vendredi, février 29, 2008

La lettre de Max Gallo aux sarkophobes

J'avoue préférer les argumentaires implacables de JF Revel à la prose déclamatoire de Max Gallo, mais on fait avec ce qu'on a.

La leçon d'histoire de Max Gallo aux sarkophobes

La gauche française est saoulante, elle ne se renouvelle vraiment pas.

Tout le monde aura reconnu dans «confinant à la monarchie élective» la vieille rengaine comme quoi la droite serait entachée d'illégitimité républicaine, toujours prête à verser dans la monarchie ou dans le bonapartisme.

Seule la gauche serait la vraie République.

C'est bizarre, je n'ai jamais entendu personne expliquer qu'une partie de la gauche verserait volontiers dans le robespierrisme ou la dictature du prolétariat , ce qui ne me parait guère plus louable que le bonapartisme ou la monarchie.

Mais c'est sûrement un effet de mon cerveau malade.

jeudi, février 28, 2008

Hausse de l'Euro : qui sème le vent ...

Guy Sorman est en train de publier un livre intitulé L'économie ne ment pas.

Quelle vérité peut bien nous raconter la récente hausse de l'Euro ?

Tout d'abord, une évidence : l'Europe politique n'existe pas. C'est une vérité universellement admise.

Mais, il est une autre vérité révélée par la hausse de l'Euro qui, celle-là, est bien dissimulée parce qu'elle embarrasse bien plus que l'inexistence politique de l'Europe.

C'est que dans la zone Euro circule de l'argent malsain, de l'argent non gagné (explications complètes de JP Chevallier).

Le système de retraites par répartition génère des dettes non provisionnées, par exemple 116 milliards d'€ (une paille) de dettes pour retraite ont disparu des comptes de la SNCF et ne sont réapparus nulle part (joli tour de passe-passe bureaucratique bien digne d'un «patron voyou», sauf qu'en général, un«patron voyou» ne joue pas avec 116 milliards).

Cet argent qui n'est pas mis de coté pour les retraite se retrouvent bien quelque part : dans le portefeuille des «eurozonards» et contribue à entretenir l'inflation, empêche la BCE de baisser les taux et pousse l'Euro à la hausse. CQFD.

Bien sûr, un jour, cet argent qui n'a pas été mis de coté manquera. Mais c'est une autre histoire et une autre catastrophe.

Alors, c'est vrai, l'économie ne ment pas, mais il arrive que les hommes se mentent et trichent à son propos.

Liechtenstein : « C'est la faute aux impôts »

Je n'ai pas grand'chose à ajouter à l'article du Times ci-dessous, repris par les Echos.

Certes, la fraude fiscale est malhonnête et condamnable comme telle.

Mais un Etat, dispendieux, clientéliste, infantilisant et spoliateur se déconsidère, se délégitime et brouille les frontières entre l'honnête et le malhonnête.

Par exemple, il est légal, mais est-il vraiment honnête que l'Etat ait dépensé 34 milliards d'€ dans des «plans banlieue» à l'inefficacité, au clientélisme et au magouillage patents ?

Chaque € de ces plans aurait été plus légitimement utilisé par les contribuables auxquels il a été pris.

Les impôts, comme l'Etat, sont un mal nécessaire. Ils devraient donc être réduits au minimum et décidés avec d'infinies précautions, votés les mains tremblantes.

Bien au contraire, ils prolifèrent et chaque ministre, chaque conseiller du ministre, chaque sous-chef de sous bureau premier escalier à droite en entrant puis au fond du couloir à gauche, chaque député de l'Yonne septentrional invente des taxes et des impôts nouveaux avec autant de désinvolture qu'il pisse le matin.

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« C'est la faute à Voltaire », disait Gavroche dans « Les Misérables ». La faute aux impôts, dit aujourd'hui le « Times » pour prendre la défense du Liechtenstein et de sa banque LGT, au centre d'une enquête sur l'évasion fiscale. Son titre ne laisse planer aucun doute sur sa pensée : « L'irrésistible marche en avant de la machine à impôts. » Le Royaume-Uni, rappelle le quotidien britannique « Times », avait inventé l'impôt sur le revenu pour payer les guerres contre Napoléon. Deux siècles après, le gouvernement a toujours besoin d'argent pour financer les guerres, le pain et les jeux Olympiques. « La soif inextinguible du gouvernement pour une part plus grande du gâteau national est en train de devenir un problème. » Pour appuyer son propos, le journal cite quelques statistiques. En 2007, l'impôt payé par les plus grosses entreprises britanniques a augmenté de 18 % alors que leur bénéfice n'a progressé que de 8 %, la croissance de 3 % et les prix à la consommation de 2,75 %. « Un tel fardeau fiscal est insupportable et ne peut conduire qu'à une fuite plus importante d'entreprises » vers l'Irlande, les Pays-Bas ou le Luxembourg.

Le vrai problème, selon le journal, est le combat entre coopération et compétition fiscales. Or c'est la concurrence fiscale qui permet de maintenir des impôts faibles. « Quoi que l'on puisse penser des riches du Liechtenstein, des entreprises en Irlande ou de la jet-set de Monaco, les ministres des Finances qui veulent dépenser plus s'inquiètent toujours de l'existence de paradis fiscaux. » Sans l'existence d'une compétition, l'Europe « serait un enfer fiscal, une terre de désinvestissement et de chômage gouvernée par des Etats parasites financés par des classes moyennes lourdement assujettis à l'impôt et de moins en moins nombreuses ». En conclusion, le « Times » met en cause la Commission européenne qui risque de demander une plus grande coopération afin d'élargir l'assiette fiscale en Europe et éviter ainsi une baisse des recettes budgétaires en raison du ralentissement économique. « C'est la voie à la stagnation économique et il faudra un ministre courageux des Finances pour s'y opposer. »

mercredi, février 27, 2008

Petit état de la censure dans la presse «de référence»

J'ai posté la phrases de JL Caccomo «Si il y a des paradis fiscaux, c'est qu'il y a par ailleurs des enfers fiscaux.» en commentaire de différents articles sur le sujet . Avouez qu'on peut contester cette phrase mais qu'elle n'est pas d'une violence extrême.

Résultat du test :

> censure systématique au journal Le Monde (pas de problème technique puisque d'autres commentaires passent).

> publication aux Echos, au Figaro et à Libération.

Je ne suis pas particulièrement étonné : sous son coté onctueux, Le Monde est sectaire et n'apprécie guère le débat qui s'écarte trop de sa ligne.

«La France a des réactions d'épave dérangée dans son sommeil.»

«La France a des réactions d'épave dérangée dans son sommeil.»

Je ne sais pas si cette citation de René Char est juste pour toute la France, mais elle est certainement juste pour l'Etat français.

Quelques signes :

> la polémique sur le pouvoir d'achat, ce n'est plus le degré zéro de la pensée, c'est un niveau négatif, souterrain : voir sur le blog de JL Caccomo Le chant du cygne. Or l'Etat, comme la poisson, pourrit par la tête.

> on apprend que l'Etat augmente sa participation dans ST Microelectronics pour maintenir la parité avec le partenaire italien et envisage de prendre une participation dans Alcatel Lucent.

Ces deux nouvelles marquent le regret du monde d'hier, celui où la France n'était pas européenne et où Alcatel était un champion (il n'est plus qu'un canard boiteux qu'il faudrait plutôt aider à bien mourir), je ne vois pas la préparation du monde de demain.

Si notre Etat aux caisses archi-vides tient absolument à investir, pourquoi ne le fait-il pas dans les biotechnologies ? Ha oui, c'est vrai, ça ne ferait pas plaisir à José Bové. Et la République, bonne fille, déteste faire de la peine à José.

Pendant ce temps, on ne parle pas des choses importantes, comme les premiers craquements de l'Euro : Zone Euro delenda est.

Pendant la chute de Byzance, on discutait du sexe des anges, nous nous discutons du prix du yaourt chez Leclerc et Auchan, ça ne vaut guère mieux.

Pauvre France !

Hyperactivité ou pédalage dans la semoule ?

Le «Sarko bashing» étant à la mode, j'y vais de ma louche. Nicolas Sarkozy justifie son «hyperactivité» comme étant un devoir. Mais, il est plus un agité qu'un hyperactif, c'est la différence entre le mouvement brownien et le développement de l'embryon.

Cependant, si c'était à refaire, avec encore plus d'hésitations si c'est possible, je voterais encore pour lui.

En effet, regardons l'alternative : Ségolène Royal. Neuf mois après l'élection présidentielle perdue, le PS et sa candidate semblent figés dans la vaine agitation, qui est une forme de l'inaction. Les mois sont passés sur eux comme un jour : pas l'ombre d'une pensée originale, pas l'espoir d'une nouvelle tête.

Les JF Kahn et consorts sont obligés de nous ressortir les vieilles lunes de la République en danger et de la monarchie élective (1) pour donner à l'opposition un semblant de vie.

La gauche ne change pas : zéro pensée, 100 % de mauvaise foi. Ca critique, ça critique, mais plus haut que le niveau des paquerettes. A moins que la prose universitaire de Badiou traitant les électeurs de Sarkozy de rats soit d'une subtilité qui me reste inaccessible, à moi, misérable rat.

Est-ce qu'on leur expliqué à tous ces gens que Blum et Jaurès avaient un cerveau et qu'ils leur arrivaient d'en faire bon usage et même, phénomène inimaginable de nos jours, d'avoir des scrupules ?

(1) : De Gaulle, Giscard, Mitterrand, Chirac ont eu droit à cette accusation. Pompidou a eu le bon goût de mourir avant.

mardi, février 26, 2008

Nous irons tous au paradis (fiscal)

A la suite de l'affaire allemande d'évasion fiscale au Liechtenstein, on entend dire pis que pendre des paradis fiscaux.

Je sais que l'on va trouver ma question provocante mais il faut tout de même la poser : doit-on lutter contre les paradis fiscaux ?

Après tout, pourquoi ne pas laisser à l'argent la liberté de circuler ?

L'évasion fiscale constitue une soupape contre une ingérence trop forte de la fiscalité dans l'économie. Il n'y a pas que la Suisse, il y a aussi le maçon payé «au noir».

L'évasion fiscale serait insupportable si tous les impôts étaient légitimes et justes, or on sait que ce n'est pas le cas.

D'après les différents rapports de la cour des comptes et équivalents, l'Etat français gaspille entre un tiers et un quart de son budget. Je comprends que ce racket fasse mal au coeur et qu'on essaie d'y échapper dans une certaine mesure.

Voici un parallèle aéronautique : la possibilité de faire voler en France des avions avec des immatriculations étrangères, donc qui échappent au pouvoir de la DGAC, irrite au plus haut point cette administration. C'est un espace de liberté dans son délire règlementaire.

Mais, en même temps, cela a une vertu : la DGAC a une limite jusqu'où ne pas aller trop loin dans les pulsions sadiques liberticides.

L'évasion fiscale, ainsi que les expatriations fiscales, jouent le même rôle : elles sont un signal de mauvaise fiscalité. Bien sûr, ce signal est trop gênant pour être entendu, il est nié. On préférera casser le thermomètre plutôt que de faire baisser la fièvre.

Il n'empêche que ce signal existe pour ceux qui ont des yeux pour voir.

Au fait, je rappelle à tous nos chevaliers blancs qu'il existe un moyen simplissime de diminuer l'évasion fiscale : diminuer les impôts.

Il existe un seuil au delà duquel les impôts sont ressentis comme spoliateurs et l'évasion fiscale comme légitime. Mais, l'inverse est aussi vraie : il existe un seuil en-deça duquel l'impot est indolore et ne donne pas lieu à évasion.

Bref, toujours fidèle à lui-même, l'Etat français crée des problèmes, en l'occurrence par une pression fiscale excessive, qu'il se propose ensuite de résoudre par plus de de règlements, plus de police, plus d'Etat, et, au final, plus d'impots (donc, toujours plus d'évasion fiscale).

Seul résultat de tout cela ? L'Etat-voyeur aura encore accru son emprise.

lundi, février 25, 2008

Pourquoi tant de haine ?

La campagne anti-Sarkozy actuelle est riche d'informations.

Sur le plan de la politique pure, rien, à part la déception, mais cela ne concerne que ceux qui ont voté pour lui, à moins que certains membres de l'opposition espérassent qu'il fit les réformes qu'ils n'ont pas osées tout en les souhaitant secrètement, ne justifie la campagne anti-Sarkozy actuelle, qui dépasse de très loin les bornes de la critique politique.

La rupture politique, on ne l'a pas vue, il n'y a donc pas lieu d'en tenir rigueur à Nicolas Sarkozy.

C'est si vrai que les attaques se concentrent sur sa personne et non sur sa politique.

Pour résumer, il serait tout bonnement indigne d'être Président de la République : trop m'as-t-vu, trop hâbleur, trop mal poli, trop bruyant, trop voyant, trop turbulent, trop vulgaire.

C'est fou comme ces derniers temps, en creux, les gens de l'opposition plébiscitent le coté vieille France, que n'ont-ils voté Balladur quand il était temps !

Mais, au fond, a-t-on lieu d'être surpris ? Pas vraiment, me semble-t-il.

Malgré les apparences démocratiques, la France conserve beaucoup des habitudes et des modes de pensée d'une monarchie absolutiste.

Le roi, pardon le président, est avant tout une incarnation, et non le porteur d'une politique. Or, le comportement de Nicolas Sarkozy n'a vraiment rien de royal. Carla Bruni aurait pu être la maitresse de Louis XIV, mais certainement pas l'épouse ! Cela, même les sectateurs du Grand Soir ne le lui pardonnent pas. C'est un usurpateur.

Ensuite, l'opposition se vit comme seule porteuse du Bien, ce qui entraine bien évidemment en toute logique que Sarkozy est le Mal. Un sociologue (dont j'ai hélas oublié le nom) faisait remarquer, pendant la campagne présidentielle, que dans certains milieux, l'enseignement par exemple, la connivence anti-sarkozyste, avec ses blagues, ses allusions, son vocabulaire et ses codes jouait le rôle d'un ciment social.

Cette manière sectaire de faire de la politique, où l'opposant est un ennemi plutôt qu'un adversaire n'est pas non plus une nouveauté.

On peut faire le rapprochement avec une autre campagne de haine : celle des Clinton-haters, dont la composante religieuse ne faisait aucun doute.

Mais il est un exemple typiquement français : celui d'Henri IV. Parce qu'on ne retient de lui que son image de «meilleur roi qui fut oncques», pour pasticher Montaigne, on oublie qu'il fut sur la fin de sa vie la cible d'une campagne de calomnie absolument atroce, où «roi barbon» et «satyre diabolique» font presque figure de compliments.

On y retrouve, en plus féroce, les composantes de la campagne anti-Sarkozy : roi indigne, usurpateur, débauché, vendu.

Bien sûr, je compare les campagnes, je ne prétends pas que Nicolas Sarkozy est un nouveau Henri IV !

C'est juste pour constater que guerre de religions et monarchie sont toujours les deux mamelles de la pratique politique en France.

Enfin, il ne faut pas négliger la basse manœuvre politique : pendant qu'on glose sur «Casse toi, pauvre con», on «oublie» de parler des formidables propositions de nos maitres ès savoir-vivre de l'opposition.

dimanche, février 24, 2008

Casse toi, pauvre con !

Voici une scène bien digne de la France, pays de la courtoisie et du savoir-vivre, vous savez le pays qui donne le ton en Europe et dans le monde (ah, non, ça c'était au XVIIème siècle) :



Voilà donc un imbécile vulgaire qui refuse de serrer la main du président de la République
(tous les militaires savent qu'on salue la fonction, non l'homme) avec cette phrase abominable «Tu me salis !», c'est ce qu'un nazi aurait dit à un juif voulant lui serrer la main, et le président, tout aussi imbécile et vulgaire de répondre «Casse-toi, pauvre con !»

Il est effectivement temps de rétablir les cours de politesse à l'école, mais qui les donnera ? Les profs, qui insultent Sarkozy ou dévorent Marianne qui insulte Sarkozy ?

Pauvre France !

samedi, février 23, 2008

Vive le cognac !

Les ventes de cognac ont connu une année record partout ... sauf en France où elles ont baissé de 23 %. Les Français préfèrent le whisky, qu'ils importent autant qu'ils exportent le cognac.

Je ne raffole pas du cognac, je n'en bois pas le matin au petit déjeuner, mais enfin, je le préfère de très loin au whisky qui a un goût de médicament frelaté.

Où va donc se loger le snobisme ? Pour ne pas paraitre franchouillard en aimant un bon produit de chez nous, on affecte d'aimer un mauvais produit de l'étranger.

Franchement, j'aime mieux un verre de Cognac avec un morceau de Roquefort qu'une bouteille de l'espèce de dérivé d'excipient pharmaceutique qu'on appelle whisky (j'ai testé : en vacances en Ecosse, j'ai fait comme les Ecossais).

J'attire votre attention sur le restaurant La Ribaudière, à Bourg Charente, qui fait un très bon menu accompagné de cinq cognacs. (Passez sur le décor qui, à mon avis, est de très mauvais goût, c'est dommage, mais ce n'est pas l'essentiel)

jeudi, février 21, 2008

Un Etat peut faire faillite

J'entends souvent des propos du genre : «Un Etat ne peut faire faillite : il a l'éternité devant lui et la contrainte qui fait rentrer les impots.»

> l'argument de l'éternité ne tient pas : c'est chaque jour qu'un Etat déficitaire doit trouver des créanciers. Aujourd'hui, pas demain. Peu importe que l'Etat soit encore là dans mille ans (ce qui reste à prouver), si il ne trouve plus de créanciers aujourd'hui.

> quant à l'impot, il ne rentre pas toujours : une fois que le parasite a tué son hôte, il meurt.

Plus précisément :

> les mécanismes de la faillite des Etats sont parfaitement connus. J'en ai fait un post et Philippe Jaffré en a fait un livre (Le jour où la France a fait faillite).

> les précédents historiques abondent, de l'empire romain à l'Argentine en passant par la France de Louis XVI. Il n'y a aucune raison que, par un coup de baguette magique, nous échappions à la nature humaine, cupidité, imprévoyance, lâcheté, démagogie, gabegie, qui a fait ces catastrophes d'antan.

La faillite de la France n'est pas économiquement inéluctable : les solutions pour y échapper sont connues, il s'agit des «reaganomics», baisse massive des impots gagée sur une baisse tout aussi massive des effectifs publics et de l'interventionnisme étatique.

Par contre, la faillite de la France me paraît politiquement inéluctable : pour les raisons que j'explique dans Plus de la moitié des Français, je pense que les remèdes, connus, expérimentés, étudiés, ne seront pas mis en oeuvre.

Plus de la moitié des Français

Plus de la moitié des Français (1), qu'ils soient fonctionnaires, retraités, chômeurs ou allocataires divers et variés, reçoit l'essentiel, c'est-à-dire plus de 50 %, de ses revenus de l'Etat,

Ce chiffre aide à comprendre pourquoi, jamais, absolument jamais, l'Etat français ne sera réformé. Il s'écroulera, mais ne sera pas réformé.

Car ceux qui payent le budget de l'Etat n'auront jamais la masse, l'influence et la motivation suffisante pour s'opposer aux stato-dépendants.

Il leur faudrait trouver une voix politique qui les rassemble, comme Ronald Reagan ou Margaret Thatcher en leur temps, mais, étant donné la formation et le bagage des politiciens français, c'est très peu probable.

Une manière plus brutale de le dire : une moitié des Français, celle qui suffit pour être élu, vit aux dépens de l'autre moitié, pourquoi ça changerait ?

(1) : chiffre d'Yves de Kerdrel dans Le Figaro. Je lui ai demandé source et confirmation. Néanmoins, ce chiffre est tout à fait vraisemblable quand on sait qu'un quart de la population active est fonctionnaire et que la moitié des ménages ne sont pas imposables, or, pour les bas revenus, la moindre allocation fournit une part substantielle du revenu, alors, si on cumule les allocations, nombreuses comme les feuilles d'automne ...

Le gouvernement des conseillers

Emmanuelle Mignon (1), Claude Guéant et Henri Guaino sont les conseillers de Nicolas Sarkozy qui interviennent le plus souvent dans les médias et, généralement, à tort et à travers. Ils contredisent ou reprennent les ministres.

Nombreux sont ceux qui dénoncent ces pratiques nouvelles, mais peu en analysent les causes. A mon avis, elles sont en nombre restreint :

> les ministres ne sont pas des flèches. Quand Christine Lagarde se fait reprendre par Claude Guéant sur l'utilisation du mot «rigueur», elle se doit de marquer son territoire, de lui balancer une taloche à toute volée, du style «Les propos d'un fonctionnaire subalterne n'engagent pas un ministre.» Au lieu de quoi, elle s'écrase.

> la présidence s'estime source de toute légitimité et le fait sentir sans avoir l'élégance de sauver les apparences. L'Elysée est gouvernée par les goujats.

> Surtout, Nicolas Sarkozy n'a pas de rigueur, ni dans sa politique, ni dans son comportement, ni dans son administration. C'est surprenant de quelqu'un qui a été plusieurs fois ministre. Il donne l'impression qu'il ne sait pas s'élever à hauteur du poste. Bref, c'est la chienlit.

(1) : certains arguent du fait qu'Emmanuelle Mignon est sortie major de l'ENA pour prouver qu'elle n'est pas idiote, comme si les sottises d'un major de l'ENA étaient moins bêtes que celles du vulgaire. L'argument laisse sceptique et est typiquement français : un diplome juge certaines qualités, pas toutes et on change avec l'âge. Bref, qu'elle fût championne de France du conformisme et du bachotage (car c'est cela que le diplome de l'ENA juge) à 23 ans ne dit pas grand'chose sur son adéquation à son poste actuel.

lundi, février 18, 2008

De Gaulle à la plage (JY Ferri)

C'était une idée étrange de faire une bande dessinée sur De Gaulle à la plage pendant la traversée du désert.

Mais c'est assez réussi.



Moi aussi, je suis contre la monarchie élective

Un groupuscule d'imbéciles ou d'ambitieux aigris, dont S. Royal, D. de Villepin et F. Bayrou, a signé un appel mettant en garde contre une «monarchie élective» que l'actuel Président de la République serait en train d'organiser.

Heureusement que le ridicule ne tue pas, sinon les morgues des quartiers à bobos afficheraient complet.

Pour ma part, je n'ai pas entendu que le parlement avait disparu la nuit dernière, que la constitution avait été abrogée, le conseil constitutionnel s'était immolé par le feu, que les urnes étaient bourrées et les opposants en prison (ou vice-versa).

Bien sûr, on pourrait se contenter de constater une fois de plus que tout ce qui est excessif est insignifiant.

Mais je souffre de voir à quel point la politique française est pathétique : entre un gouvernement qui ne sait pas où il va par peur de bousculer et faute de réflexion et une opposition qui se bat contre de faux problèmes, nous ne sommes pas sortis de l'auberge.

dimanche, février 17, 2008

Ne pas comprendre ou trop bien comprendre ?

Je trouve la proposition de Nicolas Sarkozy de confier la mémoire d'un enfant victime de la Shoah à un élève ou à une classe de CM2, déplacée, idiote et indécente : on ne peut vivre dans un passé perpétuel, le devoir de mémoire ne doit pas tourner à l'obsession ; la mesure me semble inadaptée à des enfants de cet âge ; enfin, un sujet aussi sensible doit être laissé à l'appréciation des instituteurs.

Mais il y a autre chose qui me choque, c'est qu'on passe par l'identification, c'est-à-dire l'émotion, là où on devrait user de réflexion.

Alors je me demande si je n'ai rien compris ou si j'ai trop bien compris. J'ai la sensation que pour Nicolas Sarkozy, il n'y a pas de pudeur, pas de limites, tout peut être utilisé à des fins d'image personnelle et donc électoralistes.

vendredi, février 15, 2008

Telles sont nos moeurs politques ...

Extrait du blog de JM Aphatie :

[Après Poutine], autocratie toujours mais chez nous cette fois, dans les Hauts-de-Seine, département fécond de la modernité politique française. A la page 9, Le Parisien du jour publie une interview de Charles Ceccaldi-Raynaud, 82 ans, maire de Puteaux durant 35 ans, élu pour la première fois dans les années soixante dix à la suite d'une campagne électorale mémorable puisqu'elle avait fait un mort. Charles Ceccaldi-Raynaud sur qui courent mille rumeurs que je ne reprendrai pas ici sous peine d'une mise en examen pour "faux, usage de faux et recel". Charles Ceccaldi-Raynaud devant qui tous els dignitaire du 92 ont fait la genuflexion car l'homme gère un tas d'or, La Défense, quartier magique qui a fait retomber en pluie des millions et des millions et des millions et des millions de taxe professionnelle sur la vielle de Puteaux. Signe de l'influence et de la force du personnage: Nicolas Sarkozy a fait de la fille de Charles Ceccaldi-Raynaud, Joëlle Ceccaldi-Raynaud, sa suppléante au temps où lui même se présentait à la députation. C'est elle d'ailleurs, qui lui a succédé à l'Assemblée nationale, en juin dernier. Et c'est elle, encore et déjà, qui a supplée son père à la mairie de Puteaux, en 2004, quand M. Charles est tombé malade. Depuis, la fille tient la ville et le père voudrait l'en déloger. Il se présente donc contre elle et dans une interview ultra violente et totalement surréaliste, il la critique, la dézingue, la vomit. Interview révélatrice de mœurs sur lesquelles personne ne peut ou ne veut se pencher. Les journalistes, ces chiens galeux, ne le peuvent pas parce que sur Ceccaldi-Raynaud, toutes les bouches se ferment. Et les politiques ne veulent pas parce que trop de secrets dorment qu'ils ne faut pas réveiller.

Deux interviews, ce matin, dans la presse, abordent la prochaine révision de la Constitution. Dans le Figaro Magazine, François Fillon l'aborde par sa face essentielle. Il sera possible après la réforme, dit-il, à un ministre prié de quitter le gouvernement lors d'un remaniement gouvernemental, de retrouver automatiquement son siège de député, s'il en avait un, sans passer par l'épreuve d'une élection partielle. Cette pratique fut une habitude de la troisième, puis de la quatrième République. En 1958, Charles de Gaulle y mit fin pour bien marquer que participer au gouvernement de la France était un acte important, qui engageait celui qui l'acceptait, et qu'il ne pouvait opérer de misérables calculs pour retrouver son siège de député de manière opportuniste et calculatrice. Le gaullisme, qui eut ses petitesses, avait aussi ses grandeurs et une certaine noblesse dans le service de l'État. Hélas, tout se perd, et surtout la mémoire. Le petit feu, en revanche, est toujours vif, des petites cuisines de la petite politique.

La deuxième interview sur la réforme des institutions est publiée dans Le Figaro. Hervé Morin, ministre de la Défense, mais en la circonstance, patron du Nouveau Centre, indique qu'il aimerait voir figurer dans cette réforme l'obligation faite au gouvernement de présenter des budgets en équilibre. Ainsi formulée, la proposition n'est sans doute pas recevable. Un déficit budgétaire peut être le bienvenu pour soutenir une conjoncture flageolante. Il peut aussi être justifié, exceptionnellement, si des dépenses qui l'inscrirait dans le rouge préparaient vraiment un retour stratégique et laissaient espérer sérieusement un retour sur investissement. Donc, le radicalisme en la matière n'est sans doute pas conseillé. En revanche, le propos d'Hervé Morin mérite d'être salué car il est trop rare dans une culture politique acquise aux déficits de confort, de facilité, de vanité. Puisons dans la caisse, amis ministres et dirigeants, puisque tous ceux qui nous ont précédés l'ont fait. La rigueur dans la gestion des deniers publics? Allons, allons, c'est comme cela que l'on perd les élections. Promettons et dépensons, c'est mieux pour la réélection.

Ce matin, dans ce morne paysage ou l'effrayant côtoie le consternant, Hervé Morin apporte une touche de sérieux sur laquelle, amis et camarades, je vous invite à méditer durant ce week-end.

mercredi, février 13, 2008

Barack est-il en voie de ségolénisation ?


Barack Obama, candidat à l'investiture démocrate pour les élections présidentielles américaines, partagent avec Ségolène Royal certaines caractéristiques :

> sa campagne est toute entière dans la communication, pas l'ombre d'une idée construite. Le populisme n'est jamais loin.

> Il se présente comme le candidat de la pureté et du changement.

> Il génère chez ses partisans un culte de la personnalité assez inquiétant pour ceux qui n'y tombent pas. Bien sûr, ce culte est basé sur l'illusion, dangereuse, que «lui (ou elle) n'est pas comme les autres». En gros, comme Ségolène royal, lui vouent un culte les naïfs, pour ne pas dire plus, de la politique.

> Il est aussi porté par une vague médiatique qui aime tout ce qui brille, tout ce qui est nouveau.

> Sa compétence est encore à démontrer.

> Les sondages le donnent gagnant face à l'adversaire du camp d'en face.

Il risque de lui arriver la même chose que qu'à Ségolène Royal : désigné par les militants sur la foi des sondages le montrant comme celui qui a les meilleures chances de l'emporter, Obama perdra parce que tous ces défauts, tous ces manques, auront été négligés.

C'est vrai que la candidature d'Hillary Clinton a un goût de déjà-vu peu attrayant, mais elle paraît plus solide.

dimanche, février 10, 2008

Gouvernement Sarkozy : panique à bord (2)

J'ai bien peur que le mal soit profond.

Si, comme je le pense, il tient à un défaut intellectuel, à un manque de conceptions solides, nous ne sommes pas sortis de l'auberge.

Le rapport Attali est exemplaire : un catalogue de mesures, mais aucun travail politique pour lui donner une cohérence, qui est pourtant évidemment libérale.

Hélas, la gauche n'est pas en meilleur état : les idées y sont toujours aussi idiotes, brouillonnes et archaïques.


La victoire qui se profile pour la gauche aux municipales bloquera une fois de plus la réflexion.

Un seul espoir : que Sarkozy soit un Thatcher, la dame de fer a fait l'essentiel de ses réformes lors de son deuxième mandat. Mais, vu l'absence de choix politique de Nicolas Sarkozy (étatiste à parfum libéral), c'est peu probable.

Le plus vraisemblable, hélas, c'est que Sarkozy soit un Chirac avec des piles neuves.

vendredi, février 08, 2008

Gouvernement Sarkozy : panique à bord

Le gouvernement Sarkozy donne des signes évidents de désarroi :

> d'après BFM, Christine Lagarde, notre ministre-cornichon des finances, a présenté sa démission, qui a été refusée, étant entendu qu'elle ne serait pas reprise dans le prochain gouvernement (info démentie mais plus que crédible). C'est tout à son honneur : je ne comprends pas ce que quelqu'un qui, d'évidence, a d'éminentes qualités intellectuelles est allé faire en politique.

> Rama Yade pousse une colère théâtrale contre les journalistes. Il est bien connu que tous les problèmes du gouvernement, c'est la faute des scribouillards ! Ce gouvernement, c'est tout dans la «tchatche», rien dans la tête.

> Nicolas Sarkozy lui-même ne se montre pas impavide en conseil des ministres.

Je pense que le mal est profond : le gouvernement Sarkozy n'a pas de ligne politique (voir par exemple ses incohérences économiques).

Dès mai 2007, j'annonçais, encore interrogatif : le gouvernement Sarkozy est mal parti ?

Aujourd'hui en février 2008, je crois qu'on peut enlever le point d'interrogation et que mes raisons tiennent toujours.

Ce dont le gouvernement a besoin, ce n'est pas d'un nouveau plan de «com» (éternel alibi des politiciens médiocres : «Si nous ne sommes pas populaires, c'est que nous avons mal communiqué.»), mais d'une politique.

Le drame de la France est que les politiciens, en ce sens fidèle reflet des Français, n'ont pas les idées claires. Par exemple, la dernière idée sarkozyenne, inscrire la «diversité» dans la Constitution, est accablante de bêtise (et de démagogie).

jeudi, février 07, 2008

Un Etat capturé par les lobbys

Voici un article instructif qui explique en partie pourquoi le France est impossible à réformer autrement qu'à la marge.

Un Etat capturé par les lobbys

Je ne suis pas d'accord avec la solution préconisée, un Etat plus impartial, ma solution est plus radicale : moins d'Etat. Ma solution finira par l'emporter : l'Etat-mamma, qui se mêle de tout et ne fait rien de bien, fera faillite sous le poids de sa dette.

Le Figaro et les taxis

J'ai trouvé ces deux articles du Figaro fort plaisants. Et puis, cette affaire de grève des taxis est tellement affligeante pour tout le monde, taxis, gouvernement, opposition, citoyens ordinaires, que la seule manière de n'en point désespérer est d'en rire.



Fable

mschifres@lefigaro.fr
06/02/2008 | Mise à jour : 20:12 |
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Le billet de Michel Schifres du 7 février.

Ce jour-là, le prince, qui entendait que tous ses sujets travaillassent davantage afin de mieux vivre, convoqua l'un d'entre eux de bonne réputation. Il lui demanda d'imaginer quelques recettes donnant au peuple le goût de produire davantage. Notre homme pensa aussitôt à la poule au pot, plat plaisant et mythique mais insuffisamment consommé, faute de volatiles. Il recommanda que chacun ait la liberté d'en élever. C'était une suggestion : rien n'était décidé, aucune étude n'était faite, personne ne s'était prononcé. Pourtant aussitôt, pour protester, les quelques producteurs de gallinacés lâchèrent leurs cocottes dans les villes, créant une belle pagaille. Le gouvernement fit ce qu'on fait en de telles occasions. Il trouva les inquiétudes «légitimes» et annonça une «réflexion». Puis on passa à autre chose.



Pas de taxis, pas de clients


06/02/2008 | Mise à jour : 20:14 |
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La chroniquede Stéphane Denis du 7 février.

Le voyageur débarqué la veille de ses contrées lointaines n'en croyait pas ses yeux : il y avait des taxis dans Paris. Même ils passaient en rangs serrés comme sur la V e Avenue. Hélas, ils ne prenaient personne. C'était comme d'habitude, sauf qu'il y en avait plus. On lui expliqua qu'il s'agissait d'une manifestation visant à obtenir du gouvernement que les choses restent en l'état : pas de taxis, pas de clients.

Depuis plusieurs années il se demandait pourquoi cela ne marche pas à Paris comme ailleurs. À New York les taxis étaient jaunes. C'étaient souvent des Ford. Les enjoliveurs, un souvenir. Il y en avait autant la nuit que le jour. Ils s'arrêtaient quand on levait le bras. Les tarifs étaient bas. Les chauffeurs connaissaient la ville. Il y avait des exceptions mais dans l'ensemble le taxi new-yorkais était un compagnon fidèle, peu bavard et compétent. La deuxième qualité l'emportait sur les autres, d'autant que la plupart ne parlaient qu'un anglais approximatif. Les coffres étaient vastes. À la sortie des bureaux, des music-halls, des hôtels, il y avait de la compétition mais on finissait toujours par monter en voiture. Elles étaient généralement cabossées, sauf les 4 × 4 climatisés qui commençaient à snober les Ford puantes. Les familles nombreuses les guettaient devant les aéroports sous la surveillance des contrôleurs payés par la municipalité. À la longue, lever le bras dispensait de se poser des questions. C'était devenu un réflexe et comme tous les actes de foi, il était récompensé.

À Londres les taxis étaient conduits par des êtres jeunes, amateurs de football et jaloux de l'éclat de leurs carrosseries. On y tenait à cinq. Depuis dix ans la publicité exerçait ses ravages. Ils distribuaient des reçus automatiques. Ils faisaient demi-tour sur place, provoquant la fureur des Bentley des traders. On sifflait volontiers pour en appeler un. Ils somnolaient à l'angle des places comme autrefois dans le brouillard. La marque préférée venait d'Oxford : Austin. Les portières se fermaient automatiquement dès qu'on avait commencé à rouler dans un bruit de coffre-fort. Plusieurs chauffeurs détestaient ouvertement les Français. Leurs files patientaient indéfiniment vers Heathrow. Le long du Mall, ils ne manquaient pas de vous montrer le derrière de la reine Victoria en disant : «Buckingham Palace». Les plus rapides franchissaient à la corde le Hyde Park Corner et prenaient deux longueurs d'avance vers Knightsbridge sur leurs pneus chuintants. Il était conseillé de laisser sa monnaie. Ils étaient sûrement les seuls à faire la différence entre terrace, lane, road, square. Certains étaient réservés aux femmes. Le compteur augmentait tous les trois cent onze mètres et la concurrence déloyale donnait lieu à des explications punitives par les réguliers armés de battes de base-ball. Devant le Savoy ils faisaient la ronde sous la voûte Art déco comme pour un défilé de couture et mieux valait ne pas leur couper la route, surtout à pied. Ah oui, ils étaient chers.

À Berlin les postes stratégiques étaient pris d'assaut vers 4 heures, mais les courses interminables se faisaient en euros. Les chauffeurs avaient la nationalité imprécise et l'allemand sentait le turc. Cependant les adresses étaient exactes et personne ne rechignait à attendre que vous en ayez fini avec votre rendez-vous. Personne non plus ne se souvenait que taxi était le nom d'une vieille et industrieuse famille princière, pas même la blonde qui en était l'héritière.

À Rome il était utile de connaître leurs trajets pour les suivre vers le centre-ville quand on n'avait pas soi-même l'autorisation d'y pénétrer. Les voitures étaient vieilles, cernées par les pirates, peu aimables, le compteur tournait à l'arrêt et il fallait négocier pour gagner la banlieue.

À Bruxelles on roulait en Mercedes qu'on commandait par téléphone, les bévues étaient nombreuses, les tarifs exorbitants, les voitures blanches, les sens uniques. Sur chaque toit, un spoutnik jaune et bleu rappelait ingénument les années soixante et des Belges passionnés étaient toujours prêts à parler politique en lâchant leur volant.

À Madrid on marchait dessus, la lumière était verte, on discutait les prix.

À Moscou on payait en devises étrangères, la compagnie officielle avait des damiers noirs, les compteurs ne marchaient pas, il fallait commander à l'avance et attendre un temps fou. Tandis que les grands hôtels avaient monté leur propre service, partout de rapides entrepreneurs privés s'arrêtaient dans la rue à la demande et c'était le moyen le plus sûr de se déplacer.

La manifestation se déplaçait vers la porte Maillot dans le but d'aller bloquer l'aéroport de Roissy. Dans son avenue vide et sale le voyageur songeant que si aucun système n'est parfait, ils semblaient être partout assez efficaces, se disait que dans toutes ces villes il y a des taxis. Ce n'était pas comme à Paris. Aucune bonne histoire n'a d'ailleurs jamais été écrite qui s'y passerait dans un taxi, à part un Simenon peut-être, et encore s'agissait-il d'une simple filature. Une profession qui n'a pas sa littérature est une profession qui n'existe pas. Voilà la raison de ces stations désertes, de ces appels sans réponse. Moyennant quoi à Paris il y a deux saisons dans l'année : les grèves et le 15 août.

samedi, février 02, 2008

Liquider les traitres : la face cachée du PCF 1941-1943

Voici encore une fois le PCF dans toute sa splendeur. Je ne comprends décidément pas qu'on n'ait pas honte de se dire communiste en 2008 de la même façon qu'on a honte de se dire fasciste.

On argue souvent d'une prétendue générosité qu'aurait le communisme que n'aurait pas le fascisme : c'est très contestable.

En réalité, ces deux mouvements ont en commun de se déclarer généreux pour une partie de l'humanité (la classe ouvrière pour les uns, les aryens pour les autres), générosité plus mythique que réelle d'ailleurs, et exterminateur pour tous les autres bonshommes.

Et puis, même en admettant, pour le plaisir de la discussion, cette prétendue générosité du communisme, reconnaissons que c'est une manière fort étrange de se montrer généreux que de semer les cadavres par millions.

Revenons à nos moutons : durant la guerre, le PCF avait une brigade, dite Valmy, chargée de liquider les traitres, ou, plus exactement, ceux désignés comme tels, ce qui n'est pas une mince nuance.

Non seulement, les scrupules n'étouffaient pas cette brigade (on s'en serait douté), mais ces exécutions étaient tout ce qu'il y a de sommaires, même pas de simulacre de procès ou d'interrogatoire (sauf exception), ce qui a entrainé quelques bavures, bien vite enterrées après guerre par le «parti des 100 000 fusillés» (il y a au minimum un zéro de trop).

Le fanatisme et le sectarisme de certains communismes ont quelque chose d'effrayant, comme Georges Déziré, victime d'un «procès de Moscou» dans une cave de Chatou, et qui est exécuté d'une balle dans la nuque tandis qu'il crie «Vive Staline !». Je ne sais ce qui me glace le plus, les bourreaux ou la victime.

L'intérêt de la brigade Valmy est qu'elle était dirigée d'en haut. Mais, partout où ils ont sévi, les communistes ont eu l'exécution sommaire facile.

On notera pour l'anecdote que le philosophe Julien Freund, jeune résistant dans un maquis FTP, a été édifié de voir les communistes à l'oeuvre et que cela a constitué le point de départ de sa philosophie de la violence en politique (1).

Cette pulsion épuratrice est bien évidemment consubstantielle au communisme : famine d'Ukraine, procès de Moscou, guerre d'Espagne, révolution culturelle, khmers rouges, la liste est longue des vagues d'épuration communistes.

Les anarchistes avaient bien raison de le surnommer le «parti des fusilleurs». D'ailleurs, l'épuration de la police parisienne, dirigée par un communiste, fut très violente.

Qu'en pense MG Buffet ?

Tolérance, ouverture d'esprit, en un mot, libéralisme, tel est l'idéal du communisme de 2008, n'est-ce pas ?

Bientôt, les communistes pousseront l'intelligence jusqu'à n'être plus communistes !

Trêve de plaisanterie, je n'ai aucun doute, surtout suite à la récente mésaventure qui m'a amené à fermer momentanément ce blog, que si des gauchistes, sous quelque forme, arrivaient au pouvoir en France, il ne faudrait pas longtemps pour que leurs tendances éradicatrices se manifestent.

Je connais quelques communistes qui n'ont pas l'air méchant, n'empêche que je ne leur confierais pas le pouvoir, trop inquiet de leur passion du Bien.

(1) : on notera que les gaullistes étaient initialement opposés au meurtres d'Allemands en France occupée, redoutant les prises d'otages en contrepartie d'opérations dont l'utilité militaire était nulle. Ce sont les communistes, fidèles à leur culture de la violence, qui ont délibérément provoqué l'escalade.

Il me plaît de penser que les réseaux de résistance les plus efficaces furent aussi les moins violents : les réseaux de renseignement et les réseaux d'évasion d'aviateurs.

vendredi, février 01, 2008

La gifle

Un professeur gifle un élève qui le traite de «connard». Le père du dit élève, gendarme, vient en uniforme réclamer des explications et porte plainte. L'enseignant passe 24 h en garde à vue.

Si toute l'absurdité et l'incongruité de cette nouvelle ne vous sautent pas aux yeux, passez votre chemin ou consultez les deux liens suivants :

La gifle


Classe tous risques : «L'étonnant est déjà qu'aujourd'hui, une telle péripétie entraîne un tel émoi et que le professeur, avant une heureuse réaction collective, ait d'abord été accablé. Force est de constater la perversion d'une modernité qui se croit obligée de placer sur le même plan l'enseignant et l'enseigné, le maître et l'élève.»

Pour ma part, je fais juste une remarque : mes parents ne sont pas gendarmes, mais il ne leur serait pas venu à l'idée de me soutenir contre un professeur que j'aurais traité de «connard».

Bien entendu, je trouve particulièrement choquant que le gendarme se présente en uniforme.