samedi, avril 12, 2008

L'arnaque de la «solidarité entre les générations»

J'entends souvent cet argument, mais là, je l'ai entendu une fois de trop.

Le système de retraite par répartition serait moral, et donc justifié, du fait d'une prétendue «solidarité entre les générations».

C'est une arnaque, un mensonge éhonté.

La solidarité obligatoire, ce n'est pas de la solidarité, c'est de la spoliation.

Je connais la solidarité de Paul avec sa grand-mère, de Pierre avec son père, de Marie avec son vieux voisin, mais la «solidarité entre les générations», je n'ai jamais rencontré cet animal.

D'ailleurs, ça serait une bien étrange solidarité : les baby-boomers au pouvoir, qui ont peu cotisé pour leurs parents, font beaucoup cotiser leurs enfants. Tous les avantages sans les inconvénients, la solidarité à ce prix, je comprends qu'ils adorent (1).

C'est le même genre de solidarité que celle que le voleur demande au volé : «Quoi ? Je "t'emprunte" définitivement ta voiture et tu n'es pas content ? Quel manque de solidarité ! Quel égoïsme !»

Evidemment, un système basé sur des principes aussi mauvais ne peut avoir que des effets pernicieux :

> il compte pour beaucoup dans la sous-capitalisation des entreprises françaises. Ce n'est pas un hasard si les entreprises du CAC40, par l'intermédiaire des fonds de pension, payent la retraite des instituteurs californiens, entre autres. Le système des fonds de pension est fondamentalement sain (2).

> Contrairement à la «solidarité entre les générations» invoquée à tort et à travers, le système de retraite par répartition organise en fait une divergence d'intérêts entre jeunes et vieux et donc une source de fractures et d'oppositions. Beaucoup de jeunes ambitieux s'exilent de France et le système de retraite ne participe pas peu au sentiment de société bloquée.

> Enfin, il a probablement un effet dénataliste, même si il n'a pas été mesuré. En effet, les cotisations retraite étant obligatoires, le choix naturel «Je paye l'éducation de mes enfants d'abord, ma retraite ensuite» est empêché. Et, en nos temps contraceptifs, on ne fait guère plus d'enfants qu'on peut en soutenir.

(1) : on me répondra que beaucoup de baby-boomers aident leurs enfants. Je n'en disconviens pas. N'empêche qu'il s'agit de choix individuels libres. Le système par répartition est lui obligatoire : la situation n'est pas symétrique entre les parents, libres d'aider ou non, et les enfants, forcés de payer.

(2) : une retraite par capitalisation peut être mal organisée. C'est le cas, qu'on nous cite toujours en exemple et même en épouvantail, de ces fonds américains investis en actions de l'employeur, qui font que lorsque l'entreprise fait faillite, on perd sa retraite en même temps que son travail.

Mais une mauvaise modalité ne remet pas en cause le principe : la plupart des fonds de pension sont diversifiés et permettent aux retraités américains de profiter à plein du travail des petits Chinois ... et des petits Français.

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