jeudi, juillet 13, 2023

Pierre CLOSTERMANN Journal de sa vie opérationnelle Janvier 1943 - Août 1945 (George-Eric Coisne)


L'auteur compare :

> Le Grand Cirque (3 millions d'exemplaires vendus).

> le carnet de vol de Pierre Clostermann.

> les journaux de marche et d'opérations (JMO en français, ORB en anglais) des unités où il a volé.

Il relève de nombreuses erreurs, qui sont aussi des licences d'auteur. Clostermann regroupe souvent plusieurs incidents disparates dans une seule mission. Il s'attribue aussi quelques aventures arrivées à d'autres.

D'un point de vue historiographique, c'est intéressant : les ORB et le carnet de vol contiennent aussi des erreurs.

C'est qu'ils étaient écrit quand on pouvait, quelques fois plusieurs jours après l'action.

C'est l'occasion de revenir sur la mort du commandant René Mouchotte le 27 août 1943.

Dupérier, successeur de Mouchotte et militaire de carrière qui n'aimait pas Clostermann pour son côté fantasque (les militaires de carrière sont de grands psychologues, comme chacun sait), lui reproche d'avoir, en tant qu'ailier, abandonné Mouchotte et l'interdit de facto de vol (en ne l'inscrivant plus pour aucune mission). Ce qui entrainera le transfert de Clostermann dans une escadrille anglaise où il sera, finalement, plus à l'aise.

La version de Clostermann qui est que Mouchotte est mort de fatigue a quelque vraisemblance : il se plaignait d'un épuisement général et, quand son corps a été retrouvé après guerre, il n'était ni blessé ni noyé. Il est donc possible que son cœur ait lâché.

Il participe au débarquement en Normandie, après quoi mise au repos.

En 1945, Clostermann retourne en opérations après passage de six mois en état-major à Paris à se tourner les pouces (on n'avait pas tellement d'as, on ne voulait pas les perdre).

Le rythme d'opérations est effréné, puisque la Luftwaffe a ratiboisé les autres escadres alliées lors de l'opération surprise Bodenplatte (qui a aussi marqué la fin de la Luftwaffe en tant qu'armée cohérente). Les pilotes carburent aux amphétamines.

Ca ne dure que quatre mois mais très intenses.

Puis la paix.

jeudi, juillet 06, 2023

Le complot de la Réserve Fédérale (Anthony C. Sutton)

Livre de 1995.

Les suppôts du pouvoir emploient l'épithète « complotiste » pour disqualifier les opposants auprès des crétins (qui sont hélas fort nombreux).

Parlons donc d'un complot avéré et documenté. Et pas des moindres puisqu'il aboutit en 1913 à la création de l'organisme peut-être le plus puissant du monde : la Réserve Fédérale américaine (FED).

Qu'est-ce que la FED ?

Dans un régime d'étalon (par exemple bi-métallique or-argent), il n'y a pas besoin de banque centrale. Un organisme d'émission (la Monnaie de Paris, par exemple) émet autant de monnaie qu'il y a de métal disponible et le tour est joué. Les taux fixés aujourd'hui par les banques centrales sont fixés par le marché et voilà.

Avant la création de la FED, la politique monétaire était du ressort du Congrès, mais c'était réduit à pas grand'chose.

Milton Friedman proposait une fixation de l'émission de monnaie par un algorithme, ce qui ressemble fortement au Bitcoin.

Il y a alors une concurrence des monnaies : si l'organisme émetteur se comporte de manière à déprécier sa monnaie (le rognage des pièces), les gens peuvent utiliser d'autres monnaies (c'était courant au moyen-âge).

Les banques centrales ont été créés pour financer les guerres (France 1800). Elles ont le monopole de la monnaie et l'utilisation en est obligatoire (puisque l'idée sous-jacente à la création des banques centrales est toujours de pervertir la monnaie, il faut bien forcer les gens à utiliser cette monnaie de singe). Kaputt la concurrence des monnaies sur un territoire donné.

La FED est une banque dont les actionnaires sont d'autres banques. Hé oui, ce n'est pas un organisme public, mais semi-public. Pourtant, elle bénéficie d'un privilège public exorbitant : le monopole de la monnaie.

La FED est une banque centrale indépendante : ses décisions ne sont pas sujettes à l'autorisation du président des États-Unis ou d'une autre partie du gouvernement fédéral, elle ne reçoit pas de budget du Congrès, et les mandats des gouverneurs sont beaucoup plus longs que ceux des élus fédéraux. Le gouvernement peut cependant exercer un contrôle : l'autorité de la Fed est définie par le Congrès et celui-ci peut exercer son droit de surveillance (congressional oversight). Les membres du bureau des gouverneurs, y compris le président et le vice-président, sont nommés par le président des États-Unis et confirmés par le Sénat. Le gouvernement nomme également les hauts fonctionnaires de la banque et fixe leur salaire.

En réalité, la combinaison de la complexité du système et de la longueur des mandats fait que le contrôle démocratique sur la FED est inexistant. On peut d'ailleurs dire à peu près la même chose du FBI (1908) et de la CIA (1947). Et de la BCE.

On notera au passage que le délit d'initiés est consubstantiel à la FED puisqu'il y a des gens qui, plusieurs fois par an, savent à la minute près dans quel sens vont évoluer les marchés de taux. Il est comique que deux membres de la FED aient été grondés récemment (on leur a fait les gros yeux et une commission sénatoriale rendra un rapport en ... 2027) pour quelques dizaines de millions de dollars alors que certains calculateurs estiment ces profits depuis la création de la FED en dizaines de milliards de dollars (sans compter les profits plus subtils, comme un pouvoir illimité).

Une opposition farouche des Pères Fondateurs

L'opposition des premiers dirigeants américains (à part Hamilton, vendu aux banquiers new-yorkais) est sans ambiguïté : la création d'une banque centrale fédérale, c'est la fin de la démocratie.

L'argument brûlant d'actualité est simple : une banque qui dispose du privilège de manipulation de la monnaie peut fausser les élections. Trump s'en est suffisamment plaint (mais bien sûr, on l'a traité de « complotiste ». Comme c'est facile !).

Thomas Jefferson a continué sa carrière politique pour empêcher cette création. On peut se demander si la polémique récente sur les esclaves de Jefferson n'arrangeait pas les financiers.

Le dernier président à avoir été violent dans son opposition est Andrew Jackson (1836). Ensuite, la finance a patiemment grignoté de l'influence.

Tous ces présidents sont critiqués comme démagogues par les universitaires. Car il y a une règle implicite mais très forte aux Etats-Unis : si on veut faire carrière (université, politique, journalisme), on ne critique pas le principe de la FED. Seuls des marginaux (Hayek, Ron Paul) peuvent se le permettre.

Il y a un tabou carriériste aussi fort en Europe sur l'Euro et l'UE.

Le grignotage : communisme et planche à billets

La famille Roosevelt, celle de deux présidents des Etats-Unis, est fondatrice et dirigeante pendant longtemps de la Banque de New-York, une de celles qui vont être à l'origine de la FED.

Sutton exhume une brochure de Clinton Roosevelt (un prénom pareil, c'est prémonitoire) qui ressemble étrangement au manifeste du parti communiste, avec quelques années d'avance et écrit par un banquier.

Et c'est logique : les cocos et les financiers communient dans la destruction du vieux monde et de tous les liens non-matériels.

Un argument plus technique : le communisme a besoin de la planche à billets pour se financer. Et la planche à billets a besoin des nécessités du communisme pour justifier son existence. Ces deux phrases expliquent toute la vie monétaire et l'Etat-Providence en parallèle depuis 1945. Et, aujourd'hui, le parallèle entre Monnaie Numérique de Banque Centrale et Great Reset.

Et la création d'une banque centrale est le cinquième point du Manifeste du Parti Communiste de Marx en1848. Je remarque qu'Hitler détestait l'étalon or.

Sutton insiste un peu trop sur le fait que Marx aurait été payé par les banquiers (il travaillera plus tard pour le New York Tribune) : cette thèse est très fragile et elle n'apporte rien, ces idées étaient dans l'air. Comme la plupart des socialistes, c'était un sale type (méchant, envieux ...).

Lincoln est coincé par la nécessité de financer la Guerre de Sécession et doit céder du terrain aux banquiers.

Le complot de 1910

En 1907, JP Morgan et ses copains new-yorkais orchestrent une panique boursière. Episode documenté par une commission parlementaire de 1976 (mieux vaut tarte que jamais, n'est-ce pas ?).

Cette panique, présentée à l'époque évidemment comme un phénomène naturel, sert d'argument pour la FED : « Avec une banque centrale, ça ne serait pas arrivé ».

Toute l'ironie (pour ne pas dire plus) de l'argument est que la FED jouera un rôle central et délibéré dans le krach de 1929 ; le but (atteint) étant d'éliminer le maximum d'institutions financières indépendantes « quoi qu'il en coûte » (c'est-à-dire une guerre mondiale, fort lucrative pour certains).

En 1910, des banquiers se réunissent sur Jekyll Island sous de faux noms, c'est donc bien un complot (deux d'entre eux en ont témoigné dans leurs mémoires).

Plan en 2 étapes :

1) Faire élire Woodrow Wilson en 1912, qui fait campagne contre Wall Street, alors que les deux tiers de son budget de campagne viennent de quatre financiers. C'est déjà un énorme mensonge anti-démocratique.

2) Faire passer la loi sur la FED en utilisant l'opposition contrôlée, qui soulève un tas d'objections, sauf les deux tabous essentiels, qui sont étouffés : la concession d'un monopole public à des intérêts privés, l'absence de responsabilité démocratique.

La loi sur la FED est très probablement anticonstitutionnelle. En effet, en commission de convergence Sénat-Chambre des Représentants, ont été introduits des amendements qui n'avaient été votés par aucune des deux chambres. Wilson (le même enculé qui plus tard sabotera la paix au détriment de la sécurité de la France) s'empresse de signer la loi le surlendemain.

Sutton dresse la liste (assez amusante d'un certain point de vue) des allers-retours public-privé de Paul Volcker, mythique gouverneur de la FED.

Aujourd'hui, la FED est intouchable.

On ne peut critiquer son fonctionnement et, encore moins, son principe, sans voir sa carrière brisée par de mystérieux maléfices (des financements qui se tarissent, des commanditaires qui se dédissent, une mauvaise réputation qui s'installe, des rumeurs qui courent, des invitations qui se raréfient, un éditeur qui a piscine etc.). Ce qui est très compréhensible : des fortunes colossales, tout un système de richesse et de pouvoir, dépendent de la FED.

La FED est l'instrument principal de l'euthanasie de la classe moyenne et de la fin de la démocratie.

A Montfaucon !

Conclusion : les financiers sont vraiment des êtres par essence sataniques (les exceptions ne font que confirmer la règle : pour faire métier de manier l'argent, il faut n'avoir aucune morale). Le moyen-âge avait bien raison de s'en méfier comme de la peste et d'en pendre quelques uns à intervalles réguliers.

Tant que nous vénérerons Mammon et que nous ne reprendrons pas le fil de cette saine pratique, nous serons dans la merde.