L'éditorialiste Jean-Marc Vittori a coutume de dire : «La France a rendez-vous avec Margaret Thatcher mais elle ne le sait pas encore.» (1)
La sous-productivité est l'essence des privilèges des secteurs communistes de notre économie : en effet, leurs privilèges consistent, au fond, à recevoir, d'une manière ou d'une autre, plus de salaire et d'avantages que ne mériterait leur travail dans une économie libre.
Cette sous-productivité des secteurs communistes est compensée de deux façons :
> une sur-productivité du secteur privé pour compenser les déficiences du secteur public. L'élimination des jeunes et des vieux des entreprises est la conséquence directe de la sous-productivité du secteur public, transmise par l'intermédiaire d'impôts, de cotisations et de taxes excessifs (2).
> un endettement croissant.
En résumé, l'extension continue des privilèges accordés par l'Etat euthanasie l'économie et nourrit la dette qui finira par tuer le social-clientélisme.
C'est pourquoi, effectivement, le moment thatcherien, qui vient quand on est obligé de reprendre l'habitude de payer les choses à leur juste prix, en faisant jouer le marché libre, me semble inévitable (3).
Mais cela ne signifie nullement que c'est aujourd'hui.
Le moment thatcherien est facilité si on y a pensé avant d'arriver au pouvoir, si on l'a préparé très concrètement, si des projets de lois sont déjà dans les cartons quand on emménage au ministère et également si de solides principes d'action, bien réfléchis et muris, permettent de faire face aux aleas.
Or, nos politiciens, tant de droite que de gauche, se comportent en des amateurs brouillons (oui, oui, ceux-là mêmes qui justifient le cumul des mandats par le fait que la politique serait un métier) : il n'existe aucun équivalent, ni de près ni de loin, du «shadow cabinet» britannique. On a toujours l'impression que leur victoire électorale arrive comme une divine surprise et qu'ils prennent les commandes du pays dans l'improvisation la plus totale. Et, généralement, au bout de quelques mois, ce n'est plus une impression, c'est devenu une certitude.
C'est pourquoi je suis persuadé que le moment thatcherien arrivera dans les plus mauvaises conditions possibles : dans l'urgence et dans l'improvisation. Le fruit n'est pas mûr et il ne murira pas plus, il commence à pourrir.
Et vous comprendrez que cela m'inquiète fort. D'autant plus qu'il faut ajouter une caractéristique bien française : l'appétence à jeter de l'huile sur le feu, en pleine et entière irresponsabilité, de tous les déblateurs médiatiques. Je suis estomaqué par le biais partisan d'un journal censé être sérieux comme Le Monde, quant aux autres, qui ne se donnent même pas la peine de faire illusion, c'est encore pire.
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(1) : même si de plus en plus de Français s'en doutent.
(2) : c'est pourquoi il est stupide pour un cégétiste de dire qu'il veut partir à la retraite plus tôt pour laisser la place à un jeune. C'est sa sous-productivité (sa paresse relative, autrement dit) qui provoque le chômage du jeune. Le travail n'est pas un gâteau fixe qui se partage (l'échec des 35h devrait nous avoir guéri de cette idée folle). C'est un processus dynamique qui s'auto-alimente : le travail crée le travail.
(3) : la seule alternative au moment thatcherien, c'est l'anarchie. Je ne crois pas que cela soit possible dans une vieille démocratie.
Peut etre arrivera t il de l'exterieur, imposé par le FMi ou par la République Populaire de Chine.
RépondreSupprimerpas de shadow cabinet libéral, mais un début d'idée d'une equipe de choc pour dés-étatiser la France !
RépondreSupprimerhttp://leparisienliberal.blogspot.com/2010/03/remaniement-ministeriel-suggestion.html
Bonjour,
RépondreSupprimerEffectivement, Margaret Thatcher est arrivée aux affaires en Grande Bretagne avec un projet bien ficelé alors que ce pays était en pleine dégringolade (voir la situation de la SNCF locale à l'époque). Les travaillistes portaient une grosse responsabilité dans cette situation pour des raisons identiques à celles que vous énoncez. Je m'interroge cependant quand on observe ce pays qui vit actuellement une crise aussi forte, sinon plus, que celle qui prévalait il y a trente ans. Faut-il l'incriminer au blairisme et à ses excès? Ou alors, le remède secrète-t-il lui même la mal qu'il est censé combattre? Pour ceux qui douteraient de l'importance et de la gravité de la crise, il suffit d'observer la politique de Défense. L'état de l'outil militaire et les lois de programmation sont d'excellent indicateur pour évaluer la situation d'un pays. Pour le nôtre, il n'y a pas photo (http://lemamouth.blogspot.com/2010/10/faire-face-en-faisant-limpasse.html) mais la situation anglaise semble pire: http://lemamouth.blogspot.com/2010/10/la-defense-britannique-plonge.html
En 2007, j'avais quelques raisons pour penser que le ticket qui préside actuellement aux destinées du pays avait les idées claires quant à la politique à mener. Visiblement, ils n'ont pas lu "Le changement pour les nuls" avant d'occuper leurs postes. Le fiasco, car c'en est un, vécu par le pouvoir dans le dossier des retraites est là pour en témoigner. Non pas que la réforme ne soit pas nécessaire mais la méthode suivie est proprement impressionnante. Elle va faire les beaux jours des écoles de management.
La réalité est que la grande majorité des politiciens n'est attirée que par l'exercice du pouvoir et des avantages qui l'accompagnent. J'en ai, pendant plusieurs années, été le témoin direct et affligé. Alors oui, une révolution tatchérienne est souhaitable pour remettre le pays d'aplomb mais j'ai peur qu'il ne soit trop tard quand on voit la médiocrité de notre personnel politique.
Commençons par noter que Margaret Thatcher est allée moins loin dans les réformes libérales que préconisaient certains de ses conseillers.
RépondreSupprimerCela peut surprendre un Français abreuvé des caricatures gauchistes (comme la chanson de Renaud) qui seules ont droit à la parole.
Il me semble que l'abbé Terray, au comble de l'impopularité, quittant son poste de surintendant des finances, en 1774 a dit : «J'ai donné vingt ans au roi.» Il s'est juste trompé de cinq ans.
Le problème du libéralisme, c'est qu'il met chacun devant ses reponsabilités. Or, on s'aperçoit au bout de soixante ans d'Etat-mamma que la liberté que prisent par-dessus tout les occidentaux est la liberté d'être dégagé de ses responsabilités et d'être délié de ses engagements.
C'est pourquoi Tony Blair, bon connaisseur de l'âme électorale, a accru les dépenses publiques tous azimuths avec le résultat que l'on voit aujourd'hui.
"Cela peut surprendre un Français abreuvé des caricatures gauchistes"
RépondreSupprimerQue les Anglais viennent se faire soigner en France n'est pas dû à l'horrible libéralisme mangeur d'enfants communistes mais au fait que le système de santé britannique est entièrement étatisé. Résultat, aux USA, si un patient crève à l'entrée d'un hôpital faute d'avoir reçu des soins, son directeur finit en prison. En Angleterre, des médecins peuvent vous laisser crever (http://www.tdg.ch/actu/monde/refus-greffe-foie-choque-angleterre-2009-07-23) sans avoir à devoir rendre le moindre compte.
L'autre caricature concerne les transports ferroviaires. Mme Thatcher n'avait privatisé que l'exploitation alors que le réseau aurait dû l'être aussi.