Récemment, Angela Merkel remarquait que l'Europe fait 7 % de la population mondiale, 25 % du PIB et 50 % des dépenses sociales et qu'il allait falloir beaucoup travailler pour se payer un tel modèle.
Je relie cela à deux thèses de Rémi Brague :
1) les Européens ne croient plus en rien. «L'Europe» est leur dernière croyance, très fade.
2) le goût du travail bien fait, caractéristique occidentale, était lié au christianisme. La déchristianisation entraine la disparition du goût du travail.
Une première explication du système social européen est le social-clientélisme : les politiciens achètent des électeurs à crédit avec des prestations sociales, d'où les déficits abyssaux.
Mais il me semble qu'il y a une deuxième explication plus profonde, qui nous ramène à Brague : les Européens sont abouliques, ils ne croient plus à rien, ils ne savent plus ce qu'ils veulent et, notamment, ils ne savent plus pour quoi ils vivent, ce qui les lient. C'est la citation de Vaclav Havel : «Le drame de l'homme moderne n'est pas qu'il ignore le sens de la vie. C'est que cela le préoccupe de moins en moins».
Les prestations sociales à crédit achètent la paix (sociale, bien sûr), entre des gens qui ne se connaissent plus vraiment de raisons de se supporter les uns les autres, par le moyen du divertissement, au sens le plus pascalien du mot. Il est connu que la prime de rentrée scolaire passe dans les téléviseurs à écran plat. On s'abrutit de télévision, payée par les prestations sociales, pour oublier qu'on s'emmerde dans la vie, qu'on n'a rien en commun avec son voisin et qu'on ne travaille pas fort.
Donc Angela Merkel se trompe : notre système social existe justement parce que nous n'avons plus envie de travailler. Ni de faire quoi que ce soit ensemble. Ni d'affronter les difficultés de la vie.
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