Dans un commentaire d'un précédent message, j'ai évoqué l'absence chez nos politiciens de cette partie de l'anatomie qui fait dire, même d'une femme, «qu'il en a».
Le propos paraît futile et l'accusation gratuite.
Pourtant, je pense que mon idée n'est pas si dénuée de fondements qu'elle semble au premier abord.
Le processus politique et électoral français comporte tant de filtres qu'il sélectionne les personnalités fortes en terme d'ambition individuelle mais ne portant aucune idée neuve ou dérangeante.
La première étape de cette sélection commence dès l'entrée dans la vie politique.
Des lois favorisent l'engagement politique des fonctionnaires. Dès le début, il y a donc dans notre système un biais étatiste (il y a des fonctionnaires libéraux, salut Vincent, mais c'est comme les poissons volants ...)
Ensuite, le cursus honorum se produit sur le même mode.
Enfin, ultime robustesse du système de filtrage, on élit de vieux politiciens. La jeunesse relative de S. Royal ou de N. Sarkozy est trompeuse : ce sont en réalité des vieux de la politique, ils font de la politique depuis trente ans, c'est-à-dire depuis deux fois plus longtemps que Barack Obama.
Si, par exception, de jeunes, en apparence, politiciens réussissent, c'est qu'ils sont déjà vieux et pourris dans leur tête, Nathalie Kociusco-Morizet en est un exemple typique (1).
Ce système tolère les excentricités en matière de style, le bling-bling de Nicolas ou la bravitude de Ségolène, créant des choix illusoires, pour être d'autant plus intransigeant sur le fond des idées, qui sont remarquables d'uniformité.
Il est flagrant que tous les libéraux et les réformateurs potentiels, de Raymond Barre à Alain Madelin, ont été impitoyablement éliminés (2).
A la fin, le filtre, mi sur les idées, mi sur le caractère, est d'une efficacité exceptionnel dans l'éradication de tout ferment de changement. A bien des égards, j'ai l'impression que la société politique n'a pas été aussi bloquée depuis l'agonie de l'Ancien Régime.
C'est comme le Titanic : on a les meilleurs joueurs de pipeau du monde pour l'orchestre, mais pas de capitaine pour éviter l'iceberg.
Par ailleurs, les coucougnettes sont une excellente spécialité sous le patronage, comme il se doit d'Henri IV.
(1) : par exemple, la grosse ficelle consistant à traiter de lâches les députés UMP à propos des OGMs est un vieux truc de routiers de la démagogie : on «parle peuple», on prend une position à l'encontre de son camp, ce qui donne une impression de courage et de franchise à l'opinion publique, et l'on devient intouchable, ce qui est bien sûr le contraire du courage et de la franchise. Pour marquer son désaccord, elle pouvait démissionner (ah ben zut alors ! Elle n'y a pas pensé. Comme c'est bête).
(2) : on peut arguer que leur manque de succès électoraux tient tout simplement à l'impopularité de leurs idées et non à un quelconque système de filtre. C'est sans doute vrai en grande partie, mais pas totalement me semble-t-il.
Au nombre des jeunes « déjà vieux et pourris dans leur tête » (excellente formule), signalons l'inénarrable Laurent Wauquiez...
RépondreSupprimervous oubliez les cas des leaders étudiants et lycéens Cambadélis (que j'ai cotoyé dans les années 80 à l'UNEF, il n'a pas changé), Julliard (il ira loin ce petit), Hamon, etc, etc dont la "pensée" est le fruit d'un conformisme ahurissant.
RépondreSupprimerAu fait vous avez vu ? Nous ne sommes plus dans un état de droit (le légal et l'illégal) mais dans un drôle d'état. Je ne le qualifierai pas de moral ( ce qui l'est, ce qui ne l'est pas) mais d'état de gondroit. Voilà, Sarkozy a grondé la SG pour les stock options. La SG ne comprenait pas pourquoi elle était grondé.
RépondreSupprimerGrondons, grondons.....
Mais alors, où est l'espoir de changement?
RépondreSupprimerComment faire passer les idées qui pourraient faire avancer le schmilblick?
A quelles extrémités devra-t-on s'abaisser pour que la société française sorte sa tête du bac à sable?
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RépondreSupprimer@ Guillaume Demarne : vous pouvez aussi le dire en français...
RépondreSupprimerBonjour Franck,
RépondreSupprimerComme à votre habitude, vous n'y allez pas de main morte avec nos politiciens. Personnellement je préfère les mamelons de Vénus, mais c'est une question de goût (ha, les goûts et les couleurs ...) ...
Cela mis à part (sic) remarquez que Sarkozy est en effet vieux en politique par rapport à un américain du même âge, mais pourtant il paraît trop jeune pour certains pour supporter certaines forces de pressions propres à la présidence française (dixit Chirac : comme une allumette prête à tout embraser) ; je ne parlerais pas de "sagesse" nécessaire, pour autant, allez comprendre.
Vous concevez donc le grand écart nécessaire pour assumer la fonction de président de la république française...
Franck, puisque vous aimez lire, je vous conseille cet ouvrage : "Il faut terminer la révolution libérale", par Michel Guénaire.
RépondreSupprimerJe préviens tout de suite qu'il s'agit d'un livre médiocre, pénible à lire, mal écrit, peu argumenté, très peu documenté, et pratiquement dépourvu de chiffres (ce qui est un comble pour un travail de critique économique).
Mais il présente l'intérêt d'être le premier (à ma connaissance) à faire une critique des modalités actuelles du libéralisme à partir d'un point de vue libéral (certains discuteront ce point), et en prenant en compte l'histoire de la pensée libérale depuis les commencements.
En très gros, sa thèse est que nous souffrons d'un mal mortel pour une civilisation : la perte de lien social, culturel et historique, ce qui n'était pas le cas du libéralisme des origines, notamment anglais et américain.
Cette analyse rejoint la mienne.