Synode en Amazonie : la marche sur Rome des théologiens de la libération.
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C’est pourquoi il vaut mieux trancher dans le vif en amont : il ne s’agit même plus de la question de « l’infaillibilité pontificale ». Cette dernière concerne l’enseignement du pape sur « la foi et les moeurs ». Mais nous ne sommes plus dans ce cadre ; nous avons basculé dans ce que redoutait dès la fin des années 1960 le Cardinal Daniélou: un terrible « affaissement de la foi chez les clercs » ! Quand un texte est présenté à Rome, dont les auteurs ne croient plus au Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, il n’y a qu’une seule chose à dire, sans animosité: amicus Franciscus sed magis amica veritas (François est notre ami mais la vérité est une plus grande amie encore).
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Je partage le malaise d’Edouard Husson depuis longtemps. Je pense que beaucoup de clercs (j’ai tendance à penser : d’autant plus qu’ils sont plus élevés dans la hiérarchie) ne sont plus chrétiens mais vaguement déistes, branche humanisme sirupeux, voire franchement athées. Au premier rang, le pape François.
La particularité de la foi chrétienne est qu’elle est inscrite dans l’histoire. C’est plus que toute autre une religion de l’incarnation. Si on enlève du Credo les mots « sous Ponce Pilate », qui placent Jésus dans l’histoire, le récit du Dieu fait homme, né d’une vierge, crucifié et ressuscité devient un mythe banal comme on en trouve dans les mythologies, grecque par exemple.
Cette historicité du christianisme est perpétuée par l’Eglise, grâce à la succession apostolique ininterrompue, et aussi (héritage d’Israël) par l’attachement aux nations, perpétuation dans l’ordre terrestre de l’historicité comme l’Eglise l’est dans l’ordre divin.
Autrement dit, pour être pleinement chrétien, il faut croire au Christ ressuscité mais aussi en l’Eglise en tant que corps historique du Christ et en la nation, au moins tant qu’idée. Car si on ne croit pas en la nation on ne croit pas en l’élection d’Israël et on coupe le christianisme de ses racines juives. Hérésie connue sous le nom de marcionisme.
Or, les clercs (à part quelques heureuses exceptions) donnent tous les signes (et le pape François plus que les autres) de ne plus croire ni en l’Eglise ni en la nation. En cela, il ne sont, c’est terrifiant à écrire, plus chrétiens. Ils ont supprimé « sous Ponce Pilate » du Credo. Ils se réfèrent à un mythe évanescent.
Il n’est donc pas étonnant que la principale hérésie du synode de l’Amazonie est de laisser entendre que toutes les origines et toutes les histoires se valent.
C’est désespérant, irritant, angoissant. Tout ce que vous voulez, mais pas surprenant.
Il suffisait de lire, depuis un paquet d’années, les déclarations insipides des évêques de France, assemblages d’expressions toutes faites dignes du bullshit bingo des technocrates, pour se rendre compte qu’il y avait un problème.
Le remède ? Comme d’habitude, le Christ et les Saints. Quelques évêques de bon calibre, et les cardinaux déistes seraient vite ramenés à leur insignifiance.
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