mardi, décembre 31, 2019

Le service public à la française que le monde entier nous envie (paraît-il): comparaison TGV-Shinkansen

Je peux témoigner de l'émerveillement du voyageur français habitué au TGV en découvrant le Shinkansen.

Jean-Pierre Robin: « Paris-Lyon et Tokyo-Kyoto au banc d’essai des trains à très grande vitesse »



Un point que certains d'entre vous ne jugeront pas majeur mais qui m'est de plus en plus pénible : le mauvais goût constant et la capacité d'enlaidissement sans limite de l'Etat technocratique français.

La dernière laideur à la mode, les éoliennes. Mais il y en a tant d'autres ...

Pourquoi la gauche prétendue contestataire est-elle condamnée à échouer ?

The year left populism died

France Insoumise, Labour, Syriza, Podemos, Cinq Etoiles, Parti Démocrate ... Tous les partis de gauche prétendue contestataire ont échoué dans les urnes. Pourquoi ? Parce qu'ils sont faussement contestataires. C'est une opposition de façade.

Ces partis sont tous individualistes, immigrationnistes, pro-minorités, sans-fontiéristes, anti-nationaux. Qu'est-ce qui sépare fondamentalement un Mélenchon ou un Tsipras  d'un Attali ou d'un Minc ? Rien. C'est pourquoi ils sont facilement circonvenus et absorbés par l'oligarchie : ils partagent la même conception des choses.

Revenons aux fondamentaux : frontières, peuple, nation, démocratie. Ces partis  prétendus contestataires sont contre tout cela. Pas étonnant que les peuples cessent de voter pour eux.

Aujourd'hui, la vraie contestation, c'est d'être pour les frontières, pour le peuple, pour la nation et pour la démocratie.

Il faut être abruti comme un âne diplômé pour ne pas le comprendre. Nos riantes universités en produisent à la chaine mais ce n'est pas assez pour gagner les élections.


Reconnaître l'ennemi

Les racines chrétiennes de l'Europe ou les racines européennes du christianisme ?

Les racines européennes du christianisme, ou l’impasse politique du pape François.

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C’est probablement ici que la défiance grandissante des catholiques européens vis-à-vis de François trouve son explication. Pour François, l’église a fondé l’Europe mais ne résume pas à elle. Mais les faits sont têtus : une lecture inversée de l’histoire montre que c’est plutôt la pensée européenne qui a modelé le christianisme à son image. Et que le « décolonisation » de l’église se traduira par sa disparition rapide… comme si son sens se vidait.
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dimanche, décembre 29, 2019

Shirer : avril 1939, la dernière occasion manquée avant la guerre.

J'ai repris la lecture de The collapse of the third republic. C'est un vrai crèvecœur, c'est pourquoi j'y vais par petits bouts.

Depuis les accords de Munich, en septembre 1938, dont l'URSS a été exclue à la demande d'Hitler et sans protestations ni de la France ni de la Grande-Bretagne, Staline se méfie des occidentaux (cette méfiance est encore une grande réussite hitlérienne).

Tout le monde sait lire une carte et se doute qu'il vaudrait mieux avoir la Russie dans son camp pour la guerre que chacun pressent.

Au printemps 1939, Staline n'a pas encore tranché. La France et la Grande-Bretagne le courtisent très mollement. La France traine des pieds et le gouvernement Chamberlain est carrément froid (encore une fois, le rôle catastrophique des Britanniques dans la montée vers la deuxième guerre mondiale ne peut pas être surestimé).

Les Allemands ont bien compris ce qui se passait et, avec le cynisme et l'esprit de décision qui caractérisent le nazisme, sautent sur l'occasion, en répondant positivement aux signaux russes.

Début mai, l'attaché de l'air français à Berlin, Paul Stehlin (1), fort bien informé (au point qu'on peut se demander s'il n'est pas un canal de manipulation), alarmé par la gravité de la situation, fait un saut au Quai d'Orsay. Mais le ministre, Georges Bonnet, un lâche parmi les lâches (qui l'a nommé ? Daladier) refuse de le recevoir et le fait même réprimander, un militaire n'a pas à s'occuper de diplomatie.

Et puis, il y a les Polonais, qui ne veulent absolument pas entendre parler d'un accord avec les Russes, et Gamelin pas plus que Daladier n'ont exercé la moindre pression sur eux. Le gouvernement français est une pétaudière et chacun y est secrètement soulagé que nos obligations vis-à-vis des Polonais restent dans un flou pas très artistique.

Le plus étonnant (avec notre savoir rétrospectif), c'est que les militaires britanniques ne cessent d'encourager le gouvernement Chamberlain à la froideur en arguant que l'Armée Rouge n'est bonne à rien et son aide d'aucun secours. Comme souvent, Churchill, que les militaires méprisent en le traitant d'amateur, est plus clairvoyant.


Halifax (toujours aussi visionnaire, l'homme qui a déclaré « Hitler me rappelle Gandhi ») refuse donc de se rendre à Moscou (le point d'achoppement, c'est que les Soviétiques exigent, avec cynisme mais aussi bon sens -vu le comportement des Polonais, que les petits pays ne soient pas consultés sur les accords de défense les concernant). Message reçu 5 sur 5 par Staline, qui fait alliance avec Hitler.

Les propositions soviétiques étaient pourtant sérieuses, de la realpolitik. Mais quand on est con, on est con.

A cette époque, on ne peut plus accuser seulement la bêtise, la suite crève les yeux, mais Hitler est tellement avancé dans son projet, nous avons déjà laissé passer trop d'occasions. Pour renverser le cours du mauvais destin, il faudrait un caractère exceptionnel qu'il n'y a pas dans les ternes politiciens des gouvernements français et anglais (2) de 1939.

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(1) : plus tard, il sera CEMAA et laquais les Américains. Comme quoi on peut être militaire et traitre.

(2) : j'ai une trouille bleue des politiciens réputés raisonnables. Les fossoyeurs sont raisonnables. Pétain était raisonnable (du moins, en apparence). Personne n'a jamais dit que Richelieu et Clemenceau étaient raisonnables.

Les perspectives simples de la décennie qui vient





Les années 2010 ou la révolte des peuples occidentaux contre leurs élites. Certains ont réussi, d’autres moins...

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La capacité ou non à répondre à la révolte des peuples conditionne la réussite nationale pour deux générations.

L’existence ou non d’élites conservatrices capables de canaliser la révolte populaire est un enjeu essentiel pour les pays occidentaux car elle conditionne leur réussite pour une ou deux générations. La Grande-Bretagne de Boris Johnson s’apprête à redevenir la première puissance économique du continent. Que Trump soit réélu ou non, il a ouvert une telle brèche dans le consensus de Washington que les Etats-Unis, apparemment en déclin sous Obama, maintiendront leur domination mondiale, dans les années qui viennent, la Chine se condamnant elle-même, au contraire, par le basculement néo-totalitaire de Xi Jiping.

La France et l’Allemagne vont décliner, au contraire, à la mesure de leur incapacité commune, à sécréter une nouvelle élite conservatrice.

La décennie 2010 aura offert à toutes les sociétés occidentales l’occasion de changer de politique, de redevenir au paradigme national après trente ans d’illusions mondialistes. Toutes ne l’auront pas saisi.

Malheureusement la France d’Emmanuel Macron fait partie des pays qui manquent le train de l’histoire [comme elle l'avait déjà manqué en 1981 avec Mitterrand].
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Je suis écoeuré de constater que la France, qui a eu de si grands politiques, est naufragée par des minables.

Soyons pessimistes sans perdre la foi.


L'âme désarmée. Essai sur le déclin de la culture générale. (A. Bloom)

Comme Montaigne et Machiavel, c'est un livre tellement dense d'érudition et d'intelligence que j'ai du m'y reprendre à deux fois avant de me plonger dans sa lecture, fort plaisante parce qu'elle permet de s'évader de la médiocrité quotidienne.

Ce livre est désespérant et, tout à fait logiquement, Bloom est mort désespéré, en 1992.

Toute l'idée est dans le titre (meilleur à mon sens en français que le titre original, The closing of the American mind) et dans le sous-titre.

Eric Zemmour en avait fait la recension (une de ses meilleures) : « Ce professeur de Chicago qui avait tout compris ».

Je ne suis pas professeur, je ne fréquente que quelques jeunes diplômés, mais ce que je vois et que j'entends ne m'incite guère à la sérénité.

Je peux répéter Woody Allen : les jeunes me font peur, je ne les sens pas capables de prendre en charge le monde.

Ils ont perdu le bon sens traditionnel, celui qui consistait à répéter les comportements et les idées issus des générations précédentes et ils ont perdu l'intelligence du monde qu'aurait pu leur donner une solide culture générale. Ils sont dans un entre-deux où ils n'ont ni bon sens ni culture. Des singes savants : ils savent répéter des choses apprises et c'est tout.

Ils sont arrivés à l'idéal socialiste d'éducation : assez instruits pour être de gentils rouages de la machine économique, pas assez pour être des hommes libres. Capables de révolte sporadique, mais pas de révolution. Ils prennent pour leur pensée propre ce qui n'est qu'un conformisme sans faille. Et, depuis peu, s'ajoute l'abrutissement des écrans. C'est terrifiant.

Bien sûr, les meilleurs sentent le manque et essaient de compenser par eux-mêmes, mais rien ne remplace une éducation maîtrisée et méthodique de 0 à 23 ans (pour fixer une limite arbitraire).

Bloom accuse le relativisme et Nietzsche  (j'ajoute, la déchristianisation, ça va ensemble).

A partir du moment où on ne croit plus qu'il y a la Vérité, qu'il nous appartient de chercher tous ensemble, mais des vérités qui se valent toutes, il n'y a plus d'arguments, puisqu'il n'y a plus d'étalon universel pour juger de leur validité. Il n'y a donc plus de raison de se parler et même de penser. Il suffit juste d'être le plus fort pour imposer sa vérité.

On pourrait craindre l'avénement d'un monde à la Huxley. Une caste supérieure régnant sur un monde d'abrutis, par le sexe, par les écrans, par les drogues. Même pas, car on constate que les gens d'en-haut sont eux aussi touchés par les destructions qu'ils ont opérées en bas.

« Le rationalisme occidental a abouti à un rejet de la raison. Le relativisme parvient à détruire les prétentions universelles de l'Occident […]. Privé de ce besoin de vérité, l'Occident s'effondrera. »

Une lueur d'espoir ? Une élite, au vrai sens du terme, sent tout ce qui l'avilit dans le monde actuel. Mais elle est si peu nombreuse ... Et entre sentir et faire ...

Notre classe dirigeante à l'image de Ségolène


Dans la droite ligne de mon billet précédent :


C'est moi qui souligne.


Ségolène Royal se voit accusée de ne se rendre à aucune réunion du Conseil de l'Arctique. En quoi ces absences répétées ne sont-elles pas aussi étonnantes qu'elles peuvent le sembler ? 

Maxime Tandonnet : Mme Royal n’est pas la seule, loin de là. Nous vivons une époque de contre-sens général sur la définition même de la politique. En principe, elle est, pour l’essentiel, une activité temporaire, au service de l’intérêt général, ou du bien commun. Certes la vocation d’un grand élu national, par le passé, disons jusqu’aux années 1980, a toujours combiné une part de dévouement au pays et de réalisation d’une ambition personnelle. Mais la politique se définissait, au principal, comme le service de la France.

Depuis les années 1980, sauf exception, elle a basculé dans une autre logique : l’ultra-narcissisme, si bien défini par Gilles Lipovetski dans « l’ère du vide ». La dimension « service de la nation » a disparu, emportée avec l’idée nationale. Il reste de l’engagement politique – hormis quelques exceptions –  pour l’essentiel, une conception égotique. La plupart des hauts dirigeants ne se conçoivent pas comme étant au service du pays. Mais au contraire, le pays est à leur service. Tout leur est dû, sans aucune limite, ni de mandat, ni d’âge. Les prébendes de la république ne sont pas vécues pour l’essentiel comme des missions impliquant des corvées désagréables telle la participation à des réunions. Elles servent tout normalement à combler un désir de reconnaissance et de perpétuation d’une visibilité. Dans le système français, rien n’est plus banalisé que ces cadeaux de la république parfois à la rémunération juteuse, cumulable avec les retraites, sans compter les autres avantages.  

Eric Verhaeghe : Vous voulez dire, je pense, que dans les institutions républicaines, il est d'usage de ne pas honorer avec ferveur les fromages accordés aux figures de l'élite ? Il est un fait que nommer une personnalité à l'ego surdimensionné comme Ségolène Royal au poste d'ambassadrice des Pôles est une chronique d'un absentéisme annoncé. Pour trois raisons évidentes. La première tient à la rareté des réunions intergouvernementales. Celles-ci n'ont lieu que tous les deux ans. Pour le reste, les séances semestrielles sont des réunions techniques où l'utilité d'une Ségolène Royal est contestable. 
Dans tous les cas, les sujets traités sont très techniques et Ségolène Royal n'est guère connue pour sa technicité, spécialement sur des sujets écologiques. En la nommant là, personne ne s'attend donc à ce qu'elle fasse la différence grâce à des avis tranchés ou lumineux. Il existe pour cela des équipes techniques qui préparent les dossiers et font la doctrine du Quai. Ce qu'on peut reprocher à Ségolène Royal et au gouvernement, c'est de sous-estimer la montée en puissance stratégiques des questions liées aux Pôles [vous connaissez mon obsession de la stratégie maritime pour l'avenir de la France, inutile que j'insiste]. Avec le réchauffement climatique, l'hypothèse d'une liaison commerciale navigable par le Pôle Nord devient un enjeu essentiel et une fois de plus le quai d'Orsay montre son retard à l'allumage dans la prise en compte de ce dossier essentiel. Mais sur le fond, faire mine de découvrir que Ségolène Royal est absentéiste et que la France souffre de ce handicap imprévisible est évidemment très hypocrite. 

La presse nationale semble s'indigner qu'elle ne prenne pas son poste au sérieux, pourtant n'est-ce pas là une sorte de placard doré comme il en a été attribué de nombreux précédemment aux élites françaises ?

Maxime Tandonnet : Nous sommes au cœur d’un principe même de la vie publique française : le copinage, autrement dit le clanisme voire le népotisme. L’un de ses principes fondamentaux est l’obligation « morale » (si l’on n’ose dire) de recaser ses amis. Cette pratique, reflet de la courtisanerie, est absolument banalisée. La classe dirigeante s’auto-protège et se perpétue en permanence.

Anciens ministres, au piètre bilan, recasés à la Commission européenne ; amis personnels ou vaincus du suffrage universel désignés au Parlement européen à la faveur du scrutin de liste ou à la tête d’établissements publics ou d’autorités administratives indépendantes, ou encore sur des hauts postes administratifs par le seul « fait du prince » sans réunir les conditions de compétence requises ou sans avoir passé les concours. On s’habitue à des situations invraisemblables : pourquoi le Conseil Constitutionnel est-il composés d’ex-Premiers ministres ou ministres ainsi recasés ?

Cette pratique contribue à aggraver la confusion entre mission politique et juridictionnelle. Elle brouille l’image d’une institution – qui devrait être strictement neutre, professionnelle et composée de juristes – en lui donnant une coloration idéologique. Elle revient à donner à des politiques le pouvoir de juger des lois qu’eux-mêmes ont fait voter ou qu’ils ont combattues… 

Eric Verhaeghe :  Vous avez raison. Le poste d'ambassadeur des Pôles fait partie de ces lots de consolation réservés à des notables qu'on souhaite garder sous la main et ne pas mettre en difficulté financière. On n'attend rien d'autre d'eux qu'une forme de loyauté et de reconnaissance pour le cadeau fait. Il est probable que les ennuis de Ségolène Royal lui viennent de ce manque de reconnaissance vis-à-vis d'Emmanuel Macron. Elle l'a au fond beaucoup critiqué publiquement et s'est ainsi exposée au risque de représailles. C'est un peu la règle du jeu. La République vous confie une mission grassement rémunérée (autour de 15.000 euros nets par mois, je pense, selon les tarifs en vigueur) qui inclut une fonction de représentation. En contrepartie, elle attend de vous ce qu'on appelle la "réserve" et la "discrétion". C'est le prix à payer pour cette niche, pour ce placard, qui vous est confié.

En l'espèce, Ségolène Royal n'a pas respecté la règle du jeu. Elle s'est régulièrement affranchie de ce devoir de réserve qui  colle à la fonction, alors qu'un Michel Rocard avait eu le bon goût de se faire oublier, ou de limiter ses interventions à des prises de position non polémiques. Il existe ici une étrange casuistique sur ce qu'on a le droit ou pas le droit de dire quand on a un fromage républicain dans le bec. On pardonnerait à Ségolène Royal d'aboyer avec la meute, par exemple pour dénoncer le Rassemblement National, le machisme, l'antisémitisme ou l'homophobie. On tolérerait avec inquiétude qu'elle écrive un livre programme pour les prochaines présidentielles. Mais qu'elle intervienne sur une presse de grande écoute, par exemple une émission de radio nationale, pour critiquer le gouvernement, c'est une ligne rouge qu'elle ne peut franchir impunément. Sa convocation à l'Assemblée le prouve.

Ce besoin de toujours recaser les élites et de leur distribuer un fromage de la République n'est-il pas d'ailleurs un mal bien français ? Cette pratique est-elle tout aussi courante chez nos voisins européens ? 

Maxime Tandonnet : Oui, ce besoin semble être en tout cas particulièrement marqué en France. En tout cas, il n’existe pas avec la même ampleur ailleurs dans le monde occidental. Des situations de ce type seraient beaucoup moins bien tolérées en Allemagne ou au Royaume-Uni. Elles sont banalisées en France, jusqu’à l’absurde : en principe, un mandat parlementaire, un poste de ministre sont des missions au service du pays qui n’ouvrent aucun droit permanent sur le pays.

Elles le sont en violation des principes républicains et constitutionnels : l’égalité et le mérite comme seuls critères de désignation à n’importe quel poste. Elles nourrissent le dégoût de la politique, l’abstentionnisme, le vote extrémiste ou protestataire. Mais le plus inquiétant tient à la déconnexion de la classe dirigeante : elle ne semble pas réaliser les dégâts dans l’opinion de telles pratiques donnant le sentiment que les dirigeants se servent en permanence sur le dos du pays. Et les choses vont en s’aggravant.

Derrière le projet de suppression de l’ENA, les dirigeants politiques nourrissent tacitement l’ambition de pouvoir désigner en tout arbitraire les préfets, les ambassadeurs, les directeurs, en puisant dans le sérail de leurs courtisans, militants, de leurs amis battus du suffrage universel ou de leurs proches. 

Eric Verhaeghe : Nos voisins européens comptent plus rarement une classe politique aussi "fonctionnarisée" dans ses pratiques. En France, on entre en politique à vingt ans, souvent comme attaché parlementaire ou conseiller en cabinet, et on n'en sort plus jusqu'à ce que mort s'en suive.

Regardez la façon dont un Gérard Collomb s'accroche à son siège à Lyon. Regardez la peine que Marine Le Pen a eue à écarter son père du Front National. Ces exemples soulignent le caractère quasi-sacerdotal de l'engagement politique en France. Dans ce genre de parcours, ne plus être élu vous condamne à une forme de mort sociale. D'où les fromages distribués, et la profusion de postes électifs qui permettent toujours une forme de reclassement en attendant le retour sur le devant de la scène.

Dans les autres pays européens, la rupture avec la politique est moins tragique, mais il arrive aussi qu'elle soit compliquée. Regardez l'Italie : la longévité des politiciens y confine aussi aux records. En Allemagne, des profils comme celui de Strauss en Bavière, ont montré comment la longévité pouvait être une règle. Et il n'est pas inintéressant de noter que le père de Charles Michel, nouveau représentant de l'Union, fut en son temps commissaire européen après avoir été ministre, comme son fils!

Ceci montre que toutes les démocraties européennes ont eu tendance à aristocratiser leur vie politique en créant des fromages. Simplement, cette aristocratisation est souvent plus parcimonieuse, à la fois dans le nombre de postes distribués, dans le coût de ces postes, et surtout dans la durée passée dans la vie politique. A l'étranger, ces fromages sont souvent un sas avant la retraite, alors qu'en France ce sont volontiers des postes d'attente avant un retour escompté.









samedi, décembre 28, 2019

Le patriotisme, un concept étranger à notre classe dirigeante

One Nation Toryism rests on patriotism, a concept the Left struggles to understand.

C’est tout à fait transposable en France, sauf que le corps électoral français (de plus en plus différent du peuple, vu le taux d’abstention) a porté au pouvoir un anti-patriote : Macron est le Destructeur, l’anti-France personnifiée. Voter Macron au 1er tour, au 2ème tour, au 3ème tour, au 122ème tour, c’est de la trahison. Je l’ai expliqué à des collègues qui, bien évidemment, ont voté trahison. Je suis un grand diplomate.

Christophe Guilluy a tout dit : « Le vote Macron est un vote patrimonial ». Qu’en termes délicats ces choses là sont dites.

Ou cet exquis dialogue de Serge Federbusch que j'aime à répéter :

_ Que représentent les Gilets Jaunes (sous-entendu, les vrais, du début, pas les récupérateurs gauchistes du Système (1)) ?

_ Le patriotisme.

_ Et Macron ?

_ Le contraire.


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(1) :




vendredi, décembre 27, 2019

La Wehrmacht, la fin d'un mythe (sous la direction de J. Lopez)

Ouvrage tout à fait remarquable, que je vous conseille. Recueil d'une cinquantaine de monographies qui forment un tout cohérent, avec cartes et photographies, accompagnées d'encadrés thématiques.

Pour bien comprendre l'histoire et la légende de l'armée allemande au XXème siècle, il faut avoir en tête, deux idées maîtresses :

1) L'Allemagne a déclenché les deux guerres mondiales en espérant les emporter par la force. L'armée allemande a perdu ces deux guerres mondiales dans des catastrophes gigantesques. Il y a donc fort peu de raisons objectives d'ériger cette armée doublement vaincue en modèle et en objet d'admiration.

Comme a dit un Italien courroucé contre Merkel, « il y a des peuples qui se battent jusqu'à la victoire. Les Allemands, eux, se battent jusqu'à la défaite ».

2) Après ces deux guerres mondiales, ce sont les vaincus qui ont écrit l'histoire. Après 1918, grâce à l'habileté de la propagande du « coup de poignard dans le dos » ; après 1945, à cause de l'anti-soviétisme des Américains, qui ont recyclé les généraux teutons vaincus et les ont laissés beaucoup écrire et parler.

L'efficacité de cette propagande a un effet comique : la recension de cet ouvrage par le Figaro a été abreuvée d'injures d'incompétence par les commentateurs, qui ne sont probablement pas tous des nazis nostalgiques. Seuls quelques courageux ont essayé de remettre un peu de faits dans les mythes, sans grand succès (1).

Non, l'armée allemande n'a pas été vaincue seulement par la supériorité démographique et matérielle de ses ennemis, mais par ses propres déficiences.

Non, les victoires n'ont pas été perdues (« Victoires perdues », titre des mémoires de Von Manstein) par la faute de l'incompétence d'Hitler (ayant le bon goût d'être mort, il ne pouvait plus se défendre).

Non, la Wehrmacht n'a pas été propre, elle a participé à de nombreux actes de barbarie.

Une doctrine inadaptée

Quel est le problème de fond de l'armée allemande (Lopez se concentre sur le deuxième guerre mondiale, mais beaucoup de ses analyses valent pour la première) ?

Avoir une doctrine du XVIIIème siècle pour les guerres du XXème.

Comme au temps du grand Frédéric, l'armée allemande cherche la bataille décisive, qui n'existe pas dans les guerres industrielles du XXème siècle, pour éviter la guerre longue à laquelle elle refuse de se préparer. L'Allemagne elle-même prouve qu'il n'y a pas de bataille décisive contre une nation moderne : elle enchaine les défaites catastrophiques à partir de 1943 et pourtant, aucune de ces batailles n'a été décisive comme a pu l'être Iena.

Les Russes et les Américains ont beaucoup mieux compris que la guerre industrielle ne se jouait pas sur une bataille décisive. La défaite française en 1940 est une anomalie, pas un modèle. D'ailleurs, on sait aujourd'hui que la France aurait pu poursuivre la guerre et l'Allemagne se serait retrouvée avec, sur les bras, la guerre longue qu'elle voulait éviter à tout prix (encore plus qu'avec la seule résistance de l'Angleterre).

Cette doctrine inadaptée a des effets ravageurs. Les Allemands sont excellents en tactique mais cons comme des buses en stratégie (voir la guerre sous-marine à outrance en 1917). Ils négligent le renseignement, la logistique et la gestion des arrières, ont une politique de matériel folle (un V2 porte 2 fois moins d'explosifs qu'un Lancaster pour 3 fois plus cher. Il a fallu 10 ans pour mettre au point le turboréacteur pour une guerre qui en a duré 6. L'Allemagne avait 252 modèles d'avions, 4 fois plus que les Américains).

Pour mesurer à quel point l'armée allemande est déficiente, il faut savoir que Ludendorff a écrit dans ses mémoires (donc au repos, avec le recul) que « la tactique doit prévaloir sur la stratégie pure » !

Prenons l'exemple de Barbarossa, l'invasion de l'URSS le 22 juin 1941.

Barbarossa

Comme lors des « offensives de la paix » au printemps 1918, à aucun moment, l'état-major allemand ne se donne un critère de réussite : « Pour que l'URSS soit vaincue, il faudra arriver à tel résultat ».

C'est pourquoi la guerre à venir n'est envisagée que comme une succession de batailles d'encerclement sans priorité claire. Halder, qui prépare les plans et qui sera recyclé par les Américains, est si optimiste qu'il veut déclencher l'offensive en septembre ! C'est Hitler (vous savez, celui qui fait perdre les victoires, d'après les généraux survivants) qui insiste pour l'avancer au printemps.

La Wehrmacht, qui n'a pas froid aux yeux, attaque un pays 14 fois plus grand que la France et 6 fois plus peuplé avec, en gros, la même armée et sans aucune priorité.

Elle attaque au nord (en direction de Leningrad), au centre (en direction de Moscou) et au sud (en direction de Stalingrad). Elle fait 3,8 millions de prisonniers, chiffre extraordinaire, mais pour quel résultat stratégique ? Pas grand'chose, comme le prouvera le suite.



Les matériels et les hommes s'usent énormément sans profit, alors qu'une offensive moins folle, plus structurée, auraient été plus efficace à long terme (mais justement, les généraux allemands refusaient par principe le long terme). Ca me rappelle un article passionnant du Fana de l'Aviation expliquant que les déplacements incessants avaient usé la Luftwaffe, indépendamment  de toute opposition russe.

Et comme la logistique a été négligée (la logistique allemande marche au pas des chevaux jusqu'en 1945. Elle avait nettement moins de camions en 1940 que l'armée française. Les panzers ne doivent pas faire illusion), la Wehrmacht se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue.

Aussi bizarre que cela puisse nous paraître aujourd’hui, l’industrie automobile allemande était très insuffisante, d’où les exigences incessantes de camions auprès de Berliet et de Renault.

Les experts en logistique avaient bien averti les généraux, mais, comme ils considéraient cela comme une fonction subalterne, ils n'en ont pas tenu compte. On comparera avec Eisenhower :   « Les amateurs parlent stratégie. Les professionnels parlent logistique ».

Une autre stratégie était-elle possible ? Oui, en partant de l'idée qu'on ne vainc pas une grande nation industrielle avec de la profondeur stratégique en un été et en établissant un plan sur deux ou trois ans avec des priorités claires.

Par exemple, saisir Leningrad pour avoir un port permanent afin de gérer la logistique permettant de s'enfoncer au-delà de l'Oural. Ou, autre priorité possible (mais, évidemment, exclusive des autres, quand tout est prioritaire, rien ne l'est), saisir les ressources minières et industrielles dans le sud pour alimenter l'effort de guerre. Mais Moscou n'était pas un objectif stratégique, comme Napoléon l'a prouvé à ses dépens.

Autre manquement de la pensée stratégique allemande : l'incapacité à rallier les populations conquises, comme en Ukraine. C'était inutile dans l'optique d'une guerre courte, mais, la guerre se prolongeant, cet aspect devient décisif.

De nombreuses occasions ont été ratées en 1941 et la Wehrmacht recommence en 1942 dans la même logique foireuse. Pas étonnant que ça se termine par le raclée de Stalingrad.

Et Hitler, cet imbécile (d'après les généraux vaincus) ? Hé bien, au printemps 1941, il est beaucoup plus inquiet que ses généraux et, dès novembre, il considère que la guerre ne peut plus être gagnée à l'est.

En face, les Russes accumulent les erreurs locales, mais ils ont la bonne approche : penser sur plusieurs années, travailler la logistique, avoir un objectif clair (l'invasion totale de l'Allemagne).



Enfin, on notera que, si, au nom de l'anti-communisme, les Américains ont fait la promotion des généraux allemands vaincus, ils se sont très peu laissés influencer par eux, ce qui témoigne d'un certain bon sens.


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(1) : l’historien militaire Bernd Wegner pouvait écrire en 1995 : « L’historiographie (ouest-)allemande sur la Seconde Guerre mondiale, et tout particulièrement sur la guerre germano-soviétique, pourrait avoir été pendant plus de deux décennies et même en partie jusqu’à nos jours, dans une bien plus forte mesure que nous n’en sommes généralement conscients, une historiographie des vaincus ».

jeudi, décembre 26, 2019

Témoignages des halles de Paris en 1969

Les Halles 1

Les Halles 2

Les Halles 3

Les Halles 4

Nota : en publiant ces vidéos, je contreviens aux droits d'auteur de l'INA. C'est volontaire : ce droit d'auteur, c'est du vol, faire payer aux Français des archives qu'ils ont déjà payées dans leur redevance. Faut pas trop se foutre de la gueule du monde.


Boeing : la cigrale et la ... Bin, non. Juste cigrale. Pas de froumi.

Boeing, dans l’angle mort de la crise

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Comment investir dans un nouvel avion (entre 10 et 15 milliards de dollars), comment doter un modèle existant d’une aile en composites pour gagner du poids (investissement autour de 2-3 milliards de dollars) quand les caisses seront vides ?

Mais au fait, s’agit-il d’un accident ? Ce point de vue financier sur Boeing montre que l’entreprise a changé délibérément de paradigme. Elle a préféré favoriser le cours de l’action en se délestant de ses liquidités, au détriment de sa capacité à faire face à un aléa, et plus prosaïquement de sa capacité à investir dans un nouvel avion plus sûr. C’est la capacité de rebondir de Boeing après la crise, et de dessiner son avenir qui sont en cause. En attendant, Boeing a mis en place le 30 septembre dernier une nouvelle structure relative à la sécurité, et tendant à faire remonter les questions qui s’y réfèrent au plus haut niveau de l’organisation : acceptons-en l’augure.
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Rappelons que le choix de faire évoluer le 737 plutôt que de lui faire un successeur avait déjà des raisons financières.

Comme je l'ai écrit, prendre des décisions court-termistes dans une industrie à cycle long, c'est une recette certaine pour la catastrophe. J'espère que Airbus est plus sage sans en être 100 % certain.

Paris-Berlin. La survie de l'Europe. (D. Husson)


Avertissements

Avertissement 1 : Edouard Husson m'a adressé son livre dédicacé. Mais je suis assez malappris pour dire ce que j'en pense quand même.

Avertissement 2 : j'ai toujours eu du mal avec l'Allemagne et avec l'allemand. J'ai passé le latin comme deuxième langue au bac au lieu de l'allemand. S'il m'arrive de dire que je suis un anglophobe qui aime bien les Anglais, je suis un germanophobe ... qui n'aime pas l'Allemagne.

Les lourds systèmes de la philosophie allemande m'assomment et me font bailler. Et si l'on me dit que c'est parce que je suis trop bête pour comprendre, je l'admets volontiers.

Je ne partage en rien la germanomanie des élites françaises, sans doute parce que je n'en fais pas partie. Bref, je n'ai aucun goût pour l'Allemagne. Comme pour l'islam, je ne demande pas mieux que de le droit à la plus complète indifférence, seules les circonstances m'obligent à m'y intéresser.

Vorwärts !

Ces préliminaires personnels étant posés, attaquons Husson.

D'abord, c'est bien écrit. D'un sujet qui ne me passionne pas, j'ai lu ce livre avec plaisir.

Husson n'est pas germanophile béat. L'Allemagne est le pays d'Hitler aussi. Il dévoile le vilain petit secret des lourds systèmes philosophiques d'outre-Rhin : la fascination pour la violence accoucheuse de l'histoire.

C'est dur d'être dirigé par des cons.

Sa thèse principale est que les dirigeants français s'hypnotisent d'une image fausse de l'Allemagne.

Il considère que la politique européiste d'uniformisation à marche forcée (il est plus poli que moi, mais visiblement, il ne déborde pas d'admiration pour nos « brillants » technocrates - bêtes à concours bornées (1) sans intérêt autre que mondain) est grosse de catastrophes dont nous voyons les premiers signes : naufrage de la Grèce, Gilets Jaunes, AfD, Brexit, et ce n'est qu'un début.

Husson lie, à juste titre, politique monétaire restrictive et dénatalité. Mais je ne comprends pourquoi il n'en tire pas la conclusion que, pour sauver la natalité française, il faut dynamiter l'Euro. Quand leurs intérêts vitaux sont en jeu, les nations ne peuvent compter que sur elles-mêmes et ont le devoir d'être égoïstes (2).

Il valide (joie, bonheur) mon idée (qui n'est pas de moi) que les Allemands sont bons en tactique et nuls en stratégie. Il attribue ce défaut à l'excès d'esprit analytique au détriment de l'esprit de synthèse. Un faisceau d'analyses ne fait pas une synthèse.

Le défaut miroir français, l'excès d'esprit de synthèse, est le dogmatisme. Giscard et surtout Mitterrand en firent preuve à fort mauvais escient en considérant  que la puissance allemande était inarrêtable et en pensant que le mieux à faire pour la France était d'obtenir « un strapontin à la Bundesbank ».

Ils nous collèrent cette vérole d'Euro alors que, comme le conseillaient certains amis allemands de la France, le mieux à faire était de ne surtout pas nous en mêler et de tailler des croupières aux Allemands en dévaluant le Franc, pendant qu'ils se débattaient avec leur réunification. Ce que les Anglais, avec leur pragmatisme habituel, surent faire. Mitterrand fut vraiment la peste et le choléra pour la France, dont nous ne sommes toujours pas remis.

Husson est honnête. Il constate que, contrairement à ce qu'ils prétendent, nos présidents depuis Giscard ont mené une politique de vassalisation, opposée à celle de de Gaulle.

Angelattila

Il peint un portrait équilibré d'Angela Merkel, qui me la rend détestable. Le legs de l'éducation est-allemande à Merkel est un conformisme idéologique en acier trempé (moi qui apprécie les rebelles, vous vous doutez si je suis ravi).

Je ne supporte pas ces personnalités à la François Hollande, sans coeur, sans tripes, calculatrices dans les petites choses, géniales dans la magouille minable qui pourrit la situation, mais incapables de vision, de grandes choses. De plus, il y a un mensonge à la base de toute la carrière politique d'Angela Merkel : c'est une progressiste politiquement correcte qui dirige un parti et un gouvernement de centre-droit à prétention chrétienne.

Elle partage cette tendance de tous ces politiciens européistes-mondialistes à considérer qu'il n'y a plus de problèmes politiques, (à part lutter contre le « fachisme ») puisqu'ils ont décidé une fois pour toutes du monde meilleur et comment y aller, mais seulement des problèmes  techniques. Elle a souvent répété comme Thatcher qu' « il n'y a pas d'alternative », ce n'est donc pas par hasard que le parti d'opposition s'appelle Alternative für Deutschland.

Angela Merkel est comme Attila : rien ne repousse derrière elle. Parce qu'elle fait tout mourir d'ennui ! Elle est capable de rendre catatoniques les Marx Brothers.

Kein Volk, kein Führer ?

Husson a une analyse originale en faisant le parallèle entre Merkel et Benoit XVI. Il pense que l'Allemagne a un problème culturel avec le leadership (il choisit de conserver le mot anglais pour des raisons qu'il explique (3)). C'est soit trop, façon Bismarck-Hitler, soit pas assez façon Merkel-Ratzinger.

En tout cas, rien de comparable à Churchill.

Pour ma part, j'ai tendance à incriminer le manque d'humour. Vous connaissez la blague anglaise : « Qu'est-ce que l'humour allemand ? C'est l'humour juif ... l'humour en moins ». Je suis sérieux, je pense que la fonction politique de l'humour est très sous-estimée (mais Alfred Sauvy a commis un livre sur le sujet).

Pourtant, je ne suis pas sûr que mon hypothèse soit admise par l'université.

D'ailleurs, l'Allemand existe-il ? Le Bavarois je vois, le Prussien, je me doute mais l'Allemand ?

En 2013, Angela Merkel est soulagée que son parti n'ait pas la majorité et qu'elle doive gouverner en coalition ! Comparez avec Boris Johnson, tout joyeux d'avoir écrasé Corbyn et de pouvoir mener sa politique avec une majorité exceptionnelle.

Ce refus allemand du politique, au sens de Julien Freund, est mortifère pour l'Allemagne (je n'en ai rien à foutre) et pour l'Europe (là, ça me préoccupe) : des décisions politiques sont quand même prises, mais sans être qualifiées comme telles et sans être débattues, et elles viennent toujours trop peu, trop tard.

Bref, Merkel est une calamité sur pattes.

Le supplice grec et le suicide migratoire

Husson donne deux exemples dramatiques du refus du politique :

♘ la crise grecque. Il était évident pour tous les observateurs raisonnables que la meilleure solution était la sortie de la Grèce de l'Euro. Mais, plutôt que de prendre cette décision politique, Merkel a préféré l'application de traités inadaptés et et la répression technocratique.

♘ l'accueil inconditionnel d'un million de pseudo-réfugiés au nom d'une éthique de conviction totalement hors sol et donc apolitique. A mon avis, nous sommes dans ce cas là très proches de la pure et simple maladie mentale. E tout cas, Merkel nageait dans la plus complète irresponsabilité.

Brexit : l'anti-Merkel

Pendant ce temps, de l'autre coté de la Manche, les Britanniques faisaient de la politique, de la vraie. Et pas qu'un peu.

Le débat du Brexit, c'est-à-dire entre 2015 et 2019, a été passionnant (bien loin des caricatures des medias français). Je lisais régulièrement les différentes tribunes d'opinion sur internet et il m'est arrivé d'écouter les débats aux Communes.

Il y a eu du suspense, des coups de théâtre, des coups de gueule, des coups tordus, des exploits, des ratés retentissants. Bref, nous étions très loin du mortel ennui merkelien.

Et qu'ont finalement décidé les Anglais, d'une manière claire et sans bavures ? D'échapper à la dictature des normes imposées de l'extérieur et à la tutelle des cours apatrides.

Elections, pièges à cons

Husson fait une analyse électorale un peu longuette (c'est le seul endroit où j'ai sauté des pages) pour conclure que le paysage électoral va continuer à se morceler et que, par conséquent, les Européens, notamment les Français, ne doivent rien attendre des gouvernements allemands dans les années qui viennent, sauf de l'inertie.

Un Allemand bien placé m'avait la même analyse.

643 et 30 0000

643 : c'est le nombre d'employés de la Deutsche Bank touchant plus d'un millions d'Euros par an.

30 000 : c'est en milliards d'Euros les engagements de la même banque, dont certains sont franchement douteux. J'ai même lu ailleurs 45 000. Le cours de la DB abaissé de 95 % par rapport à son plus haut.

La Deustche Bank est une catastrophe directement issue du mercantilisme (Charles Gave l'a expliqué cent fois) et un risque systémique majeur. C'est même LE risque systémique en Europe.

On estime qu'en cas de problème, l'Etat allemand devrait injecter au moins 1 000 milliards d'Euros, soit un quart du PIB ! Et c'est un minimum.

C'est pourquoi, chaque fois qu'un Allemand commence à se faire donneur de leçons, deux lettres devrait suffire à lui claquer le beignet : DB (pas les trains). Mais nos dirigeants, hypnotisés par leur complexe d'infériorité, n'osent pas.

L'avenir aux petites nations ?

Gros plaisir : Husson reprend l'analyse de Jean-Jacques Rosa. La quasi-gratuité de l'information favorise les petites structures.

La vérité des nations européennes n'est pas « l'union fait la force » mais « mieux vaut être seul que mal accompagné ». Tout l'argumentaire disant qu'il faudrait absolument nous unir en renonçant à notre souveraineté, face à la Chine et aux Etats-Unis, est spécieux et mortifère, car il est un encouragement à renoncer à vivre en tant que nation. Que cet argumentaire dangereux soit si facilement accepté est un signe de notre manque de foi.

En réalité, depuis la nuit de temps, grandes nations et petites nations ont co-existé et, très souvent, les secondes se sont beaucoup mieux porté que les premières.

Pour lui, les vieilles nations, France, Grande-Bretagne, ont la bonne taille, inutile de chercher plus grand.

La saine politique politique européenne passe par un axe Londres-Paris-Berlin. Le tête-à-tête avec l'Allemagne dans lequel nos dirigeants veulent enfermer la France est le comble de la stupidité.

L'union fait la farce

J'ai trouvé le livre d'Husson passionnant mais nous divergeons sur un point fondamental.

Husson veut sauver l'union européenne (je mets des minuscules, pour signifier que c'est l'idée générale, et non le machin bruxellois), moi, je veux la tuer comme une mauvaise idée.

Jamais une alliance n'a été une nécessité de principe (ou alors il faut accepter de disparaître comme nation si, par principe, on ne peut pas vivre seul) mais seulement de circonstance.

Nous n'avons de frontières communes ni avec la Chine ni avec les Etats-Unis, c'est déjà un soulagement, et notre menace physique vient du sud. Bien sûr, il y a d'autres menaces au XXIème siècle, mais c'est déjà ça.

Husson veut une alliance lucide avec l'Allemagne. Je pense qu'elle est notre ennemi et que son hostilité consiste à essayer de nous entrainer dans son suicide. Plus nous en serons éloignés, mieux nous nous porterons. Ma politique vis-à-vis de l'Allemagne : l'indifférence maximale.

D'ailleurs, c'est assez facile de passer d'une thèse à l'autre : il suffit de considérer que nos difficultés de rapprochement avec l'Allemagne ne sont pas transitoires, comme décrites par Husson, mais définitives.

Les (presque) 110 propositions d'Husson

Husson termine son livre en faisant des propositions fort intéressantes. Par exemple, laisser les relations franco-allemandes au premier ministre.

Mais je m'arrête là. il faut bien que vous ayez encore des raisons d'acgeter ce livre.

Que d'eau ! Que d'eau !

Mes fidèles lecteurs connaissent mon obsession stratégique pour le grand large.

Si la France reste scotchée dans une politique continentale, les autres pays européens l'entraineront dans leur suicide. C'est d'ailleurs pourquoi l'anti-France, intérieure et extérieure, fait tout ce qu'elle peut pour que nous abandonnions nos confettis d'empire et nous tympanise avec le discours du « ça coûte trop cher », comme si ces gens, soudain si soucieux de notre argent, faisaient attention aux dépenses quand il d'agit d'autre chose que de dépouiller la France, quand il s'agit d'immigration incontrôlée, d'AME, de CMU, par exemple.

L'avenir de la France est dans les alliances maritimes. Ce n'est pas à la mode, et pour cause : nous sommes dirigés par des traitres qui travaillent pour que la France n'ait pas d'avenir.

Je pense que nos relations avec la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, le Québec, l'Australie, le Japon et même la Chine, maintenant qu'elle se veut puissance maritime, sont plus importantes et devraient plus focaliser nos énergies, que nos relations avec l'Allemagne.

Bref, un très léger désaccord !

Pour conclure

Mais nous nous retrouvons sur un point opérationnel : le France ne peut pas affronter seule l'Allemagne, elle doit coaliser les petites nations.

Autre bon point : je ne connaissais pas le De l'Allemagne, de Heine. Belle découverte.

Pour conclure la conclusion, une confidence : je vous ai dit que je n'aimais pas l'Allemagne. Ce n'est pas tout à fait : la Bavière et la Rhénanie sont charmantes.


NUIT RHÉNANE

Mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme
Écoutez la chanson lente d’un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu’à leurs pieds

Debout chantez plus haut en dansant une ronde
Que je n’entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile aux nattes repliées

Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent
Tout l’or des nuits tombe en tremblant s’y refléter
La voix chante toujours à en râle-mourir
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l’été

Mon verre s’est brisé comme un éclat de rire



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(1) : Charles Gave ne cesse de se lamenter que l'université (quand elle fonctionne) est supérieure à notre système de grandes écoles et je suis tenté de croire qu'il a raison : Boris Johnson, produit d'Oxford, est très supérieur à Emmanuel Macron, produit de l'ENA.

(2) : De Gaulle se moquait de ceux qui croyaient dans la protection du parapluie nucléaire américain pour l'Europe : « Croyez vous vraiment que les Américains prendront le risque de voir atomiser un seul village du Minnesota pour sauver Paris ? ».

(3) : dans le leadership, il y a une notion d'entrainement qu'on ne retrouve pas dans les traductions françaises.


dimanche, décembre 22, 2019

Les artistes bobos à la rescousse des cheminots : s'il vous fallait une preuve que cette grève ne dérange absolument pas le Système ...

Artistes et intellectuels à la rescousse des cheminots

J'ai dit plusieurs fois (mais l'ai-je écrit sur blog ? Je perds la boule) que la « réforme des retraites » et la « lutte sociale » qui s'y oppose font partie d'une comédie qu'on a déjà vu cent fois et qui n'a aucun potentiel révolutionnaire, contrairement aux Gilets jaunes de novembre 2018.

Des gens que j'aime bien s'exaltent un brin, comme Didier Maïsto et Christian Combaz, je pense qu'ils font une erreur d'analyse. On nous offre une comédie. Savourons le spectacle mais l'important viendra d'ailleurs, sera aussi inattendu que les Gilets Jaunes.

De même que la fausse alternance droite-gauche jouait dans les mains du Système (c'est pourquoi le phénomène Macron de fusion des bourgeoisies de gauche et de droite est un progrès : il a dévoilé bien des hypocrisies et des faux-semblants), la fausse lutte entre gouvernement et syndicats est un artifice du Système.

Rappelons que la « grande » grève de 1995 n'a absolument rien changé sur le fond de la politique suivie, comme nous pouvons le constater avec 25 ans de recul. Si les syndicats français étaient révolutionnaires autrement que de la gueule, ça se saurait (1) !

Pendant que les comédiens vus et revus battent l'estrade à grand bruit pour distraire le public, continuons de guetter ce qui se passe dans l'ombre (la chronique de Campagnol, en pause pour cas de force majeure, me manquera).


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(1) : pour ceux qui veulent un complément  d'analyse : la sociologie des syndicalistes n'est absolument pas GJ, ce sont des gagnants du Système, donc ils ne feront rien de dangereux. Ils ne sont pas assez bêtes pour scier la branche.

C'est par la sociologie que nous reconnaitrons un authentique mouvement révolutionnaire : il opposera des gagnants du Système et des perdants du Système, pas des gagnants entre eux.


samedi, décembre 21, 2019

« Satan a reparu visiblement dans le monde » (Bernanos)

Pour un chrétien solide (sur le plan dogmatique, je n'ai pas cette prétention sur le plan du comportement), c'est très simple : le refus conscient de Dieu est satanique (1). Ca n'épuise pas le sujet, bien sûr, ça permet au moins de le cadrer et de ne pas verser dans les explications à la con.

Mais nous méritons ce qui nous arrive : quand quelqu'un se plaint de l'islamisation ou du saccage des églises et autres marques d'anti-christianisme, je finis toujours par lui dire : « Mon gars tu as une solution simple : il y a une église près de chez toi, va à la messe tous les dimanches et je t'assure que si tous ceux qui ont les mêmes plaintes que toi le faisaient, ces problèmes disparaitraient vite. Non ? Tu as piscine ?

Ah oui, tu aimerais bien que la France reste chrétienne mais sans que tu aies à sortir de ton lit le dimanche. Un peu comme le type qui aimerait une armée pour le défendre, mais sans faire de service militaire ».

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Mathieu Bock-Côté: « Réflexions sur l’antichristianisme primaire »

CHRONIQUE - Le moindre commentaire critique à l’endroit de l’islam est transformé en scandale médiatique alors que le procès systématique du catholicisme est banalisé.

Par Mathieu Bock-Côté

«Le vandalisme contre les églises ne semble pas émouvoir exagérément les médias, qui n’y voient généralement qu’une série de faits divers sans signification politique », estime Mathieu Bock-Côté.

L’agression contre une crèche vivante à Toulouse le 14 décembre dernier avait quelque chose de sidérant. On a compris qu’elle était le fait de militants radicaux déambulant à la fin d’une manifestation qui n’ont pu cacher leur hostilité devant cette expression de la religion populaire. Le catholicisme suscite apparemment chez eux une aversion irrépressible. « Stop aux fachos ! ». Le slogan lancé par ces manifestants apparemment anticapitalistes, aussi stupide soit-il, est révélateur de l’empoisonnement idéologique du vocabulaire politique par des termes n’ayant plus aucun rapport avec la réalité. L’homme de notre temps, lorsqu’il veut maudire quelque chose, est-il capable de ne pas la réduire au fascisme ?

Que l’attaque ait été préméditée ou non ne change rien à l’hostilité affichée à l’endroit de ceux qui témoignaient paisiblement leur foi, même si plusieurs médias ont voulu relativiser l’agression, en expliquant qu’elle n’avait pas vraiment eu lieu ou qu’elle ne serait finalement qu’un fâcheux incident. Comme d’habitude. Soyons toutefois sans crainte : s’il fallait un jour que des hooligans troublent les prières de rue musulmanes, on décréterait assurément la République en danger et les cortèges citoyens défileraient à Paris en disant « plus jamais ça », avec la classe politique au premier rang. Nous aurions alors droit aux discours les plus emportés sur le vivre-ensemble à sauver.

De même, le vandalisme contre les églises régulièrement rapporté ne semble pas émouvoir exagérément les médias, qui n’y voient généralement qu’une série de faits divers sans signification politique. On l’explique rarement, sinon jamais, par la haine, un sentiment apparemment réservé aux populations majoritaires, dans leurs rapports avec les minorités, toujours victimes de la société où elles se sont installées. Il est difficile de ne pas voir là une forme singulière d’asymétrie symbolique. Le moindre commentaire critique à l’endroit de l’islam est théâtralisé et transformé en scandale médiatique, alors que le procès systématique du catholicisme est banalisé.

Si l’antichristianisme ne prend pas toujours une forme aussi brutale, il semble toutefois bien imprégné dans le discours public dominant. On l’a encore vu dans une étrange publicité de Monoprix qui a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux cette semaine. À l’approche des fêtes de fin d’année, formule qui se substitue de plus en plus aux fêtes de Noël, l’entreprise invitait ses clients à réveillonner en s’affranchissant de la « tradition », qui ne tiendrait pas suffisamment compte de la diversité des situations familiales et qui nous enfermerait dans un calendrier usé, déphasé et désuet.

Étrange formulation, qui présente la tradition à la manière d’une contrainte symbolique dont les hommes de notre temps devraient s’affranchir pour vivre enfin libres. Le pragmatisme commercial masque ici une forme de relativisme déconstructeur. Que des publicitaires aient pu imaginer une telle manière de vendre leurs produits en dit beaucoup sur l’image qu’ils se font de la société française. Un jour, on en trouvera pour vouloir effacer toutes les références chrétiennes du calendrier, pour éviter qu’il ne soit discriminatoire envers ceux qui ne s’y reconnaissent pas. Pourquoi s’entêter à fêter Noël le 25 décembre ? Et pourquoi continuer de confondre l’an zéro avec la naissance du Christ ?

Ces manifestations d’antichristianisme primaire ont bien moins à voir avec la poursuite de la laïcité, dont nul ne contestera la nécessité pour reconstituer un monde commun dans une société fragmentée, qu’avec une forme d’aversion décomplexée à l’endroit de tout ce qui ressemble d’une manière ou d’une autre aux symboles historiques distinctifs de la civilisation occidentale. On prétend construire une société inclusive ouverte à toutes les croyances : en fait, on prépare un monde vide, hostile à son héritage, devenu étranger à lui-même.

Faut-il vraiment rappeler que le catholicisme, en France, n’est pas qu’une religion mais la matrice d’une civilisation ? Et si l’État doit sans le moindre doute être neutre devant les convictions de chacun, il ne saurait l’être par rapport à l’identité historique qui le fonde, à moins de consentir à sa désincarnation. On pourrait consacrer un long développement pour rappeler cette évidence mais il suffit de rappeler la portée symbolique de l’incendie de Notre-Dame de Paris en avril dernier pour s’en convaincre. Qu’il soit devenu audacieux de mentionner les racines chrétiennes de la France a quelque chose d’absurde.

L’antichristianisme primaire si complaisamment ignoré par les médias n’est peut-être rien d’autre qu’un autre symptôme de cette passion morbide bien singulière qu’est la haine de soi. Comme si une société progressait en s’effaçant. Comme si elle s’humanisait en se dénoyautant. Comme si elle grandissait en se déracinant.
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(1) : aujourd'hui, le refus de Dieu passe souvent par le chemin hypocrite du refus de la tradition (rien n'existe avant moi, je n'hérite de rien, je me suis fait tout seul), jusqu'à la Maitrise de Notre Dame  (l'Eglise est très malade puisqu'elle a porté à sa tête un idolâtre, hérétique et schismatique, excusez du peu. Pas étonnant que cette maladie se manifeste un peu partout) :

Entendra-t-on encore le chant grégorien àNotre-Dame de Paris ? Les amoureux du chant grégorien craignent que derrière le licenciement du professeur de musique sacrée médiévale de Notre-Dame de Paris, justifié par des motifs économiques, se cache une volonté de moderniser le répertoire de la Maîtrise.




vendredi, décembre 20, 2019

Macronie : nous sommes en tyrannie parce qu'il n'y a pas de contre-pouvoir politique.

Entretien très (trop) décousu (commencez à partir de 1h) :

Macron : les réseaux secrets ? Marc Endeweld

Politiquement, il raconte la même chose que Castelnau :

VIOLENCE DE LA RÉPRESSION CONTRE LE MOUVEMENT SOCIAL : LA JUSTICE PREMIÈRE RESPONSABLE.

Les deux soulignent le noeud du problème politique de la France : les carriéristes, des médias, de la justice, de la police, du patronat, de l'administration, des réseaux de pouvoir en général, ont bien des raisons de se coucher devant Macron, à commencer par les raisons idéologiques, ils pensent comme lui.

Mais, surtout, ils ont une raison dure, physique, de se coucher devant Macron : il n'y a pas de contre-pouvoir politique, il n'y a pas d'opposition, pas d'alternative. Donc ils n'ont pas de protecteur institutionnel contre Macron.

C'est là qu'on voit (une fois de plus, puisque nous trainons ce boulet depuis 50 ans) que le drame politique de la France est de ne pas avoir de droite. Les Giscard, Chirac, Juppé, Sarkozy et compagnie ont été des naufrageurs de fond et de long terme pour la France.

Et les plus jeunes, Retailleau, Pécresse et autres abrutis du même calibre, au lieu de s'opposer, renchérissent sur le pouvoir macroniste, par calcul minable et, plus que probablement, erroné. C'est une vraie trahison de leurs devoirs politiques.

L'emprise de la tyrannie macroniste s'étend donc par l'activité des tyranneaux mais aussi par l'absence de résistance en face.



Le Brexit rend-il l'indépendance trop chère pour les Ecossais ?

Il ya quelques jours encore, je pensais que le Brexit menait quasi-inéluctablement à l'indépendance de l'Ecosse. Il semble que je me sois trompé :

Boris Johnson's hard Brexit makes Scottish independence all but impossible, whatever the emotions.

Et on sait que, pour les Ecossais, un sou est un sou.

Le sujet est à la mode puisque Zemmour et Bock-Coté en ont parlé hier soir :

Quand la France est au pied du mur. De Clovis aux taxis de la Marne. (C. Tardieu)

J'ai acheté ce livre parce que j'avais apprécié un précédent. Dommage que Tardieu ne prolonge pas son analyse des miracles français jusqu'à De Gaulle.

Très déçu. N'achetez pas.

Je passe sur des erreurs factuelles et sur des fautes de syntaxe évidentes qui révèlent un ouvrage bâclé.

Si l'auteur écrit ce livre, c'est parce qu'il sent bien que la France est en danger, pourtant il sacrifie beaucoup trop au politiquement correct. Il nous dit par exemple que nous sommes dans l'obligation d'intégrer les immigrés, ce qui est ridicule, puisque tout notre problème est justement que c'est impossible.

Mais le clou du spectacle, c'est quand il essaie de rationaliser Jeanne d'Arc. Bref, toutes les bonnes idées, c'est Yolande d'Aragon et on apprend que Jeanne est idolâtre puisque Dieu ne prend pas partie dans les guerres (ah bon ? Et les guerres d'Israël ?). Je révèle un petit truc pour l'auteur : Dieu est du coté de l'ordre et la justice et Jeanne ne dit pas autre chose.

A éviter.


Rougeyron de fin d'année

J'aime bien sa manière d'assassiner le Macron (7'30) :



Vous connaissez mon obsession stratégique pour l'outremer. Je souscris donc à son analyse que notre avenir est dans le Pacifique, avec la Russie et la Chine plutôt qu'avec l'Allemagne croulante sous les vieux et les immigrés.

Son opinion ridicule d'intellectuel intellectualisant sur la chasse montre cependant les limites du personnage. Il faudra lui acheter pour Noël le Dictionnaire amoureux de la chasse de Dominique Venner.

Ces vérités cachées, ignorées ou refoulées


Ces vérités cachées, ignorées ou refoulées

1) La réforme des retraites qui est proposée est de nature foncièrement idéologique: elle consiste à supprimer 42 régimes particuliers  pour les fondre en "un système à points" unique. Cela concerne les cheminots, certes, mais aussi les médecins, les agriculteurs, les notaires, les militaires, les avocats, les ouvriers agricoles, professions libérales, professeur de l'enseignement privé, etc. Une étrange logique de la table-rase et du nivellement, bien socialiste, au pire sens du terme, vise à interdire aux professions de s'organiser en tenant compte de leurs spécificités, et ainsi à imposer une uniformisation bureaucratique. 42 régimes, pages 20 et 21. 
2) Son caractère discriminant est paradoxalement incompréhensible: elle devrait concerner (comprend-on), les personnes nées après 1975 et épargner les classes d'âge antérieures à cette année. Le clivage ainsi opéré semble indiquer qu'un effort d'adaptation serait imposé au moins de 45 ans tandis que les plus de 45 ans en sont exonérés. Une discrimination reposant sur l'âge se substitue ainsi aux catégories fondées sur les métiers. A la guerre comme à la paix, ce sont les jeunes qui payent pour les anciens. Quelle plus insupportable injustice? Dans l'histoire, aucune réforme fondée sur un traitement inéquitable, frappant la jeune génération et protégeant l'ancienne, n'a d'ailleurs  jamais abouti.
3) Cette réforme qui focalise toute l'énergie du pays, passe à côté de l'essentiel: elle ne présente aucun avantage pour le règlement des fléaux qui ruinent la France, c'est-à-dire l'écrasement fiscal du pays, sa dette vertigineuse, la crise de l'autorité de l'Etat, la violence, le communautarisme, la chute du niveau scolaire, la désindustrialisation, le chômage qui recule partout, sauf en France, la perte de crédit dans le monde l'effroyable effondrement de la confiance dans le politique.
4) Son succès dans quelques milieux, surtout de droite traditionnelle, tient à l'émotion plutôt qu'à la raison, l'instinct de revanche contre les cheminots et leurs syndicats... L'idée de les voir mordre la poussière produit, dans ces milieux, une sorte d'étrange jubilation et d'excitation: celle que produit le chiffon rouge dans l'arène.  Le soutien de droite à la réforme ne tient pas à autre chose: l'abattage de la "bête immonde"ou la logique du bouc émissaire. Cette euphorie malsaine couvre tout le reste, le fond d'une réforme qui n'intéresse personne. Et cela pour des avantages économiques non évalués, mais sans aucun doute infimes, voire inexistants, compte tenu du déséquilibre démographique qui subsistera, des dérogations liées à l'ancienneté et de la hausse progressive de l'âge de la retraite des cheminots, déjà à l'oeuvre.
5) Le fond de l'air a quelque chose de monstrueux. Le niveau de mépris de la classe dirigeante pour les "sans-dents" atteint un niveau paroxystique qui n'a sans doute sans précédent dans l'histoire contemporaine. D'un côté, une infime caste qui bombe le torse et redouble de coups de menton en s'enfermant dans une posture de fermeté aux accents radicalement narcissiques, voire électoralistes; de l'autre les salariés, les étudiants, les enfants et les mères de familles, plongées dans un chaos indescriptibles, obligés de se battre pour s'entasser dans un autobus ou un métro. Quelle pire image qu'un pouvoir politique qui accule les Français à se battre les uns conte les autres?
6) Les coups de menton des uns et des autres n'y changeront rien. La crise est sans fin. Elle n'aura ni vainqueur, ni vaincu. D'ailleurs, depuis les lois Valls de 2016, la bataille de NDDL, suivie des Gilets Jaunes, des violences des Black blocs, et des troubles sociaux actuel, la France est plongée dans un désordre permanent et croissant auquel les Français finissent par s'habituer. Ne parlons pas des attentats islamistes qui ont fait 260 morts en cinq ans. Les troubles autour de la réforme des retraites vont ronger le pays pendant des mois, des années. Peu à peu, de concession en concession, cette réforme idéologique va tomber en déliquescence, par détricotage subreptice. Evidemment. Déjà, les policiers et les magistrats... Enfin, quand je dis, "ni vainqueur, ni vaincu", c'est faux: il y a déjà une grande vaincue, malheureuse, humiliée, traînée dans la boue, risée de toute la planète: la France.
Maxime TANDONNET

Boeing va-t-il faire faillite ?

La question en titre de ce billet commence à se poser car il apparaît que les difficultés du 737 MAX ne sont pas circonstancielles, qu'elles ne sont que la partie émergée de l'iceberg.

Boeing va suspendre la production du 737 MAX !



Cet article avec ses commentaires est intéressant :

Boeing didn’t want to re-engine the 737–but had design standing by

Deux problèmes de fond :

1) les financiers et les managers ont pris le pouvoir sur les faiseurs d'avion, induisant des décisions techniques mauvaises, voire franchement désastreuses. C'est une recette sûre pour la catastrophe que d'essayer de faire du profit à court terme sur une industrie à cycle long.

Ils n'ont pas su prendre leurs pertes face à l'A320 NEO et passer directement à la génération suivante.

Toute la compétence de Boeing, de la conception à la production est mise en doute. Par exemple, il se dit qu'on a demandé aux pilotes d'essai d'expurger leurs rapports de vol. Il est aussi connu que les 777 sortant d'une certaine usine sont moins fiables que ceux sortant d'une autre usine.

2) la Federal Aviation Authority ayant, pour des raisons d'économies, sous-traité à Boeing la certification de ses propres avions (comment une telle aberration est-elle possible ?), c'est toute la gamme qui est devenue douteuse. Evidemment, la FAA fait du zèle pour se refaire une virginité.

Le gouvernement américain aurait dans ses cartons une scission de Boeing, pour laisser les avions civils voguer vers leur funeste destin tout en sauvant le militaire.

Et Airbus ? Etant dirigée par les mêmes managers ayant fait les mêmes MBA où ils ont appris les mêmes conneries, la firme européenne n'est pas préservée par miracle de rencontrer ce genre de problèmes. Néanmoins, le fait que l'organisme de certification lui ait beaucoup moins délégué la protège en partie. Bref, aujourd'hui, c'est plus sûr de monter dans un Airbus que dans un Boeing.

Le plus gros problème pour Airbus va être de garder la tête froide.

Se pose désormais la question passionnante du changement de configuration. Il semble bien que la configuration "moteurs sous les ailes" soit en bout de course.

mardi, décembre 17, 2019

Libres réflexions sur la peine de mort (JL Harouel)

Vous savez ce que je pense de la peine de mort (ici, ici et ici).

JL Harouel considère que faire de l'abolition de la peine de mort un absolu (elle est désormais inscrite dans notre constitution) est progressivement destructeur de toute possibilité de vivre en société. Il est donc important de comprendre la fétichisation de l'abolition.

Harouel commence par l'ignoble Dernier jour d'un condamné à mort. Ignoble car manipulatoire : Hugo efface totalement le crime et sa victime pour nous apitoyer sur le criminel. Procédé très efficace employé par Badinter dans ses plaidoiries : parler du crime et de la victime le moins possible, dans l'idéal pas du tout. Considérer le crime comme une chose accomplie, à rejeter dans un lointain passé, une page à tourner, n'ayant aucun rapport avec le criminel et son procès, et, bien sûr, avec la justice.

Significativement, Badinter parle quelquefois dans ses interviews des proches de la victime mais jamais de la victime elle-même, comme si elle n'avait jamais existé.

Péguy, avec sa perspicacité habituelle, a dévoilé le vilain petit secret de Hugo (qui est aussi celui de Badinter) : « M. Hugo aime les assassins ».

Harouel, fidèle à sa ligne (ici et ici), voit les racines de cet amour des assassins dans une forme particulière d'anti-christianisme, la gnose.

La peine de mort est chrétienne (en voulant rendre abolitionniste le catéchisme, Jorge Bergoglio (1) prouve, s'il en était encore besoin, qu'il n'est pas chrétien). En effet, pour un chrétien, l'homme est à la fois infecté par le Mal et responsable de ses actes, ce qui justifie que certains soient mis à mort par la société. La justice des hommes, quoiqu'imparfaite, est une exigence d'ici-bas et Saint Thomas d'Aquin dit que le juste se réjouit du châtiment du criminel.

Jésus sur la croix ne dit pas aux deux larrons que leur peine est injuste. Il dit au bon larron qu'en se repentant, il sauve son âme. C'est la dignité du criminel : en étant puni, de devenir un signe que la justice passe ; en se repentant, de sauver son âme.

Les Etats pontificaux, tant qu'ils furent indépendants, pendant mille ans, appliquèrent la peine de mort sans hésiter. Et pour que les choses soient bien claires (« Rendez à César .. »), le pape avait des tribunaux d'Eglise, qui ne pouvaient pas prononcer la peine de mort, et des tribunaux d'Etat, qui le pouvaient.

Bref, l'abolition dogmatique de la peine de mort ne peut s'envisager que dans des sociétés déchristianisées et devenues anti-chrétiennes.

La religion des droits de l'homme qui, très rapidement, en 50 ans, s'est substituée en occident à toutes les religions et pseudo-religions est une idéologie de suicide collectif (2).

L'absolutisation de l'Autre nous empêche de défendre quoi que ce soit qui nous appartienne, territoire, culture, coutumes, histoire, ordre, justice etc.

L'appareil judiciaire au sens large, avec ses cours et ses conseils, en combattant toutes les discriminations, y compris les plus légitimes, comme entre le coupable et l'innocent, entre l'étranger et l'autochtone, se révèle un instrument très efficace de ce suicide collectif (au moins, Harouel ne tourne pas autour du pot). Le plus gros facteur d'insécurité dans nos pays est, tout simplement, l'appareil judiciaire (les Français le sentent d'ailleurs instinctivement, mais c'est très bien documenté. Dernièrement, dans un livre de Philippe Bilger).

De cette préférence des magistrats pour les assassins , on en trouve tous les jours les preuves. Tenez, pas plus tard que ce matin :



Bien sûr, le fait que ce laxisme pro-criminel soit toujours argumenté juridiquement n'a aucune importance : c'est le métier des amoureux des assassins d'argumenter juridiquement. N'empêche que ce n'est pas juste, au sens le plus élémentaire du mot justice.

Et l'avortement ? En toute logique, si la vie du criminel est sacrée, encore plus celle du bébé dans le ventre de sa mère. Mais c'est un raisonnement que ne fait pas la religion des droits de l'homme : comme le communisme, les catégories de la logique et du bien et du mal, ici et maintenant, ne la concernent pas. Ce qui la concerne c'est le but : en l'occurrence, une société de l'indifférenciation.

Les sources de la religion des droits de l'homme ? La gnose et le millénarisme, bien sûr (voir les billets en lien au tout du début du présent billet).

Harouel déplore que l'Eglise se soit convertie à cette religion des droits de l'homme. Elle trahit sa mission spirituelle et bascule dans l'hérésie pure et simple, et aussi dans l'insignifiance (quoi de plus insignifiant que le pape actuel qui répète ce que disent tous les perroquets de la bien-pensance médiatique ?).

Harouel remarque que beaucoup de clercs catholiques utilisent désormais une technique typiquement gnostique : prendre des bouts du Nouveau Testament totalement détachés de leur contexte, de leur histoire (notamment, de leur histoire juive) et de leur interprétation, pour justifier tout et, surtout, n'importe quoi. Typiquement, la parabole du Bon Samaritain pour justifier l'immigrationnisme sans frein ou « aimez vous les uns les autres » pour justifier n'importe quelle vie désordonnée au nom de la primauté des sentiments.

Ensuite, Harouel explique qu'il ne faut pas avoir honte d'être anti-abolitionnsite et passe en revue les arguments : dissuasion, non-récidive, protection des policiers. Il y a aussi que, contrairement aux absurdes et mortifères thèses rousseauistes, le Mal est en l'homme et qu'il y a des criminels irrécupérables (Stendhal et Freud étaient partisans de la peine de mort au nom de cet argument). En dehors de tout contexte religieux, les scientifiques montrent que la pulsion de mort est en l'homme et que, pour certains hommes, elle procure un plaisir inextinguible (par exemple, chez les tueurs en série, comme Dutroux qui va bientôt être remis en liberté par la « justice »  belge).

Mais l'argument le plus fort, c'est la justice vraie, celle du Décalogue, de l'humanité depuis des milliers d'années : il y a des crimes si abominables que seule la mort du criminel peut être à la hauteur du crime, réparer l'ordre cosmique blessé par la mort de l'innocent et rétablir le criminel dans son humanité (3).

D'ailleurs, certains criminels eux-mêmes l'ont reconnu. Cette ordure (4) de Badinter qui aime les assassins pensait que Pompidou allait accorder sa grâce à Buffet et à Bontems parce que c'était « un humaniste » (preuve que Badinter n'a rien compris à l'humanisme : l'humanisme vrai n'est pas l'ennemi de la justice). Pompidou a refusé et c'est tout à son honneur. Buffet, lui, avait refusé de signer son pourvoi en cassation.

L'exemple le plus connu est Jacques Fesch. Jeune meurtrier d'un policier veuf, laissant derrière lui une orpheline, il est condamné à mort. En prison, il lit beaucoup, se convertit et mène une vie exemplaire, au point que l'Eglise songe à en faire un Bienheureux. Le président Coty refuse sa grâce. Il a toujours considéré que sa mise à mort était juste.

L'abolition de la peine de mort détruit toute l'échelle des peines, qui veut qu'en face chaque crime il y ait une punition à hauteur de la gravité du crime. Cette destruction est le vrai but poursuivi par les idéologues anti-pénaux.

N'ayez pas peur de vous dire partisan de la peine de mort : cela signifie que vous préférez la vie des innocents à la vie des assassins. Vous rétablissez l'ordre du monde mis à mal par la préférence pour les assassins. Il n'y a aucune honte à cela, bien au contraire.

Il ne s'agit pas d'aimer la peine de mort mais d'aimer la justice.

Enfin, Harouel remarque que l'obsession de l'abolition est circonscrite à un cercle de blancs aisés (5) post-chrétiens, que ça ne fait pas grand monde mais que ça suffit à détruire une civilisation déboussolée.


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(1) : je devrais l'appeler pape François, puisque, pour le meilleur et surtout pour le pire, il est pape. Mais ça me fait mal à un double titre : qu'il soit pape, et de profaner le beau nom de François, un des saints les plus attachants.

(2) : j'ajoute que le suicide est aussi individuel. La rombière immigrationniste, le juge laxiste, ont tort de penser qu'ils seraient bien traités par les immigrés, par les criminels, si ces derniers prenaient le pouvoir. Il n'y a qu'à voir comment l'Algérie a traité les porteurs de valise après l'indépendance. Jean Raspail a déjà tout dit dans la Camp des saints.

(3) : oui, une erreur judiciaire est possible, mais ainsi va la justice des hommes. Ou alors, il faut renoncer à toute justice sous prétexte qu'une erreur est possible (ce qui est d'ailleurs la position des laxistes). Evidemment, cet absolutisme est fallacieux.

(4) : il me semble qu'il est légitime d'appeler ainsi quelqu'un qui a travaillé toute sa vie au triomphe de l'injustice.

(5) : les moins aisés sont plus confrontés à la criminalité et ne peuvent pas se permettre le laxisme. Encore un cas d'enfoirés bourgeois (plus bourgeois que les Badinter, y a pas) qui s'achètent une belle âme au détriment de toute la société. La trahison des élites est vraiment généralisée.