dimanche, avril 30, 2017

Prolétaires de notre pays, unissez vous !

Christopher Caldwell prédit qu'un jour un troisième homme unira les électorats de Le Pen et deMélenchon.

Cela peut sembler fantasmatique aujourd'hui mais n'est pas si difficile quand on y réfléchit. Qu'est-ce qui sépare ces deux électorats ?

1) L'immigration. Or, il y a chez tout immigré la tentation de fermer la porte derrière lui. C'est pourquoi, avec il est vrai beaucoup de tact et d'habileté, il serait possible de rapprocher les mélenchonistes des positions FN sur le sujet.

2) L'exercice du pouvoir. Mélenchon joue à la démocratie directe, mais ce n'est qu'un jeu, il n'a pas du tout la fibre participative, donc une combinaison anti-parlementaire autoritarisme / referendum lui irait très bien.

Il faut bien prendre plusieurs données : la France d'en bas est conservatrice parce qu'elle ne veut pas perdre le peu qu'elle a, elle est patriote parce que la patrie est un bien immatériel parmi le peu de biens qu'elle a et elle se détache de l'assistanat parce qu'elle pense qu'elle profite aux envahisseurs

Comme d'habitude, le plus gros obstacle à une évolution bénéfique est l'hallucinante médiocrité du personnel politique français. Médiocrité d'autant plus désastreuse qu'elle est au moins aussi morale qu'intellectuelle.


Les lemmings votent Macron

Discussion de machine à café : « Les peuples qui n'ont pas la volonté de se défendre ne méritent pas de survivre ».

Cette tautologie me rappelle que le quartier du Bataclan a fortement voté Macron (39 %). Les mecs sont flingués aux terrasses par les barbus, butés en concert et ils votent bisounours. La vie est cruelle : ils méritent les malheurs qui leur arrivent.

Serge Federbusch a publié, à propos de ce suicide collectif des bobos face à l'islamisme, un livre intitulé La marche des lemmings. Vous savez, les lemmings , ces rongeurs qui se suicident en masse en se précipitant des falaises. C'est tout à fait ça.

Le devoir de l'homme de bien n'est pas de sauver ces abrutis d'eux-mêmes mais de ne pas se laisser entraîner dans leur suicide. Et ce n'est déjà pas facile.

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Ces connards là font se qu'ils savent faire de mieux : pervertir les mots pour transformer leurs turpitudes en motifs de gloriole. Pour dissimuler leur lâcheté, ils répètent, comme des perroquets, avec un petit air niais et faraud, « vous n'aurez pas ma haine ».

Evidemment, comme d'habitude, ils biaisent. Il ne s'agit pas d'éprouver de la haine, ils font mine de refuser quelque chose que personne ne leur demande, mais une sainte colère, celle qui permet l'action et la réaction face à l'ennemi, et là, pfuittt, plus personne, le vide intersidéral, la courante verdâtre, la fuite précipitée, la cavalcade honteuse, la transformation en point sur l'horizon ...

Aux bêlements honteux « vous n'aurez pas ma haine », je préférerais le coup de folie du mec qui tire dans le tas. Au moins, ça serait une réaction d'homme.

samedi, avril 29, 2017

Ceux qui disent que le système politique français est devenu impossible à lire sont aveugles

Christopher Caldwell : « Les ressorts du vote Le Pen sont les mêmes que ceux du vote Trump »

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Ceux qui disent que le système politique français est devenu impossible à lire sont aveugles. Le système est au contraire désormais d'une simplicité totale. Les élites socialistes et LR ont été attirées comme de la paille de fer vers leur magnétique confrère Macron. Quand il dit qu'il n'est ni de droite, ni de gauche, il le pense vraiment. Il fait appel à ses électeurs sur la base de la solidarité de classe, pas de l'idéologie. Les électeurs les plus humbles sont désormais divisés entre Mélenchon et Le Pen. Dans quelques temps, il ne fait aucun doute qu'un candidat populiste comprendra cette nouvelle logique du ni-ni et rassemblera ces deux forces sur la base d'une même classe.

[…]

Ces séismes politiques à répétition sont-ils le signe d'une profonde crise existentielle qui traverse toute la civilisation occidentale ?


Un signe parmi tant d'autres.
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Le nationalisme, c'est la guerre .. ou pas


Le nationalisme, c'est la guerre... ou pas : pourquoi nous devrions sérieusement réviser notre histoire avant de jeter la Nation avec l'eau du bain (pseudo?) fasciste
29/04/2017 - 11:02

Ce vendredi, François Hollande a déclaré qu'il fallait "chasser les mauvais vents du nationalisme". Une posture qui entre en résonance avec les propos d'Emmanuel Macron qui avait lancé lors d'un débat que "le nationalisme, c'est la guerre". Pourtant, au regard de l'Histoire, associer le nationalisme à la guerre semble profondément réducteur.

Atlantico : La charge de François Hollande contre la montée du nationalisme résonne avec celle d'Emmanuel Macron qui avait déclaré rassembler les patriotes contre le danger nationalisme il y a quelques jours ? Mais en terme de danger, le nationalisme n'est-il pas moins à redouter que l'impérialisme ?

Vincent Tournier : "Le nationalisme, c’est la guerre", ne cesse de répéter François Hollande, maintenant suivi par Emmanuel Macron. Cette convergence dans la condamnation du nationalisme n’est pas surprenante en ces temps d’intégration européenne et de montée du FN. Mais elle est malgré tout inquiétante tant elle témoigne d’une vision simpliste de l’histoire. Associer le nationalisme à la guerre est terriblement réducteur, et même totalement faux. La guerre est un phénomène ancien, sans doute éternel dans l’histoire humaine, alors que le nationalisme est très moderne puisqu’il émerge avec les Lumières et la Révolution française. Le terme même de « nationalisme » date de 1798. A cette époque, les guerres sont d’ailleurs surtout attribuées à l’ambition des Princes et aux intérêts des castes dirigeantes, alors que les peuples sont vus comme sages et pacifiques. Aujourd’hui, le raisonnement a basculé : les élites sont vues comme une source de paix alors que les peuples sont considérés comme un problème. C’est un signe supplémentaire de la crise que connaît l’idée démocratique dans l’Europe contemporaine.

Mais réduire la guerre au nationalisme revient à ignorer que les guerres ont des causes multiples, variables selon les époques. Ces causes mêlent le pouvoir, l’économie, les intérêts, la religion. Le nationalisme n’est pas en lui-même un facteur de guerre : la Suisse ou la Finlande, pourtant très nationalistes, ne menacent personne. En fait, le nationalisme ne devient un facteur de guerre que lorsqu’il s’est accompagné d’une logique impérialiste d’expansion territoriale ou, surtout, sur une volonté de regroupement des minorités nationales éparpillées, comme ce fut le cas pour la guerre de 1914, laquelle avait davantage à voir avec l’impérialisme allemand qu’avec le nationalisme français.

Et puis, tout de même : comment peut-on sérieusement soutenir que le nationalisme c’est la guerre, alors que la France est aujourd’hui menacée par un phénomène (l’islamisme) qui se caractérise justement par la négation des nations au nom d’un projet d’unification universelle autour d’une communauté religieuse ?

Face aux dangers de la mondialisation, qui est souvent décrite comme une forme d'impérialisme, une certaine conception du nationalisme (ou du patriotisme, faut-il nécessairement opposer ces deux termes ?) n'est-elle pas un rempart nécessaire ?

Vincent Tournier : Dans ses discours, Emmanuel Macron désigne explicitement ses adversaires : ce sont les « nationalistes », terme qu’il oppose aux « patriotes ».Cette distinction est factice car purement rhétorique. Mais le plus inquiétant est surtout ce recours à des étiquettes stigmatisantes. Déjà, lorsqu’on commence à désigner une partie de la population par une étiquette infâmante, cela signifie que les clivages sont en passe de franchir un cap, qu’ils prennent une tournure radicale. Il faut d’ailleurs s’attendre à ce qu’il y ait des réactions car, lorsqu’on commence à désigner un adversaire par une étiquette, l’étiquette en question finit par être brandie comme un étendard. Ceux qui sont visés par Emmanuel Macron vont certainement lui répondre : vous nous accusez d’être des nationalistes, eh bien soit, nous sommes des nationalistes, et nous en sommes fiers. Il est aussi très probable que les « nationalistes » retournent le compliment à Macron en lui attribuant à leur tour une étiquette. Laquelle vont-ils choisir : les cosmopolites ? Les mondialistes ? Les fédéralistes ?

Cette évolution n’est pas bon signe. Elle signifie que les ruptures se cristallisent et deviennent irrémédiables. De plus, elle indique que le nationalisme fait l’objet d’un rejet en bloc, devient un gros mot. Les « nationalistes » remplacent les « fascistes » dans la détestation sociale. Le nationalisme, voilà l’ennemi. Or, le nationalisme n’a pas du tout les mêmes caractéristiques que le fasciste, notamment dans son rapport à la démocratie. Faire du nationalisme le mal absolu, c’est justement oublier que celui-ci a été la condition d’émergence de la démocratie moderne. La démocratie ne peut en effet exister sans un demos, sans un peuple qui partage une langue, des valeurs, une volonté commune. Aujourd’hui, certains pensent qu’il est possible de créer une démocratie post-nationale. Or, c’est un pari pour le moins audacieux car rien dans l’histoire ne permet de justifier cette thèse. Les philosophes des Lumières en étaient même arrivés à la conclusion inverse, à savoir que les empires plurinationaux ne sont pas compatibles avec la démocratie car la coexistence de plusieurs peuples nécessite d’avoir un pouvoir central autoritaire. Le « Printemps des peuples » a précisément marqué la volonté d’émancipation des nations contre la prison impériale.

Faire du mot nationalisme le point de polarisation des clivages fait donc courir un risque majeur : celui de renier tout un pan de notre héritage démocratique. En somme, en voulant se débarrasser de ce qu’on tient pour la source de tous nos maux, on risque de jeter le bébé avec l’eau du bain.

Quelles pourraient-être les composantes d'un État-Nation "pertinent" à l'heure actuelle ? Dans quelle mesure nos institutions nationales et européennes rendent-elles imaginable ou non son émergence ?

Gilles Lipovetsky : L'État-Nation pertinent existe par lui-même. Il se confond purement et simplement avec l'idéal démocratique : il ne peut pas exister de démocratie sans demos, sans peuple. La légitimité de l'État-Nation c'est la démocratie : c'est le peuple qui se donne à lui-même ses propres lois. La démocratie libérale fonde donc l'État-Nation, elle est en est à la fois le principe fondateur et légitimant. Dès lors que le peuple est appelé à voter, qu'il y a des lois et un État de droit, l'idée nationalitaire est fondée : c'est le peuple lui-même qui se pose souverain. La loi ne doit pas lui venir de l'extérieur, mais bien de lui-même.

Or, dans l'idée européenne, un relatif abandon de souveraineté est nécessaire, sinon primordial. En effet, sans cet abandon, tout le projet de construction européenne ne constitue plus qu'une collection de pactes entre des nations souveraines. L'Idéal européen est basé sur un modèle d'intégration de ces nations souveraines… Et c'est là tout le problème que rencontre l'Europe. Il est possible de considérer, sans aller jusqu'au fédéralisme, que l'idéal européen n'est pas possible parce que notre continent est fait de nations aux cultures et aux histoires trop fortes. L'identité européenne n'existe pas à ce jour – là où on peut en revanche parler d'identité américaine, mais la jeunesse du pays a un véritable impact sur ce point. En Europe, il existe une sensibilité des peuples, mais il est clair que ce qu'il se passe en Espagne n'est pas ce qui se déroule en Pologne et n'affectera pas les gens de la même façon. On ne vibre pas devant le drapeau européen. La sensibilité des peuples n'a pas intégré la sensibilité européenne : les peuples demeurent les peuples avant de ne former qu'un seul peuple européen. On trouve des Français, des Anglais, des Italiens, des Allemands, avant de trouver des Européens. C'est précisément ce qui remet en cause l'unité de l'Europe et c'est un échec de l'aventure européenne, laquelle remonte maintenant à un peu plus d'un demi-siècle (ce qui ne représente pas grand-chose à l'échelle de l'histoire, cependant). C'est ce qui explique au plus profond la situation actuelle : nous avons certes des valeurs communes, mais reste qu'on ne se sent pas européen. Nous sommes avant tout les citoyens d'une nation. Il n'y a pas d'identité commune et, qui plus est, l'Europe a été instrumentalisée par les citoyens. À partir du moment où ils y voyaient un avantage ou un intérêt. Dès lors qu'il n'apparaît plus, en l'absence de réelle sensibilité et affectibilité européenne, on ne peut que constater la sortie. C'est ce qu'il vient de se passer avec le Royaume-Uni, persuadé qu'il se débrouillera mieux seul.

Vincent Tournier : C’est toute la question de la répartition des compétences entre le niveau européen et le niveau national. Le problème est que cette question n’a jamais été clairement tranchée, mais connaît des évolutions au fil des traités et de la jurisprudence. D’où le flou qui entoure aujourd’hui le rôle des institutions européennes, seuls les spécialistes pouvant dire qui fait quoi. Cette question des compétences mériterait d’être reprise de fond en comble, mais peut-on espérer déboucher sur quelque chose de clair avec 27 Etats qui ont des histoires et des intérêts divergents ?

Par ailleurs, votre question soulève un autre débat beaucoup plus important, celui de la défense. Il faut reconnaître que les partisans de l’intégration européenne avancent un argument important : l’Europe peut-elle espérer avoir du poids dans le monde si elle reste désunie ? Quelle influence peut-elle avoir face aux nouveaux pôles émergents, dont certains manifestent une agressivité croissante ? On voit bien par exemple que la Russie et la Turquie s’activent fortement au Moyen-Orient où elles espèrent manifestement avancer leurs pions en Syrie ou en Libye. Faut-il les laisser faire leurs petites affaires en fermant les yeux ? Peut-on continuer à miser sur le rôle régulateur des Etats-Unis à un moment où ceux-ci semblent opérer un certain retrait ?

Le problème est que l’Union européenne a renoncé à cette dimension géopolitique, et il n’y a guère de raison pour que cela change à l’avenir. Dans ces conditions, ne faudrait-il pas relancer le projet d’une Europe de la défense en repartant de zéro, c’est-à-dire avec quelques pays décidés à aller assez loin dans la coopération diplomatique et militaire, éventuellement en confiant le leadership à la France puisque celle-ci est la seule à avoir une armée digne de ce nom ? Pour l’heure, une telle option paraît très utopiste, mais il sera difficile d’échapper à ces débats dans les années à venir.

Quelles ont été les époques, dans l'Histoire du monde, où l'Etat-nation a pu jouer un rôle primordial et permis à un modèle de se maintenir, face à des menaces intérieures comme extérieures ?

Vincent Tournier : Il est difficile d’aborder cette question dans ces termes. Ce que l’on peut dire, c’est que les Etats-nations sont un produit de la modernité européenne. En cela, ils sont une réalité typiquement occidentale. Apparus au cours de la Renaissance, ils se distinguent des formes étatiques qui existaient auparavant, à savoir les cités et les empires. Aujourd’hui, les Etats-nations sont vus comme un archaïsme. Ils sont accusés de tous les maux, notamment celui de provoquer les guerres, comme si les cités et les empires étaient intrinsèquement pacifiques.

S’il ne s’agit évidemment pas d’idéaliser les Etats-nations, il ne s’agit pas non plus de les dénigrer. Car leur rôle a été essentiel pour façonner ce que nous sommes : ce sont eux qui ont constitué la matrice culturelle de notre civilisation en créant un cadre culturel et juridique original qui a rendu possible des processus majeurs, sans équivalents dans le reste du monde : la pacification des mœurs, le progrès des arts et des sciences, l’évolution des idées politiques autour des droits de l’homme, le développement économique et social.

Aujourd’hui, il faut évidemment adapter les Etats-nations à la nouvelle situation mondiale, mais encore faut-il prendre garde à ne pas trop déstabiliser un ordre institutionnel qui a fait ses preuves. On le voit notamment dans le cas de la démocratie. Une démocratie post-nationale est-elle possible ? Peut-on concevoir une authentique démocratie dans un ensemble pluri-national, pluri-ethnique et pluri-religieux ? Ceux qui répondent positivement à cette question vont sans doute un peu vite. Ils oublient que, depuis le siècle des Lumières, tous les grands auteurs ont soutenu que la démocratie est incompatible avec les empires.

Actuellement, les grands Etats hétérogènes comme l’Inde ou le Brésil sont bien en peine de s’imposer comme des références. La démocratie nécessite un certain contexte. Elle a besoin d’une unité culturelle. Peut-on par exemple organiser un débat démocratique dans un Etat plurilinguistique ? Peut-on s’accorder sur des règles de vie collective ou sur une définition de l’intérêt général s’il n’existe pas une vision partagée du monde ?

Gilles Lipovetsky : A partir de la Révolution française, l'idée nationale devient une idée capitale, puisqu'elle se confond avec l'idéal démocratique et incarne la lutte contre le despotisme ; contre les ennemis de l'intérieur, mais aussi contre ceux de l'extérieur comme cela peut être le cas des grands Empires. Gardons bien à l'esprit que la nation se construit en opposition profonde avec l'Empire, qui représente un ensemble dans lequel les peuples ne se retrouvent pas. À ce titre, l'idée nationale représente un élément parfaitement noble, dès la fin du XVIIIè siècle, pour tous les courants qui ont abouti à l'indépendance des peuples. Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, c'est l'idée nationale. Sur cet aspect, c'est indéniablement un point de vue positif : ce n'est ni plus ni moins que le rejet du despotisme, de l'incorporation dans un ensemble dans lequel les peuples ne se reconnaissent pas. La décolonisation est l'une des formes de nationalisme dont personne ne conteste la légitimité. Le gaullisme représente également une forme de nationalisme légitime, comme ce fut aussi le cas des mouvements de résistance dans les pays occupés durant la Seconde Guerre Mondiale. Ces mouvements étaient motivés par la défense de la patrie et ce n'est pas contre ces principes-là que s'est faite la construction européenne. C'est en réaction aux deux guerres mondiales qu'elle a été amorcée, pour échapper à l'enfer qu'elles ont été. En aucun cas il ne s'agissait de lutter contre le nationalisme, qui n'a rien de détestable. N'oublions pas que les nations ne sont pas nécessairement ennemies les unes entre les autres. Il n'existe pas qu'une seule forme de nationalisme.

L'État-Nation, au travers du nationalisme, est aujourd'hui une notion toxique et difficile à revendiquer sans être relégué aux marges de l'échiquier politique. Quelles sont les confusions susceptibles de paralyser la réflexion sur ce sujet ?

Gilles Lipovetsky : C'est une question complexe. Il me semble que, depuis les années 1970 nous sommes entrés dans différentes phases. Après le premier choc pétrolier, l'une d'entre elles est née et est responsable de la prépondérance du pessimisme et de l'anxiété qui ont pris la relève des années précédentes. Face à cette panne de l'idée de progrès (due à l'explosion du chômage, à la mondialisation qui effraie par son instabilité), face à l'absence de grandes utopies, on se replie sur ce qu'il y a de plus proche. Il ne serait pas étonnant, cependant, que l'État-Nation ne constitue que le premier chaînon : à la suite du départ du Royaume-Uni de l'Union européenne, on sait la volonté de l'Ecosse de demander son indépendance. Or, il m'apparaît important de rattacher ces mouvements centrifuges aux autres déchirures un peu partout. Un petit pays comme la Belgique est aujourd'hui tiraillé entre les Flamands et les Wallons. L'Espagne est scindée entre les Catalans, les Basques et les autres. Il faut bien voir que tout cela est lié à la perte des grands idéaux collectifs porteurs de progrès dans nos sociétés. Il n'y a plus d'utopies. L'Europe en était une, mais elle a fait fiasco : elle ne porte l'espoir que chez les élites, pas chez les peuples. Cette ferveur disparue, couplée au tiraillement induit par l'individualisation de nos sociétés, pousse les gens à ne plus voir que leur propre sort. Ils se reconnaissent dans la communauté la plus proche d'eux. Face à cela, il nous faut entendre le message : on ne peut plus vendre l'Europe comme la solution d'avenir : ce langage ne correspond simplement pas au vécu des gens, à leur quotidien. Il est urgent de trouver des solutions pour faire face à cette exigence. Les peuples ne se sentent pas emportés par un idéal dont ils ne voient les retombées. Ce n'est plus une époque qui vibre au nom des idéaux. Sans bénéfice, les gens n'acceptent plus ces choses-là. Par le passé, le nationalisme était sacrificiel, la nation correspondait à une valeur suprême telle que décrite par Durkheim. Ce n'est plus le cas aujourd'hui : quand les Anglais défendent la nation, ce n'est plus un nationalisme sacrificiel qu'ils mettent en avant, et c'est heureux. Ce n'est plus du nationalisme conquérant, agressif. C'est du nationalisme anxieux.


Vincent Tournier : La dévalorisation du nationalisme est la conséquence des mutations socioculturelles qui ont bouleversé les sociétés européennes depuis 1945, mais surtout de la conversion des élites européennes à la mondialisation et à l’Europe. Un signe illustre cette évolution : l’émergence de la notion de "préférence nationale". Cette expression est apparue dans les années 1970 et a aussitôt subi un profond discrédit. Auparavant, la préférence nationale n’avait pas besoin d’être verbalisée car elle était la norme. Si cette expression est apparue, c’est justement parce que ce qui allait de soi a perdu tout caractère d’évidence. Elle est même devenue une insanité.

Pourtant, pour les républicains du XIXème et du XXème siècles, l’idée que seuls les nationaux devaient bénéficier d’un statut et de droits spécifiques ne se posait pas. Aujourd’hui, même si la préférence nationale n’a pas disparu et continue de recevoir un certain soutien dans l’opinion publique (ainsi que chez les artistes lorsqu’il s’agit de défendre les quotas de chansons françaises à la radio), le rejet instinctif dont elle fait l’objet montre bien que l’on a changé de cadre de référence.

Le problème est que ce changement de référence provoque un certain aveuglement. Si les risques ou les inconvénients du nationalisme sont immédiatement débusquées et pointés, les inconvénients de l’Europe suscitent beaucoup plus de tolérance. Ces derniers ont même tendance à être masqués ou déniés parce qu’ils introduisent une note dissonante. Prenons l’exemple de l’enseignement supérieur, puisque celui-ci a souvent été mis en avant pour convaincre les jeunes d’être pro-européens. Les pro-européens vantent les mérites de l’ouverture des frontières en soulignant qu’elle permet d’aller facilement étudier à l’étranger. Pourtant, cette belle promesse ne concerne que très peu d’étudiants (moins de 2% de l’ensemble des étudiants européens). Inversement, on ne veut pas voir que cette ouverture a provoqué une forte concurrence entre les universités, ce qui entraîne de nombreux effets pervers comme la hausse des droits d’inscription ou la sélection accrue, sans oublier les pressions sur les enseignants-chercheurs pour améliorer leur productivité.

Une autre illustration de cette tendance à minorer les inconvénients est la question du régionalisme. En se fixant comme but de dépasser les Etats-nations jugés obsolètes, les institutions européennes ont tout fait pour favoriser le développement des régions, mais ce faisant, elles ont peut-être joué avec le feu. Les mouvements indépendantistes ont désormais le vent en poupe, comme en Catalogne, en Flandre ou en Ecosse. Tous ces mouvements sont d’ailleurs à fond pour l’Europe, comme on l’a vu avec le Brexit puisque les Ecossais ont majoritairement voté pour le maintien dans l’UE et vont probablement organiser un nouveau référendum sur l’indépendance de leur région. En France, le redécoupage territorial a conduit à créer des super-régions dans le but de rivaliser avec les régions allemandes. La France est ainsi contrainte de faire ce qu’elle a toujours refusé, à savoir mettre en place des régions puissantes, dotée d’une forte légitimité et susceptibles de développer un sentiment d’identité locale (cette semaine encore, on a vu la nouvelle région du sud-est se baptiser "Occitanie"). Cette dynamique régionaliste est en train de détricoter plusieurs décennies voire plusieurs siècles d’unification nationale. Elle est potentiellement dangereuse car elle affaiblit considérablement le continent européen. Non seulement elle risque de provoquer une nouvelle balkanisation de l’Europe, mais de plus cet émiettement va rendre plus difficile la création d’une Europe de la diplomatie et de la défense

La droite la plus bête du monde

A ceux qui avaient encore des doutes (ils ne doivent pas être très nombreux), cette campagne électorale confirme que nous avons la droite la plus bête du monde.

D'un coté, nous avons la droite bourgeoise Le Figaro, qui, par peur de perdre son précieux fric avec une sortie de l'Euro (en plus d'être indécent, c'est bête, c'est une erreur de calcul : des gens obsédés par le fric qui ne savent même pas compter, ça vole pas haut !), se jette dans les bras de Macron avec la dernière indécence. La manière précipitée dont François Fillon a appelé à voter pour ceux qui ont attaqué sa famille et lui ont mis la tête sous l'eau est écoeurante, elle prouve toute la petitesse et toute la lâcheté de ce sinistre personnage.

D'autre coté, nous avons la famille Le Pen tellement arcboutée sur ses espoirs de prébendes qu'elle ne laisse aucune place à la transformation de sa petite entreprise en vrai parti politique. Un programme soviétique absurde, alors que le peule répugne de plus en plus à l'assistanat, dont il sait qu'il profite aux envahisseurs.

Finalement, le seul qui a eu une attitude digne, c'est Dupont-Aignan : il a rejoint le FN en sachant les chancres de victoire nulles. Certes, il y gagne des investitures aux législatives, mais c'est tout.

En ce moment, sortent des articles pour nous expliquer que le peuple français piquerait sa crise et voudrait semer le chaos. Comme c'est facile : les élites, que le monde entier ne nous envie guère, sont toujours innocentes et le peuple toujours coupable.

Mais si les élites lui proposaient des politiques intelligentes au lieu de l'actuelle bouillie pour chat, peut-être que le peuple, ce pelé, ce galeux, voterait pour. Mais comme on n'a jamais essayé ...



jeudi, avril 27, 2017

Ca rappelle les heures les plus sombres de notre histoire ...

Aujourd'hui, toutes les trahisons, tous les actes anti-nationaux, se font au nom de l'Europe et de la nécessaire soumission à l'Allemagne que cette idée grandiose suppose. Soumission pour notre bien, évidemment.

Ca ne vous rappelle rien ?





« Nous sommes la France »

La question de la légitimité comparée du gouvernement de Vichy et de la France Libre (Si la France est responsable de la rafle du Vel d'Hiv ...) me touche particulièrement parce qu'elle sert aux enculés à la BHL à trainer notre pays dans la boue et à salir nos héros les plus glorieux.

Je rappelle donc que cette question ne se pose pourtant pas, parce que la réponse est limpide.

Limpide en droit : les lois ont été violées dans l'esprit et dans la lettre pour établir le gouvernement de Vichy. C'est la déclaration organique du 16 novembre 1940.

Limpide en politique : le gouvernement d'un pays occupé n'est pas libre et donc pas légitime.


La France était à Londres. Hommage à René Cassin (1) – Chronique 137

La France était à Londres. Hommage à René Cassin (2) – Chronique 138



Entre le fric et la France, le Figaro a choisi

Je suis un peu perdu, Le Figaro vote Macron

Comme ça, on sait où sont les valeurs du Figaro.

Rappelons les fondamentaux :

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« Vos journalistes ont en commun avec la bourgeoisie française d’avoir perdu tout sentiment de fierté nationale. Pour pouvoir continuer à dîner en ville, la bourgeoisie accepterait n’importe quel abaissement de la nation. Déjà en 40, elle était derrière Pétain, car il lui permettait de continuer à dîner en ville malgré le désastre national. Quel émerveillement ! Pétain était un grand homme. Pas besoin d’austérité ni d’effort ! Pétain avait trouvé l’arrangement. Tout allait se combiner à merveille avec les Allemands. Les bonnes affaires allaient reprendre ».
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Pour ne pas en rajouter, on passe discrètement sur le fait que le calcul qui laisse croire que la sortie de l’Euro serait une catastrophe pour les possédants est probablement erroné. La bourgeoisie Figaro, en plus d’être immorale, est bête.

Un autre fondamental :

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La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque-là pour vénérables et qu'on considérait avec un saint respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages.

La bourgeoisie a déchiré le voile de sentimentalité qui recouvrait les relations de famille et les a réduites à n'être que de simples rapports d'argent.

La bourgeoisie a révélé comment la brutale manifestation de la force au moyen âge, si admirée de la réaction, trouva son complément naturel dans la paresse la plus crasse. C'est elle qui, la première, a fait voir ce dont est capable l'activité humaine. Elle a créé de tout autres merveilles que les pyramides d'Egypte, les aqueducs romains, les cathédrales gothiques; elle a mené à bien de tout autres expéditions que les invasions et les croisades.
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C'est le frangin d'un copain :



Allons, un peu de lecture :

Éric Zemmour : « À droite, les raisons d'un désastre »











Le piège des deux droites

Il y a deux droites, la droite molle, bourgeoise, et la droite dure, prolétarienne.

Aucune de ces deux droites ne disparaîtra, à cause de la sociologie. Elles doivent donc s’unir.

Et elles ne le feront pas.

Zemmour fait remarquer que Mélenchon a dit deux fois dimanche soir « ma patrie bien-aimée ». Marine Le Pen, elle, parle de « notre pays ».

Et les crétins de LR ? Ils parlent de « c’pays », comme un rot, comme s’ils n’en faisaient pas partie, comme s’ils le dédaignaient. Alors, évidemment, unir « notre pays » et « c’pays », ce n’est pas gagné.

Cette union indispensable ne peut se faire qu’en intégrant deux dimensions : le tri des accords et désaccords et la répartition des places et des responsabilités. Hélas, je ne vois personne pour prendre en charge un tel chantier, le pousser et l’organiser et, sans hommes, il n’y a rien de possible. Le fédérateur de tout cela peut être l’ambition : désunis, ils perdent ; unis, ils gagnent. Ils gagnent peut-être un peu moins chacun mais s’ils perdent tous ensemble, c’est zéro chacun. Théorie des jeux.

Les deux parties ont intérêt à cette union, car aucune ne peut plus gagner seule, même si elles croient et espèrent le contraire. Mais quand on est con, on est con.

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 Mathieu Bock-Coté :

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Le conflit idéologique croise ici une mutation sociologie bien réelle. On a noté l'incapacité de François Fillon de rejoindre les classes populaires tout comme l'incapacité de Marine Le Pen de rejoindre la bourgeoisie nationale et conservatrice. Les deux habitent pourtant l'espace national et témoignent d'un désir d'enracinement dont la censure alimente un profond sentiment d'aliénation politique. Ces deux catégories, en quelque sorte, s'inscrivent dans un espace national qui n'est pas celui de la nouvelle bourgeoisie mondialisée. Cette dernière contrôle encore les codes de la respectabilité médiatique et se maintient ainsi au pouvoir. S'agit-il d'une contre-offensive durable ou seulement d'un sursis?

Quoi qu'il en soit, le deuxième tour de la présidentielle n'aura rien de la grande explication idéologique autour de la question nationale française. En fait, ce deuxième tour maquillé en affrontement homérique entre philosophies contradictoires ne sera rien d'autre qu'une réaffirmation de la toute-puissance du système médiatique qui est parvenu en quelques mois à redéfinir une élection en la dégageant des enjeux de fond qui auraient dû la définir. Le débat de l'entre-deux tours sera à bien des égards parodique. Le fond des choses finira bien par remonter à la surface, mais pour un temps, le système médiatique aura remporté la bataille.
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mercredi, avril 26, 2017

Pour une fois que je suis d'accord avec un politicien !

Ma lettre à mes concitoyens annonçant mon retrait de la vie politique

Ma famille politique, désormais sans chef ni ligne politique, en est réduite à appeler à voter Emmanuel Macron, dénoncé hier comme l'héritier du désastre hollandais, pour faire battre Marine Le Pen.

Cette posture présentée comme hautement morale (face à 8 millions de Français, tous fascistes, bien sûr) est pourtant aussi incohérente que périlleuse pour l'avenir.

En effet, comment appeler à voter Macron le 7 mai et faire campagne, dès le lendemain, contre lui aux législatives ? Et pourquoi ne pas aller au bout de la logique et retirer tous nos candidats en faveur des siens, voire le rejoindre purement et simplement comme certains s'apprêtent déjà à le faire ?

Mieux, certains appellent à exclure de nos rangs tous ceux qui n'appelleraient pas à voter Macron. Qu'ils ne s'en donnent pas la peine pour ce qui me concerne. A 66 ans, je suis arrivé à la conclusion que ma présence, tant parmi les Républicains qu'à l'Assemblée nationale, ne fait guère plus de sens. Je rendrai donc ma carte aux Républicains, comme je rendrai mon investiture dans la 1ere circonscription de Paris à la direction provisoire de ce qui reste de mon parti.

Le poison de 2005

Depuis que la classe dirigeante française a refusé le résultat du référendum de 2005 sur le Traité Constitutionnel Européen, un poison, lent mais très puissant, tue notre démocratie (dans les autres pays, il y a d'autres circonstances pour des problèmes similaires, mais souvent moins graves qu'en France).

L'actuelle campagne électorale, atroce, qui aurait du révolter tout homme de bien, indépendamment de son parti, où la presse, la justice et les organes censés garantir la sincérité du scrutin ont jeté par dessus les moulins toute idée de neutralité (Affaire Fillon : une bronca contre un candidat, plus jamais ça ! Et demain, qui jugera les juges ?), en est la conséquence.

Ce poison porte un nom : la défiance.

Depuis 2005, la classe dirigeante a peur du peuple et le hait. Quelqu'un comme Bernard-Henri Lévy ne s'en cache pas. D'autres sont plus discrets mais leurs sentiments sont les mêmes. Ils en tirent une conclusion simple. Il est moral d'être anti-démocrate, par haine du peuple, avec l'argument fallacieux que « Hitler a été élu démocratiquement », mais il faut conserver les apparences de la démocratie, par peur du peuple, dans le moment même où on la viole.

La collusion des adversaires de la démocratie a empêché que les sujets importants, immigration, identité, Europe soient abordés, puisque le peuple est indigne d'en débattre.

Le président Macron est le produit de cette conception. Le CSA, la presse ou le PNF n'auraient pas été engagés contre François Fillon s'ils avaient considéré la démocratie comme un bien vital et la sincérité du scrutin comme un devoir absolu.

Il en découle, conséquence logique, qu'Emmanuel Macron n'aura aucune légitimité et c'est bien mérité, puisqu'il sera président suivant la lettre de la loi mais non suivant l'esprit.

En face, ce n'est pas mieux. Les opposants radicaux (Mélanchon, le Pen et consorts) font au total un si gros score (48 %) parce qu'une part substantielle des Français rejette la classe dirigeante comme un corps étranger de profiteurs cupides, vicieux et incapables de rien pour le bien commun. D'où l'importance du « dégagisme », au point qu'Emmanuel Macron, pur produit et candidat du Système, s'est présenté (ne riez pas) comme une nouveauté.  Pourtant, tout peuple a besoin d'une classe dirigeante respectée.

La pierre est dans d'abord dans le jardin de la classe dirigeante, qui doit mériter le respect en se montrant digne de confiance. Avec les magouilles pour imposer Macron, elle n'en prend pas le chemin.

La moitié des enfants mâles de l'aristocratie mouraient à la guerre. Je n'en demande pas tant, mais un peu plus du sens du devoir chez nos dirigeants et un peu moins d'avidité seraient bienvenus. Mme de Lafayette leur suffit : « Nos grands privilèges imposent de bien lourds devoirs ».

mardi, avril 25, 2017

Présidentielles 2017 : le bras d’honneur de la France d’en haut à la France d’en bas (2)




Comme d’habitude, Zemmour pose bien le problème, mais je ne vois pas plus la solution que lui.

Rappelons que Trump n’a pu être élu que grâce à un système électoral qui amoindrit l’influence des métropoles mondialisées.

Et aussi que les métropoles, où se concentrent le pouvoir et la richesse, gagnent contre les campagnes. Les campagnes font les jacqueries, les métropoles les révolutions.

Le nœud gordien qui nous occupe est simple et compris par tous, mais il est impossible à trancher.

L’union des droites n’est pas possible que dans deux scénarios :

♘ que l’une des deux disparaisse. Leurs sociologies différentes rendent la chose très improbable, en tout cas pas avant longtemps.

♘ que les dirigeants de ces deux droites se révèlent intelligents et cherchent vraiment une union que veulent leurs électeurs, en faisant le tri des idées compatibles et incompatibles. Vu la tradition des partis de droite de mépris à la fois de leurs électeurs et des idées, c’est aussi impensable que d'entendre un cégétiste tenir un discours économique raisonnable.

Bref, la gauche est au pouvoir pour longtemps. La France continuera à pourrir.

A moins qu’un événement vienne tout bouleverser.


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Je suis tout de même estomaqué qu'il se soit trouvé 24 % de votants pour choisir un fada comme Macron. Quand on le regarde froidement, il est à la fois illuminé et creux. François Hollande, le marionnettiste de Macron,  prend les Français pour des cons depuis toujours et il faut bien reconnaître que beaucoup s'efforcent de lui donner raison. Pauvre France !

L'illusion Macron (pour une bonne part volontaire) se dissipera comme l'illusion Hollande s'est dissipée. Nous aurons le même sketch du bouc-émissaire, les électeurs déçus accusant leur candidat plutôt que leur mauvais choix, leur propre bêtise.

La question est désormais de savoir si l'illusion Macron se dissipera avant ou après les législatives. Normalement, c'est après. Mais rien n'est normal en ce moment.


lundi, avril 24, 2017

La droite est-elle majoritaire en France ?

J’ai toujours été perplexe sur l’affirmation que la droite était majoritaire en France. Mon doute était basé sur un ressenti : mes conversations me laissaient penser que les valeurs de droite n’étaient pas vraiment assumées. Pour caricaturer (à peine), on souhaite qu’il y ait moins de vols et moins de délinquance, plus d’ordre (valeur de droite), mais à condition que la police ne brutalise personne et fasse pas trop preuve d’autorité. On veut réduire l’immigration, mais sans faire de peine à personne. On veut être indépendant de l’UE mais sans en sortir. On se plaint des inconvénients de l’Euro, mais on ne veut pas retourner au Franc …

Christophe Guilluy, que j’ai tendance à croire, nous dit pourtant que les idées du Front National sont majoritaires. Que si l’on teste des idées frontistes sans en donner l’origine, elles sont approuvées par la majorité.

Alors ? Je pense que les Français sont, tout simplement, velléitaires. Guilluy a sans doute raison, mais au moment de voter pour leurs idées, les Français ont peur de s’engager pour un changement, ils s’auto-censurent.

C’est là qu’intervient la question de la France d’en haut : si des autorités levaient l’autocensure (et aussi les barrières très réelles dans les institutions), les Français seraient libérés et la droite gagnerait vraiment.

Je pense que c’est une des raisons de la victoire du Brexit : à savoir qu’il y avait une partie non négligeable de l’Angleterre d’en haut, disons un petit quart, qui était pour.

Dans la France d'en haut, pour une vrai politique de droite, il n'y a que quelques pourcents, probablement pas dix.


Présidentielles 2017 : le bras d’honneur de la France d’en haut à la France d’en bas

La première interprétation que je fais du score élevé d’Emmanuel Macron, c’est un bras d’honneur de la France qui va bien à la France qui va mal. « Vos préoccupations, vos problèmes, on s’en fout. Pour nous, tout va bien et on veut que rien ne change, que le politiquement correct et le bisounoursisme continuent comme avant. Certes, il y a des choses qui vous grattent mais tant que cela ne nous touche pas personnellement, démerdez vous tous seuls » .

Comme dit David Desgouilles, c’est la France des « on est gentil » contre la France des « on est chez nous ». Mais pour être « gentil », il faut avoir les moyens financiers de vivre une vie protégée.

Les jeunes plébiscitent Le Pen et Mélenchon, les cadres votent Macron

Macron-Le Pen ou le retour fracassant de la lutte des classes

Il n'y a d'ailleurs pas chez Macron et ses électeurs que de la gentillesse, ou plutôt, de la fausse gentillesse. Il y a aussi un intense mépris de classe, celui du marionnettiste de Macron pour les sans-dents. Les expéditions de Macron en France profonde ressemblaient à Tintin au Congo.

Seulement voilà, et, ce coup-ci, c’est Christophe Guilluy qui le dit : la France des très mécontents est sur la trajectoire pour devenir majoritaire et, si cette majorité ne trouve pas d’expression politique du fait du dysfonctionnement des institutions et de la médiocrité des hommes, la situation va devenir politiquement dangereuse, ouverte à toutes les folies, le score de Mélenchon le prouve.

En tout cas, Berlin est content. Le gauleiter qui avait sa préférence est en bonne voie d’être élu.

A l'Elysée, où l'on n'a aucun souci de la France, on doit bien se marrer d'avoir réussi à couillonner les Français, avec l'aide involontaire de cet âne de Fillon.





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Nota 1 : je pense que Marine Le Pen a peu de chances d’être élue. Elle a fait une campagne atone, sans thème majeur, quasi sans polémique. Mais il reste le scénario Galam, l’élection par surprise.

Nota 2 : ce vote où les Français ont refusé de prendre leur destin en mains (ce qu’aurait signifié un gros score de Le Pen, de Fillon ou, dans un autre genre, de Mélenchon) me conforte dans mon analyse. La France ne maitrise plus son destin : les choses, bonnes ou mauvaises, plutôt mauvaises pour le moment, nous sont imposées de l’extérieur et le seront de plus en plus.


dimanche, avril 23, 2017

Bilan du premier tour des présidentielles

Deux citations.

Chantal Delsol :

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L’incapacité d’agir, l’attitude qu’on dit velléitaire ou attentiste, aura les mêmes conséquences pour un peuple que pour un individu, pour un gouvernant que pour un particulier. Si votre enfant ne fait rien à l’école et que par pusillanimité ou par paresse ou par indifférence, vous ne tentez pas de réagir, ce sont les événements qui décideront à votre place : l’enfant sera finalement renvoyé, par exemple. Autrement dit, si vous ne menez pas votre destin, c’est votre destin qui vous mènera par le nez. Il en va de même pour un pays. A force de mettre au pouvoir des gouvernements attentiste et pusillanimes, il se produira je ne sais quelle catastrophe qui viendra pour ainsi dire tout résoudre.
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Bossuet :

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Dieu rit des prières qu'on lui fait pour écarter des maux dont on chérit les causes.
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C'est à dessein que j'emploie maintenant des citations dont j'ai déjà fait grand usage, car je pense que l'analyse n'a aucune raison de varier depuis des années. Les choses s'aggravent mais ne changent pas de nature.

J'ai récemment été dépité par quelques conversations dans la France provinciale, non-mondialiste, (voir le billet Présidentielles : l'aventure ou la pourriture). La pusillanimité des propos m'a frappé. On sent bien que ça va mal, mais de là à voter pour un type qui s'est fait offrir des costumes ou pour la fille de Jean-Marie Le Pen, ah non ...

Alors, ne venez pas vous plaindre ensuite.

C'est pour cette raison que j'ai toujours pris la défense de François Hollande sur un point : tout grand menteur qu'il est, il n'a au fond pas trompé les Français. Il s'est comporté exactement comme on pouvait s'y attendre quand on avait réfléchi au personnage et à sa carrière. Tous ceux qui disaient « J'ai voté Hollande et je me suis fait avoir » sont soit des menteurs soit des  imbéciles.

Il en sera de même pour Macron. Il est l'homme du capitalisme de connivence, du multiculturalisme destructeur, du mondialisme et de la haine de la France. Aucune surprise possible.










samedi, avril 22, 2017

Européisme, Résistance et Collaboration : les 20 premières minutes sont un délice

Comme dit Charles Gave, mes ancêtres ne sont pas battus pendant 80 ans pour éviter l'Europe allemande pour que je l'accepte aujourd'hui.








Premier tour : mon souhait

Mon ordre pour le quatuor de tête :

1) Le Pen

2) Fillon

3) Mélenchon

4) Macron

Ce souhait n'est hélas pas une prédiction.

Folies immigratoires

Dalrymple, l'assassinat de l'Occident par la trahison bureaucratique :

Immigration Follies

Dalrymple se demande pourquoi les bureaucrates anglais de l'immigration privilégient, contre tout bon sens civique, les réfugiés musulmans par rapport aux réfugiés chrétiens et les immigrés peu qualifiés par rapport aux immigrés qualifiés.

La seule réponse qu'il finit après examen par tenir pour plausible, c'est qu'ils considèrent que, le nationalisme -au sens très étendu- étant mauvais, tout ce qui contribue à détruire leur pays est bon.

On connaît la racine de cette folie : la vanité moralisatrice (les vertus chrétiennes devenues folles) et l'intérêt des bureaucrates (tout particularisme qui donne à un pays sa chair est un obstacle au pouvoir bureaucratique, il convient donc de dissoudre les pays).

vendredi, avril 21, 2017

Les Français sont abandonnés à eux-mêmes

Attentats : après le syndrome de Stockholm, le syndrome de Paris

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Le syndrome de Stockholm … un grand classique de la psychologie collective : des otages partageant la vie de leurs geôliers développent une forme de sympathie pour leurs discours.

Avec la récurrence des attentats en France, nous avons droit à une sorte de version décalée de cet étrange phénomène qui pointe dans la presse de gauche. On n’est pas encore dans l’empathie mais on se croit malin en déjouant les arrière-pensées prêtées aux criminels. Il ne faut pas sur-réagir et combattre avec trop de force leurs auteurs et leurs instigateurs car ce serait tomber dans leur piège. Tel est le discours. Macron le ressasse ad nauseam.

L’angle mort logique et moral de cette pétition de principe est évident : si les assassins récidivent et récidivent encore, quand pourrons-nous faire autrement que de répliquer avec la férocité nécessaire ?

Puisqu’il s’agit de morale chrétienne mal interprétée, posons le problème autrement.

Si l’on te frappe sur la joue droite, tends la joue gauche, certes. Il ne s’agit en effet que d’atteinte à ton amour-propre. Mais si l’on te tue ou si l’on abat tes proches, alors la loi du talion retrouve son sens. Elle est la seule à pouvoir interrompre le cycle de la violence car la haine mortelle est incarnée dans celui qui a tué et qui recommencera s’il le peut. Jésus rappelait le talion pour ajouter « et » moi je te dis s’agissant des atteintes à l’orgueil. Il n’ajoutait pas « mais » moi je te dis quand il s’agit de mettre le criminel hors d’état de recommencer à tuer.

Le message de ces attentats est clair : une lutte à mort est engagée. Nous ne parviendrons à en éradiquer les causes qu’en relevant le gant. Nos ennemis sont prêts à perdre la vie. Ils sont animés d’une pulsion auto destructrice dont on ne peut les délivrer qu’en les supprimant. Cette conclusion simple n’est pas sommaire, elle est la traduction lucide d’un combat qui ne connaît que deux issues : la défaite ou la victoire.

Ce n’est pas Daech qui nous frappe. C’est l’islam intégriste, le fascisme coranique, le vrai néo-nazisme, instillés au plus profond de notre société et auxquels adhèrent en conscience des dizaines de milliers d’individus, fichés ou non fichés. Dans le meilleur des cas pour eux, ils doivent être expulsés au plus vite, peu importe le passeport qui les déclare d’une nationalité qu’ils méprisent.

Daech n’est qu’un précipité, un condensé de ce qui nous attend si nous ne réagissons pas et acceptons de finir d’ici quelques décennies comme les minorités religieuses d’Orient. Les Français ont oublié ce qu’était un ennemi mortel. L’actualité va se charger de le leur rappeler jusqu’à ce qu’ils comprennent.

Ces mots sont difficiles à écrire. Mais il faut bien que quelqu’un fasse le sale boulot intellectuel.
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Plus forts

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Cette résistance inattendue [de la population londonienne au Blitz] à une campagne massive de terreur a été étudiée, sur le moment même, par le Canadien John Mc Curdy qui a montré que cette expérience traumatisante avait en réalité des effets contradictoires. Elle détruisait des vies, en ravageait beaucoup d’autres parmi ceux qui avaient été touchés par la mort d’un proche ou par le spectacle de l’horreur. Mais elle avait aussi tendance à renforcer les autres, ceux qu’il appelait les « épargnés », qui développaient plutôt un sentiment d’invulnérabilité au fur et à mesure que la mort les évitait. L’étude de Mc Curdy est pleine de témoignages de peurs, d’abattements mais encore plus de solidarités, d’envies de vivre et même de joies. L’expérience a été très dure et tout le monde à a applaudi à la fin de la guerre, mais beaucoup, au moins parmi les « épargnés », ont rejoint les sentiments de soldats avec cette nostalgie de la force qu’ils avaient découvert en eux, de celle des rapports humains en situation difficile et du sentiment d’œuvrer ensemble pour un grand objectif. On ne sort pas forcément traumatisé d’une expérience collective traumatisante.

Mais si la population britannique a résisté dans son ensemble, c’est aussi parce qu’elle trouvait une réponse à ses attentes de la part de ses dirigeants. Elle voyait, physiquement avec les avions dans le ciel et les canons, que l’on ne se contentait pas de subir (la plus stressante des situations) mais que l’on combattait aussi fortement un ennemi qui subissait aussi de lourdes pertes, que l’on organisait la défense civile à laquelle elle participait souvent, que l'objectif était clair (la capitulation de l'Allemagne et la fin du régime nazi) et que l'on n'hésitait pas à exiger d'elle (« du sang, de la sueur et des larmes ») pour l'atteindre.

[…]

La mobilisation des esprits, si elle n’est que posture ou gesticulation et ne se concrétise pas visiblement aura tendance à créer du stress inutile. Rappelons-le, le stress modéré est un préalable très utile à l’action mais encore faut-il qu’il y ait de l’action. Si on ne veut pas agir vraiment, il est préférable de ne rien dire.
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Soyons clairs : les Français sont abandonnés par leurs dirigeants face au terrorisme islamique. Ils savent (au moins si l'on en croit les sondages) que les mesures fondamentales, disons stratégiques par opposition à tactiques, sont l'arrêt de la l'immigration musulmane et la reconquête des territoires perdus.

Or, pas un des candidats n'a placé ces thèmes au coeur de sa campagne, et c'est un euphémisme. Ni Marine Le Pen, ni François Fillon qui étaient les porteurs naturels de ce discours de combat.

D'où ce sentiment pesant de désespoir qu'on sent dans la société française : c'est comme si Churchill avait expliqué aux Anglais qu'il ne faisait pas donner la DCA pour ne pas provoquer encore plus la Luftwaffe.



jeudi, avril 20, 2017

UN PRÉSIDENT LÉGITIME LE 7 MAI ? C’EST TROP TARD

UN PRÉSIDENT LÉGITIME LE 7 MAI ? C’EST TROP TARD

Je suis entièrement d’accord avec cet article et c’est à noter puisque Régis de Castelnau, descendant direct du général, est un avocat qui se dit communiste.

Comme lui, je pense que la faute originelle est le « revote » du référendum due 2005 par le traité de Lisbonne, couvert par un certain François Fillon. Et que le président élu dans deux semaines sera illégitime.

Seul bémol : je crois qu’il se trompe lorsqu‘il écrit "tous ceux qui auront prêté la main à cet affaiblissement de la République devront un jour en rendre des comptes" : il n'y a pas de justice en politique. Très peu de responsables de la défaite de 1940 ont été jugés, encore moins condamnés, et beaucoup ont retrouvé par la suite de confortables places de maires, de députés, de sénateurs. Paul Reynaud s'est même offert l'indécence de s'opposer à De Gaulle par la suite.




Il faut que cela soit un Anglais qui nous le dise ...

Silence in Paris

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As every married person knows, silences can be pregnant with meaning, even if the meaning is not immediately clear. The silence in the French press about a recent startling event in Paris is surely pregnant with meaning. On Monday, April 3, an Orthodox Jewish woman, Sarah Halimi, a doctor aged 66, was thrown out of a window to her death by an African man aged 27. He was her neighbor in the flats where she lived. According to witnesses, whose testimony has yet to be confirmed, the man, who had been harassing her with insults for several days, shouted “Allahu akbar!” as he threw her.

[…]

But why the silence in the press ? The case was certainly dramatic enough to be worthy of a mention under the rubric of faits divers. I happened to learn of it only through a Parisian neighbor, a Jewish shopowner. The story had appeared in La Tribune juive, and probably caused a shudder among French Jews, all the greater because of the silence of the press about it.
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lundi, avril 17, 2017

La France, Marine et le Vel’ d’Hiv’: avant tout une question politique

La France, Marine et le Vel’ d’Hiv’: avant tout une question politique N’en déplaise à BHL…

Régis de CastelnauRégis de Castelnau est avocat.

Publié le 17 avril 2017 / Politique Mots-clés : BHL, Charles de Gaulle, Marine Le Pen, Vel d'Hiv, Vichy

Marine Le Pen a donc dit : « je pense que la France n’est pas responsable du Vel’ d’Hiv’… », ce qui a naturellement permis, en pleine campagne électorale, de lui tomber dessus à bras raccourcis, politique politicienne oblige. Fort normalement c’est à qui aura trouvé les mots les plus durs pour la vilipender. Négationniste, digne fille de son père, antisémite, de Christian Estrosi au gouvernement israélien, en passant par les sommets de niaiserie de Laurence Haïm, personne n’a fait dans la dentelle.

Vel d’Hiv : “Mes grands-parents ont été raflés” : la question personnelle de Gilles Bornstein à Marine Le Pen

Fort heureusement pour Marine Le Pen, le niveau lamentable du débat politique a trouvé à s’exprimer avec un nouvel épouvantail, Jean-Luc Mélenchon annoncé suffisamment haut dans les sondages pour faire peur aux bourgeois. Parmi toutes les âneries lues et entendues sur le sujet, l’une d’elles se détache, celle de BHL : «France et #Veldhiv: il n’y a PLUS de débat; les historiens ONT tranché; insulte, donc, aux victimes ET aux historiens; obscénité médiatique. »

Au-delà de la boursouflure habituelle dans le choix des termes, la partie intéressante est que l’histrion annonce que les historiens ont tranché et que par conséquent il n’y a plus de débat ! Le philosophe fait fort, mais ce n’est pas pour rien. À considérer ainsi qu’il existe une vérité historique ayant autorité de la chose jugée. N’importe quel étudiant en première année de licence d’histoire sait déjà que toute vérité historique est d’effet relatif. Et BHL sait depuis sa polémique d’il y a 40 ans avec Pierre Vidal-Naquet, que l’arbitre des débats historiques n’est plus l’opinion savante, mais l’opinion publique, c’est-à-dire, ceux qui la font, les médias. Au sein desquels il dispose de tous les verrous nécessaires. Et pourtant, on ne saurait trop lui conseiller la lecture de Quentin Skinner, penseur d’un autre calibre que lui, qui enfonce le clou dans le cercueil d’une « vérité historique » immuable : « le maximum que l’on puisse raisonnablement espérer dans les humanités, voire dans les sciences, est que ce que l’on dit apparaisse rationnellement acceptable à ceux qui se trouvent dans la meilleure position pour en juger. C’est assurément tout ce que j’entends affirmer, et il est préférable de rappeler que jusqu’à présent, le destin universel des explications historiques et même scientifiques fut d’être dépassées. C’est sur ce point que je souhaite m’arrêter : la factualité devrait être distinguée de la vérité. » (Quentin Skinner. La vérité et l’historien. 2012. Collection audiographie. EHESS)

On invoquera aussi le patronage de Marc Bloch disant« En vérité le proverbe chinois est sage qui énonce : les hommes ressemblent plus à leur temps qu’à leur pères ». Ajoutant que les faits historiques étaient par essence des faits psychologiques. (Marc Bloch, Apologie pour l’histoire, Armand Colin.) Alors si on le comprend, les usages du passé, prétendant le clarifier, ne seraient que politiques, et la mémoire le masque de l’idéologie ? Ce que nous confirme Michel Foucault selon lequel le passé nous réserverait toujours des surprises puisque qu’ « on montre aux gens non pas ce qu’ils ont été, mais ce qu’il faut qu’il se souvienne qu’ils ont été. » (Michel Foucault. Dits et écrits 1954 – 1988. Gallimard)

>> A lire aussi: Jérôme Leroy et Marine Le Pen victimes de l’hystérie électorale. Contre eux, les cons se déchaînent! Alors quel est donc le débat dont BHL prétend qu’il est clos parce que les historiens l’auraient tranché ? C’est tout simplement celui de savoir si le gouvernement de la France entre le 17 juin 1940 et le 25 août 1944 peut être considéré comme légitime et avoir agi au nom de la France, ou si au contraire c’était un gouvernement de rencontre, installé à cause de la défaite et par conséquent illégitime. C’est donc d’abord et avant tout une question politique. Depuis plus de 70 ans, deux vérités politiques s’affrontent, Charles de Gaulle suivi par Georges Pompidou et François Mitterrand a toujours considéré que « la France » qui est une entité indéfinie représentée par le gouvernement légitime d’un État nation territorial ne l’était pas par le gouvernement de Vichy. Les tenants de la collaboration et de la légitimité de « l’État français » de Pétain, dont ceux qui ont fondé le Front national, pensent et défendent la position contraire. Souillure à laquelle ce parti n’échappera jamais. On notera d’ailleurs avec amusement que, contrairement à ce qu’affirment les ignorants, Marine Le Pen soutient une position inverse à celle de son père depuis l’origine de sa carrière politique. Jacques Chirac, suivi par Nicolas Sarkozy puis François Hollande a adopté une position chantournée, qui, qu’on le veuille ou non abouti à identifier l’appareil d’État que Vichy avait récupéré, à « la France ». Ils ont été rejoints ces temps-ci par toutes une cohorte d’historiens amateurs ou de seconde zone, tout émoustillés de se sentir valeureux dans un combat antifasciste, à taper sur Marine Le Pen. Allant jusqu’à accepter qu’on titre leurs interventions: «Marine Le Pen se trompe, la culpabilité de la France est accablante».

Et l’on voit bien la dimension politique du propos, il est de nourrir la perception de « ce passé qui ne passe pas », comme celui d’une France de collabos, de délateurs, et qui doit expier. Je renvoie ici à la lecture de l’indispensable ouvrage de Pierre Laborie (Le chagrin et le venin, Bayard), qui décortique comment à partir des années 70 s’est construite une nouvelle vulgate sous prétexte d’abattre le mensonge gaulliste et de mettre les Français face à la réalité de ce qu’ils sont, comme dirait BHL, moisis et glauques. Il y avait urgence à se débarrasser de la fable de « l’honneur inventé d’une France résistante et héroïque, par le mensonge sublime du général De Gaulle offert en cadeau aux Français à la Libération. » Or c’est un prétexte, pour masquer l’objectif politique, de cette présentation aujourd’hui.

Il n’y avait pas de mensonge sublime, mais une vérité politique. Charles De Gaulle est parti à Londres parce qu’il avait compris que les puissances de l’axe perdraient la guerre et que la France malgré sa défaite de juin 40 devait être à la table des vainqueurs. Ce qui fut fait et reconnu par les alliés qui durent s’incliner devant cette réalité politique après le Débarquement en Normandie. Et ce n’est pas faute pour eux d’avoir essayé de faire autrement. L’Histoire a tranché.

« Le 17 juin 1940 disparaissait à Bordeaux le dernier Gouvernement régulier de la France. » Il y a aussi une vérité juridique, celle d’un pouvoir illégitime installé par un double coup d’État, celui du 17 juin 1940 à Bordeaux avec la nomination de Philippe Pétain comme président du Conseil et celui du 10 juillet 1940, dans la confusion et sous la pression des armes allemandes, avec le vote de l’abolition de la République à Vichy. Dans son discours du Caire en 1941, Charles De Gaulle a formidablement décrit en quatre phrases cette réalité historique : « Le 17 juin 1940 disparaissait à Bordeaux le dernier Gouvernement régulier de la France. L’équipe mixte du défaitisme et de la trahison s’emparait du pouvoir dans un pronunciamento de panique. Une clique de politiciens tarés, d’affairistes sans honneur, de fonctionnaires arrivistes et de mauvais généraux se ruait à l’usurpation en même temps qu’à la servitude. Un vieillard de quatre-vingt-quatre ans, triste enveloppe d’une gloire passée, était hissé sur le pavois de la défaite pour endosser la capitulation et tromper le peuple stupéfait. Le lendemain naissait la France Libre.» Très rapidement, De Gaulle demanda à René Cassin de rédiger l’analyse qui établissait l’illégitimité du gouvernement de Vichy et la légitimité de la France libre. Et celle-ci se dota alors des organes juridiques d’un État régulier, quoique de formes provisoires en attendant la reconquête du territoire de la métropole. À la Libération toute la production normative de Vichy fut déclarée nulle et de nul effet. Les dirigeants de « l’État français » furent jugés pour haute trahison, condamnés, et pour les plus coupables d’entre eux passés par les armes.

Ils avaient fait le choix de profiter de la défaite militaire pour instaurer une dictature antirépublicaine et ont cherché grâce à une complaisance de tous les instants à plaire l’occupant dans l’espoir d’une place de choix dans l’Europe allemande. Et c’est bien là, que l’on voit se profiler l’enjeu politique de ce débat et de l’affrontement de ces deux thèses antagonistes. Car l’effondrement de juin 40 n’est pas dû au hasard, ou au refus de la troupe de combattre. Il est dû à la trahison des élites, et au choix de la défaite par la bourgeoisie dès 1936. Comme le demandait Marc Bloch en 1944 peu de temps avant sa mort : « Le jour viendra […] et peut-être bientôt où il sera possible de faire la lumière sur les intrigues menées chez nous de 1933 à 1939 en faveur de l’Axe Rome-Berlin pour lui livrer la domination de l’Europe en détruisant de nos propres mains tout l’édifice de nos alliances et de nos amitiés. » L’ouverture des archives permet aux historiens qui n’ont pas peur d’affronter la doxa d’étudier cet avant-guerre et de donner raison à De Gaulle qui disait en 1963 : «Heureusement, le peuple a la tripe nationale. Le peuple est patriote. Les bourgeois ne le sont plus ; c’est une classe abâtardie. Ils ont poussé à la collaboration il y a vingt ans, à la CED il y a dix ans. »

La vérité des héritiers de VGE

La mise en place de la vulgate de la France-collabo date du début des années 70, avec notamment la promotion du film : Le chagrin et la pitié, juste après le départ de De Gaulle, congédié par la bourgeoisie grâce à l’engagement de Valéry Giscard d’Estaing. Cette même bourgeoisie aujourd’hui adossée à des élites « dirigées » raffole de l’UE, outil de la domination d’une l’Allemagne qui les fascine toujours autant. Cette haine de soi s’exprime dans ce refus du débat sur la thèse de la France « responsable du Vel’ d’Hiv’ », car c’est celle qui justifie l’allégeance. Et qui fait que des candidats à la présidence de la République se précipitent sans honte à Berlin pour leur entretien d’embauche au poste de chef de district du länder France.

Pour ma part, je considère que non, la « culpabilité de la France » n’est pas accablante. Un gouvernement de trahison qui avait la main sur une partie de l’appareil d’État s’est mis au service du nazisme. Les 7000 gendarmes mobilisés en ce jour de juillet 1942, pour cette immonde et déshonorante opération ne représentaient pas leur pays, ils n’étaient pas la France. Ceux qui l’étaient à ce moment-là, c’était les 3700 soldats qui le mois précédent avaient tenu pendant 15 jours à 1 contre 50 la position de Bir Hakeim dans le désert libyen.



dimanche, avril 16, 2017

Pâques, le seul événement de l'Histoire



Prions pour les chrétiens persécutés, par les musulmans, par le gouvernement chinois, ...

Si la France est responsable de la rafle du Vel d'Hiv ...

Si La France est responsable de la rafle du Vel d'Hiv, la gouvernement de Vichy était légitime, le maréchal Pétain est le sauveur de la patrie, le général De Gaulle est un factieux justement condamné à mort, les résistants sont des rebelles et Jean Moulin est un traitre. Et les Justes qui ont sauvé des juifs sont aussi des traitres. Il faut débaptiser les rues de France qui portent leurs noms.

Cette opinion, qu'on appellera lecture chiraquienne de l'histoire (ça prouve, s'il en était besoin, que Jacques Chirac n'a jamais été gaulliste) peut se soutenir (mes lecteurs savent que ce n'est pas la mienne), elle est partagée par l'ensemble de notre classe jacassante ou presque, mais encore faut-il l'assumer (ce que font certains de mes lecteurs, au contraire de la racaille médiatique critiquant Marine Le Pen).

Evidemment, la cohérence n'est pas le fort de ceux qui causent dans le poste puisque, à tort à travers, en avant et en arrière, à droite et à gauche, leur seule constance est qu'il faut que, toujours et sans exception, la France soit coupable. Et encore plus quand c'est Marine Le Pen qui la défend.




La révolution Trump est-elle déjà finie ?

Il semble que Trump soit rentré dans le rang du Système, trahissant sa campagne et ses électeurs : renoncement au mur payé par les Mexicains, recul sur l'Obamacare, bombardements en Syrie (pour lesquels il a reçu les félicitations de la Clinton !) et, plus que tout, renvoi de Bannon.

Le problème de Trump a toujours été son absence de relais à Washington.

Et l'enjeu était clair : les Etats-Unis sont-ils encore une démocratie ? Le peuple américain  peut-il encore imposer sa volonté au Système ?

Aujourd'hui, nous avons la réponse : non.

Seul espoir, infime : Trump est retors.

samedi, avril 15, 2017

Le présent perpétuel : l'étouffoir médiatique

J'écoute (je ne regarde pas) Zemmour et Naulleau, sur Paris Première.

Suite à des interrogations de Zemmour, Nathalie Arthaud parle de Trotsky en 1917 et François Asselineau de De Gaulle en 1966. C'est justifié et intéressant : la politique est l'art de lier passé, présent et avenir pour surmonter les conflits irréductibles.

Si on reste dans un éternel présent, on est d'accord avec tout le monde et on vote Macron.

Or, que font la présentatrice et Naulleau dans un bel ensemble  ? "Tout ça c'est loin, revenons au présent". Aussitôt, le débat baisse d'un cran en intérêt.

C'est un exemple, très démonstratif, de l'étouffoir médiatique des débats politiques. On coupe, on hache, on émince et les mêmes hypocrites verseront des larmes de crocodile sur la nullité de la campagne.

vendredi, avril 14, 2017

Les braises de Craonne

Les braises de Craonne

FRANÇOIS D'ORCIVAL
Une semaine avant le premier tour de la présidentielle, un mois avant de quitter l’Elysée, François Hollande aura accompli ce dimanche un ultime geste : commémorer le centenaire d’un désastre. Avant d’écouter comme un cantique, La Chanson de Craonne, l’hymne des déserteurs. Célébrer le sacrifice tout en honorant la désobéissance en temps de guerre… La braise des mémoires n’est pas éteinte. Fallait-il la ranimer ? Le Chemin des Dames, ce n’est pas Verdun, cette victoire de la ténacité française, c’est une affreuse défaite militaire et morale. Elle suit la révolution russe de février 1917, l’abdication du tsar, la désintégration de son armée ; elle fabrique les mutineries de deux régiments qui vont contaminer huit divisions, jusqu’à enflammer des ­humeurs de folie collective à l’Assemblée. Et c’est Pétain qu’on rappelle pour sauver de l’humiliation une armée de 2 millions d’hommes.
Est-ce bien cela que va célébrer le président de la République ? « Infime ou immense, l’humiliation est si douloureuse qu’on la juge pire que la douleur », écrit Michel Zink, le grand médiéviste, dans un beau texte sur l’humiliation dont il cherche les sources jusqu’au Moyen Age *. Dans le prologue de son propos, il cite le cas d’un ­déserteur de la Grande Guerre condamné à mort. « Le malheureux est une loque, il faut le traîner. Un général croise le sinistre cortège. Il s’arrête, fait venir le condamné et lui dit : le risque de voir l’armée se débander exige que les déserteurs soient exécutés. On vous envoie donc à la mort pour la défense du pays, comme on envoie à la mort les soldats qui sortent de la tranchée. Vous aussi, vous mourrez pour la France. » Alors, dit Michel Zink, le condamné affronta la mort « avec courage et dignité ». Que lui dirait-on aujourd’hui selon les ­canons de la pensée dominante ? « Mon cher, je vous gracie et je vous félicite » ? C’est cela que l’on fait en écoutant pieusement La Chanson de Craonne. Michel Zink conclut son anecdote en expliquant : « Dans le cadre des valeurs alors admises par tous [en 1914-1918], ce général avait fait pour ce malheureux le plus qu’il pouvait en effaçant l’infamie attachée à sa mort. »
C’est hélas ce dont on n’est plus capable, parce que l’honneur et le courage ne sont plus enseignés comme des vertus cardinales. Si l’armée sacrifiée au Chemin des Dames n’avait pas été finalement sauvée, au prix inhumain des « fusillés pour l’exemple », l’appel à Clemenceau, en novembre 1917, eût été vain.

Présidentielles : l'aventure ou la pourriture

J'hésite encore sur la question de savoir si les Français ont les politiciens qu'ils méritent. C'est une question fondamentale : si la réponse est négative, il suffit de remplacer les politiciens faillis, pas facile mais faisable. Si la réponse est positive, il n'y a plus guère d'espoir pour la France.

Or, depuis un mois, à cause des conversations de campagne électorale, je change peu à peu d'avis.

Tous sont d'accord pour se plaindre de la situation de notre pays, mais ensuite ?

Il y a d'abord la forte cohorte de ceux qui gobent ce que racontent les médias parce que, même en sentant qu'on leur bourre le mou, c'est trop fatiguant de penser par soi-même (pléonasme). Un interlocuteur me l'a avoué presque dans les termes que j'utilise. La paresse comme premier paramètre politique.

Ensuite, il y a ceux, beaucoup plus nombreux qui font une analyse lucide mais qui refusent d'en tirer les conclusions, par pusillanimité. "Voter Le Pen ? Voter Mélenchon ? M'abstenir ? Surtout pas !" Bin alors, ne te plains pas : en restreignant ton choix aux guignols Fillon et Macron, tu condamnes le pays à la politique dont tu réprouves les conséquences. Bossuet et compagnie : Dieu rit des prières qu'on lui fait pour écarter des maux dont on chérit les causes.

Jacques de Guillebon, dans Causeur, détourne une phrase de La Tour du Pin : les pays sans esprit d'aventure sont condamnés à mourir de froid. C'est la seule raison de voter Le Pen (ou Mélenchon) que je partage sans réserve : l'aventure. Le rivage des Syrtes à domicile : mieux vaut mourir d'un dernier sursaut que d'un coma.

Ou, comme disent les Tontons Flingueurs, quand ça change, ça change, faut pas se laisser démonter. Ou, plus adapté, une brute qui marche va plus loin qu'un intellectuel assis.


lundi, avril 10, 2017

Les paysans, les statistiques : les technos et la haine du peuple

Toute la politique française des quarante dernières années est résumée par la phrase de Brecht : « Le peuple vote mal ? Changeons de peuple ».

Le PCF, voyant que les ouvriers français avaient des rêves bourgeois, les a abandonnés  et s'est tourné vers ce prolétariat de substitution que sont les zimmigris.

Le capitalisme mondialisé détestant les paysans, (l'enracinement, c'est le mal), leurs complices technocrates les a transformés en esclaves prisonniers de leurs subventions et de leurs crédits agricoles.

Dans les deux cas, les technocrates ont été les zélés instruments de la destruction du peuple français.

Il y a donc complémentarité entre ces deux articles :


Isabelle Saporta:  « Comment peut-on avoir laissé tomber les paysans à ce point ? »

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Que vous inspire la campagne présidentielle ?

Nous sommes à la veille d'une élection cruciale pour la France. Il existe une angoisse abyssale de la part de nos concitoyens. Plutôt que de chercher à résoudre les causes de celle-ci, la seule réponse des politiques, c'est de culpabiliser les Français et notamment les agriculteurs en leur disant qu'ils ne sont pas assez productifs et peu compétitifs. En plus, il ne faudrait surtout pas qu'ils se trompent lorsqu'ils iront voter. C'est par exemple flagrant dans les territoires ruraux. Cela fait trente ans que les politiques les ont laissés tomber en fermant les uns après les autres les services publics. En donnant les clefs du commerce aux grandes surfaces sous couvert de la défense du pouvoir d'achat des ménages. Une politique suicidaire qui a tué le petit commerce, vidant les centres-bourgs. Mais qui a aussi éliminé les uns après les autres les agriculteurs, qui n'arrivent plus à vivre dignement de leur travail. Avec à la clef de nombreux emplois supprimés, remplacés par des postes précaires dans la grande distribution. Et quand ces mêmes agriculteurs veulent s'en sortir, l'administration leur met des bâtons dans les roues.

Avez-vous un exemple ?

Dans les Hautes-Pyrénées, où j'étais il y a deux semaines, des agriculteurs attachés aux produits du terroir, comme le porc noir de Bigorre, ont trouvé un accord avec la grande distribution sur un système de prix plus juste et rémunérateur. Ils se sont heurtés à l'administration, qui estime qu'il s'agit d'une entente illicite qui entrave le commerce.

[…]

Finalement, que faut-il faire pour sauver les agriculteurs ?

Il faut nouer un pacte historique entre la société et ses nourrisseurs, et arrêter de les brider. Le capital sympathie qu'ils ont avec la société est très fort. Comment peut-on avoir laissé tomber les paysans à ce point? Ce sont eux qui nous nourrissent. Après avoir abandonné ses ouvriers, la France va-t-elle faire la même chose pour ses paysans ? On sacrifie ce qu'il y a de mieux pour produire au moindre coût, mais, à ce jeu-là, on est toujours perdant.
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Contrairement à Isabelle Saporta, je ne m'interroge pas. Les raisons pour lesquelles « on » a laissé tomber les paysans à ce point sont parfaitement claires, comme je viens de m'en expliquer supra.


L'Élysée publie un manuel pratique des mensonges statistiques

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Quant aux chiffres, ils ont la réputation d'être la plaie du discours techno, sans chair et sans âme. Or ce poncif est le moindre grief qu'on puisse leur adresser. Les statistiques sont en réalité à la portée du premier venu et il n'y a pas d'instrument plus paresseux : cela évite l'effort d'intuition nécessaire pour comprendre et expliquer, quel que soit le sujet. Les chiffres font leur office de démonstration, croit-on, alors que personne n'est dupe de leur stérile abstraction.

Ce péché de l'esprit, car c'en est un, se constate à nouveau dans le bilan gorgé de nombres que publie actuellement la présidence de la République sur son site. Un quinquennat pour la France et les Français. Ces 76 pages illustrent la plupart des formes de mensonge que permettent les statistiques: approximation des termes, choix tendancieux des dates de référence, fausse corrélation, insignifiance des données.

[…]

Le tâcheron de l'Élysée, auteur de ce fatras pour son patron, n'a aucune idée de la nature des choses. Il est certes légitime d'établir des bilans pro domo, mais une telle absence d'objectivité est autodestructrice. «Tout ce qui est excessif est insignifiant», selon l'adage français. Pour parler comme pour chanter juste, il faut d'abord se mettre au bon diapason, celui des réalités.
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Euro et inertie antidémocratique

Il y a des gens, comme Charles Gave et Jean-Jacques Rosa, qui ont dit dès le début que l'Euro était un monstre idéologique et une aberration économique. D'autres font le même constat aujourd'hui. Par une honnêteté intellectuelle qui les honore, ils voient ce qu'ils voient.

Je me suis trompé en votant "oui" en 1992 et en 2005, je n'en suis pas fier. Mais, du moins, j'ai compris,

Les articles de ce type se multiplient :

Euro : pour un passage de la monnaie unique à la monnaie commune

Pourtant, rien ne change : l'Euro est toujours régi par les mêmes règles qu'au premier jour.

C'est que les eurocrates ont trouvé la recette miracle : pour que rien ne change, il suffit ... de ne rien changer !

L'inertie comme réponse à toutes les revendications et à toutes les interrogations. Et un peu de manipulation pour faire passer tout cela, comme on le voit dans la campagne électorale en cours. Cause toujours, je continue à forer droit.

C'est si simple que c'est brillant.

Cette stratégie fonctionne très bien parce qu'elle est en phase avec l'époque. Nous vivons à l'époque de l'inertie. Nous communiquons et nous nous déplaçons de plus en plus vite, mais nous prenons les décisions de plus en plus lentement. Le temps pour décider de la construction d'un aéroport ou d'une pissotière a quintuplé en cinquante ans.

Cela fait dix ans que les Français se sont fait mettre par le traité de Lisbonne inversant leur vote de 2005. A une autre époque, il y aurait déjà deux révolutions et un coup d'Etat. Là, rien.

La suite, qui me fait très peur, est connue : quand une caste fige un système, empêche les micro-ajustements, un macro-ajustement qui résout tout, sur le mode « maladie soignée, malade mort » tombe d'un coup : révolution, banqueroute, guerre, invasion, etc.


















dimanche, avril 09, 2017

Bientôt sur vos écrans, le suicide de la droite molle

Le suicide de la droite molle est la prochaine étape de la décomposition politique française.

Si nous avons un deuxième tour Macron-Le Pen, les élus de la droite molle appelleront à voter Macron tandis que leurs électeurs voteront Le Pen ou s'abstiendront. La droite molle sera devenue un parti d'élus sans électeurs, comme le centre de Bayrou.

Si Fillon est battu par Le Pen, explosion du parti.

Si Fillon gagne, le suicide sera plus lent mais tout aussi inéluctable (sauf si un autre pays fait éclater l'Euro, prenant la décision que la droite molle est incapable de prendre), car Fillon échouera, plus ou moins rapidement, mais il échouera : il ne veut pas rompre les liens qui nous entravent (Euro, UE, Schengen, OTAN).

Tout cela est d'une logique implacable, il y a une justice immanente : puisque la droite molle se soumet aux oukases de la gauche, autant voter directement pour la gauche, c'est ce qui fait le succès de Macron, ou pour la vraie droite, c'est ce qui fait le succès de Le Pen.

En mai 2017, les Français auront le président qu'ils méritent.

Non pas à cause de cette élection en particulier. On admet qu'il peut y avoir tromperie sur une élection. Les électeurs de Mitterrand en 1981 ou ceux de Sarkozy en 2007 ont de bonnes raisons de s'estimer floués.

Cependant, sur la durée, la tendance est nette. Cette élection est la huitième depuis Giscard d'Estaing, il y a unanimité pour considérer que chaque président est pire que le précédent. Mais, à chaque fois que les Français ont eu l'occasion de renverser la tendance, ils ne l'ont pas saisie.

 Il y a toutefois des Français qui ont plus de responsabilité que les autres dans ce désastre : les élites. Elles ont constamment cherché à fausser les élections. Le problème de fond est là : une partie des Français, la plus élevée, a divorcé de la France.

Notons, comme Zemmour, comme Camus, comme d'autres, que les traitres ont atteint leur but : si la campagne électorale en cours est atroce, c'est parce qu'il n'y a plus de peuple français, mais des communautés, plus ou moins françaises, de plus en plus segmentées, qui ont chacune leur candidat. Prochaine étape : le scénario Houellebecq.

samedi, avril 08, 2017

Céline les emmerde

Effacer Céline ? Une enquête tente de le résumer à son seul antisémitisme

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L’information est passée presque inaperçue : le 23 février 2016, la ministre de l’Éducation Najat Vallaud-Belkacem inaugurait à Villeurbanne, sur le territoire de sa future circonscription, un collège Louis-Ferdinand Céline, presque quatre-vingts ans après la tragique disparition de l’auteur. Elle saluait la mémoire du grand écrivain, mort dans un accident de la circulation, le 20 mai 1936 à Londres, quelques jours après la parution de son second et dernier roman, Mort à crédit.

Najat Vallaud-Belkacem célébrait dans son discours, en la personne de Louis-Ferdinand Céline, un écrivain qui, par son pacifisme intégral, son anticolonialisme virulent, sa dénonciation de la misère sociale et de l’enfance malheureuse, son sacerdoce de médecin des pauvres, demeurait une des grandes consciences littéraires de son temps à l’image d’un Victor Hugo ou d’un Émile Zola, dont la ministre rappelait que Céline avait prononcé l’éloge à Médan le 1er octobre 1933. Najat Vallaud-Belkacem citait d’ailleurs un extrait de cet hommage célinien qu’elle estimait capital : « L’œuvre de Zola ressemble pour nous, par certains côtés, à l’œuvre de Pasteur si solide, si vivante encore, en deux ou trois points essentiels. Chez ces deux hommes, transposés, nous retrouvons la même technique méticuleuse de création, le même souci de probité expérimentale et surtout le même formidable pouvoir de démonstration, chez Zola devenu épique. » La ministre concluait alors sur la chance qu’auraient les futurs élèves de ce nouveau collège Louis-Ferdinand Céline de s’émanciper grâce à l’école de la République sous le patronage de cette figure incontestée de l’humanisme, du progressisme et de l’antiracisme.


Les paragraphes qui précèdent sont évidemment une fiction, ou plus précisément une uchronie. Céline n’est pas mort écrasé par une voiture à Londres le 20 mai 1936 mais à Meudon le 1er juillet 1961 à l’âge de 67 ans. Il n’est pas simplement l’auteur de Voyage au bout de la nuit et de Mort à crédit mais aussi de huit autres romans et de quatre pamphlets dont trois sont ouvertement antisémites et toujours interdits de publication, notamment sous la pression de la veuve de Céline, Lucette Destouches qui, à l’heure où nous écrivons, est toujours vivante et a atteint l’âge de… 104 ans ! Il s’agit de Bagatelles pour un massacre (1937), L’École des cadavres (1938) et Les Beaux Draps (1941).
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Ah, comme Céline les emmerde !

Ca cause, ça bavasse, ça déblatère, ça écrivaillonnne. Est-ce que Céline il est-il un écrivain devenu antisémite ou est-ce que le Destouches il est-il un antisémite devenu écrivain ? Et patati et patata. Et que je t'en rajoute. Et que je te pétitionne. Et que je te pamphlète. Et que je te recherche les micro-chiures de mouches dans la correspondance du maudit. Comment un tel cador du plumier peut-il tourner bouffe-youpin ? Et est-ce qu'il faut le donner à lire aux petites filles entre deux visionnages de sodomie et de fist-fucking sur You Porn ? etc. Et que je te tartine sur son humanisme et que, gaspation, foutre-dieu, damnation, horreur, enfer, je ne comprends pas comment un si doux agneau peut être antisémite rabique (pas rabbinique, hein !).

Vous allez me dire, les bavasseurs, c'est fait pour bavasser, et on n'est pas obligé de les écouter. On a mieux à faire, un steak-frites ou une poularde demi-deuil.

C'est vrai quoi, le problème est simplissime :

1) Le prétendu humanisme de Céline consiste en un désespoir métaphysique qui méprise tous les hommes à égalité. Il n'y a donc aucune contradiction avec l'antisémitisme. De toute façon, les types qui aiment trop les animaux sont des zinzins. Céline est très moderne, c'est un homme sans Dieu, perdu dans sa haine de la vie et des hommes. Un anti-Saint-François d'Assise.

2) Où avez vous vu que le pisseur de prose, le chieur de romans, était un être à part ? S'interroge-t-on pour savoir si on peut être menuisier de génie et antisémite ou plombier-zingueur de talent et judéophobe ? L'oeuvre est séparable de son auteur. Céline est un salaud et on s'en fout, on s'en tamponne, on emmerde les pères-fouettards de la moraline à deux balles et on le lira quand même. Comme Brasillach, comme Bardèche, comme Karl Marx ...

Evidemment, c'est plus facile de faire le justicier de salon pour soixante-huitardes ménopausées et liftées en s'attaquant aux morts qu'aux vivants qui, les cons, pourraient se défendre. Courageux mais pas téméraires ...

Ces intellos, qu'est-ce qu'ils nous prennent le chou pour rien. Là où on se fait baiser, c'est qu'il y a beaucoup de ces parasites qui vivent de nos impôts. Rigolez pas. Il y a des cons qui écrivent des centaines de pages sur ce sujet qui tient en un billet, et encore, en tirant à la ligne.

Céline les emmerde car il dévoile leurs vilains petits secrets : l'intellectuel n'est pas un être supérieur et la modernité est une saloperie. Alors, on noie le poiscaille dans l'encrier bio-équitable et plein d'amour.