Ce livre raconte la vie des pilotes de Me 163 Komet. Il existe en français sous le titre Le chasseur diabolique mais je ne l'ai pas trouvé à un prix raisonnable. Essayez sur Abebooks.
Je classe ce livre parmi les grands livres d'aviation comme Le grand cirque, The last ennemy ou Vol de nuit, même si la qualité littéraire est inférieure.
Le Me 163 était un avion très trapu, avec une aile épaisse et sans empennages, propulsé par un moteur-fusée Walter, fonctionnant à l'eau oxygénéé concentrée et à un mélange d'acide et d'hydrazine.
En théorie, le Me 163 décollait sur un chariot larguable, son moteur-fusée l'emmenait en trois minutes à 10 000 mètres (rappelons que les avions les plus performants de l'époque avaient besoin d'une demi-heure), puis une fois sa mission accomplie, tuer des bombardiers ennemis, il redescendait en vol plané jusqu'à sa base pour se poser sur un patin.
Comment cela se passait-il en pratique ?
Rappelons tout d'abord que l'eau oxygénée concentrée s'enflamme au moindre contact avec un corps organique, une mouche dans le réservoir et c'est l'incendie. Idem si il en coule sur le pilote. Quant à l'acide, inutile que je vous décrive les dégâts.
Or, il se trouve que les matériaux résistants à l'eau oxygénée et à l'acide n'étaient guère au point, d'où de fréquentes fuites.
Au décollage, le moteur pouvait prendre feu, se couper brusquement ou le chariot rebondir et endommager l'avion. Dans tous ces cas, la mission se terminait par une boule de feu en bout de piste quand ça se passait bien, et un pilote dissous dans l'acide quand ça se passait mal.
Si le moteur coupait ensuite, il fallait revenir atterrir en plané, pas de seconde tentative possible, avec des réservoirs à moitié pleins d'acide et d'eau oxygénée, donc plus d'inertie. Là encore toutes les chances que ça se termine mal.
Enfin, si le moteur fonctionnait jusqu'au bout correctement, il était quassiment impossible de tuer des bombardiers car le Komet allait trop vite pour viser.
Ils ont essayé un système consistant en des tubes sans recul verticaux, logés dans l'emplanture des ailes, reliés à une cellule photo-électrique. Le Komet passait sous l'avion visé et l'ombre de celui-ci déclenchait le tir (bref, l'ancêtre de la fusée de proximité). Cela fonctionnait, mais il fallait passer tellement près que c'était suicidaire.
Ensuite, le pilote qui redescendait en planant avait toutes les chances de se faire avoir par les chasseurs alliés qui n'attendaient que ça.
Enfin, il restait quelques risques de se casser des vertèbres à l'atterrissage, vu que le patin était très peu amorti.
On notera, charme du compagnonnage, que les élèves voyaient deux ou trois accidents mortels durant leur formation. Au total, le Komet a tué plus d'Allemands que d'Américains.
Le plus effarant est que Mano Ziegler s'étonne du peu de volontaires pour ce genre de sport ! Il convient de préciser que les pilotes qui ont participé au développement du Komet étaient chevronnés (Ziegler avaient 35 ans), souvent d'anciens champions de vol à voile, familiers de voir la mort de près et avaient conscience de vivre une aventure ; ce qui n'était pas le cas des jeunes pilotes qu'ils ont ensuite tenté de recruter pour former de vraies escadrilles opérationnelles.
Heini Dittmar (moins célèbre que Chuck Yeager, l'histoire est écrite par les vainqueurs) fut le premier homme à dépasser 1000 km/h en vol horizontal, sur un Komet. Comprenez bien le courage qu'il lui a fallu : il s'est fait tracter en altitude avec son Komet plein. Si son moteur n'avait pas démarré, ce qui était assez fréquent, il aurait été obligé de se poser avec un Komet chargé d'acide et d'eau oxygénée, c'était la mort quasi assurée.
Dittmar a tout de même été immobilisé deux ans par un atterrissage en Komet un peu brutal. Il compte à son actif quelques exploits, comme le premier vol plané sur un Komet, sans volets ni aérofreins, qui, se révélant beaucoup plus rapide que prévu, l'a obligé à se poser en visant entre deux hangars pour terminer sa course dans les limites de l'aérodrome.
Voilà. Le Komet était en avance sur son temps, pas au point, dangereux et inefficace. Cependant, tout cela n'a pas été perdu pour tout le monde : les Américains, et dans une moindre mesure les Russes, ont su en profiter.
Les avions à ailes delta sont les héritiers directs du Komet.
Intéressant. Le Komet de série était armé de deux canons de 30 mm mais ne disposait que d'une autonomie très limitée. Pour s'en débarrasser, les chasseurs alliés attendaient simplement que l'avion redevienne un planeur ce qui limitait considérablement ses possibilités d'évolution.
RépondreSupprimerPour les Delta, il ne faut pas oublier les travaux des frères Horten et surtout ceux de Nicolas Roland Payen. Injustement méconnu, il est le père de l'aile Delta et est disparu en 2004. Les allemands feront voler un prototype en septembre 1941 à Villacoublay.
Le Komet ne doit que 5 % de ses pertes à l'ennemi. Le récit de Mano Ziegler est ahurissant : des accidents à toutes les pages.
RépondreSupprimerIl y a un musée de l'aile Delta à Orly autour du Concorde et centré sur Payen (http://museedelta.free.fr/). N'hésitez pas y aller, ce sont des gens sympathiques et accueillants.
Le delta en subsonique est cependant une hérésie sans intérêt. Mais il fallait essayer pour l'apprendre.
http://picasaweb.google.fr/mjbajot/Concorde?authkey=Gv1sRgCIPLsMG_rcjdvgE&feat=directlink
RépondreSupprimerLes japonais ont fait aussi un avion fusée lui destiné aux missions kamikazes
RépondreSupprimerhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Oka_(kamikaze)