Mon précédent message sur la loi de Godwin ayant suscité quelques réflexions sur les cons, je vous soumets ce texte que je dois à la revue Commentaire.
Il émane d'un vrai con, de gros calibre, médaille d'or sur plusieurs décennies si la connerie était sport olympique, un professionnel, peut-être même dopé, gloire internationale, pas un rigolo, pas un amateur comme nos trotskystes actuels.
Dès qu'il y avait une connerie à dire sur un ton définitif, une erreur d'analyse à publier avec assurance, une ânerie à promouvoir, il était là, égal à lui-même.
Maintenant qu'il est mort, ça ne serait pas grave si il n'avait de dignes successeurs.
Saurez vous deviner son nom ? (pas très difficile. Encore un indice : c'était un bon romancier, les problèmes commençaient lorsqu'il donnait son avis sur la politique et, vu la très haute opinion qu'il avait de lui-même, il passait son temps à ça.)
IMPRESSIONS D'URSS (1954)
Le citoyen soviétique possède, à mon avis, une entière liberté de critique, mais il s'agit d'une critique qui ne porte pas sur des hommes, mais sur des mesures.
L'erreur serait de croire que le citoyen soviétique ne parle pas et garde en lui ses critiques. Cela n'est pas vrai. Il critique davantage et d'une manière beaucoup plus efficace que la nôtre. L'ouvrier français dira : « Mon patron est un salaud ! »
L'ouvrier soviétique ne dira pas : « Le directeur de mon usine est un salaud ! » mais : « Telle mesure est absurde. » La différence, c 'est que le Français le dira dans un café ; le Soviétique, lui, s'engagera publiquement, engagera sa responsabilité dans la critique au cours d'une réunion officielle - par exemple la réunion du Soviet, la réunion de tel groupe technique dont il fait partie, ou la réunion du Parti. Il critiquera âprement, souvent, mais toujours dans une direction positive. Et ce qui est vrai des ouvriers est vrai de tout le monde.
[...]
Vers 1960, avant 1965, si la France continue à stagner, le niveau de vie moyen en URSS sera de 30 à 40 % supérieur au nôtre. Il est bien évident qu 'avec une société de ce type, qui édifie pour elle et pour tous les hommes, le seul rapport raisonnable est un rapport d'amitié.
Libération, 15 et 20 juillet 1954. [Vous remarquerez que le niveau de Libé ne s'est guère élevé depuis 1954 : le vocabulaire a changé, les idées sont restées à peu près les mêmes].
Cher Franck,
RépondreSupprimerVotre devinette sur le roi des cons et sur la loi de Godwin me fait penser aux blogs qui se nomment "politiques".
Vous en connaissez certainement plusieurs, tant de droite que de gauche.
Si, au début de leur existence, le langage est courtois, après quelques confrontations avec des contradicteurs d'autres bords, ils changent de manières.
Alors, ils versent dans l'injure, l'insulte, les comparaisons avec des personnages historiques peu reluisants.
Leur vernis de civilisation s'estompe: ils sont devenus imperméables au raisonnement.
C'est, je crois, un des défauts majeurs des blogs: aucun "bloggeur" n'a jamais remis en question la plus petite de ses certitudes.
Amitiés
Vous vous trompez : quand j'ai commencé à "bloguer", j'étais nettement moins libéral que je le suis aujourd'hui.
RépondreSupprimerMais ce n'est pas tant les contradicteurs qui m'ont fait évoluer que mes vagabondages sur internet pour remplir ce blog.
Allez, je me lance : Jean-Paul Sartre ?
RépondreSupprimerDoc38
Oui, mais c'était vraiment facile.
RépondreSupprimerA part 'gloire internationale', ça pourrait coller à Jean-Edern Allier...
RépondreSupprimerQuoique...je n'ai pas eu l'occasion de creuser ma réfléxion sur le personnage.
Mais ses 'successeurs', tel l'inénarrable ME Nabe, ont atteint le Mac 2 de la connerie humaine !
On écrit "Mach", en hommage à Ernst Mach :
RépondreSupprimerhttp://en.wikipedia.org/wiki/Ernst_Mach
Il prit les premières photographies d'une balle de fusil en vol grâce à un dispositif ingénieux, en déduisit l'existence de l'onde choc et du cône qui portent son nom.
Le Mach désigne la vitesse considérée rapportée à la vitesse du son : Mach 2, c'est 2 fois la vitesse du son.
La vitesse du son varie en fonction de la racine carrée de la température, elle est donc moins élevée à haute altitude.
Mach 2 ne désigne pas la même vitesse à 15000 m et au niveau de la mer. Il faut donc savoir si vous avez à faire à des cons qui volent haut ou bas.
A 15° C, M1 = 340 m/s.
Je me trompe peut-être, mais Libé n'est pas né dans les années 70?
RépondreSupprimerJP Sartre, c'était trop facile.
RépondreSupprimerJe m'en doutais à la descrption, connaissant votre amour passionnel pour le con en question. Là-dessus, l'indice venait confirmer ma première impression. Le texte cité était de trop, mais à lui seul était une preuve.
@ Ladrennec : Oui, vous vous trompez
F Boizard
RépondreSupprimerIl y a des chances que dans quelques années ou décennies certains ressortent vos billets et que vous passiez pour un "roi des cons"
Mais au jour d'aujourd'hui impossible de le savoir !
Si cette dernière réplique fait allusion au fait que de nombreuses années se sont écoulées depuis le décès de Sartre et les propos infâmes qu'il a tenus tout au long de sa vie, c'est un peu vite oublier que, dès 1917, on savait ce qu'il se passait en URSS, que des gens comme Sartre ne l'ont pas seulement excusé, mais aussi justifié, et avec un cynisme terrifiant.
RépondreSupprimerIl ne faut pas oublier ces quelques points :
- Dès l'apparition des "idées" communistes au XIXème siècle, des gens ont prédit comment ça tournerait. F. Bastiat était l'un d'eux.
- En 1917, les socialistes radicaux, les mencheviks, en plus des "blancs" ont fuit l'URSS et ont décrit les exactions en cours. Un grand rassemblement socialiste a même eu lieu en France à ce sujet.
- La famine de 1920 a prouvé que tout ceci était bien vrai.
- Tout au long de années 20 et 30, des témoignages terribles sont arrivés en occident.
- Raymond Aron, André Gide, et bien d'autres l'ont dit et répété. Mais il valait mieux, à l'époque, "avoir tort avec Sartre que raison avec Aron".
- Le pacte germano-soviétique, summum du cynisme, apporta une preuve supplémentaire du caractère dictatorial du communisme.
- L'invasion de la Pologne, de la Finlande, puis, à la fin de la guerre, de la moitié de l'Europe, aurait pu ouvrir les yeux aux plus récalcitrants des cons.
- La chute de la Chine, Corée du Nord, du Vietnam, l'expansion en Afrique, en Amérique, aurait dû réveiller des consciences.
Sartre est passé à côté de tout cela. Il savait, mais jugeait que c'était, je cite, "un mal nécessaire". Sartre n'était pas seulement un con de classe internationnale. C'était aussi un conard de première.
Voilà voilà...
Merci, Domp, je n'aurais pas dit mieux.
RépondreSupprimerQuant à savoir si je ne serai pas considéré ultérieurement comme le roi des cons :
> je ne pense pas être de si haute importance qu'on m'envisage pour un tel poste
> je ne me fais pas trop d'illusions sur la valeur de ce que je pense et de ce que j'écris. Je ne pense pas avoir l'ego surdimmensionné qui sied au roi des cons.
"Pourquoi l’écrivain français le plus représentatif des années 1950 et 1960 a-t-il haï la liberté, lui le philosophe de la liberté ? Pourquoi ce penseur si intelligent approuva-t-il la nuit intellectuelle du communisme?
RépondreSupprimerPourquoi le fondateur de la fameuse revue Les Temps modernes ne comprit-il rien à son temps? Pourquoi ce raisonneur si subtil a-t-il été l’un des plus grandes dupes de notre siècle?
Au lieu d’escamoter ces réalités, mieux vaudrait tenter de les expliquer. Le problème n’est pas celui des aberrations d’un homme. C’est celui de toute un culture. Pour le résoudre, inspirons-nous de ce que Sartre a enseigné, surtout pas de ce qu’il a fait, de sa philosophie de la responsabilité, surtout pas de ses actes irresponsables, de sa morale de l’ authenticité, surtout pas de son idéologie de la falsification.”
Citation extraite d’un éditorial radiophonique de JF Revel diffusé par Europe 1 le 21 avril 1990.