Grande-Bretagne détachée, France soumise et désindustrialisée, Russie hostile mais inoffensive, Allemagne toute-puissante : l'objectif stratégique d'Hitler est accomplie.
Choquant ? Peut-être, mais est-ce faux ?
On peut rétorquer que l'idéologie européiste est à l'inverse de l'idéologie hitlérienne. Mais en fait, non, pas vraiment.
Par une ruse de l'histoire, l'obsession anti-raciste finit par constituer un violent communautarisme obsédé par les races (cela favorise aussi une obsession islamophile qui est puissamment anti-juive) et le mépris des libertés politiques est aujourd'hui tout aussi fort que sous Adolf (mais les libertés individuelles sont protégées jusqu'au délire).
La violence n'est pas vraiment un critère distinctif de la situation : Hitler aurait gagné la guerre en 1940 (1), croyez vous que l'Europe de 2018 serait plus violente que ce qu'elle est ? Bien sûr que non. Les opposants auraient été éliminés depuis longtemps ou se seraient ralliés. Peut-être même que les juifs, devenus très minoritaires (par déportation plus que par extermination : le judéocide est une conséquence de la défaite allemande), seraient ni plus ni moins menacés qu'aujourd'hui.
Cette continuité n'a rien de surprenant. Il y a un domaine où 1945 n'a absolument pas été une rupture : le règne des technocrates. Dans tous les pays, l'épuration a été superficielle, les technocrates sont passés sans efforts ni difficultés d'européistes nazis (ou pétainistes) à européistes monnetistes.
Par contre, il n'est pas indifférent que, pour en arriver à la situation actuelle, on n'ait pas usé de violence physique.
Pourtant, si l'on considère uniquement la situation, sans prendre en compte la manière dont on y est parvenu, un seul point sépare le rêve stratégique d'Hitler de l'Europe actuelle : la domination américaine.
J'admets ce que peut avoir de provocateur ce billet pour un lecteur abreuvé aux medias de masse, mais c'est étudié pour. Si cela vous permet au moins de comprendre à quel point nous sommes éloignés de « la France libre et indépendante, dans l'honneur et par la victoire », c'est déjà bien.
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(1) : rappelons qu'Hitler s'est approché au plus près de la victoire définitive fin mai 1940 :
Le duel Churchill-Hitler (J. Lukacs)
Five Days in London : May 1940 (J. Lukacs)
A ce moment là, la France était dotée d'un gouvernement légal et légitime, qui aurait accepté la fin des combats avec soulagement. Pas de De Gaulle, pas de Résistance, pas de déportations.
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