Le génie (politique et philosophique) du christianisme tient en deux phrases :
> Mon royaume n'est pas de ce monde.
> Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.
Ces phrases sont tellement originales que les exégètes ne doutent guère de leur authenticité.
Elles ouvrent la voie à la séparation du spirituel et du temporal.
Cette idée est tellement novatrice que les orthodoxes, pourtant chrétiens, ne l'ont pas passée dans leurs pratiques et en sont restés au césaro-papisme. Il aura fallu en Occident le démembrement de l'Empire Romain et les querelles du Pape et de l'Empereur pour que la séparation du pouvoir temporel et de l'Eglise devienne, avec des coups de balancier, une réalité.
Or, cette séparation ouvre un espace de liberté philosophique et intellectuelle inconnu partout ailleurs. Il explique l'aventure prodigieuse de notre civilisation. N'en déplaise aux sectateurs laïcards, le génie de l'Occident, c'est tout simplement, la génie du christianisme.
A l'opposé, il y a l'hérésie millénariste, mélangeant le spirituel et le temporel, qui postule que si l'on éradique, sur terre, avec toutes les horreurs que cela suppose, les mauvais croyants, on fera advenir, sur terre, le royaume de Dieu pour mille ans.
Dans les atrocités anabaptistes de Münster en 1533, on a la matrice de tous les totalitarisme millénaristes modernes, Terreur, communisme, nazisme, qui, au nom du bien de l'Humanité, génèrent une misère des hommes sans précédent.
Or, la séparation du spirituel et du temporel a été abolie dans nos pays européens : la Nouvelle Religion, celle des droits de l'homme, a fusionné avec le pouvoir.
La nouvelle caste théocratique, que je baptise habituellement classe jacassante (séparée du peuple, comme il se doit dans une théocratie) impose sa dictature : les juges-prêtres condamnent les blasphèmes et les journalistes couvrent d'opprobre les mal pensants, provoquant leur mort sociale. Les professeurs font le catéchisme. Et il y a une organisation cléricale : la franc-maçonnerie.
A cet égard, l'affaire Zemmour fut exemplaire : le débat qui amena sa condamnation porta, non pas sur la vérité, difficilement contestable, des déclarations incriminées, mais sur leur caractère blasphématoire.
Ce n'est nullement un hasard si la caste théocratique (journalistes, juges, politiciens, enseignants) est nettement plus à gauche que la moyenne des Français : les gardiens de la foi doivent tout même y croire un peu plus que la moyenne !
Le premier problème est que cette fusion du religieux et du politique est d'autant plus dramatique que la Nouvelle Religion s'ignore comme religion. Cela interdit tout débat : il ne sert à rien de reprocher à quelqu'un les défauts de sa religion s'il commence par nier que cela soit une religion.
Le deuxième problème est le caractère suicidaire de cette Nouvelle Religion L'auteur n'hésite pas à invoquer le suicide collectif de l'Ordre du temple Solaire.
Une fois de plus, nous sommes face à la funeste confusion des valeurs individuelles et des valeurs collectives. S'il est louable pour un chrétien de tendre la joue gauche, cela est suicidaire pour une nation, une civilisation, une race.
Ce que les droits-de-l'hommistes croient être tolérance et «ouverture à l'Autre» n'est que faiblesse et renonciation à soi-même. Et notre grande fusion dans l'Humanité n'est en réalité que notre disparition.
Car les Autres ne partagent pas notre fantasme millénariste et ne renoncent pas à eux-mêmes (et ils ont ont bien raison).
Le troisième problème est que la théocratie finit toujours en oppression, même si celle-ci est pratiquée au nom de la gentillesse et des bisous.
La conclusion du livre est extrêmement sombre, par omission : l'auteur ne trace aucune piste pour s'en sortir.
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