lundi, juillet 13, 2015

La Chine, l'étatisme et l'agriculture française

Je mélange ces deux sujets a priori séparés mais mes futés commentateurs trouveront des liens.

Comme d'habitude, je suis intéressé par ce que raconte Charles Gave. Ce qu'il dit n'est pas parole d'Evangile mais on peut retenir trois points :

1) il a fait fortune avec ses analyses.

2) Je le suis depuis assez longtemps pour savoir que ses analyses se révèlent souvent justes, sauf en politique où il pèche par naïveté.

3) Ses analyses sont originales.

Bref, il y a quelques raisons de l'écouter :

Marre de la Grèce: Parlons du sujet dont personne ne parle, la Chine.

Autre sujet, l"agriculture française. Jean-Robert Pitte fait partie, comme Charles Gave, de ces personnes dont je suis les interventions depuis des années (voire des décennies, ça ne me rajeunit pas) et le temps qui passe m'a permis d'acquérir une grande confiance :

Libéraliser l'agriculture, le seul moyen de la sauver

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Nos agriculteurs paient lourdement une politique néfaste qui remonte aux Trente Glorieuses et à une conception dirigiste de la Politique Agricole Commune de l'Europe. Ils ont été incités à produire plus, à s'endetter lourdement et les prix étaient garantis. En cas de surproduction, l'Etat et Bruxelles payaient. Cela n'est plus possible aujourd'hui. Nous devons sortir du dirigisme et les subventions ne devraient aller qu'à des projets de reconversion. Les viticulteurs de la plaine du Languedoc ont vécu la même évolution. Aujourd'hui, les prix du vin ne sont plus garantis et il n'y a plus guère de manifestations. Il faut libéraliser l'agriculture, comme le reste de l'économie en France. Nous restons un peu trop marqués par la planification et le modèle soviétique…[je rappelle que, à ma grande stupéfaction, on apprenait le plan quinaquennal soviétique à l'ENA jusqu'à la fin des années 90 !]

[…]

Les agriculteurs, y compris les éleveurs laitiers, qui se sont tournés vers la qualité et vers une commercialisation moins tournée vers la grande distribution s'en sortent beaucoup mieux.

[…]

Nous vivons dans un système para-soviétique où l'Etat doit garantir les prix, et où la production est contrôlée par l'Etat. Ce n'est pas une conception économique qui convient à un modèle libéral. L'ajustement doit se faire selon la demande, et non par le biais d'une ingérence de l'Etat. Le modèle actuel remonte à la Deuxième guerre mondiale, lorsque la France avait faim et qu'elle devait produire beaucoup. Aujourd'hui, les rendements en matière agricole ne sont pas optimaux. La surproduction engendre énormément de gaspillage. Chaque année, d'énormes quantités de fruits et de lait sont détruites. Les syndicats attendent tout de l'Etat, notamment qu'il rachète le surplus. Ils s'en vont négocier quelques centimes auprès des autorités de Bruxelles. C'est encore très vrai pour le lait et la viande, beaucoup moins pour le vin.

Que pensez-vous de l'éventuelle mise en place du Traité de libre-échange transatlantique entre l'Union européenne et les Etats-Unis ? Quel effet aura-til sur les agriculteurs français et la qualité de leur production ?

Les Etats-Unis, bien qu'étant un pays libéral en règle générale, ne le sont pas sur le plan agricole, comme le Japon d'ailleurs. Ils ne sont donc pas un modèle à suivre.

Mais comment les agriculteurs français pourront-ils soutenir la concurrence avec les agriculteurs américains dont les exploitations sont souvent gigantesques et les normes sanitaires inférieures ?

S'ils font de la qualité, des produits originaux, le problème ne se posera pas. Evidemment, s'ils se contentent de vendre des produits médiocres, ce ne sera pas possible. La question ne se posera sans doute pas pour le lait, mais plutôt pour la viande, car la viande américaine est d'excellente qualité, et bien moins chère que la viande française.
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Un point de vue opposé à celui de Pitte (et au mien) :

Agriculture : la grande misère des paysans français

Elevons nous à une perspective historique.

Les révolutions viennent des villes parce que s'y trouvent les centres de pouvoir et les concentrations de population dont le conflit est révolutionnaire.

Les paysans ne faisaient que des jacqueries, sans conséquences, mais les rats des villes sont souvent des rats des champs qui ont déménagé («Première ! Deuxième ! Troisième génération ! Nous sommes tous des enfants de paysans !»).

La transformation des paysans français, à coup de subventions «européennes», d'indépendants farouches en quémandeurs tendant sébile est une réussite majeure du «système» : si les révoltes paysannes se contentent de réclamer trois euros six sous de subventions en plus, ça n'ira jamais péter  loin. Et puis, surtout, la mentalité paysanne a été changée.






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