Lu sur Boulevard Voltaire :
Le protocole compassionnel
Que serait-il advenu de l’Angleterre si Élisabeth Ière, au moment de l’Invincible Armada, s’était écriée :
« Oh là là, c’est terrible, la météo est mauvaise, il faut faire quelque chose, ces pauvres Espagnols risquent de se noyer ! »
Non, voilà ce qu'elle a dit :
« Mon peuple bien-aimé,
Des conseillers soucieux de ma sécurité m'ont mise en garde de paraître devant mes armées, par crainte d'une trahison. Mais, je vous l'assure, je ne veux pas vivre en me méfiant de mon peuple fidèle et bien-aimé. Que les tyrans aient peur ; quant à moi, j'ai toujours placé en Dieu ma plus grande force, et ma sûreté dans les cœurs loyaux et la bienveillance de mes sujets.
Ainsi je ne suis pas venue parmi vous pour ma récréation et mon plaisir, mais parce que je suis résolue à vivre et à mourir au milieu de vous tous, au cœur et dans la chaleur de la bataille, et, pour mon Dieu, pour mon royaume et pour mon peuple, à coucher mon honneur et mon sang même dans la poussière.
Je sais que mon corps est celui d'une faible femme, mais j'ai le cœur et l'estomac d'un roi, et d'un roi d'Angleterre – et je me moque que le Duc de Parme ou n'importe quel prince d'Europe ose envahir les rivages de mon royaume. Dans cette occasion, je préfère risquer mon sang royal que d'encourir le déshonneur.
C'est moi qui vais être votre général et votre juge au moment de récompenser votre valeur sur le champ de bataille. Je sais que déjà, votre courage mérite des récompenses et des couronnes, et je vous donne ma parole de prince que vous les recevrez. En attendant, mon Lieutenant Général restera avec vous à ma place [...] Je ne doute pas que, par votre entente dans le campement, votre courage au combat et votre obéissance envers moi-même et envers mon général, nous ne remportions dans peu de temps une glorieuse victoire sur les ennemis de Dieu et de mon royaume. »
Cela a plus de classe que les «euh euh ... il faut faire en sorte que ... euh euh» de notre génial président François. Mais François ne pourrait pas commencer son discours par «mon peuple bien-aimé», ni même comme De Gaulle par «mon cher et vieux pays». Il n'aime personne et surtout pas les Français et surtout pas la France. C'est bien le problème. Il est universaliste, il aime l'Humanité, c'est-à-dire un peu tout le monde et beaucoup personne.
Y a-t-il une Elizabeth en Europe ? Angela ? Même elle n'est qu'une politicienne politiquement correcte. Hélas, nous sommes seuls et nos dirigeants sont nos pires ennemis.
C'est le Camp des Saints tous les jours.
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