Philippe Bilger, dont je recommande le blog, définit l'orthocivisme comme le civisme consistant à se tenir droit.
J'aime beaucoup cette idée. Elle a du charme et du style. J'apprécie ce parfum suranné des choses que le temps a éprouvées et qui ont résisté.
Bien peu de parents ont encore le bon goût de répéter à leurs enfants «Tiens toi droit !» Sûrement ont-ils peur de les traumatiser. On leur a tellement seriné que le traumatisme était pire que la mauvaise éducation ... Voyez le résultat. De belles filles, qui seraient magnifiques si elles avaient des ports de reines, sombrent dans la banalité à force de mollesse et d'avachissement.
Du physique, il est aisé de passer au moral. C'est pourquoi l'orthocivisme est si séduisant.
L'actualité fournit de nombreux exemples où l'orthocivisme ferait du bien. L'affaire Mitterrand vient à l'esprit. Mais il en est d'autres plus généraux : l'expression de notre président de la république est particulièrement basse et vulgaire, dans le ton, dans la syntaxe et dans le vocabulaire.
Si de temps en temps il daignait utiliser une langue qui tienne debout, ça nous ferait du bien. Aujourd'hui, seuls parmi les politiciens Jean-Marie Le Pen et François Bayrou s'expriment dans un Français droit, qui fait plaisir à entendre. C'est peu.
Il y a deux cas d'orthocivisme auxquels j'aimerais rendre hommage : c'est celui de Marie-Christine Hodeau et de Anne-Lorraine Schmitt. Ces deux femmes, agressées par des détraqués sexuels, se sont défendus au prix de leur vie. Elles auraient pu tenter de se sauver au risque de leur dignité en se soumettant. Elles ont fait un autre choix, un choix que j'ai entendu déconseillé par une magistrate syndicaliste de gauche («Surtout, en cas d'agression, ne vous défendez pas, faites confiance à la police»). On a le droit d'avoir d'autres valeurs.
«Surtout, en cas d'agression, ne vous défendez pas, faites confiance à la police»
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ce genre de conseil... surtout quand on sait qu'une majorité de "cas" ne seront jamais élucidé...
Amusant que dans ce pays, le mot honneur ait perdu toute valeur...
Je vais finir par croire que les carottes sont définitivement cuites...
«Amusant que dans ce pays, le mot honneur ait perdu toute valeur...»
RépondreSupprimerCe n'est pas un hasard, et ce n'est pas non plus un effet de la seule crétinerie actuelle des élèves (et des professeurs), que les Corneille aient disparu des programmes.
oui, sans nul doute! Mais que j'aimerais que tout ceci change!
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerDifficile de commenter l'abondance de nouvelles desquelles vous nous abreuver...
Le passage de la juge que vous citez est effarant. Auriez vous plus de référence ?
J'ignore si Corneille a effectivement disparu des programmes. Lecteur médiocre au collège, je me suis pourtant jeté sur le Cid comme rarement sur un livre à l'époque.
Je ne peux m'empêcher de penser que si c'est le cas, alors nul aujourd'hui ne peut savoir d'où vient cette si belle formule " A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire".
Mais, il est vrai que la tirade de Don Diègue doit sonner comme une horreur à de nombreux 68 ards qui se voient rattraper par la biologie :
"ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
Mon bras qu'avec respect toute l'Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?
ô cruel souvenir de ma gloire passée !
Oeuvre de tant de jours en un jour effacée !
Nouvelle dignité fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d'où tombe mon honneur !
Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?
Comte, sois de mon prince à présent gouverneur ;
Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur ;
Et ton jaloux orgueil par cet affront insigne
Malgré le choix du roi, m'en a su rendre indigne.
Et toi, de mes exploits glorieux instrument,
Mais d'un corps tout de glace inutile ornement,
Fer jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,
M'as servi de parade, et non pas de défense,
Va, quitte désormais le dernier des humains,
Passe, pour me venger en de meilleures mains."
Mais qu'elle est belle, cette tirade.
cordialement