Une des raisons pour lesquelles le gouvernement ne tient pas son objectif de taux de remplacement de départ à la retraite est qu'il n'ose pas toucher à l'Education Nationale et à l'armée, les deux plus gros employeurs publics.
Pour l'armée, la question est vite réglée : l'armée britannique, comparable à la nôtre, a moins d'effectifs et plus d'équipements. On devrait pouvoir s'en inspirer.
Pour l'Education Nationale, je comprends trop bien le problème : la trouille des grèves de profs et des manifs d'associations de parents d'élèves (dont les dirigeants sont à 95 % des profs : juge et partie, comme c'est confortable).
Diminuer les effectifs de profs ne devraient pas être trop difficile. En effet, les effectifs d'élèves diminuent dans l'enseignement primaire et bientôt dans le secondaire.
On va nous ressortir la fameuse réduction des effectifs par classe, mais il m'a semblé comprendre au fil de mes lectures plusieurs points sur cette question controversée :
_ il existe un effet de seuil, tant qu'on atteint pas ce seuil (10-15 élèves par classe), la diminution des effectifs baisse le stress des profs mais améliore peu ou pas les résultats scolaires
_ les effectifs par classe ne sont pas la variable la plus significative pour expliquer les résultats scolaires
De là à croire que l'argument de la réduction des effectifs n'est que le masque du corporatisme enseignant, il y a un pas que je franchis sans remords.
Dans les discours, les profs sont toujours très ouverts à la nouveauté, car ils se croient progressistes. Mais dès qu'on leur en propose une, de nouveauté, ce n'est jamais la bonne car ils ont conservateurs (1).
Mais je ne leur donne pas entièrement tort : pour arrêter d'être conservateur, pour accepter de quitter sa place présente, il faut avoir une idée, au moins vague, de ce que le futur réserve.
Or les gouvernements ont enchaîné les réformes sans afficher un principe fort (la justice serait bien -l'égalité des chances me paraît trop technocartique), sans présenter une feuille de route et sans faire sentir une volonté d'aboutir.
Claude Allègre, qui avait bien senti le problème de persévérance, n'a pas été soutenu jusqu'au bout par son premier ministre Jospin. Quant à ses idées de réforme, je ne m'en souviens plus bien.
(1) : Eventuellement, pour bloquer la discussion, ils peuvent aussi faire état de leur extrême sensiblité, les pauvres choux : un ministre leur dit un mot qui fait beaucoup de peine, genre "mammouth", et, hop, c'est la cabane sur le chien, la gorge qui se noue, la bonne volonté trahie, la colère qui monte, la honte au front, la fin des haricots, la grande scène de la cruelle déception amoureuse de l'Acte III, bref, la grève jusqu'à ce que le ministre fautif parcourt, à genoux un cierge à la main, la distance rue de Grenelle-Matignon, en clamant sa contrition, sous le regard moqueur des journalistes et dans l'indifférence des passants, seuls les chiens peut-être sont vaguement compatissants, et encore, les chiens de beaux quartiers sont des cons : essayez donc d'avoir une conversation décontractée avec un Yorkshire ou un lévrier afghan.
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