jeudi, juin 22, 2023

La guerre de succession de France: Henri IV devait-il être roi ? / le sabordage de la noblesse (Fadi El Hage)

J'ai lu ces livres dans l'ordre chronologique (Henri IV, puis noblesse du XVIIIème siècle, ordre inverse de leur écriture).

Dans les deux cas, l'auteur passe en revue les différentes sources de légitimité. Il essaie un peu d'humour, mais ça reste écrit en style universitaire.

C'est intéressant aujourd'hui que tout notre système politique (y compris les maires) est frappé d'illégitimité (si vous croyez que « on est en démocratie, si t'es pas content, t'as qu'à aller en Corée du Nord », vous êtes con).

Légitimité dynastique, légitimité des succès militaires, légitimité de défenseur du pays, légitimité de défenseur de la religion ...

Vous noterez qu'il n'y a pas de légitimité économique à l'époque, pas de « Le duc de Guise, il est bien, il a réduit le chômage de 3 % ».

Les légitimités s'entrecroisent : le duc de Guise, défenseur de la religion, est aussi un traitre au service de l'Espagne.

Mais à la fin des fins, le verdict est sans appel : ce qui fait la légitimité, c'est la défense de la nation.

Les Valois ont déserté les armées, leur crédibilité a décliné.

Henri IV l'a bien compris. Il n'était pas un grand stratège (Montaigne le lui reprochait implicitement) mais il mettait en scène sa présence aux armées (« Ralliez vous à mon panache blanc etc »).

Même problème pour la noblesse un siècle plus tard.

Quelle est sa raison d'être ? La guerre. Perdre la moitié de ses enfants mâles dans la défense du pays.

Mais quand il n'y a plus la guerre, comme au XVIIIème siècle ?

Il y a une réflexion autour du commerce et de la cupidité des nobles qui s'ennuient de la guerre.

La noblesse est victime de maux physiques : dénatalité (maladies vénériennes ?) et consanguinité.

Ce problème de la perte de légitimité de la noblesse fut très débattu, mais, comme dans tous les systèmes décadents, chaque tentative de réforme étant trop peu trop tard, ce remue-ménage n'aboutit qu'à accélérer la chute.

De nombreux aristocrates participèrent avec enthousiasme à la dissolution de leur ordre, ce qui témoigne d'une belle inconscience (j'allais écrire « rare », mais c'est faux : la plupart des hommes sont des crétins qui suivent la mode même si celle-ci doit finir par les tuer).

Vous ne serez pas étonnés de reconnaitre dans ces portraits du XVIIIème siècle nos Pécresse, Wauquiez et compagnie (pas Macron, car sa personnalité de psychopathe est tout de même particulière).

mardi, juin 20, 2023

Le livre de raison de Glaude Bourguignon (Henri Vincenot)

Récit semi-autobiographique, resté inédit jusqu’à la mort de l’auteur.

Texte plaisant mais contenant une ode au pacifisme paysan (les envahisseurs passent, la terre reste et le paysan serait bien idiot de se mêler de tout cela) fort désagréable.

D’une part, le pacifisme est toujours une ignoble tartufferie qui prospère à l'abri parce que d’autres ne se donnent pas le luxe d’être pacifistes et vont à la riflette.

Je n'ai pas connaissance que les ancêtres celtes de Vincenot fussent particulièrement pacifistes.

D’autre part, je n’aime pas ces terres de mollesse patriotique, de compromis politique, Corrèze, Charente, Bourgogne, terres qui, logiquement, n’ont cessé de donner des politiciens catastrophiques à la France.

Vincenot a deux excuses :

1) il n’a pas publié cette œuvre de jeunesse.

2) Il écrit en 1942. Il se peut qu’il brouille les pistes puisqu’il a eu quelques activités Résistantes.

Sinon, c'est du Blondin bourguignon : ça picole et ça baffre à doses d'hommes (je suis bien content qu'il mette du Puligny avec le lapin : le vin rouge avec le conil m'a toujours paru une faute de goût).