mardi, octobre 31, 2006

Les marchands de peur

Voici un extrait du journal bien-pensant Le Monde :

Rapport Stern : le coût du réchauffement climatique

Le Royaume-Uni s'est porté en première ligne du combat contre le réchauffement climatique. Au service d'une politique qui se veut résolue, le rapport Stern, publié le 30 octobre, alerte sur les risques d'une récession économique "d'une ampleur catastrophique" que produirait le refus d'une action immédiate et planétaire contre l'effet de serre. L'originalité de ce document de plus de 600 pages, commandé en juillet 2005 par le chancelier de l'Echiquier, Gordon Brown, au chef du service économique du gouvernement britannique, Sir Nicholas Stern, est d'abord d'offrir la première évaluation chiffrée sur les retombées économiques du réchauffement en cas d'inaction.

Ca fout les jetons, n'est-ce pas ? Hé bien, rassurez vous, bonnes gens, c'est un tissu de conneries.

A l'examen, il apparaît que c'est une opération de propagande politique et non un travail scientifique pour deux raisons :

> Tout d'abord, c'est ouvertement une commande politique du gouvernement Blair aux abois.

> Ensuite, le chiffrage a été fait de manière farfelue ou, pour être gentil, très orientée. Peu importe que l'auteur se couvre de l'autorité de son ancienne position à la Banque Mondiale, son calcul ne passerait pas en terminale même avec le niveau lamentable des terminales contemporaines : sont considérées seulement les hypothèses les plus catastrophistes et toute capacité d'adaptation de l'humanité est niée.

Je rappelle pour mémoire que toutes les prédictions malthusiennes catastrophistes, celles du Club de Rome dans les années 70 par exemple, se sont toujours avérées fausses pour la simple raison qu'elles négligeaient les progrès techniques et les merveilleuses capacités d'adaptation de l'humanité. Je ne vois aucune raison pour qu'il en soit autrement pour les catastrophes annoncées à la mode en 2006, ou comme disait un ministre du pétrole saoudien : "De même que l'âge de pierre ne s'est pas arrêté par manque de silex, l'âge du pétrole ne finira pas par manque de pétrole."


Clairement, les gouvernements (et les olibrius qui lui doivent leur notoriété - voir photo) ont redécouvert ces dernières années l'outil politique puissant qu'est la peur et en font un usage immodéré. Deux courants principalement sont basés sur la peur :

> L'écologisme

> le "sécuritarisme" (vous me pardonnerez ce néologisme)

Inutile de demander à qui profite le crime : ces deux courants ont en commun d'accroitre le pouvoir des hommes de l'Etat (plus de lois, de contraintes, de réglements, de contrôles, d'impots). C'est même tout ce qui reste pour légitimer les hommes de l'Etat : en économie, ils sont discrédités (1) ; inefficaces dans le social (1) ; fauteurs de guerre à l'international (1).

Certes, on voit bien ce que tirent les hommes de l'Etat, leurs obligés, réels ou espérés, et leurs partisans, de ces modes, mais pourquoi le citoyen ordinaire qui a tout à y perdre, à commencer par sa liberté, s'y laisse-t'il si facilement assujettir ?

La première cause de cette soumission est évidemment la peur (la deuxième étant que l'amour de la liberté n'est pas universellement, voire majoritairement, partagé). La peur a toujours existé, mais aujourd'hui, au lieu d'être honteuse, elle est assumée, voire revendiquée (un écologiste est avant tout quelqu'un qui se définit par ses peurs). Bien sûr, c'est un des revers au fait d'avoir placé l'hédonisme au-dessus de tout : on n'apprend plus la relativité des choses, on n'apprend plus à maitriser ses désirs et à relativiser sa propre existence. La maitrise de la peur commence par essayer de dompter la peur fondamentale, la peur de la mort. Or, notre société occulte la mort.

La peur sauvage, indomptée, se fait hystérie, on n'est jamais assez bien protégé tant qu'on n'a pas compris que vivre est le risque principal et qu'on ne fait toujours que choisir entre les risques qui en découlent.

On entre alors dans l'irrationnel, ainsi du nucléaire.

Il est impossible de raisonner avec un opposant au nucléaire (je parle d'expérience). Le nucléaire a une histoire, on a du recul : même en comptant Hiroshima, Nagasaki et Tchernobyl, le nombre de victimes du nucléaire est tout fait minime. Pour fournir un point de comparaison, soixante-dix ans de nucléaire ont fait nettement moins de victimes, même en prenant large, dans le monde que l'automobile pendant six mois. On peut donc, en partant de cet historique plutôt rassurant, se dire qu'on saura inventer et mettre en oeuvre les mesures adéquates pour que l'usage du nucléaire demeure sûr.

On attaque en ce moment la dernière partie du cycle de vie d'une installation nucléaire qu'on ne connaissait pas encore : le démantèlement. Il apparaît que, pour une centrale électrique, le coût du démantèlement oscillerait en 10 % et 20 % du coût par kilowatt-heure produit.

Bref, on a des chiffres, des études, des statistiques. Bien loin d'être l'inconnu, le nucléaire est au contraire de mieux en mieux étudié, on cerne mieux ses risques et ses avantages. Mais, évidemment, ce n'est pas le débat rationnel et contradictoire que sous-entendent mes propos que réclament les anti-nucléaires. Sous le nom de débat public sur le nucléaire, ils réclament en réalité une arène, frappée du sceau démocratique légitimant, où leurs peurs puissent s'exprimer et elles seules.


Tout cela me rappelle un épisode de Chapeau melon et bottes de cuir (Ah ! Emma Peel ...) intitulé Les marchands de peur : de riches personnages faisaient l'objet de simulacres d'assassinats, de manière à les terrifier, après quoi on leur demandait une forte rançon afin que le simulacre ne devienne jamais réalité.

Je ne peux m'empêcher de penser aux écolos et "sécuritaires" (2) : on agite des peurs (les OGMs, le nucléaire, le réchauffement climatique, le terrorisme), puis on nous dit : "Si vous voulez éviter ça, il va falloir passer à la caisse. Tout d'abord voter pour nous, ensuite on vous en fera baver des ronds de chapeaux de taxes vertes, de véhicules "propres" hors de prix, de chaudières écolos, de vous rendre au boulot à vélo ou dans des bus bondés qui puent la sueur, des policiers à tous les coins de rue, et en plus, vous nous remercierez."

C'est encore mieux que l'épisode télévisé que j'évoquais. En effet, c'est minable de s'attaquer à quelques millionaires pour de l'argent. Mieux vaut s'attaquer à la population entière pour de l'argent ET du pouvoir. Pourquoi limiter ses ambitions en matière de pourrissement de la vie d'autrui ?

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Bonus : pour ceux que ça intéresse, vous trouverez une critique en règle (et Anglias) du film d'Al Gore :

Al Gore's An Inconvenient Truth: One-sided, Misleading, Exaggerated, Speculative, Wrong

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(1) : il n'y a qu'en France qu'on ne s'en est pas encore aperçu

(2) quoique les menaces terroristes et banlieusardes me semblent nettement plus réelles que les menaces écologistes, le fait que la solution préconisée soit toujours de restreindre nos libertés et d'augmenter les effectifs policiers me semble hautement suspect.

dimanche, octobre 29, 2006

Un autre point de vue sur les émeutes de banlieue

Liberté et sécurité

Comment bien vivre avec les impots

Je discutais avec un ami travailleur indépendant (un sale capitaliste, quoi) et la discussion a dérivé sur les impots. J'ai alors commencé mon discours habituel et passablement aigri que vous connaissez bien : on n'en a pas pour notre argent, Etat pléthorique, inefficace et liberticide, etc.

Il m'est venu alors une révélation, l'ami en question m'a expliqué sa philosophie sur le sujet : il n' attend rien de l'Etat, tout au plus qu'il lui foute la paix, ce qui est déjà beaucoup lui demander ; quant aux impots, il considère que cet argent qu'il a gagné et qu'on lui prend tombe dans un grand trou noir et disparaît, c'est, comme dirait Montaigne, un coup de verge divine.

Quant aux services qu'il pourrait tirer de l'Etat, il préfère s'en passer dans toute la mesure du possible (école privée, médecine privée, etc).

Bref, il méprise.

C'est une vision encore plus noire que la mienne, puisque, si je râle, c'est que je crois, naïvement, qu'il y a encore quelque chose à tirer de l'Etat.

Mais, au fond, je suis bien près de rejoindre son cynisme.

Vous me direz : "Et les pauvres qui n'ont pas les moyens de payer des impots pour de prétendus services et de les payer une deuxième fois au privé ?"

Ma foi, vous êtes bien ignorant de la politique française : les pauvres, on leur paye le RMI pour qu'ils restent tranquilles. A part ça, qui s'en préoccupe vraiment ?

jeudi, octobre 26, 2006

Jugeons populairement, pardon, citoyennement

J'ai entendu tout ce qu'on pouvait dire contre les "jurys citoyens" proposés par la madonne du néo-socialisme. J'ajoute mon grain de sel :

> l'usage du mot "citoyen" comme adjectif signale désormais la gauche bien-pensante, multiculturaliste, "mélangiste", antiraciste, "engagée" et tout et tout. Cet emploi est proche du barbarisme.

De plus, à l'utiliser à tort et à travers, il a perdu tout sens, mis à part celui de signaler l'appartenance à la Vraie Gôche, c'est-à-dire au Souverain Bien. Un vulgaire fauchage, c'est du vandalisme, un Fauchage Citoyen, c'est un acte-de-résistance-contre-la-mondialisation-ultralibérale (à prononcer dans le même souffle avec l'air dégouté du curé évoquant Satan).

De même, Mme Michu pistant les élus, c'est de la démagogie sordide, mais un "jury citoyen", c'est de la haute et noble réconciliation-du-citoyen-avec-la-politique (à prononcer dans le même souffle avec l'air extasié de Bernadette Soubirous évoquant la Sainte Vierge).

> On nous dit que ce genre de choses existe déjà dans les pays scandinaves. Seulement voilà, ces pays sont très conformistes, très collectivistes, à un point qui serait insupportable à nos esprits gaulois. Ces choses appliquées chez nous ne pourraient que conduire à des errements, soit les "jurys populaires" circonvenus par les élus, soit un déchaînement de démagogie.

Tout cela sent très mauvais. Je ne peux m'empêcher d'évoquer Robert Paxton : dans sa somme sur le fascisme, il conclut que si un fascisme devait revenir un jour au pouvoir, il ne prendrait pas la croix gammée, qui désormais fait peur, mais un aspect rassurant et paternaliste comme Hitler a d'une certaine manière rassuré les Allemands. En entendant S. Royal, je me demande quelquefois si au lieu de "aspect paternaliste", il n'aurait pas du écrire "aspect maternant".

Je reconnais qu'aujourd'hui mes craintes sont très excessives, mais j'ai été profondément inquiété par le phrase de SR "pourvu que tout le monde reste à sa place" (voir les messages précédents).

Enfin, certains adeptes de la théorie du complot, ne pouvant envisager que quelqu'un si creux que SR se fasse lui-même, me demandent qui il y a derrière, tirant les ficelles. A mon avis, personne, et c'est encore plus inquiétant

mercredi, octobre 25, 2006

Apprendre à vivre et vaincre ses peurs



Apprendre à vivre ; Vaincre ses peurs : deux titres de Luc Ferry.

Luc Ferry, piètre ministre, mais interlocuteur plaisant, a conseillé aux candidats à la candidature socialiste (quel ridicule, que cette comédie !) de lire les oeuvres complètes de Tocqueville. Sage conseil et saine lecture ; hélas, il est à craindre, sans effets sur nos socialo-marxistes.

Pour ma part, je conseillerai aux lecteurs de Luc Ferry d'aller directement lire Montaigne.

mardi, octobre 24, 2006

Le monologue et la flatterie

J'écoutai récemment une émission de radio, un des intervenants expliquait, avec Ségolène Royal en tête, qu'on sait depuis l'antiquité que le monologue et la flatterie sont deux dangers majeurs pour la démocratie.

Les défauts de Ségolène Royal sont connus de ceux qui veulent bien se renseigner : dilettante, colérique, inexpérimentée à haut niveau, pour ne pas dire incompétente (1).

Pourtant, rien de tout cela n'apparaît sur la scène.

Certains croient, ou feignent de croire, qu'il s'agit là d'une bulle médiatique qui finira bien par éclater. Je n'en suis pas si sûr : par une heureuse conjonction des astres politiques, Ségolène Royal se trouve dans la lumière à un moment où les Français ont envie de changement, de personnes, de génération, de style et, éventuellement, si on ne peut pas faire autrement, d'idées.

Pour les idées de SR, on repassera : c'est du socialisme étatiste normalisateur (j'allais écrire "castrateur", ça n'aurait pas été faux) tout ce qu'il y a de suranné.

Cette réponse, dont je vous certifie l'authenticité et que je vous ai déjà citée, à la question de savoir si elle ne prône pas une société trop controlée : "Non, pourvu que tout le monde reste à sa place." la peint sans aucun doute possible comme la meilleure candidate de l'antilibéralisme.

Bien sûr, les Buffet, Besancenot, Bové et compagnie ne sont pas prêts à le reconnaître, mais c'est une autre histoire.

S. Royal prend sans hésitation, mais avec un brin de dissimulation dans la forme, le drapeau du socialisme le plus archaïque, le plus démenti par l'histoire, le plus condamnable.

Mais les idées ne sont pas la préoccupation principale des Français (Mitterrand aurait dit : "En politique, les amateurs parlent d'idées, les professionnels d'image.")

Pour le reste, au contraire, elle est plutôt novatrice, elle brille par ce qu'elle est, ou paraît être, et non par ce qu'elle fait. Et elle se garde bien de sortir du terrain de l'être pour aller sur celui de l'action, c'est-à-dire de la confrontation avec ses adversaires et la réalité . Elle se sert pour cela de deux armes : le monologue et la flatterie ; le monologue, qui lui évite de redescendre dans l'arène vulgaire du débat ; la flatterie (mes idées sont les vôtres) pour associer une éventuelle attaque contre elle à un crime de lèse-majesté populaire.

Elle y est aidée par les medias, tout au délice de tenir une "belle histoire".

Comme pour les escrocs et pour les prestidigitateurs, l'important pour Ségolène Royal est d'entretenir notre envie d'y croire, de profiter de nos frustrations, de notre vulnérabilité. Il en est de même à quelque degré pour tous politiciens, mais la particularité de la "zapaterreur", c'est que son succès est construit uniquement là-dessus.

Bien sûr, tout cela finira mal, la question est de savoir quand : avant l'investiture socialiste (peu probable) ? Pendant la campagne (plus probable) ? Après les élections, quel qu'en soit le résultat (encore plus probable) ?

Ses adversaires, socialistes ou autre, ont-ils une arme ? Oui, mais ils ont renoncé par avance à l'utiliser : la vérité.

Si on commençait enfin à expliquer aux Français que la mondialisation est une chance autant qu'un risque, que l'Etat maternant est un leurre mortel mais qu'on ne changera pas l'Etat sans l'aide des fonctionnaires, que l'immigration telle quelle est aujourd'hui pratiquée est une folie, que l'école est malade de la démission d'adultes qui ne croient plus au savoir et si, sur tous ces points, on commençait à parler très concrètement, nul doute que la madonne du socialisme et ses idées vagues seraient laminées.

Pour ma part, au jeu des pronostics très hasardeux si loin de l'échéance, je la vois bien élue Président de la République. En effet, je doute de plus en plus que Nicolas Sarkozy sache construire un discours cohérent et honnête (2).

Peut-être faut-il espérer que son instinct de survie politique provoquera chez lui le sursaut salvateur, mais , pour l'instant, son obstination à demeurer ministre de l'intérieur témoigne plutôt d'une courte vue.

(1) : lorsqu'elle était ministre des couches-culottes, elle a quand même sorti de belles conneries.

(2) Pour l'instant, il dit tout et le contraire de tout.

Inquiétante Ségolène

Le peu d'idées qu'exprime Ségolène Royal m'inquiète de plus en plus.

Bien sûr, on peut se gausser en n'y voyant que du vent ; malheureusement, ça ne serait pas la première fois que quelqu'un moqué par ses adversaires pour ses fadaises arrive au pouvoir du fait de ce mépris et, ô surprise, y met en oeuvre ses idées parfaitement dangereuses (exemple extrême : Hitler, mais bien entendu, c'est très loin de la madonne du socialisme).

Ségolène au pays des Soviets

Le Figaro 24/10/2006

La démocratie représentative a vécu : tel est du moins le credo de Ségolène Royal, qui oppose le « tirage au sort » au suffrage ­universel et la « surveillance populaire » au respect des échéances électorales. Bombardez vos dirigeants ! À l'heure d'Internet, il ne saurait y avoir de démocratie que « participative », élaborée dans les ­forums de Porto Alegre, et rodée dans le laboratoire « citoyen » des Charentes et du Poitou.

Réconcilier le peuple avec la politique ? L'objectif n'est pas contestable. Le 21 avril 2002 comme la victoire du non au référendum européen ou les alternances en chaîne témoignent à l'évidence d'un malaise démocratique qu'aucun candidat ne songe à nier. Encore faudrait-il que le remède ne soit pas pire que le mal et que, sous prétexte de lutter contre les « promesses mirobolantes », on ne sacrifie pas à une autre forme de démagogie. En l'occurrence, on comprend l'embarras - palpable - des amis de Mme Royale : son « grand bond en avant » a tout du saut dans l'inconnu.

Juridiquement, l'instauration de jurys populaires pour obliger les élus à « rendre des comptes » est en contradiction avec l'article 27 de la Constitution qui prohibe formellement tout mandat impératif. Broutille, sans doute. Pratiquement, l'idée pose d'innombrables questions. Apaisante, ­Ségolène Royal assure que cette « surveillance » ne s'exercera pas « forcément dans un sens de sanction », ce qui revient à en reconnaître a contrario la possibilité. Sur quelles règles de droit ? Qui présidera ce « tribunal populaire » ? Arnaud Montebourg, en Fouquier-Tinville ? Les jurés tirés au sort pourront-ils de distribuer des blâmes ? Aux dernières nouvelles, il semblerait que non. Les ­politiques « déviants » devront-ils faire leur autocritique sous l'oeil des tricoteuses qui, ­comme chacun sait, sont « les meilleures expertes de ce qu'elles vivent » ? On se perd en conjectures, mais ce qu'on entrevoit n'est guère rassurant.

Et si l'on s'était trompé sur Ségolène Royal ? Parce qu'elle invoque le parrainage de Tony Blair, dont elle a incontestablement retenu les leçons médiatiques, on lui a volontiers fait crédit d'un socialisme moderne, tempéré par un certain conservatisme provincial. Mais, derrière les envolées « participatives » à la sauce altermondialiste, la société qu'elle dessine n'est pas si douce : une France où l'on veut « effrayer les capitalistes », où l'adhésion à un syndicat est obligatoire, ou des comités de base (d'aucuns diraient des soviets) censés refléter la « volonté populaire » imposent leur vigilance au sommet. Rousseau, pas mort.

À moins que... tout ceci ne soit que des mots. À moins que Ségolène Royal, en lançant son pavé, n'ait songé qu'à se tailler un succès facile chez les Français, fort nombreux, qui se défient de la politique ; à moins qu'elle n'ambitionne finalement que de remettre au goût du jour les ultraclassiques « comptes rendus de mandat » avec dossier de presse en quadrichromie. C'est ce que suggèrent certains de ses amis. Mais on a peine à croire que l'inventrice de « l'utopie réalisable » puisse, comme elle en fait procès à d'autres, « basculer dans une certaine forme de populisme » assurément peu productrice « d'intelligence politique ».

dimanche, octobre 22, 2006

La morale de la CGT SNCF

Des guichetiers SNCF ont profité des défauts du système de réservation pour éditer des billets non comptabilisés qu'ils se sont faits payer en liquide.

Le représentant de la CGT a trouvé le moyen de dire que c'est de la faute du patron, le système n'ayant qu'à pas avoir de défauts dont on puisse profiter.

Faut-il que l'idéologie aveugle pour induire à ce point le mépris de la morale !

Un guichetier qui fraude est une fripouille. Est-ce si compliqué à dire ?

Micropolitique (Madsen Pirie)

Cet ouvrage est disponible en ligne au lien suivant : La Micropolitique

C'est un bon résumé de la "théorie des choix publics" et de ses conséquences.

L'auteur récuse la "macropolitique" au profit de la "micropolitique" de la même façon que l'école dite autrichienne considère la macroéconomie comme invalide et fonde ces réflexions sur la microéconomie.

Autrement dit, l'auteur considère que la société est une somme d'individus, ayant leurs intérêts et leurs motivations et qu'en comprenant les individus, on comprend la société.

La "théorie des choix publics" considère l'Etat comme une entité composée d'individus et non comme une entité abstraite.

Elle est remarquable pour expliquer certains traits des Etats et des administrations qui apparaissent comme des défauts récurrents inexplicables si l'on s'en tient à la mystique du service public, qui voit dans l'Etat un outil au service du gouvernement sans considérer les hommes qui sont censés rendre ce service.

Les caractéristiques des employés de l'Etat sont les suivantes :

> Ils sont soumis non au marché mais aux politiciens.

> Ils ont la (relative suivant les pays) sécurité de l'emploi.

> Ils sont payés avec de l'argent (les impots) dont le payeur ne décide ni du montant ni de l'utilisation.

Dans un marché, les choix du consommateur orientent la production : un produit qui ne se vend pas disparaît, un produit qui se vend est multiplié. Notamment, un des avantages du marché est le fractionnement de l'offre donnant une vaste palette de choix (exemples : portables, voitures).

L'Etat n'est pas régulé par le marché, mais par les politiciens. Par quoi sont régulés les politiciens ? Par les élections.

On s'aperçoit alors que l'Etat est en fait régulé par un marché d'un type particulier où la monnaie se compte en voix. Les groupes de pressions achètent des avantages particuliers en échange de leurs voix. Les avantages en question sont payés ensuite par l'impot, obligatoire.

Cette logique est différente de l'économie privée où le consommateur mécontent peut ne pas payer en n'achetant pas.

Première explication d'un phénomème mystérieux : les moteurs de l'action étatique n'étant pas les mêmes que ceux de l'économie privée, il est vain d'essayer d'appliquer au public des recettes issus du privé.

Il ya une dissymétrie : chaque groupe de pression a intérêt à chercher des avantages dont le coût est répercuté sur l'ensemble de la société, c'est-à-dire tout le monde et personne.

Chacun sent ce qu'il gagne à tirer telle ou telle chose d'un élu, mais personne n'est assez motivé pour protester contre les quelques euros que cela représente en supplément d'impot pour chacun ; autrement dit, une minorité motivée a plus de poids qu'une majorité indifférente.

Chacun se sent un intérêt à essayer de faire payer l'Etat à son profit, personne ne sent un intérêt à faire baisser le dépense publique.

Exemple français classique : les subventions agricoles, qui coutent fort cher, à l'avantage d'une minorité. Les agriculteurs sont particulièrement habiles à négocier leur influence électorale.

Nous avons la deuxième explication d'un phénomène mystérieux : le cliquet socialiste, les dépenses de l'Etat augmentent continuellement par l'accumulation de mesures catégorielles.

Or, les fonctionnaires et assimilés constituent eux-mêmes une catégorie très puissante en mesure de réclamer pour soi avec efficacité.

De plus, dans son fonctionnement interne, l'Etat est victime de l'inflation : chaque chef, à son niveau, a intérêt à avoir le plus gros budget et le plus de personnel pour manifester son importance. Comme il n'y a pas la perspective que le consommateur s'enfuit, puisque les impots sont obligatoires, il n'y a aucun frein à cette inflation.

Puisque la contrainte de productivité n'existe pas, rien ne pousse à renouveler les équipements.

On dépensera donc en priorité dans le personnel (je suis important puisque je commande X milliers de bonshommes) plutôt que dans le matériel.

On tient là l'explication d'un troisième phénomème mystérieux : le sureffectif et le sous-équipement de l'Etat.

Quelquefois arrivent des ministres inconscients qui veulent malgré tout serrer la vis. Les technocrates, plus compétents et qui n'ont pas intérêt à cette rigueur (les ministres passent, ils restent), préparent les dossiers. Il faut bien se rendre compte que les ministres proposent des réformes préparées par des fonctionnaires ; tel le vent qui donne une forme courbée aux arbres par son action continue, les technocrates par le contrôle qu'ils ont des informations et des dossiers, empêchent les ministres de prendre des décisions auxquelles ils sont radicalement opposés.

Les hauts fonctionnaires proposent donc aux ministres serreurs de vis de frapper là où ils sont sûrs qu'il y aura un groupe de pression pour bloquer la réforme.

Ainsi, dans l'éducation, on entreprendra de supprimer de préférence des postes d'enseignants, de manière à attirer la protestations des parents d'élèves, plutôt que des postes administratifs ; même phénomène dans les hopitaux.

Exemple extrême : le directeur des douanes américaines, lorqu'on lui a réduit son budget, a commencé par supprimer les équipes de lutte contre le trafic de drogue. La manoeuvre était tellement peu subtile qu'il a été viré.

Deuxième technique connue des technocrates pour combattre une réforme : proposer des coupes budgétaires à structure égale, ce qui bien entendu est condamné à échouer.

C'est l'explication d'un quatrième phénomène mystérieux : la moindre tentative de réduction de budget de l'Etat touche toujours un point sensible.

L'Etat n'étant pas soumis à la pression des choix des consommateur mais de groupes d'intérêt dont les fonctionnaires sont un des plus importants, il vit plus pour ses employés que pour ses usagers.

Un exemple bien connu : les horaires d'ouverture des bureaux et la paperasserie. Quiconque a eu à fournir un dossier à une administration sait bien qu'elle aurait pu se procurer certaines pièces et certaines informations elle-même mais elle préfère faire faire le travail au demandeur.

Autre exemple : la SNCF est d'abord organisée pour la plus grande satisfaction des conducteurs de trains, qui sont plus influents que les usagers-clients.

Dernier exemple : la personnalisation extraordinaire du service lors de la privatisation d'un service public, par le simple fait qu'un "usager" devient un "client", ce qui a contrario révèle l'importance de l'anonymat dans le service public.

Cinquième explication : l'Etat agit d'abord pour lui, c'est-à-dire, uniformément et en gros, c'est plus facile.

Il est donc indéniable que, pour la plupart des services, le privé, en raison de son offre plus diversifiée et de la pression de la concurrence, donne plus de satisfaction que l'Etat (exemple extrême : les gens qui sont prêts à être soignés dans le privé pour fort cher parce que le service y est plus personnalisé que dans le public.) mais la pression conjuguée des lobbies tout à fait rationnels et intelligents empêche l'amélioration. Alors que faire ?

C'est simple mais il fallait y penser : faire en sorte que les groupes de pression susceptibles de bloquer une réforme aient intérêt à cette réforme, les "acheter".

En général, on achète une réforme de long terme avec un avantage de court terme, ou on évite d'affronter ceux qui sont en position de s'opposer en leur conservant leurs avantages anciens et on applique la réforme à des hommes virtuels : les futurs entrants (c'est un système typique d'extinction d'un système de retraite déséquilibré).

C'est exactement là que réside la réussite de Thatcher et Reagan, ils ont su "acheter" les groupes de pression névralgiques (bien sûr, je sais que ce n'est absolument pas la vision qu'on a d'eux en France, mais il y a bien longtemps que le monde anglo-saxon est un écran sur lequel nous projetons nos fantasmes). Par exemple, la grève des mineurs en Grande-Bretagne a échoué pour trois raisons :

> les mineurs se sont vus offrir des conditions de départ très avantageuses, ils n'avaient plus intérêt à s'opposer à la fermeture. Les seuls opposants qui restaient étaient les leaders syndicaux qui, eux, perdaient leur empire.

> une loi est passée pour obliger les grèves à être votées à bulletins secrets : les leaders ont été désavoués.

> les sanctions étaient civiles (amendes) et non pénales : les leaders glissant dans le hors-la-loi n'ont pas pu se présenter comme des martyrs.

Autre exemple : pour éteindre les loyers publics préférentiels, on a proposé aux locataires d'acheter leurs appartements 20 à 40 % en-dessous du cours du marché.

Exemple français : la privatisation d'EDF a été réussie en attribuant des actions à des conditions très avantageuses pour les employés.

Cette technique micropolitique a deux inconvénients :

> elle a un coût élevé puisqu'il faut acheter d'une manière ou d'une autre les opposants, mais elle est moins couteuse que le cliquet socialiste.

> elle nécessite une grosse préparation dans les moindres détails, on ne peut s'en tenir aux généralités. Il faut savoir qui va s'opposer à quelle réforme, comment, pourquoi et imaginer en conséquence un moyen d' "acheter" l'opposition. Or, il faut appliquer ces réformes très vite à l'arrivée au pouvoir (les fameux "cent jours"), c'est-à-dire que la réflexion, très détaillée et très technique, doit avoir commencé bien avant, durant la campagne électorale au minimum.

Cette technique renforce mon idée que les fonctionnaires auraient à gagner à une vraie réforme de l'Etat, pas tous la même chose, pas tous suivant les mêmes modalités, mais tous seraient "achetés" d'une manière ou d'une autre.

Cela explique les différences entre les politiques et les conseilleurs (médiatiques, intellectuels, etc.) sur laquelle insistait Raymond Aron : tout le savoir-faire de la politique est dans la manière de faire passer les décisions.

Revenons aux élections présidentielles françaises de 2007 à la lumière de la micropolitique :

> Non seulement les socialistes ne s'intéressent pas à la micropolitique, mais, même au niveau macropolitique, leur discours est idiot et déconnecté de la réalité.

> Quant à Sarkozy, il semble avoir mieux compris cette nécessité de la micropolitique, mais pas au point de monter dès aujourd'hui de véritables équipes de réflexion.

Il faut dire que pour la mentalité française, qui voit dans l'Etat le "garant de l'intérêt général" et non un rouage parmi d'autres de la société, l'approche micro-politique est particulièrement déroutante.

Pour caricaturer, le discours français est :

> Je suis élu, je travaille pour l'intérêt général, donc ceux qui s'opposent à mes réformes sont des salauds égoïstes que je dois écraser (et qui finissent en général par me faire reculer !).

Le discours micropolitique est :

> Je suis élu, mes réformes sont bonnes pour le plus grand nombre, mais certains vont y perdre, il est légitime qu'ils s'opposent à la réforme en question, il faut les acheter.

Vous reconnaissez dans la micropolitique un fond de raisonnement très anglo-saxon qui fait douter au premier abord de son succès en France. Mais comme, d'autre part, personne n'est obligé d'être con, il ne faut pas désespérer.

samedi, octobre 21, 2006

La chronique de Pierre Marcabru dans Le Figaro : A-t-on encore le droit d'oublier

Je me suis contenté de mettre en valeur les passages les plus significatifs .

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En un temps où le devoir de mémoire est infligé à tous, a-t-on encore le droit d'oublier ? L'oubli fit pendant des siècles le bonheur des hommes, ce fut une consolation et une échappatoire, un ultime recours lorsque le malheur ou le remords pèsent et qu'il n'y a point d'autres ressources que de fermer les yeux et de penser à autre chose. L'oubli nous rend au présent. Et vivre, c'est d'abord oublier. Imaginez un homme qui n'oublierait rien, qui se souviendrait de toutes les avanies dont il a souffert, de toutes les mauvaises actions qu'il a accomplies, de toutes les joies qu'il a perdues, un homme qui vivrait dans un éternel passé, se remémorant sans cesse ce qui fut, cet homme serait un monstre d'inhumanité, et le ressentiment, la nostalgie, le désespoir, le regret, la honte le mèneraient vite à la folie.

On ne peut exister qu'en effaçant beaucoup de ce qu'on a vécu, pour le meilleur comme pour le pire, sinon on serait asphyxié par son passé. Il s'agit de retrouver une innocence sans quoi rien n'est possible. Il faut bien, un jour ou l'autre, boire l'eau du Léthé. Passer son temps à se souvenir, c'est déjà être mort. Il y a des peuples morts comme il y a des langues mortes, ils ne subsistent que par ce qu'ils ont été. Ce sont des ombres de peuples que seule leur histoire rend encore visibles, ils n'ont plus de présent. Absurde rêverie donc que de vouloir rappeler aux peuples leur passé pour pouvoir les juger, les condamner, et exiger d'eux repentance.

Sous l'oeil étonné de l'Europe, le Parlement français, qui semble s'être instauré en tribunal de l'Histoire, a donc décidé que nous n'aurions plus le droit de discuter, commenter, examiner le génocide des Arméniens par les Turcs, et plus encore de porter un jugement, cela étant laissé au reste du monde. Bref, le Parlement français a décidé d'interdire aux enfants que nous sommes de réfléchir sur un sujet qui n'est ni de notre compétence ni de notre âge. Certes, nous avons toujours la liberté de penser à condition que nous ne communiquions ni ne diffusions notre pensée.

Curieusement, cette loi, proprement stalinienne, qui relève de notre goût morbide de la remontrance, ne semble pas avoir déclenché le tollé qu'elle mérite. Seuls quelques historiens ont froncé les sourcils. Il s'agit pourtant d'une atteinte à la liberté de penser par un pouvoir exécutif aux réactions à la fois irresponsables, irréfléchies et passionnelles. Certes, et peu le contesteront, sauf les Turcs, les Arméniens ont bien été, pendant la Première Guerre mondiale, victimes d'un génocide, mais ce n'est pas une raison pour interdire, en France, à quiconque de le contester ou de tenter d'en éclaircir la nature et la forme. C'est permettre, on l'a vu pour l'esclavage, à chaque groupe de pression, même le mieux intentionné du monde, de mettre son veto à toute recherche historique. Nous voilà coupables d'essayer de comprendre, ce qui n'est pas excuser.

Si nous sommes souvent responsables de nos enfants, nous ne sommes pas responsables de nos pères. On demande aux Turcs, qui sont un peuple fier, de nous dire que leurs pères ont commis un crime abominable, et de prendre ce crime en charge, de le faire leur et de, aux yeux de tous, battre leur coulpe. Et cela, on le leur demande de l'étranger, d'une façon comminatoire, alors que c'est à eux, pour que leur repentir ait un sens, d'en décider.

Si les Allemands se sont sentis responsables de la Shoah, c'est qu'ils ont su au fond d'eux-mêmes, et individuellement, en reconnaître l'horreur sanglante. C'est de l'Allemagne même qu'est née la conscience intime, et en chacun, de la responsabilité allemande. C'est donc d'abord aux Turcs, et à leurs gouvernants, de dissiper un aveuglement qui tient de l'orgueil national et de l'obstination populaire. Il est à craindre que la décision du Parlement français ne facilite pas la tâche des hommes de bonne volonté qui, en Turquie, essaient de sortir leurs concitoyens de cet aveuglement confortable. Ne nous faisons pas d'illusions, une fois admis, reconnu, célébré en quelque cérémonie expiatoire, le massacre des Arméniens n'empêchera aucun Turc de dormir. Et cela ne changera rien à leur vie, leurs moeurs, leurs passions et leurs idées. Pas plus que le souvenir de la rafle du Vél'd'Hiv et l'évocation de la torture en Algérie n'ont changé celles des Français.

L a repentance, surtout nationale, est toujours accommodante, elle nous permet d'ignorer ce que nous faisons en nous rappelant, et en déplorant, ce que nos pères, avant nous, ont fait. Le racisme d'hier nous permet, par exemple, d'occulter notre propre racisme, et de nous en décharger par quelques commémorations officielles qui fustigent les générations qui nous ont précédés. Nous sommes très doués pour faire des remontrances aux morts ou aux étrangers qui sont souvent, par l'éloignement, comme des morts. Il y a là tout un théâtre où les larmes de crocodile abondent, et qui, par son tragique monter en épingle, est une catharsis. Nous en sortons revigorés. Voici, pour un temps, les portes de l'oubli qui s'ouvrent, et nous entrons honteusement dans son vert paradis.

Entendons-nous, tout est mémoire jusque dans l'oubli, et les peuples et les hommes ont besoin, pour être, de se souvenir de ce qu'ils furent. Mais la mémoire ne saurait nous étouffer et nous réduire. Il faut, pour survivre, se détacher du passé pour pouvoir s'occuper du présent, c'est-à-dire exister. Il est bon, parfois, de brûler l'héritage. Oublier n'est pas toujours refoulement, mais sauvegarde.

vendredi, octobre 20, 2006

L'agonie de l'euro a-t-elle commencé aujourd'hui ?

Une alternative aux chèques-éducation

Dans un livre de l'Institut Turgot, je trouve une alternative aux chèques-éducation, décomposée en trois mesures, chacune plus facile à faire passer, mais qui, mises ensemble, aboutissent à un système comparable au chèque-éducation :

1) On donne aux parents liberté complète du choix de l'école.

2) L'Etat calcule le budget des écoles en multipliant le nombre d'élèves par une somme fixe, valable nationalement.

3) Les écoles sont gérées de manière autonome.

Les parents mettront leurs enfants dans les écoles à bonne réputation, qui auront plus d'élèves et donc plus de budget. Les écoles délaissées auront la liberté de s choisir une padagogie plus attirante.

Ségolène Royal : "Que des conneries"

Ségolène Royal : "Que des conneries !". C'est du moins le contenu du petit papier que Michel Rocard a fait passer aux partisans de DSK pendant le "débat" socialiste.

Que n'a-t-il étendu cette critique à l'ensemble du projet socialiste !

La critique la plus pertinente vient d'un socialiste, certes très minoritaire, Jean-Marie Bockel : "A qualifier tout libéralisme d'ultralibéralisme, nous nous condamnons à ne pas comprendre le monde tel qu'il est et à rester dans l'impuissance et dans l'incantation."

On remarquera de plus que le discours de la madonne du socialisme "Vos idées sont les miennes" est strictement le même que celui de Le Pen !

jeudi, octobre 19, 2006

Archéologie socialiste

Je ne saurais mieux dire.

Archéologie socialiste

L'éditorial d'Yves de Kerdreldans Le Figaro.

Publié le 19 octobre 2006

Le premier des débats, qui a réuni les trois prétendants à la candidature socialiste pour les élections présidentielles, restera à coup sûr comme un morceau d'anthologie. Pas tant parce qu'il s'agissait d'un exercice inédit. Pas tant non plus parce que ces trois personnalités étaient davantage côte à côte que face à face ; ce qui est une situation incongrue pour un débat. Mais plutôt parce qu'ils ont tous les trois réussi l'exploit de parler pendant près de deux heures d'économie et de social sans jamais parler de « l'entreprise ». Comme s'il s'agissait d'un tabou, voire d'une vulgarité, qui les aurait d'emblée disqualifiés.

De la même manière que Paul Valéry a fait un remarquable discours de réception à l'Académie française, sans citer une seule fois le nom d'Anatole France, son prédécesseur, les trois édiles de la rue de Solferino ont préféré aligner les lieux communs pour l'un, les promesses démagogiques pour l'autre et les formules ésotériques pour la troisième plutôt que de parler de création de richesse, de profit, et de participation, ou bien de recherche et développement, d'innovation et d'économie de la connaissance.

Il n'y avait pas de minute, et de phrases, sans que l'État soit mis à toutes les sauces. Comme si l'économie et le social fonctionnaient grâce à un puissant levier installé à l'Élysée ou à Matignon. Comme si on se trouvait revenu des dizaines d'années en arrière, à l'époque où le prix de la baguette était fixé par le ministre de l'Économie, où le crédit était contrôlé et où les échanges de devises étaient réglementés. Les trois intervenants souhaitent tous incarner une forme de relève à gauche. Mais, à les entendre, on pourrait croire que l'économie française peut vivre en ignorant la mondialisation, comme certains imaginaient, il y a quelques années, que le nuage de Tchernobyl contournerait les frontières de l'Hexagone.

Bien sûr, on n'attendait pas d'eux qu'ils fassent de la surenchère libérale, ou qu'ils cherchent à draguer des voix à droite, alors que leur préoccupation du moment vise seulement à s'attirer la sympathie des militants socialistes. Bien sûr, ils savent mieux que quiconque que dans un pays où seulement un tiers de la population accepte la notion d'économie de marché - contre deux tiers en Chine - cela ne pouvait pas leur apporter grand-chose de faire l'éloge des entreprises qui se battent, qui gagnent, qui embauchent, et qui se développent.

Ce n'était pas une raison, pour autant, de laisser croire que l'État est au coeur de ce qui touche à l'économique. Il faut d'ailleurs reconnaître à Dominique Strauss-Kahn le mérite d'avoir fait l'éloge du contrat dans le domaine social, seule parenthèse de réalisme perdue dans un grand morceau d'archéologie socialiste.

L'économiste Keynes, au lait duquel les trois candidats à la candidature socialiste ont été élevés, affirmait à juste titre que « la difficulté n'est pas de comprendre les idées nouvelles, mais d'échapper aux idées anciennes ». Le débat de mardi soir a montré qu'en matière économique les socialistes étaient comme les émigrés de retour en France en 1814 : ils n'avaient rien appris et rien oublié.

mercredi, octobre 18, 2006

Le progrès et ses ennemis (G. Sorman)

Guy Sorman démontre en long, en large et en travers que l'écologisme moderne est irrationnel.

Il y a des problèmes écologiques, mais la résolution rationnelle et réfléchie de ceux-ci ne fait absolument pas partie des soucis des écologistes.

Deux exemples :

> On ne peut pas être inquiet de l'hypothétique réchauffement climatique et en même temps refuser absolument OGMs et nucléaire ; en effet, ceux-ci sont une solution (partielle certes) à celui-là. Il y a dans ce refus radical une contradiction logique évidente.

> Autre exemple : le trop célèbre principe des précaution, qui stipule qu'on doit se protéger d'un risque qu'on ne peut pas évaluer. Ceci crée une situation absurde : comment en effet prendre une décision sans mesure des risques, des coûts et des bénéfices ; sachant que ne rien faire présente aussi des risques ?

Exemple maintenant fameux : le DDT présente des risques, mais quand on l'a supprimé sous la pression conjuguée d'OGMs irresponsables (au sens propre du terme : elles ne rendent de comptes qu'à elles-mêmes) et de l'industrie qui avait des produits plus chers à vendre, on s'est aperçu que le taux de malaria augmentait de manière dramatique.

Quel écologiste a-t-il été condamné pour les milliers de morts ainsi provoquées ?

Le raisonnement rationnel consiste à considérer le progrès comme un moindre mal : il a des inconvénients et des riques mesurés, qu'on compare aux avantages mesurés et on choisit.

Pourquoi les écologistes refusent-ils cette logique ?

> Il y a un retour au culte païen de Mère Nature, qui serait bonne par essence et souillée par l'industrie humaine.

C'est surtout un culte de citadins et de néo-ruraux ; n'importe qui ayant une culure rurale sait que la nature peut être terrible et que c'est l'objet de l'industrie humaine que de la maîtriser. On nous tympanise les oreilles de la "malbouffe" en oubliant que nos ancêtres qui mangeaient tout ce qu'il y a de "bio" n'étaient pas si bien nourris que nous.

> L'enjeu est le pouvoir : la question de l'écologie est un moyen pour les Etats discrédités dans le domaine économique de faire un retour fracassant. Le gouvernement suédois interdit non seulement les constructions de centrales nucléaires mais aussi l'étude d'amélioration de centrales existantes (ce qui, au passage, oblige à importer de l'électricité nucléaire de Russie. Absurde !) Quel gouvernement n'a pas rêvé d'interdire non seulement les actes, mais aussi les études et les pensées sur un certain sujet ? Que sont les José Bové, Al Gore, Jacques Chirac, sinon des étatistes avides de pouvoir (1) ?

Enfin, Sorman visite quelques penseurs écologistes qui estiment le plus sérieusement du monde que l'humanité doit retourner à l'âge de pierre, quitte à user de violence pour cela.

Je pense que A. Finkielkraut, qui a souvent dit que l'anti-racisme serait le communisme du XXIème siècle, s'est trompé : c'est l'écologisme qui reprend cette fonction d'utopie, chargée à la fois de condamner le monde existant et de faire miroiter un monde meilleur, à imposer par la force si besoin, et pour le bonheur du plus grand nombre bien entendu.


(1) : Sorman cite un texte de Himmler de 1940 sur la "malbouffe" assez marrant qui aurait pu être signé de Bové ; non pas pour dire que Bové est un nazi, mais pour souligner la permanence du raisonnement totalitaire.

lundi, octobre 16, 2006

Airbus entre deux capitalismes

Je vous ai copié un extrait du blog de Guy Sorman, qui corrobore ce que je vous disais il y a deux semaines sur Airbus.

A cela, j'ajoute quelques remarques :

> Boeing est certes subventionné, mais l'Etat américain s'abstient absolument d'intervenir dans sa gestion.

> les organisations naissent, grandissent et meurent, mais il est rarissime qu'elles se réforment, il y a donc tout lieu d'être pessimiste pour Airbus. La démission de C. Streiff vient renforcer ce pessimisme.

> La chance d'Airbus, probablement la seule raison véritable d'espérer, est que les compagnies aériennes ne pourront tolérer un monopole de Boeing et que l'émergence d'un véritable concurrent du duopole actuel, qu'il soit brésilien, russe ou chinois prendra du temps. Mais la nature a horreur du vide et si la langueur d'Airbus se prolongeait (à l'échelle du temps aéronautique, dix ans), nul doute que cela lui serait fatal.

> Enfin, il n'y a de richesses que d'hommes et ça peut aussi être une chance pour Airbus, même si elle est plus difficile à évaluer.

> La statistique sur le travailleur américain plus heureux de son sort que le travailleur français renvoie à notre société à deux vitesses : les protégés, fonctionnaires et employés de grosses boites, n'ont guère de raison de se plaindre, mais les exposés ? Un employé de PME a autant de risque qu'un américain de perdre son travail sauf qu'il n'a pratiquement aucune chance d'en retrouver un rapidement, contrairement à ce dernier. L'ultra-protection des uns génère l'ultra-exposition des autres, et ça n'a que bien peu de à voir avec l'ultra-libéralisme !


Airbus entre deux capitalismes

À suivre Edmund Phelps, Professeur à Columbia, New York , qui vient de recevoir le Prix Nobel d’économie, l’Europe continentale et les Etats-Unis ne vivent pas dans le même système économique ; le terme trop général, selon lui, d’économie de marché, recouvre des marchandises différentes. Le capitalisme américain et la social-démocratie franco-germano-italienne obéissent, le premier à une logique financière, le second à une logique sociale.

Aux Etats-Unis, le profit détermine la survie ou la disparition d’une entreprise ; en Europe, l’entreprise doit survivre parce qu’elle procure des emplois, qu’elle soit profitable ou pas. Nul ne conteste l’efficacité globalement supérieure du capitalisme américain sur la croissance et l’innovation. Mais quel système est le plus moral ? Phelps, se fondant sur des études d’opinions transatlantiques homogènes , conclut à la supériorité morale du capitalisme financier américain : les salariés américains seraient globalement plus satisfaits de leur travail que les Européens . Tout en reconnaissant le caractère précaire de leur situation. À quoi tient ce paradoxe ? Au sentiment, aux Etats-Unis, de participer à une grande aventure individuelle et collective : on perd son job mais on en retrouve un .

Bon, les freudo-marxistes en déduiront que les travailleurs américains sont aliénés.

À la lumière de Phelps, on peut comparer Boeing et Airbus, capitalisme financier contre capitalisme social.

Jusqu’ici, Airbus, création publique à l’origine, a produit des avions, des emplois mais pas des profits. Mais Airbus pourra-t-il affronter le défi de la mondialisation et de l’innovation [les profits sont absolument indispensables pour financer l'innovation]? À suivre Phelps, la réponse est non : Airbus est plombé par la politique et la diplomatie .

Diagnostic que partagent apparemment ses actionnaires et ses dirigeants. Pour survivre, Airbus doit donc passer du capitalisme social au capitalisme financier : changer de logique économique sans changer de continent ? Si Airbus y parvient, il conviendra que Phelps renonce à son prix Nobel.

Guy Sorman

L'Etat, prêt à tout et bon à rien : sempiternel feuilleton

Un ministre s'attaque enfin à un drame national : Jean-François Copé veut "relancer" les flippers et les baby-foots dans les bistros.

Les députés votent une loi sur le génocide arménien limitant encore un peu plus la liberté d'expression et donc de pensée.

Pendant ce temps, les syndicats policiers nous expliquent que les violences de banlieue sont de plus en plus violentes et qu'on sent des tentatives de meurtre.

Il n'y a pas à dire : l'Etat, notre Big Mother à tous, sait, lui, ce qui est important.

dimanche, octobre 08, 2006

Le chantage par la grève de la faim

La grève de la faim bénéficie, par sa non-violence, d'une aura favorable. Ca n'en demeure pas moins un chantage, ce qui dans une dictature peut se comprendre, beaucoup moins dans une démocratie.

La grève de la faim du député Delassalle était tout simplement ridicule.

La grève de la faim des squatteurs de Cachan a abouti à une "victoire" qui est pourtant une négation de la loi. C'est étonnant que Sarko, qui est censé d'après sa légende, "parler vrai", oublie de faire remarquer cette vérité élémentaire.

A quand la grève de la faim du voleur à la tire pour obtenir une réduction de peine ? C'est moins photogénique que des pauvres noirs sans un penny, pourtant c'est la même logique.

Alors, comment faire ?

Une piste : lorsque Bobby Sands et des membres de l'IRA faisaient une grève de la faim dont ils ont fini par mourir, on avait interrogé Margaret Thatcher : "Que faites vous pour eux ?", elle avait répondu : "Je fais mon devoir : je leur présente trois repas par jour."

Quand la loi et le gouvernement sont légitimes, ils ne courent pas derrière l'opinion et ne cèdent pas au chantage. C'est bien parce que le gouvernement de la France est confisquée par une côterie (de gauche, de droite, parfois ; technocrates toujours) qu'il perd sa légitimité et chancelle au moindre vent.

samedi, octobre 07, 2006

Ségolène Royal "est de droite"... selon Pierre Bourdieu

Selon une video diffusée post-mortem, Pierre Bourdieu estimait Ségolène Royal de droite.

Ségolène Royal "est de droite"... selon Pierre Bourdieu

Il a cette phrase fantastique qui révèle toute l'intelligence de l'énergumène : "Elle a ce que j'appelle un habitus, une manière d'être, de parler qui vous dit qu'elle est de droite, même si elle tient des propos de gauche." Ca, c'est de l'argument !

En français, ça veut dire : "Peu importe ce qu'elle dit, puisque moi, Bourdieu, j'estime quelle est de droite, c'est qu'elle est de droite." Le degré zéro de l'analyse, mais de la baudruche Bourdieu, pouvait-on attendre autre chose ?

Vous savez que des cons pareils finiraient par me rendre la madonne du gauchisme sympathique ?

Puisqu'on en est à faire parler les morts, j'imagine l'éclat de rire de Philippe Muray.

vendredi, octobre 06, 2006

Intifada française

2 500 policiers sont blessés tous les ans dans les "banlieues chaudes" soit 7 par jour. C'est ce q'on appelle un conflit de très basse intensité, mais un conflit tout de même.

Le retour de l'intifada française

EADS : ne dramatisons pas, c'est juste une catastrophe


Vous me voyez venir avec mes gros sabots, je ne peux pas m'empêcher de mettre le doigt là où ça fait mal : ce qui plombe EADS, c'est le "patriotisme économique" des deux cotés du Rhin, au point que des décisions et des structures sont industriellement et économiquement irrationelles.

Si EADS avait été une méchante boite capitaliste seulement à la recherche de l'affreux profit, elle se porterait sans doute mieux aujourd'hui. EADS a souffert de n'être ni chèvre ni chou.

Deux bonnes nouvelles :

> le retard de deux ans de l'A380 n'est pas extraordinaire, il ramène juste le programme a un calendrier plus réaliste, ce qu'il avait cessé d'être du fait de la vendetta chiraco-forgeardienne.

> l'A400M, l'avion de transport militaire, semble à peu près épargné par les gros problèmes.

Les mauvaises nouvelles :

> beaucoup plus grave pour l'A380 : il ne rencontre pas le succès commercial espéré, il y a eu une erreur d'analyse de marché. C'est Boeing avec son Dreamliner qui a raison.

> l'A350, digne concurrent du Dreamliner, est dans la panade, les ressources d'Airbus ayant été monopolisées par le choix moins judicieux de l'A380 (dont je considérais le lancement indispensable, mea culpa).

> surtout, la très mauvaise nouvelle : les pressions politiques ne paraissent pas se relâcher, chasser le naturel chauvin, il revient au galop.

Si les leçons des problèmes actuels ne sont pas tirées, ils reviendront, en plus fort et en plus grave, jusqu'à ce que mort s'ensuive (ne pas s'endormir dans la fausse sécurité de "too big to fall" : dans quelques années, les gouvernements qui sabotent aujourd'hui EADS par leurs ingérences seront trop étranglés financièrement par les retraites pour pouvoir sauver EADS d'un démantèlement).

J'ai un point d'accord avec la CGT, c'est si rare que ça mérite d'être signalé : il ne faut pas compter que sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre.

Or, seul Christian Streiff est une nouvelle tête ; Louis Gallois et Tom Enders font partie de "ceux qui ont créé les problèmes".

Enfin, pour conclure, un élément toout de même fondamentalement rassurant : les compagnies aériennes n'ont pas intérêt à ce que Boeing devienne trop dominant

NB : je peux me permettre d'être si brutal sur l'avenir d'Airbus car ça fait plus d'un an que, à la simple lecture de la presse ouverte, j'avais des doutes très sérieux sur la santé de l'entreprise et la sincérité des annonces (je produirais des témoins si besoin). Je m'étais abstenu de l'étaler sur mon blog mais le brouillon de ce message était en stock depuis six mois.

jeudi, octobre 05, 2006

Sartre et Bourdieu

Le Monde des Livres s'interroge sur le fait de savoir pourquoi les intellectuels ont perdu de l'influence en comparaison de l' époque ... de Sartre et de Bourdieu.

C'est bizarre : la réponse est dans la question !

> Sartre a appliqué systématiquement son intelligence et sa rhétorique à justifier son goût pour les tyrannies exotiques. Niant l'évidence, prenant les bourreaux pour les victimes et les victimes pour les bourreaux, il a mérité un mépris d'autant plus fort, qu'il convient d'être plus sévère avec ceux qui ont mésusé d'un plus grand talent.

> Bourdieu a raconté des calembredaines partisanes sous le couvert d'un jargonage pseudo-scientifique pédant, niant lui aussi l'évidence : il a contesté l'existence de l'ascenceur social scolaire au moment où il était le plus fort ; mélange d'incompétence, de mauvaise foi et de malhonnêteté.

Sartre et Bourdieu : deux solides raisons de se méfier des intellectuels. Et le Monde des Livres de s'interroger bien inutilement ...

A cette brochette de faux-monnayeurs (en petites coupures) de l'intelligence, il suffisait d'ajouter Lacan pour que le ridicule soit complet.

La bataille des méthodes de lecture n'est pas gagnée !

Un seul commentaire : où est l'école privé hors contrat la plus proche de mon domicile ?

7 % DES ENSEIGNANTS DE COURS PRÉPARATOIRE (CP) DISENT UTILISER UNE MÉTHODE "PUREMENT SYLLABIQUE", selon un sondage réalisé par l'Ifop sur un échantillon de 403 enseignants en septembre 2006 pour SOS-Education.

76 % DISENT UTILISER UNE MÉTHODE SYLLABIQUE "mais seulement en partie" [je rappelle pour éclairer le débat que les "méthodes "à départ global" sont des méthodes globales déguisées, toute la question étant justement concentrée dans le départ], 16 % une autre méthode.

LES MANUELS LES PLUS UTILISÉS par les enseignants de CP sont ceux qui combinent méthodes globale et syllabique. En tête, trois ouvrages publiés chez Hatier : Ribambelle est utilisé par 10 % d'entre eux, Ratus et ses amis par 8 %, Abracadalire par 7 %. Léo et Léa (Belin), fondé sur la méthode syllabique, est utilisé par seulement 2 % des enseignants interrogés.

Autre chose sur le même sujet (l'annulation d'un séminaire par un formateur "globaliste") :

Le principal syndicat des inspecteurs de l'éducation nationale (SIEN-UNSA) est même sorti de sa réserve, dénonçant "une guerre contre l'intelligence".

Toujours cette sempiternelle et bouffone prétention de la gauche à incarner "l'intelligence". Ne pas être d'accord avec l'UNSA, s'y opposer, c'est être con. Une seule opinion a de la valeur, si ça c'est pas du totalitarisme ...

Heureusement, les Français sont plus lucides, ils ont compris : ils votent Le Pen. (1)

(1) : je précise que cette dernière phrase est ironique, on ne sait jamais, avec tous les mal-comprenants qui trainent sur internet.

«Affaire Redeker» : en démocratie, le débat ne se contrôle pas

«Affaire Redeker» : en démocratie, le débat ne se contrôle pas, par Chantal Delsol (Philosophe, spécialiste de philosophie politique, professeur à l'université de Marne-la-Vallée)

Publié dans Le Figaro

Dans la France de 2006, où l'on récuse la différence des cultures au point de mettre Huntington au ban des nations, un intellectuel est l'objet d'une fatwa. L'affaire Redeker est suffisamment grave pour que la police lui ait conseillé de changer de domicile chaque soir. La fatwa elle-même confirme ce qu'elle infirme. C'est le procédé le plus violent qu'on puisse imaginer. Nous sommes replongés dans les siècles obscurs.

Je suis chrétienne. Je souffre quand je vois des images ridiculisant le Christ sur la croix, et de façon parfois plus que grotesque, perverse, bafouant et raillant sa chasteté, ajoutant les uns sur les autres des symboles caricaturaux. Je suis étonnée de voir alors autour de moi si peu d'indignation. Pour autant je n'irai pas cracher sur les auteurs de ces facéties misérables, même pas cracher, et je dirais très honnêtement que je ne les déteste pas. C'est ce que ma religion m'a appris. Car il y a des religions qui se comportent ainsi. La première honnêteté serait d'ouvrir les yeux sur cette évidence. Le Christ, refusant de devenir un chef terrestre («Mon royaume n'est
pas de ce monde »), ouvre la porte aux non-violents d'aujourd'hui, qui d'ailleurs se réfèrent à lui.

Il refuse de jeter la pierre à la femme adultère, ce qui était pourtant la coutume de l'époque ; il accepte la situation dramatique de victime expiatoire, et pardonne d'avance à ses agresseurs.

À force de nous cacher volontairement sous le voile du mensonge, d'affirmer qu'il pleut quand on nous crache à la figure, notre peuple de couards finira par faire volontairement tout ce qu'il ne veut pas. Il s'autocensurera de plus en plus, gommant volontairement la liberté de penser, et sera un jour ou l'autre enjoint de vivre à l'encontre de ses propres convictions, à force d'avoir refusé de les défendre. Dans certaines banlieues, dans certaines écoles, ce renoncement a déjà commencé.

Alors que l'on amalgame si fréquemment l'Église à son Inquisition (très ancienne et clairement récusée par les instances catholiques d'aujourd'hui), on nous explique qu'un comportement comme la fatwa ne concerne que quelques personnes auxquelles il ne faudrait pas réduire l'islam en son entier. J'en conviens, naturellement. Mais alors je m'étonne de ne pas voir les autorités musulmanes de notre pays s'indigner les premières et voler au secours du banni. Il y a des silences qui sont des acquiescements.

Nous avons sur notre sol une querelle de cultures qui peut se terminer en guerre sanglante si nous continuons de récuser l'évidence de la différence. Tenir l'autre pour le même, comme nous le faisons constamment, c'est perdre les chances de pouvoir lui parler, et laisser venir tout doucement le moment de cette « guerre des civilisations » dont nous ne voulons pas. L'accepter différent, c'est enclencher déjà un processus de parole par lequel seulement nous pourrons tenter de vivre ensemble sans heurts dans la même société. Mais pour cela, il faut laisser la parole ouverte. Et un débat dans une démocratie ne se contrôle pas. Si l'on peut parler de la différence, il y aura des excès de langage. Il y aura aussi des discours sereins qui mettront en conflit les interprétations.

Je suis bouleversée de voir un certain nombre de mes compatriotes, et certains parmi les plus haut placés, laisser entendre avec perfidie que Redeker a mérité ce qui lui arrive [De Robien sur ce coup m'a énormément déçu]. Cela signifie tout simplement qu'ils ont déjà admis la légitimité de la procédure de fatwa. Et que, tremblants de peur, ils finissent par donner raison aux ordonnateurs du ban, afin de ne pas être les prochains sur la liste. Et je ris en pensant que les mêmes nous donnent à longueur de journée des leçons de résistance à propos d'une guerre vieille d'un demi-siècle, où leurs comportements présents montrent bien qu'ils auraient couru, de trouille, pour approuver servilement les envahisseurs de l'époque.

Je dirai enfin que Redeker est un converti. À ce titre il déborde de ferveur et il peut avoir le verbe excessif. Je mesure cela à l'aune de notre différence : ayant grandi et vieilli dans les convictions qui sont les miennes depuis toujours, avec les changements normaux qui s'opèrent chez tout individu qui tente de réfléchir, j'ai vécu dans la marginalité que m'imposait mon anticonformisme, et je sais que dans cette situation, on défend son point de vue grâce à de grands efforts de formalisation. Ce qui est difficile si l'on ne veut pas en même temps « mettre son drapeau dans sa poche ».

La nécessité de cet exercice paradoxal et compliqué a évidemment échappé à bien des convertis, tous ceux que l'on a appelés les « nouveaux réactionnaires », et c'est pourquoi, par exemple, Alain Finkielkraut s'est fait prendre récemment la main dans le sac de sa ferveur militante, dépourvue de toute prudence. Je n'aurais certes pas écrit ce qu'a écrit Redeker. Mais je ne puis accepter qu'une frousse de petits bourgeois [Les commentaires des abonnés du Monde à l'éditorial Pour Robert Redeker sont sur ce point éclairante : une grande partie, peut-être une majorité, a intériorisé le fait que c'était mal de critiquer l'Islam en quoi que ce soit au-delà du bénin et qu'il était normal que cela apporte des ennuis au fauteur de trouble.] nous incite à réduire en poudre la liberté d'esprit dont nous faisons des gorges chaudes quand le temps est clair. Le débat entre les différences, que j'appelle de mes voeux, a pour première condition la fermeté inébranlable dans la défense de l'État de droit, c'est-à-dire un État où la terreur n'a pas sa place.

mardi, octobre 03, 2006

Claude Allègre à la chasse au mammouth climatique

Claude Allègre met en cause dans un article de l'Express le réchauffement climatique :

Neiges du Kilimandjaro

L'ancien ministre propose de bannir les voitures à essence de la ville

L'argument est simple : la météo est un phénomène par essence local, parler de réchauffement global n'a aucun sens. Cet argument s'ajoute à tous ceux que je vous ai déjà soumis sur le sujet.

Claude Allègre scientifiquement incorrect

Ce qui m'a fait rire, c'est la violence des réactions. Cela bnous rappelle que ce n'est pas simple bataille d'idées : se jouent aussi des réputaions, des places, des budgets.

Guy Sorman voit derrière l'écologisme moderne (anti-nucléaire, anti-OGMs, anti-voitures, anti-industrie) une religion païenne de Mère Nature (bonne, évidemment bonne).

Il me semble qu'aujourd'hui, la position la plus honnête sur le climat est l'agnosticisme : on ne sait rien, continuons à chercher ; et en attendant, écomisons le pétrole pour ne pas financer le terrorisme islamiste.

14 morts, des dizaines de blessés et pas un seul sioniste en vue

Lors de la guerre estivale du Liban, je m'évertuais à appeler les lecteurs de ce blog à la prudence dans l'interprétation des événements, notamment à la lecture de la presse française biaisée vers l'antisionisme radical.

Ne voilà-t-il pas que les Palestiniens me donnent hélas raison quand je dis qu'Israel n'est pas le diable et les Palestiniens les anges, mais seulement des acteurs aux intérêts et aux méthodes variées, tous responsables.

Les Palestiniens sont en train de prouver qu'ils n'ont pas besoin d'Israeliens pour mourir dans la violence, ils peuvent directement être envoyés au paradis par d'autres Palestiniens.

Pendant que j'y suis, je vais vous révéler quelque chose qui est totalement ignoré en France (du moins dans l'intelligentsia) : le peuple palestinien n'existe pas.

Ce n'est pas une question de territoire ou d'Etat, il y a bien un peuple kurde sans Etat, c'est une question de culture.

Qu'est-ce qui rassemble les Palestiniens ? L'opposition à Israel. En dehors de cela ? Rien.

dimanche, octobre 01, 2006

Ségolène est socialiste

Je suis tombé sur l'émission Franc-Parler, où Ségolène Royal était invitée.

L'Etat, l'Etat, l'Etat, en réponse à toutes les questions ; à tel point que le journaliste a fini par lui poser la question "Ne craignez vous pas d'établir ainsi une société trop contrôlée ?" J'ai trouvé la réponse absolument fantastique : "Non, pourvu que tout le monde reste à sa place."

On ne peut mieux définir ce qui sépare le socialisme du libéralisme !

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D'autre part, c'était la première fois que je voyais Ségolène Royal à la télé, j'ai été surpris :

> Elle fait des fautes de Français grossières ("Vous n'êtes pas sans ignorer ...", accord des conditionnels, etc.)

> Elle oscille du vague à l'anecdotique.

Pour ne pas m'être vraiment intéressé à la question, je pensais que l'accusation de manque de contenu venait de la rancune d'adversaires aigris, je découvre qu'elle est justifiée sans discussion ! Le débat autour du vide ségoliste se limite à savoir si c'est grave ou non. Tout juste peut-on dire à sa décharge que son futur adversaire n'est guère plus précis.

Plus que jamais, la phrase à la mode nous vient du cardinal de Retz : "On ne sort de l'ambiguité qu'à ses dépens."

Elle a de la ressource !


J'apprends que Ségolène Royal met à contribution une grosse centaine de "personnes ressources". Délicieux jargon néo-branchouille gentillet bien pensant.

Chez moi, ces gens s'appellent platement des conseillers ou des nègres, mais la "zapaterreur" (surnom de la madonne du néo-socialisme en Poitou-Charentes) a peut-être peur, du fait de son tempérament réputé colérique et narcissique, d'oublier que ses "ressources" sont des "personnes" ?

A quand les "voitures de fonction ressources" ? Les "appartements de fonction ressources" ? les "indemnités parlementaires ressources" ? Le "conseil général ressource" ? Les "contribuables ressources" ?

Et bien entendu, les "électeurs ressources" pour enfin aboutir au fin du fin : la "Présidence de la République ressource" !

Pour l'instant, elle tait la "compétence ressource", le "débat ressource" et les idées ressouces". C'est sans doute un "oubli ressource" !