Benoit Hamon, jamais en retard d'une bonne idée en matière de démagogie, propose d'améliorer la rémunération des patrons par l'attribution d'actions gratuites taxées à 90 %.
Cela témoigne d'un net progrès des socialistes : c'est tout de même plus intelligent que de conseiller de pendre les patrons au premier réverbère qui passe. On se console comme on peut.
Si on se montre un peu plus exigeant, on peut tout de même poser la question aux socialistes si là se trouve vraiment leur priorité du moment.
Car la question de la rémunération des patrons est symbolique. Certes, la politique est aussi faite de symboles, mais il ne faut pas tomber dans le piège qui consiste à en exagérer l'importance et à ne faire que dans le symbolique. Surtout quand le symbole est aussi mal choisi : la désignation d'un bouc-émissaire n'est pas positive, elle ne fait pas avancer le schmilblick.
Vous me direz que, voyant ce que proposent les socialistes quand ils sortent du symbolique, mieux vaut qu'ils y restent, c'est un moindre mal.
Remarquez bien que la bêtise des socialistes français pâlit face à celle du gouvernement Obama : il creuse un déficit abyssal pour un pseudo-plan de relance dont les trois-quarts (d'après les calculs les plus indulgents) sont consacrés à des mesures n'ayant rien à voir avec la relance (1) et tout avec des intérêts particuliers. Comme l'a dit avec franchise le secrétaire général de la Maison Blanche, il s'agit de faire «un bon usage de la crise».
Pour l'instant, rien ne m'incite revenir sur mon analyse : les gouvernements, qui préfèrent n'importe quelle action, même néfaste, plutôt que l'abstention (2), transforment une récession violente en dépression longue et profonde.
La leçon du New Deal n'est pas d'assommer les riches, mais de brasser de l'air : à défaut de prendre de bonnes décisions (3), ce dont ils semblent incapables, les gouvernements peuvent au moins s'abstenir d'en prendre de mauvaises et gagner du temps en attendant la reprise.
A cette aune, les gouvernements européens sont plus futés que celui des USA.
C'est pourquoi l'attitude de N. Sarkozy consistant à gronder les banquiers de la Société Générale est ridicule au premier abord, mais pas trop bête au fond si elle permet au gouvernement de ne pas s'engager dans des décisions idiotes en payant l'indignation de mots.
Reste à savoir combien de temps le gouvernement pourra tenir ce grand écart entre les mots courroucés et l'absence d'intervention.
Evidemment, bien meilleur serait un discours de vérité disant que la France souffre de son Etat hypertrophié, que des réformes radicales permettraient de profiter de la reprise qui arrivera inévitablement.
(1) : en supposant que l'effet de relance existe
(2) : rappelons que c'est exactement le même mode de pensée qui a amené le New Deal, dont beaucoup estiment qu'il a prolongé la crise. D'après ce que j'en ai lu, je penche vers l'opinion d'Alfred Sauvy : le New Deal était nécessaire pour sauver la démocratie, pour convaincre l'opinion que le gouvernement n'était pas impuissant, mais économiquement néfaste.
Je suis en train de lire The forgotten man, qui, à travers des témoignages, essaie de donner une vision équilibrée, bien que très critique, du New Deal.
(3) : rappelons : baisser le gaspillage public, organiser la faillite des banques plombées ...
> A cette aune, les gouvernements européens sont plus futés que celui des USA.
RépondreSupprimerje dirais plutôt qu'ayant déconné beaucoup plus tôt et beaucoup plus fort, ils sont arrivés en avance au pieds du mur de l'insolvabilité. Leur apparente retenu dans la dépense provient surtout de leur porte monnaie vide.
Je pense que vous avez raison, mais ne peut-on de temps en temps se laisser aller à enjoliver la réalité ?
RépondreSupprimerMr Hamon oublie une chose essentielle : les dirigeants de cette société n'ont pas volé cet argent alors que ses émoluments sont payés avec de l'argent volé et échappent pour une bonne partie à l'impôt. Pourquoi ne rendrait-il pas 90% de ses indemnités pour donner l'exemple ?
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