J'ai repris ma lecture de The collapse of the third republic, de William Shirer.
Après l'invasion de la Tchécoslovaquie en mars 1939, en violation des accords de Munich, il ne peut plus y avoir aucun doute : Herr Hitler n'est pas un gentleman.
Cette situation soulève le problème du courage moral et intellectuel.
Le courage moral consiste à ne pas chercher d'excuses au mal, même quand il est en position de force. A part notre ministre des affaires étrangères, Georges Bonnet, qui est un lâche au dernier degré, tous les dirigeants français et anglais de 1939 l'ont à peu près.
En revanche, le courage intellectuel, voir ce que l'on voit, reconnaître ses torts et ses erreurs et en tirer une leçon, c'est une autre histoire.
Halifax (ministre des affaires étrangères britannique dans la période cruciale entre 19138 et 1940), donne l'impression, même après 1945, de ne pas avoir compris qu'il s'était fait couillonnner par Hitler et comment.
Il est de ces intelligences étroites, qui peuvent exceller sur des points techniques mais sont incapables de prendre de la hauteur. Significativement, il prend les envolées lyriques de Churchill (dont l'intelligence est à l'opposé de la sienne : beaucoup de vision et égarement sur les détails) pour du théâtre grotesque et malséant.
Certes, elles le sont. Mais Halifax est incapable de comprendre qu'elles ne sont pas que cela.
Anecdote révélatrice de l'opposition d'intelligences Halifax-Churchill. En 1946, quand Churchill prononce à Fulton son célèbre discours sur le rideau de fer abattu sur l'Europe, Halifax, qui est encore ambassadeur aux Etats-Unis (c'est en l'expédiant à ce poste que Churchill s'en est débarrassé en 1940), lui fait la remarque qu'il s'est laissé emporter. Churchill répond que non et que, de toute façon, le communisme disparaîtra de Russie vers les années 80 !
Un type comme Halifax est un jouet dans les mains d'Hitler.
Pour Chamberlain, le jugement est moins sévère : son absence de franc soutien à Halifax et son petit soutien réticent à Churchill en mai 1940 laissent penser que, très tardivement, il a eu quelques lumières sur le machiavélisme hitlérien.
Coté dirigeants français, ce n'est pas très glorieux non plus.
Il ne s'agit pas d'idiots à proprement parler, en ce sens que ces gens sont capables, sur des sujets moins brulants, de se montrer moins épais. Mais là, leur esprit se ferme parce qu'ils n'ont pas les tripes de regarder les choses en face, et il en résulte de la bonne bêtise bien pure, sans filtre.
Nota : au cours d'une conférence fort intéressante sur Les vainqueurs, Michel Goya, interrogé sur les causes militaires de la défaite de 1940 cite l'incompétence. Il donne un exemple : lors des heures difficiles du printemps 1918, la France a toujours eu deux armées en réserve. En 1940, au bout de six jours d'offensive allemande, Gamelin n'a plus de réserves (la fameuse « plus grande surprise de ma vie » de Churchill).
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