Ce livre n'apprendra pas grand'chose à ceux qui connaissent la vie de Saint-Ex. Mais c'est aussi une réhabilitation et un hommage, car Saint-Ex a été ostracisé par la collusion des communistes et des gaullistes et ça dure encore.
Michel Winock, gauchiste millitant comme tout universitaire français qui a fait carrière, a réussi l'exploit d'écrire un livre sur les écrivains résistants en mentionnant Sartre et Beauvoir (1), qui furent résistants comme moi je suis cueilleur d'olives en Basse Provence, et en oubliant Saint-Ex qui fut tout de même un des très rares écrivains à mourir au combat.
Il n'est pas bien vu en France de choisir de ne pas prendre position dans nos guerres civiles. Je pense à ce hâbleur de Clostermann, qui poursuivit Saint-Ex de sa vindicte jusqu'à sa mort il y a deux ans. Du moins, Cloclo, en véritable ancien combattant, avait l'honnêteté de reconnaître que la mort de Saint-Ex rachetait toutes ses erreurs (ou ce qu'il voyait comme tel).
Il est difficile de séparer Saint-Ex de Jean Prévost, puisqu'ils sont morts à un jour d'intervalle, l'un dans le ciel, l'autre au Vercors.
Combien sont-ils, ces écrivains combattants ? Une poignée, Char, Prévost, Saint-Ex, Camus, Malraux (2), Aragon, Guéhenno, Desnos. Les autres firent comme les Sartre-Beauvoir (vous aurez compris que ce n'est pas un compliment (3)).
L'engagement des écrivains est devenu une tarte à la crème car le plus grand risque que prenaient les écrivains «engagés» était de se faire tomber un cendrier sur le pied lors d'une discussion un peu chaude aux Deux Magots.
On comprend donc qu'il y ait eu forte nécessité d'oublier le plus vite possible Saint-Ex et Prévost, la comparaison était trop terrible. Pour Camus et Malraux, c'était plus difficile, ils avaient eu la malencontreuse idée de ne pas mourir à la guerre, mais enfin, on a quand même fini par s'en débarrasser.
(1) : les vénérations germanopratines d'après-guerre en disent très long sur la prétendue résistance des écrivains français.
(2) : l'engagement de Malraux fut très tardif mais bien réel.
(3) : je trouve que Jules Monnerot a parfaitement défini le problème des Sartre et consorts : c'était des gens narcissiques, qui aimaient faire joujou avec leurs belles idées comme les gosses avec leurs beaux jouets, ce faisant ils n'avaient aucune exigence de rigueur,de vérité, d'adéquation au monde. Ils n'ont jamais dépassé le stade de «Qu'est-ce qu'elles sont belles, mes idées !». Ils faisaient la roue comme des paons.
Parfaitement d'accord sur Sartre, qui en plus, trop moche ne s'aimait pas, ni en tant que blanc ou occidental et qui en manque de virilité appelait parfois carrément au meurtre, fasciné par la bande à Bader ou la Révolution islamique. Des narcissiques dangereux, en effet. Les soixante-huitards, avec de tels lâches pour référence on aussi craché sur les vrais héros, les anciens combattants (cohn-Bendit en est un parfait exemple), à qui ils devaient leur liberté puisqu'ils n'ont même pas eu la chance d'avoir des chars en face d'eux ! Là ou ailleurs, il fallait abaisser les cîmes pour que leur médiocrité devienne la norme. La Société de lâches dans laquelle nous vivons et que nous subissons en est un bel exemple... et c'est pas fini !
RépondreSupprimerCombien sont-ils, ces écrivains combattants ? Une poignée
RépondreSupprimerNe pas oublier Jules Roy , La Vallée Heureuse
les bombardiers, 30% de pertes à certaines sorties. Il a survécu
On peut aussi ajouter Romain Gary, mais enfin, ça ne va pas chercher loin.
RépondreSupprimervous devirez visionner sur public sénat les 2 émissions consacrées à Cordier, l'ancien secrétaire particulier de Jean Moulin. Un pu délice quand il parle du monde des artistes de Paris sous l'occup.
RépondreSupprimerA voir franchement, elles sont sur internet : http://www.publicsenat.fr/vod/bibliotheque-medicis/j.-moulin,-d.-cordier,-la-resistance-1/2/61722
et
http://www.publicsenat.fr/vod/bibliotheque-medicis/j.-moulin,-d.-cordier,-la-resistance-2/2/61722
Sur le milieu universitaire pendant l'occupation, je recommande, les vacances approchant, le livre (lu il y a longtemps) de Philippe Burrin, La France à l’heure allemande 1940-1944 (c'est l'auteur e l'excellentissime La dérive fasciste. Doriot, Déat, Bergery, 1933-1945), qui remet pas mal de choses en place.
RépondreSupprimerJ'ai lu quelques pièces (avant mai 40) de ses Ecrits de guerre. On sent à cette période un patriote impatient d'en découdre avec l'ennemi.
Quant à Sartre, un petit lien :
http://passouline.blog.lemonde.fr/livres/2006/07/sartre_rattrap_.html
Gilbert Joseph, dans Une si douce occupation, avait déjà tout dit, mais comme il n'était pas universitaire mais seulement résistant, ça ne comptait pas.
RépondreSupprimerJ'ai oublié Marc Bloch, même si le qualificatif d'écrivain est réducteur.
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