dimanche, juillet 29, 2007
Un entretien avec René Fournier dans Aviasoprt
On n'en fait plus des comme ça. Ou alors pas beaucoup.
Entretien René Fournier
L'aviation générale tuée par la bureaucratie, ce n'est pas seulement un fantasme.
Les Robin, Fournier, Delemontez sont tous octogénaires, Mudry est mort l'année dernière, et ils n'ont pas trouvé de successeurs ou les successeurs qu'ils ont trouvé survivent à peine.
Comme l'aviation générale ne se porte pas si mal en Allemagne ou aux USA, c'est bien qu'il y a un problème français.
Il y a déjà des raisons extérieures pour que la vie de l'aviation générale soit plus chère, plus difficile.
Alors, évidemment, c'est le coup de grâce d'ajouter par là-dessus des couches et des couches de contraintes administratives, irresponsables, au sens premier du mot : la DGAC ne répond de ses activités et de ses règlements devant personne, aucune autorité ne la contrôle vraiment. Si quelques emmerdeurs, usagers ou, miracle centennal, élus, s'inquiétent de son prurit réglementaire, elle part dans des argumentaires techniques, embrouillés à souhait, dans lequel surnage, clignotant en rouge, le mot « sécurité ». Et le tour est joué, la DGAC a toujours raison.
Cela ne semble pas déranger la DGAC que, le niveau de sécurité en aviation générale reste stable après des dizaines de réglements et de circulaires censés l'améliorer.
Il existe des instances consultatives pour donner le change. Mais on fait bien attention à ce qu'elles restent consultatives, qu'elles ne viennent jamais entamer le pouvoir de la DGAC. De temps en temps, la DGAC, dans un mouvement de bonté, lache une modification cosmétique de réglement pour ne pas humilier définitivement ces instances, mais, la plupart du temps, elle ne se donne même pas cette peine.
Ce n'est pas que la DGAC soit peuplée de diables. Simplement, toutes les bureaucraties, privées ou publiques, ont leur logique propre et, en l'absence de contre-pouvoirs, prennent toute la place qu'on leur laisse et deviennent folles.
En transport public, les compagnies aériennes et les plates-formes internationales sont un contre-poids. En aviation générale, rien de tel, ni poids médiatique, ni poids financier.
Quand on a la chance qu'il y ait quelques députés, sénateurs ou ministres pilotes privés (Michel Rocard était vélivole), des amendements peuvent passer limitant les dégâts de l'administration, mais c'est rare.
Reste une dernière solution : que les usagers de l'aviation générale s'organisent en groupe de pression. Les meetings aériens sont en France les plus grosses manifestations publiques après les matchs de football, cette visibilité n'est pas assez exploitée.
Mais c'est difficile : les pilotes sont individualistes et, souvent, pas toujours, bien élevés. Bref, foutre le feu en hurlant à des barils d'huile usagée devant les préfectures (ça serait l'équivalent du fumier pour les agriculteurs), ça n'est pas trop leur truc.
De là à en conclure que, en France, être individualiste et bien élevé est un gros handicap politique, il n'y a qu'un pas. Chez nous, tradition oblige, le poids politique serait plutôt du coté des troupeaux violents.
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