Désolé, c'est en Anglais. Mais ça change des généralités fumeuses sur le Bien, le Mal, le méchant capitalisme, l'Etat sauveur, qu'on lit et qu'on entend en France.
Ce texte entre dans le concret des effets du plan Paulson. Je sais, le concret, quand on est énarque, polytechnicien, journaliste au Monde ou Henri Guaino, c'est sale.
Why the bail out plan would be a disaster
Je vous résume :
> le mécanisme du crédit est simple dans son principe : les banques ont un capital et, pour les banques de dépot, des dépots. Elles prêtent cet argent et touchent en contrepartie un taux d'intérêt.
Quand un emprunteur fait défaut, la banque peut se rembourser au moins partiellement, sur le gage qui garantit le prêt (par exemple, un bien immobilier).
> Quand trop d'emprunteurs font défaut simultanément et que les gages sont inférieurs à la valeur de la créance, les banques perdent de l'argent, elle ont prêté 100, elles récupèrent 80 ou 70 voire rien du tout.
Elles sont obligées de puiser dans leur capital. Quand il n'y a plus de capital, elles ne peuvent plus prêter d'argent, c'est-à-dire faire leur métier de banque. C'est la faillite.
> C'est ce qui arrive aujourd'hui, le taux de défaut augmente, les prix de l'immobilier baissent, beaucoup de banques sont sous-capitalisées (pas toutes : celles qui sont bien capitalisées, les banques japonaises par exemple, seront les grandes vainqueurs de cette crise : elles rachéteront pour une bouchée de pain leurs concurrentes).
> le plan Paulson consiste à racheter leurs créances douteuses aux banques au-dessus du prix du marché. Ca aura plusieurs effets fort dommageables :
>> ça empêche les banques de faire faillite mais ça ne règle pas le problème de sous-capitalisation des banques.
De plus, en obligeant les banques à sortir du flou, en les obligeant à mettre un prix sur des créances douteuses, on peut aussi précipiter la faillite des plus vulnérables.
>> on sait d'expérience qu'il est impossible de faire monter un vaste marché artificiellement sur une longue durée en investissant une part minime. Autrement dit, pour faire monter le prix des créances douteuses, il ne suffira pas d'en acheter quelques-unes, il faudra toutes les acheter.
Il existe des solutions alternatives à la fois plus justes, moins couteuses et surtout plus efficaces :
> favoriser les faillites bancaires ordonnées.
C'est ce que la Fed a commencé à faire en poussant les institutions saines à acheter les canards boiteux pour des sommes ridicules. Racheter pour zéro, c'est une manière de constater la faillite sans passer par la longue procédure de banqueroute.
Une autre manière, c'est de transformer les dettes des banques en actions. Les actionnaires et les créanciers sont lessivées, mais débarrassées de leurs dettes, les banques peuvent de nouveau supporter leurs créances douteuses.
> arroser de liquidités le marché. C'est ce que fait la Fed depuis un certain temps.
> étendre la garantie bancaire pour rassurer les épargnants.
Bref, il n'y a pas besoin de faire grand'chose de plus que ce qui est fait actuellement.
Le plan Paulson, en maintenant en vie artificiellement des agonisants, fait de l'acharnement thérapeutique et risque de retarder la sortie de crise.
On en revient à la phrase d'Edward C. Prescott qui a visiblement chagriné certains d'entre vous : «Les Etats ont un singulier talent pour transformer une crise, naturelle, en récession aggravée.»
Ca se comprend d'ailleurs assez bien : pour qu'une sortie de crise soit rapide, il faut que les travaux d'épuration soient brutaux et radicaux. Or les hommes de l'Etat n'aiment pas que l'on bouscule les électeurs, ils préfèrent une crise longue et plus douloureuse mais dans laquelle on s'enfonce graduellement et comme insensiblement.
""la phrase d'Edward C. Prescott qui a visiblement chagriné certains d'entre vous : «Les Etats ont un singulier talent pour transformer une crise, naturelle, en récession aggravée.»""
RépondreSupprimerUne crise, "naturelle" ? Ben voyons ! Et les victimes ?
Parmi les victimes, il y aura aussi des banquiers.
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