“Radicalisation”: la guerre des mots. Ce qu’occulte ce terme pudique.
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Le phénomène de la radicalisation ne veut à peu près
rien dire en soi. Comme j’aime le dire, quand un péquiste [NDLR : membre du Parti québécois,
favorable à l'indépendance de la Belle Province.] se radicalise, il veut tenir un référendum coûte que
coûte dans un premier mandat, lorsqu’un conservateur fédéral se radicalise, il veut privatiser Radio-Canada, quand un social-démocrate se radicalise, il rêve d’une augmentation généralisée des impôts,
quand un catholique se radicalise, il rêve de lois morales plus coercitives, mais quand un islamiste se
radicalise, il peut verser dans le terrorisme et le djihadisme. En d’autres mots, c’est l’islam radical qui
pose un problème de sécurité majeur aujourd’hui. Il ne représente pas une variante parmi d’autres du
problème du radicalisme : il représente un problème à part entière, qu’on ne peut sérieusement
dissoudre dans un problème plus vaste.
Mais on ne veut pas l’avouer. Alors on jette un voile sur le phénomène et on parle de radicalisme en
général. On dira s’inquiéter de tous les radicalismes, histoire de diluer la responsabilité de l’islamisme
dans un phénomène plus global de radicalisation.
[…]
En d’autres termes, nous sommes en ce moment devant une offense rhétorique et sémantique pour
imposer un vocabulaire culpabilisateur. Devant les discours et les études qui prétendent nous éclairer
sur ce phénomène, il n’est pas interdit de faire preuve de scepticisme. Dans les circonstances, c’est
l’autre nom de la vigilance démocratique.
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