mercredi, octobre 27, 2021

La montée d'Hitler, hasards, complaisances, complicités (P. Renoux) ...

Un billet un peu long mais l'ouvrage le mérite.

Comme la plupart des auteurs, Philippe Renoux sous-estime Hitler, notamment le Hitler de la défaite (1).

Pourtant, cette faute de jugement n'affecte pas la pertinence de son livre : d'une part, il ne sous-estime pas trop Hitler lors de sa montée au pouvoir, d'autre part il a une vision juste des responsabilités.

Les responsabilités

L'Allemagne est coupable de la seconde guerre mondiale. Mais les responsables sont la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.

La Grande-Bretagne, de 1918 à 1938, par une conception anachronique de l'équilibre continental, a systématiquement favorisé le rétablissement allemand au détriment de la sécurité de la France.

Cette responsabilité là est écrasante.

Les Etats-Unis ensuite. Contrairement à ce que croient les béotiens, le principal agent américain en Europe n'a jamais été la Grande-Bretagne, mais l'Allemagne (beaucoup d'émigration allemande dans les années 1870. Le premier génocide allemand de l'ère moderne, ce sont les Indiens). Dès 1918, cela fut la politique constante des Américains de venir au secours de l'Allemagne (novembre 1918 : Pétain pleure de rage -imaginez la scène- quand Foch lui annonce que, sous la pression des Américains, Clemenceau annule l'offensive prévue en Lorraine).

Alors, certes, les boys sont venus se faire trouer la peau sur les plages normandes en juin 1944, mais c'est après que leurs dirigeants aient favorisé cette seconde guerre mondiale par leur politique et tiré tous les avantages stratégiques possibles de leur attentisme (les Etats-Unis ont attendu plus de deux ans avant d'entrer en guerre et ont superbement ignoré les suppliques de Paul Reynaud).

En 1939, dans un entretien, Churchill livre un propos rare mais qui, je pense, vient du fond du coeur : l'Amérique est coupable depuis 1918 d'avoir fait une politique qui favorisait la guerre ou, du moins, ne l'écartait pas.

Les nations n'ont pas d'amis, elles n'ont que des intérêts. Encore faut-il qu'elles sachent les identifier correctement. La Grande-Bretagne, l'Allemagne et le Japon se sont gravement trompés sur leurs intérêts dans les années 30. La France a moins erré dans l'analyse de ses intérêts mais elle n'a pas su en tirer une politique.

Les Etats-Unis, la Russie et la Chine ont tiré les marrons du feu.

Et Hitler vint

Une fois ces responsabilités géo-politiques clairement établies, il est facile de démêler les circonstances de la montée d'Hitler.

Le caporal Hitler commence sa carrière politique à 31 ans, en 1919, comme propagandiste et commissaire politique (ce n'est tout à fait sa désignation, mais c'est bien sa fonction) au sein de la Reichswehr.

Cet appui de l'armée lui permet d'entrer en 1920 au Deutsche Arbeiterpartei (DAP, Parti des Travailleurs Allemands), d'en devenir le meilleur orateur, puis de le conquérir et de le transformer en Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei (NSDAP, traduction inutile).

 Ne jamais sous-estimer les qualités du moustachu, c'était un autodidacte brouillon, mais il a beaucoup lu, Gustave Le Bon par exemple (2).

Les industriels

Puis se furent les industriels, notamment Fritz Thyssen , rejoint sur le tard par Krupp (on remarque que Thyssen Krupp existe toujours).

Vu l'engouement de nos industriels pour la folie covidiste, vous ne serez pas surpris par l'attirance de leurs ancêtres pour le nazisme.

Après les industriels allemands, les étrangers, avec renvoi d'ascenseur.

N'oubliez pas que, comme disait Paul Valéry, la guerre, ce sont des gens qui ne se connaissent pas et s'entretuent, pour le plus grand profit de gens qui se connaissent très bien et ne s'entretuent pas.

Il est de notoriété publique que Ford, IBM et General Motors (filiale allemande : Opel) ont pleinement profité de la guerre côté allemand aussi (les bénéfices étant simplement abrités en Suisse, comme c'est pratique, les neutres).

Les camions Opel Blitz sont très appréciés de l'armée allemande et nul n'a la présence d'esprit de remarquer leur parenté avec les GMC : ah, que les gens sont distraits !

> Henry Ford, judéophobe rabique, fut décoré de l'ordre du grand aigle allemand. Son usine de Poissy produisit bien plus de camions pour l'armée allemande que les usines Renault de Billancourt, et Henry Ford, lui, ne finit pas sa vie en prison mais dédommagé de son usine bombardée par les Américains.

> Shell est un des premiers financiers du NSDAP.

> IBM n'a pas payé, mais beaucoup encaissé. Il y a eu une véritable mode des machines IBM chez les fonctionnaires nazis. La persécution des juifs est impossible sans le fichage généralisée de la population. Et qui a profité à millions de ce fichage ? Hé oui ... IBM, le Facebook nazi.

> Les industriels américains de la sidérurgie encouragent un cartel de l'acier (qui leur permet de tuer les petits concurrents) dont Hitler louera « la contribution extraordinaire au réarmement allemand ».

> Standard Oil of New Jersey, en apportant son expertise technique, permet à l'Allemagne d'atteindre la quasi-autarcie pétrolière, par transformation du charbon. A quoi les gens de SO pensaient-ils qu'allait servir toute cette essence, à une époque où la voiture était peu développée ?

> Genral Electric a déjà aidé Lénine à faire de l'idée « le communisme, c'est les soviets plus l'électricité » une réalité (il y a des affinités entre les Américains et les bolcheviques : la haine du vieux monde). Il récidive avec l'Allemagne.

> ITT fait des téléphones et des radios. Y a bon radios, pour l'armée allemande.

Wall Street

Remettons les choses en perspective.

Woodrow Wilson, le président qui en 1918 sauve l'Allemagne d'un juste châtiment et empêche la sécurité stratégique de la France, est l'homme de Wall Street.

Pendant ses 20 ans de carrière universitaire comme professeur d'économie, il a le soutien des financiers. En 1913, Wall Street pousse sa candidature (avec succès, hélas) pour éjecter le président sortant, William Taft, qui s'oppose à la création d'une banque centrale. Bien entendu, une de ses premières décisions est la création de cette banque, dans laquelle certains voient (avec d'excellentes raisons) la fin de la démocratie américaine.

Philippe Renoux se permet une digression fort intéressante sur l'histoire de la Federal Reserve, la Fed. S'il y a bien un domaine parsemé de complots à faire baver d'envie le « complotiste » le plus exigeant, c'est bien celui-là, jusqu'à nos jours (des membres importants de la Fed se sont enrichis par délit d'initiés à millions pendant le COVID, le Sénat enquête ... très lentement).

La création de la Fed résulte d'un complot, bien documenté, lancé par une réunion sur Jekyll (ça ne s'invente pas) Island.

On a de très solides raisons de penser (une quasi-certitude) que la crise de 1929 a été sciemment provoquée par les actionnaires de la Fed pour éliminer les gêneurs à leur pouvoir absolu (banques régionales, contre-pouvoirs politiques).

Avec les conséquences dramatiques que l'on connaît, mais qu'est-ce que les millions de gueux morts dans la seconde guerre mondiale pour un John Pierpont Morgan Jr, pour un Rockfeller, pour un Warburg ? Qu'est-ce que les millions de sans-dents victimes d'une campagne vaccinale empoisonnée pour un Bill Gates ? Ces gens ont un tel pouvoir sur nous que les esprits faibles ont besoin de croire qu'ils sont bons, mais c'est faux, toute leur vie professionnelle prouve qu'ils n'ont aucune barrière morale, qu'ils sont rendus littéralement fous furieux par trop d'argent et trop d'influence.

Revenons à Hitler. L'intrusion de Wall Street dans la politique, et en particulier dans la politique allemande, n'est donc pas un accident.

Les réparations

A travers les deux plans Dawes et Young, Wall Street obtient que le paiement des réparations allemandes soit privatisé. Cela entraine un conflit permanent avec la France, puisque, bien sûr, les financiers américains sont plus préoccupés des intérêts et des dividendes de leurs investissements en Allemagne que de payer son dû à la France.

A cette occasion, se font des montagnes de profits. Après la seconde guerre mondiale, il y aura bien des enquêtes sénatoriales dénonçant le rôle de ces financiers dans la montée vers la guerre mais aucune sanction.

On note que tous ces pieux libéraux font bien attention à tordre en leur faveur les lois du marché et recourent systématiquement à la corruption pour mettre le pouvoir des lois et des Etats à leur service. Face à de telles puissances d'argent, le libéralisme n'est qu'un argumentaire pour convaincre les moutons de se laisser tondre.

Wall Street + nazisme : l'ancêtre du Great Reset ?

Le transhumanisme mondialiste (le délire covidiste n'en est qu'une forme particulière) est le vrai néo-nazisme. Le nazisme politique a été purgé mais ses racines spirituelles et philosophiques demeurent : refus de la finitude humaine que la science est censée vaincre, croyance subséquente dans le surhomme.

Habilement, les nazis font miroiter aux financiers de Wall Street un monde futur débarrassé du bolchevisme où tous les surhommes du monde se donneraient la main pour régner sur les sous-hommes (ça ne vous rappelle rien ?). Certains auditeurs américains furent loin d'être insensibles à cette musique.

Des universitaires et des hommes d'affaires américains (dont Henry Ford) émettent l'idée (plus ou moins ouvertement) que l'Amérique doit soutenir la communisme et le nazisme (mélange contradictoire) car ce sont des idéologies universalistes, qu'elles permettent de se débarrasser du vieux monde et d'instaurer une gouvernance mondiale (peu importe la validité de l'argument, l'important est que certains y aient vu un motif d'aider les nazis).

Schacht

Hjalmar Schacht, président de la Reichsbank, est dans les deux ou trois hommes qui ont le plus fait pour l’ascension d’Hitler, employant des moyens qui ne sont pas sans rappeler ceux de la Fed et de la BCE aujourd’hui.

Je n'ai pas envie d'entrer dans les détails techniques, mais sa contribution à la fois à l'ascension du nazisme et à sa politique belliciste une fois au pouvoir a été majeure.

Supérieurement intelligent, il a démissionné en 1943 et été acquitté au procès de Nuremberg, encore plus fort qu’Albert Speer qui a écopé d’une peine de dix ans de prison. Il finit sa vie, comme conseiller financier de pays du tiers-monde, tout à fait paisiblement, dans la prospérité et dans son lit.

Pourtant, ces deux « techniciens » étaient des rouages essentiels du nazisme (Speer, après l’accession au pouvoir. Schacht, avant et après), bien plus qu’un gardien de camp de concentration et auraient du être exécutés parmi les premiers. Toujours est-il que, par bien des côtés, Schacht n’est qu’un pion de Wall Street (comme la gourde Christine Lagarde à la BCE, sauf qu’elle ne comprend pas grand’chose au rôle qu’on lui fait jouer. Mario Draghi est plus de la trempe de Schacht).

La BRI

Le rôle de la Banque des Règlement Internationaux, la BRI, basée en Suisse, est aussi essentiel pour les transferts de fonds entre l’Allemagne nazie et Wall Street, y compris après l’entrée en guerre des Etats-Unis (jusqu’à aider la fuite vers l’Amérique du Sud de dirigeants nazis).

Il y a des réunions en Suisse qui rassemblent Américains, Allemands, Anglais, Suédois comme si de rien n'était.

En 1945, un rapport du Sénat américain demande sa dissolution. Cet avis n’est pas contesté frontalement, mais son exécution est repoussée à une date ultérieure (les salauds de haute volée sont méchants mais pas bêtes) : la BRI existe toujours et reste un important rouage de la politique mondialiste anti-démocratique.

Laissons le dernier mot au responsable américain de la dénazification économique, surpris qu'on arrête une blanchisseuse ex-nazie, mais pas son patron, gros industriel qui avait aidé Hitler de toutes se capacités : « Je devais bien constater que les forces qui m'entravaient dans mon travail ne venaient d'Allemagne qu'en apparence mais que c'est à Washington qu'était la source de la paralysie que je subissais. »

En guise de conclusion : les leçons pour aujourd'hui

Hitler n'a pas réalisé son ascension par hasard, il a été puissamment aidé, notamment par les Américains des grands groupes et des grosses banques, auprès desquels il a su jouer avec maestria.

Quelques leçons (qui sont miennes), assez évidentes :

1) La Fed est un danger mortel pour la démocratie (la BCE aussi). Cela a sans doute (entre autres) coûté à Trump sa ré-élection de s'être opposé à la Fed. Elle n'a jamais eu de scrupules à manipuler l'opinion (Walter Lippman a même théorisé que c'était un devoir).

2) Les monopoles et les trusts sont eux aussi des dangers mortels. Aujourd'hui, casser les GAFAM est une priorité absolue. Et j'ai bien peur que cela n'arrive pas.

3) La Grande-Bretagne a très bien intégré qu'elle n'a pas d'amis, juste des intérêts, mais il lui arrive de se tromper sur ceux-ci.

4) L'Allemagne est un cancer au centre de l'Europe. Le monde vit mieux quand l'Allemagne est divisée.

5) Les Etats-Unis d'Amérique ne sont pas notre ami. Ils se servent de nous autant que nous pouvons leur être utiles, tout en nous maintenant dans une situation de sujétion. Bref, une relation maitre-esclave.

Enfin, Renoux conclut par une mise en garde philosophique.

Comme toujours, les hommes font l'histoire mais ne savent pas l'histoire qu'ils font.

Ne soyons pas trop déterministes, mécanistes (« complotistes » comme disent les simplets des années 2020).

Oui, il y a des complots. Beaucoup. Mais les comploteurs ne sont pas des surhommes qui maitrisent tout. Il n'y a pas un seul complot surpuissant, mais plusieurs complots qui s'épaulent ou se concurrencent au gré des circonstances.

Les comploteurs des années 30 qui visaient un affaiblissement de l'Europe et l'hégémonie américaine ont gagné. Mais ceux qui rêvaient d'abattre l'URSS et de partager du monde avec l'Allemagne ont perdu.

Seule chose que les comploteurs ont tous gagné : de l'argent, beaucoup d'argent.

Allez, je vous remets la citation de Paul Valéry :

« La guerre, ce sont des gens qui ne se connaissent pas et s'entretuent, pour le plus grand profit de gens qui se connaissent très bien et ne s'entretuent pas. »

Dernier exemple en date : le laboratoire de Wuhan et les magouilles entre Chinois et Américains. Les gueux sont morts du COVID (pas tant que ça) dans cette guerre qui ne dit pas son nom, mais certains se sont fait un max de blé, dans les deux camps.


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(1) : contrairement à ce qu'ont raconté des généraux qui avaient l'immense avantage d'avoir survécu au désastre, les interférences d'Hitler dans les décisions militaires étaient loin d'être complètement idiotes. Elles avaient souvent une signification politique.

(2)  : « L'idée centrale de Hitler est simple : lorsqu'on s'adresse aux masses, point n'est besoin d'argumenter, il suffit de séduire et de frapper. Les discours passionnés, le refus de toute discussion, la répétition de quelques thèmes assénés à satiété constituent l'essentiel de son arsenal propagandiste, comme le recours aux effets théâtraux, aux affiches criardes, à un expressionnisme outrancier, aux gestes symboliques dont le premier est l'emploi de la force. Ainsi, quand les SA brutalisent leurs adversaires politiques, ce n'est pas sous l'effet de passions déchaînées, mais en application des directives permanentes qui leur sont données » (Les succès de la propagande nazie).

De sa vie, Hitler n'accepta jamais un débat rationnel ni contradictoire (même en privé) et ne parla que devant des auditoires acquis

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