vendredi, novembre 15, 2024

Charles de Gaulle : L'angoisse et la grandeur (Arnaud Teyssier)

L’intérêt de celle d’Arnaud Teyssier, c’est qu’il a compris que de Gaulle avait un côté poétique, un peu fou, et que ça faisait sa singularité.

L'énigme des anti-gaullistes

Les anti-gaullistes (il en reste beaucoup) sont des crétins. Mais pourquoi ?

Je mets à part les nostalgiques de l’Algérie française incapables de surmonter leur sentimentalisme.

Pour moi, c’était simple. Pétain avait exposé une vision politique dans son discours du 17 juin 1940, de Gaulle avait exposé une vision opposée dans son appel du 18 juin 1940. La suite avait donné tort à Pétain et raison à de Gaulle, point par point. Pétain et les anti-gaullistes avaient tort, de Gaulle et les gaullistes avaient raison. Affaire réglée.

Alors pourquoi cette persistance des anti-gaullistes ? Je pense que c’est le côté poétique, fou, qui irrite. Les anti-gaullistes prennent cela pour du mensonge, ce n’est pas totalement faux. C’est pourquoi ils traquent minutieusement ce qu’ils considèrent comme les mensonges gaulliens, sans comprendre que l’esprit est juste (la France a été militairement écrasée en 1940 mais c’était faux de croire cet état définitif. Donner aux Français des raisons de croire en eux-mêmes, à la France une motivation pour se redresser).

Les anti-gaullistes reprochent à de Gaulle de se prendre pour Jeanne d’Arc alors que les gaullistes s’en félicitent. Quand les anti-gaullistes sont catholiques, ils sont doublement crétins : ne pas croire aux miracles, rejeter notre dirigeant le plus catholique depuis Louis XVI.

En fait, l'anti-gaulliste est incapable d'élévation, est irrité par Don Quichotte. Bref, on y revient, c'est un crétin. L'anti-gaulliste aurait trouvé en 1429 que Jeanne d'Arc en faisait trop et qu'il valait mieux se débarrasser de cette bergère surexcitée et s'arranger avec les Anglais.

Quand à la prétention des anti-gaullistes à la vérité, c'est toujours le même cinéma. Dès qu'on leur met le nez dans leur caca, ils se braquent. J'ai démonté récemment sur Touiteur  la légende noire de « de Gaulle, sous-marin des communistes » auprès d'un anti-gaulliste : il m'a bloqué. Les anti-gaullistes sont largement irrationnels, leur refus de l'élévation est psychologique, mais ce n'est pas à moi de les psychanalyser.

Bref, au fond, l'anti-gaulliste prend le gaullisme pour un reproche personnel. Est-ce justifié ? Je ne sais pas, je ne sonde pas les reins et les cœurs.

Folie et raison

Comme Teyssier a bien compris que, dans les moments tragiques de l'histoire, la folie à court terme (partir tout seul à Londres) est la raison à long terme (parier sur une guerre mondiale), son de Gaulle se tient bien.

Un militaire anti-militariste

C'est un point qui m'amuse beaucoup. Teyssier n'y insiste pas. De Gaulle était un militaire antimilitariste. Il voyait l'armée comme une grande chose mais ne débordait pas d'estime pour  les militaires.

On connait dans Le fil de l'épée « Parfois, les militaires, s’exagérant l’impuissance relative de l’intelligence, négligent de s’en servir. » Ou, lors du putsch d'Alger « Vous ne les connaissez pas, ce sont des militaires, ils vont s'embrouiller » (ce n'était pas mal vu).

Il faut dire que, quand on a affaire à des ânes bâtés comme  Gamelin, Weygand, Giraud, ça n'incite pas à l'estime. Et puis, les militaires sont par nature étroits d'esprit (la largeur d'esprit est la porte ouverte à l'indiscipline, De Gaulle en étant lui-même un. exemple). Tous les militaires ne sont pas Lyautey. 

Le CNR expliqué

Certains croient encore que de Gaulle était juste un ambitieux voulant le pouvoir. C'est un manque de discernement peu commun : dans ce cas, de Gaulle aurait couru à Vichy, comme tant d'autres, et non à Londres.

Teyssier fournit l'explication la plus claire du Conseil National de la Résistance que j'ai lue.

La création du Conseil National de Résistance (CNR) s'inscrit dans  l'obsession gaulliste depuis juin 1940 (sûrement un peu avant le 18 d'ailleurs) : rétablir l'Etat pour rétablir la souveraineté de la France.

De Gaulle a donc besoin qu'à la Libération, il y ait une parfaite continuité de l'Etat, afin que personne (Américains, communistes, vichystes repentis -Laval avait des idées en ce sens, Herriot aussi, ...) ne puisse profiter de ruptures dans le service pour brader la souveraineté française.

A l'extérieur, cette fonction est remplie par le Comité Français de Libération Nationale (CFLN) algérois, qui deviendra juste avant le débarquement le Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF).

Mais, Alger, c'est de l'autre côté de la Méditerranée (si, si).

De Gaulle a besoin d'un pendant en métropole. C'est le CNR. Pour assurer, cette continuité de l'Etat non-partisane, il faut inclure large, d'où les communistes (ce que ce des crétins ne comprennent toujours pas) et les anciens partis (Pierre Brossolette ne l'a pas compris). Seuls exclus : le PSF (les Croix de Feu), et encore, après débat.

Jean-François Revel, jeune courrier de la Résistance (et futur pédophile, mais c'est une autre histoire), s'est plaint de trimballer à ses risques et périls des documents abscons sur des études fumeuses. Mais c'est dans la culture étatique d'aimer le papier et les études fumeuses.

Teyssier a bien compris que les anti-gaullistes de cette époque ont la nostalgie de la IIIème république et se défie du pouvoir exécutif, comme si la défaite n'avait pas été causée par l'impéritie du régime, ce qui témoigne chez ces gens très « intelligents » d'une singulière cécité.

Il estime que les anti-gaullistes sont tout simplement des conservateurs au sens péjoratif, qui ont horreur du changement et veulent conserver à tout prix leur position dominante. Comme la bourgeoisie est la classe bavarde, ils habillent leur égoïsme d'une logorrhée de « bonnes » raisons. Un Michel de Jaeghere (du Figaro) en est aujourd'hui un parfait exemple.

Teyssier, en s'appuyant sur la correspondance de Morand et de Chardonne, tous deux anti-gaullistes virulents, rend son verdict : au fond, ce que les anti-gaullistes détestent, c'est le pouvoir politique. Ils préfèrent toujours Retz, qui a écrit des mémoires superbes mais a échoué dans tout ce qu'il a fait, à Mazarin et à Richelieu.

Mitterrand a détruit la Vème république pour la même raison. Et la tantouse perverse Macron n'est pas autre chose : ce vrai psychopathe aime le pouvoir personnel et sadique, le pouvoir d'arracher les ailes des mouches et de faire souffrir les Français, mais le pouvoir politique, il s'en abstient complètement, il s'en débarrasse, il le délègue à von der Leyen, à Bruxelles, à Berlin, à Washington, à Doha, à la terre entière, mais il ne s'en empare surtout pas.

Le comportement de Jean Moulin est remarquable en sens inverse : il a tout de suite compris l'essence du gaullisme, ce qui est très étonnant chez ce préfet du Front Populaire (mais le gaullisme ne sortait pas de nulle part, il est issu de réflexions des années 30 que Jean Moulin connaissait). Les crétins anti-gaullistes (c'est le fil rouge de cette recension !) expliquent cela par le fait que Moulin aurait été agent soviétique, pure calomnie (ces gens sont décidément très bêtes, emportés par leur passion fausse) que rien n'a jamais confirmée (ni dans ses décisions, ni dans les archives soviétiques).

De Gaulle est un étatiste qui vit dans l'angoisse d'une défaillance de l'Etat. Il est étatiste non en théorie mais par réalisme pour la France : il considère que les Français ont une longue habitude de se reposer sur l'Etat, qui remonte à des siècles et qu'il est idiot de faire comme si ça n'existait pas.

Burnham

James Burnham est connu pour avoir théorisé dans les années 30 que les citoyens et les actionnaires seraient dépossédés de leur pouvoir et soumis à des technocrates-techniciens, les managers, aussi bien dans les démocraties que dans les pays totalitaires.

En 1943, comme Walter Lippmann 20 ans avant, il a écrit un livre The machiavellians, pour dire que les apparences de la démocratie devait être sauvegardées, mais seulement les apparences.

Il était aussi un agent de la CIA, qui a écrit une note sur le RPF (Rassemblement Pour la République), le parti gaulliste. Il a même publié un livre d'entretiens sur de Gaulle avec Malraux en 1948, The case for de Gaulle.

Et, en contrepartie, ou en parallèle, il écrit quelques articles pour la revue du parti. Il est très probable que de Gaulle les a lus.

La pratique du pouvoir (chrétienne)

La pratique du pouvoir gaullienne est aux antipodes de celle des minus comme Sarkozy ou Macron. Il délègue beaucoup, peut-être trop, et tranche quand l'essentiel est en jeu.

Sans doute, par exemple, a-t-il regretté d'avoir trop délégué les questions éducatives.

On en revient à la conception du pouvoir : les successeurs de de Gaulle depuis Giscard cherchent tous dans le pouvoir une flatterie de leur ego problématique, et non un service.

Or, la conception chrétienne du pouvoir comme service, et même comme sacrifice, est la seule vraiment féconde (elle est l'un des facteurs qui expliquent que le développement se soit produit chez nous et pas ailleurs).

On a un enregistrement de De Gaulle discutant avec ses subordonnés, ce n'est du tout « starteup nèchione ».

Le révolutionnaire De Gaulle

Teyssier a bien compris la nature révolutionnaire du gaullisme par rapport à ce qui se pratiquait depuis la chute du second empire, c'est-à-dire un régime bourgeois faussement démocratique (« La démocratie, c’est ce régime où les démocrates décident qui a le droit d'être élu » Charles Maurras).

J'ai déjà traité de ces aspects dans deux billets (et, en plus, deux livres de Teyssier) :

De Gaulle 1969. L'autre révolution (A. Teyssier)

Deux tiers des articles de la constitution ont été révisés, avec des conséquences très lourdes, plus diverses décisions gravissimes, absolument contraires à la volonté gaullienne, du conseil d'Etat et du conseil constitutionnel. Il est donc de mauvaise foi d'accuser De Gaulle d'avoir fait une mauvaise constitution en jugeant son fonctionnement actuel.

Le côté révolutionnaire d'un exécutif fort en prise direct avec le peuple a été totalement effacé par les petits hommes gris. Le régime des partis a reparu pire que jamais.


Par rapport à De Gaulle, Pompidou était dépourvu d'intuition. Ce qui fait que les textes du « vieux » De Gaulle paraissent plus actuels que ceux du « jeune » Pompidou.

Mai 68, c'est la victoire de la bourgeoisie sur le peuple. Certains l'ont compris immédiatement ("Je vous hais chers étudiants" : quand Pasolini fustigeait Mai-68).




dimanche, novembre 03, 2024

The second world wars (Victor Davis Hanson)

J'avais assez peu apprécié son précédent ouvrage, décousu, sur la guerre du Péloponnèse.

Victor Davis Hanson reprend le même procédé, mêlant chronologie et thématique, mais, pour une période que je maitrise, cela me gêne beaucoup moins.

Le pluriel du titre est une coquetterie superflue.

Il commence par quelques remarques de recadrage, comme de constater que les pays de l'Axe ont tué très majoritairement des civils et les Alliés des militaires, ou que les pays de l'Axe n'ont jamais été préparés, ni militairement ni économiquement, à une guerre mondiale.

Victoire impossible

La victoire de l'Axe dans une guerre mondiale était impossible.

Au mieux du mieux, l'Axe pouvait espérer une paix de lassitude qui fige les positions.

Hitler a signé le pacte germano-soviétique en 1939 pour cette raison (éviter l'embrasement généralisé) et il a persisté à espérer une paix blanche avec la Grande-Bretagne.

Barbarossa, l'attaque du 22 juin 1941, était un coup de dés, provoqué par la résistance churchillienne.

L'idée étant que, privée de l'allié potentiel soviétique, la Grande-Bretagne reviendrait à la « raison ». 

Churchill a donné des signes de faiblesse exagérés pour inciter Hitler à cette attaque suicidaire (l'Anglois est fourbe. La vraie faiblesse politique de Churchill viendra après la chute de Singapour).

Si les généraux allemands se sont fait beaucoup d'illusions (contrairement à ce qu'ils ont raconté après guerre), cela n'a pas été le cas d'Hitler si on décrypte ses propos toujours tordus.

En revanche, côté japonais, c'est la folie complète.

Les Japonais ont commis trois énormes bourdes, dont chacune était susceptible de leur faire perdre la guerre :

1) maintenir le gros des forces terrestres en Chine pour un gain nul.

2) Appuyer très (trop) mollement l'attaque allemande contre l'URSS.

3) Et la boulette de chez boulette, attaquer les Etats-Unis par surprise.

Un pays souffre énormément quand il a un gouvernement dysfonctionnel comme celui du Japon. Les rivalités Marine-Armée de Terre sans arbitre ont été une calamité.

L'Allemagne seule coupable

Hanson  est sans ambiguïté, c'est bien de ne pas tortiller du cul. La seconde guerre mondiale a plusieurs responsables (les Etats-Unis, la Grande-Bretagne) mais un seul coupable : l'Allemagne. Analyse que je partage entièrement.

Dans les guerres, le belligérant le plus faible se raconte des histoires, sinon il essaierait à toute force d'éviter cette guerre qu'il va perdre. Bien sûr, ce n'était pas évident au départ que les Grecs allaient vaincre les Perses ou que Sparte l'emporterait sur Athènes. Mais c'est le Sud qui a déclenché la guerre civile américaine alors qu'il n'a jamais eu la moindre chance de l'emporter. Et les probabilités étaient du côté de Rome et non de Carthage.

Tous les prétextes invoqués pour justifier la seconde guerre mondiale sont fantasmatiques. L'Allemagne (le Japon) vaincue d'après guerre n'a pas eu besoin des territoires de l'est (des ressources asiatiques) pour augmenter sa production agricole (industrielle), sa richesse et sa population.

Toutes les histoires d'« espace vital » et de « sphère de co-prospérité asiatique » étaient purs délires.

Avant de nous moquer de ces délires collectifs allemand et japonais,  rappelons nous que nous avons naguère participé à fond les ballons à un délire totalitaire (presque) planétaire par peur d'un rhume.

Un hommage appuyé à la Grande-Bretagne

Hanson rend un hommage appuyé à la Grande-Bretagne (plus qu'aux Etats-Unis), seul pays présent sur tous les théâtres d'opération du premier au dernier jour de la guerre (on pourrait nommer la France en tirant par les cheveux la France Libre) et le belligérant qui avait le moins à y gagner.

Il cite Britain's war machine, de David Edgerton. Je vous en ai fait la recension, je ne vais pas me répéter.

Hanson fait remarquer qu'on néglige une des contributions les importantes de la Grande-Bretagne à la victoire. Quand l'Allemagne attaqua l'URSS en 1941, la Luftwaffe n'était pas complètement remise de ses pertes de la Bataille d'Angleterre.

En effet, il y eut un pacte tacite entre Hitler et les Allemands jusqu'en 1943 (février 1943, discours de Goebbels sur « la guerre totale ») : L'Allemagne était le pays d'Europe où il faisait le meilleur vivre (si on n'était ni juif ni déporté), les Allemands travaillaient et se rationnaient moins que les Anglais.

Air

Les belligérants ont construit 800 000 avions, dont la moitié a été perdue, au combat ou par accidents.

Le Bomber Command seulement (pas toute la RAF), c'est plus d'un million d'hommes. Il y a dix « rampants » par aviateur. Une Forteresse Volante avec dix aviateurs, c'est donc cent « rampants ». Le Bomber Command a un taux de pertes colossal : 55 000 morts pour 125 000 aviateurs (certains pensent que cette perte de l'élite de jeunesse britannique a compté dans les mauvais choix, socialistes, d'après-guerre).

En 1945, les raids à 600 avions étaient courants, tant contre le Japon que contre l'Allemagne. Imaginez : vous êtes allemand et vous voyez passer des dizaines de « boxes » de B17 et de B24 au moins une fois par semaine (presque tous les jours si vous êtes à Berlin). Et la nuit, c'est la RAF.



L'Allemagne a produit des millions de canons et des milliers d'avions pour s'y opposer, en vain.

Le jeu en valait-il la chandelle ?

Les pertes catastrophiques du Bomber Command (bombardement de nuit, britannique) et de la 8ème Air Force (bombardement de jour, américaine) en 1942 et 1943 étaient insensées au plein sens du terme, elles n'avaient pas de sens, elles n'avançaient pas la victoire alliée d'un seul jour. Elles étaient entièrement dues à des rivalités de services : ne pas désavouer la doctrine du bombardement stratégique érigée en dogme, ne pas perdre des crédits et des positions de pouvoir.

En revanche, à partir de l'arrivée fin 1943 des chasseurs d'escorte à long rayon d'action, ça change. Les bombardements avaient toujours une efficacité discutable, mais les pertes diminuaient et la Luftwaffe, obligée de monter défendre ses villes, était étrillée.

Au printemps 1944, les Alliés avaient la suprématie aérienne absolue. L'attaque systématique des voies de communication et, surtout, des raffineries, donnait, enfin, enfin, des résultats militaires tangibles.

Des choix désespérés

Avec les ressources englouties dans les quelques milliers d'engins V1 et V2 totalement inefficaces, les Allemands auraient pu construire 24 000 avions, c'est-à-dire doubler leur production de 19444, mais ils n'auraient pas eu les pilotes et le pétrole pour les utiliser.

A la fin de la guerre, les écoles alliées brevetaient 10 fois plus de pilotes que l'Axe, et mieux formés.

Les kamikazes ont été bien plus efficaces que les armes-miracles d'Hitler. Ils ont coulé ou irrémédiablement endommagé 474 navires américains. S'ils avaient été employés dès la batailles de Midway, les Japonais auraient peut-être gagné leur guerre. Mais c'est le paradoxe des kamikazes : cette idée n'a été possible que parce que la situation était désespérée, la guerre déjà perdue.


La moralité des bombardements des villes

Hanson refuse de se prononcer sur la moralité de la politique de bombardement alliée, mais il fait tout de même remarquer que les Allemands et les Japonais ont le plus massacré dans la dernière année de la guerre, quand la défaite était déjà certaine, et que, si ces bombardements ont raccourci la guerre de quelques semaines, ils ont sauvé des milliers de vies de militaires, de prisonniers, de déportés et de civils.

Argument qu'ignorent ceux qui condamnent ces bombardements par anti-américanisme.

Mer

Sur mer, la supériorité des Alliés, en inventaire initial comme en capacité de production, était encore plus écrasante.

Après la désastre français, les Britanniques avaient un plan pour continuer la guerre seuls grâce à la Royal Navy. Quand les Américains entrèrent en guerre, la supériorité alliée redevint insupportable.

De plus, les Alliés faisaient les meilleurs choix de politique d'armement. Les pays de l'Axe n'avaient absolument pas les moyens de cuirassés comme le Bismarck ou le Yamato, très couteux et peu efficaces. Ils auraient mieux fait de construire des sous-marins et des porte-avions.

Les meilleurs porte avions de la guerre et les meilleurs sous-marins étaient américains (classe Essex et classe Gato - deux fois plus gros que les Type VII allemands). Et ils furent mieux utilisés : les commandants avaient la bride sur le cou et étaient audacieux et, contrairement aux Allemands et aux Japonais, les Américains et les Britanniques se coordonnaient.

Surtout, les Américains inventèrent le porte-avions d'escorte, des cargos transformés. Ils en construisirent 124 ! Une idée géniale. Incapables de faire la guerre indépendamment, ils permettaient à tous les convois d'avoir une couverture aérienne.

La révélation de cette guerre fut le destroyer. Couteau suisse, outil à tout faire, assurant une présence sur toutes les mers, 20 fois moins couteux que le cuirassé. Or, les Allemands et les Japonais en manquaient.

Pourtant, la seule occasion de victoire stratégique de l'Axe a été la bataille de l'Atlantique.

Il aurait fallu aux Allemands :

1) des sous-marins adaptés aux rudes conditions de l'Atlantique Nord. Bref, plus gros.

2) Commencer la production en 1938.

En 1942, c'était déjà foutu.

De toute façon, les Alliés réagissaient : meilleurs sonars, meilleurs radars, meilleures charges sous-marines, bombardiers transformés en chasseurs de sous-marins. Les Allemands aimaient bien les innovations spectaculaires (avions à réactions, V1, V2) mais investir dans l'électronique était une meilleure idée.

La Royal Navy a beaucoup souffert, souvent avec des matériels vieillissants et une sous-estimation du danger des avions. Elle a perdu 50 000 hommes (et 102 femmes) mais est restée présente sur toutes les mers du premier au dernier jour.




La marine marchande a aussi beaucoup souffert (voir Convoy). Imaginez vous un marin dans un convoi vers Mourmansk à l'hiver 1942.

Ceux qui ont vraiment morflé, ce sont les sous-mariniers allemands. 28 000 morts, trois quarts de l'effectif ! Seuls les kamikazes sont à ce niveau. A partir de l'inversion du rapport de forces de l'été 1943, la vie des sous-mariniers 1943 devint infernale.

Comme déclarait un amiral anglais du temps de Napoléon devant la chambre des lords : « Mes Seigneurs, je ne dis pas que les Français ne viendront pas. Je dis juste qu'ils ne viendront pas par la mer ».

Terre

Hors URSS, il n'y a jamais eu si peu de fantassins dans les armées :

1)  le traumatisme de la première guerre mondiale.

2) les nouvelles armes (chars, avions) à peupler.

3) Une puissance de feu inédite. Des rigolos se sont demandés comment se comporterait une section d'infanterie française de 2010 face à une section d'infanterie allemande de 1944 équipée de 2 MG42. Sans appui aérien, ce sont les Teutons qui gagnent.

Hanson fait remarquer que la supériorité de l'infanterie allemande va de pair avec l'infériorité allemande en aviation, marine et logistique. Que valait-il mieux pour gagner la seconde guerre mondiale ? Une infanterie ou une aviation, une marine et une logistique ?

90 % de l'armée allemande se déplaçait encore à pied et à cheval.

Comme l'excellent Big Serge, Hanson ne partage pas l'admiration de rigueur pour les généraux allemands, les von Manstein, Model et compagnie. D'accord, les généraux allemands étaient très bons tacticiens, parfois brillantissimes, mais pour quels résultats stratégiques ?

Et ça remonte à loin, facile de tout mettre sur le dos d'Hitler, qui a eu le bon goût de se suicider, mais, à la guerre précédente, Ludendorff disait déjà que la tactique était tout et que la stratégie ne comptait pas.

En janvier 1942 (échec allemand devant Moscou, échec japonais à détruire les porte-avions américains à Pearl Harbour), il était clair que l'Axe était acculé à la défaite à l'horizon de 3 à 4 ans (beaucoup de planificateurs alliés voyaient la fin de la guerre en 1946). Quel général allemand en a tiré les conséquences ? Ou, même simplement, a vu ce fait, qui était évident pour les chefs alliés ?

J'ai une conviction très minoritaire (mais ça ne me dérange pas : la majorité a le plus souvent tort) : vu l'ampleur des crimes commis, l'Allemagne aurait du disparaitre définitivement en 1945. Elle a été divisée en deux et la Prusse supprimée, c'était très insuffisant. C'est en douze ou en vingt qu'elle aurait du être divisée. Je connais des Bavarois qui n'auraient pas du tout été fâchés que leur pays retrouve son antique indépendance.

Vous remarquez que la France s'entendait plutôt bien avec l'Allemagne divisée. Nous avons une vocation à cohabiter avec l'Allemagne rhénane que nous n'avons pas avec l'Allemagne hanséatique ou teutonique.

Italie

Que les Alliés sont-ils allés faire dans cette galère ? Une fois la Sicile capturée comme base aérienne, où était l'intérêt de débarquer en Italie ? Probablement la plus grande erreur stratégique des Alliés à l'ouest.

France, Allemagne

Remarquable débarquement en Normandie. Spectaculaire offensive motorisée de juillet à septembre 1944.

Sinon, pas très flatteur : deux mois bloqués en dans le bocage, non-fermeture de poche de Falaise, opération Market-Garden foireuse, port d'Anvers libéré tardivement, bataille inutile et très couteuse de la forêt d'Hürtgen, difficulté à tirer tous les avantages de l'offensive ratée des Ardennes ... La somme de tout cela, c'est que la guerre a trainé six mois de trop, avec un nombre important de victimes innocentes dans les camps.

Bref, un bilan mitigé. C'est assez facile à expliquer : les armées de l'ouest étaient très efficaces mais assez mal commandées. J'en ai déjà parlé.

L'opération Bagration, qui se déroulait à l'est au même moment, était plus élaborée, avec une réflexion sur les différentes phases de l'offensive et comment empêcher l'ennemi de se rétablir.

Sièges

Le siège de Leningrad est :

> le plus long de l'histoire de l'humanité, 872 jours

> le plus meurtrier, 1,5 million de morts dont 1 million de morts de faim

> le seul dont le but était d'exterminer les habitants et non de conquérir la ville.

Les sièges acquièrent souvent une importance symbolique et politique supérieure à leur intérêt militaire.

Lors des sièges de Singapour (février 1942) et de Tobrouk (juin 1942), l'armée britannique est si lamentable, rendant les armes sans combattre, que Churchill se prend une motion de censure.

Mais cela compte peu finalement : l'Axe a choisi les mauvais sièges. L'Allemagne aurait du prendre Gibraltar et Malte plutôt que la Crète et Tobrouk, Moscou plutôt que Stalingrad. La Japon aurait du prendre Pearl Harbour plutôt que Singapour.

Tanks

Eisenhower disait : « Les amateurs discutent stratégie, les professionnels discutent logistique ».

Hanson insiste sur le fait que le Sherman était 3 à 4 fois plus disponible que le Tigre et plus facile à transporter (très important, vu les distances à parcourir). Au total, à productions égales (et elles étaient loin d'être égales), il y a 6 à 7 fois plus de Sherman sur le champ de bataille que de Tigre.

Là encore, on retrouve l'infériorité matérielle allemande. Notons que les Allemands se sont posé la question de copier le T34, ils auraient sans doute manqué d'aluminium pour le moteur.

En 1940, les chars allemands n'étaient ni les meilleurs ni les plus nombreux, mais les mieux employés. C'est en ce sens que c'est une étrange défaite.

 Dès que la machine se heurte à un ennemi qui n'est pas surpris, elle se grippe. C'est le cas à Koursk en 1943. Il reste l'excellence tactique des officiers allemands, agressifs et entreprenants. Mais pour quel résultat ? L'Allemagne était capable de battre la France seule (1870) mais pas d'affronter une guerre mondiale, ni en 1914, ni en 1939.

Les armées lancées à travers la France à l'été 1944 consommaient 3,5 millions de litres (3 500 m3) d'essence par jour, dont la moitié pour Patton. Cala peut paraitre négligeable (aujourd'hui, en France, on consomme 125 000 m3 par jour) mais cette consommation suppose tout de même une lourde logistique, les armées alliées tombent en panne sèche en septembre, les camions de ravitaillement arrivant au point où ils consomment plus d'essence qu'ils n'en transportent.

Etranglées, les armées allemandes tombent elles aussi en panne sèche (ce qui a permis au musée de Saumur de récupérer quelques blindés).

Mais le plus grand tueur de la guerre reste l'artillerie (la moitié des soldats tués). L'Amérique a produit un milliard d'obus. La Russie aussi.

L'artillerie a permis aux Américains de se sortir de plus d'un faux pas (la contre-offensive allemande à Anzio a été arrêtée comme ça). Ils avaient des moyens de coordination de l'artillerie très avancés pour l'époque. En 1945, ils avaient même les premières fusées de proximité. C'est un point fort des Américains moins sexy que le P51 ou la bombe atomique mais qui a compté aussi.

Les Allemands ont produit des obusiers gigantesques (800 mm) à peu près inutiles et à un coût faramineux. Toujours cette attirance pour le gigantisme pour compenser (bin, non) la moindre capacité de production.

Les dirigeants

Je suis d'accord avec les jugements d'Hanson sur Hitler (des éclairs de génie mais trop brouillon), Churchill (une ténacité exceptionnelle), Staline (psychopathe mais inflexible).

Je diverge à propos de Roosevelt (unificateur des efforts de l'Amérique) : il s'est servi du New Deal et de la guerre pour communiser l'Amérique autant qu'il pouvait. C'est une vraie trahison de long terme.

Les généraux

Si la qualité d'un général se juge à sa capacité à retourner une situation difficile, nous avons : Dowding (c'est bien qu'il soit dans cette liste), Patton (bof),Von Manstein, Slim, Spruance.

Slim est méconnu, c'est bien dommage. Il faut dire qu'il commandait une armée qui se surnommait elle-même « l'armée oubliée ». Partant du principe que les Japonais n'étaient pas plus habitués à la jungle que les Britanniques et qu'il n'y avait aucune raison qu'ils y soient supérieurs, il a entrainé ses troupes à la vie dans la jungle et obtenu des succès en infériorité numérique.

Von Manstein est typique des généraux allemands. La manière dont il retourne l'offensive soviétique après Stalingrad contre elle-même est rien moins que géniale, il passe dans un trou de souris. Mais pour quel résultat stratégique ? La seule option stratégique réaliste, c'était la retraite au moins jusqu'en Pologne et aucun général allemand ne l'a conseillée (ou même évoquée en privé).

Pour Hanson, l'amiral Yamamoto est le plus surévalué : il n'a pas su soit éviter l'attaque de Pearl Harbour, soit aller jusqu'au bout.

Spruance est décrit pendant la bataille de Midway comme « calme, concentré, sachant décider, cependant réceptif aux avis, gardant à l'esprit la représentation de forces largement dispersées, cependant saisissant audacieusement toute opportunité. » C'est autant plus intéressant que, pour une des rares fois de la guerre, les Américains étaient en infériorité numérique.

Hanson fait remarquer que, si les généraux anglo-saxons ne sont pas terribles, les amiraux sont excellents. Et même ces généraux médiocres n'ont commis que peu d'erreurs stratégiques (l'Italie. Hanson ajoute le débarquement de Provence mais je ne suis pas d'accord).

Etrangement, les généraux américains deux et trois étoiles sont bien meilleurs que les quatre et cinq étoiles.

Les travailleurs

L'histoire de la seconde guerre mondiale  serait incomplète sans la production et qui dit dit « industrie des années 40 » dit « Amérique ».

L'Amérique produisit 7 fois plus de pétrole que tous les autres belligérants réunis.  Et les autres chiffres (350 000 avions, 1 million de camions, 35 000 bateaux) sont à peine moins spectaculaires. Les Japonais considèrent comme un exploit d'avoir produit 16 porte-avions pendant la guerre mais l'Amérique en a produit ... 150 !

Cette orgie industrielle est due à trois facteurs :

1) L'Amérique n'était pas physiquement menacée, elle pouvait s'organiser au mieux.

2) Par l'intégration des femmes et des chômeurs de la Grande Dépression, la main d'oeuvre a presque doublé en un an.


(Pour les couillons qui ne l'ont pas reconnue, c'est Marilyn Monroe plus ou moins au travail en 1945.)

3) Un génie industriel, qui a presque entièrement disparu de nos jours. Henry Kaiser fait passer le temps de cycle de production des cargos, les Liberty Ships, de 230 jours à 24 jours (entre autres choses, il remplace le rivetage par la soudure : moins de force physique, donc faisable par des femmes) ! Toutes les  productions de la guerre (armement mais aussi tous les matériels qui vont autour, habillement, logement, logistique, agriculture ...) bénéficièrent de cet extraordinaire bond de productivité, du à la réalisation et à la convergence d'idées et d'inventions latentes dans la crise des années 30.

Certains crétins paranoïaques croient que les Américains ne sont pas allés sur la Lune. Leur délire n'est pas rationnel et aucun argument ne les fera changer d'avis. Mais une des raisons de leur délire est leur ignorance de ce qu'une nation d'ingénieurs peut faire.

Les Lunatiques ne sont pas les seuls à commettre ce genre d'erreur.

On peut soupçonner que Reinhard Gehlen (officier de renseignement, futur chef de l'espionnage ouest-allemand et agent américain) a induit volontairement Hitler en erreur sur les capacités soviétiques par anti-nazisme (ça fait cher pour l'Allemagne, parvenir à la fin du régime nazi à ce prix, mais il faut ce qu'il faut).

Concernant l'Amérique, Hitler s'est bien intoxiqué tout seul. Peut-être que sa connaissance de la première guerre mondiale, où la capacité industrielle américaine n'a pas eu un grand rôle, lui a joué un tour.

Hanson conclut simplement : ceux qui tuaient le plus ont été battus par ceux qui produisaient le plus.

Les morts

Exceptionnellement, les vainqueurs ont eu beaucoup plus de morts que les vaincus. La très grande majorité était civile.

Sur les environ 60 millions de morts (chiffre hallucinant), la moitié sont morts de faim, en Europe de l'est, en Russie, en Chine, en Inde, en Indonésie, dans les camps de prisonniers. On a oublié que 400 000 Grecs sont morts de faim. En France, on a tué Camille Claudel.

Militairement, il y a une équation simple : supériorité aérienne, peu de pertes ; pas de supériorité aérienne, grosses pertes. A l'été 44, les soldats allemands ne pouvaient plus bouger une oreille sans qu'un Jabo (chasseur-bombardier, en teuton) leur tombe sur la gueule. J'ai raconté dans un autre billet comment la RAF a détruit en 2 heures, de la réception du message de la Résistance au bombardement, un dépôt d'essence de la division Das Reich à Châtellerault.

Hanson faut faire un sort particulier à l'industrie d'extermination nazie. Comme dit Zygmunt Bauman, Auschwitz n'est pas une anomalie de la modernité mais son sommet. A lui seul, il justifiait (je me répète) la démantèlement définitif (autant que possible) de l'Allemagne (et la remise en cause de la modernité. Mais bien peu de mes contemporains y sont prêts).

Hanson comprend bien le rôle majeur, manipulatoire du peuple allemand, du judéocide « vilain secret de famille partagé qui colle tout le monde ensemble » (comme la pédophilie actuelle de la classe dirigeante). Tous les Allemands n'ont pas exterminé des juifs (comme tous nos dirigeants ne sont pas pédophiles) mais tous ont été mouillés.

Comme le pervers de génie qu'il est, Hitler l'a dit sans le dire, a gardé le secret tout en semant des indices (comme Macron avec la transexualité de Brigitte : officiellement, il porte plainte, officieusement, il fait des allusions). Sans ce vilain secret de famille partagé, les Allemands auraient probablement chassé Hitler en 1944.

Hanson est mal à l'aise avec la réaction des Alliés : rejet des réfugiés juifs, minimisation du drame, notamment dans l'entourage de Roosevelt (qui comportait pourtant des juifs). André Kaspi a posé le débat dans un article Fallait-il bombarder Auschwitz?.

Même si c'est rageant, la réaction des Alliés se comprend assez bien : quand tout est dit, le meilleur moyen, et en fait le seul, d'arrêter le génocide des juifs était de mettre fin à la guerre en la gagnant, il y a trop de moyens de tuer des hommes en masse quand on est motivé comme les nazis l'étaient. Notons que le comportement du pape s'éclaire et en est rehaussé.

Le vainqueur

Pour Hanson, il n'y a qu'un seul vainqueur complet de la seconde guerre mondiale : l'URSS. Tous les autres vainqueurs ont été trompés d'une manière ou d'autre dans leurs espérances par l'après-guerre

Il est beaucoup plus affirmatif dans sa conclusion que dans la partie sur la guerre aérienne.

Les pays de l'Axe, l'Allemagne, le Japon et l'Italie, ont voulu et déclenché cette guerre. Ils ont tué 80 % des victimes, dont une majorité des civils. Ils ont mis en place des plans d'extermination.

Ils ont mérité Hambourg, Dresde, Hiroshima et Nagasaki.

Ceux qui le contestent :
 
> sont victimes de la propagande anti-américaine de la guerre froide.

> vivent en paix depuis si longtemps qu'ils ont oublié ce qu'était une guerre et ce que la victoire exigeait.

Je suis moins affirmatif qu'Hanson, je doute plus, mais je crois quand même qu'il raison.


Tout ça pour ça

En septembre 1939, Paul Reynaud déclara : « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts ».

Les « intelligents » se moquèrent, mais de Gaulle et Churchill ne disaient pas autre chose.

6 ans et 60 millions de morts plus tard, les Alliés ont prouvé que Paul Reynaud avait raison : ils étaient bien les plus forts.



Mais, pour notre malheur, les officiers généraux français n'étaient pas des flèches et, de vision stratégique, ils n'en avaient pas plus que de vivacité dans l'œil de Gamelin.

Le 14 juin 1940 (le jour où les Allemands entraient dans Paris), Pierre Laval rendit visite en Auvergne à Joseph Caillaux, le vieux ministre rival de Clemenceau, où il prenait les eaux avec son épouse.

Conversation étonnante : Caillaux, qui a pourtant tourné pacifiste idéologique plus que simple pacifique rationnel, expliqua à Laval que l'Angleterre ne pouvait être envahie (la Royal Navy était trop forte), qu'elle avait les ressources de l'empire, qu'elle allait continuer la guerre et qu'il serait bon que la France envisageât de poursuivre la lutte à ses côtés. Une préfiguration du discours du 18 juin ! Comme quoi les idées de De Gaulle n'étaient pas si isolées.

Pendant ce temps, ce crétin traitre de Weygand expliquait à qui voulait l'entendre que l'Angleterre allait « avoir le cou tordu comme un poulet » et Darlan courait à Vichy au lieu de rallier Portsmouth avec la flotte. Quant à ce vieux saligaud de Pétain, la défaite lui ouvrit une carrière inespérée. Peut-on en vouloir à Caillaux d'avoir méprisé ouvertement nos généraux ?