Voici un extrait d'un article, accompagné de mes commentaires en notes, de F. ewald dans Enjeux-Les Echos, sur le point de savoir si il faut adopter ou non le terme "guerre contre le terrorisme" :
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Reste la réalité nue telle que l'exhibe Louis Gautier, ancien conseiller militaire de Lionel Jospin à Matignon dans Face à la guerre. La guerre n'est pas plus une question de rhétorique qu'un débat idéologique : elle est là. La mondialisation ne l'a pas dissoute dans le commerce. Le problème est que, en France comme en Europe, les esprits sont désarmés. Nous ne voulons plus voir la guerre (1), nous refusons de la penser au risque de nous retrouver sans défense (2). Penser la guerre, ce serait remettre la politique sur ses pieds, et sortir les Européens de la crise du 29 mai (3). Un discours gaulliste (4), un discours du sursaut qui dit pourquoi il n'est pas indifférent de refuser ou d'admettre le mot "guerre" pour qualifier la lutte contre le terrorisme.
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(1) : c'est un des aspects les plus étranges de la schizophrénie française : bien que les journaux montrent à n'en plus finir que des gens se considèrent en guerre contre nous, nous étant les Occidentaux, les mécréants, au point de se suicider pour gagner cette guerre, nous, Français, faisons comme si nous n'étions pas concernés, comme si la guerre n'était pas là.
Alors que le simple fait que quelqu'un se pense en guerre contre nous nous oblige, sauf si nous arguons de la non-violence et tendons la joue gauche, à nous considérer en guerre contre lui.
Or, il ne me semble pas que ce choix ait été clairement fait : nous ne nous voyons ni comme non-violents ni comme en guerre.
Cette apathie, ce refus de choisir ou même de simplement poser le débat, sont d'une inconséquence folle.
(2) l'absence de politique de défense française est un de mes plus graves sujets d'inquiétude : cela est de peu de conséquence à court terme et dans la vie quotidienne mais très lourd à plus longue échéance et collectivement. Sommes nous devenus si stupides que nous ne soyions plus capables que de penser le proche et l'immédiat ?
(3) La politique, même si lui faut du rêve, s'alimente d'abord de réalités. Loin des songes creux d'un "autre monde" et autres fariboles, néfastes parce que fumeuses, il faudra bien prendre son parti qu'agir dérange, certes, mais que, sinon, on dépérit (le désir de quiétude, de non-action, est une pulsion de mort). C'est pourquoi le lien avec le 29 mai, victoire écrasante des fantasmes et des peurs sur les réalités, ne me paraît pas déplacé.
(4) De tous surnoms donnés à De Gaulle, je trouve que "l'homme des tempêtes" est celui qui lui allait le mieux.
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