Ca fait du bien : je ne comprends rien à l'art contemporain et je soupçonne qu'il n'y a rien à y comprendre.
L'art est réservé depuis toujours, et sera toujours réservé, à une élite du goût. Celle des amateurs qui prennent la peine de s'informer et de se former. Il est faux de croire qu'il suffit de regarder une oeuvre pour, par je ne sais quel miracle, l'apprécier et la comprendre.
L'art de masse est une gigantesque hypocrisie démagogique. Il suffit de voir qui va à l'opéra Bastille, censément populaire. On sait bien par ailleurs que l'entrée gratuite des musées n'attire pas de nouveau public, que ne vont au musée que ceux qui y éprouvent un intérêt, entrée gratuite ou non.
Ce qu'on appelle l'art contemporain participe de la même démagogie.
On remarquera que François Mitterrand a beaucoup fait dans ce mauvais goût de parvenu qui, à force de se vouloir à l'avant-garde, est toujours en avance d'une laideur.
Mais quoi ? Tout cela n'est il pas en phase une intelligentsia politico-médiatique qui se fait une gloire, sous prétexte de progressisme et d'ouverture d'esprit, de tout confondre et de tout mélanger ? Aurons nous la cruauté que le geste de l'intelligence est distingo ?
La vampirisation du Louvre
Professeur à l'université de Paris-II, Jean-Louis Harouel tire à boulets rouges sur l'art contemporain. Dans sa ligne de mire, l'exposition Jan Fabre au Louvre.
Ce qu'on appelle de manière inadéquate art contemporain prend depuis 2004 une place croissante face aux chefs-d'œuvre du Louvre. L'an dernier, autour du tombeau de Philippe Pot, merveille de la sculpture du XVe siècle, étaient accrochées des rangées de faux, comme dans une quincaillerie de campagne d'autrefois. Aujourd'hui, le centre de la vaste salle où se déploie la vie de Marie de Médicis peinte par Rubens est un amas chaotique de pierres tombales pareil à l'arrière-cour d'un marbrier funéraire négligent. L'imposture règne au Louvre.
En règle générale, le prétendu art contemporain n'est qu'imposture. Au cours du XXe siècle, et surtout dans sa seconde moitié, ceux qui s'obstinaient contre l'évidence à se dire artistes ont de plus en plus abandonné la vraie création artistique pour y substituer une intention philosophique, sociologique, spirituelle ou autre, laquelle, quand on peut la connaître, est généralement indigente. Avec le plus souvent pour résultat, d'un point de vue artistique, le rien ou le n'importe quoi. Le soi-disant artiste contemporain continue de brandir les vieux poncifs éculés de transgression et de révolte ressassés depuis un siècle, alors qu'il poursuit en réalité une stratégie ambitieuse de réussite personnelle. Car l'éternelle répétition des vieilles provocations de l'art vide et de l'anti-art ne choque plus personne et procure fortune et prestige. C'est l'académisme de notre temps.
Marchands, collectionneurs, critiques, musées, médias, pouvoirs publics présentent comme art une immense farce bafouant l'art. Le succès de cette duperie est étrange, mais approprié au règne des puissants sans culture, privés des modèles sociaux supérieurs qui les guidaient jadis. L'absence de contenu artistique du prétendu art contemporain abolit la distinction entre incultes et cultivés, ménage l'ego du plus ignorant en art et en histoire. Pour poser à l'amateur d'un tas de pierres ou d'un bloc de ferraille, point n'est besoin de connaissances, de travail de lecture, d'analyse et de compréhension. Il suffit de clamer que c'est génial et de payer une somme fabuleuse pour se croire un grand collectionneur, un grand mécène. Un art qui n'en est pas un convient parfaitement à des élites incultes.
Mais, d'où vient la rage de faire entrer cette farce dans les musées classiques, et tout particulièrement au Louvre ? C'est que, malgré sa colossale réussite commerciale, malgré le tam-tam médiatique dont il bénéficie, malgré l'adhésion des milliardaires incultes s'imaginant amateurs d'art et celle de toutes les dupes triomphantes qui l'encensent, les plus lucides parmi les sectateurs du prétendu art contemporain savent bien qu'il souffre d'une totale absence de légitimité artistique. Or, le dialogue postulant l'égalité, organiser un supposé dialogue entre, d'une part, les authentiques chefs-d'œuvre du passé et, d'autre part, les impostures actuelles permet de proclamer la haute valeur artistique de celles-ci. L'art contemporain, qui n'est pas de l'art, cherche à se donner une légitimité artistique en établissant une confrontation forcée avec les plus grands chefs-d'œuvre de l'art. Il les vampirise pour tenter de s'affirmer réellement comme art. L'exposition Jan Fabre au Louvre n'apporte rien à Van Eyck, Memling, Rembrandt ou Rubens. En revanche, elle apporte à Jan Fabre l'illusion d'avoir dialogué d'égal à égal avec eux, et donc d'être un grand artiste.
Malheureusement, ces plaisanteries sont ruineuses. À l'heure où la France laisse partir à vau-l'eau des pas entiers d'un prodigieux patrimoine artistique, où raser une église faute de moyens pour l'entretenir tend à entrer dans les mœurs, il est choquant de voir les plus hauts responsables de la culture orienter l'argent public et celui du mécénat vers les bouffonneries de ce qu'on appelle indûment art contemporain.
Le rédacteur de l'article prend des vessies pour des lanternes...
RépondreSupprimerDifficile de croire que les mécènes milliardaires (millionnaire suffisait) soient tous des ignares cultivant le mauvais goût artistique.
En revanche, ce sont certainement des gens qui cherchent à réaliser les meilleurs placements et/ou à défiscaliser un peu de leur fortune.
Or le marché de l'art "classique" est fini, quand celui de l'art contemporain est infini puisque, par définition, est contemporain tout ce qui appartient au temps présent.
De plus, le nombre de ces "milliardaires" augmente sans cesse.
De là à penser que l'art contemporain n'est que chimère cynique enfantée par une niche fiscale doublée d'un bon placement, ainsi que par toute une série d'artistes entretenus, il n'y a qu'un pas que je franchis sans trembler.
Que des fonds privés financent des artistes pour réaliser des placements , personnellement cela ne me dérange pas. Du moment que tout le monde y trouve son compte et que l'Etat ne vient pas y mettre trop son nez, ca me convient.
RépondreSupprimerLe problème, en France, c'est que l'Etat subventionne des artistes contemporains, et que l'argent public est devenu pour beaucoup le seul moyen tant artistiquement que financièrement d'existence. L'exemple de la tentative de réformer le système de chômage des intermittents du spectacle est assez révélateur de ce qui se passe chez nous, tout cela pour un résultat artistique loin d'être à la hauteur des sommes dépensées !
Le rédacteur est du même acabit que ses ancêtres, critiquant l’art impressionniste et le qualifiant de supercherie :) L'art n'est pas réservé à une élite, il suffit d'ouvrir les yeux. L'art est partout et sous différentes formes, l'essentiel étant d'être touché par celui-ci. Pour exemples : l'art populaire, l'art brut ou singulier. L’art est accessible à qui sait le voir et le ressentir, tout simplement. Mais libre à chacun de penser que les colonnes de Buren ne sont pas de l’art mais un gouffre à pognon :)
RépondreSupprimer«L'art n'est pas réservé à une élite, il suffit d'ouvrir les yeux. L'art est partout et sous différentes formes, l'essentiel étant d'être touché par celui-ci.»
RépondreSupprimerIl me paraît inutile d'insister plus longuement : je suis en total désaccord avec votre opinion. A mes yeux, l'art est réservé à l'élite de ceux qui se donnent la peine de le connaître et de l'apprendre, il ne touche personne que ceux qui y sont préparés et bien loin d'être partout, il serait plutôt nulle part.
"Il faut limer et frotter sa cervelle à celle d'autrui" (Montaigne)
RépondreSupprimer"Enfermé dans la prison de son esprit, l'auteur refuse le pain dans lequel est caché la lime pouvant le libérer"(moi)