Le 1er septembre 1939, l'Allemagne envahit la Pologne.
En vertu de leurs accords d'assistance, la Grande-Bretagne et la France doivent venir à son secours. Déclarer la guerre : oui ? Non ? Quand ?
Même pour les partisans de la déclaration de guerre se pose un problème technique (assez anecdotique) : les Anglais veulent aller vite pour que la Royal Navy puisse saisir les navires allemands, les Français veulent prendre leur temps pour que l'armée puisse mobiliser.
Les pacifistes (les invertébrés style de Monzie, Chautemps) présentent un argument plus sérieux (qui sera repris au procès de Riom) : « Nous ne sommes pas prêts. Déclarer la guerre maintenant est téméraire. Attendons, le temps joue pour nous ».
Sauf qu'ils sont hypocrites, ils ne veulent absolument pas faire la guerre à l'Allemagne, ni maintenant ni plus tard. Si nous n'avions pas déclaré la guerre en 1939, ils auraient trouvé plus tard d'autres prétextes pour ne toujours pas la déclarer.
Oui, la France n'est pas prête. Mais le temps ne joue pas pour elle. L'Allemagne se renforce à chaque conquête.
Surtout, tonton Adolf est bien décidé à l'avoir, sa guerre.
Donc, oui, dans la situation merdique de la France de 1939, la déclaration de guerre n'est que la moins mauvaise décision possible, les décisions vraiment catastrophiques sont antérieures.
Et puis, tout simplement, c'est une décision honorable. L'honneur, ça compte.
Mais, nom de Dieu, qu'elle est difficile à prendre, cette décision conforme à l'honneur. Ca grenouille, ça merdouille. Un pays craintif, sans vitalité. L'apathie de Gamelin, qui éteint systématiquement les velléités des politiques, joue son rôle (mais, au final : c'est bien le gouvernement qui est coupable : pourquoi maintient-on à son poste un homme dont l'inaptitude est connue de tous depuis les accords de Munich - sa réaction ayant surpris par sa pusillanimité ?).
Aux premières escarmouches frontalières, les Allemands analysent avec raison le fait que l'aviation ne soit pas engagée comme une preuve que les Français ne sont pas sérieux dans leur volonté offensive, censée venir au secours de la Pologne.
Il ne faut pas négliger la baisse de qualité des généraux, dont parle Michel Goya, et qui affectera les Alliés pendant toute la guerre. En 1939, contrairement à 1914, l'état-major n'est plus l'élite de la nation : Gamelin, Georges, Billotte, ça ne vaut pas Gallieni, Castelnau, Lanrezac, vraiment pas. Aucun n'a eu le réflexe salvateur de Lanrezac qui sauve l'armée française de l'encerclement à Charleroi.
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