Quand j'expliquais en mars 2008 et en juillet 2008 que le prix du pétrole allait baisser, et brutalement, on peut dire sans exagération que j'étais très minoritaire.
Tous les «experts» nous détaillaient les excellentes raisons pour lesquelles le baril atteindrait forcément les 200 dollars.
Le public et les gouvernants partaient du principe que la hausse des prix du pétrole ne s'interromprait jamais. Souvenez vous, c'était il y a moins de six mois.
Je n'avais pas de boule de cristal, ni même de connaissance bien affutée, mais je prenais garde de ne pas oublier un principe fondamental, tellement simple qu'il est la plupart du temps ignoré : demain n'est pas forcément la prolongation d'aujourd'hui.
Aujourd'hui, les mêmes «experts» (ou si ce n'est pas eux, c'est donc leurs frères) nous prédisent un cataclysme économique.
Ils font ce qu'ils font toujours : ils prolongent demain les tendances d'aujourd'hui. La complexité de certains de leurs arguments techniques ne doit pas vous faire perdre de vue qu'au fond, ils croient que demain sera comme aujourd'hui.
Essayons d'être un peu moins aveugles que les «experts».
Pour une récession grave :
> le système bancaire est paralysé. Le crédit s'assèche.
> les entreprises «modernes» placent leurs liquidités qui, du coup, ne sont plus si liquides. En ces temps de système financier à la dérive, cela pourrait se révéler catastrophique.
> si tout le monde croit qu'il va y avoir une récession, elle aura lieu.
> les mesures gouvernementales tendent à prolonger la crise.
Pour une légère récession suivie d'une reprise rapide :
> l'Asie semble peu touchée. Les causes du dynamisme asiatique, démographie et ouverture des frontières, sont pour l'instant intactes et le resteront tant qu'il n'y aura pas de malheureuses initiatives protectionnistes.
> si des entreprises souffrent d'avoir voulu faire du capitalisme sans capital, il y en a d'autres, et d'énormes, qui sont correctement capitalisées et peu endettées (regardez par exemple Microsoft) et sont relativement à l'abri de la crise.
> l'économie des USA semble assez bien encaisser le choc (tout est relatif).
Bref, je n'ai pas encore d'avis tranché, mais ne cédez pas à l'hystérie catastrophiste ambiante : le pire n'est pas sûr.
(Nota : le Libor, qui est le taux auquel se prêtent les banques à court terme, est en train de se stabiliser. Mais comme les banques centrales ont baisseé leurs taux courts et que le Libor n'a pas baissé d'autant, cela indique que la défiance entre banques n'a pas diminué.)
"Amid all the banking gobbledygook about collateralised debt obligations, tier-one capital ratios and structured investment vehicles, it's hard to comprehend the scale of pain that is about to be inflicted on people who least deserve it. Debris from the implosion of parallel universes in the City and Wall Street is about to destroy innocent lives."
RépondreSupprimer"If all this seems gloomy, that's because it is. Spectacularly so. Trust in paper assets has been dissipated to the point that the cost of insuring a default on US Treasury bonds, ie, Uncle Sam going bust, has risen fourfold since the start of 2008. The unthinkable is being thought."
Le Guardian? Non, le Daily Telegraph.
http://tiny.cc/z2PLt
Bonjour Franck,
RépondreSupprimerMaintenant que tu es membre de LHC, pourrais-tu me communiquer ton adresse électronique en m'envoyant un courriel à la mienne ? (indiquée dans mon profil ou sur mon blog, Criticus)
Je pense que l'on peut ajouter aux problèmes économiques, des problèmes d'autres nature qui jouent un rôle sur l'avenir ( je me limite à 2):
RépondreSupprimer- comment les pays occidentaux vont financer leurs présences en Irak, en Afghanistan s'ils interviennent dans leurs économies?
- si la crise s'étend sur l'économie réelle,avait-on précédemment les mêmes tensions sociales, comme notamment en France en 2005 ?
Je suis quand même inquiet sur les US. Ils en prennent gros sur la patate. Les néocons ont parfois tendance à se comporter comme des trotskistes de droite. Il va falloir qu'ils se calment. Les sénateurs US républicains qui se sont opposés au plan Paulson sont d'ailleurs issus des rangs historiques du Old Party et pas des fils spirituels de Nixon. Bref la vie politique US est en train de se reconfigurer. La défaite annoncée de McCain (à ce stade je crois que les carottes sont cuites) va refondre tout ça.
RépondreSupprimerUn amis américain me disait que "la rue" était particulièrement exédée... Il y a parfois un coté Berlin 89 à ce Wall Street 2008...
Bref, de l'Histoire en direct Live où les uns hurlent avec les Loups, les autres se posent des questions et se ne laissent pas avoir par tous ces médiacrates....
Pour le reste, cher FB, je ne vous demanderai aucune royalty d'aucune sorte si vous reprenez une de mes phrases. J'en suis bien au contraire très honoré.
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RépondreSupprimerC'est cuit. Transmission du cancer à l'économie réelle en cours.
RépondreSupprimerLes entreprises de l'économie réelle, celles en bonne santé, ne savent plus comment gérer leur trésorerie.
Si vous êtes une entreprise internationale qui a du cash flow aux quatre coins du monde, comment gérer "au mieux" les flux d'argent qui rentrent et sortent ? Quelle banques choisir pour soi même, quelles sont les banques de vos clients dont vous dépendez pour vos rentrées de cash ?
Il y a des banques qui vont survivre et d'autres qui vont couler ... avec votre argent ... ou celui de vos clients ...
Le système est sous perfusion avec les liquidités injectées par les banques centrales, il va bien falloir à un moment débrancher les perf, et choisir qui coule et qui survit.
Explication technique de ce qui se passe en ce moment sur les marchés :
RépondreSupprimer"il y aurait plus de 450 milliards de dollars de CDS (Credit Default Swaps) sur Lehman qui doivent être réglés ce vendredi. Les CDS, ce sont des contrats d'assurance vendus par une institution financière garantissant qu'une autre société ne va pas faire faillite. 450 milliards de dollars de ces contrats d'assurance sur Lehman - qui a fait faillite - arriveraient donc à échéance ce vendredi 10 octobre.
Tous ceux qui avaient cédé ces contrats vendent comme des fous depuis trois semaines pour lever les fonds nécessaires à ce règlement. Ils en arrivent même à se séparer des obligations d'Etat, dernière ligne de défense, qui baissent depuis deux ou trois jours. Nous sommes donc en train d'arriver à une situation binaire.
Ou bien ces règlements ont lieu en bon ordre, et, les vendeurs ayant disparu, les marchés rouvriront lundi en forte hausse.
Ou bien ces règlements n'ont pu avoir lieu, et, dans ce cas-là, la protection apportée par les CDS apparaîtra comme illusoire, et toutes les banques et institutions financières devront annoncer quelle est la valeur exacte de leurs positions, hors protection.
Pour l'instant, les positions assurées sont au bilan à 100 % de leur valeur faciale. Si l'assureur fait faillite, il faudra mettre au bilan la valeur de marché et non la valeur assurée. Dans ce cas, toutes nos banques seraient en faillite et devraient être nationalisées. Dans cette hypothèse, une fermeture des Bourses pendant quelque temps est tout à fait envisageable, le temps que les autorités remontent toutes les transactions.
Bref, nous vivons des moments historiques. Ce que nous réapprenons, c'est que le risque existe."
"Bref, nous vivons des moments historiques. Ce que nous réapprenons, c'est que le risque existe."
RépondreSupprimerEh oui ! Déficitaires de tous les pays, unissez-vous !
Je ne pense pas qu'il y aura un protectionnisme anti-Asie de la part des économies occidentales pour sortir de la crise. Ce serait d'abord catastrophique pour l'Occident.
RépondreSupprimerCe serait couper nos économies d'un marché de plus de 2 milliards de personnes c'est à dire 2 fois plus important que le notre et en expansion. Ce serait aussi me meilleur moyen de vraiment plonger en récession.
Mais dans une telle période de turbulence, les actions prises par nos dirigeants vont rendre rapidement leurs effets visibles. En bien ou en mal.
De retour de week-end, je n'ai guère le temps de vous répondre, veuillez m'en excuser.
RépondreSupprimerJuste deux remarques :
> j'insiste : la distinction entre économie virtuelle, c'est-à-dire financière, et économie réelle, c'est-à-dire industrielle, est peut-être un lieu commun dans les diners en ville et au café du commerce (l'intelligence est la même, seul le niveau du vocabulaire change) mais elle n'a strictement aucun sens.
> en économie, il y a ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas. Nous voyons les bourses dégringoler, mais qu'est-ce que cela nous empêche de voir ?