dimanche, mars 22, 2009

Les réformes ratées du président Sarkozy (P. Chauc, P. Zylberberg)

Les auteurs passent en revue les prétendues réformes de notre Nico national et montrent que non seulement, elles n'atteignent pas les objectifs affichés, mais aggravent les problèmes qu'elles prétendent résoudre (le cas des régimes de retraite privilégiés et des taxis est flagrant).

Les auteurs attribuent cet échec général à deux causes qu'on a évité, par manque de courage et de lucidité, de traiter :

> la non-représentativité des syndicats (point clé évité : la transparence de leurs finances) (1)

> manque de compétence et de travail du parlement (point clé évité : le cumul des mandats)

Sans m'opposer à ce diagnostic, j'ajoute deux causes encore plus fondamentales à mes yeux :

> Sarkozy n'est pas libéral, alors que la France a besoin de libéraux.

> il n'était pas préparé à exercer le pouvoir, juste à le conquérir. Il n'avait pas de projets de loi tout prêts à passer en plein «état de grâce».

Les auteurs se trompent en écrivant que Sarkozy n'est pas Thatcher parce qu'il ne passe pas en force. Il n'est pas Thatcher parce qu'il n'est pas libéral, qu'il n'est pas préparé et qu'il n'a pas fait le travail d'identification des points névralgiques des réformes.

J'ai l'amère satisfaction d'avoir anticipé tout cela dès la campagne électorale. Malheureusement, je n'arrive pas à anticiper d'évolutions positives.

Dois-je me résoudre, comme Claude Reichman, à considérer que les Français sont trop bêtes, trop égoïstes et trop mal dirigés pour réformer, que seule une révolution, quand cette société bloquée sera insupportable, changera les choses, peut-être en pire ?

(1) : rappelons que les syndicats qui disent représenter les travailleurs font preuve d'un humour certain. Ils représentent essentiellement des fonctionnaires. Or, «fonctionnaires travailleurs» est un oxymore ! (je sais, c'est facile. Bon, je sors ...)

9 commentaires:

  1. Bonjour
    L'idée selon laquelle seule une révolution changera les choses s'enchaîne assez mal avec celle selon laquelle les français sont trop bêtes. Car si c'est le cas, et j'en ai bien peur, alors il se peut que la révolution en question n'aille pas forcément dans le sens que nous autres libéraux, attendons. Enfin la plupart des libéraux qui osent se déclarer tels, rechignent bien souvent à l'action politique et préfèrent se réfugier dans la tour d'ivoire de leur blog pour juger de haut ce monde à l'aune de leurs idées.
    Pourtant les libéraux ont une vraie fenêtre de tir. Seront-ils eux-mêmes assez malin pour saisir l'occasion ?

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  2. J'ajouterai encore que je suis assez ammusé par le diagnostic de ce livre, car c'est exactemt ce que nous disions à la naissance d'alternative libérale. C'est aussi la raison pour laquelle nous xritiquions Sarkozy. Et c'est ce qui nous a vallu de nombreux ennemis parmi les libéraux historiques. Il est évidenyt qu'avant de réformer le pays il fallait réformer le mode d'exercice du pouvoir et la constitution. Or au lieu de donner de l'épaisseur aux contre-pouvoir Sarkozy a renforcé ses propres prérogatives. On voit la suite.

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  3. «j'en ai bien peur, alors il se peut que la révolution en question n'aille pas forcément dans le sens que nous autres libéraux»

    Effectivement

    «les libéraux qui osent se déclarer tels, rechignent bien souvent à l'action politique et préfèrent se réfugier dans la tour d'ivoire de leur blog pour juger de haut ce monde à l'aune de leurs idées.»

    Certes, c'est une question que je me suis souvent posé.

    Mais, d'une part, les politiciens, même locaux, que je connais sont d'affreux démagogues, je me sentirais sali de les fréquenter.

    D'autre part, l'action politique réclame du temps, bref, ceux qui ont du temps libre, retraités, fonctionnaires, sont avantagés.

    Aujourd'hui, le système électoral étant ce qu'il est, il faut passer par les deux grands partis pour arriver au pouvoir.

    Tous les libéraux qui ont essayé ont perdu leur libéralisme dans le processus.

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  4. «Or au lieu de donner de l'épaisseur aux contre-pouvoir Sarkozy a renforcé ses propres prérogatives. On voit la suite.»

    Je crois que c'est une erreur d'analyse, au moins dans un premier temps.

    Dans un pays qui compte une bonne moitié d'assistés parmi les adultes, il est impossible de faire passer des mesures libérales sans user de la force.

    Dans ce cas, les contre-pouvoirs ne servent qu'à retarder puis à empêcher les réformes.

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  5. Voyez vous, moi j ai tendance a penser que c est le courage qui manque. Ce qui fait aussi la difference avec Thatcher, au dela meme du fait d etre ou non liberal.

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  6. "Il n'avait pas de projets de loi tout prêts à passer en plein «état de grâce»."

    Quand bien même il les aurait eus, on lui aurait reproché d'avoir fait passer des lois en catimini pendant les sacrosaintes vacances d'été des fonctionnaires. L'élection présidentielle devrait voir lieu en septembre et non en mai

    > il n'était pas préparé à exercer le pouvoir

    je suis pas d'accord sur ce constat : il a eu le ministère le plus important pendant 5 ans, où il a fait la pluie et le beau sans que rien ne change finalement.

    De toutes façons, il ne fallait pas être un devin pour se rendre compte que sa politique ressemblerait furieusement à celle qui a eue place Beauveau, c'est-à-dire fondée sur des gros courants d'air.

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  7. @ fboizard

    Vous dites :
    "Mais, d'une part, les politiciens, même locaux, que je connais sont d'affreux démago"

    Et donc vous en déduisez qu'il faut être comme eux pour faire de la politique. Ce qui n'est pas faux.
    Il faut cependant bien séparer les choses.
    Il y a d'une part l'homme politique et son art d'exercer en rusant. Chaque citoyen visant en démocratie ses intérêts particuliers, si vous voulez plaire à tout le monde, il faut être "démagogue" et faire semblant de donner à chacun ce qu'il attend pour être élu. Une fois élu, il peut alors appliquer son programme, ce faisant, il a trompé tout le monde.

    Il y a d'autre part, les programmes démagogiques. Certains font de la politique comme les instituts d'opinion font des sondages. Ils observent que tant de % de citoyens pensent de la sorte. Ils en déduisent ensuite que cela peut être une excellente mesure à ajouter dans leur programme. Un peu comme si moi demain, je me disais qu'en France historiquement ces dernières années, les défenseurs du libéralisme ne s'intéressaient qu'aux libertés économiques. En conséquence, le parti libéral que je souhaite fonder devrait s'occuper uniquement de libertés économiques. Ce qui en ferait tout sauf un parti libéral authentique, mais me permettrait de regrouper rapidement un certain nombre d'adhérents épars.

    Enfin, je pense qu'il est une troisième manière de faire de la politique. En défendant un programme authentique, unique et original. Ca vous assure quelques années difficile. Au début, on vous regarde comme un ovni. On vous traite de petit parti. Mais au final de plus en plus de gens viennent vers vous. Et vous réussissez à grandir petit à petit. Vous dire qu'il n'y a pas de démagogie dans cette attitude serait vous mentir. Il y a bien une forme de démagogie, mais elle est orientée sur la persuasion. Il s'agit de convaincre l'autre. De le laisser venir à vos idées en lui montrant que ce qu'il pense de vous et de vos idées n'est pas toujours fondé... Cette démagogie implique quelques pirouettes de communiquant qui sont parfois critiqués par les gardiens du temple libéral.

    Cette stratégie marche d'autant mieux en période de crise, car les citoyens s'aperçoivent que le système dans lequel ils vivent ne fonctionne pas et ils sont prêt à le remettre en question et par conséquent à s'ouvrir à une autre représentation du monde : la vôtre. Mais encore faut-il être là.

    Par contre je ne comprends pas votre remarque :

    "Dans un pays qui compte une bonne moitié d'assistés parmi les adultes, il est impossible de faire passer des mesures libérales sans user de la force."

    Rappelez-vous la phrase de Madelin: "on ne supprime pas un privilège. On le rachète."

    C'est ainsi qu'on peut observer des mesures libérales s'imposer un peu partout chez nos voisins( ex : en Italie, on a négocier avec les fonctionnaires pour qu'ils abandonnent leur statut de fonctionnaire pour passer dans le privé)

    Passer par la force, ce serait tout sauf libéral. Cela impliquerait que vous avez un plan pour réaliser vos idées et que vous souhaitez l'imposer du jour au lendemain sans transition. L'essence même du constructivisme.

    Un parti libéral, s'il prend le pouvoir doit se fixer pour seul objectif "constructiviste", la déconstruction du système actuel par la multiplication des contre-pouvoirs.

    Ce serait tout de même un comble que dans l'optique de réaliser une "finalité libérale" on utilise des moyens "illibéraux". Vous ne pensez-pas ?

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  8. Ok pour le rachat des privilèges mais il y a des privilèges qui ne se rachètent (le cumul des mandats par exemple).

    Quant à savoir ce qui manque aux politiciens français, j'ai quelques idées, mais la décence m'interdit d'en parler.

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  9. Facile comme réponse. Mais c'est Dimanche midi, moi aussi, je digère :-)

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