Citation d'un industriel chinois :
"L'Europe ressemble de plus en plus au tiers-monde : non seulement vous vous posez de mauvaises questions -constitution, Etat providence, retraites, mais en plus vous y apportez de mauvaises réponses."
Je ne sais pas si un Chinois est vraiment bien placé pour faire ce genre de leçon, il n'empêche que je suis amené, pour diverses raisons, à avoir un oeil extérieur sur l'Europe et qu'elle donne l'impression de rester figée dans une attitude frileuse, nombriliste et passéiste alors que le monde bouge autour d'elle.
Le psychodrame récent sur le CPE n'est pas pour me démentir : le gouvernement et ses opposants se sont complus dans l'onanisme déclamatoire, dans le médiocre pinaillage, dans la grandiloquence creuse. Et, pendant ce temps, l'Iran prépare sa bombinette et l'Inde a sorti de ses universités une nouvelle fournée de milliers d'ingénieurs.
Ayons une vision planétaire et internationale : parlons de l'affaire Clearstream.
(1) : extrait d'un article Eric Le Boucher sur le commerce mondial du coton :
Parmi les autres leçons de choses que donne l'académicien [Erik Orsenna], celles adressées aux belles âmes "tiers-mondistes" ne sont pas ouattées. Les amis de José Bové ignorent que 40 % du coton mondial provient des OGM, à quoi sert de bloquer la recherche en France ? Le commerce "équitable", si à la mode cette semaine ? Tant mieux pour l'Africain se réjouit Orsenna. Mais il ajoute :"Je ne peux m'empêcher de penser à l'ouvrier agricole brésilien. Est-ce sa faute si le mode de production auquel il participe n'est pas homologué équitable ? ". Quant aux 35 heures, l'ancien conseiller de François Mitterrand tape dur : "le travail n'a plus chez nous la valeur qu'il a ailleurs. N'est-ce pas ainsi qu'ont commencé tous les déclins ? ".
La dureté américaine, le féroce appétit chinois, la détermination brésilienne montrent combien le coton n'a rien d'un jeu d'enfants de coeur. La mondialisation est un combat.
Mais au rebond des balles et au fil des pages, on note deux leçons particulières. La première est qu'il existe toujours des marges de manoeuvre. L'organisation coopérative des producteurs maliens, étatisée, est désuète, celle du Burkina Faso, sur un mode associatif, devrait servir de modèle. Tous les Africains doivent découvrir le marketing : produire ne suffit pas pour vendre.
Il y a des dizaines de sortes de coton, il faut s'adapter à la demande des clients, elle change. Orsenna revient à son point de départ : "l'Europe devrait les aider pour cela".
La deuxième leçon est plus étonnante : l'avenir du coton est en blouse blanche. Amérique et Brésil pour l'amont, Europe et Chine pour l'aval (habillement), se ruent dans les labos. Le Gossypium d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec la graine ancestrale. En introduisant un gène des méduses phosphorescentes dans certaines graminées et les mélangeant avec de la poudre explosive, Neale Stewart, professeur de génétique botanique de Knoxville, parvient à les illuminer. "Semez les dans un champ de mines et vous détecterez les engins de mort". La science n'en est qu'à ses balbutiements. Elibio Rech, autre charmant savant, brésilien lui, veut transférer la force des fils d'araignées dans le coton. Patrick Decouvelaere, scientifique devenu patron d'une entreprise textile de Lépange-sur-Vologne, dans les Vosges, vient de déposer un brevet d'une technique qui permet aux tissus de lin ou de coton de garder les formes en mémoire. Adieu les froissages.
Plus de recherche-développement, plus de travail, des marges de manoeuvre existent. Même dans les Vosges. La mondialisation bouscule tout. Elle force à prendre la route. Elle ne tue que les immobiles.
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