoir faire banqueroute. L'Argentine et d'autres y sont parvenus, alors, pourquoi la France devrait y être invulnérable? Parce qu'elle est riche? Certes, mais elle est aussi endettée dans des montants que d'autres pays en ruines n'arrivent même pas à concevoir.
Ces derniers temps, un sujet semble se décliner en librairie: la France en faillite. Les "déclinologues" sont peut-être raillés par le Premier Ministre, mais le succès public de leurs écrits ne se dément pas.
Ce style littéraire émergent a connu un coup de fouet en 2005, lors de la publication du fameux Pébereau. Ce dernier osa salir l'optimisme forcené régnant au plus haut niveau de l'Etat en dévoilant pudiquement que la dette publique n'était pas de 1 200 milliards d'Euros comme on le croyait d'abord, mais bien 2 000 milliards, soit 120% du PIB - une modeste différence venant de l'intégration au bilan de tous les engagements financiers futurs de l'Etat, par exemple les retraites des fonctionnaires, qui étaient joyeusement ignorés jusqu'ici. Les sociétés privées ont l'obligation d'intégrer les engagements de ce type dans leur états financiers; la comptabilité plus "créative" du gouvernement français s'en était jusque là abstenue.
[et les autres retraites ? Qui s'est engagé à voler l'argent pour les payer ? C'est encore une falsification à démasquer]
La limite de 60% du PIB imposée par Maastricht a été pulvérisée. Mille deux cent ou deux mille milliards d'Euros sont, par leur ordre de grandeur même, des montants impossibles à concevoir; en revanche, un constat s'impose: la situation financière de l'Etat français est bien pire que ce qu'on avait pu imaginer jusque là. "Après moi, le déluge" est une maxime égoïste qui pourrait bien ne plus avoir de sens désormais: la pluie a déjà commencé à tomber...
Parmi ces livres, un se distingue du lot: Le jour où la France a fait faillite, de Philippe Jaffré et Philippe Riès. Les deux auteurs ne sont pas des débutants; ils connaissent les rouages du système bancaire, les coulisses du Trésor Public, et l'un d'eux a vécu aux premières loges la quasi-faillite d'Alsthom.
Oubliez les sempiternels diagnostics sur ce qui a mené (et ceux qui ont amenés) le pays à la perdition, assortis d'une lancinante mise en garde. Leur ouvrage d'anticipation projette la France en 2012, au coeur de l'action, en prenant le cours des événements le jour où la faillite survient. Ce roman-fiction aussi réaliste que possible rend compte des événements que traverse la France ce soir de juillet et les mois qui suivent. Il traite du comment et non du pourquoi.
Mais tout d'abord, examinons l'hypothèse de base.
Et pourtant, elle coule
- Les pompes vous donneront plus de temps, mais c'est une question de minutes. A partir de cet instant, quoi que nous fassions, le Titanic va couler.
- Mais ce navire est insubmersible!
- Il est fait de métal, monsieur. Je peux vous l'assurer, il coulera. C'est une certitude mathématique.
-- Dialogue entre Thomas Andrews, l'ingénieur, et Bruce Ismay, dans le film Titanic
L'Etat français vit à crédit depuis plus de trente ans. Cela signifie qu'il dépense plus qu'il ne gagne et qu'il emprunte pour le reste, à hauteur de 20% de son budget chaque année. Ces emprunts sont souscrits sur les marchés financiers internationaux. Le gouvernement émet des obligations et les clients - des fonds de pension, des banques, des assurances - y souscrivent. Comme l'Etat est un créancier fiable, le rendement est faible : les souscripteurs cherchent surtout un placement sans danger.
Pour différentes raisons, les obligations sont émises par lots selon des durées diverses. Il a donc des obligations à trois ans, cinq ans, dix ans, trente ans. Les lots étant eux-mêmes émis pratiquement à n'importe quel moment, un flux d'obligations se négocie chaque jour dans les marchés financiers. Certaines arrivent à échéance : l'Etat doit alors donner aux emprunteurs la somme promise. Mais, on le sait, l'Etat français a un budget déficitaire depuis trente ans. Comment fait-il alors pour payer une obligation échue ? Il en émet une nouvelle ! Emprunter pour payer ses dettes, voilà qui est singulier... Pourtant, ce n'est rien que de très banal dans les tractations financières avec les Etats. Ce renouvellement ininterrompu des emprunts d'Etat en a amené certains à croire à une sorte de mouvement perpétuel, comme le socialiste Jean-Luc Mélenchon qui alla jusqu'à affirmer: "De toute manière, l'Etat ne rembourse jamais ses dettes."
Grave méconnaissance du fonctionnement des marchés financiers !
En réalité, l'Etat rembourse ses dettes, mais, on l'a vu, il en contracte de nouvelles pour honorer les premières. Or, le processus n'est pas sans conséquences financières: la manoeuvre n'est pas gratuite. A toutes les étapes, l'Etat est un emprunteur; il dilapide donc des fortunes au travers du paiement des intérêts, lesquels sont calculés en fonction d'un facteur crucial, le taux d'intérêt.
Tout le monde vous le dira, on ne prête qu'aux riches - parce que ceux qui prêtent pensent que leur client a les moyens de rembourser. Mais que se passe-t-il lorsque la richesse de l'individu en question est mise en doute, lorsque son haut de forme se défraîchit, lorsqu'il vient quémander un nouveau crédit avec une chemise élimée ? On commence à se méfier. C'est exactement la même chose au sein de ces marchés financiers colossaux où les acteurs sont des mastodontes qui font affaires à grands coups de milliards; seulement, cette vérification de l'état de santé financier de l'emprunteur se fait au travers d'une valeur plus abstraite qu'on appelle la note.
Le grand public en entend peu parler, mais toutes les entreprises d'une certaine taille, les Etats, les collectivités locales, bref, tout ce qui peut emprunter à un moment ou un autre, est surveillé en permanence par des agences de notation - des "tiers neutres" qui évaluent, froidement, les capacités financières des uns et des autres - comme Moody's ou Standard & Poor's. Les agences de notation ne sont pas impliquées dans les échanges; il en va de leur crédibilité. Leur jugement, la note, a un effet direct sur le taux que réclament les prêteurs pour confier de l'argent à un candidat à l'emprunt. Une bonne note permet d'emprunter à moindre frais; une mauvaise note force à payer davantage d'intérêts, et sur quelques milliards la différence se fait sentir. Les notes vont de AAA, la meilleure, à C ou D pour les cancres en faillite. Prêter à ces derniers tient à de la loterie, voire à de la folie pure et simple.
A l'heure où ce texte est écrit, la France dispose toujours de la meilleure note qui soit, le fameux AAA. Pas que le pays soit bien géré, mais seulement qu'il dispose d'un patrimoine gigantesque d'une valeur d'ailleurs difficile à estimer. Entreprises et Etats ne sont pas jugés selon les mêmes critères, bien que leurs notes se retrouvent sur la même échelle. Ce triple A permet à la France d'emprunter à un taux plancher. Toutefois, les agences de notation ont commencé à émettre des doutes: le volume des montants levés par la France et la dérive jamais endiguée des dépenses publiques entament la confiance dans les capacités de l'Etat à rembourser, même compte tenu de son patrimoine. De l'aveu même de certains analystes des agences de notation, la France ne correspond plus aux critères AAA. Si la situation financière du pays se dégrade, les agences de notation finiront par baisser la note. Elles ne s'en sont pas privées pour l'Italie début novembre 2006.
Or, une note plus mauvaise aggrave les choses. Moins de gens sont susceptibles de prêter de l'argent, et ceux qui restent demandent plus cher. Dans le cas d'un renouvellement continu d'emprunts comme en France, à chaque étape il faut désormais emprunter à un taux plus élevé pour rembourser les prêts qui se terminent; le montant de l'addition augmente en même temps que celui des taux d'intérêt. Le trou se creuse alors tout seul, comme doué d'une vie propre. Cela dégrade en conséquence la situation financière du pays... Et donc sa note. Le cercle vicieux s'enclenche alors. Il a été baptisé de bien des noms: effet ciseau, effet boule de neige... En l'absence de terribles efforts pour redresser la barre, l'accélération est vertigineuse, jusqu'à sa conclusion.
En effet, le processus n'est pas sans fin: il arrive un moment où plus personne ne veut prendre le risque de prêter de l'argent. Les dettes ne sont alors plus reportées dans le futur. Il faut désormais les payer. Mais comme il n'y a plus d'argent dans les caisses puisque l'Etat empruntait pour payer ses dettes, il ne reste rien pour personne - ni pour rembourser ceux qui réclament paiement de leur dû, ni pour payer toutes les autres dépenses du gouvernement. C'est la cessation de paiement. La banqueroute.
Le jour noir
Nous sommes en 2012. Après l'élection présidentielle de Ségolène Royal en 2007, Nicolas Sarkozy a été à deux doigts de renoncer à la politique; mais bien lui a pris de persévérer, puisqu'il a fini par accéder à la plus haute marche de l'Etat après le fade quinquennat de la socialiste. Le scénario du Jour où la France a fait faillite commence au moment où une agence de notation dégrade une fois de plus la note de la France, comme au long des années précédentes. Sa nouvelle note est BBB. Or, dans la nomenclature des marchés financiers, cette valeur revêt une importance particulière: elle distingue de façon nette les emprunteurs "respectables" des emprunteurs "douteux".
Les prêteurs ont aussi des comptes à rendre. Ce sont des banques, des fonds de pension, et ils placent de l'argent dans l'intérêt de leurs clients. Leur conduite est soumise à des règles de gestion strictes; ils ne prêtent pas de l'argent à n'importe qui. Ils ont l'interdiction de prêter à des débiteurs douteux - c'est-à-dire, un organisme avec une note de BBB ou pire. La dégradation de la note de la France à ce niveau provoque donc plus qu'une simple hausse des taux, comme les fois précédentes. Elle sonne l'hallali. Il n'y a plus de prêteur institutionnel pour accepter les obligations émises par la France. Quant aux autres, quand bien même le voudraient-ils, ils n'ont pas assez d'argent en caisse pour financer les montants colossaux que demande le pays.
Incapable de renouveler sa dette, la France se retrouve soudainement en cessation de paiement. C'est un coup de tonnerre. Elle n'a plus d'argent liquide ni pour son fonctionnement, ni pour payer les obligations qui viennent d'arriver à échéance. La crise est là. Rapidement, elle se répand à tous les secteurs de l'économie, par un jeu de vases communicants d'exposition financière: les banques privées et les régies d'Etat sont touchées, puis les autres entreprises. Les paiements par carte de crédit ne fonctionnent plus. Les Français ne peuvent plus retirer d'argent aux distributeurs des banques. Ceux qui sont à l'étranger sont coupés de leurs avoirs. Des scènes de pillage surviennent dans les hypermarchés. Le CAC40 est en chute libre avant suspension générale des cotations. Les salaires des fonctionnaires n'arrivent plus, pas plus que celles des retraités ou le versement des allocations...
Confronté à cette urgence, le gouvernement tente de réagir: il faut trouver des alternatives au marché financier. Les institutions existent - FMI, Banque Mondiale, ou les autres pays de l'Union Européenne appelés à la rescousse au nom de la "solidarité européenne". Mais si les accords de principe sont faciles à obtenir, le diable est dans les détails: la France contracte des prêts, pas des dons. C'est un pays riche et développé qui ne doit son infortune qu'à sa mauvaise gestion. En plus, elle doit aussi trouver un moyen de rembourser toutes les dettes qui parviennent peu à peu à l'échéance. Chacun vient donc avec son lot de conditions, demande des garanties, réclame des gages en échange de son obole. L'heure de la réforme a sonné. Elle interviendra à marches forcées.
Dos au mur, essayant de sauver ce qui peut l'être, le gouvernement n'a pas d'autre choix que de procéder d'un coup aux changements qui auraient dû avoir lieu des décennies plus tôt. Dégraissement des effectifs de la fonction publique, vente d'actifs par pans entiers, révision à la baisse des régimes de retraite, privatisation de tout ce qui peut l'être: l'Etat en crise fait face à une cure d'amaigrissement douloureuse, immédiate et sans précédent.
Il n'y a pas d'alternative. Dévaluer l'Euro ? Les autres membres de l'Euroland ne le permettraient pas. Quitter l'Euro ? Comme le dit un protagoniste: "la dette a été contractée en Euros, elle doit être payée en Euro." Pas possible de changer d'unité monétaire au milieu d'un crédit pour le solder en monnaie de singe. Cela conviendrait à la rigueur pour les paiements internes de l'Etat, mais pas pour satisfaire ses débiteurs. S'emparer des économies des Français, faire un bras d'honneur aux créanciers ? Un vol légal qui mettrait un terme à la démocratie et qui achèverait ce qui reste du secteur privé, le seul à rapporter encore de l'argent au pays.
La crise est d'autant plus grave qu'avec un pouvoir politique fragile, la menace de l'extrémisme pèse. Chacun sait que la démagogie ne résout rien, mais qu'elle offre une palette infinie de solutions aussi séduisantes que fausses, avec ses coupables tous trouvés : le libéralisme, la dictature des marchés, les fonds de pension anglo-saxons, les immigrés, le capitalisme... Et les électeurs pourraient bien se réfugier dans ce discours aussi éculé que sécurisant. Face à la crise, le Parti Socialiste, alors dans l'opposition, est divisé entre la défense des institutions et la voie anti-capitaliste radicale; il est promis à l'éclatement.
En outre, même l'application tardive de recettes libérales s'accompagnera de douleurs immenses. Le retrait économique d'un mastodonte de la taille de l'Etat en France, si mal géré soit-il, ne va pas sans provoquer des remous en conséquences. Aussi vicieux et destructeur de richesse qu'il soit, l'Etat est jusqu'à la veille de sa banqueroute un acteur économique incontournable. Son repli entraînera une vague de faillites sans précédent. Le chômage atteindra au moins 15% de la population active pendant plusieurs années, alors que les mécanismes d'allocation-chômage auront eux-mêmes fait faillite. Les mécanismes d'aide sociale - assurance chômage, RMI - auront disparu, faute d'argent à distribuer. Les Français ne pourront compter que sur eux-mêmes.
Sur le plan international, le peu d'influence de la France sera balayé. Vivant sous la perfusion financière, désormais tarie, de la métropole, les DOM-TOM seront rendus à l'indépendance. L'influence étrangère de la France implosera alors que ses bases se videront de ses militaires, ramenés en urgence sur le continent pour aider à maintenir l'ordre. La plupart des soutiens étrangers de la France étant acquis à travers les rivières de l'aide au développement, à sec pour longtemps, le pays sera isolé comme jamais.
La France s'apprêtera à traverser le désert - un voyage aussi dangereux que douloureux, qui durera des années avant d'apercevoir le bout du tunnel. C'est en tous cas ce que planifie le gouvernement après des semaines de négociations de crise.
Le livre se clôt sur un rebondissement que je laisse à chacun le soin de découvrir.
La lecture du livre Le Jour où la France a fait faillite est vivement conseillée, ne serait-ce que pour le brillant exercice de futurologie qu'il représente. L'ouvrage est à la fois instructif et distrayant. Les auteurs maintiennent même un site web (http://www.lejourou.info%29/ où les curieux peuvent venir commenter leur oeuvre, découvrir le contexte de son écriture, et compléter leur connaissance économique sur le sujet.
Sans aucun doute, la solidité de l'intrigue tient dans la vraisemblance des personnages qui s'y débattent. Les protagonistes vont du ministre au proverbial homme de la rue; et aux commandes de l'Etat, les auteurs ont décidé de placer des personnalités qui existent aujourd'hui, dans des rôles différents, mais qui pourraient bien se retrouver aux postes pressentis en 2012.
Un scénario différent ?
Si la finesse économique de Philippe Jaffré et Philippe Riès et le talent qu'ils ont à monter leur scénario méritent le respect, je ne partage pas certains points de leur analyse.
Didactique, le roman explique très bien le mécanisme de refinancement permanent de la dette française et l'influence des agences de notation. Comme eux, je pense en effet que le coup de grâce sera sonné de ce côté, lorsqu'une de ces agences osera franchir le rubicond en déclarant que les obligations émises par la France sont désormais des "obligations pourries" (junk bonds - c'est le terme officiel !)
Malheureusement, l'exercice de vulgarisation est bien trop optimiste. Le livre ne s'attarde pas trop sur la violence, l'agitation populaire, le risque d'embrasement qui menace. Les acteurs font tous preuve d'un professionnalisme exemplaire: on entend à peine des jurons ou des cris de désespoir. Les ministres expliquent doctement, les fonctionnaires (désormais sans solde) travaillent avec diligence et sans compter leurs heures, même les syndicats réalisent l'ampleur de la crise et deviennent des interlocuteurs constructifs. Le public dans son ensemble est atterré, mais calme. Tous affrontent dignement le déluge.
Je crains que le jour où la France fera faillite, l'ambiance ne soit moins propice au recueillement et à la réflexion.
Un ensemble aussi obèse que l'Etat français ne peut pas s'écrouler dans son intégralité d'un seul coup. Comme un jeu de dominos, il faut du temps avant que toutes les pièces ne soient à terre. L'effondrement commencera par la périphérie: certaines caisses n'auront plus d'argent pour payer leurs allocations (les Aides Personnalisées au Logement, par exemple); d'autres paieront avec retard, ou une seule fois trimestriellement ou annuellement au lieu du versement mensuel.
Parallèlement, l'Etat sera toujours plus gourmand avec ses recettes: par exemple, les impôts sur les entreprises seront exigés en début d'année sur la base des bénéfices engrangés l'année précédente, peut-être même sur une extrapolation de croissance, au lieu de porter sur les affaires effectives. Les plus sagaces observateurs de la décrépitude de l'Etat français auront constaté que cette étape a déjà commencé. Le centre tombera en dernier, après s'être épuisé à essayer de maintenir debout les pans qui s'écroulent. Cela signifie que lorsque la France subira le coup de grâce, elle sera déjà dans un état de paralysie générale désastreuse: les trains en panne ou en grève, les policiers dans la rue, les hôpitaux en faillite, etc.
La crise précédera la banqueroute, et non l'inverse.
Evidemment, l'accélération de l'effondrement n'ira pas sans mouvements sociaux d'une ampleur encore jamais vue. La mobilisation de la fonction publique dans la grève survient dès qu'un ministre se contente d'évoquer une réforme possible : les leaders syndicaux et leurs troupes vivent dans la paranoïa de la lutte des classes. Ils ne perçoivent le monde qu'à travers le prisme déformant de leur idéologie marxiste et montent une garde vigilante contre toute remise en cause du régime privilégié dans lesquels ils baignent. Or, un Etat aux abois trouve pour ses réformes une force de caractère inhabituelle : les réformateurs sont tout simplement au pied du mur. Mais en face, la résistance syndicale est solide et bien préparée pour l'affrontement.
Alors que les finances de la France tomberont en miette, les charognards essayeront chacun de se réserver la plus belle part du cadavre, de sécuriser ses acquis lors de la liquidation, ou encore d'être plus prioritaire que le voisin lorsqu'il faudra finalement couper dans les crédits, usant et abusant de son pouvoir de nuisance.
En 2005 déjà...
A ce stade, les banlieues auront brûlé depuis longtemps. Les acteurs de l'Etat agissant dans ces zones étant moins proches du pouvoir, ils seront financièrement sacrifiés bien avant les autres. Aujourd'hui, un an après les émeutes de 2005, pas un acteur du "milieu associatif" ne peut passer dans un média quelconque sans en profiter pour quémander plus de moyens aux pouvoirs publics ; le calme apparent des grands ensembles ne tient que par la construction régulière de bâtiments neufs à incendier, un arrosage général de subventions, et l'abandon de ces zones par les forces de l'ordre au profit des mafias locales.
Lorsque la crise se précisera, les policiers n'y seront pas plus nombreux, on s'en doute, vu le nombre d'autres chats qu'ils auront alors à fouetter, mais en plus la manne gouvernementale versée aux associations se tarira, et avec elle leurs effets d'apaisement. A la faveur de la crise, après l'éradication finale des derniers symboles de la présence de l'Etat français dans les banlieues, les "zones de non-droit" se révèleront sous leur nouveau jour : des enclaves soumises à d'autres lois. La balkanisation du pays sera désormais indiscutable.
Il y a enfin un ensemble de circonstances complètement laissé de côté dans Le Jour où la France a fait faillite, et pas des moindres : la situation géopolitique internationale. Les auteurs estiment, avec raison, que la cessation de paiement de l'Etat français est avant tout affaire de politique intérieure; mais la France n'est pas pour autant imperméable à ce qui se passe dans le monde.
Intégrer ce facteur dans un récit qui se déroule en 2012 tient de la gageure : nul ne sait ce qui se sera passé d'ici là en Irak, entre l'Iran et Israël, à la tête de l'appareil d'Etat américain, etc...
Or, selon moi, la faillite de la France surviendra à la faveur d'une crise mondiale, ou au moins d'un ralentissement économique généralisé, comme il s'en produit toujours de façon cyclique. La France est fragile, mais c'est un choc qui la mettra à terre. Un choc probablement venu de l'extérieur. Cela signifie que lorsque la France coulera, le reste du monde ne sera pas dans une très bonne passe, voire pire. Cela signifie aussi que le reste du monde n'aura, à ce moment, guère de moyens à dégager pour sortir l'Hexagone de son gouffre, et bien d'autres préoccupations en tête.
Le scénario du livre, assez bienveillant, repose sur l'idée que des partenaires de la France pourront pallier à la défiance des marchés financiers en se substituant à eux, quitte à faire payer leur aide au prix fort; mais si le jour dit ces partenaires sont eux-mêmes en train de lutter contre leur propre faillite, ils resteront, faute de moyens, sourds à tous les appels au secours.
Au bout du compte, je crois que la mort de l'Etat social-démocrate français s'accompagnera de soubresauts beaucoup plus violents que ce que Le Jour où la France a fait faillite ne laisse présager : émeutes, tueries, rafales tirées dans la foule, mises à sac et incendies, couvre-feu, intervention de l'armée, état d'urgence. Et qu'à l'inverse du livre, il n'y aura peut-être pas de chevaliers blancs prêts à venir en aide à son Etat, réformes ou pas. Si ces prévisions pessimistes s'avèrent exactes, la démocratie ne survivra pas à cette épreuve et l'émergence d'une guerre civile n'est pas à exclure non plus. Quant à la crise, elle s'installera pour des années, une génération peut-être, le temps que le peuple français réapprenne, peu à peu, les valeurs de base du travail et du fonctionnement de l'économie. A moins qu'il ne s'abandonne complètement aux chimères idéologiques d'ici là.
Demain est un autre jour
La banqueroute de la France arrive peu à peu au centre du débat. Il y a quelques années, évoquer ce genre d'idées ouvertement n'aurait provoqué que ricanements; aujourd'hui, le sujet fait vendre des livres. On peut se réjouir de l'ouverture d'esprit du grand public face à cette question. On peut aussi s'en inquiéter : l'émergence de plus en plus marquée d'un sujet autrefois tabou montre peut-être aussi que la France n'a jamais été si proche du précipice.
Dans les rues, tout est à peu près calme; la vie suit son cours. L'annonce d'une tempête aussi prochaine que violente semble difficile à croire. On dirait les cris d'un de ces prophètes de la fin du monde, hirsutes et dépenaillés. La crise nous guette pourtant. Aucun régime, aucune force politique ne peut s'affranchir des limites physique de la réalité. Or, la comptabilité est soumise à de telles lois; elles sont aussi implacables que la gravité terrestre. L'illusion ne peut y régner que de façon temporaire. Il n'y a guère de débat en vérité, seulement un devoir d'information : le chemin de moindre résistance mène la France à la faillite. Aucun doute là-dessus. Nulle croissance mondiale, nulle découverte technologique majeure ne pourra sortir le pays de la fosse qu'il s'est creusée.
En fait, compte tenu la situation française pudiquement dévoilée dans le rapport Pébereau, l'effondrement reste probable même dans l'hypothèse (totalement fantaisiste à l'heure actuelle) d'un gouvernement à la fois combatif et bien inspiré, qui prendrait les problèmes à bras-le-corps pour les affronter de la bonne façon - un gouvernement libéral, par exemple. Nous en sommes plus éloignés que jamais: la classe politique française est toujours divisée entre étatistes de gauche et étatistes de droite.
La cessation de paiement surviendra donc. Reste une seule question: quand ?