vendredi, février 04, 2005

Je ne suis pas Dieu

Je précise : je suis faillible et je doute.

En effet, un blog par ses jugements courts et son essence narcissique, favorise le jugement définitif et la pensée vague, qui sont des attributs divins, non humains.

jeudi, février 03, 2005

Procès Papon : le témoignage de Jean-Luc Einaudi

Ce témoignage décrivant de la manifestation du 17 octobre 1961 est terrible :

_ des policiers français tirant sur une foule pacifique

_ des policiers français jetant à la Seine des Algériens, leur écrasant les doigts à coups de crosse pour les empêcher de sortir de l'eau

_ les policiers français frappant et torturant à mort des détenus dans les stades : stade de Coubertin, Palais des sports, ...

_ des exécutions et des strangulations d'Algériens, une cinquantaine, dans la cour de la Préfecture de Police, sous les fenêtres de Maurice Papon, présent ce soir-là

_ des syndicalistes policiers et des fonctionnaires qui ont protesté sont ignorés, par leur hiérarchie dont Papon, voire sont mis de coté. Ces derniers n'ont plus comme recours que d'aller témoigner au journal France-Observateur

Témoignage on ne peut plus accablant car l'excuse des circonstances ne tient absolument pas : Maurice Papon a organisé consciemment une mortelle chasse à l'homme au faciès.

Procès Papon : le témoignage de Pierre Mesmer

Sur la chaîne Histoire, passe le film du procès Papon.

Le témoignage de Pierre Mesmer est cinglant :

_ le gouvernement de Vichy était dès le départ illégitime puisque agissant sous le contrôle et sous la pression de l'ennemi

_ il ne représentait donc pas la France (la repentance chiraquienne est donc malvenue et illégitime)

_ par conséquent, les fonctionnaires n'étaient plus couverts par l'autorité légitime et agissaient en leur nom propre, leur responsabilité était donc pleinement engagée et le minimum aurait été de démissionner

_ par contre, suivant le même raisonnement, il absout Maurice Papon de la répression du 17 octobre 1961 car obéissant à un gouvernement élu

Je suis globalement d'accord avec ce raisonnement, mêm si j'ai un doute sur le 17 octobre 1961 : il semble que Papon ait essayé d'envenimer les choses au lieu de les apaiser. Il a organisé sciemment une chasse à l'homme. Ce qui le rend coupable.

La liberté, une idée neuve ?

On nous inquiète, on nous bassine avec la Chine.

Mais ce qui fait la particularité de l'Europe, de la France, et, je crois, sa chance pour demain est la liberté : liberté religieuse, liberté de moeurs, liberté civile, liberté d'entreprendre.

La liberté est riche d'espoirs exaltants.

Vive la liberté !

Nota : c'est pourquoi voir les Français s'en remettre en tout à l'Etat et non à eux-mêmes me navre (l'épisode de la canicule : comme si l'Etat était responsable de la température ! Comme si ce n'était pas à chacun de s'occuper de ses vieux, parents ou voisins !)

Salaires privé/public : c'est l'INSEE qui le dit

D'après l'INSEE (publication juillet 2004), les salaires moyens du public dans la catégorie "ouvriers et employés" étaient en 2002 de 18 067 € contre 15 500 € dans le privé, soit une différence de 16.5 %. De plus, l'augmentation entre 1998 et 2002 était de 10.4 % dans un cas et 3.8 % dans l'autre.

Quand on pense que les fonctionnaires sont à l'abri de la concurrence, qu'ils ont la sécurité de l'emploi et de meilleures retraites, où est la justice ?

Du moins, puis-je offrir une consolation aux fonctionnaires : si, comme je le crois, le montant des dépenses publiques est la cause fondamentale du chômage, leur serrage de ceinture contribuera à réduire (à ne pas augmenter) le chômage.

Le serrage de ceinture est une mesure très étriquée par rapport à l'effort d'organisation, concerté avec les fonctionnaires, qu'il faudrait faire. Mais on a le gouvernement qu'on mérite. En attendant mieux, le serrage de ceinture est préférable à la la fuite en avant.

Vive Pierre Magnan

Je ne saurai trop remercier les correcteurs du Monde d'avoir transmis les coordonnées de ce site.

Vous trouverez à la "Rubrique de l'enragé permanent" le propos suivant dont vous imaginez tout le plaisir qu'il pu me faire :

Décembre 2004 :

Je viens de lire dans un numéro du "Monde" déjà ancien, six pages consacrées à la mort de Pierre Bourdieu sans y comprendre goutte. "Fidèle héritier de Dürkheim et de Mauss, Pierre Bourdieu a construit des catégories conceptuelles pour analyser les champs littéraire, artistique et philosophique". Je ne sais pas qui est Mauss. Et vous?

La tendance mandarinesque de toute l'étude sur ce penseur est attestée par la suite des articles : "l'exercice de réflexivité critique auquel il se soumet désigne, avec acuité, la difficulté de tout projet qui entend repérer les conditions de possibilités historiques des discours qui se donnent comme un savoir vrai sur le monde social". Tout est de cette mouture, laquelle, outre sa cascade de génitifs, nous éloigne de la pensée limpide de Boileau : "ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement".

Seul, peut-être, l'article de Bernard Charlot nous ramène à la clarté lorsqu'il exprime : "les sciences de l'éducation posent la question du sujet. Tout individu est 100% social, 100% singulier, mais le total n'est pas égal à 200%, il est égal à 100% : deux enfants de la même famille n'ont pas automatiquement la même histoire scolaire". Pour illustrer ceci pourquoi moi, fils d'ouvrier électricien et petit-fils de paysan, alors que de ma vie je n'avais écouté que "les cloches de Corneville", Tino Rossi et Vincent Scotto, suis-je resté cloué sur place à 15 ans en entendant la cantate 140 de Jean-Sébastien Bach? L'individu est beaucoup plus complexe que ce que vos langages de mandarins en prétendant le rendre clair ne font qu'en attiser le mystère.

Tel jour j'étais chez Poivre d'Arvor (ex-libris je crois), tout petit entre trois géants (deux prix Goncourt et un Renaudot je crois) : la conversation respirait à une telle hauteur que je ne pouvais plus suivre. C'est alors que je me suis entendu dire avec effroi car on m'avait poliment laissé la parole, ces mots qui me peignent tout entier : "Moi je suis un écrivain de moyenne intelligence, écrivant pour les intelligences moyennes".

Cette profession de foi fit souffler un petit vent de panique sur l'assemblée. Il n'y avait pas de quoi. Jean Delay, biographe d'André Gide écrit : "Gide n'aimait pas les philosophes car il n'avait pas compris que la philosophie n'est que la projection du caractère d'un philosophe qui propose d'appliquer à l'humanité tout entière, les solutions qui lui ont paru convenir à son problème particulier".

Vous qui, comme moi, ne parvenez pas à monter plus haut, relisez Montaigne de toute urgence : il ne quitte jamais le chemin de la clarté.


Lien :Pierre Magnan, auteur, ecrivain francais

mercredi, février 02, 2005

Albert Londres à la lumière d'Edwy Plenel (ou l'inverse)

Avant-hier soir passait sur France 3 un téléfilm, avec Antoine de Caunes en Albert Londres, inspiré de la série de reportages de ce dernier sur le bagne "Dante n'avait rien vu".

Je me demandais pourquoi j'ai tant d'estime pour Londres, alors qu'Edwy Plenel, qui le cite assez souvent et s'en réclame plus ou moins ouvertement, m'insupporte.

La comparaison est instructive :

Londres ne se cachait pas de vouloir influencer le gouvernement par l'intermédiaire de l'opinion. Plenel est plus chattemite, une patte en avant et une toujours sur le recul, toujours à faire la leçon au monde entier mais prêt à se replier derrière son "humble" condition de journaliste.

Et, surtout, il y a l'humour, la dérision, l'ironie de Londres : c'est ce qui permet la mise à distance et en même temps d'humaniser, de ne pas apparaître comme un justicier, comme un froid moraliste et simultanément de se situer à hauteur d'homme. Cet humour est peut-être ce qui manque le plus au journalisme de presse français actuel.

Je vois déjà la moue dubitative des professionnels : encore une idée d'amateur.

Mais, cela me navre de rappeler cette vérité, les idées des professionnels ne semblent pas à ce point efficaces ces derniers temps qu'il soit possible de mépriser les avis, même d'amateur.

La télévision est un adversaire redoutable pour la presse écrite : non seulement elle apporte l'information sous une forme pré-digérée, genre bouillie pour bébé : l'image, mais en plus elle établit une (fausse) relation de proximité avec le présenateur.

Je crois que la presse écrite ne doit pas essayer de rivaliser avec la télé en matière de "déjà pensé, prêt à absorber", au contraire, c'est son terrain que de donner à réfléchir. Par contre, l'humour, un ton vif, alerte et modeste (1) serait le bienvenu.

Un collègue me disait souvent que le sérieux est la qualité des incompétents, voulant signifier qu'on est sérieux par défaut, quand on n'a pas d'autre qualité à faire valoir.

Le ton compassé des journaux "sérieux", cette manière rigoriste d'écrire "le petit chat est mort", est assez pénible.

L'humour, il y a des encadrés pour ça, avec un gros titre "Humour" ou "La chronique d'Achille Zavata" pour qu'on ne se trompe pas. C'est dommage.

(1) : puisque l'humour consiste avant tout à se moquer de soi même

mardi, février 01, 2005

Musée Jacquemart-André

Mademoiselle Jacquemart, artiste, rencontre M. André, banquier, et ça donne un extraordinaire hotel particulier (architecte : le perdant du concours de l'Opéra face à Garnier) avec une collection tout aussi extraordianaire (deuxième collection de peintres italiens en France).

Selon le voeu de Mlle Jacquemart, l'aménagement a été laissée intact.

Un musée parisien assez peu connu mais qui vaut le déplacement.

Lien :Musée Jacquemart-André - Paris