jeudi, mai 31, 2007
L'alcool et le tabac
> ce sont des des drogues
> leur action sur la santé est très nocive (évaluation : 45 000 morts par an en France pour l'alcool, hors accidents de la route, 60 000 morts pour le tabac)
> ils ont des effets d'accoutumance et de dépendance très forts.
> ils sont acceptés culturellement, en vente libre, et fortement taxés.
> ils font des victimes indirectes (tabagisme passif dans un cas, accidents et violences dans l'autre)
Pourtant, ces deux fléaux font l'objet de traitements par les pouvoirs publics très différents : le tabac est victime d'une stigmatisation, d'une guerre sans relâche, ce qui est très loin d'être le cas pour l'alcool.
mardi, mai 29, 2007
Le rail bien parti ?
Quand la SNCF découvre la concurrence
La SNCF découvre peu à peu, après avoir abusé de son monopole, les joies de la concurrence. Le marché du fret est déjà ouvert à la concurrence et des trains privés commencent à circuler, tandis que le marché voyageur va s’ouvrir bientôt : la SNCF devra vraiment apprendre à « nous faire aimer le train », par une politique qui prenne plus en compte les clients, au niveau du service comme à celui des prix, sans parler de la question des grèves que nous examinons par ailleurs.
Mais il y a un élément auquel la SNCF ne s’attendait pas du tout et qui l’a beaucoup surprise : c’est l’effet de la concurrence sur le personnel, sur les cheminots. Les nouveaux entrants, non contents de prendre des parts de marché à la SNCF, essaient aussi de lui prendre ses cheminots. En effet, jusqu’à la période récente, en raison de l’ancien monopole, aucune formation n’existait en dehors de la SNCF pour la conduite des trains. De plus, depuis le temps des machines à vapeur, les cheminots prennent leur retraite à 55 ans et même à 50 ans pour « les roulants », cela fait partie des avantages « acquis ». Et que font désormais ces jeunes retraités ? Ils vont travailler dans le secteur privé, pour conduire des trains privés !
Mieux encore, les nouvelles entreprises essaient maintenant d’attirer ceux qui sont encore en activité à la SNCF, leur permettant de mieux valoriser les compétences. De quoi rendre la SNCF furieuse, elle qui était habituée à son tranquille monopole. D’où sa réaction pour essayer de freiner le mouvement.
En effet, comme le raconte notre confrère Les Echos, qui publie cette information, ce sont les meilleurs qui s’en vont et qui permettent aux concurrents de la SNCF d’être plus compétitifs. Du coup, la SNCF, pour garder ses cheminots, va leur demander de s’engager à rester au moins cinq ans dans l’entreprise ou sinon de rembourser leur formation. Mieux encore, elle va chercher à se protéger du départ de ses cadres les plus expérimentés, dans le domaine des matériels, de l’infrastructure ou de l’ingénierie, en leur faisant signer une clause de non-concurrence d’une durée de un an. Mais il ne sera possible de les introduire que dans les contrats des nouveaux embauchés.
Tout cela n’est pas très fair play de la part de la SNCF, mais elle a été tellement habitué au doux cocon du monopole, qu’elle est toute surprise des rigueurs de la concurrence. Quand aux salariés, s’ils découvrent enfin que la concurrence leur est favorable, plus que le statut public, ils devraient s’intéresser moins aux discours de la CGT ou de Sud-rail…
Le PS est décidément mal parti
Entretien JMA Delanöe
A voir que le gouvernement est plutôt mal parti (message précédent) et que le PS part en eau de boudin, il y a de quoi s'inquiéter.
Le gouvernement Sarkozy mal parti ?
Cela se traduisait pour l'une par un grand vide parfumé de quelques pincées de maternage étatique, le vent avait une odeur de rose, pour l'autre par des déclarations aussi tranchantes que contradictoires.
Je rappelle brièvement mon analyse :
> La France souffre d'un problème d'offre, c'est-à-dire principalement d'investissement et d'organisation de l'économie, et non d'un problème de demande, c'est-à-dire de pouvoir d'achat.
C'est pourquoi toute augmentation de la consommation fait le bonheur des importateurs de produits asiatiques et non de l'industrie française.
> L'Etat est le principal boulet de la France, et le principal facteur de risques. Son fonctionnement et la rigidité qu'il fait peser sur l'économie marchande expliquent pour une grande part, mais pas totalement, le problème d'offre mentionné ci-dessus.
> La réduction des déficits est un levier politique d'amélioration de la productivité de l'Etat. Si l'Etat était aussi productif que le privé, la dette ne serait pas un problème puisqu'on aurait face une infrastructure ou un service de même valeur.
La dette n'est un problème que parce qu'on n'en a pas pour notre argent, parce que, quand on met 1 € dans l'Etat, on obtient un service qui vaudrait 0,75 € si il était rendu efficacement (si on allait jusqu'au bout du raisonnement, il faudrait que 1 € mis dans l'Etat génère un service valant 1,04 € pour payer les intérêts d'emprunt) (1).
Les deux priorités qui en découlent sont :
> Réduction de tous les impôts, entraves, règlements qui pèsent sur l'investissements et les profits.
> réorganisation de l'Etat dans le but de gains de productivité et, par la même occasion, de plus de justice (le Portugal réduit les effectifs publics de 25 % cette année avec un objectif à 40 % et en profite pour passer les fonctionnaires en contrats de droit privé).
Voilà schématiquement comment je perçois la situation.
Or, que fait le gouvernement Fillon depuis qu'il est nommé ?
D'une part, il fait tout un barnum autour des heures supplémentaires et de la réduction des impôts des particuliers, c'est à dire une politique de la demande, très peu payante électoralement (2) et totalement néfaste économiquement.
D'autre part, il suggère d'enterrer le combat contre les déficits, ce qui ne me gênerait pas si ce n'était à mes yeux le signe annociateur d'un enterrement en catimini de la réforme radicale de l'Etat, dont la France a besoin.
Bref, les augures ne sont pas bons.
S'agissant de la suppression de la carte scolaire, on en est au même recul : la suppression devient ajournement.
Tous ceux qui jouaient à se faire peur avec Sarkozy, les profiteurs du système, les abrités (3), les subventionnés, les fonctionnaires, les retraités "spéciaux" et tous ceux qui ont intérêt à ce que rien ne change parce qu'ils ne sont pas si mal dans la France d'aujourd'hui (4) avaient bien tort.
Pendant la campagne électorale, la question se posait de savoir si Sarkozy ferait la politique de Chirac ou celle de Thatcher.
Comme je l'ai déjà dit, on pourra commencer à porter un jugement en septembre 2007, mais, tout de même, les premiers signes n'encouragent pas à l'optimisme.
Je suis en train de lire une biographie fort intéressante de Margaret Thatcher. Elle n'avait pas la brutalité qu'on lui caricaturalement attribué en France, mais elle savait ce qu'elle voulait, elle avait une analyse de la situation très nette.
On a du mal à savoir ce que le nouveau président veut. A l'aune de Clémenceau : "La politique, c'est savoir ce que l'on veut, dire ce que l'on veut et faire ce que l'on dit.", Sarkozy pose problème.
J'ai bien peur que la France ne reste le pays où les tabous (5) protègent les statuts privilégiés.
En tous les cas, nous sommes à des kilomètres des réformes fondamentales qui ont réussi ailleurs.
"Ce n'est parce que c'est difficile que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas que c'est difficile." (Sénèque)
(1) : je dis tout cela de manière rapide, je sais qu'il est difficile de chiffrer ce que valent exactement les services étatiques.
(2) : tous les gouvernements précédents depuis vingt ans ont fait peu ou prou une politique de la demande, ce qui ne les a pas empêché d'être systématiquement battus.
(3) : pour l'anecdote, je fais partie des abrités. Mais je ne pense pas qu'à moi !
(4) : et tant pis pour les pauvres si le niveau de vie moyen pourrait être d'un bon tiers plus élevé avec des réformes libérales (je ne sors pas ce chiffre d'un chapeau, mais des exemples canadiens, suédois, kiwis, grands-bretons etc ...).
(5) : exemple : pourquoi ne peut-on licencier un fonctionnaire pour raison économique ? "Monsieur, nous sommes désolés, votre poste va disparaître et nous n'avons pas de place pour vous ailleurs."
lundi, mai 28, 2007
Petit exemple de malhonnêteté médiatique
Ce court article Le changement climatique loin de nos medias se moque de cette tendance en recensant un certain nombre d'épisodes exceptionnellement froids qui ont eu lieu cette année et qui n'ont donné naissance à aucun article dans les grands journaux.
Disons le tout net : dans un domaine de tant de variabilité et de tant de dispersion que la climatologie, la propension de nos medias à voir dans tout épisode chaud une confirmation d'un réchauffement climatique global (si cette expression a un sens) est parfaitement idiote.
Mais l'inverse est également vrai : ce n'est pas une recension de froids qui permet de conclure à l'absence de réchauffement global .
Je vois un certain nombre d'explications, d'ailleurs complémentaires :
> les journalistes sont paresseux
> les journalistes sont manipulateurs
> les journalistes sont moutonniers
Au cours d'une discussion avec un ami travaillant dans un domaine totalement différent du mien, constatant à quel point la presse généraliste rend très mal compte de nos spécialités respectives, nous en sommes venus à la question : « Mais, enfin, qu'apprennent-ils dans les écoles de journalisme ?»
Leur monte-t-on la tête sur le fameux 4ème pouvoir ? Cela expliquerait au moins le coté manipulateur.
Quelquefois, le simple bon sens devrait suffire à éviter les bourdes les plus grossières. Mais il y a parfois de parfaites malhonnêtetés, c'est après en avoir relevées un certain nombre dans le journal Le Monde que j'ai cessé de l'acheter.
Sur ce blog, il m'arrive aussi de déraper, mais je sais qu'un commentateur me reprendra, d'ailleurs il y en a qui me reprennent même quand je ne dérape pas.
Mais si je devais publier dans un journal, je tournerais sept fois mon doigt sur le clavier, je serais plus prudent, plus travailleur, je recouperais mes sources, bref j'essaierais d'en faire un métier.
JMA sur le jour férié travaillé de la Pentecôte
Voici un extrait du blog de JM Aphatie :
Xavier Bertrand, ministre du travail, des relations sociales et de la solidarité, était l'invité de RTL, ce matin, à 7h50.
Nous sommes le lundi 28 juin, jour de la Pentecôte. Selon la dénomination officielle, ce jour de Pentecôte, lundi de Pentecôte, est un jour férié travaillé. Admirable créativité de la machinerie française! Un jour férié travaillé. Cela existe-t-il dans un autre pays au monde? Ou bien sommes nous les seuls, encore une fois, à bénéficier de ces jours sublimes qui disent le raffinement de notre civilisation?
Un jour férié travaillé. Que l'appellation est belle. Bientôt, grâce aux progrès conceptuels que la France réalise jour après jour depuis la nuit des temps devant la stupéfaction admirative des pays qui ne nous arrivent pas à la cheville, ni aux genoux, nous dirons dans la rue: "Vois-tu cet homme grand petit?" Ou encore: "Dis bonjour à la dame blonde brune." Ou encore: "Cet homme droite gauche s'appelle François Bayrou." Ou encore: "Il fait nuit jour, je vais me coucher."
Jour férié travaillé. Pourquoi donc avons-nous inventé cette merveille? Officiellement, pour venir en aide aux personnes âgées et dépendantes. La canicule 2003, qui fut mortelle pour 15.000 personnes, démontra l'obsolescence du système sanitaire français. Ni le budget, plombé par les déficits, ni la fiscalité, déjà trop forte, ne pouvaient aider à résoudre le problème. Alors, sur une idée originale et originelle d'Alain Juppé, la politique française inventa ce jour férié travaillé, qui n'est pas autre chose, en réalité que la tentative manquée de déclassement du lundi de Pentecôte, la tentative de départ étant de mettre tout le monde au travail un jour supplémentaire, de prélever ainsi sur la richesse produite une taxe devant servir à alimenter un fonds spécial pour remettre maisons de retraites et hôpitaux au niveau suffisant pour pouvoir assumer les conséquences sanitaires du vieillissement de la population. Les difficultés furent telles, notamment dans l'administration, qu'après trois ans de pratique, le lundi de Pentecôte est devenu un immense bazar qui voit la SNCF rouler en service réduit, les écoles refuser les élèves, les grandes entreprises accorder des jours de RTT, la palme du grotesque revenant aux entreprises de transports routiers qui doivent travailler mais qui ne peuvent pas mettre les camions sur les routes au motif qu'il faut préserver la sécurité des usagers qui font le pont.
Où donc, dans quel autre pays, la civilisation a-t-elle atteint un tel raffinement?
J'ai posé une dernière question sur Hervé Morin, ministre de la Défense, sur les cinq membres de sa famille, son attaché de presse, sa secrétaire et son chauffeur, qui se présentent tous aux élections législatives. Mon but, en réitérant cette question aujourd'hui, après l'avoir déjà posé vendredi, est de souligner la conscience civique de notre ministre de la Défense qui n'hésite pas à mobiliser famille et connaissance pour la réussite de ces élections législatives.
Est-ce cela la rupture que l'on nous a promise? Peut-être. En tout cas, à ma connaissance, avant Hervé Morin, aucun ministre de la défense n'avait porté à ce point culminant d'incandescence fériée travaillée l'idéal démocratique de la République travaillée fériée française.
vendredi, mai 25, 2007
Pourquoi je ne lirai pas la lettre de Guy Môquet
Publié par Le Figaro le 19 mai 2007
Michel Ségal, Professeur de collège en ZEP.
Je suis enseignant de collège et je ne lirai pas la lettre de Guy Môquet à mes élèves.
Je ne leur lirai pas parce qu'ils seraient bien incapables d'en comprendre le sens profond, et même d'en comprendre les mots qui la composent ; parce que notre école demande aux enfants de réinventer eux-mêmes les règles d'écriture ou de syntaxe. Je ne la lirai pas parce que depuis une trentaine d'années, l'école leur apprend le mépris du patrimoine et la méfiance du passé. Je ne la lirai pas parce que cette lettre me fait honte, honte de la maturité d'un adolescent il y a plus de soixante ans face à l'infantilisation construite par notre école de ceux du même âge aujourd'hui. Je ne la lirai pas parce que nos enfants ignorent les événements auxquels elle se réfère ; parce que notre école préfère par exemple demander à des enfants d'analyser des « documents » plutôt que de leur enseigner des dates et des événements. Je ne la lirai pas parce qu'il y a longtemps que l'école refuse de transmettre aucun modèle ; parce que notre école n'envisage plus les textes d'auteurs comme des exemples mais comme des thèmes d'entraînement à la critique. Je ne la lirai pas tout simplement parce que notre école a délibérément détruit l'autorité qui pourrait permettre une lecture et une écoute attentives.
Je ne la lirai pas parce que, même âgés de 16 ans, mes élèves ne sont que de petits enfants bien incapables d'appréhender son contenu et resteront sans doute ainsi toute leur vie : ainsi en a décidé notre école. Peut-être ne me croyez-vous pas car l'école que connaissent vos enfants ne ressemble en rien à celle que j'évoque ? En effet, j'ai peut-être oublié de vous préciser l'essentiel : je travaille dans une ZEP, c'est-à-dire là où peuvent être appliquées à la lettre et sans risque de plainte toutes les directives ministérielles, là où se préfigurent l'horreur et la misère du monde construit par notre école.
Non, Monsieur le Président, je ne lirai pas la lettre de Guy Môquet tant que n'auront pas été engagées les réformes structurelles du ministère de l'Éducation nationale qui mettront fin à la démence toute puissante des instances coupables des mesures les plus destructrices de tout espoir de justice sociale, tant que n'auront pas été engagées les réformes pour que l'école cesse de conforter les enfants dans leur nature d'enfants, pour que l'école accepte enfin de remplir sa seule mission : instruire.
mardi, mai 22, 2007
Question sur le cumul des mandats
Pourquoi les politiciens des autres pays démocratiques ne cumulent-ils pas les mandats et pourquoi les nôtres le font-ils ?
Je ne trouve pas de réponse qui me satisfasse.
Votre avis ?
Pierre-Gilles de Gennes est mort
PARIS, 22 mai (Reuters) - Pierre-Gilles de Gennes, prix Nobel de physique 1991, est décédé vendredi 18 mai à Orsay, dans l'Essonne, a-t-on appris mardi auprès de la municipalité.
Considéré comme un chercheur hors normes, Pierre-Gilles de Gennes, 74 ans, avait été distingué par l'académie Nobel pour ses travaux sur les cristaux liquides et les polymères, un prix couronnant trente années de recherches.
De Gennes s'est appliqué à réunir dans une même équipe des gens, expérimentateurs et théoriciens, de plusieurs disciplines différentes. Leurs travaux ont souvent donné naissance à de multiples applications industrielles, comme les écrans cristaux liquides.
Par son enseignement et ses fréquentes visites dans les établissements scolaires, Pierre-Gilles de Gennes s'était efforcé de populariser la physique et plus généralement les sciences auprès de la population française [hélas, peut-être pas avec une grande réussite].
Une fois "nobélisé", il avait entrepris pendant 18 mois la tournée de 150 établissements scolaires, rencontrant des milliers de lycéens.
Dans les colonnes du Monde, le chercheur avait publié un virulent plaidoyer pour une rénovation de l'enseignement.
Il y expliquait qu'un "élément important de la formation à 15 ans consiste à travailler dans un garage pour y apprendre de la mécanique mais aussi les rapports humains". [Entièrement d'accord : la mécanique est suffisamment simple et concrète pour ne pas rebuter, et c'est jouissif d'être autorisé à se salir, et suffisamment complexe pour être instructive. Quant aux rapports humains, ce n'est évidemment pas à l'école qu'on en apprend toute la palette, quoique la fréquentation des classiques y aide, mais les classiques, de nos jours, sont négligés par l'école.]
Aux enseignants, "très mal informés de la vie moderne", il conseillait de passer six mois ou un an en entreprise. [Je croyais que ce genre de propos faisait de moi un réactionnaire obsessionnel ne connaissant au merveilleux corps enseignant, au moins, nous voilà deux !]
La ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche, Valérie Pécresse, a salué la mémoire d'"une figure de proue qui aura marqué la science française" et "un humaniste militant".
"Pionnier de ce qu'il appelait lui-même la physico-chimie de la matière molle, Pierre-Gilles de Gennes a marqué des générations de chercheurs et d'étudiants", dit un communiqué.
"Au-delà de la recherche, la transmission de la connaissance était au coeur de son engagement, ajoute la ministre. "Avocat passionné de la science jusqu'au dernier jour, Pierre-Gilles de Gennes a plaidé sans relâche la cause de la science auprès des jeunes."
lundi, mai 21, 2007
Premier mauvais point pour Sarkozy
Je pense que le cumul des mandats est une tare gravissime de notre système.
Je vous avais dit que j'étais d'accord avec ce Canadien déclarant que, à l'exemple de JF Coppé, maire de Meaux, député, conseiller général, ministre, porte-parole du gouvernement, nos ministres n'étaient pas des professionnels se consacrant à leur tâche mais plutôt des amateurs cumulant les hobbies.
Cette prétention de nos ministres à être des surhommes, dotés d'ubiquité et indispensables partout est proprement ridicule.
Voilà un domaine où, hélas, trois fois, hélas, il n'y aura pas de rupture sarkozienne. Aujourd'hui, en plein état de grâce, cela passe quasi inaperçu, cela n'enlève rien au coté dommageable de l'affaire.
Devenez boucher
Jean-Robert Pitte, président de la Sorbonne et auteur de Jeunes, on vous ment ! parle de cette affiche chez son boucher de la rue Monge.
Le texte en est d'une simplicité biblique : "Devenez boucher, études payées, pas de chômage".
Je ne dis pas que tous les jeunes Français doivent devenir bouchers, mais, enfin, on vit dans un paradoxe infernal : la France a un taux relativement bas d'étudiants supérieurs qui achèvent correctement leurs études et les métiers manuels et artisanaux sont délaissés.
Autrement dit, il y a des palanqués d'étudiants ratés qui se retrouvent sur le carreau, certains pouvaient devenir fonctionnaires surqualifiés dans des emplois subalternes, mais la porte se ferme.
Si quelques uns de ceux qui glandouillent à la Sorbonne, à Assas, à Nanterre ou ailleurs pour profiter des avantages sociaux du statut d'étudiant se lançaient dans la boucherie, ils y trouveraient le moyen de remplir une tâche utile et en plus de libérer de la place et des moyens pour ceux qui ont vraiment une vocation et des capacités aux études supérieures.
J'entends certains proclamer "bac + X" comme un titre de gloire, et alors ? Mieux vaut avoir "bac-X" dans un métier qui marche avec l'espoir réaliste d'être un jour son propre patron que "bac + X" au chômage dans une filière sans avenir.
Je m'exprime peut-être durement, mais comme JR Pitte, je trouve qu'on a trop menti, et qu'il convient de rappeler certaines vérités.
dimanche, mai 20, 2007
Marie-Madeleine Fourcade, un chef de la Résistance (M. Cointet)
Cet ouvrage était évoqué par la NRH pour rappeler que la Résistance n'était en rien, vraiment en rien, l'exclusivité de la gauche.
Cependant, c'est une biographie qui n'a absolument aucune vocation polémique, écrite par une proche mais sans complaisances .
Marie-Madeleine Méric (Fourcade est son nom de remariage d'après-guerre), ravissante jeune femme de 33 ans, mère de famille, issue des milieux d'extrême-droite, se retrouve chef du réseau d'espionnage Alliance après l'arrestation de Georges Loustaunau-Lacau dont elle était l'adjointe.
On y retrouve, comme dans la biographie de Lucie Aubrac, la difficulté d'être mère et de vivre dans la clandestinité.
Le cas de Marie-Madeleine Fourcade est d'autant plus remarquable qu'elle se révéla en pratique douée pour la fonction de chef de réseau. Pourtant, elle n'eut pas l'honneur d'être faite compagnon de la Libération, misogynie de l'époque ?
En tous les cas, un livre passionnant à lire.
Le mémorial d'Alliance est disponible sur internet. Il y a notamment le discours d'hommage racontant la vie dans la clandestinité.
Ajout du 21/05 : dans ma distraction, j'ai oublié de vous signaler un point important, qui est la seule véritable allusion de cette biographie à la France contemporaine.
Dans la conclusion, l'auteur nous rappelle, suivant les mots de Lucie Aubrac, que la Résistance, dont Alliance, a témoigné de l'extraordinaire vitalité de la société française, notamment de la classe moyenne, qui fut souvent négligée par l'historiographie (on devine là une allusion au mythe de la Résistance propriété de la gauche). Marie-Madeleine Fourcade qui, pour bien les connaître, se méfiait des politiciens et des généraux, de la politique en général, s'est appuyée en toute confiance sur des Français courants.
Malicieusement, Michèle Cointet conclut que la France de Marie-Madeleine Fourcade n'est pas la France qui tombe.
Ces mots de la fin ne peuvent que faire chaud au coeur au libéral que je suis : si je crois, comme N. Baverez, que l'Etat est un boulet pour la France, je sais aussi qu'il y a dans le pays des ressources qui ne demandent qu'à être libérées. Il n'y a de richesses que d'hommes.
Irina Palm
La femme fatale
FF
Ségolène Royal a tenté de faire interdire ce livre sous prétexte d'atteinte à la vie privée.
La façon qu'elle a eu de demander à ses enfants de choisir entre elle et leur père n'est pas très glorieuse.
En fait, le plus gênant pour elle est ailleurs : son caractère exécrable (1) et la désorganisation de sa campagne, ou, plus exactement, l'erreur d'organisation : l'équipe de campagne ressemblait plus à une équipe publicitaire (2) qu'à une équipe politique.
On comprend que Sarkozy, avec son équipe organisée comme une machine de guerre, ne pouvait rêver meilleur adversaire, et qu'il fera ce qu'il peut pour qu'elle lui soit opposée en 2012, car certains traits fondamentaux de SR rendent son élection très difficile : le mysticisme ("Je suis habitée" dit-elle), la défiance vis-à-vis du PS, le mépris des compromis, la croyance au primat de l'image sur la politique, l'incapacité à mener un travail d'équipe, le peu de goût pour l'approfondissement des dossiers et des idées ...
Elle peut changer sur tous ces points, mais ce n'est pas le plus probable.
Deux points subalternes : il se confirme que Julien Dray, que je n'ai jamais aimé,
est un néfaste, un fouteur de merde, le genre d'amis qu'il vaut mieux ne pas avoir avec soi. SR et son équipe ont fait pression sur les journalistes pour empêcher certains articles, faire muter certains journalistes, les pressions sur la presse ne sont pas une exclusivité sarkozienne.
(1) : elle est rancunière, or, c'est un défaut très grave en politique, car les adversaires d'aujourd'hui peuvent être les alliés de demain.
(2) : son équipe a paru par moments "gentillette", naïve et à d 'autres moments exagérément agressive, parce qu'il lui manquait une direction politique permettant de trier les priorités et les messages.
vendredi, mai 18, 2007
Maître Eolas nous parle du nouveau gouvernement
Voici quelques avis sur la politique récente :
Un gouvernement de prix
Grotesque François Hollande
Brèves considérations sur notre nouveau gouvernement
La gauche en perte d'hégémonie idéologique
La gauche a durablement perdu son hégémonie idéologique [Je n'en suis pas sûr : nombreux sont les Français qui continuent à considérer que l'argent public n'est pris nulle part et que celui-ci se répand sur l'économie comme une pluie bienfaisante]. La victoire de Nicolas Sarkozy met en lumière la déconnexion de ses gourous. Tel Emmanuel Todd, par exemple, qui assurait à la vieille du premier tour ( L’Humanité, 5 avril) que le candidat avait « assez peu de chance d’y faire un gros score » [E. T. est pour moi une des plus grosses déceptions de ces dernières années : de jeune démographe prometteur, il est devenu un vieux con pontifiant de la gauche auto-satisfaite et donneuse de leçons]. Désemparées, les bonnes consciences en sont à suggérer que les Français sont devenus idiots. C’est à peu près ce que soutient ce membre du Conseil scientifique d’Attac ( Libération, mardi), Susan George, en constatant : « Ainsi, en France, en 2007, l’on peut faire voter les gens contre leurs intérêts ». [C'est toute la beauté de la démocratie : les illuminés qui croient qu'ils ont raison contre la majorité doivent soit convaincre et devenir une majorité soit changer d'idées soit, enfin, renoncer au pouvoir.]
Public-Privé : j'avoue, j'ai tort
Mais les avenirs sont différents. « Lorsque vous avez un siège et un traitement qui vous attend au Conseil d’État, vous n’êtes pas à plaindre, explique un haut fonctionnaire, bien sûr vous perdez les primes de cabinet, qui peuvent représenter une plus-value de 30 % à 40 %, mais vous n’êtes pas chômeur. »
Les anciens salariés du privé ne perçoivent aucune indemnité. Pour eux, c’est l’incertitude, et parfois l’angoisse de se retrouver au chômage. Il n’y a guère que le ministre, son directeur de cabinet et l’adjoint de ce dernier qui reçoivent un salaire pendant six mois. « C’est très dur, raconte un conseiller technique de Philippe Bas à la Santé, l’administration vous réclame même le remboursement d’une partie du dernier salaire. Après, on se demande pourquoi la société civile ne s’engage pas plus en politique ! »
Lisant cela, j'ai compris : la sur-représentation des fonctionnaires en politique, qu'on peut exprimer aussi en disant qu'il y a une sous-représentation des 80 % de Français qui ne sont pas fonctionnaires, n'est pas le simple fruit comme je le pensais à tort de la stratification de règlements divers, mais une stratégie délibérée, sous couvert de règlements, visant à traiter tous les non-fonctionnaires comme des intrus en politique, il faut rester entre soi, c'est-à-dire, entre fonctionnaires.
jeudi, mai 17, 2007
La cérémonie du sacre de nos rois et la fête de la Fédération
Je ressens la même impression pénible à entendre certains, de gauche bien évidemment, nous expliquer que le discours de Nicolas Sarkozy au bois de Boulogne est une «intolérable récupération» de la Résistance.
Ces gens-là se sont-ils laissés prendre par leurs propres mensonges ? A force de hurler «Sarko facho» et de diffuser le Chant des Partisans à fond de sono à la moindre manifestation d'un groupuscule gauchiste, ont-ils fini par croire que le nouveau président est réellement un fasciste et que la Résistance appartient exclusivement à la gauche ?
Remettons les choses en place, la Résistance est à tout le monde et transcende les partis politiques.
Honoré d'Estienne d'Orves, Henri Frenay, le colonel Rémy, Passy et tant d'autres n'étaient certainement pas de gauche, c'est le moins qu'on puisse dire. Est-il besoin d'insister ?
Le choix du bois de Boulogne est particulièrement bienvenu puisque de jeunes communistes et de jeunes chrétiens y sont morts côte à côte.
Quant à la lettre de Guy Moquet, elle ne contient pas un mot de politique.
Qu'on ait voté pour lui ou non, le président de la République est légitime de parler au nom de tous les Français, surtout dans un domaine, qui, quoi que semblent en penser les critiques que j'évoque, fait partie de l'histoire nationale, et pas seulement de l'histoire d'un parti.
Je suis peiné de devoir rappeler ces évidences.
Seul bémol : la demande, qui est un ordre, du Président de la République de lire le lettre de Guy Moquet chaque année dans les écoles me drange. Non que le geste me choque, mais le fait qu'il s'impose. C'est un effet naturel de l'étatisation de l'enseignement, dont vous savez tout le mal que j'en pense, et c'est un autre sujet.
mercredi, mai 16, 2007
Supprimons le ministère de la culture
Marc Fumaroli, dans L'Etat culturel, une religion moderne, a suffisamment décrit les maux de l'immiction de l'Etat dans les affaires culturelles pour qu'il soit utile d'y revenir (le compte-rendu de ce livre sur Catallaxia est extrait du blog de votre serviteur mais je n'ai pas réussi à le retrouver. Bien sûr, il s'agit d'une traîtrise des outils informatiques et non d'une mienne défaillance !).
Résumons en disant que le ministère de la culture, c'est cher payer une entreprise de stérilisation de la culture par le moyen la croissance démesurée de la mauvaise herbe des chasseurs de subventions.
L'idée de Marc Fumaroli est que la seule chose que l'Etat puisse et doive faire pour la culture
s'est d'assurer la meilleure éducation possible, afin de préserver le public de lettrés et de gens de goût qui est le terreau de la culture.
Vous retrouvez là l'heureuse idée de Nicolas Sarkozy (fasciste, forcément fasciste) de fusionner ministère de l'éducation et ministère de la culture, avec, je l'espère, disparition du second à la clé.
Bien sûr, d'hypocrites vampires d'argent public viendront nous expliquer, la colère dans la voix et les larmes aux yeux (ils sont comédiens par profession), que fermer le ministère de la culture, c'est tuer la culture en France et que, bien entendu, sempiternelle ritournelle des prébendiers étatiques, ils ne luttent pas pour eux-mêmes afin de conserver leur gagne-pain subventionné mais pour la grande cause de la culture, pardon, de la Culture.
Allons, vous saurez quoi en penser.
mardi, mai 15, 2007
Supprimons le statut de la fonction publique
Passons les fonctionnaires sous contrat de droit privé. Voilà d'un coup un bon paquet d'injustices supprimées (sécurité de l'emploi, retraites, salaires, avancement, facilités diverses ...).
Cela s'est fait dans la plupart des pays d'Europe.
J'entendais ce matin un journaliste suédois se dire scandalisé par le statut de la fonction publique en France. Et d'expliquer que parler de justice sociale est hypocrite quand une partie de la population a plus de droits que les autres.
Il n'a pas prononcé le mot "immoral", mais je l'écris car c'était clair dans son propos. Il estimait sans ambiguïté que cette bizarrerie française qu'est le statut de la fonction publique n'était pas à notre honneur.
C'est tout juste s'il ne nous a pas accusé d'avoir un seuil de tolérance aux injustices très très haut ; en prenant justement l'exemple du statut de la fonction publique. N'étant pas étranger, je peux me permettre d'être plus affirmatif : nous avons un seuil de tolérance aux injustices, pourvu qu'elles viennent de l'Etat, beaucoup trop haut. Certains en accusent Louis XIV, je ne sais.
Malheureusement, la suppression du statut de la fonction publique n'étant pas dans le programme du fasciste Sarkozy, ce n'est pas la peine d'y compter.
lundi, mai 14, 2007
Le PS n'est pas sorti de l'auberge
Toujours rien compris à la défaite. Il faut dire que Ségolène Royal qui essaie, dans le plus pur style confusioniste, de faire passer la défaite pour une victoire, ça n'aide pas.
Le problème, c'est qu'il y a une vie au-delà des "sympathisants du PS", il y a même des électeurs, et ceux-là, ils n'ont pas la foi royaliste qui sauve, on ne leur fait pas prendre des vessies pour des lanternes.
Extrait des Echos :
"Incapable de suppléer sur son centre à la déroute de sa gauche, [le PS] se dirige vers une contraction de ses performances électorales. Encombré d'une ex-candidate qui s'acharne à faire passer sa défaite pour une victoire, il semble bien destiné, bon gré mal gré, à ne pas pouvoir contourner sa championne. L'hommage émouvant que lui a rendu le nouvel élu à l'Elysée au soir de sa victoire montre d'ailleurs qu'il l'escompte bien lui-même. En ayant pris la mesure, il l'affronterait à nouveau sans déplaisir..."
Bref, Sarko jusqu'en 2017.
dimanche, mai 13, 2007
La crise des années 30 est devant nous (F. Lenglet)
FFF
Petit livre terrifiant : l'auteur y dresse, à coup de citations frappantes, un parallèle entre notre époque et les années 30 qui ne peut qu'inquiéter.
Examinons la chose dans l'ordre des chapitres :
1) Retournements
a) La finance : comme le dit l'adage boursier, les arbres ne montent pas jusqu'au ciel. Déjà dans les années 20, il y a eu des théories sur la "nouvelle économie" expliquant que les krachs étaient choses du passé. On sait ce qu'il en est advenu.
On peut d'ailleurs noter qu'internet est bien moins révolutionnaire que ne le furent en leur temps le chemin de fer et le télégraphe.
Il est certain qu'il va y avoir un krach boursier, je suis d'accord avec Lenglet, nous sommes entre deux krachs boursiers, et un krach immobilier.
Le tout est de savoir quelles en seront les conséquences. Or, même si celui de l'an 2000 n'était pas le "vrai" krach, l'économie a plutôt bien résisté.
Le problème actuel est que les risques financiers sont très répartis et, en grande partie, inconnus. Cela rend le système économique résistant, mais, si il cesse de résister, la crise risque d'être très profonde.
b) L'Europe : elle se désagrège à grande vitesse et peu d'espoir est permis de ce coté.
c) La géopolitique : le risque d'une guerre mondiale partant d'Asie est très important. De tous les risques recensés par cet ouvrage, celui-ci me paraît aussi probable que le krach. La France est devenue tellement provinciale que l'Asie ne l'intéresse que dans la mesure où elle est directement concernée. Pour elle, l'Asie, c'est les T-shirts à 1 € et les lecteurs de DVD à pas beaucoup plus.
Pourtant, c'est aussi une région en proie à une course aux armements débridée, aux nationalismes pas du tout apaisés et aux rancoeurs tenaces.
Je parierais bien que quelques temps (années ? Mois ?) après l'euphorie éphémère des JO de Pékin, la question taïwanaise redeviendra brûlante, avec une guerre pas du tout froide en perspective.
Taiwan risque d'être notre Dantzig.
2) Régressions françaises :
a) Elites en crise : comme dans les années 30, le peuple a les élites politiques et économiques qu'il mérite. Certaines pages de Marc Bloch ou de Bertrand de Jouvenel sont d'une actualité inquiétante.
Les élites économiques renient de plus en plus souvent leur patrie (par exemple, Franck Riboud a déclaré que la question de la nationalité de Danone n'était plus pertinente).
Quant aux élites politiques, le moins que l'on puisse dire est qu'elles n'éclairent pas la voie.
b) Le populisme : le populisme consiste à dire que le peuple, le "pays réel", sait mieux que les experts, que les dirigeants. Inutile d'y insister au sortir d'une campagne électorale où tous les camps ont utilisé la populisme à doses de cheval.
c) La crise d'identité : là encore, comme dans les années 30, tout s'articule : immigration, tensions internes et doutes sur notre place internationale.
Un des signaux les plus inquiétants est, là encore comme dans les années 30, l'abandon par les socialistes de leur internationalisme, comme Dominique Réynié le rappelait d'ailleurs quelques semaines après le NON au TCE, dans Le vertige social nationaliste. A l'époque, Léon Blum, s'avouant "épouvanté", avait fait barrage à Adrien Marquet, ultérieurement frappé d'indignité nationale pour faits de collaboration (1). On cherche encore le Blum d'aujourd'hui (2).
d) Les illusions économiques : non, pas plus que dans les années 30, la France n'est pas aujourd'hui un ilôt qui serait préservé par on ne sait quel miracle des vents du large de l'économie mondiale.
e) Eclipse des Lumières : sur ce point, en bon libéral, je suis de fer, voire d'acier, le relativisme ne passera pas par moi. Hélas, on ne peut pas dire la même chose de tous, y compris de quelqu'un qui fut Président de la République pendant les douze dernières années.
Or, le relativisme est mortel pour la démocratie : elle repose sur l'idée que certaines valeurs, fondamentales, sont applicables à tous car la condition humaine est la même pour tous. C'est le fameux "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits".
Ce n'est pas pour rien qu'André Malraux, qui avait vécu la crise des années 30, a plus tard déclaré "La France n'est jamais plus grande que quand elle parle pour tous les hommes."
Pour conclure, la crise des années 30, en France, a, au fond, les mêmes causes que notre crise actuelle, le refus des réalités, articulé au refus de l'universalisme : une France volontairement aveugle et sans ambitions, maladie dont la cause était, déjà, d'après Alfred Sauvy, dans le vieillissement de la population.
Gardons cependant à l'esprit que comparaison n'est pas raison et que l'histoire ne se répète jamais, même sous forme de farce (décidément, je ne suis pas marxiste).
L'histoire est très chaotique au sens physique du mot, une petite différence initiale peut résulter en une grande différence finale : une baïonnette levée de quelques centimètres et Charles De Gaulle meurt en 1916, un obus quelques mètres à droite ou à gauche et le caporal Hitler se transforme en chaleur et en lumière, des Boers un peu plus précis et Winston Spencer Churchill trouve une mort de jeune héros.
Espérons que, l'histoire portant leçon, nous ne commettons pas les mêmes erreurs que les hommes des années 30. C'était d'ailleurs ma raison de voter Sarkozy : certes, il est populiste ; certes, il a fait des promesses contradictoires, mais tout de même, il refuse moins de regarder le monde en face, il refuse moins de laisser deviner un projet, que son adversaire, mais que c'est étriqué par rapport aux enjeux !
Sera-ce suffisant ? J'en ai l'espoir, non la certitude.
(1) : un petit aparté : la gauche actuelle se présentant comme le camp du Bien oublie sa propre histoire. Nombre de socialistes se sont ralliés à la Révolution Nationale du Maréchal. Et si il n'y avait pas de camp du Bien, mais seulement des options politiques ?
(2) : je scrute la vie du PS car ce parti me paraît très malade et je m'en inquiète.
La science des ânes
Je préfère de beaucoup le point de vue du mathématicien Laurent Lafforgue, qui est que l'orthographe, la syntaxe et la grammaire constituent la première forme de pensée structurée. Or, une structure de pensée, de raisonnement, est indispensable au développement de l'intelligence.
Il est vrai que les pédagogistes, obsédés jusqu'à la bêtise d'égalitarisme, sont fondamentalement ennemis de l'intelligence et du savoir, qui sont toujours des outils de distinction.
De plus, la deuxième obsession des pédagogistes, chasser l'ennui de l'école et rendre l'apprentissage ludique, achève de ruiner l'instruction. Comme le dit Audiard avec son humour dans Mélodie en sous-sol, "Le travail, c'est comme un handicap, quand on l'a de naissance ou très jeune, on en prend l'habitude, on ne le remarque pas, mais si on ne l'a pas eu tout petit, après, c'est trop tard."
Je rapproche sans hésitation l'orthographe déplorable que je rencontre chez les jeunes ingénieurs et une confusion de la pensée et de l'expression qui n'est pas sans m'inquiéter.
Il peut y avoir des fautes d'inattentions (il y en a aussi sur ce blog !), mais, de plus en plus fréquemment, il y a des fautes lourdes qui témoignent de véritables contresens, d'une incapacité à construire un raisonnement et à l'exposer de manière claire.
Pour achever de vous démoraliser, vous lirez au début de la conférence de presse de L. Lafforgue cette lettre d'un ouvrier agricole ayant eu son "certif" dans les années 50. Aucun des bacheliers que je connais n'est capable d'écrire aussi clairement, sans même évoquer l'orthographe parfaite.
Mais bien sûr, rappelez cela, c'est être"réactionnaire" ! Peut-être ai-je tort, peut-être que, le progrès faisant rage, l'expression claire et le mot juste sont devenus inutiles, n'est-ce pas ?
Ségo droite dans ses bottes
A propos du parti socialiste
Nota : j'aime bien le blog de JM Aphatie malgré de fréquents désaccords. Par contre, les commentaires de ce blog sont d'une grande faiblesse (c'est ça, je découvre le peuple).
Pour mes fans
(Si le lien ne fonctionne pas, faites un clic droit dessus et "Enregistrer la cible du lien sous ...")
samedi, mai 12, 2007
La diabolisation de Sarkozy : une histoire de J. Marseille
Quelques jours avant les dernières élections, il dine avec une amie dont la fille est en train de préparer ses examens à l'Ecole des Chartes :
La dame : croyez vous que Sarkozy va être élu ?
JM : Très probablement.
La dame : Vous êtes sûr ?
JM : Non, on ne peut jamais être sûr à 100 %, mais, enfin, c'est de loin le plus probable.
La dame : Alors, il faut vite que je trouve un moyen de rassurer ma fille. Elle a vraiment très, très peur.
Marrant, non ? Une jeune fille a la veille de passer ses examens a peur ... de Sarkozy ! A part ça, la diabolisation et le bourrage de crâne, c'est une invention de la droite.
La gôche nous fait décidément bien rire, mais le comique n'a jamais aidé à gagner les élections surtout quand il est involontaire.
Jacque Marseille en profite pour rappeler une statistique de JR Pitte, le président de la Sorbonne : un étudiant de la Sorbonne a en moyenne 2,6 m² alors qu'un poulet de Bresse doit avoir au minimum 10 m² pour recevoir l'AOC.
C'est symptomatique de tous nos maux : nous sommes le seul pays au monde où un lycéen coûte plus cher qu'un étudiant, parce que les profs de lycée sont bien plus nombreux que les profs d'université, font plus de grève, font plus de bruit. Depuis des années, l'argent public va, non pas où c'est nécessaire, mais où ça bouge.
Je suis en train de lire une biographie de Margaret Thatcher (qui n'a pas été aussi brutale qu'on le dit en France et qui n'a pas démantelé l'Etat-providence ; mais c'est justement un des problèmes de la politique en France depuis quelques années : le rapport avec les faits et la réalité y est, spécialement à gauche, très distant.)
vendredi, mai 11, 2007
jeudi, mai 10, 2007
"Si tu ramènes ton copain Jospin pour me faire barrage, tu ne reverras jamais tes enfants."
Sous réserve de son authenticité, je m'en fais un pur délice : ce mélange grand-guignolesque de public et de privé, de politique et de famille, auquel s'ajoute le coté vindicatif, maintenant bien connu, de la dame est du plus haut comique.
Pour en revenir aux choses sérieuses, il se pourrait que Ségolène Royal soit le plus gros problème du PS :
> impossible à éliminer, du fait de son parcours remarquable.
> impossible à garder, car plus sûr moyen de perdre les élections (elle a style et des principes qui heurtent, et pas seulement à droite). Notamment, son dédain affiché pour les idées et les compétences, si il peut lui rallier un certain électorat, risque de lui en aliéner un autre encore plus important.
Je continue à penser que la défaite du PS vient avant tout de l'incohérence de ses idées. Or, il est évident que le travail des idées n'est pas la spécialité de Ségolène Royal ; tout le contraire, de ce point de vue, de M. Thatcher ou de T. Blair, qui sont arrivés au pouvoir avec une doctrine bien articulée. Elle se rapproche plus, comme c'est étrange, d'un Mitterrand, qui faisait de son inculture économique un sujet de plaisanterie, ou d'un Chirac.
Ajout du 12/05 : ça y est, le PS, au nom de la nécessaire union pour les législatives repousse la discussion sur les idées, les causes de la défaite et les hommes à après. Mais comme après il y a les municipales, autant dire que le PS va faire comme d'habitude : afficher une unité de façade pour ne vexer aucune des ambitions qui s'entrechoquent en son sein, enterrer tout débat un peu honnête.
On peut donc dire que le jugement de JF Revel sur le PS qui a plus de dix ans est toujours vrai (je cite approximativement) : le PS n'est plus un parti politique défendant des idées, mais un centre de placement, une écurie, où se battent des ambitions pour conquérir des places à coup de clientélisme, de passe-droits, de petites ou de grosses faveurs.
Quand je vous dis que nous sommes partis pour dix ans de Sarkozy ...
mardi, mai 08, 2007
Je pense à mes amis de gauche
Bon, OK, je n'ai aucune confiance dans leur jugement en politique, mais il n'y a pas que la politique dans la vie, il y en a qui savent faire un bon cassoulet.
Ceci étant dit, j'ai pensé à eux.
Ayant commencé la campagne électorale sarkoziste dubitatif, je l'ai terminé sarkoziste affermi, par la bêtise de la campagne de la gauche.
Quelques sommets de stupidité ont été atteints, un de ceux-ci étant à l'actif de la candidate
elle-même : la sortie, lors du débat, sur l'intégration des handicapés.
L'histoire très sexiste de "Votez pour moi parce qu'une femme fait de la politique autrement" n'était pas mal non plus. Elizabeth 1ère, Catherine II, Margaret Thatcher, Golda Meir, Angela Merkel n'ont pas fait, à ma connaissance, de la politique "autrement", et c'est très bien ainsi.
Une palme de bêtise revient aux intellectuels dont la rectitude morale auto-proclamée oscillait entre le grostesque et le pitoyable, en découlait des accusations stupides de "chasse à l'enfant", de "fascisme", les appels à la résistance, à prendre le maquis (!!!) et autres calembredaines. J'approuve l'article sur ce sujet d'Ivan Rioufol dans le Figaro, justement intitulé La gauche qui s'aime (trop).
Luc Rozencweig, journaliste du Monde à la retraite, faisait remarquer qu'à Paris, on peine à imaginer à quel point, dans le village de Haute-Savoie où il vit désormais, on tient dans le mépris le milieu intellectuel parisien ; du moins ceux qui le connaissent. Il y a quelques raisons pour cela.
Je me désespérais de trouver en France un socialiste intelligent, pondéré, en phase avec le monde. Je connaissais Pascal Lamy.
Cette inquiétude n'est pas feinte, il ne s'agit pas de ma part de commisération, je tiens pour indispensable à la bonne santé du pays l'existence de deux grands partis de gouvernement, responsables et ouverts sur le monde.
J'ai trouvé très peu de blogs de gauche soit-disant sérieux qui ne m'ont pas fait hurler de rire (la rubrique Sans commentaire de la revue Commentaires va être gratinée dans le prochain numéro).
Voici deux blogs qui changent, félicitations à leurs auteurs :
Fraise des bois, me voilà !
Claude Askolovitch
Grâce au quinquennat, tout va plus vite, même à gauche !
J'écrivais aussi : "DSK, lui, fera comme d'habitude : il se couchera et avalera les couleuvres."
Hé bien voilà : c'est déjà fait. Il a déclaré que si il avait paru critiquer la candidate, les idées et la campagne du PS, c'est qu'on l'avait mal compris.
La social-démocratie, la réflexion sur le monde comme il va, ce n'est pas la priorité.
En lisant la NRH
Si la NRH rappelle sur un ton polémique les vieilles polémiques enterrées autour des Aubrac, ce que j'apprécie très peu, la NRH en profite pour rappeler l'existence de Marie-Madeleine Fourcade, ce qui est bien.
Le dernier numéro a pour thème Le pouvoir et les femmes. Si le nom de Ségolène Royal n'est nulle part dans ce numéro, il est clair que tous les articles s'opposent à cette fadaise pour bêtas qu'est le ségolisme : non, les femmes n'ont pas une manière différente d'exercer le pouvoir quand elles l'ont.
Notamment, il y a un article sur Yolande d'Aragon, la belle-mère de Charles VII, qui fut le soutien et le "sponsor" de Jeanne d'Arc.
La vie des autres
Je m'en veux un peu d'avoir vu ce film si longtemps après sa sortie, vous n'aurez guère d'écrans pour le voir.
C'est l'histoire, en Allemagne de l'est, d'un agent de la Stasi, la police politique, qui s'attache à la famille d'artistes qu'il espionne.
Ce film a fait polémique en Allemagne parce que, les agents de la Stasi se surveillant les uns les autres, le scénario paraît impossible.
Cependant, ça n'enlève rien à mes yeux de la qualité de ce film.
Enfin, c'est le genre de film qui inspire une profonde horreur du totalitarisme et plus spécifiquement du communisme.
lundi, mai 07, 2007
Le PS évoluera-t-il ?
1) le PS a perdu parce qu'il n'a pas été assez à gauche (Fabius)
2) Le PS a perdu parce qu'il n'a pas fait sa mue sociale démocrate (DSK)
3) Le PS avait globalement raison et a perdu pour des raisons circonstancielles, par exemple "C'est la faute aux sondages et aux journalistes" (Hollande)
Eliminons tout de suite, la thèse 3 : la campagne a été trop longue, la participation trop importante pour que seules comptent les circonstances. Cette explication par les circonstances est assez pitoyable.
Les fidèles lecteurs de ce blog savent que la thèse 2 est la mienne : le libéralisme est la voie démontrée de la prospérité, si le PS n'en met pas une dose dans sa politique, il se condamne à être coupé des réalités.
Reste la thèse 1 : si elle l'emportait, elle condamnerait le PS soit à une longue opposition, soit à exercer le pouvoir en contradiction avec ses promesses puisque les réalités s'imposent toujours (voir le "tournant de la rigueur" de 1983).
Reste que je suis convaincu que c'est la première idée qui va l'emporter : le PS va glisser à gauche et quelques personnalités à sa droite genre Kouchner vont le quitter (DSK, lui, fera comme d'habitude : il se couchera et avalera les couleuvres).
Pourquoi ?
1) Parce que c'est dans sa nature : à part JM Bockel, aucun socialiste français vivant n'a jamais pensé positivement le libéralisme. Il n'est jamais trop tard pour bien faire, mais le PS part vraiment de très très loin.
2) Parce que l'attraction politique exercée par le peuple de la fonction publique, qui ne peut être qu'anti-libéral, se revélera plus forte que toutes les analyses et les études. Quand viendra le moment de choisir, le PS penchera toujours du coté des 5 millions de fonctionnaires français de préférence aux réussites des exemples étrangers.
La seule chose qui pourrait sauver le PS, c'est dix ans de Sarkozy : la transposition en France du cycle Reagan-Clinton aux USA ou Thatcher-Blair en GB. La droite fait les réformes difficiles, la gauche passe la pommade sans rien toucher des réformes précédentes.
Ajout de 13h30 : on parle déjà de querelles de personnes et la question se pose de savoir si Ségolène Royal est la bonne personne pour mener à bien la rénovation du PS. La réponse est assurément négative : elle n'a aucun goût pour les idées et le travail de fond, elle s'en est même fait un argument ("Je suis comme vous, je ne sais pas tout.") et elle est profondément sectaire.
SR va plus encombrer le PS qu'elle ne va le servir.
dimanche, mai 06, 2007
La campagne électorale est finie, le plus dur commence
La politique est faite de réalités
samedi, mai 05, 2007
La campagne électorale d'un pays malade
La campagne présidentielle qui vient de s'écouler a été très provinciale. Il est tout de même frappant que l'étranger ait été extrêmement peu évoqué lors du débat de mercredi.
Ce penchant désastreux pour le provincialisme n'a pas été atténué, c'est le moins qu'on puisse dire, par une Ségolène Royal creuse, candidate des medias et d'un PS sans idées -elle croit que la France, c'est Poitou-Charentes en plus grand- et par un Nicolas Sarkozy qui éprouve les plus grandes difficultés à élever son regard au delà de la technique politicienne.
Pourtant, c'est bien la place de la France dans le monde qui sera LA question du nouveau président ; place dans l'économie mondiale, place dans la diplomatie mondiale, place dans la science et la recherche mondiales, place de la France dans la concurrence mondiale de l'enseignement.
Ces questions ont été abordées de manière allusive, par exemple lorsque NS a évoqué la concurrence fiscale ou lorsque SR fait appel au "modèle scandinave". Mais c'est largement insuffisant, même si en réfléchissant on en détecte d'autres traces (l'autonomie des universités proposée par NS est une réponse directe à la compétition universitaire mondiale).
Or, c'est le signe d'un corps social malade que l'incapacité à sortir de lui-même, à se projeter hors des frontières et dans l'avenir.
Est-ce que le nouveau président saura résoudre cette maladie ? Le remède est évidemment (c'est évident pour ceux qui ont des yeux pour voir) dans un libéralisme intelligent. Mais c'est un art tout d'exécution, il y faut une main ferme et une tête subtile.
A mon sens, nous serons vite fixés : en septembre 2007, nous pourrons faire le point, nous saurons si le quinquennat est bien ou mal engagé, non pas en regardant si la rue est agitée, mais en regardant quelles lois ont été votées et quels décrets ont été promulgués.
Ajout : Chacun aura pu remarquer une chose : le lendemain du débat, les commentateurs ont donné 50/50 aux participants. Or, les sondages professionnels et les miens (c'est-à-dire ceux qui consistent à tailler une bavette avec tout le monde) montrent que Ségolène Royal a été perçue comme cassante, sectaire et floue tandis que Nicolas Sarkozy a plutôt surpris en bien.
Cette différence de perception devrait quelque peu déranger les commentateurs, je suis persuadé depuis longtemps que les excès du parisianisme bobo font le lit du populisme.
jeudi, mai 03, 2007
Que c'est dur de s'appeler François
On comprend bien ce qui motive une telle déclaration : le dépeçage prévisible du PS après la défaite de Ségolène Royal. En effet, après le débat Sarkozy-Royal et si tard dans la campagne, notre béarnais sait pertinemment qu'il ne fera pas basculer le vote.
Il s'achète donc à pas cher un brevet d'opposant pour l'après. Mais c'est oublier un peu vite que le PS a des élus, un appareil, des militants et qu'il ne sera pas si facile de lui faire la peau.
Et comme ses élus ont rejoint l'UMP, François Bayrou risque de se retrouver seul, très seul.
Quant à l'autre François, premier secrétaire du PS, compagnon de Mme Royal, dont la parole n'engage en rien Mme Royal, candidate du PS, il est déjà très seul. J'ai de plus une forte envie de l'inscrire, par charité, à SOS Hommes Battus.
mercredi, mai 02, 2007
Le handicap à l'école (débat présidentiel)
Boizard, président ! Boizard, président !
Moi devant ma télé, j'ai dit 80 %.
Vérification faite sur internet, la bonne réponse est 78 %.
Je ne vois qu'une solution : "Boizard, président ! Boizard, président !"
Nota : EPR est bien un réacteur dit de 3ème génération comme le disait SR et non de 4ème, comme le disait NS, mais est-ce vraiment sérieux de se battre là dessus ?
Pour préparer le débat de ce soir ...
Je sais vous allez me dire que j'ai l'esprit un peu tordu : comparer cette merveille de grâce à un débat politique qui risque de ne pas voler très haut ! C'est juste pour vous taquiner.
A noter que cette adaptation est un des rares cas où Romeo et Juliette est joué avec des acteurs proches du rôle en âge (Juliette est censée avoir 14 ans à peine, Olivia Hussey en avait 16).
"What is a youth ?" entrelacé avec le "dit du pélerin" n'est pas dans Shakespeare :
What is a youth? Impetuous fire.
What is a maid? Ice and desire.
The world wags on.
A rose will bloom
It then will fade
So does a youth.
So do-o-o-oes the fairest maid.
Comes a time when one sweet smile
Has its season for a while...Then love's in love with me.
Some they think only to marry, Others will tease and tarry,
Mine is the very best parry. Cupid he rules us all.
Caper the cape, but sing me the song,
Death will come soon to hush us along.
Sweeter than honey and bitter as gall.
Love is a task and it never will pall.
Sweeter than honey...and bitter as gall
Cupid he rules us all
Le dit du pélerin :
ROMEO
[To JULIET] If I profane with my unworthiest hand
This holy shrine, the gentle fine is this:
My lips, two blushing pilgrims, ready stand
To smooth that rough touch with a tender kiss.
JULIET
Good pilgrim, you do wrong your hand too much,
Which mannerly devotion shows in this;
For saints have hands that pilgrims' hands do touch,
And palm to palm is holy palmers' kiss.
ROMEO
Have not saints lips, and holy palmers too?
JULIET
Ay, pilgrim, lips that they must use in prayer.
ROMEO
O, then, dear saint, let lips do what hands do;
They pray, grant thou, lest faith turn to despair.
JULIET
Saints do not move, though grant for prayers' sake.
ROMEO
Then move not, while my prayer's effect I take.
Thus from my lips, by yours, my sin is purged.
JULIET
Then have my lips the sin that they have took.
ROMEO
Sin from thy lips? O trespass sweetly urged!
Give me my sin again.
JULIET
You kiss by the book.
L'hystérie anti-Sarko
Je crois que le mot important de ce texte est « auto-persuasion ». Je ne vois pas comment autrement on peut tomber dans un tel délire anti-sarkozien, totalement irrationnel au premier abord, comme tout délire.
Pour ma part, j'ai vertement critiqué la candidate Royal mais je pense m'être efforcé de rester dans le domaine de la rationalité. Je me serais senti ridicule de la traiter de « stalinienne » alors que certains ne sentent visiblement pas le ridicule qu'il y a à traiter Sarkozy de « fasciste » et à appeler à « entrer en résistance ».
Comme à toute hystérie, il lui faut un moteur, je pense que le moteur de l'hystérie anti-sarkozienne est la peur personnelle, intime, de perdre des privilèges, des « avantages exquis », on gueule d'autant plus fort qu'on n'est pas vraiment persuadé de son droit (intermittents du spectacle, profs, conducteurs SNCF, etc ...)
Alors là, le délire devient rationnel : pendant qu'on hurle, on couvre les questions qui gênent (Est-il juste que les caisses du privées renflouent les régimes déficitaires des intermittents du spectacle, de la RATP, de la SNCF, d'EDF, etc ... ? Est-il acceptable qu'un chômeur coûte 30 000 € par an sans diminution du chômage et sans que l'ANPE ait à rendre de comptes ? Est-il acceptable que l'éducation étatisée française soit dans le peloton de tête des dépenses sans être dans celui des résultats scolaires ? Est-il acceptable que des profs refusent de faire leur formation sur leurs nombreuses semaines de vacances ? ...)
A partir de là, puisqu'on se sent personnellement mis en cause, il est facile de tomber dans un mécanisme d'auto-persuasion, d'autant plus qu'on a la frustration de savoir qu'on ne pourra jamais dire en face ce qu'on pense à ce monsieur Sarkozy.
Je ne m'explique pas autrement une agitation hors de proportion avec l'enjeu ; après tout, il ne s'agit que d'élire le Président de la République.
Enfin, pour conclure, sur cet épiphénomène qu'est le sectarisme de Courrier International, je signale que les lecteurs avides de presse étrangère pouvaient trouver des articles plus fins dans le Herald Tribune.
Le plus marrant, c'est qu'à force d'hystérie, les anti-sarkozytes oublient des critiques élémentaires : incohérences, inconsistances ; peut-être parce qu'ils sont eux-mêmes incohérents et inconsistants.
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Même Courrier International !
Si Nicolas Sarkozy l’emporte a l’issue du second tour des élections présidentielles, on pourra dire qu’il était vraiment porté par un mouvement de fond du peuple français, et que sa résistance aux attaques, aux insultes et aux coups bas est absolument remarquable.
Le déferlement de haine, calomnies, embuscades à son encontre ne sont pas nouveaux : cela fait des années que cela dure. Déformation éhontée de ses propos au mépris de la plus élémentaire déontologie journalistique, accusations sans fondements ni vérifications, insultes, propagande TV (Canal + en tête), presse ( avec concours pour le plus beau dossier anti-Sarko…), chaînes de mails dont le contenu tend au pur délire … tout cela s’est multiplié de manière exponentielle à l’approche des élections, et s’intensifie encore à présent que le « danger Sarkozy » est plus proche que jamais. Quant a ceux qui le défendent, se voir traiter de fascistes ou de nazis est leur lot commun s’ils ne se contentent pas de parler politique avec ceux de leur bord.
Ce mépris du débat et de la démocratie, ces sales stratégies de désinformation, cette diabolisation hystérique ont atteint de telles proportions que même Libération, journal pourtant remarquablement partial, a publié dans sa rubrique « Rebonds » (discrétion oblige) une tribune de l’économiste André Grjebine intitulée « L’horreur Sarkozy » se concluant ainsi :
« Encore ces reproches ne constituent-ils que la partie pour ainsi dire exprimable de l'iceberg. Un processus d'autopersuasion tend à s'instaurer, qui conduit à prendre en considération n'importe quelle accusation. Avant même de s'interroger sur sa véracité, on se demande gravement si un homme ayant de tels défauts peut gouverner.
Sans forcément partager toutes les positions du candidat de l'UMP, on peut néanmoins souhaiter qu'avant de voter les Français sachent s'abstraire de ce déferlement de haine pour s'interroger plus sereinement sur les projets et les comportements des uns et des autres. Il serait pour le moins fâcheux que la diabolisation serve de substitut à un débat esquivé, et que la lepénisation des esprits franchisse ainsi une nouvelle étape décisive. »
Citons également F.O Gisbert dans Le Point du 26 avril :
Rarement un candidat à la présidence aura été sali à ce point pendant une campagne. Traité de fasciste, d'eugéniste, d'étranger et même de fou, Nicolas Sarkozy a été l'objet, de surcroît, d'une campagne personnelle de basses eaux, particulièrement dans la blogosphère, qui a fait apparaître ce qu'il faut bien appeler un lepénisme de gauche.
Au cas ou F.O Gisbert serait jugé non qualifié pour porter cette accusation, signalons que Max Gallo parle lui même d'une lepénisation des adversaires de Sarkozy.
Qu’a cela ne tienne ! Toutes les forces de gauche s’engagent aujourd’hui dans la bataille anti-Sarko, jusqu’à la Ligue des droits de l’homme (LDH) pour qui l’élection de Nicolas Sarkozy constituerait « un cauchemar » et une régression démocratique, sans même se rendre compte que par son engagement et les termes employés elle incarne elle même la régression démocratique qu’elle dénonce.
Dernier organe de poids a jeter ses forces dans la bataille : Courrier International, dont le dernier numéro présente une couverture de type Halloween, avec une caricature de Sarkozy tendance Dracula et le titre «Bienvenue a Sarkoland – Les analyses de la presse étrangère »
Le dossier en question ne comporte, dans sa partie articles de fonds, aucun article favorable a Sarkozy, contre quatre franchement défavorables. Mais de plus Courrier International a sélectionné des articles dont on se demande si les auteurs sont vraiment des journalistes, tellement leurs analyses sont le plus souvent des compilations de poncifs ou d’inexactitudes, voire des échos des calomnies préférées ici au mépris de toute réalité, ou font la preuve d’une partialité et d’un manque de profondeur remarquable.
On sait que rares sont les journalistes étrangers a même d’analyser finement la politique française, et beaucoup plus nombreux ceux qui reprennent les raccourcis en cours dans l’hexagone pour composer un papier en phase avec leur sensibilité politique. Seulement voilà : c’est la raison d’être, l’âme et le métier de Courrier International que de rechercher, sélectionner et nous proposer sur un sujet les articles les plus pertinents et de toutes tendances. Et les abonnés de la première heure comme moi savent qu’il s’agit là d’un travail dont le journal s’acquitte plutôt bien, en général.
Le dernier numéro de Courrier International est a mon sens, d’un point de vue démocratique, intellectuel et journalistique, une immense déception, à l’image du comportement de très nombreux soit disant défenseurs de la démocratie dans ce pays. Il n’honore ni la presse, ni la démocratie et ne fait que confirmer encore une fois que la haine n’est pas du côté où on l’affirme, mais bien plutôt du côté des accusateurs se posant en sentinelles de la République.
mardi, mai 01, 2007
Ah ! Cet horrible libéralisme qui dévore les petits enfants ...
Mart Laar ?
Vous ne le connaissez pas ? Moi non plus, jusqu’à hier.
Mart Laar a été le Premier ministre de l’Estonie de 1992 à 1995 et de 1999 à 2002. Lorsqu’il est arrivé au pouvoir, cet ancien pays communiste connaissait une inflation de 1000%, un chômage de 30%, une économie collectivisée à 95% et un PIB en diminution continuelle. Devenu Premier ministre à 32 ans, Mart Laar était un historien et n’avait aucune formation en économie. En réalité, il n’avait lu qu’un livre d’économie : Free to choose de Milton Friedman…
S’inspirant des thèses libérales de cet auteur mondialement connu (sauf à l’ENA…), Mart Laar engagea une politique de privatisation, libéralisa le commerce extérieur et introduisit en 1994 la « flat tax », c'est-à-dire un impôt non progressif avec un taux unique de 26% pour les revenus personnels et pour l’impôt sur les sociétés. Ces mesures audacieuses conduisirent à une expansion presque immédiate, et la réussite fut telle que plusieurs pays anciennement communistes se sont empressés de l’imiter : Lithuanie, Lettonie, Russie, Serbie, Ukraine, Slovaquie, Géorgie et Roumanie. Autant de pays arriérés qui se sont jetés dans la gueule du loup libéral, au lieu de s’inspirer du seul modèle social digne de ce nom : le nôtre.
Evidemment, la presse française n’a pas daigné informer ses lecteurs sur cette expérience. En effet, que pourrait bien apprendre à
P. S. J'ai oublié un détail. Après avoir accompli ces courageuses et salutaires réformes, Mart Laar a quitté la vie politique (à 42 ans!!!!!) pour retrouver ses chères études et terminer sa thèse! Autre pays, autres moeurs...