Je n'aime pas beaucoup la Marine Nationale : c'est un repaire d'aristos conservateurs, anti-gaullistes obsessionnels. Ce n'est pas seulement cela, mais c'est aussi cela.
Ceci pour dire que l'avis qui suit n'est pas dicté par le sentimentalisme.
La France reçoit plus des trois quarts de ses approvisionnements de la mer, l'économie fonctionne en flux tendu.
La mer et le contrôle des voies maritimes, y compris à très longue distance, par exemple du coté de la Chine, sont donc des enjeux d'une importance qu'on ne peut pas exagérer.
Or, l'abandon du deuxième porte-avions signifie le renoncement à ce contrôle et donc, par voie de conséquence, une plus grande vulnérabilité.
On peut constater des pertes de capacité similaires dans l'armée de terre et dans l'armée de l'air.
En un mot comme en cent, ça me fait peur.
Je connais l'histoire, le monde n'est pas calme, les étrangers ne sont pas tous gentils, et quand on a négligé son armée, il se révèle plus couteux de la rétablir qu'il n'aurait été de la conserver. Nous avons par le passé assez souffert de ce genre de négligence.
Et le retard se paye en sang, en sueur et en larmes.
Oui, j'ai peur de ces dirigeants et de ce peuple, oublieux de leur histoire, négligents des menaces, rêveurs béats par lâcheté, incompétents.
Bravo Franck. Belle lucidité sur le rôle de défense des intérêts nationaux confié aux Armées. L'intervention réussie sur les pirates du Ponant est une preuve que les paroles ne sont crédibles que si la main cache un baton derrière le dos.
RépondreSupprimereh bien je suis d'accord, tant sur les principes que sur les précédents (par exemple, défense nationale bradée entre 1919 et 1936, rattrapage pénible et inégal par le Front populaire; on peut ajouter la guerre d'Algérie, dont je suis invité à causer demain 19h 15 sur RFI : conflit passéiste budgétivore entravant la modernisation).
RépondreSupprimerCependant, l'évocation de l'affaire du Ponant m'inspire une réflexion complémentaire : la source du problème est le fait d'avoir laissé la Somalie sombrer dans l'anarchie féodale après la désastreuse tentative de reprise en main par Clinton en 1994. Donc armée OK, mais politique d'abord, dans le cadre onusien, pour hiérarchiser les objectifs et optimiser les moyens... qui ne seront jamais illimités.
Il ne faut pas oublier, de surcroît, que la France est la troisième puissance maritime mondiale de part ses confettis éparts auxquels s'applique la règle des 200 nautiques.
RépondreSupprimerA quelques rares exceptions, nos dirigeants n'ont jamais rien compris à la problématique maritime. La Royale, quant à elle, n'a pas fini de payer les erreurs de jugement de ses amiraux pendant la WWII et la sabordage de la flotte en 1942.
Quelqu'un pourrait-il m'expliquer l'abondance d'amiraux à Vichy et leur rareté à Londres ?
RépondreSupprimerBien sûr qu'une armée digne de ce nom est nécessaire! Et aujourd'hui, encore bien plus qu'hier au vu des changements qui s'annoncent!
RépondreSupprimerMais comment faire? Avec une économie en berne et des finances à la dérive, on ne peut plus rien s'offrir... Une fois de plus, on en revient aux fondamentaux : si l'on prétend jouer un rôle politique, il faut s'en donner les moyens!
En conséquence, tant que notre dette sera ce qu'elle est, que nos dépenses "sociales" seront incontrôlées, il ne faudra pas espérer pouvoir changer quoi que ce soit!
Pour ce qui est du porte-avion, je suis beaucoup moins enclin que vous, Franck, à le croire absolument utile parce que cela coûte excessivement cher et ne peut être rentable qu'à condition d'avoir les moyens de l'entretenir, de l'équiper - en particulier avec des avions et hélicoptères à la hauteur et du personnel bien formé…
Je crois qu’il est en tout premier lieu plus que nécessaire de redéfinir nos priorités stratégiques et d’en tirer les conséquences qui s’imposent avant même que de songer à construire ceci ou cela, tout en mettant fin aux pressions des différents lobbys de l’armement qui ne raisonnent qu’en fonction de leurs intérêts personnels et immédiats ! En second lieu de s’adapter aux réalités de notre monde et surtout à celles de notre situation économique et politique, comme je l’ai évoqué plus haut…
C’est seulement après une telle démarche que nous pourrons espérer mettre en place une planification de la production et de l’équipement de nos armées cohérente et efficace reposant sur appréciation juste et précise de nos besoins.
En conséquence, commençons donc par mettre de l’ordre dans nos finances et nos dépenses ; il ne faut jamais mettre la charrue avant les bœufs, n’est-ce pas ?!
En vacances à Toulon l'été dernier quel ne fût pas mon étonnement de voir le Charles de Gaulles en cale sèche, beau symbole à plus d'un titre
RépondreSupprimeraprès information voilà ce qu'on peut lire:
(31 juillet 2007)
Mardi, le porte-avions Charles de Gaulle a fait son entrée dans un bassin de carénage sur la base navale de Toulon (Var) pour être mis en cale sèche et subir 18 mois d'immobilisation pour un grand entretien.
L'imposant bâtiment de 18 étages va ainsi subir sa première IPER (Indisponibilité Périodique pour Entretien et Réparation) depuis sa mise en service voilà six ans, ce qui laissera pour la première fois la France sans porte-avions sur l'eau. Le porte-avions devrait être à nouveau opérationnel au printemps 2009.
Le chantier, qui représente l'essentiel du contrat de 287 millions d'euros confié à DCNS (ex-Direction des constructions navales) pour le maintien en condition opérationnelle du porte-avions durant 5 ans, est prévu sur 15 mois avec au total une indisponibilité de 18 mois pour le navire.
Je veux le nom du type qui a pondu cet acronyme "IPER" !! navrant
Malheureusement, Denis a bien résumé, par son étonnement, le drame de nos forces armées qui n'auront bientôt plus les moyens financiers pour assurer toutes les missions que le Politique leur confie. Avec un seul Porte-avions, nous sommes en hibernation pendant 18 mois et ne pouvons pas assurer la sécurité de nos ressortissants Outre-mer ni montrer notre présence et détermination. Les Anglais ont tiré les leçons de la guerre des Malouines et vont lancer, seuls sans nous, 2 nouveaux porte-avions nucléaires. Une diplomatie sans bras armé n'est pas écoutée. C'est triste mais c'est la règle des relations internationales.
RépondreSupprimerJe n'aime pas beaucoup la Marine Nationale : c'est un repaire d'aristos conservateurs, anti-gaullistes obsessionnels. Ce n'est pas seulement cela, mais c'est aussi cela.
RépondreSupprimerPour un peu, vous me feriez aimer la marine nationale...
La Royale commence avec l'Ecluse et se termine par Toulon, bref elle préfère évoluer dans les rades (ou plutôt au fond) avec Vigo ou Aboukir.
Tourville ne fut pas Ruyter, après Beachy Head on n'ose pas remonter la Tamise et les fameux corsaires symboliseraient plutôt l'impuissance étatique qu'autre chose.
D'où vient l'erreur ? Le poids de l'Histoire, un choix malheureux de capitale...L'Histoire a séparé la Normandie du royaume de France un moment, Rouen aurait été préférable hélas car les Normands tel Ango ont toujours eu le regard tourné vers la mer (tandis que les terriens se tournèrent vers le mirage italien).
Les Hollandais ont Amsterdam, les Anglais, Londres, les Portugais, Lisbonne...les Français se fixèrent au milieu des blés au lieu de pêcher le hareng.
Un porte-avions de plus ou de moins...Les marins n'ont jamais su se servir de leurs joujoux et surtout construire une tradition qui passait notamment par l'exécution de leurs amiraux incompétents comme les Anglais.
La magnifique flotte de 40 sombre à Toulon et Mers el Kébir, alors à quoi bon ?
Je pense que l'abondance d'amiraux à Vichy tient beaucoup à la personnalité de Darlan. Ce dernier, après avoir forgé la plus belle marine de notre histoire, a vu dans le nouveau régime une belle opportunité d'asseoir son immense ambition. Jusqu'au débarquement allié d'Afrique du nord, il était le dauphin désigné de Pétain et s'était arrangé, sauf exception, à maintenir l'unicité de son arme et à la préserver (voir l'internement de la flotte X à Alexandrie). A cela s'ajoutait une très forte prégnance de valeurs (très) traditionnelles au sein du corps des officiers. Il était donc logique de voir la haute hiérarchie de la Royale jouer la carte de l'obéissance aux instances légales du pays et de garder un coupable attentisme. On parle moins des deux autres armées mais la conduite de leurs chefs respectifs n'a pas grand chose à envier à leurs homologues marins (Le chef d'état-major de l'AA, le Gal Bergeret, a été le premier à édicter des lois anti-juives pour chasser les personnels de cette confession de son armée et ce, avant que Vichy ne sorte ses premiers textes en la matière. Quelques pilotes de chasse français ont abattu plus d'avions alliés que d'avions allemands que ce soit en Syrie ou en AFN. Je me garderai bien de blâmer ces derniers mais on peut, 70 ans plus tard, juger sévèrement leurs chefs.)
RépondreSupprimerJe n'aime pas beaucoup la Marine Nationale : c'est un repaire d'aristos conservateurs, anti-gaullistes obsessionnels
RépondreSupprimerElle n'a pourtant pas bougé d'un cil lors du putsch des généraux en Algérie. Aussi respectueuse des institutions républicaines que les troupes d'appelés comme l'illustre le personnage joué par Rochefort dans l'excellent Crabe-Tambour.
Alors, anti-gaulliste...
Pleutre surtout.
@ Anoynyme :
RépondreSupprimerParmi les (trop) nombreux livres sur ma table de chevet, il y a L'armée de l'air des années noires. Effectivement, on y parle de Bergeret, mais je ne l'ai pas encore lu.
Je n'oublie pas que la défaite fut un traumatisme qui explique bien des choses, toutes les armes ont plus ou moins versé dans la collaboration.
D'ailleurs, le mystère n'est pas dans la défaite elle-même, la France avait déjà connu d'autres défaites militaires, mais dans le refus de continuer à se battre, pas d'armée d'Afrique comme il y avait eu en 1870 l'armée de la Loire.
Cependant, malgré ces nuances, la Marine me donne l'impression d'avoir été particulièrement collaborationniste, ou particulièrement anti-gaulliste.
@ Coriolan :
Vous êtes encore plus sévère que moi : vous êtes aviateur ou bidasse ?
Je reconnais que la marine est la moins glorieuse des armées française (les victoires sont beaucoup plus rares que les défaites).
Pour poursuivre sur le sujet de la collaboration, il est vrai que, pour une fois que la République donnait la priorité à la marine (ce qui était totalement idiot, l'ennemi étant Hitler), les amiraux n'ont rien trouvé de mieux que se ruer à Vichy (sauf Muselier qui s'est faché avec De gaulle. Super-fins, les amiraux des années 40 !). Et clou du spectacle, le sabordage à Toulon ! Si ce n'est pas se tirer une balle, que dis-je, une rafale, dans le pied ...
Vous avez raison : les marins auraient collé tout ce monde étoilé contre un mur à la libération, la marine aurait remonté son prestige, mais les marins ont fait comme toute l'armée française : ils ont assuré une remarquable continuité, certains gaullistes aigris allant même jusqu'à penser que les vrais vainqueurs de la guerre était les vichystes.
Le passé : échec de la marine, impuissance étatique ? Je ne sais pas, mais impuissance du centralisme, très certainement. Quand il fallait trois semaines pour faire Brest-Versailles et que M. Colbert voulait tout controler, ça ne pouvait pas fonctionner au mieux.
Les corsaires sont effectivement un aveu d'échec de la grandiose politique, mais ils montrent aussi tout le potentiel qui a été gaché : des Surcouf et des Jean Bart auraient pu être amiraux d'une grande flotte.
Maintenant que j'ai dit tout le mal que je pense de la marine, il n'en demeure pas moins que les faits sont là : les voies maritimes n'ont jamais été aussi essentielles à la prospérité française (même plus que du temps des colonies, me semble-t-il).
Quant au deuxième porte-avions, dans cette optique, sa nécessité ne fait aucun doute : c'est une base aérienne à l'étranger qu'on peut utiliser sans demander aucune autorisation.
La question de savoir si les marins utiliseront bien les moyens qu'on pourrait leur donner se résout à un niveau supérieur : de mon point de vue (hélas très minoritaire), nos dirigeants devraient n'avoir qu'une obsession, la diminution massive des dépenses et des effectifs publics, et qu'un souci, les missions régaliennes : police, justice, défense.
Si les politicens mettaient la défense en tête de leurs priorités, la question de l'utilisation des moyens serait au niveau politique et non technique.
Mais, comme le remarque JD Merchet, nous avons au gouvernement un anti-militarisme de droite, qui se traduit non par l'hostilité, mais par le désintérêt et par la négligence, et qui viennent du plus haut niveau. Les fautes de goût de Nicolas Sarkozy en matière militaire se multiplient : plaisanteries dans le cimetière des Glières, hommage aux poilus accéléré, portable pendant les cérémonies, etc ...
La Défense a paru un poste suffisamment subalterne pour qu'on y nomme ministre un homme qu'on voulait récompenser de sa trahison et dont on savait qu'il n'éprouvait aucun intérêt pour le sujet.
Si l'incompétence gouvernementale en bien des matières est grave sans être catastrophique, ce n'est pas le cas en matière militaire : quand l'armée intervient, c'est qu'il y a crise. Il est alors trop pour acquérir une compétence manquante.
Je dispose moi-même, entre autres ouvrages, de l'intégrale de la thèse de Claude d'Abzac-Epezy qu'elle a consacrée à l'armée de l'air de Vichy.Malheureusement, elle n'est plus éditée et vous disposez, je crois, de la version grand public édulcorée.
RépondreSupprimerAyant lu énormément d'ouvrages sur cette période et ayant rencontré de nombreux témoins de cette époque troublée, je me garderai bien de juger des comportements de la masse de la population. Par contre, les élites peuvent être jugées car elles disposaient de beaucoup plus de renseignements. La soif de pouvoir et de prébendes reste un moteur puissant et malheureusement, cette soif est loin d'avoir disparu en 2008. Il n'a qu'à voir le comportement de nos élites (gauche et droite confondues).
L'inénarrable Daredevil s'interroge encore :
RépondreSupprimer"Mais comment faire? Avec une économie en berne et des finances à la dérive, on ne peut plus rien s'offrir... Une fois de plus, on en revient aux fondamentaux : si l'on prétend jouer un rôle politique, il faut s'en donner les moyens!
En conséquence, tant que notre dette sera ce qu'elle est, que nos dépenses "sociales" seront incontrôlées, il ne faudra pas espérer pouvoir changer quoi que ce soit!"
Le second porte-avions et le troisième, vous les voulez comment : classiques ou nucléaires ? Monsieur désire-t-il que nous lui prélevions ce petit plaisir sur :
1)les 40 milliards de la fraude fiscale ?
2) Les 73 milliards des "niches fiscales" ?
3) Les 65 milliards des cadeaux aux entreprises ?
4) la cagnotte de l'UIMM ?