mercredi, avril 15, 2009

Maurice Druon est mort (2)

Je regretterai qu'il n'ait pas pu publier le quatre tomes programmés de ces mémoires car le premier était bien plaisant.

Je pense également à deux de ses citations :

«Il y a en France deux partis de gauche, dont un se nomme la droite.»

Cela correspond exactement à mon analyse de la politique en France et les agissements du gouvernement Sarkozy en confirment chaque jour la pertinence.

«François Bayrou : personnage secondaire et qui le restera.»

Cette définition lui avait valu une réplique cinglante de l'offensé. Je n'aime pas Bayrou, mais il faut bien reconnaître qu'il est le dernier polticien à écrire français correctement et avec style. Une polémique Druon-Bayrou, ça a plus de gueule qu'une polémique Royal-Sarkozy.

La réponse de Bayrou était plus dans l'air du temps, plus charmeuse, voire plus démagogue, mais je pense que c'était Druon qui avait raison.

Enfin, sa lutte contre la féminisation inappropriée de la langue française, bien que d'arrière-garde pour les avant-gardes, était de pur bon sens.

Ceux qui disent la ministre ou, encore plus horrible, la maire (de Lille), montrent trois choses :

> un goût d'égout, car existe-t-il plus disgracieux que «la maire» ?

> une ignorance crasse de la langue française. «Le ministre» n'indique pas plus le sexe du titulaire que «la sentinelle» n'indique les tendances homosexuelles des militaires en guérite.

> un sexisme réel bien qu'inconscient. Insister pour dire «la ministre» suppose que le sexe du ministre a une importance (1).

Cependant, ces calembredaines de féminisation des noms de fonction ont une grande utilité : c'est un filtre à cons rapide, efficace et peu couteux.

Tout journal écrivant «la ministre» se retrouve immédiatement au panier (cas de plus en plus fréquent du journal Le Monde), tout bonimenteur radiophonique souffrant de cette tare a la chique coupée illico presto.

De plus, il me plaît qu'après la défense héroïque des cadets de Saumur, à laquelle il participa avec Michel Debré, il se soit réfugié à Montaigne, dans la propriété de Michel (2).

Enfin, certains auteurs de merde commencent déjà à cracher sur sa tombe (3), ce qui prouve qu'il dérange encore.

(1) : quand le ministre est DSK, son sexe a une importance : il le met n'importe où et ça fait des histoires. Mais c'est un autre problème.

(2) : si vous ne le savez pas encore, apprenez que les amateurs de Montaigne forment une étrange confrérie, des fils invisibles les lient à travers l'espace et le temps, des goûts communs.

(3) : Pierre Assouline est le parfait petit scribouillard degôche, petit soldat de la bien-pensance.

6 commentaires:

  1. Je ne peux que confirmer vos propos sur l'autre "gugusse" qui parle de discours creux en évoquant M. Druon mais ne se rend pas compte que c'est de lui-même dont il s'agit...
    Bien dans l'air du temps malheureusement comme vous dites!

    RépondreSupprimer
  2. Bravo pour cet article excellent et drôle !

    Je te rejoins sur Bayrou.
    Sur la féminisation de la langue, ça m'a toujours énervé et l'exemple de "la" sentinelle est excellent pour montrer toute l'absurdité de cette manie...!

    à bientôt

    RépondreSupprimer
  3. Bonjour,

    Je souscris aux commentaires de Lomig : effectivement, le coup de la sentinelle est très bien trouvé - argument à retenir -.

    Comparer Pierre Assouline à Maurice Druon, et pourquoi pas la butte Montmartre à l'Everest ?

    Merci pour votre billet
    Cordialement

    RépondreSupprimer
  4. "Druon avait raison" ?
    Mon Dieu, est-il possible qu'un libéral puisse dire cela de la polémique qui les opposa ?
    http://www.bayrou.fr/opencms/opencms/media/coup_gueule/bayrou-lefigaro-280704.html

    En l'occurrence, préférer le RPR façon conservatisme et copinage et le PPE aux centristes et au parti libéral européen, elle est énorme !

    Si j'ai beaucoup d'admiration pour Druon, autant pour sa bravoure que pour le plaisir qu'il m'a procuré à travers la lecture des rois maudits (et tant de larmes versées à la mort de Robert d'Artois), je ne suis pas béat : son immodestie et ses prises de position d'un gaullisme conservateur et autoritaire n'ont jamais séduit le libéral qui est en moi.
    Pour les mêmes raisons, j'admire en de Gaulle le résistant et le stratège tout en me méfiant du politique paternaliste et du père de la Vème.

    RépondreSupprimer
  5. L'article d'Assouline est au contraire excellent. Il n'aimait pas Druon et s'en cache pas.. On ne va pas réclamer du politiquement correct !!

    RépondreSupprimer
  6. Il ne s'agit pas de politiquement correct, mais de respect des convenances et de politesse. Le même article dans quelques semaines serait recevable.

    Assouline est un trou du cul.

    RépondreSupprimer