La Toussaint, le paradis pour tous ?
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Penser le ciel et l'enfer, et partant la grâce et la miséricorde, c'est l'incontournable
question dont tous devraient se saisir, en premier lieu les évêques, les prêtres, tous
les croyants mais aussi naturellement tout homme à la raison droite. La question
philosophique de l'âme et de son immortalité posée par les Grecs trouve une
énorme réponse religieuse. Car comme cette sortie est difficile à trouver, elle nous
a été, en effet, révélée par miséricorde. Le ciel n'est pas vide, nous disent les
Écritures saintes. Pour y accéder, il nous faut une vraie foi, une foi substantielle. Il
serait alors peut-être temps de s'y mettre à croire au bon Dieu, en sa vie éternelle
promise. Bref, croire en vrai dans les grandes largeurs au Christ rédempteur.
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Robert Redeker : le «gérontocide» sera-t-il le génocide du XXIe siècle ?
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Le jeunisme est l'idéologie d'un temps qui veut faire table rase du passé. «Du passé
faisons table rase», était l'hymne du progressisme - à tout le moins du
progressisme mal compris, éradicateur. Mais l'époque actuelle veut aussi
supprimer l'avenir. Elle ne veut de racines ni dans le passé ni dans l'avenir. Elle ne
veut être ni redevable ni responsable. Ni redevable au passé ni responsable devant
l'avenir - d'où la crise de l'éducation. La destruction irréversible de l'école par
Mme Valaud-Belkacem est une suite logique de ce double refus. Comment éduquer
quand il n'y plus rien à transmettre et plus rien à promettre? Voilà pourquoi les
vieux inquiètent: au sein de ce vide temporel qu'est devenu notre société, ils sont
la présence du passé, la présence et le présent des racines, leur présence témoigne
en faveur de l'exigence de transmettre, pour que ce qui fut par le passé soit dans
l'avenir (les oeuvres, la langue, les bonnes meurs). Parallèlement à son «du passé
faisons table rase», l'hymne de notre époque pourrait aussi être la chanson des Sex
Pistols, le groupe punk des années 80, «No future». Or, les vieux et la vieillesse
représentent une promesse d'avenir. L'impératif que nous impose le jeunisme,
«rester jeune», ce n'est pas seulement arracher les racines, c'est aussi, c'est surtout,
refuser qu'on ait un avenir. C'est refuser l'avenir, tout simplement parce que l'idée
d'avenir suppose celle de passage. Que la vieillesse soit une promesse d'avenir est,
tout en restant incompréhensible à nos contemporains, l'une des plus fortes
suggestions de l'idée chrétienne de résurrection.
«»[…]
Le mot d'euthanasie, qui signifie bonne mort, mort douce voire heureuse, est un
mensonge, un mot totalitaire qui contient une contradiction: camoufler une miseà-
mort en opération humanitaire. On peut bien sûr en comprendre les raisons,
l'approcher avec empathie, mais on ne peut accepter le mensonge. Il y a une
grande différence entre laisser mourir et mettre à mort. Il est vrai aussi que, d'une
part, la mort et la souffrance sont devenues dans nos sociétés insupportables, et
que, d'autre part nous sommes devenus incapables de les penser [voir commentaire commentaire ci-dessous]. Généraliser
l'euthanasie signe la fin d'une civilisation, celle dans laquelle le «Tu ne tueras
point» est un principe fondamental. C'est entrer dans une civilisation dans laquelle
«tuer pour le bien-être» devient la norme. Serons-nous en état d'en fixer les
limites? C'est, quoi qu'il en soir, banaliser ce geste de tuer, au nom même du bien
de celui qui est tué. Comme il y a l'avortement de confort, il y a aura les
euthanasies de confort, comme il y a l'avortement-contraception, il y aura
l'euthanasie-tranquillisation. Nous nous apprêtons à ouvrir une terrifiante boîte
de Pandore.
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Revenons sur cette phrase :
Il est vrai aussi que, d'une part, la mort et la souffrance sont devenues dans nos sociétés insupportables, et que, d'autre part nous sommes devenus incapables de les penser.
Dans la doctrine chrétienne, les choses sont simples, en théorie. La pratique est évidemment plus difficile.
Chaque souffrance humaine est l'imitation de la Passion rédemptrice du Christ. La mort est le passage vers la Vie éternelle. C'est ainsi que certains agonisants refusent au nom de leur Foi les soins palliatifs pour mieux vivre leur mort.
Mais que se passe-t-il face à la mort quand on ne croit plus en rien ? Ou, plutôt, qu'on n'a plus que de vagues croyances qui ne constituent pas une Foi ? On demande au médecin de vous endormir pour oublier tous ces tracas.
La Foi ne se commande pas, certes. Mais elle peut se cultiver. Comme Chesterton l'explique dans un passage primordial, Foi et poésie sont intimement liées. La Foi ne peut exister que dans un monde enchanté. Nul n'est obligé de toujours baisser le regard.
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