samedi, avril 26, 2008

Immobilier : louer ou acheter ?

J'aime bien le blog d'éconoclaste : on y trouve des articles stimulants sans qu'il y ait le goût de la distinction ou de la provocation.

L'article suivant :

Faut-il louer ou acheter son logement ?

va à l'encontre des idées reçues (il doit bien y avoir 90 % des Français qui pensent qu'il est évident qu'il vaut mieux acheter si on le peut). La réponse est beaucoup plus nuancée.

Je suis locataire après avoir été propriétaire. Et, pour l'instant, je n'ai pas de raisons de regretter mon choix.

Ma position n'est pas dogmatique, il se peut que, les conditions de marché changeant, l'achat d'un logement s'accorde un jour avec ma situation personnelle et financière, mais aujourd'hui, ce n'est pas le cas.

jeudi, avril 24, 2008

Mitterrand, les socialistes : Le Figaro en forme

Dans deux articles tout en ironie, Le Figaro de ce matin est parculièrement cinglant (et c'est mérité).

Mitterrand, les socialistes

Vélib, bel exemple de socialisme, la suite

Extrait du blog d'éconoclaste :

«Pierre-Yves Geoffard constate dans Libération que la planification centralisée appliquée aux Velib produit... ce que la planification centralisée produit bien souvent : des pénuries et des excédents, en l'occurence des bornes Velib pleines et des bornes Velib vides (j'ai lu quelque part, je ne me souviens plus où, le témoignage d'une personne qui avait vu quelqu'un mettre un antivol le soir sur son Velib à la borne, pour le récupérer le lendemain matin...). Geoffard propose de remplacer la planification par un mécanisme de prix décentralisé, consistant à rémunérer les utilisateurs qui déposent leur velib sur une borne vide, ou en prennent un sur une borne pleine, et pénaliser ceux qui vident les bornes déjà vides et remplissent les bornes pleines.

Une excellente idée, mais qui suscite immanquablement des commentaires critiques de la part des lecteurs, qui disent péremptoirement "cela va être opaque et compliqué"! Erreur funeste. C'est la réalité qui est opaque et compliquée, et c'est pour cela qu'il faut un système de prix. Actuellement l'information sur les besoins en vélib est perdue, et les tentatives centralisées pour l'obtenir inefficaces; Un utilisateur qui prend un vélib sur une borne presque vide impose un préjudice aux autres utilisateurs, mais sans le savoir. Un système de prix est un moyen d'apporter des informations aux utilisateurs, pour faire en sorte que cette information soit traitée de façon décentralisée, là ou elle est efficace. Et c'est aussi ce qui est le plus difficile à comprendre; C'est l'apport de Hayek d'avoir identifié cela, dans ce qui restera à mon avis comme son article le plus profond, qui devrait être une lecture obligatoire pour tous les économistes et leurs étudiants.»

Après, Isa me reprochera de prendre les socialistes pour des imbéciles. Mais avouez qu'ils le cherchent, à toujours répéter les sempiternelles mêmes erreurs.

mercredi, avril 23, 2008

Mai 68, je m'en bats l'oeil

Les gérontes qui occupent le pouvoir politico-médiatique nous soulent de l'auto-célébration de leur jeunesse folle. Il n'y a pourtant pas de quoi se vanter.

Les évolutions positives qu'on attribue abusivement aux barricades de mai 68 auraient eu lieu de toute façon (la loi Neuwirth sur la contraception date de 1967) mais de manière plus raisonnable et intelligente.

Je ne suis pas partisan des révolutions, même en carton-pâte. Elles exacerbent les violences politiques, elles radicalisent les relations sociales et provoquent des excès, tant de progressisme que de réaction. La liste des victimes de mai 68 comprend l'éducation, ce n'est pas rien.

Je préfère les sociétés libres où l'innovation et l'adaptation passent par des évolutions individuelles et non par des psychodrames collectifs, symptômes d'immaturité.

Les pays occidentaux qui ont évité un mai 68 se portent mieux que nous.

Non, vraiment, il n'y a pas de quoi se vanter à s'être trouvé à vingt ans, ou plus, écervelé et immature.

Ne pas baisser la garde, qu'il disait

Nicolas sarkozy a récemment déclaré qu'il ne fallait pas baisser la garde en matière de défense.

Bien entendu, comme souvent les politiciens français, il fait exactement le contraire de ce qu'il a dit.

Le deuxième porte-avions est repoussée aux calendes grecques du fait de l'impécuniosité étatique.

Or, il ne fait aucun doute que, si la France veut pouvoir défendre ses intérêts partout dans le monde, il faut un deuxième porte avions. En effet, avant de nous attaquer, nos ennemis ne consulteront pas le calendrier de disponibilité du Charles De Gaulle, ou alors, à notre détriment.

Nos gouvernants ont un sens des priorités qui fait que l'on peut les qualifier de dangereux irresponsables. Ils négligent les mission essentielles de l'Etat, diplomatie, défense, police, justice, et se consacrent à l'accessoire : un haut-fourneau en Lorraine ou le prix des billets de train pour familles nombreuses.

Nous en sommes réduits, au-delà du raisonnable, à faire la politique de nos moyens plutôt que de nous donner les moyens de notre politique.

Nous nous dirigeons tout droit vers le schéma suivant : la France, un pays de nains militaires dotés de l'arme atomique.

Est-ce vraiment cela que nous voulons ? Quand en a-t-on débattu devant les Français ?

L'Etat qui se mêle de tout et fait tout mal, l'Etat prêt à tout et bon à rien, travaille petit à petit à faire le malheur de la France : malheur économique, malheur social, malheur militaire et politique.

Le pire n'est jamais sûr, mais quand on accumule les impasses et les risques, on finit par s'en prendre un sur le coin du nez.

Et comme les vautours ne manquent pas, une fois qu'un malheur arrive, économique ou politique, il se trouve toujours quelques-uns pour donner le coup de pied qui envenime les choses.

dimanche, avril 20, 2008

10 % des Vélibs dégradés

Non seulement 10 % des Vélibs sont dégradés, mais il semble que ce vandalisme soit devenu une mode parmi les petits cons urbains : c'est à qui détruira un Vélib le plus spectaculairement et diffusera ses «exploits» sur internet (il faut bien se rendre à l'évidence : chez certains, la greffe de cerveau n'a pas pris).

C'était à prévoir : ce qui est à tout le monde n'est à personne et donc gibier pour les voyous. Mais bien entendu, les gauchistes ne reconnaitront jamais cette évidence humaine.

Il y a bien un moyen de continuer Vélib sans dégradations excessives, c'est de renforcer les contrôles et les sanctions : le collectivisme dans des pays inciviques comme la France suppose un Etat policier.

C'est pourquoi les delano-bobos préfèreront la jouer discret et augmenter les impôts des Parisiens, qui de toute façon s'en foutent : ça leur serait trop dommageable d'avouer qu'ils ont des raisonnements fondamentalement erronés.

Un dernier mot : il y a des loueurs de voitures qui vivent très bien sans subventions. Si la location de vélos était vraiment utile, il y aurait des gens pour la payer son prix et des loueurs pour la fournir.

samedi, avril 19, 2008

Pénuries alimentaires : un idéologue en action

Un dialogue saisi sur BFM montre à nu ce qu'est un idéologue.

D'un coté, Laurent Mauduit, archéo-marxiste, à peine dissimulé, du journal Le Monde, de l'autre Sylvain Orémi, patron d'un commerce de café et de thé, et anciennement «gringo», acheteur de café et de cacao.

Ce dernier explique que la hausse des produits alimentaires, notamment le riz, n'est pas due, contrairement à ce que tous les imbéciles répètent, aux spéculateurs tout simplement parce qu'il y a très peu de marchés à terme sur ces produits.

La hausse est due à une sous-production ainsi qu'à la fermeture des Etats.

Quand on lui fait remarquer qu'il est minoritaire à défendre cette position dans les medias, il répond avec bon sens que, si c'est vrai que les affreux spéculateurs font monter hors de raison les prix, il n'y a qu'à leur vendre le riz qu'on a, on fera une excellente affaire.

En face, Laurent Mauduit déclare qu'il n'y connait rien mais qu'il est tout de même certain que c'est la faute des spéculateurs.

Le contraste est exemplaire : l'un explique, l'autre assène des certitudes.

Mais ne vous méprenez pas : ce dernier est plus persuasif. Quand on vous explique, il faut faire l'effort de comprendre. Quand on vous assène des choses que vous avez envie d'entendre (le système d'endoctrinement étatique, dit éducation nationale, et les medias sont là pour ça), il suffit d'acquiescer, c'est plus facile.

Comme je le signalais précédemment, cette querelle rappelle péniblement la bataille sur le commerce des grains du XVIIIème siècle.

Presque tous étaient arcboutés sur leurs antiques privilèges, leurs péages, leurs greniers, leurs barrières, leurs octrois, juraient, crachaient que l'abolition de tout ceci, l'ouverture des frontières entre provinces françaises et la libre circulation des grains allaient mettre le commerce frumentaire dans la main des ignobles spéculateurs (décidément le discours varie peu) et entrainer des disettes et des famines comme on n'en avait encore jamais vues.

Or, on sait bien ce qui est arrivé : à partir du moment où les philosophes ont pu imposer leurs idées libérales, il n'y a plus eu une seule disette en France, alors que dans le régime précédent il y en avait une tous les dix ans.

N'apprenons nous donc jamais rien ? Sommes nous condamnés à toujours faire les mêmes erreurs ? Où sont nos Voltaire, nos Diderot, prêts à se jeter dans la bataille ? Ha oui, c'est vrai, aujourd'hui, ils sont anti-mondialistes. Si ce n'est pas de la décadence ...

L'Etat actionnaire, et prédateur, dans toute sa splendeur

Les aéroports de Toulouse, Lyon et Bordeaux sont gérés par des sociétés anonymes depuis 2007.

Celles-ci sont très étonnées que l'Etat français, actionnaire à 60 %, exige un fort dividende.

Pourquoi ? Parce que l'Etat en question n'a plus investi depuis des années dans les infrastructures de ces plateformes.

Autrement dit, l'Etat français se comporte comme une caricature de fonds d'investissement court-termiste. Mais, quand c'est l'Etat, c'est bien, n'est-ce pas ?

vendredi, avril 18, 2008

Michel Setbon : «le rejet des OGM est risqué»

«Être à l'écoute de la demande sociale ne devrait pas dispenser d'une vision stratégique», souligne Michel Setbon.

Directeur de recherche au CNRS, enseignant à l'École des hautes études en santé publique (EHESP), spécialiste des risques sanitaires et de leur régulation, Michel Setbon estime que le vrai débat sur les OGM n'a pas eu lieu.

LE FIGARO. Pourquoi tout le monde est-il opposé aux OGM ?


Michel SETBON. En France, au cours des dix dernières années, les décisions publiques sur les OGM n'ont pas été fondées sur les résultats des évaluations scienti­fiques du risque, pourtant nombreuses, mais sur la perception du risque qu'en a le public. Les OGM sont un cas exemplaire et extrême de l'importance du risque perçu dans les orientations d'une poli­tique publique. C'est un fait : la population française est massivement opposée à la consommation des OGM et n'en veut pas dans son alimentation, ce qui est parfaitement légitime et a été pris en compte. Le problème est qu'elle semble soutenir aussi un refus de la culture d'OGM et, dans une moindre mesure, de l'expérimentation en plein champ. Cela sur la base d'un argument aussi fort qu'erroné, le risque de « contamination » des cultures avoisinantes.

Il n'y a pas de risque de contamination ?

Depuis quelque temps, le terme de « contamination » s'est imposé au point d'être repris par certains parlementaires, alors qu'il est largement inadapté. La contamination véhicule deux notions : celle de diffusion d'un élément au-delà de son champ de présence et celle de transmission d'un facteur de nocivité. Or, si le potentiel de diffusion des OGM est réel, celui de nocivité pour l'homme n'est pas fondé, et ce, après des années de recherche sur le maïs Bt. Contre toute logique, ce produit, en se disséminant, deviendrait nocif, alors que le produit d'origine ne l'est pas ! Il serait plus juste d'utiliser le terme de « dissémination non maîtrisée ». Or, la dissémination des plantes d'un lieu à un autre est un phénomène d'une grande banalité dans l'environnement. Ce phénomène est naturel et se produit régulièrement partout et de tout temps. On peut parler à juste titre de « contamination » quand des agents infectieux ou toxiques (chimiques, radioactifs, etc.) sont dispersés au-delà de l'enceinte où ils sont confinés et peuvent ainsi donner lieu à des dommages sanitaires. Mais ce n'est pas le cas pour un OGM comme le maïs Bt, qui ne peut acquérir d'effet nocif du seul fait qu'il se déplacerait du lieu de sa plantation à un champ voisin.

Pourquoi le risque perçu est-il aussi important ?

Un produit nouveau suscite fréquemment la perception de nouveaux risques. De plus, il a été montré qu'il existait une relation inverse entre le risque perçu et les bénéfices perçus. Plus les béné­fices d'un produit sont perçus comme insignifiants, plus la perception du risque en est élevée. C'est le cas pour les citoyens des pays riches, pour lesquels on peut avancer que les bénéfices des OGM sont perçus comme quasi nuls. Le citoyen-consommateur dispose d'assez de maïs produit en France sans recours aux OGM, pour refuser de prendre le moindre risque, aussi hypothétique soit-il. Au-delà des OGM, ce rejet massif traduit une demande sociale de risque zéro en matière alimentaire. Atti­tude égoïste qu'aucune considération altruiste, telle la perspective d'un rendement accru permettant de nourrir plus de personnes sur terre, ne semble en mesure d'équilibrer. Les OGM sont rejetés car aujourd'hui ils n'apportent aucun bénéfice perceptible aux populations des pays développés.

Quelles sont les conséquences d'un tel rejet ?

On peut se demander si les pays qui refusent les OGM en ont bien mesuré les conséquences en termes d'enjeux stratégiques, scientifiques et économiques. Il est permis d'en douter tant ils sont occultés. Comme souvent pour les innovations technologiques, les craintes suscitées par les OGM sont au cœur d'un mouvement de contestation qui dénonce l'idée même de progrès, devenu syno­nyme de menace. Pour autant, cette réaction naturelle ne devrait pas occulter la question majeure du potentiel de développement scientifique et industriel : les OGM ont-ils ou non un avenir stratégiquement prometteur, alors que dans de nombreux pays ils font l'objet d'investissements massifs et que se profile le risque majeur de pénurie alimentaire mondiale ? La ma­nipulation génétique de produits destinés à l'alimentation (du bétail et des hommes) ouvre-t-elle des perspectives positives ou conduit-elle à une impasse ? Ne pas mettre ces questions au cœur du débat sur les OGM et fermer la porte comme on est en train de le faire risque d'entraîner des pertes de compétitivité et une nouvelle dépendance à l'égard des pays tiers. Si l'on considère aujourd'hui que les OGM sont des produits imparfaits, cela ne prédit nullement qu'aucune amélioration ne sera possible dans l'avenir. Rien ne dit, par exemple, que l'on ne pourra pas en maîtriser la dissémination ou leur associer de nouveaux bénéfices. Si l'on pense que la fi­lière OGM a un avenir et qu'il passe par la recherche et le développement de nouveaux produits, alors les décisions qui sont prises actuellement dans un climat favorisant les intérêts à court terme pourraient se révéler catastrophiques.

Quel est l'intérêt du maïs Bt en France ?

Pour l'instant, ce maïs OGM ne présente aucun intérêt pour des consommateurs bien nourris et bien portants. Mais c'est le rôle du politique de proposer une vision stratégique et d'éclairer le public sur la balance à long terme entre les bénéfices et les risques potentiels. Être à l'écoute de la demande sociale ne devrait pas dispenser d'une vision stratégique, ni de tenter d'équilibrer la perception du risque des OGM par un peu plus de rationalité scientifique. La sensibilité à l'opinion publique est certes nécessaire, mais elle ne peut tenir lieu de guide infaillible : l'exemple du nucléaire civil, dont la perception longtemps négative semble évoluer vers une plus grande acceptabilité à mesure que ses bénéfices deviennent compatibles avec les valeurs dominantes de la société, invite à la réflexion. L'exigence d'un risque zéro, par nature indémontrable, associée à une demande réitérée de « je n'en veux pas près de chez moi », apparaît insuffisante pour fonder une poli­tique soucieuse de ne pas manquer un tournant stratégique.
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jeudi, avril 17, 2008

Sur les problèmes alimentaires

Une des racines du libéralisme est la réflexion sur le commerce des grains, rappelez vous Turgot.

Il est donc navrant, et navrant est un mot encore trop faible, de voir que nos gouvernants réclament des entraves au commerce alimentaire, sous prétexte de protéger les pauvres, revenant ainsi à une vision économique d'avant les Lumières.

On SAIT, sans doute possible -c'est un fragment essentiel de l'histoire de France, qui explique bien des émeutes des révoltes et des révolutions- que les entraves au libre jeu du marché en matière alimentaire, même les mieux intentionnées du monde, se terminent en catastrophe humaine, avec des morts de faim comme résultat.

Voyez ceux qui vous proposent une régulation mondiale et autres fadaises comme des affameurs, quel que soit le masque angélique sous lequel ils se présentent, et vous serez proches de la vérité.

Oui, j'insiste, tous ces bons apôtres de la régulation mondiale, la bouche en coeur, sont des affameurs en puissance. Si vous doutez d'avoir jamais vu des irresponsables et des criminels de près, regardez les bien, ceux-là, quand vous les verrez à la télévision.

La vampirisation du Louvre

Article extrait du Figaro.

Ca fait du bien : je ne comprends rien à l'art contemporain et je soupçonne qu'il n'y a rien à y comprendre.

L'art est réservé depuis toujours, et sera toujours réservé, à une élite du goût. Celle des amateurs qui prennent la peine de s'informer et de se former. Il est faux de croire qu'il suffit de regarder une oeuvre pour, par je ne sais quel miracle, l'apprécier et la comprendre.

L'art de masse est une gigantesque hypocrisie démagogique. Il suffit de voir qui va à l'opéra Bastille, censément populaire. On sait bien par ailleurs que l'entrée gratuite des musées n'attire pas de nouveau public, que ne vont au musée que ceux qui y éprouvent un intérêt, entrée gratuite ou non.

Ce qu'on appelle l'art contemporain participe de la même démagogie.

On remarquera que François Mitterrand a beaucoup fait dans ce mauvais goût de parvenu qui, à force de se vouloir à l'avant-garde, est toujours en avance d'une laideur.

Mais quoi ? Tout cela n'est il pas en phase une intelligentsia politico-médiatique qui se fait une gloire, sous prétexte de progressisme et d'ouverture d'esprit, de tout confondre et de tout mélanger ? Aurons nous la cruauté que le geste de l'intelligence est distingo ?

La vampirisation du Louvre

Professeur à l'université de Paris-II, Jean-Louis Harouel tire à boulets rouges sur l'art contemporain. Dans sa ligne de mire, l'exposition Jan Fabre au Louvre.

Ce qu'on appelle de manière inadéquate art contemporain prend depuis 2004 une place croissante face aux chefs-d'œuvre du Louvre. L'an dernier, autour du tombeau de Philippe Pot, merveille de la sculpture du XVe siècle, étaient accrochées des rangées de faux, comme dans une quincaillerie de campagne d'autrefois. Aujourd'hui, le centre de la vaste salle où se déploie la vie de Marie de Médicis peinte par Rubens est un amas chaotique de pierres tombales pareil à l'arrière-cour d'un marbrier funéraire négligent. L'imposture règne au Louvre.

En règle générale, le prétendu art contemporain n'est qu'imposture. Au cours du XXe siècle, et surtout dans sa seconde moitié, ceux qui s'obstinaient contre l'évidence à se dire artistes ont de plus en plus abandonné la vraie création artistique pour y substituer une intention philosophique, sociologique, spirituelle ou autre, laquelle, quand on peut la connaître, est généralement indigente. Avec le plus souvent pour résultat, d'un point de vue artistique, le rien ou le n'importe quoi. Le soi-disant artiste contemporain continue de brandir les vieux poncifs éculés de transgression et de révolte ressassés depuis un siècle, alors qu'il poursuit en réalité une stratégie ambitieuse de réussite personnelle. Car l'éternelle répétition des vieilles provocations de l'art vide et de l'anti-art ne choque plus personne et procure fortune et prestige. C'est l'académisme de notre temps.

Marchands, collectionneurs, critiques, musées, médias, pouvoirs publics présentent comme art une immense farce bafouant l'art. Le succès de cette duperie est étrange, mais approprié au règne des puissants sans culture, privés des modèles sociaux supérieurs qui les guidaient jadis. L'absence de contenu artistique du prétendu art contemporain abolit la distinction entre incultes et cultivés, ménage l'ego du plus ignorant en art et en histoire. Pour poser à l'amateur d'un tas de pierres ou d'un bloc de ferraille, point n'est besoin de connaissances, de travail de lecture, d'analyse et de compréhension. Il suffit de clamer que c'est génial et de payer une somme fabuleuse pour se croire un grand collectionneur, un grand mécène. Un art qui n'en est pas un convient parfaitement à des élites incultes.

Mais, d'où vient la rage de faire entrer cette farce dans les musées classiques, et tout particulièrement au Louvre ? C'est que, malgré sa colossale réussite commerciale, malgré le tam-tam médiatique dont il bénéficie, malgré l'adhésion des milliardaires incultes s'imaginant amateurs d'art et celle de toutes les dupes triomphantes qui l'encensent, les plus lucides parmi les sectateurs du prétendu art contemporain savent bien qu'il souffre d'une totale absence de légitimité artistique. Or, le dialogue postulant l'égalité, organiser un supposé dialogue entre, d'une part, les authentiques chefs-d'œuvre du passé et, d'autre part, les impostures actuelles permet de proclamer la haute valeur artistique de celles-ci. L'art contemporain, qui n'est pas de l'art, cherche à se donner une légitimité artistique en établissant une confrontation forcée avec les plus grands chefs-d'œuvre de l'art. Il les vampirise pour tenter de s'affirmer réellement comme art. L'exposition Jan Fabre au Louvre n'apporte rien à Van Eyck, Memling, Rembrandt ou Rubens. En revanche, elle apporte à Jan Fabre l'illusion d'avoir dialogué d'égal à égal avec eux, et donc d'être un grand artiste.

Malheureusement, ces plaisanteries sont ruineuses. À l'heure où la France laisse partir à vau-l'eau des pas entiers d'un prodigieux patrimoine artistique, où raser une église faute de moyens pour l'entretenir tend à entrer dans les mœurs, il est choquant de voir les plus hauts responsables de la culture orienter l'argent public et celui du mécénat vers les bouffonneries de ce qu'on appelle indûment art contemporain.

mercredi, avril 16, 2008

La sécu doit-elle rembourser les lunettes ?

A une mauvaise question, il n'y a pas de bonne réponse.

Les Français qui se prennent pour un peuple cartésien sont totalement incohérents : ils admettent très bien que les mutuelles effectuent des remboursements complémentaires mais ils, au moins ceux qui du bruit, hurlent comme des cochons égorgés chaque fois qu'on parle de privatiser la sécu.

Pourquoi ?

Parce que, Bastiat l'a très bien expliqué dès 1840, chacun a l'impression de profiter du système tout en ayant la conviction que ce sont les autres qui payent. C'est une variante du phénomène du passager clandestin.

Tout le monde ressent un intérêt à pousser à la dépense et personne aux économies. C'est cette logique folle de déresponsabilisation qui entraine nos systèmes collectivistes, entre autres, chômage, retraite, santé, éducation, à la faillite.

Ce n'est même pas moi qui le dit, c'est inscrit dans leurs comptes : que dit un déficit de fonctionnement permanent, si ce n'est que le système n'est pas pérenne ?

Peu importe que la faillite arrive dans un an ou dans dix ans, elle arrivera et elle fera mal.

Et, bien entendu, on accusera le libéralisme, en vertu du principe selon lequel moins il y a de libéralisme plus il est coupable.

mardi, avril 15, 2008

Bienvenue chez les ch'tis

FF

J'ai oublié de vous faire la critique du film que toute la France a vu :

Plus :

Un agréable moment.

Moins :

> une France idyllique et mièvre

> pas de scène exceptionnelle, d'anthologie


C'est gentil, dans tous les sens du terme.

Si l'on compare à La grande vadrouille, il n'y a pas photo : le film était plus caustique (les rapports entre le grand bourgeois et l'ouvrier), avait plus de tension dramatique, plus de rythme et quelques scènes inoubliables.

Bref, c'est bien, mais on peut s'en passer.

OGMs : enfin un article raisonnable

Ce qui m'irrite le plus, dans ces histoires d'OGMs, c'est la mauvaise foi et la bêtise : cette accumulation d'informations biaisées, de raisonnements approximatifs, de slogans sensationnalistes mais creux, ces arguments dans la défense desquelles on ne recule pas d'un pouce et qui pourtant ne valent pas le prix du papier sur lesquelles ils sont écrits (1).

Voici un article moins con que la moyenne :

OGMs : retour sur une querelle


(1) : par exemple, les auteurs dénoncent le paralogisme des écolos :«Tout ce que fait la nature est bon, les OGM ne sont pas naturels, donc les OGM ne sont pas bons.» Je l'entends souvent, et peu fréquemment dans une forme plus sophistiquée que celle-ci.

Or :

1) il faut être un crétin de citadin pour croire que «tout ce que fait la nature est bon.»

2) il faut être sacrément ignare pour ne pas comprendre que tout ce que fait l'homme tend à perfectionner la nature ou à s'y soustraire et que «naturel» n'est pas plus une qualité qu'«artificiel». Rien de ce que nous mangeons, absolument rien, même pas l'agriculture «bio», n'est «naturel». Partout, il a fallu que l'homme étudie, sélectionne, améliore. A partir de là, comment fait-on une distinction claire entre ce qui est naturel et ce qui ne l'est pas ?

3) certes, des crétins et des ignares, nous n'en manquons pas, mais est-ce une raison pour les laisser monopoliser la parole ?

lundi, avril 14, 2008

Faut-il réguler les marchés alimentaires ?

Michel Barnier nous raconte que, étant donné la récente inflation des prix alimentaires, c'est l'honneur de l'Europe, menée par la France, d'exiger qu'il y ait une régulation des marchés alimentaires.


A supposer que cela soit possible, que veut dire «réguler» ? Cela signifie que les hommes de l'Etat, court-termistes, sous pression électorale, entourés d'experts, vont décider ce qui doit advenir des prix des aliments.

A chaque fois que des «experts» se sont réunis pour prédire l'avenir de l'alimentation mondiale, ils ont prédit des catastrophes, qui ne sont jamais arrivées. Pourquoi auraient ils raison aujourd'hui ?

C'est toujours la même erreur des malthusiens, déclarés ou déguisés : considérer un monde, irréel, où l'ingéniosité et l'adaptabilité humaines n'existeraient pas.

Où et quand les Etats ont-ils prouvé qu'ils étaient capables de gérer un marché de manière bénéfique ?

N'oublions pas Hayek : les prix portent une information. Manipuler les prix, c'est s'aveugler sur l'avenir. Les prix alimentaires montent, c'est le signal qu'il peut être profitable d'investir dans l'agriculture, en quoi est-ce mauvais ?

dimanche, avril 13, 2008

NKM : la démagogie à fond la caisse

Nathalie Kosciusko-Morizet a traité les parlementaires UMP de «lâches» sous prétexte qu'ils refusaient de se rendre aux thèses de José Bové, auquel elle fait la bise.

La technique, fort connue et très utilisée par Nicolas Sarkozy lui-même, n'a rien de surprenant : on parle dru, on parle «popu», on fait la grande gueule. Et hop ! En un tournemain, on gagne dans l'opinion une image de petit gars (ou de petite fille) bien franc, courageux et qui ne parle pas la «langue de bois».

Même si l'on est incompétent (à plus forte raison si l'on est incompétent ?), on devient intouchable.

C'est de la grosse ficelle, du cordage d'amarrage, démagogique à souhait.

Hé bien, le pire, c'est que ça fonctionne. Je lis les commentaires des abonnés du journal Le Monde, peu suspects de voter à droite. Ils ne marchent pas, ils courent, ils galopent. NKM est leur dernière icône. Il ne faut pas en dire de mal au risque d'être taxé de «macho qui s'attaque à une courageuse ministre qui s'oppose aux barons réactionnaires de l'UMP».

Certes, me direz-vous, tant de naïveté et d'imbécilité est risible. Mais tous ces gens ont le droit de vote et leur voix dans l'urne vaut la vôtre.

Au moins, nous aurons appris que cette petite ira loin : elle n'est pas alourdie par les scrupules et par la loyauté, il est préférable de voyager léger quand on veut atteindre les sommets.

Mais, comme c'est une polytechnicienne et une fonctionnaire, il n'y aura rien de bon à en tirer pour la France : elle est dans le moule, même son anti-conformisme est conformiste !

Si elle est cohérente avec son ambition, elle devrait tomber enceinte dans quelques mois . Un ministre enceinte, les médias adorent ça.

samedi, avril 12, 2008

L'arnaque de la «solidarité entre les générations»

J'entends souvent cet argument, mais là, je l'ai entendu une fois de trop.

Le système de retraite par répartition serait moral, et donc justifié, du fait d'une prétendue «solidarité entre les générations».

C'est une arnaque, un mensonge éhonté.

La solidarité obligatoire, ce n'est pas de la solidarité, c'est de la spoliation.

Je connais la solidarité de Paul avec sa grand-mère, de Pierre avec son père, de Marie avec son vieux voisin, mais la «solidarité entre les générations», je n'ai jamais rencontré cet animal.

D'ailleurs, ça serait une bien étrange solidarité : les baby-boomers au pouvoir, qui ont peu cotisé pour leurs parents, font beaucoup cotiser leurs enfants. Tous les avantages sans les inconvénients, la solidarité à ce prix, je comprends qu'ils adorent (1).

C'est le même genre de solidarité que celle que le voleur demande au volé : «Quoi ? Je "t'emprunte" définitivement ta voiture et tu n'es pas content ? Quel manque de solidarité ! Quel égoïsme !»

Evidemment, un système basé sur des principes aussi mauvais ne peut avoir que des effets pernicieux :

> il compte pour beaucoup dans la sous-capitalisation des entreprises françaises. Ce n'est pas un hasard si les entreprises du CAC40, par l'intermédiaire des fonds de pension, payent la retraite des instituteurs californiens, entre autres. Le système des fonds de pension est fondamentalement sain (2).

> Contrairement à la «solidarité entre les générations» invoquée à tort et à travers, le système de retraite par répartition organise en fait une divergence d'intérêts entre jeunes et vieux et donc une source de fractures et d'oppositions. Beaucoup de jeunes ambitieux s'exilent de France et le système de retraite ne participe pas peu au sentiment de société bloquée.

> Enfin, il a probablement un effet dénataliste, même si il n'a pas été mesuré. En effet, les cotisations retraite étant obligatoires, le choix naturel «Je paye l'éducation de mes enfants d'abord, ma retraite ensuite» est empêché. Et, en nos temps contraceptifs, on ne fait guère plus d'enfants qu'on peut en soutenir.

(1) : on me répondra que beaucoup de baby-boomers aident leurs enfants. Je n'en disconviens pas. N'empêche qu'il s'agit de choix individuels libres. Le système par répartition est lui obligatoire : la situation n'est pas symétrique entre les parents, libres d'aider ou non, et les enfants, forcés de payer.

(2) : une retraite par capitalisation peut être mal organisée. C'est le cas, qu'on nous cite toujours en exemple et même en épouvantail, de ces fonds américains investis en actions de l'employeur, qui font que lorsque l'entreprise fait faillite, on perd sa retraite en même temps que son travail.

Mais une mauvaise modalité ne remet pas en cause le principe : la plupart des fonds de pension sont diversifiés et permettent aux retraités américains de profiter à plein du travail des petits Chinois ... et des petits Français.

L'avenir d'EADS en question

Discutant avec un collègue d'un de nos actionnaires, EADS, j'ai été surpris de trouver chez lui une inquiétude égale à la mienne.

J'en résume les causes :

> Une direction discréditée. Je ne sais pas si le délit d'initié est légalement constitué, mais, moralement, je n'ai aucun doute : les rats ont sauvé leurs stocks-options et ce n'est pas reluisant. Autant pour le devoir d'exemplarité des dirigeants.

On sent bien là la différence entre un entrepreneur et un manager. Thomas Enders, Fabrice Brégier, Jean-Paul Gut et et compagnie sont des apparatchiks qui naviguent au gré des luttes d'appareils, ils ne vivent pas EADS avec leurs tripes. Si EADS coule, ils sauront bien se recaser ailleurs (c'est déjà fait pour Gut) sans états d'âme. Dieu pour tous et chacun pour soi.

Une boite comme Boeing est aussi dirigée par des managers, mais les Américains sont cohérents : quand ça ne marche pas, hop, du balai. Ils ont essayé trois PDGs en trois ans avant de trouver le bon.

Même si l'honnêteté de Louis Gallois n'est pas en cause, il n'est pas l'homme de la situation : trop impliqué (compromis ?) depuis trop longtemps dans ces grenouillages pour être l'homme du coup de torchon. De toute façon, ce n'est pas dans son caractère.

> Un actionnariat qui s'en fout. EADS se porterait beaucoup mieux si ses actionnaires lui demandaient tout bêtement de gagner des sous. A long terme, cet actionnariat qui n'aide pas et qui n'exige rien est débilitant.

> Un développement dans la défense insuffisant et qui le restera. Le développement d'un pôle défense se fait sur le marché domestique, c'est-à-dire, pour EADS, l'Europe.

Or, les gouvernements européens cherchent toujours quatre sous pour faire un franc, ils ne sont donc pas près de faire l'investissement dans la défense qui permettrait à EADS de s'y développer.

> Un portefeuille produits d'Airbus très problématique. L'A380 en est à limiter les dégâts : il ne sera jamais rentable, tout juste peut-on espérer qu'il arrive à rembourser une bonne part de ce qu'il a couté. L'A350 est dans les choux, un peu soulagé par les problèmes du Dreamliner, mais, de toute façon, il arrivera trop tard. Le successeur de l'A320 se fait attendre.

L'explication est simple : les moyens employés pour l'A380 auraient été plus utiles ailleurs.

> La rentabilité d'EADS est très largement insuffisante. Or, en économie de marché, tout est simple : une société rentable est pérenne, une société non rentable ne l'est pas. La parité €/$ est l'arbre qui cache la forêt. L'organisation industrielle souffre de graves défauts qui ne sont corrigés pour des raisons politiques.

C'est bien de faire des jolis avions, mais c'est secondaire. Car si ils ne rapportent pas suffisamment d'argent, on ne pourra pas continuer à en faire longtemps.

Bien sûr, face à toutes ces difficultés, EADS a des atouts (carnet de commandes plein, base clients, compétence technique, ticket d'entrée élevé), mais j'ai bien peur qu'ils ne résistent pas à l'usure du temps et à la pression des problèmes non résolus.

Dans mon scénario noir, EADS ne fera pas faillite, il sera juste démantelé progressivement. Premier signal à surveiller, la vente de la part détenue dans Dassault Aviation (tout le contraire d'EADS : une boite d'entrepreneurs gérée avec rigueur. Des erreurs ont été faites, elles ont été corrigées. EADS accumule les erreurs sans rien corriger).

Finalement, j'ai lâché le mot à propos de Dassault : la gestion d'EADS manque de rigueur. La rigueur, ce n'est pas seulement économiser trois gommes et deux crayons. C'est aussi analyser sans tabous les problèmes et agir pour les surmonter.

Les dirigeants d'EADS ne sont pas idiots : ils connaissent, et bien mieux que moi, les problèmes que je viens d'exposer. Mais pour des raisons diverses, ils ne sont pas disposés à en tirer les conséquences, alors ils biaisent, ils temporisent, ils manoeuvrent, ils ne vont pas jusqu'à dire qu'il ne faut pas se laisser aller à «logique purement comptable» (air connu), mais il y a de ça.

Bref, ils manquent de rigueur.

vendredi, avril 11, 2008

Tiens, un politicien lucide et franc. Manque de pot, il est allemand ...

Herzog craint une démocratie des retraités

L'ancien président allemand Roman Herzog a dit craindre aujourd'hui que l'Allemagne soit en passe devenir une "démocratie de retraités" qui défavorise les générations plus jeunes.

"Je crains que nous ne voyons déjà les signes avant-coureurs d'une démocratie de retraités: les plus âgés sont de plus en plus nombreux et tous les partis les prennent en compte de manière démesurée", a indiqué l'ancien chef de l'Etat conservateur (1994-1999) au quotidien Bild.

"A la fin, il se pourrait que les plus âgés pillent les plus jeunes", a-t-il mis en garde, prenant part au débat en cours en Allemagne sur le changement démographique et ses conséquences.

Le gouvernement allemand a décidé mardi d'une augmentation exceptionnelle et controversée de 1,1% des retraites au 1er juillet pour les quelque 20 millions de retraités allemands. Cette décision doit encore être approuvée par les députés.

jeudi, avril 10, 2008

Manifestations lycéennes : c'est toujours la même chanson

On croit que l'endoctrinement et l'embrigadement de la jeunesse est un trait des dictatures. C'est une erreur : c'est aussi une spécialité française.

Le scénario est toujours le même.

Les gauchistes dirigent les syndicats étudiants et enseignants. Ils bénéficient de sympathies dans les milieux médiatiques.

De fait, ils dirigent, en totale illégitimité, le système éducatif français. Les ministres passent, les syndicalistes restent. Qui n'a entendu au long des années l'inénarrable et inamovible Gérard Aschieri tandis qu'on n'arrivait pas à se rappeler du nom du ministre, à peine arrivé et déjà sur le départ ?

Nous avons donc un pouvoir illégitime qui vit de l'argent des impôts et refuse de rendre compte, d'être tenu responsable, d'être jugé aux résultats.

La situation vous semble claire : le gouvernement va imposer une organisation et un budget tels qu'il ne sera rien dépensé de plus que nécessaire et pour la meilleure efficacité possible.

Après tout, si le système éducatif est dit «national», c'est bien la moindre des choses que le gouvernement légitime y règne en maitre.

Comme vous êtes naïf !

Dés qu'un ministre, généralement de droite, essaie de remettre en cause ce pouvoir illégitime des apparatchiks ou, simplement, de se montrer soucieux de ne pas le nourrir sans retenue de l'argent pris aux contribuables, nos hommes d'appareil agissent, vite et sans scrupules.

Ils caricaturent une situation complexe pour la réduire à un ou deux slogans, généralement tournant autour de la question «des moyens» (c'est par ce mot pudique qu'on exige que toujours plus d'argent soit pris aux citoyens, pour être dépensé sans contrôle, car toute tentative de vérifier l'utilité et l'efficacité des fameux «moyens» est désignée comme une intolérable intrusion du politique dans la pédagogie, quasiment le début de la dictature).

Mais le slogan, le simplisme, la caricature seraient inutiles s'ils n'avaient un public.

Pour ce genre de nourriture de l'esprit fade et sans originalité, il faut des cerveaux immatures, sans recul, peu aptes à la complexité, en rien disposés à réfléchir sur les problèmes de légitimité, d'efficacité de la dépense publique et d'organisation optimale, mais prompts à l'enthousiasme.

Justement, ces cerveaux existent et, voyez comme la nature fait bien les choses, il se trouve qu'ils sont justement sous la main de nos apparatchiks. On appelle cela des étudiants, des lycéens, voire des collégiens. Ils ont généralement un âge que l'on juge insuffisamment avancé pour leur donner le droit de vote, mais cela n'entre pas en ligne de compte.

Le terrain est préparé de longtemps.

On a pris la précaution d'éviter tout ce qui pourrait ressembler à l'éducation libérale classique, qui, par une étude assidue et rigoureuse, évoluant du simple vers le complexe, permet de former des esprits aptes à concevoir des jugements personnels.

Sous prétexte que mieux vaut une tête bien faite qu'une tête bien pleine, on a veillé à former des têtes bien vides, disposées à être remplies de toutes les fadaises, les premières venues, souvent celles inculquées par les profs, emplissant l'espace.

La méthode, géniale, utilisée à cet effet est la suivante : on a plongé les jeunes élèves dans la complexité du monde (voir par exemple une "méthode" de grammaire moderne) en leur laissant croire qu'ils avaient la capacité à la décrypter.

En faisant mine de transformer des élèves d'école élémentaire en mathématiciens à la Bourbaki, en grammairiens à la Vaugelas et en historiens à la Febvre, on leur a rendu le monde indéchiffrable et mystérieux, voire effrayant.

Et voilà nos pauvres agneaux prêts à gober aussi sec toutes les propagandes (sur «le manque de moyens» par exemple, alors que l'éducation est le premier budget de l'Etat). Plus c'est gros, plus ça passe.

J'ai posé à des lycéens que je connais les problèmes suivants :

> classer Louis XIV, Napoléon et Henri IV dans l'ordre chronologique.

> additionner de tête 1384 et 248

> citer une oeuvre de Stendhal

> dire à quel kilomètre se croisent deux trains convergents distants de 80 km, l'un allant à 20 km/h l'autre à 60 km/h.

Je dois être atteint de malchance statistique car aucun des quatre interrogés n'a répondu correctement à toutes les questions, et même pas à trois sur quatre.

J'en étais navré, car il est bien de la responsabilités des adultes, donc la nôtre, de donner aux jeunes une instruction correcte.

Bien sûr, de meilleures réponses n'auraient pas préjugé d'une capacité de jugement politique, mais tout raisonnement se construit sur des bases et non dans le vide. Si les bases n'y sont pas, on peut être d'autant plus inquiet.

Mais, pour en revenir à nos préoccupations du jour, quelle importance peut-on attacher aux manifestations de ces lycéens ?

Ils font masse, ils font leur effet médiatique, mais que vaut leur analyse, leur opinion ?

Et un peu de vérité ne ferait pas de mal : des manifestations de lycéens, tous les gouvernements en ont vécu. Ce n'est pas la fin du monde.

Il ne faut pas rester sourd à leurs inquiétudes, mais la réponse n'est pas la reculade démagogique, mais la pédagogie, l'explication.

mardi, avril 08, 2008

Gesticulations et mascarade


La pagaille d'hier autour de la flamme olympique suscitée par des corniauds qui découvrent soudain que le Tibet existe à trois mois des JO m'invite à poser la question suivante :

Les manifestants cherchent-ils :

1) à se faire de la pub ?

2) à se donner bonne conscience et à se tenir chaud au sein du troupeau ?

3) à aider le Tibet ?

Question subsidiaires :

1) En quoi les manifestations d'hier ont-elles aidé le Tibet ?

2) Est-ce bien la place de politiciens se tenir, comme on l'a vu, sur le parcours de la flamme olympique avec un extincteur ? Est-ce bien digne ?

3) Est-ce que les manifestants d'hier boycottent le textile et l'électronique «Made in China» ?

Tout cela est d'un ridicule. Décidément, le ridicule marque l'actualité française. Deux fois en deux jours, j'ai regretté Philippe Muray, qui n'avait pas son pareil pour moquer le ridicule bien-pensant.

Les braillards et les bavards

dimanche, avril 06, 2008

Licence Art du clown : le progrès fait rage

Un commentateur que je remercie me signale l'existence d'une licence professionnelle «Production de spectacles vivants -Art du clown» Ne rigolez pas trop : c'est avec vos impots, ces crétineries bien-pensantes, très «modèle social français».

Vous trouverez une critique ici :

Suggestion de reconversion pour 2008

On regrette Philippe Muray. On imagine sa joie devant ce couronnement de l'Homo Festivus.

Jubilation obligatoire pour tous, sous peine d'être étiqueté mal-pensant, futur rééduqué social à qui on apprendra à respecter les bontés de l'Etat-mamma.

J'avoue que je trouve cela tellement ridicule que j'éprouve des difficultés à en rire.

vendredi, avril 04, 2008

France : la politique schizophrène

Quand on regarde la politique française et qu'on prend un peu de recul, on éprouve un sentiment d'irréalité saisissant.

Je prends deux exemples récents :

> la réintégration de la France dans le commandement intégré de l'OTAN. Je suis assez stupéfait que dans aucune des interventions, articles et entretiens, la dure réalité ne soit jamais évoquée : l'armée française peut très difficilement mener une opération seule. Le choix n'est pas entre une France indépendante et une France atlantiste. Le choix qui nous reste est celui de notre dépendance (1) et, dans ce cadre, la réintégration du commandement intégré est une question qui ne se pose même pas. Tant qu'à dépendre de l'OTAN, autant essayer d'avoir quelques strapontins décisionnaires.

> la polémique «rigueur or not rigueur». L'Etat dépense 50 Md € par an de plus que ce qu'il gagne, ce déficit est du gaspillage pur. Si l'Etat français était géré comme un Etat anglo-saxon ou scandinave, il aurait un budget équilibré ou en excédent. On ne peut donc appeler une économie de 4 Md € étalée sur 5 ans «rigueur». La droite ne peut se glorifier d'un quelconque courage et la gauche est ridicule de décrire cela comme un extrêmisme libéral fanatique.

J'ai choisi deux exemples d'actualité. Mais on pourrait multiplier ces exemples à l'infini : ceux qui parlent de «modèle social français» semblent oublier que le propre d'un modèle est d'être copié, or le monde entier évite soigneusement de nous imiter !

D'où vient cette schizophrénie, ces discours qui tournent à vide, totalement détachées des réalités, ses polémiques où les mots qui s'affrontent ne recouvrent que du vide ?

Je pense qu'un facteur primordial est le temps : toute une classe politique ne se détache pas du réel en un jour.

A cet égard, 1981 a joué un rôle fondamental : à l'époque où R. Reagan et M. Thatcher s'orientaient vers une prise à bras le corps des problèmes de leurs pays, la France se lançait dans une «autre politique» qui n'a jamais eu d'efficacité que dans les discours de fond de bistro.

Mais le ver était dans le fruit bien avant : De Gaulle tenait des discours dont le souffle lyrique était souvent loin des réalités, il compensait par un pragmatisme personnel constant.

Ses successeurs n'ayant pas gardé le pragmatisme, le lyrisme est devenu creux.

A mon sens, le septquinquennat de Jacques Chirac sera jugé très sévèrement dans quelques années.

Ainsi, une erreur, celle de Mitterrand de se payer de mots, n'a pas été corrigée mais amplifiée.

Cela n'a été possible que parce que le terrain y était propice, c'est ce fameux «esprit classique» français, dénoncé par Taine, qui voit non des hommes mais des types, non des événements mais la manifestations d'abstractions.

Pourtant, ce fameux esprit classique français existait bien avant Mitterrand. Ce qui a rendu ce poison plus violent est une dépression de l'intelligence collective suite à la seconde guerre mondiale (2) et la suprématie des énarques qui a empêché l'air d'entrer et d'aérer la poussière sous les crânes d'oeuf.

L'intelligence est un aller-retour permanent entre le réel et l'abstrait. En France, cet échange semble bloqué, on sait encore extraire et ordonner des faits à partir d'une abstraction, mais on ne sait plus faire le chemin inverse, créer un nouveau cadre théorique quand les faits dérangent.

Les symptômes de grave maladie de cette abstraction qu'est l'Etat sont tellement patents que peu songent à les nier.

Mais on préfère parler d'autre chose que de remettre en cause l'idée comme quoi l'Etat serait le gardien de l'intérêt général et toutes ses interventions a priori légitimes.

Etrange et funeste paralysie de l'intellect.

(1) : pour avoir une armée indépendante, il faudrait réformer l'Etat, de manière à augmenter le budget de la défense d'une bonne moitié sans augmenter les impots. On sait bien que ce n'est la priorité ni à droite ni à gauche. Il est donc particulièrement hypocrite de verser des larmes de crocodile sur une indépendance perdue alors qu'on a tout fait pour que se priver des moyens de cette indépendance.

(2) : que Sartre, fasciné par la violence politique, ait pu être un «maitre à penser» laisse songeur.

mardi, avril 01, 2008

Bêtise biologique

L'agriculture dite «biologique» (expliquez moi ce qu'est une agriculture non biologique) est chère, par ses faibles rendements et son caractère aléatoire (1). C'est un caprice réservé à ceux qui ont les moyens de leur paranoïa.

Présenter, à l'occasion de l'actuelle discussion du projet de loi sur les OGMs, une alternative entre les OGMs et l'agriculture réactionnaire comme un choix de société est au mieux une imbécilité, plus probablement une malhonnêteté.

Dans une société libre, il n'y a pas de choix de société, il y a les choix des individus.

Nul besoin qu'on m'impose ou qu'on m'interdise les OGM ou les tomates bio, je suis assez grand pour choisir quand je fais mes courses.

J'en ai marre de tout ce pataquès autour des OGMs fait de fantasmes, de trouille, d'à peu près, d'amalgames douteux, d'analyses partiales et tronquées (2).

Revenons à une pensée rigoureuse (quel beau mot «rigueur», à tort méprisé par nos politiciens) : soit il y a dommages du fait des OGMs et les victimes doivent porter plainte. On verra bien l'issue du procès. Soit il n'y a pas de dommages et pas de victimes, et alors, où est le problème ?

(1) : rappelons que si il n'y avait pas eu l'agriculture ordinaire, nous n'aurions pas de patates aujourd'hui, la dernière récolte «biologique» ayant été désastreuse.

(2) : on touche les limites de la pseudo-démocratie qu'on appelle la «démocratie d'opinion», qui donne la prime au plus bonimenteur, au meilleur agitateur de fantasmes.

Un sondage dit que 78 % des Français souhaitent une interdiction temporaire des OGMs, mais un autre sondage dit qu'ils sont 40 % à penser qu'ils n'absorbent pas de gènes ni d'ADN lorsqu'ils mangent des légumes de leur jardin. Quelle leçon tirez vous du deuxième sondage sur la valeur du premier ?

Demander l'avis des Français sur les OGMs, c'est interroger un car d'aveugles sur la Joconde !