Alain Madelin parle souvent de fiscalité spectacle.
Son explication est la suivante : pour les minables qui nous servent, hélas, de politiciens, exister, c'est dépenser. Or, il n'y a plus de sous dans les caisses. Pour habiller Pierre, il faut déshabiller Paul, qui proteste, donc on déshabille Jacques, qui proteste, etc. D'où les TOCF (troubles obsessionnels compulsifs fiscaux) dont sont atteints nos politocards (14 lois de budget ou correctifs budgétaires en cinq ans, un tiers du code des impôts changé tous les ans).
Évidemment, tout cela ne peut se faire sans désigner les bons ( les entrepreneurs, forcément petits) et les méchants (les patrons, férocement grands). Ce qui est ridicule : soit l'argent est légalement détenu par son propriétaire et il n'y a pas de bon ni de mauvais argent, soit l'argent est détenu illégalement et il faut faire un procès et remplir les prisons. Et il faut être cohérent : la France serait un pays de cocagne si tous les petits entrepreneurs devenaient des grands patrons.
L'impôt est fait pour procurer des ressources à l'Etat, pas pour distribuer des pénitences. L'Etat n'est pas un directeur de conscience ; en tout cas, dans une démocratie (justement, est-on encore en démocratie ?). C'est pourquoi on peut juger l'impôt progressif inconstitutionnel dans son principe, alors à des taux confiscatoires ...
Mais je crains que ce souci de justice pèse bien peu face à la tentation électoraliste d'user du levier de la jalousie et de l'envie. Prendre les hommes par ce qu'ils ont de plus bas, c'est le visage le plus laid de la démocratie.
CPEF
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire