mardi, novembre 19, 2013
La curieuse place des juifs dans la politique française
La sagesse devrait m'inspirer de ne pas parler des juifs sur mon blog, car ce sujet donne souvent lieu à des insultes aussi cinglantes que contradictoires, d'antisémite nauséabond à philosémite naïf (et nauséabond aussi).
Essayons tout de même.
Je viens d'un milieu et d'un endroit où les juifs n'étaient pas un sujet : ni antisémites, ni philosémites, complètement indifférents. Les juifs n'auraient jamais existé que cela n'aurait pas changer un cheveu sur ma tête ou un brin d'herbe dans le jardin. Je ne pense pas qu'en Beauce il y ait jamais eu beaucoup de juifs.
Jusqu'à l'âge de vingt ans, je n'avais jamais croisé un juif (ou eu conscience d'en croiser un) à part en vacances en Israël. Il a fallu que je «monte» à Paris pour m'apercevoir que je croisais des juifs et qu'il y avait une communauté juive. Et on ne peut pas dire qu'ils ont occupé une grande place dans ma réflexion.
Tout ça pour signifier que le sujet me laisse plutôt indifférent et que je ne suis pas victime des emportements qu'il provoque généralement. Le philosémitisme ne me gêne pas, l'antisémitisme non plus. J'ai conscience, en écrivant cela, de choquer certains : on devrait tenir l'antisémitisme pour l'abomination de la désolation et c'est tout juste si ma placidité ne pousse pas les petits enfants de Schindler dans le four crématoire.
Mais non, l'antisémitisme et l'anti-antisémitisme ont depuis longtemps été instrumentalisés et il ne faut pas me la faire. Globalement, je m'en fous. Et si cela vous dérange, adressez aux gens qui ont fait perdre à ces mots toute valeur à force de les utiliser pour tout et n'importe quoi.
Je trouve le véritable antisémitisme dégueulasse et idiot mais il est rare (sauf dans certaines banlieues - joies et délices de la «diversité»).
Ce préambule longuet étant fait, en quoi trouvé-je que la place des juifs dans la politique française est curieuse ?
Il y a le soupçon traditionnel de double allégeance. M. Fabius est-il intransigeant avec l'Iran parce que c'est une bonne politique pour la France ou parce que c'est une bonne politique pour Israël ? Rien de nouveau sous le soleil. Mais la question se pose pour d'autres Français, qui eux aussi ont une double allégeance, sénégalaise ou marocaine ou corrézienne, par exemple. Ce soupçon est inévitable, sauf à croire que les hommes sont monolithiques, ce qui est évidemment ridicule.
Ce n'est pas à cela que je pensais, c'est à la question de l'identité française. On retrouve des juifs en pointe : Zemmour, Finkielkraut. Ce dernier fit remarquer à Elkabbach, lors d'un débat sur la question, qu'il n'y avait pas un seul Français de souche autour de la table et que cela provoquait chez lui un malaise, que je comprends aisément. Comme si les seuls habilités à parler de l'identité française devaient être un peu étrangers, comme si les Français de France étaient frappés d'interdiction sur ce sujet, comme si tout le monde pouvaient parler de leur identité sauf eux.
Les Tibétains ont le droit de défendre l'identité tibétaine, c'est génial, les Dogons ont le droit de défendre l'identité dogonne, c'est merveilleux, mais des Français défendre l'identité française ? Ca pue, c'est horrible. Alors des juifs s'y collent ; eux qu'on ne peut soupçonner d'être franchouillards (pourquoi, d'ailleurs ? Ne sont-ils pas des Français comme les autres ? - ah, les contradictions de l'inconscient de la bien-pensance), ils ont le droit.
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