La principale caractéristiques des intellectuels (et de leurs relais, les demi-intellectuels, journalistes, enseignants, zartistes zengagés) est l'irresponsabilité.
Contrairement à un ingénieur ou à un médecin, un intellectuel peut émettre toute sa vie des idées fausses sans jamais en subir de conséquences néfastes, à la seule condition que d'autres intellectuels partagent ses erreurs. Par malheur, la réciproque est vraie : un intellectuel peut avoir des idées justes, mais si ses collègues ne les partagent pas, il est foutu.
Ma colère a été provoquée par la répétition, à propos du prix Goncourt, de la faribole du lien entre troubles dans les banlieues et séquelles coloniales. Cette idée ne résiste pas à cinq minutes d'examen serein, mais, comme elle est partagée par une masse d'intellectuels, elle est répétée par les demi-intellectuels comme parole d'Evangile.
Bien entendu, il faut des intellectuels, ils peuvent apporter des idées intéressantes. Mais il ne faut pas non plus surestimer leur apport : leur irresponsabilité les condamne à n'avoir qu'une pertinence faible et, en tout cas, non validée.
Je considère que les intellectuels ont une place beaucoup trop importante dans le débat public. Dans le débat privé, c'est autre chose : pour discuter souvent de sujets complexes, je peux témoigner qu'on s'y réfère très peu à l'autorité d'intellectuels plus ou moins médiatiques. Mais, finalement, c'est le débat public qui fait la politique.
La place excessive des intellectuels s'explique très bien : notre société adore la jacasserie et qui déblatère mieux qu'un intellectuel ? Ensuite, une fois la masse critique atteinte, en s'épaulant les uns les autres, ils monopolisent la parole.
Le remède privé est simple : éteignez la radio, éteignez la télé. Lisez : lecteur, vous êtes libre de vos choix de lecture (il n'y a pas que des intellectuels patentés qui écrivent des livres), de votre rythme, vous n'êtes plus agressé par le bagout.
Le remède public est plus complexe, mais je crois beaucoup en la démocratie directe : si, par des référendums réguliers, le peuple donnait son avis, souvent fort différent de celui des intellectuels, il les remettrait à leur place. On pourrait constater qu'ils ne représentent qu'eux-mêmes et n'ont pas l'importance qu'ils se donnent.
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