Le gros titre des Echos :
Le corollaire, c'est évidemment que nous serons d'autant plus prospères que nous serons moins français.
Ces gens ont leur petite idée sur ce que serait leur France idéale :
Leur France idéale : petit portrait de ce que serait le pays sans ces fâcheux qui irritent tant les "bien-pensants".
Heureusement, Emmanuel Macron sait quoi faire pour mater les fâcheux :
France : le régime prépare des punitions collectives contre le peuple ou la dérive vers la tyrannie.
**********
L’interdiction administrative de manifester [contenue dans la loi présentée ces jours-ci] est une mesure de la Kommandantur Allemande en territoire occupé et cela nous rappelle inévitablement le régime de Vichy ou d’autres régimes fascistes où le moindre acte social faisait l’objet d’une mesure ou interdiction administrative.
Une telle mesure ne vise pas les casseurs. Elle vise le droit de manifester et/ou de protester pacifiquement, voire exprimer des vues contraires à celle du gouvernement.
Une telle mesure s’apparente à la dictature de base.
La gestion des casseurs relève des forces de maintien ou de gestion de l’ordre.
Donc le député centriste de la Marne, Charles de Courson, petit-fils de résistant, a bien raison lorsqu’il évoque une « dérive complète » et que « c’est une pure folie que de voter ce texte ! » [dont nous rappellerons qu'il est une idée de la droite].
Le régime de Macron ne cesse de dériver vers la tyrannie, d’abord sous l’aspect conformiste, uniformiste, puis petit à petit sous un aspect de plus en plus bureaucratique et brutal.
Beaucoup de gens ne mesurent pas encore l’impact de ces dérives dangereuses car ils ne croient pas que la France qu’ils ont connu depuis 50 ans puisse un jour se transformer en une sorte de dictature de riches néolibéraux oeuvrant pour des intérêts étrangers et méprisant au plus haut point le bon petit peuple de France.
**********
Mais le peuple français n'a cessé d'abdiquer sa souveraineté depuis quarante ans. Plus exactement : les assassins de la France, que Christian Combaz dénonce, n'ont cessé de lui faire abdiquer sa souveraineté.
Nous n'avons plus notre destin en mains.
La révolte des Gilets jaunes est méritoire, mais le plus probable est qu'elle ne parvienne pas à secouer le joug européiste, dont le Gauleiter Macron est le représentant en France.
Notre salut viendra donc de l'étranger, Grande-Bretagne ou Italie paraissent de bons candidats, mais je suis très moyennement optilmiste.
Je partage l'analyse de Todd :
« Avec nos faux débats, qui ne remettent jamais en question notre politique économique, définie par les règles de l'Union et de l'Euro ... » : quand la grande question du moment est de savoir si les routes secondaires doivent être limitées à 80 km/h ou à 90 km/h, comprenez vous que c'est un leurre, que cela signifie que les questions essentielles sont interdites de débat démocratique et que notre démocratie est à l'agonie ?
Note à ceux qui trouvent que je fantasme, que je me fais des films : il n'y a qu'à Hollywood où les méchants ont des têtes de méchants, où tout le peuple est du coté des gentils, où les tyrans marchent au pas de l'oie dans les rues avec une pancarte « Je suis un tyran ».
Dans la vraie vie, il y a toujours des gens pour servir le tyran en pensant que c'est un moindre mal, d'autres pour penser que, certes, on ne respire pas la liberté mais ça pourrait être pire, d'autres encore pour penser qu'on n'est pas vraiment en tyrannie et d'autres enfin qui trouvent la tyrannie très bien.
Pierre Bayard a publié il y a quelques années Un livre Aurais-je été Résistant ou bourreau ? où, au contraire des Résistants avec 80 ans de retard qui défilent au son du Chant des partisans version techno, il examine sans indulgence les événements de sa vie qui lui donnent à penser qu'il aurait pu être bourreau ou, au contraire, Résistant.
Ne vous faites aucune illusion (et je ne m'en fais pas non plus sur ma personne) : si, dans une population, les Résistants montent à 5 %, c'est déjà extraordinaire.
jeudi, janvier 31, 2019
Racaille-Gilets jaunes : deux poids-une mesure
Des gens, pas très fins ou de mauvaise foi, trouvent que les pro-GJ sont soudain bien chatouilleux sur les méthodes de la police et les libertés publiques et qu’ils ne le sont pas autant concernant les interventions de la police dans les banlieues islamisées.
Je pourrais me contenter d’en rire. Je vais répondre :
1) Les problèmes soulevés ont ce point commun de tous les deux résulter de décisions politiques. Si la police est violente dans les banlieues, c’est à cause du choix politique de laisser la situation pourrir en n’endiguant pas l’immigration (c’est le moins qu’on puisse dire). Si la police est violente contre les GJ, c’est le choix politique de l’escalade du gouvernement Macron.
2) Les deux questions sont très différentes. La police use de la violence dans les banlieues pour réprimer la délinquance. La police use de la violence contre les GJ pour réprimer une protestation politique, on n’a pas fait autant de politique en France que les Gilets jaunes depuis trente ans. La légitimité de l’intervention policière n’est pas du tout la même.
3) Ce dernier point va faire beaucoup plus polémique. Les Gilets jaunes font partie du peuple français, ils manifestent en chantant la Marseillaise. Les délinquants de banlieue ne sont français que de papiers et si leur comportement porte un message politique, c’est celui de la sécession. La délinquance en banlieue est donc une attaque contre la France, pas les Gilets jaunes.
(1) et (2) justifient à mes yeux bien des différences de traitement entre les banlieues et les Gilets jaunes.
On peut regretter le comportement généralement peu respectueux (c’est le moins qu’on puisse dire) et peu aimable (rien ne justifie qu’un policier s’adresse à une passante en lui criant « Dégage, vieille truie ! ») de la police française. C’est en partie culturel : la police française a toujours été au service du pouvoir et non de la société. Mais, comme signalé en (1), c’est aussi en partie le fruit de décisions politiques et ce sont celles-ci qu’il faut remettre en cause.
Le comique de l’histoire est que, si les Gilets jaunes étaient écoutés, la police aurait nettement moins besoin d’être violente en banlieue.
Je pourrais me contenter d’en rire. Je vais répondre :
1) Les problèmes soulevés ont ce point commun de tous les deux résulter de décisions politiques. Si la police est violente dans les banlieues, c’est à cause du choix politique de laisser la situation pourrir en n’endiguant pas l’immigration (c’est le moins qu’on puisse dire). Si la police est violente contre les GJ, c’est le choix politique de l’escalade du gouvernement Macron.
2) Les deux questions sont très différentes. La police use de la violence dans les banlieues pour réprimer la délinquance. La police use de la violence contre les GJ pour réprimer une protestation politique, on n’a pas fait autant de politique en France que les Gilets jaunes depuis trente ans. La légitimité de l’intervention policière n’est pas du tout la même.
3) Ce dernier point va faire beaucoup plus polémique. Les Gilets jaunes font partie du peuple français, ils manifestent en chantant la Marseillaise. Les délinquants de banlieue ne sont français que de papiers et si leur comportement porte un message politique, c’est celui de la sécession. La délinquance en banlieue est donc une attaque contre la France, pas les Gilets jaunes.
(1) et (2) justifient à mes yeux bien des différences de traitement entre les banlieues et les Gilets jaunes.
On peut regretter le comportement généralement peu respectueux (c’est le moins qu’on puisse dire) et peu aimable (rien ne justifie qu’un policier s’adresse à une passante en lui criant « Dégage, vieille truie ! ») de la police française. C’est en partie culturel : la police française a toujours été au service du pouvoir et non de la société. Mais, comme signalé en (1), c’est aussi en partie le fruit de décisions politiques et ce sont celles-ci qu’il faut remettre en cause.
Le comique de l’histoire est que, si les Gilets jaunes étaient écoutés, la police aurait nettement moins besoin d’être violente en banlieue.
mercredi, janvier 30, 2019
Loi anti-casseurs : Serge Federbusch
Serge Federbusch fait exactement la même analyse que moi (que nous, car nous sommes nombreux à la faire) : le gouvernement Macron refuse sciemment de chercher une issue politique, qui est de sa responsabilité, à la crise des Gilets jaunes et joue l'escalade répressive de manière à envenimer les choses et à profiter des troubles ainsi provoqués pour renforcer son pouvoir et nous faire basculer un peu plus dans la tyrannie.
Cette politique est une véritable trahison. Vous ne pouvez en être surpris : depuis son apparition sur la scène publique, Emmanuel Macron est un traitre au plein sens du terme, un Pétain modernisé (sans les états de service).
En attendant qu'il soit jugé en Haute Cour comme il le mérite, Emmanuel Macron porte et portera la pleine et entière responsabilité des troubles et des drames que sa politique provoque.
Et Campagnol, toujours excellent :
La neige, c'est de la faute du réchauffement climatique
Les vagues de froid polaire sont bien liées au réchauffement de la planète
La démarche intellectuelle est évidemment stupide (dans l'autre sens aussi d'ailleurs, une chute de neige ne prouve pas un refroidissement, mais dans ce sens là, c'est quand même moins incohérent). Surtout que l'été, on ne nous fait pas grâce des vagues de chaleur qui prouveraient le réchauffement climatique.
Bref, les vagues de chaleur prouvent le réchauffement climatique et les vagues de froid aussi. Ca prouve surtout un beau foutage de gueule !
Mais le plus intéressant, ce sont les commentaires qui lient climato-scepticisme (très largement dominant dans le fil sous l'article) et Gilets jaunes sur le thème « Vous racontez n'importe quoi comme d'habitude, nous on sait, fermez la et faites ce qu'on vous dit ».
Comme le note Christophe Guilluy, l'écologie est devenue un moyen de distinction de classe et d'oppression.
Un des slogans des Foulards rouges était : « On est plus intelligent » (c'est exactement le genre de slogans qui montrent le contraire de ce qu'on dit).
Les gros bourgeois louis-philippards vont finir par apparaître comme des monstres de subtilité et de respect, à coté de nos modernes bourgeois.
Bien entendu, si, comme je le pense, les Gilets jaunes et équivalents ont le vent en poupe à l'échelle mondiale, cela signifie aussi la fin du réchauffisme (que j'annonce depuis des années en vain).
J'attends sans impatience les excuses de ceux qui nous racontent n'importe quoi depuis des années, les Jouzel et compagnie.
La démarche intellectuelle est évidemment stupide (dans l'autre sens aussi d'ailleurs, une chute de neige ne prouve pas un refroidissement, mais dans ce sens là, c'est quand même moins incohérent). Surtout que l'été, on ne nous fait pas grâce des vagues de chaleur qui prouveraient le réchauffement climatique.
Bref, les vagues de chaleur prouvent le réchauffement climatique et les vagues de froid aussi. Ca prouve surtout un beau foutage de gueule !
Mais le plus intéressant, ce sont les commentaires qui lient climato-scepticisme (très largement dominant dans le fil sous l'article) et Gilets jaunes sur le thème « Vous racontez n'importe quoi comme d'habitude, nous on sait, fermez la et faites ce qu'on vous dit ».
Comme le note Christophe Guilluy, l'écologie est devenue un moyen de distinction de classe et d'oppression.
Un des slogans des Foulards rouges était : « On est plus intelligent » (c'est exactement le genre de slogans qui montrent le contraire de ce qu'on dit).
Les gros bourgeois louis-philippards vont finir par apparaître comme des monstres de subtilité et de respect, à coté de nos modernes bourgeois.
Bien entendu, si, comme je le pense, les Gilets jaunes et équivalents ont le vent en poupe à l'échelle mondiale, cela signifie aussi la fin du réchauffisme (que j'annonce depuis des années en vain).
J'attends sans impatience les excuses de ceux qui nous racontent n'importe quoi depuis des années, les Jouzel et compagnie.
mardi, janvier 29, 2019
Un gouvernement de guerre civile
La juxtaposition de ces tweets est éclairante :
Bien sûr, Pierre Moscou-Vichy ne fait pas formellement partie du gouvernement Macron, mais c'est tout comme :
Et le meilleur pour la fin :
Heureusement, M. Campagnol peut encore nous faire rire (pour combien de temps ?) :
Bien sûr, Pierre Moscou-Vichy ne fait pas formellement partie du gouvernement Macron, mais c'est tout comme :
Et le meilleur pour la fin :
Heureusement, M. Campagnol peut encore nous faire rire (pour combien de temps ?) :
lundi, janvier 28, 2019
Gilets jaunes : le double non
Comme moi, Michel Drac trouve que Macron et les Gilets jaunes sont une double impasse :
Il évalue à 2 millions le nombre de Gilets jaunes actifs à un moment ou un autre du mouvement. C'est considérable, mais cela ne fait pas une majorité.
Le gouvernement est doublement responsable des violences :
1) Parce qu'un mouvement d'une telle ampleur ne peut avoir de solution démocratique répressive. Il est démocratique de réprimer quand on affronte des groupuscules. Au delà, c'est le devoir du gouvernement de chercher une solution politique. De Gaulle l'avait trouvée en 1968 en dissolvant l'assemblée nationale. Cette solution politique, Emmanuel Macron ne la cherche même pas (le « grand débat national », où tous les sujets intéressants sont interdits, est à l'évidence une manoeuvre dilatoire).
2) Le gouvernement choisit délibérément l'escalade de la violence. C'est cela que signifie les méthodes violentes de la police (dont il ne faut pas croire qu'elles sont normales et habituelles et qu'il n'y en ait pas d'autres possibles), plus vis-à-vis des Gilets jaunes que des casseurs, et les déclarations provocatrices à répétition des petits marquis du macronisme.
Dernière minute : nouvelle provocation macronienne . Et hop, un bidon d'huile sur le feu (une fois de plus, de l'étranger, c'est une manie) :
« Gilets jaunes » : Macron « déplore » les 11 morts en marge du mouvement (1)
Bien sûr, si les policiers avaient des couilles, ils laisseraient tomber Macron. Ils n'ignorent pas qu'en protégeant les institutions, ils protègent ceux qui les occupent sans guère de légitimité. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire. Donc il ne faut pas y compter.
Michel Drac fait aussi l'analyse suivante, que j'adopte (puisque j'en ai déjà parlé).
Le fond des choses est : l'UE et l'Euro sont incompatibles avec la démocratie. Philippe Seguin l'avait expliqué brillamment en 1992. Si 26 ans plus tard, vous ne l'avez toujours pas compris, c'est que vous êtes con comme vos pieds, ou que vous ne voulez pas comprendre. Dans les deux cas, je ne peux rien pour vous.
Ensuite, il faut revenir sur l'immigration de masse.
La seule sortie politique positive à la crise actuelle serait des élections législatives à la proportionnelle. Cela n'arrivera puisque Macron ne le fera pas : il ne veut pas prendre le risque de perdre le pouvoir et qu'on remettre en cause l'européisme et l'immigrationnisme. Pas d'issue positive.
La seule chose qui peut faire lâcher Macron : ses commanditaires. Mais ceux-ci se foutent de la France, ils raisonnent global, ils ont peur de la contagion (vente de gilets jaunes interdite en Egypte !) et, pour l'instant, ça va de ce coté.
L'issue positive étant bouchée, il reste deux issues négatives :
La dictature bourgeoise façon Louis-Philippe. Je connais beaucoup de gens (je dirais au pif que c'est une large majorité de mon entourage) qui s'en accommoderaient fort bien, pourvu qu'on fasse l'effort de ménager leurs petites âmes en faisant toutes les saloperies avec un minimum de discrétion. C'est ce que recherche Macron en jouant l'escalade de la violence.
L'anarchie. Le désordre s'accroit sous le poids des frustrations et l'Etat perd le contrôle de certains territoires (scénario qui n'a rien d'invraisemblable puisque c'est déjà le cas dans les banlieues musulmanes).
Comme le dit Michel Drac (qui doit avoir lu Pareto (2) ), en temps ordinaires, il y a les problèmes, les solutions et le contexte. Si le contexte ne permet pas d'appliquer les solutions aux problèmes, on passe aux temps extraordinaires.
En temps extraordinaires, on donne des noms aux problèmes et un calibre aux solutions.
Quand on a mis dans la nuque des problèmes des balles du calibre des solutions, il n'y a plus de problèmes.
Michel Drac , qui est aussi effaré que moi de la médiocrité de notre classe dirigeante (et dire que des imbéciles me décrivaient Macron comme « brillant »), estime que la génération 1963-1978, celle de Macron et Philippe (arrivée sur le marché du travail après Mitterrand et avant internet) est dépourvue au plus haut point de culture et d'imagination (je le constate tous les jours : c'est aussi ma génération !) et que cette carence la mène, sans qu'elle s'en rende compte, à répéter les attitudes et les erreurs du passé (je suis cerné par les louis-philippards, c'est souvent répugnant, quelquefois comique, mais, en tout cas, bien peu ont conscience de cette répétition).
Depuis début décembre 2018, je pense à 1848, en craignant que 2019 soit pire : 1848 était seulement parisien et n'a pas fait trop de morts. Nous sommes au bord du gouffre et les somnambules qui nous gouvernent nous y poussent.
Une révolte qui manifeste tous les samedis à heure fixe n'est pas une révolution. Pour combien de temps ?
Ceux qui font tout un pataquès sur la violence des Gilets jaunes n'ont aucune idée de ce qu'est la vraie violence. J'ai écrit il y a quelques semaines que mon angoisse était de voir un jour des gens brûlés vifs ou coupés en rondelles, choses qui sont déjà arrivées dans les révolutions françaises.
Certains redoutent que la crise des Gilets jaunes finisse par une augmentation de leurs impôts. Comme si c'était le problème ! Les impôts confiscatoires ne sont qu'un symptôme.
A toute ces considérations, vient s'ajouter la crise économique à l'horizon dont Charles Gave, par exemple, estime qu'elle sera pire que 2008. Il se peut que, dans quelques mois, on se remémore avec nostalgie l'ambiance festive autour des ronds-points.
Michel Drac voit deux évolutions pour le moral du peuple français : la colère ou la dépression. Aucune des deux n'est souhaitable.
Pour ma part, je pense que les Gilets jeunes ne doivent s'écarter sous aucun prétexte des deux attitudes suivantes :
Non-proposition : les Gilets jaunes doivent rester dans la négativité, continuer à dire ce qu’ils refusent.
Proposer, c’est le boulot des politiciens, ils sont payés assez cher pour ça.
Nous sommes entrés dans un temps d’épreuve de vérité.
La première épreuve de vérité, c’était l’élection de Macron. L’élection de Macron par le bloc bourgeois a prouvé que l’UMPS n’était pas un fantasme, qu’il existe, et que la fausse alternance droite-gauche qu’on nous sert depuis trente ans est bien un mensonge. Wauquiez et l’UMP sont morts. Leurs zombies continueront à s’agiter et à empêcher la recomposition du paysage politique, pour notre plus grand malheur, mais ils ne seront plus jamais une force.
La deuxième épreuve de vérité, ce sont les Gilets jaunes. Ils ont dévoilé que Macron n’est pas au service du peuple français mais de l’oligarchie mondialisée et que sa base politique ne dépasse pas un quart de la population.
Le Système vacille mais il n’est pas encore vaincu. Les Gilets jaunes ne doivent pas céder à la tentation de la proposition, sinon ils sont foutus. Ils doivent continuer leur travail de sape.
On voit que les ennemis (déclarés ou hypocrites) des Gilets jaunes aimeraient tant qu’ils intègrent le Système, qu’ils fassent des propositions, qu’ils présentent des candidats, qu’ils se prennent évidemment une tôle et qu’ils se fassent bouffer. Mais il faut rester cohérent : si on pense que le problème est non pas tel ou tel parti, mais le Système lui-même, il faut refuser d’y participer tant qu’il résiste. Ensuite, il sera bien temps de passer à autre chose.
Non-violence : les Gilets doivent absolument devenir non-violents. Non parce que la violence serait mal en soi (elle leur a permis de se faire entendre, à défaut de se faire écouter) mais parce que, depuis ses vœux du nouvel an, Macron retourne cette violence à son profit. Si les choses continuent ainsi, Macron sera ré-élu en 2022 par le bloc bourgeois apeuré (j'en connais nombre de futurs électeurs autour de moi).
C’est gentil de se montrer couillon, c’est sympa, mais faire le jeu de l’ennemi n’a jamais permis de gagner les guerres. Autrement dit, je milite pour que les Gilets jeunes se montrent intelligents et s’installent dans la durée, jouent l’usure.
Macron mène une politique dangereuse et irresponsable. Les Gilets jaunes doivent se montrer responsables pour deux.
Le plus dur, c’est évidemment de trouver des modes d’action non-violents qui filent à Macron le mauvais rôle.
***************
(1) : commentaire que j'ai laissé au Figaro :
C'est sciemment qu'Emmanuel Macron jette de l'huile sur le feu.
Il est clair qu'il est dans une stratégie de l'escalade parce qu'il espère en sortir vainqueur et profiter des troubles ainsi suscités pour installer une dictature de fait (c'est bien comme cela que s'appelle le fait de gouverner avec, au maximum, un quart du pays).
Il me semble donc peu intelligent de partir au quart de tour sur chacune de ses provocations. C'est jouer son jeu, jouer dans sa main.
(2) : le trilemme de Pareto.
Lorsqu'un pays affronte un problème grave, il resurgit de loin en loin, chaque fois plus grave que la précédente jusqu'à ce que :
1) La classe dirigeante règle le problème.
2) On change de classe dirigeante jusqu'à ce qu'une classe dirigeante règle le problème.
3) Le problème n'est pas réglé, la classe dirigeante n'est pas changée : le pays disparaît.
Il évalue à 2 millions le nombre de Gilets jaunes actifs à un moment ou un autre du mouvement. C'est considérable, mais cela ne fait pas une majorité.
Le gouvernement est doublement responsable des violences :
1) Parce qu'un mouvement d'une telle ampleur ne peut avoir de solution démocratique répressive. Il est démocratique de réprimer quand on affronte des groupuscules. Au delà, c'est le devoir du gouvernement de chercher une solution politique. De Gaulle l'avait trouvée en 1968 en dissolvant l'assemblée nationale. Cette solution politique, Emmanuel Macron ne la cherche même pas (le « grand débat national », où tous les sujets intéressants sont interdits, est à l'évidence une manoeuvre dilatoire).
2) Le gouvernement choisit délibérément l'escalade de la violence. C'est cela que signifie les méthodes violentes de la police (dont il ne faut pas croire qu'elles sont normales et habituelles et qu'il n'y en ait pas d'autres possibles), plus vis-à-vis des Gilets jaunes que des casseurs, et les déclarations provocatrices à répétition des petits marquis du macronisme.
Dernière minute : nouvelle provocation macronienne . Et hop, un bidon d'huile sur le feu (une fois de plus, de l'étranger, c'est une manie) :
« Gilets jaunes » : Macron « déplore » les 11 morts en marge du mouvement (1)
Bien sûr, si les policiers avaient des couilles, ils laisseraient tomber Macron. Ils n'ignorent pas qu'en protégeant les institutions, ils protègent ceux qui les occupent sans guère de légitimité. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire. Donc il ne faut pas y compter.
Michel Drac fait aussi l'analyse suivante, que j'adopte (puisque j'en ai déjà parlé).
Le fond des choses est : l'UE et l'Euro sont incompatibles avec la démocratie. Philippe Seguin l'avait expliqué brillamment en 1992. Si 26 ans plus tard, vous ne l'avez toujours pas compris, c'est que vous êtes con comme vos pieds, ou que vous ne voulez pas comprendre. Dans les deux cas, je ne peux rien pour vous.
Ensuite, il faut revenir sur l'immigration de masse.
La seule sortie politique positive à la crise actuelle serait des élections législatives à la proportionnelle. Cela n'arrivera puisque Macron ne le fera pas : il ne veut pas prendre le risque de perdre le pouvoir et qu'on remettre en cause l'européisme et l'immigrationnisme. Pas d'issue positive.
La seule chose qui peut faire lâcher Macron : ses commanditaires. Mais ceux-ci se foutent de la France, ils raisonnent global, ils ont peur de la contagion (vente de gilets jaunes interdite en Egypte !) et, pour l'instant, ça va de ce coté.
L'issue positive étant bouchée, il reste deux issues négatives :
La dictature bourgeoise façon Louis-Philippe. Je connais beaucoup de gens (je dirais au pif que c'est une large majorité de mon entourage) qui s'en accommoderaient fort bien, pourvu qu'on fasse l'effort de ménager leurs petites âmes en faisant toutes les saloperies avec un minimum de discrétion. C'est ce que recherche Macron en jouant l'escalade de la violence.
L'anarchie. Le désordre s'accroit sous le poids des frustrations et l'Etat perd le contrôle de certains territoires (scénario qui n'a rien d'invraisemblable puisque c'est déjà le cas dans les banlieues musulmanes).
Comme le dit Michel Drac (qui doit avoir lu Pareto (2) ), en temps ordinaires, il y a les problèmes, les solutions et le contexte. Si le contexte ne permet pas d'appliquer les solutions aux problèmes, on passe aux temps extraordinaires.
En temps extraordinaires, on donne des noms aux problèmes et un calibre aux solutions.
Quand on a mis dans la nuque des problèmes des balles du calibre des solutions, il n'y a plus de problèmes.
Michel Drac , qui est aussi effaré que moi de la médiocrité de notre classe dirigeante (et dire que des imbéciles me décrivaient Macron comme « brillant »), estime que la génération 1963-1978, celle de Macron et Philippe (arrivée sur le marché du travail après Mitterrand et avant internet) est dépourvue au plus haut point de culture et d'imagination (je le constate tous les jours : c'est aussi ma génération !) et que cette carence la mène, sans qu'elle s'en rende compte, à répéter les attitudes et les erreurs du passé (je suis cerné par les louis-philippards, c'est souvent répugnant, quelquefois comique, mais, en tout cas, bien peu ont conscience de cette répétition).
Depuis début décembre 2018, je pense à 1848, en craignant que 2019 soit pire : 1848 était seulement parisien et n'a pas fait trop de morts. Nous sommes au bord du gouffre et les somnambules qui nous gouvernent nous y poussent.
Une révolte qui manifeste tous les samedis à heure fixe n'est pas une révolution. Pour combien de temps ?
Ceux qui font tout un pataquès sur la violence des Gilets jaunes n'ont aucune idée de ce qu'est la vraie violence. J'ai écrit il y a quelques semaines que mon angoisse était de voir un jour des gens brûlés vifs ou coupés en rondelles, choses qui sont déjà arrivées dans les révolutions françaises.
Certains redoutent que la crise des Gilets jaunes finisse par une augmentation de leurs impôts. Comme si c'était le problème ! Les impôts confiscatoires ne sont qu'un symptôme.
A toute ces considérations, vient s'ajouter la crise économique à l'horizon dont Charles Gave, par exemple, estime qu'elle sera pire que 2008. Il se peut que, dans quelques mois, on se remémore avec nostalgie l'ambiance festive autour des ronds-points.
Michel Drac voit deux évolutions pour le moral du peuple français : la colère ou la dépression. Aucune des deux n'est souhaitable.
Pour ma part, je pense que les Gilets jeunes ne doivent s'écarter sous aucun prétexte des deux attitudes suivantes :
Non-proposition : les Gilets jaunes doivent rester dans la négativité, continuer à dire ce qu’ils refusent.
Proposer, c’est le boulot des politiciens, ils sont payés assez cher pour ça.
Nous sommes entrés dans un temps d’épreuve de vérité.
La première épreuve de vérité, c’était l’élection de Macron. L’élection de Macron par le bloc bourgeois a prouvé que l’UMPS n’était pas un fantasme, qu’il existe, et que la fausse alternance droite-gauche qu’on nous sert depuis trente ans est bien un mensonge. Wauquiez et l’UMP sont morts. Leurs zombies continueront à s’agiter et à empêcher la recomposition du paysage politique, pour notre plus grand malheur, mais ils ne seront plus jamais une force.
La deuxième épreuve de vérité, ce sont les Gilets jaunes. Ils ont dévoilé que Macron n’est pas au service du peuple français mais de l’oligarchie mondialisée et que sa base politique ne dépasse pas un quart de la population.
Le Système vacille mais il n’est pas encore vaincu. Les Gilets jaunes ne doivent pas céder à la tentation de la proposition, sinon ils sont foutus. Ils doivent continuer leur travail de sape.
On voit que les ennemis (déclarés ou hypocrites) des Gilets jaunes aimeraient tant qu’ils intègrent le Système, qu’ils fassent des propositions, qu’ils présentent des candidats, qu’ils se prennent évidemment une tôle et qu’ils se fassent bouffer. Mais il faut rester cohérent : si on pense que le problème est non pas tel ou tel parti, mais le Système lui-même, il faut refuser d’y participer tant qu’il résiste. Ensuite, il sera bien temps de passer à autre chose.
Non-violence : les Gilets doivent absolument devenir non-violents. Non parce que la violence serait mal en soi (elle leur a permis de se faire entendre, à défaut de se faire écouter) mais parce que, depuis ses vœux du nouvel an, Macron retourne cette violence à son profit. Si les choses continuent ainsi, Macron sera ré-élu en 2022 par le bloc bourgeois apeuré (j'en connais nombre de futurs électeurs autour de moi).
C’est gentil de se montrer couillon, c’est sympa, mais faire le jeu de l’ennemi n’a jamais permis de gagner les guerres. Autrement dit, je milite pour que les Gilets jeunes se montrent intelligents et s’installent dans la durée, jouent l’usure.
Macron mène une politique dangereuse et irresponsable. Les Gilets jaunes doivent se montrer responsables pour deux.
Le plus dur, c’est évidemment de trouver des modes d’action non-violents qui filent à Macron le mauvais rôle.
***************
(1) : commentaire que j'ai laissé au Figaro :
C'est sciemment qu'Emmanuel Macron jette de l'huile sur le feu.
Il est clair qu'il est dans une stratégie de l'escalade parce qu'il espère en sortir vainqueur et profiter des troubles ainsi suscités pour installer une dictature de fait (c'est bien comme cela que s'appelle le fait de gouverner avec, au maximum, un quart du pays).
Il me semble donc peu intelligent de partir au quart de tour sur chacune de ses provocations. C'est jouer son jeu, jouer dans sa main.
(2) : le trilemme de Pareto.
Lorsqu'un pays affronte un problème grave, il resurgit de loin en loin, chaque fois plus grave que la précédente jusqu'à ce que :
1) La classe dirigeante règle le problème.
2) On change de classe dirigeante jusqu'à ce qu'une classe dirigeante règle le problème.
3) Le problème n'est pas réglé, la classe dirigeante n'est pas changée : le pays disparaît.
Venezuela
J’appartiens à une tendance qui me semble parfois bien bête.
Des gens, avec qui je suis d’accord sur d’autres sujets, défendent Maduro sous prétexte que Guaido est soutenu par les Etats-Unis.
Je trouve cela stupide.
Oui, probablement que Guaido est plus que soutenu, téléguidé, par les Etats-Unis. Ce n’est pas très plaisant, certes. Mais, entre deux maux, il faut choisir le moindre. Il est clair que Maduro est une catastrophe pour le Venezuela.
Et puis, si l’on se place d’un point de vue cynique, le Venezuela est dans la sphère d’influence des Etats-Unis, alors, franchement, pourquoi user le soleil ?
Il faut choisir ses combats. Défendre Maduro est ridicule. Le père Trump doit bien se marrer.
Des gens, avec qui je suis d’accord sur d’autres sujets, défendent Maduro sous prétexte que Guaido est soutenu par les Etats-Unis.
Je trouve cela stupide.
Oui, probablement que Guaido est plus que soutenu, téléguidé, par les Etats-Unis. Ce n’est pas très plaisant, certes. Mais, entre deux maux, il faut choisir le moindre. Il est clair que Maduro est une catastrophe pour le Venezuela.
Et puis, si l’on se place d’un point de vue cynique, le Venezuela est dans la sphère d’influence des Etats-Unis, alors, franchement, pourquoi user le soleil ?
Il faut choisir ses combats. Défendre Maduro est ridicule. Le père Trump doit bien se marrer.
dimanche, janvier 27, 2019
France : l'impasse politique
Emmanuel Macron est une impasse politique depuis le début : c'est le porteur de la vieille politique giscardienne qui échoue depuis quarante ans et que les Français ont refusé à 55 % en 2005 (1).
Les Gilets jaunes sont aussi une impasse politique, puisque ce mouvement proteste contre le fait que personne ne se donne la peine de les représenter.
La différence, c'est que Macron est une impasse destructrice, la continuation de ce qui nous tue, alors que les Gilets jaunes sont une impasse salvatrice, dont pourrait sortir, indirectement, quelque chose de bon pour la France.
Il me semble que le temps joue désormais pour les Gilets jaunes. A condition qu'ils ne se fassent pas récupérer par les gauchistes. Leurs revendications sont déjà récupérées (hélas) mais pas leurs votes (d'après les sondages).
J'avais dit que les violences policières étaient un poison lent qui pourrirait Macron : ça commence à se répandre dans les médias officiels.
Le prochain problème de Macron : l'isolement. Comme un dictateur sud-américain pendant un putsch, il risque un jour de se balader dans un palais de l'Elysée vide, dont les gens se sont éclipsés discrètement, de se retourner et de constater qu'il n'y a plus personne.
Déjà, être obligé de nommer ministre cet imbécile mafieux de Castaner est révélateur de la maigreur de ses troupes.
On parle de la démission de Darmanin (peut-être un chantage) et je ne serais pas surpris que Philippe jette l'éponge après les européennes. Ensuite, il ne restera plus que Schiappa premier ministre ! Pardon, « première » ministre (tant qu'à tout massacrer, continuons à massacrer le français).
Après, retour à Amiens :
*************
(1) : « réformes » technocratiques au nom des impératifs européistes, économie punitive sans perspective, multiculturalisme, mondialisation, « sociétalisme ». Il y avait déjà tout cela chez Giscard en 1974.
Les Gilets jaunes sont aussi une impasse politique, puisque ce mouvement proteste contre le fait que personne ne se donne la peine de les représenter.
La différence, c'est que Macron est une impasse destructrice, la continuation de ce qui nous tue, alors que les Gilets jaunes sont une impasse salvatrice, dont pourrait sortir, indirectement, quelque chose de bon pour la France.
Il me semble que le temps joue désormais pour les Gilets jaunes. A condition qu'ils ne se fassent pas récupérer par les gauchistes. Leurs revendications sont déjà récupérées (hélas) mais pas leurs votes (d'après les sondages).
J'avais dit que les violences policières étaient un poison lent qui pourrirait Macron : ça commence à se répandre dans les médias officiels.
Le prochain problème de Macron : l'isolement. Comme un dictateur sud-américain pendant un putsch, il risque un jour de se balader dans un palais de l'Elysée vide, dont les gens se sont éclipsés discrètement, de se retourner et de constater qu'il n'y a plus personne.
Déjà, être obligé de nommer ministre cet imbécile mafieux de Castaner est révélateur de la maigreur de ses troupes.
On parle de la démission de Darmanin (peut-être un chantage) et je ne serais pas surpris que Philippe jette l'éponge après les européennes. Ensuite, il ne restera plus que Schiappa premier ministre ! Pardon, « première » ministre (tant qu'à tout massacrer, continuons à massacrer le français).
Après, retour à Amiens :
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(1) : « réformes » technocratiques au nom des impératifs européistes, économie punitive sans perspective, multiculturalisme, mondialisation, « sociétalisme ». Il y avait déjà tout cela chez Giscard en 1974.
samedi, janvier 26, 2019
Emmanuel-Auguste Ceausescu
La semaine dernière, je vous disais que j’avais l’impression de revivre le XIXème siècle.
J’ai aussi l’impression de vivre un mix de Ceausescu et de l’empereur Auguste.
Ceausescu
Macron, c’est :
14 heures de télévision publique en une semaine.
Les opposants noyautés et achetés (liste GJ aux européennes, Wauquiez muet).
La liberté d’expression sévèrement réprimée (il y a maintenant en France plus de 12 lois réprimant d’une manière ou d’une autre la liberté d’expression).
Les médias aux ordres du pouvoir.
La répression policière :
1 décès
151 blessures à la tête
18 éborgnés
4 mains arrachées
Il faut remonter à 1947 la répression des mineurs par Jules Moch ou 1911 des vignerons par Clemenceau (tiens, toujours la gauche qui fait tirer sur le peuple) pour retrouver la même niveau de violence. Et encore : ce furent de brefs accès de violence alors qu’aujourd’hui, ça dure.
L’empereur Auguste
L’empereur a établi une dictature permanente de manière tout à fait légale. Le sénat a voté tout ce qu’il a demandé et les contrepouvoirs se sont pliés de bonne grâce. Pareil avec Macron.
Hitler et Ceausescu ont inventé la dictature bavarde. Macron a inventé la dictature logorrhéique : « Avec Macron, tout est discutable mais rien n'est amendable ».
Le tableau d’ensemble du macronisme est scandaleux et devrait courroucer tout homme de bien, gilet jaune ou pas. La démocratie, avant d’être un paquet de règles, c’est d’abord un esprit et le macronisme y est radicalement opposé (comme tous ceux qui ne sont pas scandalisés par le re-vote du référendum de 2005, pierre de touche en diamant).
On dit que les Français sont un peuple rebelle. Hé bien moi, je ne trouve pas. Ou alors, ceux que je fréquente ne sont pas des Français ou ne sont pas le peuple (deux hypothèses complémentaires pas à négliger). J’ai quelquefois l’impression que les gens ont intériorisé le fait que nous ne vivions plus en démocratie et que, tant qu’ils peuvent faire leur petite vie, cela ne les gêne pas.
Mais les Gilets jaunes sauvent l'honneur.
La police est en train de le perdre :
Si on m'avait dit un jour que je serais d'accord avec Plenel !
La question, ce sont les blessures à la tête, sachant qu'il est strictement interdit de viser la tête par les procédures de la police. Il n'y a donc pas 36 solutions : les policiers font n'importe quoi parce qu'ils ont un sentiment d'impunité. Et d'où peut venir ce sentiment, sinon du plus haut de la hiérarchie, c'est-à-dire de Macron ?
Même problème que la rafle du Vel d'Hiv (référence constante ces dernières années) : les policiers sont-ils coupables d'appliquer les ordres ?
Quelle que soit la réponse, cela n'enlève rien à la responsabilité de celui qui les donne.
Il y a aussi une autre responsabilité, qui va avec la première : la responsabilité de la désescalade est purement politique. Ne pas y parvenir ou ne même pas essayer, voire envenimer sciemment la situation, est une responsabilité politique dont il faudra un jour que les auteurs rendent compte, s'il y a une justice.
J’ai aussi l’impression de vivre un mix de Ceausescu et de l’empereur Auguste.
Ceausescu
Macron, c’est :
14 heures de télévision publique en une semaine.
Les opposants noyautés et achetés (liste GJ aux européennes, Wauquiez muet).
La liberté d’expression sévèrement réprimée (il y a maintenant en France plus de 12 lois réprimant d’une manière ou d’une autre la liberté d’expression).
Les médias aux ordres du pouvoir.
La répression policière :
1 décès
151 blessures à la tête
18 éborgnés
4 mains arrachées
Il faut remonter à 1947 la répression des mineurs par Jules Moch ou 1911 des vignerons par Clemenceau (tiens, toujours la gauche qui fait tirer sur le peuple) pour retrouver la même niveau de violence. Et encore : ce furent de brefs accès de violence alors qu’aujourd’hui, ça dure.
L’empereur Auguste
L’empereur a établi une dictature permanente de manière tout à fait légale. Le sénat a voté tout ce qu’il a demandé et les contrepouvoirs se sont pliés de bonne grâce. Pareil avec Macron.
Hitler et Ceausescu ont inventé la dictature bavarde. Macron a inventé la dictature logorrhéique : « Avec Macron, tout est discutable mais rien n'est amendable ».
Le tableau d’ensemble du macronisme est scandaleux et devrait courroucer tout homme de bien, gilet jaune ou pas. La démocratie, avant d’être un paquet de règles, c’est d’abord un esprit et le macronisme y est radicalement opposé (comme tous ceux qui ne sont pas scandalisés par le re-vote du référendum de 2005, pierre de touche en diamant).
On dit que les Français sont un peuple rebelle. Hé bien moi, je ne trouve pas. Ou alors, ceux que je fréquente ne sont pas des Français ou ne sont pas le peuple (deux hypothèses complémentaires pas à négliger). J’ai quelquefois l’impression que les gens ont intériorisé le fait que nous ne vivions plus en démocratie et que, tant qu’ils peuvent faire leur petite vie, cela ne les gêne pas.
Mais les Gilets jaunes sauvent l'honneur.
La police est en train de le perdre :
Non, ce n'est pas du maintien de l'ordre, c'est de la répression. Jamais un mouvement social n'avait été aussi brutalement traité depuis 1968. Terrible inventaire grâce à @davduf à découvrir sur @Mediapart 1/3 https://t.co/QQda0jPA78 pic.twitter.com/bQneqPcmJW— Edwy Plenel (@edwyplenel) 25 janvier 2019
Si on m'avait dit un jour que je serais d'accord avec Plenel !
La question, ce sont les blessures à la tête, sachant qu'il est strictement interdit de viser la tête par les procédures de la police. Il n'y a donc pas 36 solutions : les policiers font n'importe quoi parce qu'ils ont un sentiment d'impunité. Et d'où peut venir ce sentiment, sinon du plus haut de la hiérarchie, c'est-à-dire de Macron ?
Même problème que la rafle du Vel d'Hiv (référence constante ces dernières années) : les policiers sont-ils coupables d'appliquer les ordres ?
Quelle que soit la réponse, cela n'enlève rien à la responsabilité de celui qui les donne.
Il y a aussi une autre responsabilité, qui va avec la première : la responsabilité de la désescalade est purement politique. Ne pas y parvenir ou ne même pas essayer, voire envenimer sciemment la situation, est une responsabilité politique dont il faudra un jour que les auteurs rendent compte, s'il y a une justice.
La macronie comme elle va et les Gilets jaunes comme ils vont.
D'abord, commençons par une bonne tranche de rire, offerte, comme d'habitude, par l'inénarrable Gilles Legendre, vous savez, l'abruti qui se croit « trop intelligent et trop subtil » pour nous autres, beaufs de franchouillards :
Ensuite, un article (dont le titre lénifiant trahit le contenu, comme cela devient une pénible manie sur Atlantico) de Christophe Guilluy expliquant que les enculés de la bourgeoisie, comme au XIXème siècle, utilisent la fausse sollicitude « Il y a plus pauvre que vous, c'est d'eux dont je me soucie » (hier, le lumpenproletariat, aujourd'hui les immigrés) pour refuser aux classes populaires (pas forcément définies sur un critère de pauvreté) les réformes politiques et sociales dont elles ont besoin :
Christophe Guilluy : "Les Gilets jaunes ont gagné la bataille, les élites ne pourront plus faire comme si cette France n'existait pas"
*************
Il est important de dire que cette géographie n'est pas celle de la pauvreté. Il y a des pauvres parmi eux mais je n'oppose pas les pauvres aux classes populaires. Cela est d'ailleurs très intéressant de constater qu'un des moyens d'invisibiliser les classes populaires a été de mettre en avant les pauvres, et notamment les nouveaux pauvres que sont les immigrés. Il y a eu une instrumentalisation des immigrés et des minorités par la bourgeoisie pour se protéger des classes populaires. Cette instrumentalisation de la pauvreté – consciente pour une minorité mais majoritairement inconsciente par le biais d'une approche bienveillante et morale – était déjà présente au XIXe siècle, quand les pauvres étaient mis en avant par le paternalisme, tout en masquant la masse du prolétariat. Il s'agissait de diviser cet ensemble majoritaire que sont les classes populaires qui peuvent être pauvres ou travailleuses. Le prolétariat devait se taire et arrêter de demander plus de protection sociale ou des salaires plus élevés parce qu'ils étaient mieux lotis que les pauvres. C'est exactement le discours de la nouvelle bourgeoisie, qui est plutôt de gauche aujourd'hui, et j'y inclus une large part du monde intellectuel et universitaire. La technique est exactement la même.
Quand je suis arrivé avec mon concept de France périphérique, ce qui a vraiment énervé, c'est que je dise qu'il y avait là un potentiel majoritaire. La France périphérique n'est pas la marge, contrairement à ce qui était annoncé dans les premiers jours du mouvement des Gilets jaunes. Cela était la même technique ; de désigner "les marges", ce qui voulait dire en creux que "tout va bien" pour la société : alors "ne changeons rien". Ce qui est terrible, c'est que c'est la gauche qui a beaucoup porté ce discours autour des marges et des minorités, pour mieux attaquer le prolétariat. Ce dont je me suis rendu compte, c'est que les gens du parti socialiste avaient beaucoup de problèmes avec l'idée d'un conflit de classes. Et on retrouve la même fracturation autour du concept de France périphérique. Une bourgeoisie de gauche a refusé le concept parce qu'il était potentiellement majoritaire, il rappelait l'existence d'un prolétariat, d'un peuple. Il rappelait à tous ces gens que le modèle qu'ils prônaient avait des limites, parce qu'il n'intégrait pas le plus grand nombre.
[…]
Le modèle économique mondialisé, parce qu'il n'a pas de limites, frappe les catégories sociales les unes après les autres. Après les employés, il y a les professions intermédiaires, les jeunes diplômés, et après nous aurons les catégories supérieures. La seule chose qui protège les catégories supérieures est qu'elles vivent aujourd'hui dans des citadelles. C'est ce qui fait aussi que la baisse du soutien des français au mouvement des Gilets jaunes touche ces catégories-là. Mais cela n'empêche pas que le socle électoral d'Emmanuel Macron se restreint comme peau de chagrin, cela est mécanique.
[…]
Mais les classes populaires n'ont rien contre les riches, ils jouent au loto pour devenir riches, la question est simplement de pouvoir vivre décemment avec son salaire et d'être respecté culturellement. Nous payons réellement 30 années de mépris de classe, d'ostracisation, d'insultes en direction du peuple.
[…]
L'élite n'a toujours pas compris que les gens étaient parfaitement capables de faire un diagnostic de leurs propres vies. Cette condescendance dit un gigantesque mépris de classe. J'ai moi-même été surpris, je ne pensais pas que cela irait si vite. En quelques heures, les Gilets jaunes sont devenus antisémites, homophobes, racistes, beaufs... Et là encore, on voit bien que l'antiracisme et l'antifascisme sont devenus une arme de classe.
[…]
Le climat général d'une prise de conscience vous donne-t-il l'impression que les choses pourraient changer ?
Nicolas Mathieu vient d'avoir le prix Goncourt avec son livre "Leurs enfants après eux", dont il dit qu'il s'agissait du roman de la France périphérique. Le combat culturel est en cours. Cela gagne le champ littéraire, culturel et médiatique. Les Gilets jaunes ont gagné l'essentiel, ils ont gagné la bataille de la représentation. On ne pourra plus faire comme si cette France n'existait pas, comme si la France périphérique était un concept qui ne pouvait pas être incarné par des gens. Si nous sommes encore démocrates nous sommes obligés de le prendre en compte. Ce qu'il faut espérer, c'est que les élites se rendent compte que les peuples occidentaux sont encore relativement paisibles. Le mouvement réel de la société, que nous constatons partout dans le monde occidental, et que nous ne pourrons pas arrêter, continue d'avancer, de se structurer, et que cela est de la responsabilité des élites d'y répondre. Ils n'ont pas d'autre choix, celui de l'atterrissage en douceur. Je crois que ce qui vient d'arriver, c'est que le rapport de force vient de changer, la peur a changé de camp. Aux Etats-Unis, au Royaume Uni, en Europe, maintenant, ils ont le peuple sur le dos. Et puis il y a une vertu à tout cela, prendre en compte les aspirations des plus modestes, c'est pour moi le fondement de la démocratie, c’est-à-dire donner du pouvoir à ceux qui n'en ont pas plutôt que de renforcer le pouvoir de ceux qui l'ont déjà.
Qu'est-ce que le mouvement des Gilets jaunes vous a appris ?
Nous avons eu en direct ce qui essentiel pour moi ; la fracture culturelle gigantesque entre tout le monde d'en haut au sens large et la France périphérique. Ce qui s'est déployé sous nos yeux, ce n'est pas seulement la fracture sociale et territoriale mais plus encore cette fracture culturelle. L'état de sidération de l'intelligentsia française rappelle clairement celle de l'intelligentsia britannique face au Brexit, et cela est la même chose aux Etats-Unis avec l'élection de Donald Trump. Cette sidération a déclenché immédiatement l'emploi des armes de l'antifascisme, parce qu'ils n'ont rien d'autre. Ils ont découvert la dernière tribu d'Amazonie et – incroyable -elle est potentiellement majoritaire.
C'est un mouvement très positif, contraire à toute l'analyse intellectuelle qui voit le peuple dans le repli individualiste, qui refuse le collectif, ou dans des termes comme celui de la "droitisation de la société française" alors que les gens demandent des services publics et un État providence. Après, on pointe le fait qu'ils sont contre l'immigration, ce à quoi on peut répondre "comme tout le monde", soit une très large majorité de Français. Le plus important est que nous avons sous les yeux un peuple qui veut faire société et des élites qui ne veulent plus faire société, comme je le disais dans "No Society". C'est un moment de rupture historique entre un monde d'en haut, intellectuels, politiques, showbiz etc.… qui a peur de son propre peuple. Ils ne veulent plus faire société avec un peuple qu'ils méprisent. C'est la thèse de Christopher Lasch de la "sécession des élites".
On le voit aussi avec le discours anti-média des Gilets jaunes qui ne fait que répondre à 30 ans d'invisibilisation de ces catégories. Les classes populaires n'étaient traitées qu'au travers des banlieues et ils payent aujourd'hui ce positionnement.
C'est un mouvement fondamentalement collectif et du XXI siècle. Ce qui est très nouveau, c'est que c'est un mouvement social du "No Society", c’est-à-dire sans représentants, sans intellectuels, sans syndicats, etc. Cela n'est jamais arrivé. Tout mouvement social est accompagné par des intellectuels mais pour la première fois nous ne voyons personne parler en leur nom. Cela révèle 30 ans de sécession du monde d'en haut. Le peuple dit "votre modèle ne fait pas société", tout en disant "nous, majorité, avec un large soutien de l'opinion malgré les violences, voulons faire société". Et en face, le monde d'en haut, après le mépris, prend peur. Alors que les gens ne font que demander du collectif.
[…]
Vous insistez beaucoup sur cette dimension majoritaire…
Les politiques pensent qu'en agglomérant des minorités ils font disparaître une majorité. Or, les minorités restent des minorités, on peut essayer de les agglomérer, mais cela ne fait pas un tout. Il est très intéressant de suivre l'évolution de la popularité de Donald Trump et d'Emmanuel Macron à ce titre. Trump garde son socle électoral alors que Macron s'est effondré, comme Hollande s'est effondré avant lui. Cela veut dire que l'on peut être élu avec un agglomérat de minorités, cadres supérieurs, minorités ethniques ou sexuelles -c'est à dire la stratégie Terra Nova – et cela peut éventuellement passer avec un bon candidat d'extrême droite en face. Mais cela ne suffit pas. Cela est extrêmement fragile.
[…]
Le destin des gens issus des classes populaires qui parviennent à s'élever, c'est de trahir. C'est banalement ce qui se passe parce que cette trahison permet l'adoubement. Edouard Louis fait son livre en ciblant sa propre famille, alors il fait la une des magazines. On a vu le même phénomène aux Etats-Unis avec le livre de J.D. Vance (Hillbilly Elegy), qui est quand même plus intéressant, mais il décrit aussi le "White Trash" en disant que la classe ouvrière américaine n'est quand même pas terrible, qu'ils sont fainéants, qu'ils boivent et qu'ils se droguent, et cela lui a permis d'accéder au New York Times. En rejetant son propre milieu. Je n'ai pas de jugement moral sur les classes populaires, je prends les Français tels qu'ils sont. Je ne demande à personne d'arrêter de penser ce qu'il pense, notamment sur l'immigration. De toute façon cette question va être réglée parce que 80% des Français veulent une régulation, et qu'on ne peut pas penser cette question comme on le faisait dans les années 60, parce que les mobilités ont évolué. La question n'est même plus à débattre. Les gens que je rencontre en Seine Saint Denis qui sont majoritairement d'origine maghrébine ou sub-saharienne veulent l'arrêt de l'immigration dans leurs quartiers. C'est une évidence.
[…]
Vous n'avez pas évoqué les violences du mouvement, comment les "comprendre" ?
À la fin des années 90, j'avais fait une analyse croisée sur la relance de politique de la ville et les émeutes urbaines. On voyait bien que toutes les émeutes urbaines génèrent une relance des politiques de la ville. La réalité est ce que cela marche. Et surtout, le mouvement des Gilets jaunes n'existerait pas en France et dans le monde sans les violences aux Champs-Élysées. Le New York Times a fait sa Une parce qu'il y avait cela, parce que cela est parfaitement corrélé à ce qu'est la communication aujourd'hui. Il y a cette violence et il faut la condamner. Mais cela veut aussi dire que nous ne sommes plus au XXe siècle. C'est tout le mythe du mouvement social qui est ringardisé. Réunir des gens à République et les faire manifester jusqu'à Bastille avant qu'ils ne rentrent chez eux, c'est fini. C'est aussi une réécriture du mouvement social qui est en train de se réaliser.
*************
Un article dévastateur (titre à chier, bis repetita ...) pour la droite progressiste et pour Laurent Wauquiez :
Pourquoi LR demeure le vrai premier parti d’opposition du pays (et pourquoi c’est un fil à la patte pour Laurent Wauquiez.
*************
La plupart de nos représentants ne comprennent plus comment fonctionne la politique. Le discours de Laurent Wauquiez est typique de la méthode à ne pas utiliser et qui pourtant est la plus courante. On commande des études d’opinion ; à partir de là, on segmente par thèmes et/ou par catégories. Et on élabore des messages en ciblant les clientèles traditionnelles du parti ou en essayant d’en conquérir de nouvelles. Evidemment, il y a une part d’étude fine de l’opinion à effectuer. Mais s’en tenir à cela est totalement stérile. Rien ne le montre mieux que les deux mandats de Barack Obama. Il a poussé la segmentation de l’opinion et son traitement systématique jusqu’à la virtuosité grâce à l’utilisation des réseaux sociaux. La coalition de segments d’électorats qu’il a ainsi rassemblés lui a permis d’être élu deux fois mais pour quoi faire ? Que restera-t-il des huit ans passés par Obama à la Maison- Blanche ? Dans le cas de LR, on en est même plus à imaginer de gagner. Il s’agit de survivre et d’éviter le désastre absolu aux élections européennes. Cependant on n’ira pas très loin en ciblant les retraités, la clientèle d’élus locaux et le sentiment de ras-le-bol fiscal. Bien entendu, cela recoupe des revendications des Gilets Jaunes. Mais cela ne compense pas le fait que le président des Républicains ne cherche au fond pas du tout à s’opposer à Emmanuel Macron.
Faire de la politique en démocratie, quand on est, théoriquement, l’opposition, c’est.....s’opposer au gouvernement, pour de bon. Or, non seulement, Laurent Wauquiez a eu honte d’avoir porté un gilet jaune ; mais il n’a saisi aucune des occasions qui se présentaient: il n’a jamais dénoncé les brutalités policières, ordonnées par le gouvernement. Tenir compte de votre électorat épris d’ordre n’empêche pas de dénoncer une répression disproportionnée. Le gouvernment est venu en effet ajouter le désordre au désordre. C’était d’autant plus facile qu’il y avait une grosse perche à saisir: la tolérance du gouvernement vis-à-vis des casseurs professionnels et pillards venus de la banlieue, non moins scandaleuse que la répression des Gilets Jaunes et destinée à faire croire que ces derniers étaient tous des voyous.
[…]
Comment dès lors Laurent Wauquiez pourrait-il proposer une stratégie de rupture sans s'aliéner son ancrage local politique, décisif dans son positionnement en tant que premier parti d'opposition ?
Il suffirait de faire de la politique. Non seulement c’est une pratique aussi ancienne que l’humanité - il n’y a pas d’homme sans société - mais elle est toujours passionnante et elle peut donner à celui qui la pratique l’occasion de repousser les limites de son intelligence et de son courage. Je ne pense pas seulement à Wauquiez mais à tous ces représentants politiques qui n’en finissent pas de rater les occasions parce qu’ils ont deux angoisses: que disent les sondages? Et que va penser la partie de l’establishment qui me soutient?
[…]
Ces thématiques clés - retraites, territoires, impôts - pourraient-elles être mises en valeur par la droite lors des prochaines élections européennes qui s'annoncent de plus en plus comme une opposition entre Macron et les différentes facettes de la crise des Gilets jaunes ?
L’UE est bien entendu l’un des enjeux majeurs du débat public français. Il y a tant de domaines de décision qui ont été transférés à Bruxelles sans nécessité. Et, là encore, la cible est à portée de fusil et ce n’est même pas que Laurent Wauquiez la manque. C’est qu’il ne cherche pas à viser ni à tirer. Le Traité d’Aix-La-Chapelle est concocté par Emmanuel Macron dans le plus grand secret, en pleine crise des Gilets Jaunes. Ce traité dit, sur le plan économique et social et du point de vue de la construction européenne, que rien ne changera. Eh bien, Les Républicains restent muets. Ils laissent s’enclencher le mauvais sketche classique où les seuls qui disent quelque chose de vigoureux sur le Traité sont Nicolas Dupont-Aignan, François Asselineau et Marine Le Pen; et alors les progressistes de s’en donner à coeur joie en criant aux Fake News. Emmanuel Macron n’a plus qu’à se frotter les mains: il aura une opposition inexistante ou éclatée lors des élections européennes.
[…]
Laurent Wauquiez ne manquerait donc pas de sujets s’il se mettait à imaginer une politique d’opposition au gouvernement qui puisse représenter un élément d’alternative pour le pays.
*************
Bien sûr, il n'y a aucune chance que cela arrive.
Macron et Wauquiez ne sont pas idiots malgré leurs diplômes. Ils sont idiots et leurs diplôme en sont la preuve. En effet, ce sont des diplômes de conformisme, d'absence de sens des réalités et de conceptions basses.
Le grand débat national a-t-il pour but de DÉBATTRE ou de TOUT SUSPENDRE en attendant que les manifestations s’épuisent ?— Quotidien (@Qofficiel) January 21, 2019
👉 La réponse, grâce au lapsus révélateur du chef des En Marche à l’Assemblée, Gilles Le Gendre… ⬇#Quotidien pic.twitter.com/PDygWxfTDv
Ensuite, un article (dont le titre lénifiant trahit le contenu, comme cela devient une pénible manie sur Atlantico) de Christophe Guilluy expliquant que les enculés de la bourgeoisie, comme au XIXème siècle, utilisent la fausse sollicitude « Il y a plus pauvre que vous, c'est d'eux dont je me soucie » (hier, le lumpenproletariat, aujourd'hui les immigrés) pour refuser aux classes populaires (pas forcément définies sur un critère de pauvreté) les réformes politiques et sociales dont elles ont besoin :
Christophe Guilluy : "Les Gilets jaunes ont gagné la bataille, les élites ne pourront plus faire comme si cette France n'existait pas"
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Il est important de dire que cette géographie n'est pas celle de la pauvreté. Il y a des pauvres parmi eux mais je n'oppose pas les pauvres aux classes populaires. Cela est d'ailleurs très intéressant de constater qu'un des moyens d'invisibiliser les classes populaires a été de mettre en avant les pauvres, et notamment les nouveaux pauvres que sont les immigrés. Il y a eu une instrumentalisation des immigrés et des minorités par la bourgeoisie pour se protéger des classes populaires. Cette instrumentalisation de la pauvreté – consciente pour une minorité mais majoritairement inconsciente par le biais d'une approche bienveillante et morale – était déjà présente au XIXe siècle, quand les pauvres étaient mis en avant par le paternalisme, tout en masquant la masse du prolétariat. Il s'agissait de diviser cet ensemble majoritaire que sont les classes populaires qui peuvent être pauvres ou travailleuses. Le prolétariat devait se taire et arrêter de demander plus de protection sociale ou des salaires plus élevés parce qu'ils étaient mieux lotis que les pauvres. C'est exactement le discours de la nouvelle bourgeoisie, qui est plutôt de gauche aujourd'hui, et j'y inclus une large part du monde intellectuel et universitaire. La technique est exactement la même.
Quand je suis arrivé avec mon concept de France périphérique, ce qui a vraiment énervé, c'est que je dise qu'il y avait là un potentiel majoritaire. La France périphérique n'est pas la marge, contrairement à ce qui était annoncé dans les premiers jours du mouvement des Gilets jaunes. Cela était la même technique ; de désigner "les marges", ce qui voulait dire en creux que "tout va bien" pour la société : alors "ne changeons rien". Ce qui est terrible, c'est que c'est la gauche qui a beaucoup porté ce discours autour des marges et des minorités, pour mieux attaquer le prolétariat. Ce dont je me suis rendu compte, c'est que les gens du parti socialiste avaient beaucoup de problèmes avec l'idée d'un conflit de classes. Et on retrouve la même fracturation autour du concept de France périphérique. Une bourgeoisie de gauche a refusé le concept parce qu'il était potentiellement majoritaire, il rappelait l'existence d'un prolétariat, d'un peuple. Il rappelait à tous ces gens que le modèle qu'ils prônaient avait des limites, parce qu'il n'intégrait pas le plus grand nombre.
[…]
Le modèle économique mondialisé, parce qu'il n'a pas de limites, frappe les catégories sociales les unes après les autres. Après les employés, il y a les professions intermédiaires, les jeunes diplômés, et après nous aurons les catégories supérieures. La seule chose qui protège les catégories supérieures est qu'elles vivent aujourd'hui dans des citadelles. C'est ce qui fait aussi que la baisse du soutien des français au mouvement des Gilets jaunes touche ces catégories-là. Mais cela n'empêche pas que le socle électoral d'Emmanuel Macron se restreint comme peau de chagrin, cela est mécanique.
[…]
Mais les classes populaires n'ont rien contre les riches, ils jouent au loto pour devenir riches, la question est simplement de pouvoir vivre décemment avec son salaire et d'être respecté culturellement. Nous payons réellement 30 années de mépris de classe, d'ostracisation, d'insultes en direction du peuple.
[…]
L'élite n'a toujours pas compris que les gens étaient parfaitement capables de faire un diagnostic de leurs propres vies. Cette condescendance dit un gigantesque mépris de classe. J'ai moi-même été surpris, je ne pensais pas que cela irait si vite. En quelques heures, les Gilets jaunes sont devenus antisémites, homophobes, racistes, beaufs... Et là encore, on voit bien que l'antiracisme et l'antifascisme sont devenus une arme de classe.
[…]
Le climat général d'une prise de conscience vous donne-t-il l'impression que les choses pourraient changer ?
Nicolas Mathieu vient d'avoir le prix Goncourt avec son livre "Leurs enfants après eux", dont il dit qu'il s'agissait du roman de la France périphérique. Le combat culturel est en cours. Cela gagne le champ littéraire, culturel et médiatique. Les Gilets jaunes ont gagné l'essentiel, ils ont gagné la bataille de la représentation. On ne pourra plus faire comme si cette France n'existait pas, comme si la France périphérique était un concept qui ne pouvait pas être incarné par des gens. Si nous sommes encore démocrates nous sommes obligés de le prendre en compte. Ce qu'il faut espérer, c'est que les élites se rendent compte que les peuples occidentaux sont encore relativement paisibles. Le mouvement réel de la société, que nous constatons partout dans le monde occidental, et que nous ne pourrons pas arrêter, continue d'avancer, de se structurer, et que cela est de la responsabilité des élites d'y répondre. Ils n'ont pas d'autre choix, celui de l'atterrissage en douceur. Je crois que ce qui vient d'arriver, c'est que le rapport de force vient de changer, la peur a changé de camp. Aux Etats-Unis, au Royaume Uni, en Europe, maintenant, ils ont le peuple sur le dos. Et puis il y a une vertu à tout cela, prendre en compte les aspirations des plus modestes, c'est pour moi le fondement de la démocratie, c’est-à-dire donner du pouvoir à ceux qui n'en ont pas plutôt que de renforcer le pouvoir de ceux qui l'ont déjà.
Qu'est-ce que le mouvement des Gilets jaunes vous a appris ?
Nous avons eu en direct ce qui essentiel pour moi ; la fracture culturelle gigantesque entre tout le monde d'en haut au sens large et la France périphérique. Ce qui s'est déployé sous nos yeux, ce n'est pas seulement la fracture sociale et territoriale mais plus encore cette fracture culturelle. L'état de sidération de l'intelligentsia française rappelle clairement celle de l'intelligentsia britannique face au Brexit, et cela est la même chose aux Etats-Unis avec l'élection de Donald Trump. Cette sidération a déclenché immédiatement l'emploi des armes de l'antifascisme, parce qu'ils n'ont rien d'autre. Ils ont découvert la dernière tribu d'Amazonie et – incroyable -elle est potentiellement majoritaire.
C'est un mouvement très positif, contraire à toute l'analyse intellectuelle qui voit le peuple dans le repli individualiste, qui refuse le collectif, ou dans des termes comme celui de la "droitisation de la société française" alors que les gens demandent des services publics et un État providence. Après, on pointe le fait qu'ils sont contre l'immigration, ce à quoi on peut répondre "comme tout le monde", soit une très large majorité de Français. Le plus important est que nous avons sous les yeux un peuple qui veut faire société et des élites qui ne veulent plus faire société, comme je le disais dans "No Society". C'est un moment de rupture historique entre un monde d'en haut, intellectuels, politiques, showbiz etc.… qui a peur de son propre peuple. Ils ne veulent plus faire société avec un peuple qu'ils méprisent. C'est la thèse de Christopher Lasch de la "sécession des élites".
On le voit aussi avec le discours anti-média des Gilets jaunes qui ne fait que répondre à 30 ans d'invisibilisation de ces catégories. Les classes populaires n'étaient traitées qu'au travers des banlieues et ils payent aujourd'hui ce positionnement.
C'est un mouvement fondamentalement collectif et du XXI siècle. Ce qui est très nouveau, c'est que c'est un mouvement social du "No Society", c’est-à-dire sans représentants, sans intellectuels, sans syndicats, etc. Cela n'est jamais arrivé. Tout mouvement social est accompagné par des intellectuels mais pour la première fois nous ne voyons personne parler en leur nom. Cela révèle 30 ans de sécession du monde d'en haut. Le peuple dit "votre modèle ne fait pas société", tout en disant "nous, majorité, avec un large soutien de l'opinion malgré les violences, voulons faire société". Et en face, le monde d'en haut, après le mépris, prend peur. Alors que les gens ne font que demander du collectif.
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Vous insistez beaucoup sur cette dimension majoritaire…
Les politiques pensent qu'en agglomérant des minorités ils font disparaître une majorité. Or, les minorités restent des minorités, on peut essayer de les agglomérer, mais cela ne fait pas un tout. Il est très intéressant de suivre l'évolution de la popularité de Donald Trump et d'Emmanuel Macron à ce titre. Trump garde son socle électoral alors que Macron s'est effondré, comme Hollande s'est effondré avant lui. Cela veut dire que l'on peut être élu avec un agglomérat de minorités, cadres supérieurs, minorités ethniques ou sexuelles -c'est à dire la stratégie Terra Nova – et cela peut éventuellement passer avec un bon candidat d'extrême droite en face. Mais cela ne suffit pas. Cela est extrêmement fragile.
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Le destin des gens issus des classes populaires qui parviennent à s'élever, c'est de trahir. C'est banalement ce qui se passe parce que cette trahison permet l'adoubement. Edouard Louis fait son livre en ciblant sa propre famille, alors il fait la une des magazines. On a vu le même phénomène aux Etats-Unis avec le livre de J.D. Vance (Hillbilly Elegy), qui est quand même plus intéressant, mais il décrit aussi le "White Trash" en disant que la classe ouvrière américaine n'est quand même pas terrible, qu'ils sont fainéants, qu'ils boivent et qu'ils se droguent, et cela lui a permis d'accéder au New York Times. En rejetant son propre milieu. Je n'ai pas de jugement moral sur les classes populaires, je prends les Français tels qu'ils sont. Je ne demande à personne d'arrêter de penser ce qu'il pense, notamment sur l'immigration. De toute façon cette question va être réglée parce que 80% des Français veulent une régulation, et qu'on ne peut pas penser cette question comme on le faisait dans les années 60, parce que les mobilités ont évolué. La question n'est même plus à débattre. Les gens que je rencontre en Seine Saint Denis qui sont majoritairement d'origine maghrébine ou sub-saharienne veulent l'arrêt de l'immigration dans leurs quartiers. C'est une évidence.
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Vous n'avez pas évoqué les violences du mouvement, comment les "comprendre" ?
À la fin des années 90, j'avais fait une analyse croisée sur la relance de politique de la ville et les émeutes urbaines. On voyait bien que toutes les émeutes urbaines génèrent une relance des politiques de la ville. La réalité est ce que cela marche. Et surtout, le mouvement des Gilets jaunes n'existerait pas en France et dans le monde sans les violences aux Champs-Élysées. Le New York Times a fait sa Une parce qu'il y avait cela, parce que cela est parfaitement corrélé à ce qu'est la communication aujourd'hui. Il y a cette violence et il faut la condamner. Mais cela veut aussi dire que nous ne sommes plus au XXe siècle. C'est tout le mythe du mouvement social qui est ringardisé. Réunir des gens à République et les faire manifester jusqu'à Bastille avant qu'ils ne rentrent chez eux, c'est fini. C'est aussi une réécriture du mouvement social qui est en train de se réaliser.
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Un article dévastateur (titre à chier, bis repetita ...) pour la droite progressiste et pour Laurent Wauquiez :
Pourquoi LR demeure le vrai premier parti d’opposition du pays (et pourquoi c’est un fil à la patte pour Laurent Wauquiez.
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La plupart de nos représentants ne comprennent plus comment fonctionne la politique. Le discours de Laurent Wauquiez est typique de la méthode à ne pas utiliser et qui pourtant est la plus courante. On commande des études d’opinion ; à partir de là, on segmente par thèmes et/ou par catégories. Et on élabore des messages en ciblant les clientèles traditionnelles du parti ou en essayant d’en conquérir de nouvelles. Evidemment, il y a une part d’étude fine de l’opinion à effectuer. Mais s’en tenir à cela est totalement stérile. Rien ne le montre mieux que les deux mandats de Barack Obama. Il a poussé la segmentation de l’opinion et son traitement systématique jusqu’à la virtuosité grâce à l’utilisation des réseaux sociaux. La coalition de segments d’électorats qu’il a ainsi rassemblés lui a permis d’être élu deux fois mais pour quoi faire ? Que restera-t-il des huit ans passés par Obama à la Maison- Blanche ? Dans le cas de LR, on en est même plus à imaginer de gagner. Il s’agit de survivre et d’éviter le désastre absolu aux élections européennes. Cependant on n’ira pas très loin en ciblant les retraités, la clientèle d’élus locaux et le sentiment de ras-le-bol fiscal. Bien entendu, cela recoupe des revendications des Gilets Jaunes. Mais cela ne compense pas le fait que le président des Républicains ne cherche au fond pas du tout à s’opposer à Emmanuel Macron.
Faire de la politique en démocratie, quand on est, théoriquement, l’opposition, c’est.....s’opposer au gouvernement, pour de bon. Or, non seulement, Laurent Wauquiez a eu honte d’avoir porté un gilet jaune ; mais il n’a saisi aucune des occasions qui se présentaient: il n’a jamais dénoncé les brutalités policières, ordonnées par le gouvernement. Tenir compte de votre électorat épris d’ordre n’empêche pas de dénoncer une répression disproportionnée. Le gouvernment est venu en effet ajouter le désordre au désordre. C’était d’autant plus facile qu’il y avait une grosse perche à saisir: la tolérance du gouvernement vis-à-vis des casseurs professionnels et pillards venus de la banlieue, non moins scandaleuse que la répression des Gilets Jaunes et destinée à faire croire que ces derniers étaient tous des voyous.
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Comment dès lors Laurent Wauquiez pourrait-il proposer une stratégie de rupture sans s'aliéner son ancrage local politique, décisif dans son positionnement en tant que premier parti d'opposition ?
Il suffirait de faire de la politique. Non seulement c’est une pratique aussi ancienne que l’humanité - il n’y a pas d’homme sans société - mais elle est toujours passionnante et elle peut donner à celui qui la pratique l’occasion de repousser les limites de son intelligence et de son courage. Je ne pense pas seulement à Wauquiez mais à tous ces représentants politiques qui n’en finissent pas de rater les occasions parce qu’ils ont deux angoisses: que disent les sondages? Et que va penser la partie de l’establishment qui me soutient?
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Ces thématiques clés - retraites, territoires, impôts - pourraient-elles être mises en valeur par la droite lors des prochaines élections européennes qui s'annoncent de plus en plus comme une opposition entre Macron et les différentes facettes de la crise des Gilets jaunes ?
L’UE est bien entendu l’un des enjeux majeurs du débat public français. Il y a tant de domaines de décision qui ont été transférés à Bruxelles sans nécessité. Et, là encore, la cible est à portée de fusil et ce n’est même pas que Laurent Wauquiez la manque. C’est qu’il ne cherche pas à viser ni à tirer. Le Traité d’Aix-La-Chapelle est concocté par Emmanuel Macron dans le plus grand secret, en pleine crise des Gilets Jaunes. Ce traité dit, sur le plan économique et social et du point de vue de la construction européenne, que rien ne changera. Eh bien, Les Républicains restent muets. Ils laissent s’enclencher le mauvais sketche classique où les seuls qui disent quelque chose de vigoureux sur le Traité sont Nicolas Dupont-Aignan, François Asselineau et Marine Le Pen; et alors les progressistes de s’en donner à coeur joie en criant aux Fake News. Emmanuel Macron n’a plus qu’à se frotter les mains: il aura une opposition inexistante ou éclatée lors des élections européennes.
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Laurent Wauquiez ne manquerait donc pas de sujets s’il se mettait à imaginer une politique d’opposition au gouvernement qui puisse représenter un élément d’alternative pour le pays.
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Bien sûr, il n'y a aucune chance que cela arrive.
Macron et Wauquiez ne sont pas idiots malgré leurs diplômes. Ils sont idiots et leurs diplôme en sont la preuve. En effet, ce sont des diplômes de conformisme, d'absence de sens des réalités et de conceptions basses.
Pot-pourri d'actualités et d'analyses
J'ai essayé de classer les articles du plus particulier au plus général.
Qu'y a-t-il dans la tête des « gilets jaunes » ?
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François-Bernard HUYGHE. -Dans la tête et sans doute dans le coeur des Gilets jaunes, il y a, bien sûr, des intérêts matériels, liés aux impôts, aux fins de mois, à l'absence de perspectives de la France dite périphérique, etc. ; chez certains, cela s'accompagne d'un ressentiment envers les riches ou la France d'en haut, parfois un peu simpliste.
Mais il y a aussi une composante de fierté bafouée : le refus de demeurer invisibles et méprisés, l'exaspération devant l'arrogance, la colère d'être traités de ploucs fachos et violents... Et ce sentiment de l'honneur offensé nourrit une forme de compétition symbolique : nous tiendrons, nous ne céderons pas, nous reviendrons samedi prochain...
Au stade suivant, la passion de la dignité et de l'égalité devient demande de démocratie directe, de contrôle populaire et de révocation des mauvais dirigeants. Cela réveille des problèmes philosophico-politiques que l'on discutait dans l'Athènes d'il y a vingt-cinq siècles. Comment avoir la démocratie sans tomber dans l'oligarchie (pouvoir de quelques-uns) ou dans l'ochlocratie (pouvoir de la foule incontrôlée) ?
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Vous traitez de la question du langage chez les Gilets jaunes. Qu'est-ce que celui-ci a de particulier chez eux ?
François-Bernard HUYGHE.- Ce sont des mots politiques simples : pouvoir, peuple, démocratie, gouvernement. Et les Gilets jaunes parlent beaucoup d'eux-mêmes. Cela commence souvent par des confessions émouvantes que vous font des gens dans les manifestations, avides qu'ils sont de fraterniser, et cela mène vite à des thèmes collectifs récurrents. Ainsi : « nous sommes le peuple », avec tout ce que cela implique (nous avons bien le droit de manifester où nous voulons, d'être entendus...).
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Dans ses voeux, Emmanuel Macron s'était livré à une dénonciation des « porte-voix d'une foule haineuse ». Parler de foule pour qualifier un mouvement politicosocial, cela revient à la délégitimer et à le criminaliser.
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Il est impropre d'utiliser le terme de foule. Terme qui est symptomatique également de la réponse répressive utilisée, et il suffit pour se faire une idée de la chose de parcourir le Twitter du journaliste David Dufresne qui recense les différentes victimes parmi les manifestants.
Alors certes, il n'y a pas une conscience de classe au sein des gilets jaunes, et l'absence d' « intellectuels organiques » (ce que ne sont pas les administrateurs de page Facebook, dont l'approche participative sur l'ensemble des décisions stratégiques à prendre, tranche avec le côté surplombant inhérent à la figure du stratège ou du technicien politique), engagés en amont de ce mouvement ou qui auraient pu émerger pendant la crise, n'a pas permis d'exprimer une vision du monde et une stratégie communes. Mais il faut être borgne, ou aveugle, pour obérer le fait que les Gilets jaunes pensent le politique.
On dit souvent aujourd'hui que les réseaux sociaux sont propices aux discours de haine et à un discours ultrapolarisé aux frontières du complotisme. Les gilets jaunes n'ont pas échappé à cette configuration dans leur dénonciation frontale des «gens d'en haut» et dans leur désignation de l'ennemi. Or, loin d'être réductible à une polarisation entre le vrai et le faux, cette approche, de Carl Schmitt à Chantal Mouffe, est l'essence même du politique, et infirme tous les discours venant à les réduire au rang de « foule haineuse ».
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Ils dénoncent aussi le pouvoir culturel des « bobos » déracinés qui - pour parodier Rousseau aiment les Tartares LGBT pour être dispensés d'aimer leur voisin. Et bien sûr, ils sont contre les médias, vendus à quelques milliardaires, qui occultent les violences policières et dénigrent les manifestants... Bref c'est un discours «de classe» que l'on aurait considéré comme intellectuel et gauchiste il y a quarante ans, mais qui est aujourd'hui assimilé à un affreux populisme aux relents lepénistes.
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Je suis frappé par la façon dont des ministres répandent des légendes (sur des factieux bruns qui remonteraient les Champs-Élysées pour tuer, sur des complots russes ou italiens derrière les réseaux sociaux Gilets jaunes..), par la manière dont des experts voient des symboles d'extrême droite là où il y a un drapeau régional ou celui de l'Organisation Révolutionnaire Anarchiste, par des fautes des médias: propos de F. Ruffin déformés ou par la séquence d'une dame qui parlait des « 1% d'extraterrestres super-riches » transformée en maniaque des OVNI par une coupure des derniers mots. Si les dirigeants et leurs partisans veulent faire campagne sur le thème « progressistes, parti du vrai et du nécessaire, versus populistes complotistes abreuvés de fake news », ils feraient mieux d'éviter ces délires idéologiques. Sans offenser Mme Schiappa qui se compare à Galilée qu'elle croit découvreur de la rotondité de la Terre.
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Vous insistez sur la réaction au mépris suscité par Emmanuel Macron dans la colère des Gilets jaunes. Pensez-vous qu'il en aurait été autrement sans ces « petites phrases » prononcées par le chef de l'État ?
François-Bernard HUYGHE.- Les manifestants le ressassent constamment. L'effet est totalement ravageur, parce que chacun se sent personnellement offensé par un homme à qui tout a réussi sans avoir vraiment à se battre et qu'ils présument à des années-lumières de la réalité qu'ils vivent. En inventant une communication jupitérienne et implicative (les yeux dans les yeux), Emmanuel Macron a inventé aussi un art de l'insulte et de l'humiliation inédit. On espère que c'est inconsciemment.
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« Avec Macron, tout est discutable mais rien n'est amendable »
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Tout laisse à croire qu'aux marges tout est discutable mais qu'au coeur rien n'est amendable.
C'est fort de cette certitude, rompu aux pratiques de la rhétorique techno-managériale que le Président est venu, conforté par l'inévitable asymétrie symbolique que lui confère sa position, redire cette doxa dont il est tout autant le produit que le messager, le fils que le nouveau père, et dont il n'imagine pas qu'elle ne puisse un seul instant , désespérer... Bourg-de-péage !
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Pour avoir été un acteur majeur de cette trahison, Macron devrait être traduit en Haute Cour :
Comment la France a renoncé à garder le contrôle de son patrimoine économique
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Laurent IZARD.- Plus qu'une « goutte de trop », c'est l'accumulation des cessions d'entreprises françaises qui m'a conduit à entreprendre cette étude sur laquelle je travaille depuis plus de trois ans. Car si les opérations financières majeures qui touchent nos grands groupes sont relativement médiatisées, il n'en est pas de même pour les multiples acquisitions d'entreprises françaises de toutes tailles qui nous conduisent peu à peu à perdre le contrôle de notre patrimoine économique.
Les conséquences de ce processus sont négligées ou minorées car les intérêts de court terme prévalent systématiquement sur les préoccupations plus lointaines, pourtant essentielles.
À la fin, c'est notre indépendance économique et politique qui est menacée: en perdant le contrôle de nos entreprises et plus généralement de nos sources de créations de richesses, nous abandonnons peu à peu la maîtrise de notre pouvoir de décision.
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« La France vendue à la découpe » est le récit de la cession continue de toutes nos richesses: entreprises du CAC 40, agriculture, tourisme, oeuvres d'art… Aucun domaine n'est épargné ?
L'appétit des investisseurs internationaux est presque sans limites. Aucun domaine n'est véritablement épargné, car les motivations des entreprises prédatrices étrangères sont très variées: dans certains cas, il s'agit simplement de réaliser des placements financiers sécurisés, d'où l'intensification des participations des fonds d'investissement américains dans le capital de nos grands groupes.
Dans d'autres cas, l'acquisition d'une entreprise française répond à une stratégie de croissance externe, de captation de marchés ou à une logique de complémentarité industrielle. Mais parfois, il s'agit simplement d'opérations de prestige destinées à améliorer l'image d'un groupe étranger. L'acquisition d'entreprises symboles du savoir-faire à la française, comme Baccarat, Lanvin, Courrèges, Canson ou de vignobles du Bordelais illustre bien cette préoccupation.
On peut également mentionner la recherche de captation de hautes technologies qui explique, entre autres, l'acquisition d'Altis, d'Aldebaran Robotics, de Savoye ou encore de Linxens, leader mondial de la fabrication de circuits gravés flexibles et spécialiste des paiements sans contact, absorbé par l'entreprise d'État chinoise Tsinghua Unigroup avec l'approbation de Bercy.
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Finalement, les acquisitions étrangères concernent des secteurs aussi variés que la grande distribution (Marionnaud, Printemps, PriceMinister…), le tourisme (Le Club Med, Nouvelles Frontières, Fram et la plupart de nos grands hôtels…), le prêt-à-porter (Lacoste, Aubade...), l'immobilier de prestige, les banques et compagnies d'assurances, le sport (Rossignol, de nombreux clubs sportifs parmi les plus prestigieux), les terres agricoles, l'économie numérique (Meetic, Kelkoo…) mais également nos infrastructures économiques (aéroports, autoroutes, installations portuaires…).
Certains des exemples que vous citez ont défrayé la chronique: Lafarge, Alstom, le PSG, l'aéroport de Toulouse… Pourtant, de nombreux économistes nous rassurent, et rappellent que de toute manière nous n'avons pas le choix compte tenu des réalités. En quoi la cession des fleurons industriels de la France est-elle pour vous si inquiétante ?
Chassons pour commencer une contrevérité trop souvent répandue: tous les investissements étrangers ne créent pas nécessairement d'emplois, et toutes les acquisitions étrangères ne garantissent pas la pérennité de l'entreprise achetée.
L'OPA du groupe canadien Alcan sur Péchiney en 2003 le montre bien : suite à cette OPA, notre fleuron industriel de l'aluminium a été rapidement démantelé et vendu branche par branche par ses acquéreurs successifs.
Plus généralement, la France a perdu la moitié de ses emplois industriels depuis le début des années 1980 (6,9 millions de salariés en 1984 pour 3,4 millions fin 2017 en incluant les emplois intérimaires) en dépit - et en partie à cause - de la cession de ses fleurons industriels. De fait, on constate que les entreprises sous l'influence d'investisseurs internationaux sont davantage exposées à des risques de délocalisation ou de licenciements massifs. C'est sans état d'âme que des dirigeants étrangers ont récemment pris la décision de fermer les usines françaises de Molex, Continental, Whirlpool, Ford ou Tupperware par exemple.
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Or, la moitié des actionnaires du CAC 40 sont étrangers… Enfin, nous perdons notre indépendance militaire et même politique, car l'État hésite à prendre des mesures qui pourraient contrarier les investisseurs étrangers et entrainer, par exemple, la fermeture de sites de production.
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Une autre voie est-elle possible ? Les Allemands, par exemple, semblent adhérer bien plus largement que nous à l'idée d'un « patriotisme économique »…
En réalité, la plupart des pays cherchent à garder le contrôle de leur patrimoine économique quitte à s'affranchir des règles de l'Organisation Mondiale du Commerce ou de l'Union européenne. Aux États-Unis, un organisme public particulièrement efficace, le Committee on Foreign Investment in the United States (CFIUS) analyse les acquisitions d'entreprises américaines par des compagnies étrangères et bloque fréquemment les projets de fusion.
La Chine interdit par principe l'acquisition de ses entreprises par des investisseurs étrangers.
Depuis 2009, l'Allemagne s'est dotée d'un outil de contrôle solide avec l'adoption de sa « loi sur le commerce extérieur ». Le ministère allemand de l'Économie peut interdire, au regard de l'ordre public et de la sécurité, tous les investissements étrangers (hors Union européenne) dans tous les secteurs de l'économie, dès lors qu'il s'agit d'une prise de participation supérieure à 25 %.
Et l'Australie vient d'interdire les acquisitions d'immeubles dans les grandes villes par des ressortissants étrangers non-résidents, interdiction assortie d'une peine d'emprisonnement de trois ans.
Mais en France, on répète à l'envi que de telles mesures sont impossibles …
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Censuré en France, pourquoi Salafistes sort aux Etats-Unis.
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Le film sort le 25 Janvier à New-York, la semaine suivante à Los Angeles, puis dans une trentaine de villes américaines. C'est pour moi une forme de revanche au regard de ce qu'il s'est passé en France car il est très rare qu'un film français, qui plus est un documentaire, sorte en salles aux Etats-Unis.
C'est surtout une revanche en raison du fait que le film était sorti de façon limitée du fait qu'il était censuré en France, et qu'il avait globalement été peu diffusé, hormis dans de grands festivals à travers le monde. Et en Tunisie et en Irak à la télévision, en prime time, suscitant de longs débats type Dossiers de l'écran sur ces chaînes.
Cette sortie US donne au film une image très différente de celle que le gouvernement français a essayé de lui donner à l'époque.
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Votre film est sorti il y a deux ans et demi en France : comprenez-vous aujourd'hui les raisons de sa censure ?
Je ne les comprends toujours pas et je ne comprends pas non plus que les différents ministres de la Culture qui se sont succédés depuis maintiennent la mesure. Avec obstination. Mais, en même temps, avec le recul, je vois mieux comment notre film va à contresens du discours officiel sur l'Islam. Je pense qu'on ne peut pas voir le film sans penser que les djihadistes sont musulmans, et c'est cela qui gêne.
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En France nous sommes en plein déni.
On est dans la psychiatrisation du terrorisme. Et c'est cela qu'a voulu interdire le gouvernement. Or, comme on le voit dans « Salafistes », très clairement, on a affaire à des gens dotés de raisonnements, qui obéissent à une logique. C'est un terrible désaveu que de constater que tout est beaucoup plus compliqué que de simples problèmes psychiatriques.
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Cette censure prouve juste qu'il y a une vraie volonté de vouloir nier que le salafisme est une tendance profonde et ancienne, très répandue dans l'histoire de l'Islam, de manière récurrente à travers les siècles, et qui perdure dans certains États, que certains adorent au plus haut niveau de l'Etat, comme l'Arabie Saoudite de Mohammed Ben Salman. C'est, je crois, là, qu'il faut chercher la vraie raison de la censure. L'enjeu était en effet de taille : le film était coproduit par deux chaînes, France 3 et Canal +, et en le censurant complètement ou même en l'interdisant aux moins de dix-huit ans, on empêchait ces chaînes de le diffuser à des millions de téléspectateurs. Jeunes ou pas.
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Le fait que votre film soit toujours censuré, quatre ans après Charlie Hebdo, ne signifie-t-il pas qu'une partie de la classe politique est dans le déni ?
Je crois qu'on est face à une forme fondamentale de déni français. On nie totalement ce qu'il se passe en banlieue, on nie que certaines cités sont interdites aux policiers, on nie que les jeunes filles musulmanes, qui travaillent à Paris ou vont y faire du shopping, sont obligées d'avoir d'autres vêtements quand elles rentrent le soir en banlieue à cause des «grands frères», on nie que les enfants juifs du 9-3 doivent aller à l'école tous les matins dans d'autres départements, on nie que la défense du frère de Mohamed Merah a été payée par des gens qui se sont cotisés dans les cités de la banlieue toulousaine… Tout cela concourt à une forme d'acceptation globale de l'islamisme en général par les autorités. On accepte des choses inacceptables. C'est une honte par rapport à ce que sont les valeurs de la France.
Et la classe politique, dans sa quasi-totalité, le fait pour de très mauvaises raisons: à gauche, dans une mauvaise conscience postcoloniale, à gauche comme à droite, pour des raisons électoralistes. Je crois que le blocage de la carrière du film en France est symptomatique d'un état d'esprit qui se perpétue et empêche un certain nombre de films de montrer la réalité. Cette réalité. C'est inconcevable pour tous les gouvernements, de droite, de gauche et, même aujourd'hui, du centre, ainsi que pour tous les ministres de la Culture, de faire fi de ce déni.
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Pensez-vous qu'il y ait aussi un déni médiatique ?
J'ai été très surpris de l'accueil du film par la presse. Au départ, nous avons été reçus partout, dans les médias télés ou radio, et, à partir du jour où il y a eu cette prise de position de la ministre de la Culture, la plupart des médias ont suivi la «ligne officielle du parti», certains en retournant leur veste, beaucoup d'autres, en ne défendant même plus la liberté d'expression.
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Puis des articles plus généraux :
« L'idéologie libérale-libertaire est le dernier avatar de la religion du Progrès »
Mathieu Bock-Côté : «Quand les néoféministes font la police du rire »
C'est toujours aussi agréable et instructif de lire Taleb. Je suis sûr que vous trouverez de nombreux exemples de ce qu'il dit dans votre vie, pas à deux kilomètres, mais à un ou deux mètres, voire plus près.
J'ai beaucoup de respect pour Charles Gave et NN Taleb, indépendamment de désaccords ponctuels, parce qu'ils ont joué leur peau, mis en oeuvre dans leur vie les théories qu'ils professent.
Plein de gens nous invitent à nous montrer entreprenants, mais sont pour la plupart des fonctionnaires assurés de ne jamais être au chômage, ils ne mettent pas leur peau en jeu. Un peu dégueulasse, non ?
Nassim Nicholas Taleb: « La modernité hait l'incertitude, elle ne voudrait que des bons élèves ».
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Nassim Nicholas TALEB. - L'antifragilité n'est pas synonyme de solidité. Ce n'est pas le fait de ne pas se casser, mais de sortir renforcé des chocs. C'est le contraire de la fragilité. Tout ce qui est fragile a pour propriété de ne pas aimer la volatilité. La fragilité découle d'une asymétrie négative, et l'antifragilité d'une asymétrie positive.
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Si on enlève le désordre, des maladies en suivent : si vous passez deux années au lit à lire les oeuvres complètes d'Alexandre Dumas, votre colonne vertébrale et vos os vont s'anémier. Il faut rétablir la condition humaine, en créant un peu de volatilité artificielle.
Nous sommes dans un monde où on augmente les risques d'effondrement généralisé [en diminuant] la volatilité générale dans les aspects de la vie quotidienne. Les banques font de l'argent tout le temps, puis explosent tout d'un coup.
Mais, dans la vie quotidienne, les petites variations ont quasiment disparu. Au lieu de laisser vos enfants jouer dans la rue avec d'autres enfants, où ils prendront peut-être des coups mais apprendront la vie, vous les emmenez au yoga ou à des activités sportives formatées. L'éducation nationale apprend la fragilité en assistant les enfants qui ne peuvent plus découvrir les choses par eux-mêmes. Moi, je n'ai rien appris à l'école, je suis autodidacte !
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Contrairement à une idée répandue, la modernité libérale ne créerait pas davantage d'instabilité ?
On assiste aujourd'hui à une touristification du monde, c'est-à-dire l'homogénéisation des expériences dans tous les pays du monde, le polissage systématique des irrégularités et la répression des volatilités et des pressions. C'est ce que j'appelle le « lit de Procuste de la modernité paisible et confortable ».
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La modernité chouchoute les corps et les âmes. Moi, je suis victime de la guerre du Liban. Les gens me disent que j'ai eu un trauma, mais je me sens très bien. Je crois d'ailleurs que nous avons besoin d'être traumatisés modérément: il faut laisser les gens prendre des risques modérés, se tromper, faire des erreurs. La modernité hait l'incertitude, elle ne voudrait que des bons élèves qui ne savent pas faire d'erreurs. Cela aboutit à ce que j'appelle les intellectuels philistins, cette classe qui ne connaît pas le réel mais prétend nous guider.
Dans Jouer sa peau, j'explique que personne ne doit donner de la fragilité aux autres pour gagner, faire peser ses pertes sur l'ensemble de la société. Mon problème, ce sont les grandes sociétés et l'inégalité non aléatoire. Qu'un entrepreneur, qui nous nourrit et qui peut tout perdre, gagne bien sa vie, cela ne me dérange pas. Mais un bureaucrate en France qui a fait l'une de vos écoles est pratiquement assuré à vie de tout problème. Idem pour les grandes sociétés type Monsanto qui sont trop protégées de l'effondrement, car « too big to fail ».
[…]
Jusqu'à présent aux États-Unis, les sociétés américaines qui devenaient trop grandes, on les cassait avant qu'elles ne finissent par contrôler l'État. Aujourd'hui, Google veut contrôler l'État américain. À mon avis, il faut détruire Google, pour le bien des autres entreprises. Il faut trouver un mécanisme d'antitrust applicable aux entreprises du numérique.
Que pensez-vous du culte actuel de l'innovation ?
Je ne suis pas à tout prix progressiste et ne supporte la néomanie, c'est-à-dire l'amour du moderne pour le moderne. Une ancienne technologie a plus de 99 % de chances de rester, et une nouvelle technologie a une chance sur 10.000 de survivre. C'est l'effet Lindy. On utilise encore la fourchette et la roue, mais on ne sait pas si on utilisera des smartphones dans dix ans.
Les seules technologies qui restent sont les technologies humaines et invisibles. Les grandes baies vitrées en milieu rural ou les chaussures discrètes. Mais les technologies trop artificielles ont tendance à disparaître. Par exemple, il est peu naturel de parler au téléphone. Il est peu naturel de lire des nouvelles sans devenir soi-même intermédiaire et colporteur de nouvelles : Facebook et Twitter sont le retour moderne de ces colporteurs par rapport à la réception passive qu'étaient les journaux et la télévision.
[…]
L'intelligence artificielle peut prévoir votre prochain achat sur Amazon mais est incapable de prédire les taux d'intérêt à un mois. Plus il y a des données, plus on a du bruit plutôt que de l'information. «Que de choses il faut ignorer pour agir », disait Paul Valéry.
Politiquement, vous êtes assez inclassable… Vous définiriez-vous comme un «anarchiste conservateur» ?
Au niveau de l'État central, je suis une sorte d'anarcho-conservateur, mais pas au niveau du village. Je suis pour le principe de subsidiarité qui me semble le plus efficace politiquement et économiquement. À ce niveau, la Suisse et les États-Unis ont le meilleur système. Je pense que la France vivrait mieux en fédérations.
Tout le monde est conservateur, et progressiste. La nature doit changer un peu, elle s'adapte. Mais si vous changez trop vite, vous perdez les bénéfices du progrès.
Politiquement, je suis localiste. L'individu ne doit être géré que par des gens qui vivent avec lui. Les bureaucrates peuvent m'imposer des règles s'ils boivent de mon eau. Le localisme élimine toute classification établie par la centralisation du pouvoir. On peut être libertaire au niveau fédéral, républicain au niveau de l'Amérique, démocrate au niveau du comté, socialiste dans la commune et communiste dans la famille.
Vous avez beaucoup attaqué les travaux de Steven Pinker , le pape du progressisme qui affirme que nos sociétés sont beaucoup moins violentes qu'auparavant…
J'ai écrit des papiers scientifiques contre Pinker. Ses statistiques sont fausses. Il n'y a pas eu de baisse de violence dans le monde. C'est un psychologue qui n'est pas compétent en termes de statistiques. Il est le porte-parole d'un semi-gauchisme progressiste. Une chose que Pinker ne voit pas et qu'on a découverte par la génétique, c'est que, dans le passé, toutes les histoires de guerre étaient racontées avec de l'exagération. Les gens en réalité ne tuaient pas facilement. Il n'a pas pris en compte le manque de fiabilité des récits de guerre du passé et fait preuve d'un empirisme naïf.
Que pensez-vous de Donald Trump ?
Je sépare l'homme des actions. Certaines actions, comme enlever ou simplifier certaines régulations, me plaisent, d'autres, comme ses liens avec la « barbarie saoudite » , je les désapprouve fortement.
C'est quelqu'un qui n'est pas un nerd, un expert. Mais je le préfère à Obama, de loin. Il est antifragile. Il n'essaie pas de se poser en prêtre jésuite. Ses affaires de moeurs et de corruption ne lui ont causé aucun tort. On l'attaque sur des choses anodines, ce qui le raffermit.
«Antifragile», de Nassim Nicholas Taleb, Les Belles Lettres, 660 p., 25,50 €.
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Qu'y a-t-il dans la tête des « gilets jaunes » ?
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François-Bernard HUYGHE. -Dans la tête et sans doute dans le coeur des Gilets jaunes, il y a, bien sûr, des intérêts matériels, liés aux impôts, aux fins de mois, à l'absence de perspectives de la France dite périphérique, etc. ; chez certains, cela s'accompagne d'un ressentiment envers les riches ou la France d'en haut, parfois un peu simpliste.
Mais il y a aussi une composante de fierté bafouée : le refus de demeurer invisibles et méprisés, l'exaspération devant l'arrogance, la colère d'être traités de ploucs fachos et violents... Et ce sentiment de l'honneur offensé nourrit une forme de compétition symbolique : nous tiendrons, nous ne céderons pas, nous reviendrons samedi prochain...
Au stade suivant, la passion de la dignité et de l'égalité devient demande de démocratie directe, de contrôle populaire et de révocation des mauvais dirigeants. Cela réveille des problèmes philosophico-politiques que l'on discutait dans l'Athènes d'il y a vingt-cinq siècles. Comment avoir la démocratie sans tomber dans l'oligarchie (pouvoir de quelques-uns) ou dans l'ochlocratie (pouvoir de la foule incontrôlée) ?
[…]
Vous traitez de la question du langage chez les Gilets jaunes. Qu'est-ce que celui-ci a de particulier chez eux ?
François-Bernard HUYGHE.- Ce sont des mots politiques simples : pouvoir, peuple, démocratie, gouvernement. Et les Gilets jaunes parlent beaucoup d'eux-mêmes. Cela commence souvent par des confessions émouvantes que vous font des gens dans les manifestations, avides qu'ils sont de fraterniser, et cela mène vite à des thèmes collectifs récurrents. Ainsi : « nous sommes le peuple », avec tout ce que cela implique (nous avons bien le droit de manifester où nous voulons, d'être entendus...).
[…]
Dans ses voeux, Emmanuel Macron s'était livré à une dénonciation des « porte-voix d'une foule haineuse ». Parler de foule pour qualifier un mouvement politicosocial, cela revient à la délégitimer et à le criminaliser.
[…]
Il est impropre d'utiliser le terme de foule. Terme qui est symptomatique également de la réponse répressive utilisée, et il suffit pour se faire une idée de la chose de parcourir le Twitter du journaliste David Dufresne qui recense les différentes victimes parmi les manifestants.
Alors certes, il n'y a pas une conscience de classe au sein des gilets jaunes, et l'absence d' « intellectuels organiques » (ce que ne sont pas les administrateurs de page Facebook, dont l'approche participative sur l'ensemble des décisions stratégiques à prendre, tranche avec le côté surplombant inhérent à la figure du stratège ou du technicien politique), engagés en amont de ce mouvement ou qui auraient pu émerger pendant la crise, n'a pas permis d'exprimer une vision du monde et une stratégie communes. Mais il faut être borgne, ou aveugle, pour obérer le fait que les Gilets jaunes pensent le politique.
On dit souvent aujourd'hui que les réseaux sociaux sont propices aux discours de haine et à un discours ultrapolarisé aux frontières du complotisme. Les gilets jaunes n'ont pas échappé à cette configuration dans leur dénonciation frontale des «gens d'en haut» et dans leur désignation de l'ennemi. Or, loin d'être réductible à une polarisation entre le vrai et le faux, cette approche, de Carl Schmitt à Chantal Mouffe, est l'essence même du politique, et infirme tous les discours venant à les réduire au rang de « foule haineuse ».
[…]
Ils dénoncent aussi le pouvoir culturel des « bobos » déracinés qui - pour parodier Rousseau aiment les Tartares LGBT pour être dispensés d'aimer leur voisin. Et bien sûr, ils sont contre les médias, vendus à quelques milliardaires, qui occultent les violences policières et dénigrent les manifestants... Bref c'est un discours «de classe» que l'on aurait considéré comme intellectuel et gauchiste il y a quarante ans, mais qui est aujourd'hui assimilé à un affreux populisme aux relents lepénistes.
[…]
Je suis frappé par la façon dont des ministres répandent des légendes (sur des factieux bruns qui remonteraient les Champs-Élysées pour tuer, sur des complots russes ou italiens derrière les réseaux sociaux Gilets jaunes..), par la manière dont des experts voient des symboles d'extrême droite là où il y a un drapeau régional ou celui de l'Organisation Révolutionnaire Anarchiste, par des fautes des médias: propos de F. Ruffin déformés ou par la séquence d'une dame qui parlait des « 1% d'extraterrestres super-riches » transformée en maniaque des OVNI par une coupure des derniers mots. Si les dirigeants et leurs partisans veulent faire campagne sur le thème « progressistes, parti du vrai et du nécessaire, versus populistes complotistes abreuvés de fake news », ils feraient mieux d'éviter ces délires idéologiques. Sans offenser Mme Schiappa qui se compare à Galilée qu'elle croit découvreur de la rotondité de la Terre.
[…]
Vous insistez sur la réaction au mépris suscité par Emmanuel Macron dans la colère des Gilets jaunes. Pensez-vous qu'il en aurait été autrement sans ces « petites phrases » prononcées par le chef de l'État ?
François-Bernard HUYGHE.- Les manifestants le ressassent constamment. L'effet est totalement ravageur, parce que chacun se sent personnellement offensé par un homme à qui tout a réussi sans avoir vraiment à se battre et qu'ils présument à des années-lumières de la réalité qu'ils vivent. En inventant une communication jupitérienne et implicative (les yeux dans les yeux), Emmanuel Macron a inventé aussi un art de l'insulte et de l'humiliation inédit. On espère que c'est inconsciemment.
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« Avec Macron, tout est discutable mais rien n'est amendable »
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Tout laisse à croire qu'aux marges tout est discutable mais qu'au coeur rien n'est amendable.
C'est fort de cette certitude, rompu aux pratiques de la rhétorique techno-managériale que le Président est venu, conforté par l'inévitable asymétrie symbolique que lui confère sa position, redire cette doxa dont il est tout autant le produit que le messager, le fils que le nouveau père, et dont il n'imagine pas qu'elle ne puisse un seul instant , désespérer... Bourg-de-péage !
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Pour avoir été un acteur majeur de cette trahison, Macron devrait être traduit en Haute Cour :
Comment la France a renoncé à garder le contrôle de son patrimoine économique
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Laurent IZARD.- Plus qu'une « goutte de trop », c'est l'accumulation des cessions d'entreprises françaises qui m'a conduit à entreprendre cette étude sur laquelle je travaille depuis plus de trois ans. Car si les opérations financières majeures qui touchent nos grands groupes sont relativement médiatisées, il n'en est pas de même pour les multiples acquisitions d'entreprises françaises de toutes tailles qui nous conduisent peu à peu à perdre le contrôle de notre patrimoine économique.
Les conséquences de ce processus sont négligées ou minorées car les intérêts de court terme prévalent systématiquement sur les préoccupations plus lointaines, pourtant essentielles.
À la fin, c'est notre indépendance économique et politique qui est menacée: en perdant le contrôle de nos entreprises et plus généralement de nos sources de créations de richesses, nous abandonnons peu à peu la maîtrise de notre pouvoir de décision.
[…]
« La France vendue à la découpe » est le récit de la cession continue de toutes nos richesses: entreprises du CAC 40, agriculture, tourisme, oeuvres d'art… Aucun domaine n'est épargné ?
L'appétit des investisseurs internationaux est presque sans limites. Aucun domaine n'est véritablement épargné, car les motivations des entreprises prédatrices étrangères sont très variées: dans certains cas, il s'agit simplement de réaliser des placements financiers sécurisés, d'où l'intensification des participations des fonds d'investissement américains dans le capital de nos grands groupes.
Dans d'autres cas, l'acquisition d'une entreprise française répond à une stratégie de croissance externe, de captation de marchés ou à une logique de complémentarité industrielle. Mais parfois, il s'agit simplement d'opérations de prestige destinées à améliorer l'image d'un groupe étranger. L'acquisition d'entreprises symboles du savoir-faire à la française, comme Baccarat, Lanvin, Courrèges, Canson ou de vignobles du Bordelais illustre bien cette préoccupation.
On peut également mentionner la recherche de captation de hautes technologies qui explique, entre autres, l'acquisition d'Altis, d'Aldebaran Robotics, de Savoye ou encore de Linxens, leader mondial de la fabrication de circuits gravés flexibles et spécialiste des paiements sans contact, absorbé par l'entreprise d'État chinoise Tsinghua Unigroup avec l'approbation de Bercy.
[…]
Finalement, les acquisitions étrangères concernent des secteurs aussi variés que la grande distribution (Marionnaud, Printemps, PriceMinister…), le tourisme (Le Club Med, Nouvelles Frontières, Fram et la plupart de nos grands hôtels…), le prêt-à-porter (Lacoste, Aubade...), l'immobilier de prestige, les banques et compagnies d'assurances, le sport (Rossignol, de nombreux clubs sportifs parmi les plus prestigieux), les terres agricoles, l'économie numérique (Meetic, Kelkoo…) mais également nos infrastructures économiques (aéroports, autoroutes, installations portuaires…).
Certains des exemples que vous citez ont défrayé la chronique: Lafarge, Alstom, le PSG, l'aéroport de Toulouse… Pourtant, de nombreux économistes nous rassurent, et rappellent que de toute manière nous n'avons pas le choix compte tenu des réalités. En quoi la cession des fleurons industriels de la France est-elle pour vous si inquiétante ?
Chassons pour commencer une contrevérité trop souvent répandue: tous les investissements étrangers ne créent pas nécessairement d'emplois, et toutes les acquisitions étrangères ne garantissent pas la pérennité de l'entreprise achetée.
L'OPA du groupe canadien Alcan sur Péchiney en 2003 le montre bien : suite à cette OPA, notre fleuron industriel de l'aluminium a été rapidement démantelé et vendu branche par branche par ses acquéreurs successifs.
Plus généralement, la France a perdu la moitié de ses emplois industriels depuis le début des années 1980 (6,9 millions de salariés en 1984 pour 3,4 millions fin 2017 en incluant les emplois intérimaires) en dépit - et en partie à cause - de la cession de ses fleurons industriels. De fait, on constate que les entreprises sous l'influence d'investisseurs internationaux sont davantage exposées à des risques de délocalisation ou de licenciements massifs. C'est sans état d'âme que des dirigeants étrangers ont récemment pris la décision de fermer les usines françaises de Molex, Continental, Whirlpool, Ford ou Tupperware par exemple.
[…]
Or, la moitié des actionnaires du CAC 40 sont étrangers… Enfin, nous perdons notre indépendance militaire et même politique, car l'État hésite à prendre des mesures qui pourraient contrarier les investisseurs étrangers et entrainer, par exemple, la fermeture de sites de production.
[…]
Une autre voie est-elle possible ? Les Allemands, par exemple, semblent adhérer bien plus largement que nous à l'idée d'un « patriotisme économique »…
En réalité, la plupart des pays cherchent à garder le contrôle de leur patrimoine économique quitte à s'affranchir des règles de l'Organisation Mondiale du Commerce ou de l'Union européenne. Aux États-Unis, un organisme public particulièrement efficace, le Committee on Foreign Investment in the United States (CFIUS) analyse les acquisitions d'entreprises américaines par des compagnies étrangères et bloque fréquemment les projets de fusion.
La Chine interdit par principe l'acquisition de ses entreprises par des investisseurs étrangers.
Depuis 2009, l'Allemagne s'est dotée d'un outil de contrôle solide avec l'adoption de sa « loi sur le commerce extérieur ». Le ministère allemand de l'Économie peut interdire, au regard de l'ordre public et de la sécurité, tous les investissements étrangers (hors Union européenne) dans tous les secteurs de l'économie, dès lors qu'il s'agit d'une prise de participation supérieure à 25 %.
Et l'Australie vient d'interdire les acquisitions d'immeubles dans les grandes villes par des ressortissants étrangers non-résidents, interdiction assortie d'une peine d'emprisonnement de trois ans.
Mais en France, on répète à l'envi que de telles mesures sont impossibles …
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Censuré en France, pourquoi Salafistes sort aux Etats-Unis.
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Le film sort le 25 Janvier à New-York, la semaine suivante à Los Angeles, puis dans une trentaine de villes américaines. C'est pour moi une forme de revanche au regard de ce qu'il s'est passé en France car il est très rare qu'un film français, qui plus est un documentaire, sorte en salles aux Etats-Unis.
C'est surtout une revanche en raison du fait que le film était sorti de façon limitée du fait qu'il était censuré en France, et qu'il avait globalement été peu diffusé, hormis dans de grands festivals à travers le monde. Et en Tunisie et en Irak à la télévision, en prime time, suscitant de longs débats type Dossiers de l'écran sur ces chaînes.
Cette sortie US donne au film une image très différente de celle que le gouvernement français a essayé de lui donner à l'époque.
[…]
Votre film est sorti il y a deux ans et demi en France : comprenez-vous aujourd'hui les raisons de sa censure ?
Je ne les comprends toujours pas et je ne comprends pas non plus que les différents ministres de la Culture qui se sont succédés depuis maintiennent la mesure. Avec obstination. Mais, en même temps, avec le recul, je vois mieux comment notre film va à contresens du discours officiel sur l'Islam. Je pense qu'on ne peut pas voir le film sans penser que les djihadistes sont musulmans, et c'est cela qui gêne.
[…]
En France nous sommes en plein déni.
On est dans la psychiatrisation du terrorisme. Et c'est cela qu'a voulu interdire le gouvernement. Or, comme on le voit dans « Salafistes », très clairement, on a affaire à des gens dotés de raisonnements, qui obéissent à une logique. C'est un terrible désaveu que de constater que tout est beaucoup plus compliqué que de simples problèmes psychiatriques.
[…]
Cette censure prouve juste qu'il y a une vraie volonté de vouloir nier que le salafisme est une tendance profonde et ancienne, très répandue dans l'histoire de l'Islam, de manière récurrente à travers les siècles, et qui perdure dans certains États, que certains adorent au plus haut niveau de l'Etat, comme l'Arabie Saoudite de Mohammed Ben Salman. C'est, je crois, là, qu'il faut chercher la vraie raison de la censure. L'enjeu était en effet de taille : le film était coproduit par deux chaînes, France 3 et Canal +, et en le censurant complètement ou même en l'interdisant aux moins de dix-huit ans, on empêchait ces chaînes de le diffuser à des millions de téléspectateurs. Jeunes ou pas.
[…]
Le fait que votre film soit toujours censuré, quatre ans après Charlie Hebdo, ne signifie-t-il pas qu'une partie de la classe politique est dans le déni ?
Je crois qu'on est face à une forme fondamentale de déni français. On nie totalement ce qu'il se passe en banlieue, on nie que certaines cités sont interdites aux policiers, on nie que les jeunes filles musulmanes, qui travaillent à Paris ou vont y faire du shopping, sont obligées d'avoir d'autres vêtements quand elles rentrent le soir en banlieue à cause des «grands frères», on nie que les enfants juifs du 9-3 doivent aller à l'école tous les matins dans d'autres départements, on nie que la défense du frère de Mohamed Merah a été payée par des gens qui se sont cotisés dans les cités de la banlieue toulousaine… Tout cela concourt à une forme d'acceptation globale de l'islamisme en général par les autorités. On accepte des choses inacceptables. C'est une honte par rapport à ce que sont les valeurs de la France.
Et la classe politique, dans sa quasi-totalité, le fait pour de très mauvaises raisons: à gauche, dans une mauvaise conscience postcoloniale, à gauche comme à droite, pour des raisons électoralistes. Je crois que le blocage de la carrière du film en France est symptomatique d'un état d'esprit qui se perpétue et empêche un certain nombre de films de montrer la réalité. Cette réalité. C'est inconcevable pour tous les gouvernements, de droite, de gauche et, même aujourd'hui, du centre, ainsi que pour tous les ministres de la Culture, de faire fi de ce déni.
[…]
Pensez-vous qu'il y ait aussi un déni médiatique ?
J'ai été très surpris de l'accueil du film par la presse. Au départ, nous avons été reçus partout, dans les médias télés ou radio, et, à partir du jour où il y a eu cette prise de position de la ministre de la Culture, la plupart des médias ont suivi la «ligne officielle du parti», certains en retournant leur veste, beaucoup d'autres, en ne défendant même plus la liberté d'expression.
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Puis des articles plus généraux :
« L'idéologie libérale-libertaire est le dernier avatar de la religion du Progrès »
Mathieu Bock-Côté : «Quand les néoféministes font la police du rire »
C'est toujours aussi agréable et instructif de lire Taleb. Je suis sûr que vous trouverez de nombreux exemples de ce qu'il dit dans votre vie, pas à deux kilomètres, mais à un ou deux mètres, voire plus près.
J'ai beaucoup de respect pour Charles Gave et NN Taleb, indépendamment de désaccords ponctuels, parce qu'ils ont joué leur peau, mis en oeuvre dans leur vie les théories qu'ils professent.
Plein de gens nous invitent à nous montrer entreprenants, mais sont pour la plupart des fonctionnaires assurés de ne jamais être au chômage, ils ne mettent pas leur peau en jeu. Un peu dégueulasse, non ?
Nassim Nicholas Taleb: « La modernité hait l'incertitude, elle ne voudrait que des bons élèves ».
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Nassim Nicholas TALEB. - L'antifragilité n'est pas synonyme de solidité. Ce n'est pas le fait de ne pas se casser, mais de sortir renforcé des chocs. C'est le contraire de la fragilité. Tout ce qui est fragile a pour propriété de ne pas aimer la volatilité. La fragilité découle d'une asymétrie négative, et l'antifragilité d'une asymétrie positive.
[…]
Si on enlève le désordre, des maladies en suivent : si vous passez deux années au lit à lire les oeuvres complètes d'Alexandre Dumas, votre colonne vertébrale et vos os vont s'anémier. Il faut rétablir la condition humaine, en créant un peu de volatilité artificielle.
Nous sommes dans un monde où on augmente les risques d'effondrement généralisé [en diminuant] la volatilité générale dans les aspects de la vie quotidienne. Les banques font de l'argent tout le temps, puis explosent tout d'un coup.
Mais, dans la vie quotidienne, les petites variations ont quasiment disparu. Au lieu de laisser vos enfants jouer dans la rue avec d'autres enfants, où ils prendront peut-être des coups mais apprendront la vie, vous les emmenez au yoga ou à des activités sportives formatées. L'éducation nationale apprend la fragilité en assistant les enfants qui ne peuvent plus découvrir les choses par eux-mêmes. Moi, je n'ai rien appris à l'école, je suis autodidacte !
[…]
Contrairement à une idée répandue, la modernité libérale ne créerait pas davantage d'instabilité ?
On assiste aujourd'hui à une touristification du monde, c'est-à-dire l'homogénéisation des expériences dans tous les pays du monde, le polissage systématique des irrégularités et la répression des volatilités et des pressions. C'est ce que j'appelle le « lit de Procuste de la modernité paisible et confortable ».
[…]
La modernité chouchoute les corps et les âmes. Moi, je suis victime de la guerre du Liban. Les gens me disent que j'ai eu un trauma, mais je me sens très bien. Je crois d'ailleurs que nous avons besoin d'être traumatisés modérément: il faut laisser les gens prendre des risques modérés, se tromper, faire des erreurs. La modernité hait l'incertitude, elle ne voudrait que des bons élèves qui ne savent pas faire d'erreurs. Cela aboutit à ce que j'appelle les intellectuels philistins, cette classe qui ne connaît pas le réel mais prétend nous guider.
Dans Jouer sa peau, j'explique que personne ne doit donner de la fragilité aux autres pour gagner, faire peser ses pertes sur l'ensemble de la société. Mon problème, ce sont les grandes sociétés et l'inégalité non aléatoire. Qu'un entrepreneur, qui nous nourrit et qui peut tout perdre, gagne bien sa vie, cela ne me dérange pas. Mais un bureaucrate en France qui a fait l'une de vos écoles est pratiquement assuré à vie de tout problème. Idem pour les grandes sociétés type Monsanto qui sont trop protégées de l'effondrement, car « too big to fail ».
[…]
Jusqu'à présent aux États-Unis, les sociétés américaines qui devenaient trop grandes, on les cassait avant qu'elles ne finissent par contrôler l'État. Aujourd'hui, Google veut contrôler l'État américain. À mon avis, il faut détruire Google, pour le bien des autres entreprises. Il faut trouver un mécanisme d'antitrust applicable aux entreprises du numérique.
Que pensez-vous du culte actuel de l'innovation ?
Je ne suis pas à tout prix progressiste et ne supporte la néomanie, c'est-à-dire l'amour du moderne pour le moderne. Une ancienne technologie a plus de 99 % de chances de rester, et une nouvelle technologie a une chance sur 10.000 de survivre. C'est l'effet Lindy. On utilise encore la fourchette et la roue, mais on ne sait pas si on utilisera des smartphones dans dix ans.
Les seules technologies qui restent sont les technologies humaines et invisibles. Les grandes baies vitrées en milieu rural ou les chaussures discrètes. Mais les technologies trop artificielles ont tendance à disparaître. Par exemple, il est peu naturel de parler au téléphone. Il est peu naturel de lire des nouvelles sans devenir soi-même intermédiaire et colporteur de nouvelles : Facebook et Twitter sont le retour moderne de ces colporteurs par rapport à la réception passive qu'étaient les journaux et la télévision.
[…]
L'intelligence artificielle peut prévoir votre prochain achat sur Amazon mais est incapable de prédire les taux d'intérêt à un mois. Plus il y a des données, plus on a du bruit plutôt que de l'information. «Que de choses il faut ignorer pour agir », disait Paul Valéry.
Politiquement, vous êtes assez inclassable… Vous définiriez-vous comme un «anarchiste conservateur» ?
Au niveau de l'État central, je suis une sorte d'anarcho-conservateur, mais pas au niveau du village. Je suis pour le principe de subsidiarité qui me semble le plus efficace politiquement et économiquement. À ce niveau, la Suisse et les États-Unis ont le meilleur système. Je pense que la France vivrait mieux en fédérations.
Tout le monde est conservateur, et progressiste. La nature doit changer un peu, elle s'adapte. Mais si vous changez trop vite, vous perdez les bénéfices du progrès.
Politiquement, je suis localiste. L'individu ne doit être géré que par des gens qui vivent avec lui. Les bureaucrates peuvent m'imposer des règles s'ils boivent de mon eau. Le localisme élimine toute classification établie par la centralisation du pouvoir. On peut être libertaire au niveau fédéral, républicain au niveau de l'Amérique, démocrate au niveau du comté, socialiste dans la commune et communiste dans la famille.
Vous avez beaucoup attaqué les travaux de Steven Pinker , le pape du progressisme qui affirme que nos sociétés sont beaucoup moins violentes qu'auparavant…
J'ai écrit des papiers scientifiques contre Pinker. Ses statistiques sont fausses. Il n'y a pas eu de baisse de violence dans le monde. C'est un psychologue qui n'est pas compétent en termes de statistiques. Il est le porte-parole d'un semi-gauchisme progressiste. Une chose que Pinker ne voit pas et qu'on a découverte par la génétique, c'est que, dans le passé, toutes les histoires de guerre étaient racontées avec de l'exagération. Les gens en réalité ne tuaient pas facilement. Il n'a pas pris en compte le manque de fiabilité des récits de guerre du passé et fait preuve d'un empirisme naïf.
Que pensez-vous de Donald Trump ?
Je sépare l'homme des actions. Certaines actions, comme enlever ou simplifier certaines régulations, me plaisent, d'autres, comme ses liens avec la « barbarie saoudite » , je les désapprouve fortement.
C'est quelqu'un qui n'est pas un nerd, un expert. Mais je le préfère à Obama, de loin. Il est antifragile. Il n'essaie pas de se poser en prêtre jésuite. Ses affaires de moeurs et de corruption ne lui ont causé aucun tort. On l'attaque sur des choses anodines, ce qui le raffermit.
«Antifragile», de Nassim Nicholas Taleb, Les Belles Lettres, 660 p., 25,50 €.
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vendredi, janvier 25, 2019
Une dérive inquiétante … et prévue.
Déniaisé vitesse Grand V : comment Emmanuel Macron et LREM ont enfin compris qu’ils devaient sortir de l’âge de l’innocence jupitérienne
(le titre a du être modifié par la rédaction, parce que le contenu est beaucoup plus dur)
Edouard Husson nous explique qu’Emmanuel Macron n’a aucune intention d’écouter le peuple français et de faire une politique qui le protège et le favorise.
Fin de l'anonymat sur internet : Macron veut hygiéniser l'information
Yves Mamou nous explique qu’Emmanuel Macron veut tuer la liberté d’expression.
On ne peut pas dire que cela soit une surprise ... si vous avez de bonnes lectures.
Désastre national
La "fake news" c'est lui !
Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? On manifeste en hurlant « Macron, démission ! ». Et plus, si affinités
(le titre a du être modifié par la rédaction, parce que le contenu est beaucoup plus dur)
Edouard Husson nous explique qu’Emmanuel Macron n’a aucune intention d’écouter le peuple français et de faire une politique qui le protège et le favorise.
Fin de l'anonymat sur internet : Macron veut hygiéniser l'information
Yves Mamou nous explique qu’Emmanuel Macron veut tuer la liberté d’expression.
On ne peut pas dire que cela soit une surprise ... si vous avez de bonnes lectures.
Désastre national
La "fake news" c'est lui !
Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? On manifeste en hurlant « Macron, démission ! ». Et plus, si affinités
jeudi, janvier 24, 2019
mercredi, janvier 23, 2019
Le grand démocrate Macron signe un traité de trahison
Emmanuel Macron est un grand démocrate.
Après avoir souhaité interdire l'anonymat sur internet (je n'apprécie pas l'anonymat mais je reconnais que c'est protecteur), il y a ça :
Et Macron est assisté par une presse moralement corrompue :
Presse française : le mode Full Propagande est activé
Heureusement, quelques journalistes sauvant l'honneur de la profession :
Quand la macronie voit des menteurs partout...
Mais on peut comprendre pourquoi Macron a besoin d'achever la démocratie française : c'est fondamentalement un traitre. Par ses convictions (la France est le vestige malsain d'un passé détestable, sauf à titre folklorique) et par ses appuis (la ploutocratie mondialisée).
La place de Macron est devant la Haute Cour.
Asselineau est un crétin, de ces gens intelligents qui ont une cervelle de colibri. Il confond la politique avec un concours d'entrée à l'ENA. Il a le charisme d'une serpillère mouillée, il est assommant comme pas un, mais si vous éprouvez des insomnies, c'est le remède :
Si vous ne vous êtes pas endormi avant la fin, vous savez tout sur la trahison que constitue le traité d'Aix-la-Chapelle.
Sinon, en plus court :
Traité d’Aix-la Chapelle : forfaiture et trahison !
Partager notre arme nucléaire et notre siège de membre permanent du conseil de sécurité de l'ONU avec l'Allemagne sans rien obtenir en contrepartie, qu'est-ce, si ce n'est une trahison pure et simple ?
Comme conclut Vanneste : non, le mot « trahison » n'est pas trop fort.
Pour vous réconforter, cet article lucide sur la difficulté, en même temps que la nécessité, de sortir de l'UE :
Il n’y a pas d'« exit » heureux
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Il ne faut pas se tromper : la sortie de l’Union européenne, c’est une guerre de libération. Bien sûr, une guerre feutrée, ou les armes ne sont pas des chars et des canons, mais des armes économiques. Imaginer que l’Union européenne hésitera à saboter l’économie, la santé, la cohésion territoriale du pays sortant au nom d’on ne sait quelle « amitié européenne » c’est se bercer de douces illusions. On l’a vu avec la Grèce. Dans les rapports internationaux – et, on a tendance à l’oublier, les rapports entre états européens sont des rapports internationaux – il n’y a pas beaucoup de place pour les sentiments ou les principes. Et si vous ne me croyez pas, regardez ce qu’ont été les discussions sur le Brexit. Menaces d’asphyxie économique, soutien ouvert ou déguisé aux indépendantismes en Ecosse et dans l’Ulster, campagnes sur une prochaine pénurie de médicaments ou de papier hygiénique – non, le ridicule ne tue pas – si le Brexit devait avoir lieu…
Ceux qui – et je me compte parmi eux – militent pour un retour à la pleine souveraineté de notre pays doivent prendre conscience que le Frexit – comme n’importe quel « exit » – ne sera pas, ne peut pas être un diner de gala. Bruxelles fera tout, y compris le pire, pour montrer que hors de l’Union point de salut. C’est pour les institutions européennes une question existentielle. Imaginer qu’on puisse récupérer les instruments de la souveraineté à travers un Frexit négocié, c’est aussi absurde qu’imaginer que Vichy aurait pu récupérer la pleine souveraineté en négociant avec le IIIème Reich. Cela n’existe tout simplement pas. Secouer le joug d’une domination est toujours douloureux, coûteux, tragique. Et ceux qui choisissent cette voie doivent être prêts à assumer le fait qu’à court terme du moins ils n’ont à proposer, comme disait Churchill, que du sang, de la sueur et des larmes. Comme tout choix véritablement politique, le choix du Frexit est nécessairement un choix tragique.
C’est là le point faible dans la médiatisation du projet souverainiste. Alors que le champ idéologique est dominé par des classes intermédiaires hédonistes qui tiennent avant tout à leur petit confort, il est difficile de parler d’effort et de sacrifice. Rien n’illustre mieux cette idéologie que le récent « tweet » de Ian Brossat, tête de liste du PCF aux élections européennes, qui décidément commence bien mal sa campagne. Voici ce qu’il écrit : « Quand on voit à quel point la Grande-Bretagne galère avec le Brexit, on se dit que l’idée d’une sortie de l’UE serait une folie pour la France. Pas d’autre choix qu’une transformation profonde de l’Union européenne ». Étonnant de voir un dirigeant communiste invoquer l’esprit de madame Thacher en proclamant « qu’il n’y a pas d’autre choix ». Mais surtout, que serait devenue la France si nos ancêtres, voyant à quel point les britanniques « galéraient » sous le Blitz, avaient conclu que combattre les Allemands était une « folie » ? On a envie de pleurer lorsqu’on pense que ce sont les héritiers du « parti des fusillés » qui tient ce genre de propos. Un parti qui se dit « révolutionnaire » mais qui craint les « galères ». A quand « la révolution sans effort » ?
Et ne croyez pas que c’est mieux ailleurs. S’il y a quelque chose qui réunit Bayrou et Marine Le Pen, Brossat et Hamon, Faure et Wauquiez, Dupont-Aignan et Jadot, Macron et Mélenchon, c’est la croyance que le salut viendra non pas de la reprise en main de nos affaires, mais de la « transformation profonde de l’Union européenne ». Transformation qui, bien entendu sera indolore pour tout le monde sauf peut-être pour le « 1% », c’est-à-dire, l’autre. Tous ces personnages communient dans le rejet de la « galère » que serait une sortie de l’UE. Et c’est logique : cette « galère » terrorise les classes intermédiaires, qui tiennent à leur statut et n’aiment l’effort que quand ce sont les autres qui le font. Remarquez, on a toujours le choix de voter pour l’UPR qui, elle, croit au « Frexit heureux » par la magie du droit…
C’est pourquoi le seul espoir du camp souverainiste est de construire un récit qui soit à la foi réaliste et mobilisateur. Inutile de raconter que demain on rase gratis, notre peuple sait très bien ce qu’il faut faire de ce type de discours. La sortie de l’Union européenne serait aujourd’hui, comme la Résistance hier, une aventure. Il est irresponsable – et peu crédible – de dire le contraire. On ne sortira pas de l’Union européenne en pantoufles. Alors autant avoir du panache et raconter le Frexit comme une aventure exaltante, et non comme une noce chez les petits bourgeois. La France populaire est prête à accepter des efforts et des sacrifices – elle en a fait beaucoup ces dernières années – à condition qu’ils soient justement repartis et surtout qu’ils aient un sens, d’où le besoin d’un « récit » d’avenir qui soit plus attractif que le darwinisme social qu’on nous propose. Un « récit » terriblement difficile à construire, dans la mesure où l’ensemble de l’establishment politico-médiatique est bien décidé à en empêcher l’émergence. C’est pourquoi le travail politique fondamental à mes yeux pour les progressistes aujourd’hui est la défense des jeunes pousses de ce « récit », contre tous ceux qui prêchent la soumission et la résignation comme moyen d’éviter les « galères ».
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Après avoir souhaité interdire l'anonymat sur internet (je n'apprécie pas l'anonymat mais je reconnais que c'est protecteur), il y a ça :
Dans le Canard de demain, on apprend que le gvt a mis en place un fichage clandestin des #GiletsJaunes qui inquiète même des gradés du renseignement. Démocratie peut-être mais de plus en plus moisie aux entournures pic.twitter.com/FXaeWvqmUL— Mauvais🐝Coton (@MauvaisCoton) January 22, 2019
Et Macron est assisté par une presse moralement corrompue :
Presse française : le mode Full Propagande est activé
Heureusement, quelques journalistes sauvant l'honneur de la profession :
Quand la macronie voit des menteurs partout...
Mais on peut comprendre pourquoi Macron a besoin d'achever la démocratie française : c'est fondamentalement un traitre. Par ses convictions (la France est le vestige malsain d'un passé détestable, sauf à titre folklorique) et par ses appuis (la ploutocratie mondialisée).
La place de Macron est devant la Haute Cour.
Asselineau est un crétin, de ces gens intelligents qui ont une cervelle de colibri. Il confond la politique avec un concours d'entrée à l'ENA. Il a le charisme d'une serpillère mouillée, il est assommant comme pas un, mais si vous éprouvez des insomnies, c'est le remède :
Si vous ne vous êtes pas endormi avant la fin, vous savez tout sur la trahison que constitue le traité d'Aix-la-Chapelle.
Sinon, en plus court :
Traité d’Aix-la Chapelle : forfaiture et trahison !
Partager notre arme nucléaire et notre siège de membre permanent du conseil de sécurité de l'ONU avec l'Allemagne sans rien obtenir en contrepartie, qu'est-ce, si ce n'est une trahison pure et simple ?
Comme conclut Vanneste : non, le mot « trahison » n'est pas trop fort.
Pour vous réconforter, cet article lucide sur la difficulté, en même temps que la nécessité, de sortir de l'UE :
Il n’y a pas d'« exit » heureux
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Il ne faut pas se tromper : la sortie de l’Union européenne, c’est une guerre de libération. Bien sûr, une guerre feutrée, ou les armes ne sont pas des chars et des canons, mais des armes économiques. Imaginer que l’Union européenne hésitera à saboter l’économie, la santé, la cohésion territoriale du pays sortant au nom d’on ne sait quelle « amitié européenne » c’est se bercer de douces illusions. On l’a vu avec la Grèce. Dans les rapports internationaux – et, on a tendance à l’oublier, les rapports entre états européens sont des rapports internationaux – il n’y a pas beaucoup de place pour les sentiments ou les principes. Et si vous ne me croyez pas, regardez ce qu’ont été les discussions sur le Brexit. Menaces d’asphyxie économique, soutien ouvert ou déguisé aux indépendantismes en Ecosse et dans l’Ulster, campagnes sur une prochaine pénurie de médicaments ou de papier hygiénique – non, le ridicule ne tue pas – si le Brexit devait avoir lieu…
Ceux qui – et je me compte parmi eux – militent pour un retour à la pleine souveraineté de notre pays doivent prendre conscience que le Frexit – comme n’importe quel « exit » – ne sera pas, ne peut pas être un diner de gala. Bruxelles fera tout, y compris le pire, pour montrer que hors de l’Union point de salut. C’est pour les institutions européennes une question existentielle. Imaginer qu’on puisse récupérer les instruments de la souveraineté à travers un Frexit négocié, c’est aussi absurde qu’imaginer que Vichy aurait pu récupérer la pleine souveraineté en négociant avec le IIIème Reich. Cela n’existe tout simplement pas. Secouer le joug d’une domination est toujours douloureux, coûteux, tragique. Et ceux qui choisissent cette voie doivent être prêts à assumer le fait qu’à court terme du moins ils n’ont à proposer, comme disait Churchill, que du sang, de la sueur et des larmes. Comme tout choix véritablement politique, le choix du Frexit est nécessairement un choix tragique.
C’est là le point faible dans la médiatisation du projet souverainiste. Alors que le champ idéologique est dominé par des classes intermédiaires hédonistes qui tiennent avant tout à leur petit confort, il est difficile de parler d’effort et de sacrifice. Rien n’illustre mieux cette idéologie que le récent « tweet » de Ian Brossat, tête de liste du PCF aux élections européennes, qui décidément commence bien mal sa campagne. Voici ce qu’il écrit : « Quand on voit à quel point la Grande-Bretagne galère avec le Brexit, on se dit que l’idée d’une sortie de l’UE serait une folie pour la France. Pas d’autre choix qu’une transformation profonde de l’Union européenne ». Étonnant de voir un dirigeant communiste invoquer l’esprit de madame Thacher en proclamant « qu’il n’y a pas d’autre choix ». Mais surtout, que serait devenue la France si nos ancêtres, voyant à quel point les britanniques « galéraient » sous le Blitz, avaient conclu que combattre les Allemands était une « folie » ? On a envie de pleurer lorsqu’on pense que ce sont les héritiers du « parti des fusillés » qui tient ce genre de propos. Un parti qui se dit « révolutionnaire » mais qui craint les « galères ». A quand « la révolution sans effort » ?
Et ne croyez pas que c’est mieux ailleurs. S’il y a quelque chose qui réunit Bayrou et Marine Le Pen, Brossat et Hamon, Faure et Wauquiez, Dupont-Aignan et Jadot, Macron et Mélenchon, c’est la croyance que le salut viendra non pas de la reprise en main de nos affaires, mais de la « transformation profonde de l’Union européenne ». Transformation qui, bien entendu sera indolore pour tout le monde sauf peut-être pour le « 1% », c’est-à-dire, l’autre. Tous ces personnages communient dans le rejet de la « galère » que serait une sortie de l’UE. Et c’est logique : cette « galère » terrorise les classes intermédiaires, qui tiennent à leur statut et n’aiment l’effort que quand ce sont les autres qui le font. Remarquez, on a toujours le choix de voter pour l’UPR qui, elle, croit au « Frexit heureux » par la magie du droit…
C’est pourquoi le seul espoir du camp souverainiste est de construire un récit qui soit à la foi réaliste et mobilisateur. Inutile de raconter que demain on rase gratis, notre peuple sait très bien ce qu’il faut faire de ce type de discours. La sortie de l’Union européenne serait aujourd’hui, comme la Résistance hier, une aventure. Il est irresponsable – et peu crédible – de dire le contraire. On ne sortira pas de l’Union européenne en pantoufles. Alors autant avoir du panache et raconter le Frexit comme une aventure exaltante, et non comme une noce chez les petits bourgeois. La France populaire est prête à accepter des efforts et des sacrifices – elle en a fait beaucoup ces dernières années – à condition qu’ils soient justement repartis et surtout qu’ils aient un sens, d’où le besoin d’un « récit » d’avenir qui soit plus attractif que le darwinisme social qu’on nous propose. Un « récit » terriblement difficile à construire, dans la mesure où l’ensemble de l’establishment politico-médiatique est bien décidé à en empêcher l’émergence. C’est pourquoi le travail politique fondamental à mes yeux pour les progressistes aujourd’hui est la défense des jeunes pousses de ce « récit », contre tous ceux qui prêchent la soumission et la résignation comme moyen d’éviter les « galères ».
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mardi, janvier 22, 2019
dimanche, janvier 20, 2019
Edmond
Histoire très romancée de la création de Cyrano. Moyen : pas assez imaginatif, scénario plat, avec quelques clins d'oeil politiquement corrects totalement déplacés.
C'est plaisant tout de même. On ne peut pas faire un film nul avec un monument comme Cyrano: quarante rappels à la première, la Légion d'Honneur trois jours plus tard, l'Académie Française trois ans après, la pièce la plus jouée du théâtre français. Comme dit un des personnages : « Les grands acteurs rêveront de jouer Cyrano et les jeunes premières Roxanne ».
C'est plaisant tout de même. On ne peut pas faire un film nul avec un monument comme Cyrano: quarante rappels à la première, la Légion d'Honneur trois jours plus tard, l'Académie Française trois ans après, la pièce la plus jouée du théâtre français. Comme dit un des personnages : « Les grands acteurs rêveront de jouer Cyrano et les jeunes premières Roxanne ».
Les Gilets jaunes, pierre de touche
Commentaire laissé chez Philippe Bilger :
Cette affaire des Gilets jaunes a au moins une utilité pratique.
Comme je l'ai déjà dit, je juge que c'est au fond une question d'empathie. Considère-t-on les Gilets jaunes comme des ennemis de classe (cas des 3/4 des gens sur ce blog) ou comme des compatriotes (dont on peut par ailleurs penser qu'ils ont tort, l'analyse peut diverger de l'attitude) ?
Comme l'a écrit Chantal Delsol :
"Les clivages idéologiques périmés ont été remplacés par des antagonismes de classe. Le malheur est que si les premiers portent au moins des convictions, les seconds sont carrément répugnants."
Jeanne d'Arc arguait de la "grande pitié qui est au royaume de France". Le moins que je puisse dire, c'est que bien peu de ceux que je rencontre ont pitié des Gilets jaunes.
Nous sommes plutôt du coté des répugnants.
Et c'est là que pointe l'utilité de ce mouvement des Gilets jaunes : c'est une formidable pierre de touche. il permet de faire le tri du bon grain et de l'ivraie.
J'ai eu quelques mauvaises surprises "Si quelqu’un a plié qu’on aurait cru plus ferme / Et si plusieurs s’en vont qui devraient demeurer", mais aussi quelques bonnes. Et d'autres aussi sans aucune surprise, dans la bassesse ou dans la bonté.
samedi, janvier 19, 2019
Paul Ariès : « Le véganisme est le cheval de Troie des biotechnologies alimentaires »
Paul Ariès : « Le véganisme est le cheval de Troie des biotechnologies alimentaires »
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Le véganisme est le cache-sexe du courant dit de la libération animale ou de l'égalité animale. Ces fantasmes végans sont d'autant plus en phase avec notre modernité que nous avons largement perdu tout contact avec la nature, c'est pourquoi la pensée végane est d'abord une pensée urbaine, et qu'ils coïncident aussi avec les stratégies alimentaires des grands groupes économiques. Les végans sont les idiots utiles des fausses viandes, des faux fromages, des faux laits qui vont bientôt envahir nos étals, avec, par exemple, de la fausse viande réalisée à partir de cellules-souches. Un consortium fort de 2,2 billions de dollars entend imposer avec Jérémy Coller ces «fausses viandes». Tout est prêt: les brevets, les capitaux, l'acceptabilité, on calcule déjà le retour sur investissement! Si l'idéologie végane n'existait pas, le secteur de l'industrie agro-alimentaire devrait l'inventer.
[…]
Les végans prétendent, aujourd'hui, avoir une meilleure santé que les omnivores, mais ils ne manquent pas seulement de vitamine B12 mais aussi de fer, d'Oméga 3 et même de sérotonine…
J'ajoute que si cette protéine du bonheur se trouve au départ dans la viande, elle disparaît lorsque les animaux sont gavés de céréales, c'est pourquoi nous devons revenir au bon herbage et fourrage. Le taux de mortalité et de morbidité des végans est en réalité plus élevé que celui des omnivores.
J'aimerais surtout dire aux parents végans: cessez de remplacer le lait maternel ou maternisé par du faux lait à base de soja, car c'est extrêmement dangereux pour vos enfants.
[…]
Les végans passent pour être des écolos et même des super-écolos, mais les principaux théoriciens du véganisme et de l'antispécisme (mondial ou français) vomissent l'écologie et les écologistes. Le symbole de la nature est, selon eux, la prédation animale, la souffrance des animaux sauvages.
[…]
Le véganisme m'apparaît comme un retour à la vieille gnose, ce courant religieux de l'antiquité habité par un profond pessimisme, aux antipodes de l'amour véritable de la vie et du vivant. Cette nouvelle religiosité a ses grands prêtres, ses objets de culte, ses hérésies, ses excommunications. Tout cela serait presque amusant si cette pensée violente n'accouchait pas d'actes violents, envers les éleveurs, les chercheurs, les bouchers, les amateurs de pull en laine et de chaussures en cuir. Le véganisme, comme toute religiosité, possède ses mystères... Le plus grand mystère antispéciste est de déboucher sur un anthropocentrisme au carré, car ce serait à une petite minorité d'humains de décider quelles sont les espèces qui doivent être modifiées, quelles sont celles qui doivent disparaître. Les végans se prennent pour des dieux tout-puissants pouvant reformater le monde mais leur impuissance ne peut que déboucher sur la violence, violence contre eux et contre les autres. J'avoue que les rituels d'intégration au sein des milieux végans m'effraient lorsqu'ils conduisent à se faire marquer au fer rouge publiquement en solidarité avec les animaux d'élevage, j'avoue que d'entendre les végans traiter les éleveurs, les bouchers, les ouvriers des abattoirs, les mangeurs de viande de nazis et de SS et comparer les abattoirs aux camps d'extermination m'horrifie.
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Le véganisme est le cache-sexe du courant dit de la libération animale ou de l'égalité animale. Ces fantasmes végans sont d'autant plus en phase avec notre modernité que nous avons largement perdu tout contact avec la nature, c'est pourquoi la pensée végane est d'abord une pensée urbaine, et qu'ils coïncident aussi avec les stratégies alimentaires des grands groupes économiques. Les végans sont les idiots utiles des fausses viandes, des faux fromages, des faux laits qui vont bientôt envahir nos étals, avec, par exemple, de la fausse viande réalisée à partir de cellules-souches. Un consortium fort de 2,2 billions de dollars entend imposer avec Jérémy Coller ces «fausses viandes». Tout est prêt: les brevets, les capitaux, l'acceptabilité, on calcule déjà le retour sur investissement! Si l'idéologie végane n'existait pas, le secteur de l'industrie agro-alimentaire devrait l'inventer.
[…]
Les végans prétendent, aujourd'hui, avoir une meilleure santé que les omnivores, mais ils ne manquent pas seulement de vitamine B12 mais aussi de fer, d'Oméga 3 et même de sérotonine…
J'ajoute que si cette protéine du bonheur se trouve au départ dans la viande, elle disparaît lorsque les animaux sont gavés de céréales, c'est pourquoi nous devons revenir au bon herbage et fourrage. Le taux de mortalité et de morbidité des végans est en réalité plus élevé que celui des omnivores.
J'aimerais surtout dire aux parents végans: cessez de remplacer le lait maternel ou maternisé par du faux lait à base de soja, car c'est extrêmement dangereux pour vos enfants.
[…]
Les végans passent pour être des écolos et même des super-écolos, mais les principaux théoriciens du véganisme et de l'antispécisme (mondial ou français) vomissent l'écologie et les écologistes. Le symbole de la nature est, selon eux, la prédation animale, la souffrance des animaux sauvages.
[…]
Le véganisme m'apparaît comme un retour à la vieille gnose, ce courant religieux de l'antiquité habité par un profond pessimisme, aux antipodes de l'amour véritable de la vie et du vivant. Cette nouvelle religiosité a ses grands prêtres, ses objets de culte, ses hérésies, ses excommunications. Tout cela serait presque amusant si cette pensée violente n'accouchait pas d'actes violents, envers les éleveurs, les chercheurs, les bouchers, les amateurs de pull en laine et de chaussures en cuir. Le véganisme, comme toute religiosité, possède ses mystères... Le plus grand mystère antispéciste est de déboucher sur un anthropocentrisme au carré, car ce serait à une petite minorité d'humains de décider quelles sont les espèces qui doivent être modifiées, quelles sont celles qui doivent disparaître. Les végans se prennent pour des dieux tout-puissants pouvant reformater le monde mais leur impuissance ne peut que déboucher sur la violence, violence contre eux et contre les autres. J'avoue que les rituels d'intégration au sein des milieux végans m'effraient lorsqu'ils conduisent à se faire marquer au fer rouge publiquement en solidarité avec les animaux d'élevage, j'avoue que d'entendre les végans traiter les éleveurs, les bouchers, les ouvriers des abattoirs, les mangeurs de viande de nazis et de SS et comparer les abattoirs aux camps d'extermination m'horrifie.
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vendredi, janvier 18, 2019
Grand débat : un bon résumé
"Grand débat" national en mode Macron: "après t'avoir fait les poches, signé le Pacte de Marrakech et le Traité d'Aix la Chapelle dans ton dos puis t'avoir matraqué/gazé/éborgné pour t'apprendre à protester, que choisis-tu : moins de service public, moins de retraite, ou les 2 ?"— phil.bechade (@pittbull_grrr) January 18, 2019
Violence et Gilets jaunes (6) : les policiers n’aiment pas les téléphones
Ce n’est pas très grave, mais ça témoigne d’un état d’esprit. C’est dans les dictatures que les policiers sont gênés d’être filmés en action.
J’insiste sur les violences policières pour deux raisons :
1) elles témoignent d’un recul gravissime de l’esprit démocratique. En démocratie, les opposants ne sont pas des ennemis.
2) c’est de bonne tactique. Elles dévoilent le pouvoir macronien dans sa vérité. Elles mettent à nu son manque de légitimité et son obligation d’utiliser la violence pour se maintenir.
Violence et Gilets jaunes (5)
Voilà qui confirme : les violences policières sont une politique voulue par le pouvoir macronien.
jeudi, janvier 17, 2019
Quand z’y va fait la police chez les Gilets jaunes
Vous remarquerez l’accent des policiers.
C’est la benallisation de la police. Les racailles d’en haut utilisent les racailles d’en bas entrées dans la police pour taper sur les Français.
C’est la benallisation de la police. Les racailles d’en haut utilisent les racailles d’en bas entrées dans la police pour taper sur les Français.
« Macron : et si la crise était une chance ? »
Le titre de ce billet provient d’un article des Échos que je ne peux vous transmettre pour des raisons techniques.
Tout ce qui ne tue pas endurci. C’est valable aussi pour Macron.
S’il arrive à traverser la crise des Gilets jaunes sans être défait politiquement, il aura réussi à :
> identifier ses ennemis au point de les ficher.
> identifier des points sensibles à contourner pour continuer sa politique anti-nationale.
> déprimer profondément et pour longtemps ses ennemis.
> élever le niveau de répression considéré comme tolérable.
> resserrer les rangs de ses partisans, y compris les médias.
Tout ce qui ne tue pas endurci. C’est valable aussi pour Macron.
S’il arrive à traverser la crise des Gilets jaunes sans être défait politiquement, il aura réussi à :
> identifier ses ennemis au point de les ficher.
> identifier des points sensibles à contourner pour continuer sa politique anti-nationale.
> déprimer profondément et pour longtemps ses ennemis.
> élever le niveau de répression considéré comme tolérable.
> resserrer les rangs de ses partisans, y compris les médias.
Taper comme des sourds
Les Gilets jaunes s’en tamponnent du « grand débat » macronien et ils ont bien raison. Ce n’est qu’un piège pour gagner du temps.
Ce refus de « dialoguer » choque beaucoup nos éditocrates. Évidemment que ça les choque : ils défendent le pouvoir et ses ficelles à deux balles. Ça les choque que les Gilets jaunes ne soient pas dupes.
Un authentique dialogue suppose des conditions de liberté et de réciprocité qui ne sont absolument pas réunies.
Pourtant, même si la volonté de dialogue du gouvernement était sincère, les Gilets jaunes auraient encore raison de refuser.
En effet, depuis trente ans, la classe d’en haut a sciemment verrouillé tous les canaux (élections, corps intermédiaires, médias, ascenseur social) qui auraient permis aux problèmes d’en bas de l’atteindre. Elle a refusé non seulement le dialogue, mais tout simplement d’entendre (en répétant sans en penser un mot « J’entends la colère des Français »).
Et maintenant que la classe d’en haut est inquiétée par la révolte d’en bas, il faudrait vite, vite, sans perdre une seconde, « ouvrir le dialogue » ? De qui se moque-t-on (oui, je sais, de nous) ? C’est trop facile.
Non, d’abord leur rentrer dans le lard tant qu’on peut, les faire chier au maximum. Ne pas relâcher la pression. Bref, taper comme des sourds.
Ensuite seulement, quand les nerfs, la vengeance et un peu de justice seront passés, peut-être dialoguer avec les survivants (s’il y en a).
Plus que jamais « Macron démission ! ». Après, on verra. Chaque chose en son temps.
Ce refus de « dialoguer » choque beaucoup nos éditocrates. Évidemment que ça les choque : ils défendent le pouvoir et ses ficelles à deux balles. Ça les choque que les Gilets jaunes ne soient pas dupes.
Un authentique dialogue suppose des conditions de liberté et de réciprocité qui ne sont absolument pas réunies.
Pourtant, même si la volonté de dialogue du gouvernement était sincère, les Gilets jaunes auraient encore raison de refuser.
En effet, depuis trente ans, la classe d’en haut a sciemment verrouillé tous les canaux (élections, corps intermédiaires, médias, ascenseur social) qui auraient permis aux problèmes d’en bas de l’atteindre. Elle a refusé non seulement le dialogue, mais tout simplement d’entendre (en répétant sans en penser un mot « J’entends la colère des Français »).
Et maintenant que la classe d’en haut est inquiétée par la révolte d’en bas, il faudrait vite, vite, sans perdre une seconde, « ouvrir le dialogue » ? De qui se moque-t-on (oui, je sais, de nous) ? C’est trop facile.
Non, d’abord leur rentrer dans le lard tant qu’on peut, les faire chier au maximum. Ne pas relâcher la pression. Bref, taper comme des sourds.
Ensuite seulement, quand les nerfs, la vengeance et un peu de justice seront passés, peut-être dialoguer avec les survivants (s’il y en a).
Plus que jamais « Macron démission ! ». Après, on verra. Chaque chose en son temps.