samedi, juin 30, 2007

Les cornichons

J'ai trouvé le texte qui suit sur le blog de JM Aphatie.

Je suis convaincu depuis un certain temps que nos hommes politiques sont des cornichons, pour reprendre le vocabulaire du journaliste de RTL ; qu'ils sont loin d'être les meilleurs de leur génération, que les Français qui disposent de quelque talent font autre chose que de la politique.

Puisqu'on se trouve dans le cas peu fréquent où un ministre, en l'occurrence Christine Lagarde, était internationalement reconnu dans sa profession antérieure, il est intéressant de voir si il va se transformer en cornichon.

JMA ne semble pas en douter ; à vrai dire, moi non plus.

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C'est la grande nouvelle du jour: le nombre de chômeurs, en France, est inférieur à 2 millions de personnes. Et cela va continuer, nous promet-on, nous a promis Christine Lagarde, c'est un début camarades, continuons le combat, le vieux monde est derrière nous, sous les pavés la plage, sans oublier celle ci, ma préférée: tout corps plongé dans un bocal de cornichons devient un cornichon.

Donc, réjouissances. Constat, aussi. Si ce seuil de moins de millions de chômeurs est une bonne nouvelle, c'est parce qu'il n'avait plus été atteint depuis 1983. Vous souvenez-vous de 1983? Pierre Mauroy était premier ministre, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal étaient à la maternelle, François Mitterrand lisait avec attention les relevés des écoutes téléphoniques, Jean-François Kahn venait de lancer L'Évènement du Jeudi, France 2 s'appelait Antenne 2, TF1 était une chaine publique et à la mairie de Paris quelques truffiers indélicats avaient mis en place des tuyaux qui siphonnaient un peu de l'argent public que Jacques Chirac administrait dans la plus parfaite innocence.

²Ce ne sont là que quelques repères qui servent à écrire que dans cette époque préhistorique de la Nation le chômage commençait à gravir un sommet que nous commençons à peine à descendre.

Dans toutes ces particularités qu'elle cumule et dont elle est fière, la France compte notamment celle de vivre depuis longtemps, si longtemps, avec un chômage de masse. Le prix à payer a été, est et sera colossal. Ce boulet a plombé nos régimes de solidarité, vidé les caisses de l'État, entretenu une fiscalité confiscatoire, appauvri, dans d'innombrables parties, ce pays naguère prospère.

Confrontés à ce drame, les responsables politiques ont été remarquablement inefficaces tout au long de ce dernier quart de siècle. Aucun n'a jamais cherché vraiment à comprendre les mécanismes par lesquels une société occidentale moderne, bénéficiait d'un fort taux d'éducation, aurait pu créer davantage de richesses, et donc d'emploi. La politique communément suivie par des élus de droite ou de gauche fut plutôt de compenser par un argent public qui appartient à tout le monde et donc à personne les dégâts occasionnés par ce sous emploi. Les mécanismes d'aides et de soutien de toutes natures et en direction de populations chaque fois plus diversifiées ont ainsi été financées à crédit. Les pansements se sont multipliés, sans que jamais la maladie soit traitée à fond.

Qui donc a tenté d'initier un débat sur la compétitivité de l'économie française à l'heure de la mondialisation? Personne. Déjà, l'écrire ici équivaut, pour certains, à proférer un chapelet d'insultes. Alors tenter de bâtir un parcours politique là dessus, vous n'y pensez pas. Pourtant, c'est aussi bête que deux plus deux. Alors même que le nombre de fonctionnaires a été multiplié par deux ces vingt cinq dernière années, le chômage n'a cessé de croître dans la période, dépassant même la barre des trois millions de chômeurs au milieu de la décennie précédente. Le verdict est donc simple: les entreprises françaises ont perdu, régulièrement, du terrain. Elles ont produit, globalement, trop mal et trop cher. Et face à cela, le pouvoir politique, incité à la paresse par une société globalement insensible à ce genre de problèmes, est demeuré d'une remarquable passivité.

Aujourd'hui, le chômage baisse. Est-ce à dire que la situation, en profondeur, s'est améliorée? Bien sûr que non. Les miracles n'existent que dans les livres des grands enfants que nous sommes demeurés. D'abord, les créations d'emplois se font aujourd'hui en France dans des secteurs de services où prédomine une main d'œuvre faiblement qualifiée. Ce sont, souvent, des emplois précaires. L'industrie, elle, connaît les pires difficultés pour faire face à la concurrence car, en vingt cinq ans, les charges sociales et fiscales se sont beaucoup accrues. Des pans entiers, aujourd'hui, de notre patrimoine industriel sont menacés, l'automobile en étant, hélas, l'exemple le plus frappant et le plus angoissant.

Les caisses de l'État sont vides, la sécurité sociale est exsangue et les régimes de retraites enregistrent des déficits dont l'ampleur n'a pas été correctement anticipée par les spécialistes. Sur cette toile de fond navrante viennent se greffer les consternants chiffres du commerce extérieur, un déficit de trente milliards d'euros en 2006.

Regardons ailleurs, en Allemagne par exemple. Réunifiée et réindustrialisée à l'Est, elle a redessinée son marché du travail durant els cinq dernières années. Assouplie, remusclée, son économie montre une extraordinaire vitalité. Son commerce extérieur, en 2006, a enregistré un solde positif de 160 milliards d'euros. Du coup, son chômage est en train de décroître très vite alors que ses finances publiques s'améliorent à une vitesse sidérante. L'an prochain, l'Allemagne pourrait être à l'équilibre budgétaire, une situation que la France n'a plus connue depuis 1979 et qu'elle n'est pas prête de connaître.

Se dessine ainsi les conditions d'un scénario catastrophe qui n'est pas le plus probable mais qui n'est pas irréaliste. Si l'économie française et allemande continuent à diverger sur la base des prémices que nous sommes en train de constater, dans cinq ans, dans dix ans maximum, des tensions très fortes se feront jour autour de la monnaie commune aux deux pays. Comment, en effet, concevoir qu'un même outil monétaire puisse représenter des économies aussi divergentes?

A partir de là, deux hypothèses.

Ou bien, les responsables politiques continuent de vivre la tête dans le sable jusqu'au cou et une crise financière majeure risque de nous tomber dessus, genre pour acheter un timbre poste il faudra huit billets de 500 euros, la catastrophe.

Ou alors, contraints part les évènements, les responsables prennent enfin leurs responsabilités, tautologie qui n'a plus cours qu'épisodiquement en France, et la dépense publique baisse drastiquement pour alléger le poids des charges de toute nature afin de retrouver des conditions de production susceptible de préserver notre économie, ce qui permettra d'envisager de préserver alors les systèmes de solidarité, lesquels ne peuvent subsister que si de la richesse est créée, vérité d'évidence dont plus grand monde ne paraît se souvenir.

Dans cette deuxième hypothèse, la douleur sera intense, le sentiment d'avoir été trompé aussi. De la colère et du dépit naîtront sûrement, qui provoqueront des déséquilibres dont nul ne peut prévoir ni les formes ni l'ampleur.

On pourrait dire, dans une tentative de théorisation certes absurde mais éclairante, que nos sociétés, vieilles de plusieurs siècles, ont normalement développé un État fort pour faire face aux nécessité de la guerre qui, tout le temps, a été une réalité ou une virtualité. Mais quand dans ce bout d'Europe, la perspective de la paix entre la France et l'Allemagne s'est installée, certains appellent cela faire l'Europe mais en clair c'est faire la paix, alors, le rôle, la place et l'importance de l'État doivent être réévalués et, pour faire court, la mondialisation des échanges renforçant le phénomène, il faut, il aurait fallu, il faudra un jour, penser l'État comme au service de l'économie.

A ceci, accolons un constant. Christine Lagarde est, en France, le douzième ministre de l'Économie en douze ans, record européen, peut-être aussi, qui sait, mondial, ne soyons pas modeste ce matin.

Ceci explique-t-il cela? Reprenons donc en chœur: tout corps plongé dans un bocal de cornichons devient un cornichon.

mardi, juin 26, 2007

Le réchauffisme, quelle poilade !

Mes lecteurs attentifs savent que je tiens le réchauffisme pour une manipulation (1) politique dont il vaut mieux rire, mais qui mériterait quelquefois qu'on en pleure.

Rien qu'une bulle d'air chaud

Cela n'aurait aucune importance si ça n'amenait des décisions désastreuses.

A l'occasion de cet article, pour les nouveaux sur ce blog, je résume l'argumentaire, qui ne mérite guère de connaissances scientifiques juste un peu de bon sens :

Le réchauffisme repose sur une série de pétitions de principe qui, une fois qu'elles sont clairement exprimées, sont très faciles à démonter.

Voici dans l'ordre ces pétitions de principe :

a) Il existe un optimum climatique global.

b) Nous sommes à cet optimum climatique global, toute variation climatique est néfaste.

c) Or, le climat global se réchauffe.

d) Nous savons que l'origine de ce réchauffement est humaine.

e) Nous prévoyons que ce réchauffement d'origine humaine va avoir des conséquences globalement néfastes conformément au b).

Réfutons ces hypothèses :

a) et b) : raisonner en climat global n'a aucun sens sur une échelle courte. Le climat étant très lié à la géographie, il est par essence local. Si optimum il y a, il ne peut être que local. De plus, le climat étant très variable, cet optimum est aussi temporaire. Enfin, la notion même d'optimum climatique, même local, même temporaire, est contestable : il faudrait positionner les conséquences du climat dans un espace multi-dimensionnel pour arriver à voir si c'est bon ou mauvais et plus certainement un mélange des deux.

D'ailleurs, si un climat chaud est si néfaste, on se demande bien pourquoi tant de gens migrent vers le sud de la France ou la Californie, c'est du masochisme ?

c) Là dessus, brouillard total : comme raisonner en climat global n'a aucun sens, on peut dire tout et son contraire, on trouvera toujours une région ou une caractéristique qui indiquent un réchauffement et d'autres qui indiquent un refroidissement.

Il y a bien eu par le passé des périodes globalement plus chaudes ou plus froides, mais c'est seulement a posteriori, avec un recul de plusieurs milliers d'années, qu'on peut le savoir.

d) Etant donné l'absence de certitude sur le c), cette affirmation est de la pure foutaise.

e) Les fameux modèles climatiques ne disent que ce qu'on leur fait dire. En effet, pour modéliser quoi que soit, on élimine des variables, encore faut-il avoir une évaluation du degré d'importance des variables que l'on néglige. Par exemple, on sait que lors d'une modèlisation de résistance des matériaux, on peut négliger de calculer les interactions entre chaque molécule car des caractéristiques des matériaux au niveau macroscopique rendent compte de ces interactions avec une précision qui convient au calcul.

Dans les modèles climatiques, rien de tout cela : on n'est jamais sûr qu'un phénomène qu'on a négligé, soit par choix, soit par ignorance, n'est pas aussi important que les phénomènes que l'on a pris en compte. De plus, il y a de solides raisons théoriques, liées à l'aspect chaotique du climat, de penser qu'il en sera toujours ainsi.

Quant aux autres méthodes de prévision du climat, qui ne reposent pas sur une modélisation, elles sont dans l'enfance.

Que conclure de tout cela ? Que le climat change, comme il a toujours changé. Que les hommes s'adapteront au climat comme ils l'ont toujours fait. Bref, qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil.

Il y aurait une nouveauté si le climat changeait si brusquement que les hommes n'auraient pas le temps de s'y adapter, mais les migrations humaines se font sur quelques décennies alors que le climat change sur des siècles.

Alors pourquoi ce tintamarre réchauffiste ? Tout d'abord, il y a des raisons mercantiles et politicardes : Al Gore, Nicolas Hulot, des politiques, des journalistes, des scientifiques, des financiers vivent de la peur réchauffiste, ils en tirent aussi leur pouvoir et leur réputation. Des collectivistes comptent sur la peur climatique pour imposer la fin du libéralisme.

Mais, il y a, me semble-t-il, quelque chose de plus profond, sans quoi ce mensonge, somme toute assez grossier, ne pourrait prendre si bien : c'est l'antique religion païenne, habillée d'atours modernes, de la nature, généreuse mais colérique, souillée par l'homme.

Ce n'est pas tout à fait un hasard si les thèses réchauffistes se répandent à une époque où la fréquentations des églises baissent.

(1) : au sens de manipulation psychologique : amener les gens là où ils n'avaient pas le désir d'aller, dans un but connu du manipulateur. L'objectif est clairement de tuer la société libérale et commerçante au nom du bien-être de la nature.

vendredi, juin 22, 2007

Le bac, monument en péril

Je connais quelques jeunes qui passent le bac ou le bac de français, j'en ai discuté avec eux, il y avait un certain malaise entre nous : je ne pouvais pas décemment leur dire que je pensais que c'était de la fumisterie, mais ils le sentaient et, pourtant, ça reste pour eux une épreuve.

Evidemment, le problème fondamental est que l'éducation est nationale. Si les méthodes imposées nationalement sont bonnes, tout va bien ; si, comme actuellement, elles sont mauvaises, c'est la catastrophe nationale.

J'ai trouvé cela sur le blog de JP Brighelli (de même que les livres parlent aux livres, les blogs parlent aux blogs) :

Le Bac, monument en péril

J’ai trouvé sur le site de Sauver les Lettres (http://www.sauv.net/ctrc.php?id=842), qui rassemble en ce moment les témoignages les plus divers sur l’Epreuve Anticipée de Français (EAF, en jargon de l’Education), le témoignage suivant, signé « Y.Z. » :

« Je suis allé à la réunion d’harmonisation pour l’écrit de l’EAF avec un paquet de 90 copies, comme plusieurs collègues de l’académie de Lille dont je suis. Evidemment, j’ai aussi 70 candidats à l’oral, et j’ai eu des surveillances à faire après réception des copies et des descriptifs. C’est donc fatigué mais désireux de faire au mieux pour les élèves que je suis allé à cette réunion, dont je tiens absolument à publier les moments les plus significatifs.

« Les collègues chargées de l’animer (1) ont ouvert le bal en précisant qu’on leur avait demandé de bien insister sur le fait que l’orthographe n’était qu’un critère d’évaluation parmi d’autres. Le document académique d’aide à la correction commence lui aussi par cette idée que « l’orthographe n’est qu’une composante de la correction de l’expression ». Quelques collègues osent rappeler qu’il s’agit d’un écrit de français. On sort alors l’artillerie lourde : notre matière, nous rétorque-t-on, est en danger (j’en conviens aisément), comme le latin ou l’allemand. Un collègue ironise, demandant si le français va devenir une langue facultative.

« On nous explique que c’est parce que nous ne savons pas valoriser le travail des élèves. Ainsi nous explique-t-on comment corriger cette épreuve écrite : les professeurs chargées de préparer l’harmonisation ont demandé à des collègues pendant leur réunion de préparation de leur lire des copies à voix haute. Dans ce cas, on est beaucoup plus attentif aux qualités de la copie, on se rend compte qu’il y a des idées, des raisonnements parfaitement logiques… Certains collègues protestent, disent qu’il est ubuesque pour une épreuve écrite de faire abstraction précisément de l’écrit, et qu’on peut alors utiliser une écriture phonétique... Rien n’y fait, notre matière est en danger, par notre faute.

« On nous rappelle encore que pour le commentaire littéraire, il est hors de question de s’attendre à ce qu’il soit composé, cela ne concernant que les concours d’entrée aux ENS. Il y a bien longtemps, nous dit-on d’un air triomphant, que cela n’existe plus, et on devrait le savoir.

« La dissertation peut quant à elle se présenter sous la forme d’un catalogue de genres littéraires, sans réflexion.

« Quant à l’écriture d’invention, elle ne doit pas nécessairement comporter d’arguments.

« Les copies soumises à l’évaluation de tous sont abordées. Evidemment, les notes qu’on nous propose sont toujours au-dessus de la moyenne, et c’est le commentaire qui va déclencher le pugilat. On nous propose tout simplement 20/20. Des collègues avaient noté ce commentaire à 6/16, moi à 7/16. Les collègues sont priés de se justifier sur le champ, vraiment on ne comprend pas. Sauf que si le texte est compris, le commentaire consiste en un montage de citations qui ne sont pas intégrées dans des phrases, et pas toujours commentées. Il y a bien sûr plusieurs fautes, mais on nous a déjà dit de faire lire les copies par un collègue pour ne pas les voir.

« C’en est trop, je prends la parole, je dis qu’il en est du bac comme du brevet, que c’est la même fumisterie, que les directives de correction sont là pour faire monter les notes sans aucun discernement, et que dans ce cas-là on ferait mieux de s’épargner les corrections et de donner le bac à tout le monde sans le faire passer. Je précise que si notre matière est en danger, c’est bien à cause des méthodes qu’elles proposent, et parce que le français se dissout dans l’appréciation d’idées, ou d’une culture vague alors que nous ne sommes ni sociologues, ni historiens des idées.

On essaie de m’interrompre, on n’est pas d’accord du tout (mais les collègues présents approuvent pour la plupart, le disent ou le font bien sentir). Le ton monte, et l’on conclut ainsi « on n’est quand même pas des constipés de la note ! » Cette copie devrait susciter notre « jubilation », et les copies qu’on va trouver dans nos paquets devraient nous le faire comprendre.

« Je ne dis plus rien, je rentre écoeuré, et je passe la nuit sans dormir. Je me console en pensant qu’on nous a promis à l’oral que les IPR passeraient, bien décidés à ce qu’on procède par « écoute active, évaluation positive » ! Qu’on se le tienne pour dit, sinon gare… »


Pourquoi tant de colère, mon cher Y.Z. ? Le Bac — qu’il s’agisse des épreuves anticipées de Première ou de celles de Terminale — a été entraîné ces dernières années, par excès de pédagogie constructiviste, dans une spirale de déconstruction avancée. Et vous avez parfaitement raison lorsque vous dites qu’« il en est du bac comme du Brevet » : encore faudrait-il en tirer les conséquences, et faire passer le Bac comme on fait passer le Brevet.

Puisqu’après tout, l’un comme l’autre ne valent plus grand’chose.

Le Bac est l’étalon le plus sûr de la sempiternelle « baisse de niveau », dont il est vrai qu’elle est invoquée depuis l’âge des cavernes. Je ne sais pas ce qu’est un niveau qui baisse, parce qu’il est vrai que l’on arguera toujours, avec la meilleur mauvaise foi du monde, que les lycéens d’aujourd’hui ont d’autres compétences que ceux d’hier, patati-patata (2). Mais je sais ce que vaut un examen, parce que c’est le marché qui nous le dit.

Avec le Brevet des années 60, on entrait — sur concours — dans une Ecole Normale, où en trois ans, on vous apprenait le métier d’instituteur, tout en vous amenant au Bac : on se retrouvait donc à enseigner le b-a-ba — sauf quelques illuminés qui commençait déjà à détruire les gosses avec la méthode globale — à 18 ans.

Aujourd’hui, on passe le Bac, puis la Licence, on entre — sur concours — dans un IUFM, où, en deux ans (Bac + 5 !) on vous apprend à devenir « professeur des écoles » — sauf que la plupart (demandez à Rachel Boutonnet !) ne connaissent rien au b-a-ba (3)…

Je suis donc fondé à dire qu’en termes de marché, un Bac 1965 vaut un Bac + 5 actuel — en admettant, même si c'est une fiction, que les compétences finales soient les mêmes. Le Bac est un examen aujourd’hui totalement dévalué — et il permettrait systématiquement d’entrer en université ? Mais des universités enfin autonomes vont y regarder à deux fois avant de combler leurs amphis avec des élèves d'un niveau Cinquième 1965 !

D’autant que plus de 50% des formations post-Bac ne recrutent pas sur le Bac, mais sur le livret scolaire : demandez donc aux BTS, IUT, ou aux classes préparatoires comment ça se passe !

Serait-il donc si scandaleux d’entériner le fait que le Bac n’est plus qu’un examen de fin d’études, bien plus qu’un passeport vers la vie professionnelle ? Serait-il donc si scandaleux d’intégrer une part de contrôle continu dans cet examen aujourd’hui bradé — en multipliant, comme on le fait déjà dès la Seconde, et avec la bénédiction des parents, des « devoirs communs », des « Bacs blancs » — en fait, des compositions trimestrielles qui n’osent pas dire leur nom : chassez le passé, il revient au galop.

Ne passeraient alors d’épreuves finales que ceux qui ne seraient pas parvenus à une moyenne calculée sur deux ou trois ans — un moyen comme un autre d’obtenir trois ans durant de la motivation, du sérieux dans les classes, et du silence dans les rangs !

Je ne parle que pour mémoire de à-côtés pratiques : le Bac coûte aujourd’hui, selon les estimations, entre 40 et 200 millions d’euros. Surtout, il mobilise les enseignants, ferme les lycées, et envoie les élèves dans la rue — ou à la plage — au grand dam des familles. J’ai toujours trouvé que la semaine d’un lycéen était considérable, et les temps de récupération, ou d’activités annexes, ridiculement courts. En calculant une année scolaire sur huit mois réels, et non plus sept comme aujourd’hui (compte tenu des diverses vacances, et de ce mois de juin passé aux pertes plus qu'aux profits), on pourrait sans doute alléger considérablement la charge de travail hebdomadaire, ou mieux répartir les programmes — des programmes qu’il est par ailleurs urgent de modifier de fond en comble, mais c’est une autre histoire.

Jean-Paul Brighelli

PS. Un réalisateur ami cherche des témoignages immédiats sur les pressions exercées sur les correcteurs pour le Bac. Si vous êtes prêt(e) à témoigner devant une caméra, contactez donc Emmanuel Amara, emanamara@hotmail.com


(1) Les enseignants qui transmettent ainsi à leurs collègues les consignes rectorales et / ou ministérielles sont désormais assurés d’avancer « au grand choix », et sont bien placés pour passer à la « hors-classe », Graal de tout fonctionnaire, qui se décroche dorénavant en fonction de « l’investissement administratif », et non plus selon ses mérites pédagogiques… C’est dire à quel point ils font du zèle.

(2) L'université de Québec, confrontée comme les universités françaises à un niveau orthographique catastrophique, a décidé d'enlever un point par faute pour tout travail réalisé chez soi. En deux semaines, nos cousins canadiens ont éradiqué les scories que les étudiants laissaient traîner sur leurs devoirs. La carotte, certes, mais le bâton, pourquoi pas ?

(3) Rachel Boutonnet, Journal d’une institutrice clandestine, Ramsay, 2003.

mardi, juin 19, 2007

Moralement correct (J. Sévillia)


FF

Un livre qui prend la peine de s'étonner qu'une candidate à l'élection présidentielle puisse être mère de famille et pas mariée ne peut être entièrement mauvais.

La thèse de ce livre est que la destruction des valeurs traditionnelles a laissé un vide moral extrêmement dangereux pour la société française.

Que penser de ce prof de ZEP qui explique que certains de ses élèves ont des comportements d'hommes de Cro-Magnon se battant pour un morceau de viande ?

Sévillia fait quelques réflexions intéressantes sur le fait que la fin du tiers des mariages en divorces ne peut être anodine.

Bien sûr que ça n'est pas anodin, mais on préfère jeter un voile pudique sur la question et tourner la tête.

Insister malgré tout, c'est encourir le risque d'être taxé d'archaïsme pour empêcher la conversation.

lundi, juin 18, 2007

Premières impressions du Bourget 2007



Pas de nouveautés.

> Démonstrations en vol :

Le Rafale, toujours sous-motorisé, évite les verticales trop marquées.

A 380 : silence et vol à grande incidence très impressionnants.

BA609 : tiltrotor assez rigolo.

Le F 18 armé (c'est la nique au Rafale et au Typhoon : "Messieurs, moi je suis un vrai avion d'armes pas un avion en dévelopement") pousse tellement fort au décollage qu'il déclenche les alarmes des voitures garées devant les chalets.

Mig 29 OVT : c'était le seul truc vraiment hors du commun (et encore ...). Les évolutions sont étonnantes mais je doute de leur utilité opérationnelle : elles dégradent considérablement l'énergie, après un "cobra", le Mig est "scotché" dans le ciel. Les missiles réalisent mieux et à meilleur profit un fort dépointage.

Les hôtesses : rien qui m'empêche de dormir. Mais, demain, j'y retourne.

Les victuailles : une assiette de macarons appétissants m'est passée sous le nez sans que j'ai le temps d'y toucher, à un chalet que je ne nommerai pas, j'en ai ruminé ma frustration toute l'après-midi. Par contre, le bar (le poisson) était bon.

dimanche, juin 17, 2007

Bercy chiffre la TVA « sociale»

Les fonctionnaires de Bercy auraient chiffré les conséquences d'une augmentation de la TVA et prévoient un bond de l'inflation.

Bien que jugeant inappropriée cette augmentation, je n'ai aucune confiance dans ce chiffrage :

> les fonctionnaires du ministère des finances ont leurs propres opinions et leurs propres objectifs, ce chiffrage n'est en rien impartial et objectif, il est seulement hypocrite, couvrant de la froideur technicienne une chaleur partisane, Bercy, c'est l'anti-omelette norvégienne de la statistique (je rappelle, pour les béotiens que, dans l'omelette norvégienne, le chaud est dehors et le froid dedans) .

> en économie, il est pratiquement impossible de faire des prédictions chiffrées, l'exercice est vain. Si une décision repose sur des principes justes, il n'y a aucune raison que ses conséquences ne soient pas justes. Hors de cela, on tombe vite dans l'affabulation statistique et le délire prévisionniste.

Alors, si je ne fais pas confiance à Bercy, à qui fais-je confiance ? A personne.

Je crois en la confrontation des opinions et des analyses. Je préférerais que dix « think tanks » donnent leur avis et que, les confrontant, je me fasse ma propre opinion, qui vaudra ce qu'elle vaudra, c'est-à-dire pas grand'chose, étant donné le peu de fiance que j'ai dans toutes prévisions économiques, à commencer par les miennes.

samedi, juin 16, 2007

Les égarements du gouvernement Sarkoy (suite) : la TVA dite sociale. La France souffre-t-elle de ne pas avoir touché le fond ?

La TVA, c'est la TVA. Elle ni bleue, ni rose, ni salée, ni sucrée, ni sociale, ni asociale.

Faut-il augmenter la TVA pour diminuer les charges qui pèsent sur le travail ? C'est la question qui nous est posée.

Pourquoi pas ? Mais, de toute façon, le problème est plus fondamental, c'est celui du coût de notre système social, indépendamment des ficelles plus ou moins grosses qu'on emploie pour le financer.

Etatiser la protection sociale, c'est de l'anti-libéralisme pur.

Nous retombons sur les tabous français. Le système le moins mauvais à mes yeux est un système d'assurances (chomage, maladie, vieillesse) individualisé et donc privatisé avec un filet de protection collectiviste réduit au minimum.

C'est par exemple le système allemand d'assurance maladie.

Mais Sarkozy n'aura pas ce courage. Donc, nous continuons à accumuler les risques induits sur la société par l'Etat.

Le Cri du contribuable sur l'augmentation de la TVA

Jean-Pierre Chevallier : la TVA sociale est une Sarkonnery

Ce dernier article est simple et clair, mais il dit ce qu'il ne faut pas dire.

Plus largement, je m'interroge.

Discutant avec un collègue de ce que j'estime être de mauvaises décisions du gouvernement Sarkozy, je m'entendis répondre tout à trac : « J'aurais préféré que Ségolène Royal gagne, au moins nous aurions vraiment touché le fond et nous aurions pu ensuite faire de vraies réformes. »

Je n'aime pas la politique du pire, pourtant, il convient de constater que, effectivement, nous ne sommes pas encore arrivés au désastre qu'était la Grande-Bretagne quand Mme Thatcher a conquis le pouvoir.

Il est de plus en plus probable que Sarkozy va se révéler un Chirac bis, médiatique, agité,vélleitaire, mais ne réformant que cosmétiquement, reculant dès qu'il s'agit d'entrer « dans le dur ».

Le choc à envisager est, comme en Grande Bretagne, du même ordre que la sortie du communisme des pays de l'est. Totalement refaire le système éducatif et le système de recherche, réintégrer les banlieues dans la société demandera autant d'efforts que la réunification allemande.

Il y a les pays qui ont choisi la méthode graduelle, comme la Pologne, et qui traînent leurs difficultés, et les pays qui ont choisi la méthode rapide et décisive, comme la Lituanie, qui se portent aujourd'hui très bien.

La pierre de touche qui permet de juger les réformes en France est la diminution ou non de 20 à 30 % du nombre de fonctionnaires.

Tout le reste est un brouillard de mots.

vendredi, juin 15, 2007

La violence à l'école

On nous présente la violence à l'école comme un phénomène complexe, très difficile à comprendre et donc à combattre.

Je suis persuadé du contraire : à savoir que la complexité n'est que la raison qu'on se donne pour baisser les bras.

Je ne nie pas certaines situations complexes mais le problème est en réalité simple dans son fondement.

Les enfants sont naturellement violents, hier comme aujourd'hui. Comme le disait un pédiatre, vous donneriez un revolver à un bébé, il tuerait pour avoir du lait.

C'est l'objet de l'éducation, de la civilisation, de la galanterie par exemple, de canaliser, de sociabiliser, cette violence.

Mais, pour cela, il y faut de l'autorité, grande malade de notre époque. Pourtant, les adultes sont légitimes à exercer l'autorité.

Une fois que l'on a compris cela, la panoplie des moyens est vaste, allant jusqu'à l'exclusion du fautif.

Or, que vois-je ? Lors d'un reportage de l'émission C dans l'air, l'interviewée, une enseignante, se fait bousculer par un élève, que croyez vous qu'elle fasse ? Elle éclate de rire en disant : « Vous voyez, c'est comme ça que ça se passe ici. »

J'en suis resté béat !

N'oublions pas que François Bayrou a gagné sa popularité en 2002 en filant une taloche méritée à un gosse qui lui faisait les poches. Incroyable exploit qui a stupéfait les journalistes et suscité commentaires et analyses pendant plusieurs jours.

On nous a expliqué en long, en large et en travers que l'homme traditionnel, qui a des poils, qui pue, qui fume des Gauloises, qui chasse la gueuse de 5 à 7 et qui flanque une trempe aux enfants désobéissants, c'était mal, pire- dépassé, démodé.

Maintenant, l'homme doit s'épiler, entretenir sa peau, se parfumer, être non fumeur militant, amoureux fidèle et transi, papa poule, attentionné, toujours patient. C'est-à-dire que, en gros, l'homme doit devenir une femme.

Mais voilà, l'homme viril, représentant l'autorité, quelquefois jusqu'à en être obtus, perdant aisément patience vis-àvis des enfants turbulents,avait peut-être son utilité sociale et éducative ? (1)

J'entends de plus en plus que les enfants ne supportent plus la moindre contrariété, la moindre frustration, le plus léger retard à l'assouvissement de leurs désirs. Est-ce vraiment sans rapport avec la négation du rôle autoritaire des pères ? Poser la question, c'est y répondre.

On m'a raconté l'histoire d'une mère qui se fait couramment gifler par son fils de 3 ans. Que fait elle dans ces cas là ? Une leçon de morale. Que fait le père ? Il rigole, comme d'une bonne blague, et joue avec l'enfant.

C'est grâce à de tels comportements que la civilisation fait un grand bond ... en arrière.

Après, on nous bassinera avec les crises d'adolescence et les « incivilités» (ie le vandalisme de jeunes voyous). Mais ne les a-ton pas préparées de très loin ?

Cependant, que raconté-je de nouveau ?

« Je trouve que noz plus grands vices prennent leur ply de nostre plus tendre enfance, et que nostre principal gouvernement est entre les mains des nourrices. C'est passetemps aux meres de veoir un enfant tordre le col à un poulet, et s'ésbatre à blesser un chien et un chat. Et tel pere est si sot, de prendre à bon augure d'une ame martiale, quand il voit son fils gourmer injurieusement un païsant, ou un laquay, qui ne se defend point : et à gentillesse, quand il le void affiner son compagnon par quelque malicieuse desloyauté, et tromperie. Ce sont pourtant les vrayes semences et racines de la cruauté, de la tyrannie, de la trahyson. Elles se germent là, et s'eslevent apres gaillardement, et profittent à force entre les mains de la coustume.

Et est une tres-dangereuse institution, d'excuser ces villaines inclinations, par la foiblesse de l'aage, et legereté du subject.

Premierement c'est nature qui parle ; de qui la voix est lors plus pure et plus naifve, qu'elle est plus gresle et plus neufve.

Secondement, la laideur de la piperie ne depend pas de la difference des escutz aux espingles : elle depend de soy. Je trouve bien plus juste de conclurre ainsi : Pourquoy ne tromperoit il aux escutz, puis qu'il trompe aux espingles ? que, comme ils font ; Ce n'est qu'aux espingles : il n'auroit garde de le faire aux escutz.

Il faut apprendre soigneusement aux enfants de haïr les vices de leur propre contexture, et leur en faut apprendre la naturelle difformité, à ce qu'ils les fuient non en leur action seulement, mais sur tout en leur coeur : que la pensee mesme leur en soit odieuse, quelque masque qu'ils portent. »

Montaigne, Essais, liv. I, chap. XXII, 1595

(1) : bien entendu, cette négation du père atteint son sommet avec ces histoires ridicules d'adoption par des couples homosexuels.

Modifié le 16/06

Créon, Antigone et Nicolas

Voici le commentaire de JM Aphatie sur son entretien avec E. Borrel :

Itv Elisabeth Borrel


Ces réflexions ne sont pas loin, sur un cas particulier, de révéler l'essence du libéralisme.

jeudi, juin 14, 2007

Une prétention bruyante et bavarde

« Une prétention bruyante et bavarde », c'est ainsi que Marc Fumaroli caractérise notre époque.

Que fais-je d'autre, tenant ce blog, que de manifester cette prétention bruyante et bavarde ?

Notre temps est prompt à la leçon de morale, aussi superficielle qu'hypocrite.

Ainsi, un des problèmes fondamentaux de notre temps serait la mariage des couples homosexuels et l'adoption d'enfants par ceux-ci. On croit rêver !

Une époque qui appelle les enfants d'immigrés des « Français issus de la diversité » (ne sommes nous pas tous issus de la diversité d'un homme et d'une femme ?), un sourd « un malentendant », un coiffeur« un visagiste », un alcoolique « un éthlylodépendant », un chanteur populaire « un leader d'opinion » pour ne vous citer que les absurdités qui me viennent à l'esprit, ne peut être que prétentieuse, bruyante et bavarde

Bien évidemment, noyés dans cette soupe de mots mots insipides, nous en oublions les fondements de notre civilisation, la liberté et la responsabilité.

Nous serions choqués que l'Etat nous imposât la marque de notre voiture ou la couleur de notre téléphone, mais nous ne sommes pas émus le moins du monde qu'il dirige tout le système scolaire, qu'il décide ce qui doit être enseigné à nos enfants.

Etrange conception du monde !

Bien sûr, vous me direz qu'il y eut en 1984 de grandes manifestations pour sauver l'enseignement dit libre. Mais il avait fallu que le pouvoir pousse la volonté hégémonique jusqu'à l'absurde pour en arriver là.

Heureusement, il reste toujours le refuge intérieur et l'amitié de quelques livres. D'ailleurs, consciente de l'existence intolérable de ce dernier espace de liberté, l'école étatique entreprend d'éradiquer systématiquement, méticuleusement, tout goût de la lecture.

La technique la plus simple, mais remarquablement efficace, consiste à ne pas apprendre à lire aux élèves, puis, pour les rebelles qui auraient tout de même réussi à apprendre à lire, grâce à leurs parents par exemple (des bourgeois), à ne proposer que des ouvrages sans intérêt (littérature jeunesse, romans de gare, autobiographies de présentateurs de télévision, etc ...) de manière à les dégouter irrémédiablement de toute lecture.

Mais, bien évidemment, cet abêtissement, fidèle à son époque, s'accomplit dans la plus grande prétention, avec force bavardages, dans un grand bruit, on n'en finit plus « des observations réfléchies de la langue», « des apprenants», « des locuteurs», « des instanciations», « des égalités des chances», « des remédiations» etc ...

lundi, juin 11, 2007

Contre la proportionnelle

JM Aphatie :

Depuis la maternelle, nous savons tous qu'une Constitution, sous quelque latitude que l'on se trouve, est une mécanique de précision. Sitôt sa première bouchée de Blédichef ou de tout produit correspondant, on apprend cela. Parvenus au seuil de la vieillesse qui était peut-être en l'occurrence l'antichambre de la sénilité, des responsables politiques influents ont oublié cette vérité première. Nous en constatons les dégâts ce matin. Une vague bleue aussi artificielle que dérangeante. L'UMP a été mesurée correctement au soir du premier tour de l'élection présidentielle. 31% des suffrages. Tout le reste n'est que démesure. Il faudra vivre avec.

La Constitution est une mécanique de précision. Il faudra le répéter à ceux qui pensent que la proportionnelle est une réponse au problème que nous constatons. Ceux là, comme ceux qui les ont précédés, racontent n'importe quoi.

Si une Constitution poursuit un objectif, c'est bien de permettre à un exécutif de gouverner. Organiser l'impuissance ne peut pas être tenu pour un but, même si l'on a vu par le passé, et si l'on constate encore aujourd'hui, que certains esprits se complaisent dans ce genre de raisonnement. Donc, la proportionnelle pour désigner une Assemblée dans un pays aussi divers que le notre ne peut pas être majoritaire, encore moins intégrale. Sinon, c'est le bazar assuré, la multiplication des partis, la dissolution des mœurs politiques, l'instabilité du gouvernement.

S'il s'agit d'en mettre environ 20%, alors les courants périphériques n'auront que des miettes puisque 95% des 20% seront captés par les partis dominants. La nature du problème demeurera, comme les insatisfactions qu'il provoque.

Remettre tout à plat alors, comme le suggèrent les apôtres de la VI° République, déjà contestés par ceux qui réfléchissent à la VII° ? Il faudrait solliciter des psychanalystes plutôt que des philosophes pour tenter de cerner les raisons qui amènent un pays à redessiner aussi souvent ses Institutions? Est-ce l'effet d'une relation malsaine au pouvoir? La poursuite chimérique d'un idéal politique? La marque d'une immaturité ou bien, tant qu'on y est, d'une nostalgie?

Les problèmes de la France s'accumulent. Les déficits, une tendance lourde à la désindustrialisation, un manque de compétitivité que traduit le déficit du commerce extérieur, tant d'autres choses qu'aucunes institutions ne pourront résoudre. Et pourtant, nous en revenons toujours là. Heureusement que nous sommes le peuple le plus intelligent de la terre.

Où en serions-nous, sinon ?

Ajout du 15/06, et maintenant, maître Eolas :

Pourquoi je ne voterai pas dimanche

dimanche, juin 10, 2007

Le cri ducontribuable : Sarkozy doit baisser massivement les dépenses publiques

La phrase de cette période est décidément "Ce n'est pas parce que c'est difficile que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas que c'est difficile."

La nécessaire baisse des dépenses publiques

J'en profite pour répondre à une objection, paraît-il qu'il ne faut pas "que j'oppose les gens". Hé bien si, je ne suis pas le Christ, mais il faut bien séparer le bon grain de l'ivraie. De plus, ce n'est pas les gens que j'oppose et que je critique, mais les institutions et les organisations.

L'argument consensuel, fusionniste, est l'arme du conservatisme : les oppositions, les privilèges existent réellement, s'interdire de les dénoncer, c'est s'assurer que rien ne bouge.

Réchauffisme : les paradoxes de l'effet de serre

Du à Guy Sorman

Dans la controverse dont on ne sait si elle est idéologique ou scientifique autour de l’émission de CO2, laissons parler quelques statistiques. L’économie la plus polluante au monde, c’est la Russie, si l’on compare la quantité de CO2 émise avec la production nationale. Pour produire 1 000 $, la Russie émet 5 millions de m3 de CO2.

La Chine vient en second avec 3,1 millions. Tous les pays développés, des Etats-Unis à la France, se situent entre 0,3 et 0,7. La Russie et la Chine sont donc les deux pays qui gaspillent le plus d’énergie pour une production médiocre.
Pour la Chine, on savait. Le cas de la Russie est plus surprenant : la reprise économique russe, incontestable, opère toujours selon le modèle soviétique, en gaspillant le pétrole et le gaz, surabondants, sans innover dans les procédés industriels.

Une autre lecture des statistiques place évidemment les Etats-Unis au sommet de l’émission totale de CO2 (5,9 milliards de tonnes de CO2), suivis par la Chine, avec 4,7 et la Russie avec 1,6. La France est à 0,4. Mais la Chine, quatre fois plus peuplée que les Etats-Unis, produit quatre fois moins ; pareil pour la Russie, ce qui confirme l’inefficacité énergétique de ces deux puissances de modèle soviétique.

En clair, le capitalisme est plus parcimonieux en énergie en raison de l’économie de marché qui incite par les prix à sauvegarder l’énergie, de la démocratie et des ONG qui font également pression dans ce sens. Donc, pour réduire les gaz à effet de serre, la démocratie et l’économie de marché s’avéreraient plus efficaces que des quotas d’émission de CO2.

Exil fiscal : la parabole de la bière

Du à l'IFRAP

Il était une fois… Dix hommes ont l'habitude de se retrouver au café. Chaque jour leur facture totale de bière atteint 100€.

S'ils payaient leurs bières comme ils paient leurs impôts, voilà ce qui se passerait : Les 4 hommes les plus pauvres ne paieraient rien, le 5ème paierait 1€, le 6ème 3€, le 7ème 7€, le 8ème 12€, le 9ème 18€ et le plus riche paierait 59€. C'est ce qu'ils décidèrent.

Au bout d'un moment, le cafetier déclara : "Comme vous venez tous les soirs, j'ai décidé de réduire votre facture de 20€. "Les bières ne vous coûteront donc plus désormais que 80€".

Afin de répercuter la ristourne le plus justement possible les 10 hommes décidèrent que dorénavant chacun paierait comme suit : Les 5 hommes les plus pauvres : rien, le 6ème paierait 2€ à la place de 3€ (réduction de 33%). Le 7ème paierait 5€ à la place de 7€ (réduction de 28%). Le 8ème paierait 9€ à la place de 12€ (réduction de 25%). Le 9ème paierait 14€ à la place de 18€ (réduction de 22%). Le plus riche paierait 49€ à la place de 59€ (réduction de 16%).

Cependant le 6ème homme déclara en montrant l'homme le plus riche: "J'économise seulement 1€ et lui 10€ !" Le 5ème homme renchérit : "C'est vrai, il économise 10 fois plus que moi ! Le 7ème renchérit à son tour : "Pourquoi aurait-il 10€ quand moi je n'en ai que 2 ?"

Le soir suivant l'homme le plus riche ne vint pas au café. Les 9 autres burent leurs bières sans lui. Au moment de payer ils se rendirent compte de quelque chose d'important : ils n'avaient pas assez d'argent pour payer la moitié de la facture...

samedi, juin 09, 2007

Margaret Thatcher : de l'épicerie à la chambre des Lords


FFF

Biographie de Margaret Thatcher par un Français.

Je mets en bleu les passages portant des leçons encore actuelles pour la France. Elles le sont presque toutes, mais j'ai fait un tri.

Né dans un milieu très croyant, elle en garda toute sa vie une morale très ferme : l'homme est libre et responsable. Toutes les formes d'irresponsabilité, dont l'assistanat, lui faisaient horreur.

Du fait d'être née dans une épicerie bourgeoise, elle a gardé la notion que le commerce est une chose utile et honorable (1), ou, comme écrivait Adam Smith, "le boulanger ne fait pas le pain pour faire plaisir à ses concitoyens, il le fait pour son profit, et pourtant, ce faisant, il leur rend service." Elle n'avait pas cette répulsion de nos élites pour le commerce, qui en fait un mal nécessaire, nécessaire mais mal tout de même.

Son passage comme ministre de l'éducation (hé oui), de 1970 à 1974, mérite qu'on s'y arrête. Il n'a pas donné beaucoup de résultats mais elle en a tiré d'importantes leçons pour l'avenir.

Jeune ministre, elle est peu soutenue par le gouvernement conservateur.

En effet, elle essaie de préserver l'élitisme des meilleurs établissements publics, qui l'ont formée, mais les dirigeants conservateurs, tous formés dans des écoles privées, s'en contrefoutent et font de la démagogie à bon compte en cédant à l'égalitarisme niveleur.

Cela me rappelle tous ces socialistes français de 2007 qui tempêtent contre toute sélection et tout élitisme, voire toute exigence, à l'école publique et mettent leurs enfants à l'école alsacienne.

Elle en profite pour bousculer le mammouth. Ses hauts fonctionnaires la piègent en lui présentant comme une mesure de saine économie de supprimer la distribution gratuite de lait dans les écoles, puisque celui-ci part pour les trois quarts à la poubelle. Aussitôt, une campagne médiatique la présente comme une affameuse d'enfants.

Elle en retiendra deux leçons :

> les hauts fonctionnaires ont leur propre programme et leurs propres objectifs (et les autres fonctionnaires, pas seulement hauts, également d'ailleurs). Il faut absolument ne leur accorder aucune confiance et ne pas prendre pour argent comptant leurs dossiers et leurs suggestions. Il faut toujours être en position de force dans la connaissance des dossiers vis-à-vis d'eux, ce qu'une Thatcher bourreau de travail arrivait à faire, ce qu'un ministre français cumulard n'a absolument pas le temps de faire.

Notamment, elle constate que les hauts fonctionnaires ont une technique très efficace pour arrêter les réformes qui leur déplaisent : ils ne s'opposent pas, ils disent au ministre ce qu'il veut entendre, mais multiplient les questions techniques détaillées, de manière à présenter une réforme simple comme un monstre de complexité qu'il vaut mieux abandonné. Si cela ne suffit plus, ils préconisent de préférence des mesures douloureuses, susceptibles de cristalliser les oppositions, de préférence à des mesures plus indolores, qu'ils gardent sous le coude.

> Tant qu'à subir des attaques, que ça soit sur des points essentiels et non accessoires.

Elle a eu quelques bonnes intuitions, sur le nivellement par le bas, sur les méthodes pédagogistes, sur les grands ensembles, mais, en politique avisée et soucieuse de sa carrière, elle a compris que, sans le soutien du premier ministre, elle n'arriverait à rien.

Elle est donc devenue un ministre comme les aiment les syndicats d'enseignants, bonne pour les profs, mauvaise pour l'éducation, privilégiant la quantité et les dépenses, à la qualité et au travail pédagogique. Elle a même été acclamée dans des congrès de profs.

Mais, jurant qu'on ne la reprendrait pas à agir contre ses convictions, elle en a conclu la nécessité d'avoir un gouvernement avec une politique claire et qu'une politique consensuelle est souvent aussi mal avisée que facile.

Enfin, lorsque le gouvernement Heath est tombé après avoir tout céder à ses adversaires suite à une grève de mineurs minoritaires mais très violents (situation qui n'est pas sans rappeler les grèves de 1995 en France), elle a décidé que, vraiment, ça ne rapportait rien aux conservateurs de céder aux socialistes.

Elle apprit une leçon décisive sur les élites : toujours prêtes à en découdre dans les discours, toujours prêtes à transiger dans l'épreuve (c'est un portrait de Chirac ?).

Il fallait aux tories un chef convaincu, prêt à se battre, et non à jouer les membres de club avec les travaillistes à la buvette du parlement.

Ce chef, évidemment, ce fut elle.

Un de ses cotés sympathiques est qu'elle remplaça petit à petit les vieux lords conservateurs qui se croyaient un talent inné à gouverner par des techniciens travailleurs.

Les premiers budgets qu'elle présenta, impôts indirects augmentés, impôts directs et dépenses publiques baissés, soulevèrent une tempête jusqu'à dans son propre camp. Les usines fermaient, chômage augmentait, c'était un drame, même si elle pensait probablement que les chômeurs, anesthésiés par l'assistanat, ne se battaient pas pour retrouver un emploi autant qu'ils auraient du. Mais elle tint bon, quasi seule contre tous, et y gagna un surnom TINA : "There is no alternative" et aussi, moins aimable, de TBW : That Bloody Woman (cette satanée bonne femme).

La Guerre des Malouines rendit la fierté à son peuple et à elle la popularité et le temps nécessaire aux réformes.

Mais voilà : elle avait raison, de 13 % en 1982, le chômage était de 5,8 % en 1990.

Pourtant, une pétition de 364 universitaires et anciens ministres expliquait en 1981 que cette politique ne pouvait pas marcher, qu'elle était dépourvue de base théorique et idiote, voire criminelle. Ceci ne fit que renforcer la méfiance de Maggie vis-à-vis des intellectuels.

Elle a eu la sagesse, contrairement à une légende française, de préserver l'assurance chômage et l'assurance maladie collectivistes, même si ce fut peut-être contre ses convictions morales.

Pour son célèbre bras de fer avec le syndicat des mineurs (un peu l'équivalent de notre SNCF), elle s'est préparée plusieurs années à l'avance, jusque dans les détails.

Elle a fait voter des lois qui n'avaient l'air de rien mais qui permettaient de mettre fin aux actions illégales des syndicats. Ella a veillé à ce qu'il y ait des stocks de charbon près des consommateurs et loin des mineurs, à ce que les dockers ne gênent pas l'importation de charbon par solidarité, etc ...

D'un point de vue plus anecdotique, mais bien révélateur de sa fibre morale, elle pouvait se montrer très dure avec les puissants, mais était toujours d'une grande attention vis-à-vis du personnel.

Elle avait demandé à ne pas avoir quelqu'un à son service en permanence, de manière à ne pas imposer à un employé ses horaires. Ainsi, elle préparait elle-même son petit-déjeuner et son dîner, ce qu'un préfet chez nous n'envisagerait pas. Cela explique peut-être que le 10 downing Street n'employait qu'une centaine de personnes tandis que Matignon en emploie cinq fois plus.

Il lui arrivait aussi de faire des oeufs (brouillés, sur le plat, ...) à ses ministres lors des réunions tardives.

La monarchie n'est pas du coté de la Manche que l'on croit.

Elle manquait d'humour, mais à propos de la gauche huppée, elle écrivit, ce qui irait si bien à nos bobos : "Ils avaient des remords d'avoir reçu trop d'argent et s'en guérissaient en payant des impôts."

Enfin concluons : elle a eu une de la chance (une guerre qui relance sa popularité, des oppositions caricaturales, etc ...) mais elle a su en profiter, saisir les bonnes occasions par les cheveux.

Elle a été aussi d'une patience et d'une ténacité admirables, n'hésitant pas à avaler des couleuvres quand elle ne se sentait pas en position de force quitte à vaincre d'un coup plus tard.

Elle ne fut pas en manque de courage, y compris physique vis-à-vis de l'IRA. Si elle sut ne pas céder au chantage (2), elle ouvrit aussi les négociations qui finirent par aboutir à la situation pacifiée actuelle (elle n'était pas que dureté, elle savait manoeuvrer).

Pour résumer, elle fut un chef de gouvernement exceptionnel.

Au fond, je suis d'accord avec les socialistes français : le blairisme n'est qu'une forme abatardie de thatcherisme. Pour eux, c'est une insulte ; pour moi, c'est un compliment.

Pas convaincus ? Le niveau de vie moyen des Anglais était de 30 % inférieur au nôtre en1978, il est aujourd'hui, plus élevé de 10 %. Bien sûr, tout le monde n'en a a pas profité également, les 10 % les plus pauvres en ont moins profité que les autres, mais 90 % de la population en a bien profité, c'est tout de même remarquable.

Que voulez vous ? Je préfère l'inégalité dans la prospérité à l'égalité dans la pauvreté. C'est un intéressant sujet de réflexion pour nos archéo-socialistes.

(1) : le fait d'être né dans une famille commerçante qui a su s'adapter sans rien demander à la collectivité, passant de la vente de charbon à la vente de fuel, de la vente de fuel aux déménagements et au transport de marchandises n'est probablement pas pour rien dans mon libéralisme.

(2) concernant la grève de la faim fatale de Bobby Sands : "Je fais mon devoir, on lui présente trois repas par jour." A noter qu'elle avait laissé à la famille de Bobby Sands la possibilité de demander l'alimentation forcée et que celle-ci ne l'a pas utilisée.

Le PS est une coquille vide

Voici un article extrait du Figaro de ce jour :

Le PS est une coquille vide

Cet article me semble mettre en exergue la formidable inertie des institutions politiques : en effet, tous les socialistes ne sont pas des imbéciles, même si, ces derniers temps, on a surtout entendu les cons (1) (le blog de Guy Birenbaum en est un bon exemple).

Pourtant, la mutation du PS semble toujours aussi éloignée.

Pour mémoire, le Labour anglais a passé 18 ans dans l'opposition durant les années Thatcher. A ce compte là, si on prend comme point de départ 2002, on a Sarkozy ou un de ses disciples jusqu'en 2020. Courage, camarades !

(1) : pourquoi les intellectuels (médiatiques ou universitaires) sont à la pointe de la connerie gauchiste (Sarko-danger-pour-la-démocratie est passé et il n'y a toujours pas de chars d'assaut sur la place de la Concorde, je m'étonne). ? Je crois que c'est parce qu'ils sont par métier irresponsables : un ingénieur qui fait des avions qui tombent, un avocat qui perd ses procès, ça se voit, il est soumis à l'épreuve des faits, il est responsable, obligé de se remettre en cause.

Un intellectuel qui raconte n'importe quoi, qui cela dérange ? D'où vient l'épreuve des faits ? Il suffit de savoir enrober les faits dans un joli discours avec un ruban autour et l'on a toujours raison, même si on a pu errer par le passé. Se renier à intervalle régulier est plutôt bénéfique pour l'image. Sartre a passé sa vie à vénérer des dictatures sanguinaires, les unes après les autres, ça a plutôt pas mal réussi à sa carrière.

jeudi, juin 07, 2007

PS : pendant le naufrage, la synthèse continue

Ségolène Royal va présenter une motion pour s'emparer du pouvoir au PS.

Si elle réussissait, ça serait la pire chose qui pourrait arriver à ce vieux parti. Elle n'a ni le goût pour les jeux d'appareil ni le talent pour idées nécessaires pour mener à bien la rénovation de ce parti.

Or, une opposition saine est indispensable à la démocratie. Je suis donc inquiet.

Voici ce qu'en pense Nicolas Baverez

Trois obstacles se présentent devant cette refondation. D’abord, le carcan des conservatismes intellectuels et de la culture de la radicalité au sein de la gauche qui, toute à ses certitudes morales et historiques, a cessé de réfléchir à l’évolution du monde et de la France depuis plusieurs années, offrant une symétrie parfaite avec la congélation de la pensée politique à droite durant la période post-gaulliste. Ensuite, les pesanteurs sociologiques et électorales comme les structures des vieilles alliances qui compliquent tout rapprochement avec le centre. Enfin et surtout, la violence des affrontements pour le leadership.

À peine le résultat du second tour connu, Ségolène Royal a publiquement confirmé sa volonté de poursuivre sa conquête de la présidence de la République. Elle reste trop déterminée et trop forte dans l’opinion pour être contrée par les éléphants. Mais il n’est pas certain, en dépit des avancées qu’elle a réalisées au cours de sa campagne, qu’elle soit à même de conduire la rénovation du Parti socialiste et de la gauche. En raison de sa filiation mitterrandiste d’abord, qui accorde un primat absolu à la manœuvre politique sur les principes. En raison de son tropisme pour la communication et de son peu d’intérêt pour les débats théoriques ou les idées. À l’inverse, ses concurrents sont très loin pour l’heure de disposer de son charisme et d’une stratégie alternative crédible. C’est bien dans le divorce potentiel entre la capacité de leadership et la capacité de renouvellement intellectuel que réside actuellement le plus grand péril pour la gauche française.

Pour trancher ces dilemmes, deux expériences politiques européennes méritent d’être méditées. La première est celle du Labour sous Madame Thatcher, prisonnier d’une spirale déclinante où la dérive gauchiste et les échecs électoraux se confortaient mutuellement. La seconde est celle de la gauche italienne qui, écrasée par Silvio Berlusconi, a réussi à éviter l’enfermement dans la violence et la radicalité comme à compenser le manque de charisme de son leader, Romano Prodi, pour revenir au pouvoir avec un programme et une organisation rénovés. À l’image de la France dans son ensemble, la gauche doit désormais se convertir à la rupture et s’administrer une thérapie de choc.

Gouvernement Sarkozy mal parti (2ème épisode) : la réforme des universités

On nous parle d'autonomie des universités, pourquoi pas ? Mais on n'exclut de ce champ les deux tabous français : la sélection à l'entrée et les droits d'inscriptions.

Autrement dit : on ne règle pas les deux problèmes essentiels, je dirais même existentiels, de l'université française : c'est gratuit et tout le monde peut y aller, ça veut dire que ça ne vaut rien.

Après, qu'on ne se s'étonne pas qu'une part importante des étudiants se comporte comme des touristes et qu'il y ait un taux d'échec hors du commun dans les premières années, où se fait la sélection qui aurait du se faire à l'entrée.

Pourquoi fait on en deux ans ce qui pourrait se faire en une semaine de concours ? Au nom de quoi fait-on perdre tout ce temps à tant de gens ?

Pas au nom d'une conception supérieure de l'homme et du savoir, non, pas du tout. On fait cela au nom d'un conservatisme mou mais très résistant, d'une idée reçue : en France, il y aurait un tabou sur la sélection à l'entrée de l'université.

Elle est belle, l'intelligence française !

lundi, juin 04, 2007

Pourquoi le Modem de Bayrou est condamné à n'être qu'un feu de paille

Je trouve que toutes les récentes adhésions, 80 000 dit-on, au Modem de Bayrou sont gentillettes.

Mais, au fond, cet extrême-centre n'est qu'une version présentable du vote protestataire stérile qu'on retrouve à l'extrême-gauche et à l'extrême-droite. Toujours la même façon de prendre les compromis pour des compromissions.

Heureusement, le Modem est doublement condamné à l'échec :

> par le mode de scrutin, qui induit, sagement, une bipolarisation éliminant les partis centristes. Tous ceux qui parlent d'introduire une dose de proportionnelle poursuivent d'autres buts que la bonne marche des institutions.

> par la nature de la politique. Gouverner, c'est choisir. Les illusions de "Ni droite, ni gauche" peuvent être séduisantes pour l'intellect mais elles n'ont aucune vertus politiques. On finit toujours par se retrouver pour ou contre le gouvernement, et par la force des choses, soit à droite, soit à gauche. Et c'est heureux, sinon on participe au mouvement qui consiste à faire prendre les vessies pour des lanternes.

dimanche, juin 03, 2007

Le strausskahnisme est fini avant d'avoir commencé


DSK m'est plutôt sympathique, mais il n'a aucun avenir politique (si tant est qu'une phrase aussi définitive ait un sens en France, pays des ressuscités politiques) :

> raison fondamentale : si la social-démocratie strausskhanienne est trop avancée pour le PS, parti dont l'archaïsme fait rire jusque dans les services de gériatrie, elle est totalement dépassée dans le monde actuel. C'est une politique des années 50.

> raison circonstancielle : ce brave DSK n'a pas montré un grand talent pour les jeux d'appareil, et on ne gagne pas une élection sans parti.

samedi, juin 02, 2007

La gauche la plus bête du monde (suite du feuilleton, hélas très long)

Une lueur d'espoir :

Pour une gauche girondine

Les ténèbres retombent :

La gauche et le jogging


Une indignation très sélective

La secte heureuse de la social-médiocratie


Un dernier point sur la gauche la plus bête du monde. Ca me chagrine sans vraiment me surprendre : les plus en pointe sont les intellectuels.

vendredi, juin 01, 2007

Un tabou quasi-insurmontable ?

Tandis que se profile à l'horizon une réforme partielle des universités, je lis et j'entends des commentateurs, certes prisonniers de la gôche, qualifier la sélection à l'entrée de l'université de "tabou quasi-insurmontable".

Je ne vois vraiment pas en quoi : sélectionnés sur dossiers pour entrer en classes préparatoires, puis par concours pour entrer en écoles d'ingénieurs, mes camarades et moi avons toujours trouvé naturel que nous n'ayons pas tous les mêmes talents et les mêmes capacités en maths, en physique, en Anglais, en Français et que mesurer et utiliser ces différences de talents pour sélectionner à l'entrée d'écoles où nous ferions surtout des maths, de la physique, de l'Anglais et du Français était du pur bon sens.

Ce qui n'empêchait d'ailleurs pas qu'il y eut au sein d'une classe ou d'une promotion une hiérarchie des caractères qui ne recoupait pas la hiérarchie académique.

Et ainsi dans tous les domaines académiques : je ne comprends vraiment pas pourquoi je peux, sans entraves académiques, m'inscrire avec mon "bac"en faculté de droit, métier pour lequel je n'ai aucun appétit ni aucun talent.

Aurais-je même l'appétit, à quoi cela servirait-il si je n'ai pas les capacités ? A me faire perdre mon temps, mes illusions, et à gaspiller mon argent et celui de la collectivité ?

Alors je ne vois pas dans la sélection à l'entrée de l'université de tabou, mais une simple intelligence des choses de la vie.

Tout le reste est démagogie, mensonges et tromperie.

Remors : j'ai oublié de préciser une chose. Au fond, il y a, à mes yeux, dans ce combat pour l'interdiction de la sélection à l'entrée à l'université, la haine du savoir et de sa transmission qu'on retrouve sous d'autres formes dans le primaire et dans le secondaire. C'est compréhensible : ce combat est livré par les mêmes personnes.