Mes fidèles lecteurs connaissent mon obsession stratégique maritime.
Je devrais donc me réjouir que Macron recrée un ministère de la mer, mais je ne peux pas.
Je suis au contraire très inquiet, je ne peux pas faire confiance à un salaud pareil : si un sale type comme Macron, un traitre prouvé, en long, en large, en travers, crée un ministère de la mer, cela ne peut être que pour mieux brader notre espace maritime aux Teutons, aux gnomes de Bruxelles, aux Américains et aux Australiens, voire aux Chinois.
Le ministère de la Mer, joyau stratégique du gouvernement Castex ?
C'est un entretien de Christian Buchet (je vous ai fait la recension de La Grande histoire vue de la mer en 2017) :
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L'importance du maritime pour la France est évidente. En France, pour l'instant, le secteur représente 91 milliards d'euros en valeur de production directe. Mais il a connu une croissance de 26% en trois ans. En 2016, il représentait 289.000 emplois, et 355.000 l'année dernière... Et le potentiel est incroyable : si les activités marines directes pèsent 1500 milliards de dollars dans le PIB mondial actuellement, les rapports les plus sérieux tablent sur un doublement d'ici... 2030 ! La France doit non seulement développer ses activités pour suivre le rythme, mais pourquoi pas, prendre plus de place à l'échelle mondiale et rattraper son retard.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, une politique maritime est une politique d'aménagement du territoire. Ce qui nous manque cruellement, c'est un lien direct et facile entre l'intérieur des terres et nos ports. Nous ne nous rendons pas compte à quel point nous pâtissons de la situation actuelle dans les échanges maritimes. Le premier port français est Anvers ! Deux conteneurs sur trois livrés en France passent par Anvers, Hambourg et Rotterdam. Conséquence surréaliste, notre région la mieux connectée aux échanges maritimes est l'Alsace-Lorraine. Dans la région PACA, la moitié des conteneurs provient des trois ports que je viens de citer... Il y a urgence à sauver les ports français. D'autant que l'Italie fait partie du grand projet chinois de nouvelles routes de la soie, et ses ports de Trieste et Gênes seront rééquipés pour avoir une stature intercontinentale d'ici dix ans. Marseille en fera à nouveau les frais...
Il y a évidemment un problème de fiabilité sociale à régler, mais il faut aussi lancer un programme d'infrastructures et de désenclavement du territoire. Routier, ferroviaire mais aussi fluvial : il y avait plus de voies navigables en France à l'époque de Louis XIV qu'aujourd'hui ! Chaque ville doit être mieux reliée à un port de référence français. Au cœur de la France, Limoges doit être mieux reliée à La Rochelle, etc. Ainsi notre économie se tournera naturellement vers la mer. Et aussi, vers notre outre-mer : nos territoires ultramarins sont des bijoux à mettre en valeur, nous y apportons de l'argent public mais stratégiquement, nous les délaissons totalement pour le moment.
Les dirigeants ont la tête dans le guidon. Il faut leur faire prendre conscience des avantages d'une stratégie de moyen et long terme. La chance de la France se trouve pourtant dans son domaine maritime exceptionnel. Intelligemment exploité, que d'emplois peut-il faire naître, que d'influence ! La Chine n'a que 3,7 millions de kilomètres carrés d'espace maritime, et ses experts ont décrété qu'elle ne pouvait pas devenir la première puissance mondiale si elle n'en a pas au moins 5 millions. Nous en avons quelque onze millions...
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