vendredi, juin 30, 2017

Simone Veil au Panthéon ?

Les appels médiatiques à « panthéoniser » Simone Viel se multiplient.

Ils me laissent froid. Maintenant, dès qu'une célébrité politiquement correcte meurt, sous le coup de l'émotion, les appels à la panthéonisation, voire à la canonisation, envahissent les ondes. C'est assez ridicule.

Il faut raison garder et prendre du recul. Les grands hommes en question sont souvent bien petits.

Contrairement à certains catholiques, je ne déteste pas Simone Veil. Mais je ne suis pas non plus pétri d'admiration. Elle n'a rien fait d'extraordinaire pour l'art, pour l'humanité, pour la science ou pour la France, justifications habituelles du Panthéon.

Mais il faut s'y faire : nous vivons une époque excessive dans la connerie.

jeudi, juin 29, 2017

Et pendant ce temps, à l’Assemblée Nationale …

Macron l’hyperprésident. Quand Jupiter dissémine l’opposition

Bon d’accord, l’Assemblée Nationale est aussi utile que l’appendice et la prostate. Mais ce qui s’y passe est instructif.

Traditionnellement, des postes (questure, présidences de commission) sont réservés à l’opposition. Cela paraît une saine pratique démocratique.

Sous Macron 1er, le système a été gentiment perverti : la droite qui se déclare elle-même « Macron-compatible », tout se prétendant dans l’opposition, a pris ces postes, avec l’appui des macronistes (ce qui clarifie les choses). Autrement dit, les postes sont désormais partagés entre une vraie majorité et une fausse opposition. C’est vachtement archi-méga-démocratique.

Qu’est-ce qu’on aurait entendu si Poutine ou Trump avaient fait pareil !

C’est ainsi que les démocraties meurent le mieux : en conservant les apparences tout en trahissant l’esprit. Octave-Auguste a été un maître en la matière, il est vite devenu empereur, mais jusqu’à sa mort, il est allé cérémonieusement rendre hommage au Sénat qu’il avait vidé de sa substance.

Comme dit Desgouilles :

Cette histoire de questure peut paraître anecdotique, elle n’en est pas moins révélatrice d’un état d’esprit. Mais évidemment, pas un mot sur cette histoire au journal de 20h de France 2. Service public oblige… Défendre les droits de l’opposition, la séparation des pouvoirs, le contrôle du budget de l’Assemblée nationale, pourquoi pas ? Mais quand même pas avec Eric Ciotti et Christian Jacob ! Ainsi va le petit monde politico-médiatique en ce début d’été 2017. Comme me le souffle un bon esprit : « Jusqu’ici, tout va bien ! »

Au Québec, la censure gagne du terrain à l’université. Pensez ce que vous voulez… mais soyez d’accord avec nous.

Au Québec, la censure gagne du terrain à l’université. Pensez ce que vous voulez… mais soyez d’accord avec nous.

Je me désole de voir la liberté d’expression régresser.

D’autant plus que cette régression s’inscrit dans un tableau d’ensemble qui n’encourage pas à ‘optimisme : l’occident se débarrasse progressivement de toutes les conditions de la démocratie : liberté d’expression, indépendance des médias, classe moyenne, éducation aux humanités, équilibre des droits et des devoirs, responsabilité etc.

La quintessence de la pensée politique de De Gaulle (telle que je l’ai comprise)

Le titre est un peu présomptueux d’où le bémol de la parenthèse ! Je me suis inspiré des livres de Couteaux et de Debray, de la conférence de PY Rougeyron.

1) La France (comme beaucoup de nations) est une personne, elle a son histoire et son caractères propres, et aussi, très important son unité. C’est la madonne aux fresques des murs qui vient du fond des âges.

2) La différence entre légitimité et légalité est fondamentale. Seule la légitimité est une fondation politique acceptable.

3) La politique n’existe qu’incarnée, ce n’est pas une abstraction.

Cette conception est bien entendu à l’exact opposé du discours politiquement correct qui est seul autorisé en public. Les idées gaulliennes sont d’une puissante originalité.



Une anecdote que je connaissais, racontée par PY Rougeyron. Le jour de la mort de De Gaulle, une jeune conne se pointe au bureau de la Gauche Prolétarienne : « Super ! Le vieux crouton est mort ». Le responsable se lève et lui flanque une gifle d'anthologie, celle que ses parents ne lui jamais donnée : « Un grand homme est mort. On respecte ».

lundi, juin 26, 2017

Le grand méchant renard et autres contes

Un film d’animation charmant par les auteurs d’Ernest et Célestine. Ca change des super-productions calibrées et sans âme.

Cet étrange M. Monnet (B. Riondel)

Eric Zemmour dit prudemment de cette biographie qu’elle est « non-hagiographique ». C’est le moins qu’on puisse en dire !

On savait déjà que Jean Monnet était un enfoiré, agent des Américains, visant à détruire les nations européennes. Il a savonné la planche à De Gaulle et a fait ce qu’il pouvait pour asservir la France. Exagéré ? Attendez de voir.

Riondel entre dans les détails.

Jean Monnet a arrêté les études très tôt et s’est retrouvé représentant commercial du Cognac paternel en Grande-Bretagne puis au Canada. Ses contacts, uniquement dans la haute société (Monnet n’était vraiment pas du genre à fréquenter les pauvres. Il aurait agréé l'expression « les sans-dents » et le mépris social qu'elle signifie) étaient affiliés à ces mouvements mondialistes du XIXème siècle qui voyaient le mondialisme (le monde uni, débarrassé des nations, géré par une classe d’essence supérieure –si cela vous rappelle quelque chose, ce n’est sans doute pas un hasard) comme une extension de l’empire britannique.

Riondel pense que Monnet a été recruté comme « honorable correspondant » des services secrets britanniques avant d’avoir atteint vingt ans. C’est ainsi qu’il explique toute une série de coïncidences, de portes qui s’ouvrent miraculeusement dans la haute société britannique, devant ce jeune Français inconnu. D’après lui, Monnet avait gardé les idées de ses jeunes années, il n’était pas européiste mais mondialiste. Son but n’était pas de détruire les nations européennes seulement, mais toutes les nations.

Contrairement à Robert Schuman, ancien combattant, Monnet a été réformé.

Monnet s'est marié en URSS, à cause de lois sur le divorce plus laxistes, en pleine terreur stalinienne (terreur qui ne semble absolument pas déranger ce grand humaniste de Monnet) et avec l'aide active de l'administration soviétique. Pourquoi cette complaisance ? Nous ne le savons pas exactement mais il faudrait être plus que naïf pour imaginer qu'elle vient d'un élan du coeur de la Tchéka face à la romantique histoire d'amour de M. Monnet.

Aussi bizarre que cela puisse paraître aux gens peu renseignés, la capitaliste Wall Street a été très active dans l'aide au communisme soviétique. Les deux « isme » communient dans la répudiation du vieux monde, le matérialisme, le culte de l'avenir, la foi dans la technocratie, l'opposition à la démocratie et l'espoir d'un gouvernement mondial. Cela fait beaucoup de points communs.

En voyage en URSS, Ronald Reagan emmène un très vieux banquier de Wall Street, Armand Hammer. Les jeunes loups soviétiques sont tout surpris de voir les dignitaires du Soviet Suprême traiter celui-ci avec une grande déférence. Ils se renseignent : c'est le dernier homme à avoir connu Lénine.

Comme par hasard (le hasard fait toujours très bien les choses dans la vie de M. Monnet), l'un des parrains américains du jeune Français est de ces banquiers familiers de l'URSS : Paul Warburg.

On nous dit souvent que parler d' « UERSS » est exagéré. Exagéré ? Ou, au contraire, très pertinent ?

Les aventures financières de Monnet dans les années 30 laissent un malaise, où se mêlent politique et finances. Les mots qui viennent à l'esprit sont « cupide » et « pas très honnête ».

Anecdote amusante (et révélatrice) : Monnet et un de ses complices essaient de dépouiller dans un raid boursier un vieux banquier d'origine italienne. A malin, malin et demi. La victime, se présentant comme persécutée par les loups de Wall Street, fait appel à la communauté italienne et renverse la situation, ruinant presque Monnet au passage. Déjà les apatrides contre l'enraciné ?

Monnet a parfaitement conscience du carré politique « nation, souveraineté, peuple, démocratie » mais c'est pour le détruire dans chacun de ses termes. Le coté antidémocratique des constructions supra-nationales est explicitement annoncé par les think tanks que fréquente Monnet. Après avoir lu cela, quiconque prétend que l'UE est démocratique est un imbécile ou un menteur.

Je répétais (un peu bêtement, je m'en aperçois) que Monnet était payé par la CIA. C'est vrai mais très insuffisant. La réalité est bien pire qu'une corruption passagère : toute la vie de Jean Monnet tient à sa servilité vis-à-vis de ses maitres anglais puis américains.

Anti-national, anti-démocratique, américanisé, homme des réseaux de pouvoir et des puissances d'argent, Jean Monnet est l'anti-De Gaulle. Pas étonnant qu'il l'ait desservi autant qu'il a pu, comme cet autre Français renié, Saint John Perse. Avec le recul, je trouve la magnanimité de De Gaulle vis-à-vis de ces gens excessive.

Il y avait, à n'en pas douter, de la jalousie du coté de Monnnet. Ce grenouilleur à l'ego surdimensionné savait qu'il n'avait pas le charisme de De Gaulle.

Monnet, lui, avait ce masochisme des élites françaises : tous les pays ont droit à leur nationalisme et à la défense farouche de leurs intérêts nationaux, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, tous sauf la France. Il faudra un jour faire la psychanalyse collective de cette haine des élites françaises pour leur pays.

L'idéal de Jean Monnet est beaucoup plus mondialiste qu'européiste. La dissolution des nations européennes n'est qu'une étape.

Son monde idéal est le gouvernement mondial d'une hyper-classe de quelques milliers, au grand maximum, d'individus qui, par le relais d'une super-classe de quelques centaines de milliers d'exécutants, règne sur des milliards de veaux manipulés. Monnet lui-même fait plus partie de la super-classe que de l'hyper-classe : il n'a jamais été dans les dirigeants de Wall Street, en revanche il en est parmi les plus fidèles exécutants [ajout de 2020 : c'est une positionassez comparable à celle de Christine Lagarde à la BCE].

Digression éclairante sur les méthodes de l'hyperclasse : la création de la réserve fédérale américaine, la Fed. Tout ce que je vais vous raconter est du domaine public, aucun secret. Pourtant, le public le connaît peu, faute de relais. Par exemple, l'article Wikipedia n'en parle pas. Il faut se référer à des gens marginaux, comme Ron Paul ou Murray Rothbard  c'est-à-dire à des points de vue libéraux.

En 1910, les choses sont claires : il y a une majorité au Sénat pour considérer qu'une banque centrale est anti-démocratique et, donc, s'y opposer. Les dirigeants de Wall se réunissent secrètement (sous des noms d'emprunts) à Jekyll Island (nom prémonitoire). Ils veulent une banque centrale aux mains d'intérêts privés, exactement pour les mêmes raisons que les opposants : parce que c'est anti-démocratique, mais, pour eux, c'est une qualité. Et aussi, bien entendu, parce qu'ils comptent en tirer d'énormes profits.

Ils mettent au point une stratégie simple et efficace qu'ils appliqueront à la lettre. Ils font campagne (ils ont évidemment la grande majorité de la presse à leurs ordres) pour un système de réserve fédérale absolument inacceptable mais les discussions autour de ce projet acclimatent l'idée de banque centrale, puis, quand le fruit est mûr, ils proposent, en opposition à ce projet inacceptable, un projet plus « modéré », qui a toujours été leur véritable but et qui passe comme une lettre à la poste. Ces gens-là sont vicieux, mais personne n'a jamais dit qu'ils étaient bêtes.

D'ailleurs, ne viennent ils pas de nous refaire le coup de la comparaison avec Macron ? Après avoir agité Le Pen comme un épouvantail, Macron paraît acceptable en comparaison.

En 2017, cent ans après, la Fed est plus que jamais soumise à des intérêts privés et leur idéal d'un gouvernement mondial s'est rapproché. Je suis bien près de penser que la démocratie américaine est morte en 1913.

La création de la Fed résulte d'un complot dans le plein sens du terme mais c'est trompeur. En général, la convergence de gens qui pensent tous la même chose, ont tous les mêmes intérêts et sont très influents suffit, pas besoin de complot en bonne et due forme. C'est pourquoi ils sont difficiles à prendre en flagrant délit.

Je suis persuadé que le tropisme consistant à mettre tous nos maux sur le dos du libéralisme les sert, qu'ils l'encouragent par divers moyens : ils sont anti-libéraux, ils ne veulent surtout pas d'un véritable libéralisme, contraire à leur ambition de gouvernement mondial technocratique. Rien ne les dérange plus que des hommes à l'ancienne, enracinés, libres et responsables (et peut-être même économes, radins). Pour revenir à nos affaires françaises, les Zemmour, Polony et compagnie, au fond, les servent. L'habileté des maîtres du monde consiste à ne jamais être manichéens, à prendre à tous les râteliers pour faire passer leurs idées. Zemmour n'est pas mondialiste, dommage, mais s'il peut mettre à la mode l'idée que le libéralisme est l'ennemi, c'est déjà utile.

Lors du débat sur Communauté Européenne de Défense (dont certains articles ont été écrits directement par les Américains !) en 1952, Monnet méprise (comme tous les apatrides) ouvertement l'histoire, les cultures et les peuples. Il échoue.

La définition qu’en donne De Gaulle n’est pas mauvaise : « Un petit financier au service des Américains ». Je ne l’ai pas encore dit, mais j’espère que beaucoup d’entre vous l’ont deviné : il y a des parallèles évidents avec un autre M.

Rappelons que Monnet est de ceux qui ont travaillé à faire échouer le traité de l'Elysée, qui pouvait être le point de départ d'une Europe des nations. Monnet a été l'intermédiaire négociant l'ajout par le Bundestag d'un préambule atlantiste qui vidait le traité de sa substance. John Mc Cloy, le gauleiter américain en Allemagne, était un de ses anciens associés (toujours ce hasard qui fait si bien les choses. Vous avez compris : Monnet a fait partie de ce cercle de quelques centaines de personnes qui se partagent les postes importants, d'où la « coïncidence » qu'il trouve toujours bien placés des gens de sa connaissance. Ce n'est pas sans évoquer le clientélisme romain : dans l'empire romain, les postes n'étaient pas alloués par compétence, mais par clientélisme. Le patron, la tête de famille, plaçait ses obligés. Mais il ne pouvait pas promouvoir trop d'incompétents, sous peine de perdre sa crédibilité. Et il y avait un équilibre entre les familles).

Pour le traité de Rome, Monnet tire la leçon de son échec de la CED et avance masqué, il est sournois, retors, manipulateur. Il utilise un think tank et le réseautage. Il applique la première recommandation de Walter Lippman pour manipuler les peuples : toujours mettre un écran entre le public et la réalité. Tordre les mots, dissimuler ses objectifs, dévier le débat ... La fameuse « méthode Monnet » des « petits pas » n'est rien d'autre qu'une malhonnête politique du fait accompli méritant le mépris de tout démocrate conséquent. Dès sa création, « l'Europe » est anti-démocratique, ce n'est pas une malheureuse dérive, c'est la conséquence logique du choix supra-national par opposition aux accords inter-gouvernementaux.

La personnalité de Monnet est étrange, pour ne pas dire trouble. Ne se sentant ni français ni américain, ou les deux à la fois, il a, comme beaucoup de fous, mis toute son énergie à imposer sa folie, son anormalité, comme une nouvelle norme. Au lieu de se rapprocher des autres, il a essayé de rapprocher les autres de lui.

En résumé,  Bruno Riondel dresse le portrait d'un Jean Monnet intelligent et séduisant mais profondément antipathique dès qu'on creuse un peu, aux idées destructrices et aux méthodes sournoises.

Le « père de l’Europe » (appellation grotesque. L'Europe n'a pas attendu M. Monnet pour exister) est peu ragoutant : toujours du bon côté du manche, toujours au service des puissants du jour et des puissances d’argent.

Je vais finir sur une note assez pessimiste. Quand on voit la persévérance de ces gens, dont le projet naît au XIXème siècle et qui ont bien conscience qu’ils vont devoir jouer sur plusieurs générations, on se dit que la démocratie a peu de chances de triompher. Aujourd’hui, le terrorisme musulman est le prétexte idéal pour l’étouffer un peu plus et pour concéder un peu plus de souveraineté à des organismes supra-nationaux non-élus et non-contrôlés ou à des technocrates.

Le plus grand danger pour ces gens, comme pour tous les idéologues, c’est la réalité. Mais ils savent dissimuler les réalités gênantes, dévier les mises en cause, empêcher les questions d'être posées clairement.

Jean Monnet me rend les soixante-huitards sympathiques : pas un soixante-huitard n'a fait autant de dégâts que Jean Monnet, et de très loin !

L'intérêt de ce livre est aussi d'être composé pour un tiers de notes. Il ouvre de nombreuses pistes et donne beaucoup de références.

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Une autre recension et deux articles connexes :

« Cet étrange Monsieur Monnet » par Bruno Riondel

Une autre contre vérité : les taux d’intérêt bas favorisent la croissance économique


Europe en crise cherche stratégie française

Derrière ces événements différents, l’échec d’Emmanuel Macron et la décision italienne, on voit se profiler la logique réelle de l’Union européenne. Cette dernière n’a actuellement pas d’autres buts, et pas d’autres fonctions, que d’imposer les conditions économiques voulues par l’Allemagne aux autres pays. Et ces conditions économiques aboutissent à mettre les Etats sous la tutelle des marchés financiers et des grands groupes économiques, une situation qui correspond parfaitement aux intérêts actuels de l’Allemagne. Cette politique a pour symbole et pour instrument l’Euro, dont il est évident qu’il fonctionne économiquement comme une subvention pour l’Allemagne et politiquement comme un instrument disciplinaire dans les mains de l’Allemagne faisant en sorte que ce dernier pays n’ait pas à payer le prix pour sa domination qui ruine les autres pays. Toute politique vis-à-vis de l’UE qui ignorerait ces réalités est condamnée à l’échec.

Emmanuel Macron entraîne tant l’économie de la France que la construction européenne dans une impasse du fait de sa politique actuelle de compromis avec l’Allemagne. Non que le compromis ne soit pas bon en lui-même, mais ce compromis ne peut être obtenu qu’une fois le conflit établi, et les marges d’action dans ce conflit clairement établies. En faisant du compromis un fétiche, une vache sacrée, il rend impossible la détermination et la définition des intérêts de la France et par conséquence la formation d’un réel compromis. Il ne laisse d’alternative qu’entre la capitulation la plus complète face à l’Allemagne et un sursaut désordonné, conduisant à un conflit d’autant plus inexpiable qu’il aurait été trop longtemps refoulé.

Cette folle affaire Villemin

Trente trois ans après, resurgit l’affaire Villemin.

Je n’en ai que de vagues souvenirs, des noms : le « petit Grégory », Jean-Marie et Christine Villemin, Bernard Laroche, Muriel Bolle, le « petit juge » Lambert, Jean-Michel Bezzina …

Je me suis renseigné sur internet, pour ce que ça vaut.

J’en tire le sentiment, comme Régis de Castelnau, que Jean-Marie et Christine Villemin méritent l’admiration. Ils ont reconstruit leur vie, fait et élevé trois enfants, après ce drame dont beaucoup ne se seraient pas remis. Je comprends que des personnalités aussi fortes aient pu déranger (mais de là à tuer un enfant …).

L’affaire paraît assez simple. Dans une famille pétrie de haines (on parle de coucheries, de bâtardise, d’échangisme), il semble que le cousin Laroche ait enlevé Grégory Villemin avec des complices, par jalousie. C’est du moins l’hypothèse la plus vraisemblable d’après ce que j’ai lu. On ne sait pas si la mort de l’enfant est accidentelle ou intentionnelle.

Si l’enquête n’a pas débouché sur une vérité juridique, c’est à cause de l’incompétence crasse du juge Lambert, de la passivité de sa hiérarchie, du manque de rigueur des gendarmes et de la police et de la dégueulasserie des journalistes. Sans cette déplorable conjonction, l’affaire aurait été réglée en deux semaines et on n’en parlerait plus.

Parmi les journalistes, deux se détachent comme ayant été particulièrement maléfiques, au sens le plus fort du mot. Jean-Michel Bezzina, multicarte de RTL, du Figaro, de France-Soir (c’est pourquoi je me souviens de son nom), cet olibrius a décidé en son for intérieur (avec quelle légitimité ? Un mandat du ciel ?) que Christine Villemin était coupable et a mené une campagne médiatique en ce sens. Jean Ker, de Paris-Match, a pris le parti des Villemin et a poussé Jean-Marie Villemin à tuer Bernard Laroche, en lui faisant écouter la bande de l’audition de Muriel Bolle (comment se l’est-il procurée ?). Inutile d’épiloguer sur le fait qu'ils sont très très loin de la moindre éthique. Ou alors une éthique étique !

Il y a aussi l’inénarrable Marguerite Duras, qui a décidé que son intuition féminine et artistique lui disait que Christine Villemin était coupable et qui l’a écrit. Il faut dire cette abrutie avait décrété que les Villemin étaient de droite et Laroche de gauche. Tout en finesse : le camp du Bien, le camp du Mal … Evidemment, de telles considérations font avancer la justice à pas de géant. Ces guignols, il faut les enfermer dans leurs réserves à rupins de Saint Germain des Près et les empêcher de venir emmerder les gens qui vivent dans la vraie vie.

Avons nous tiré les leçons de cette sinistre affaire ?

Hélas, je ne crois pas.

Il y a eu l’affaire d’Outreau, avec le même aspect sordide des journalistes parisiens qui vont au zoo en province.

On considère toujours la justice comme infaillible (voir avec quelle célérité la moindre mise en examen d’un politicien entraine sa démission).

Seul progrès : le discrédit des journalistes atteint des profondeurs abyssales, style fosse des Mariannes.



dimanche, juin 25, 2017

Pourquoi le paysan victime d’un assaillant radicalisé est-il oublié des médias ?

Pourquoi le paysan victime d’un assaillant radicalisé est-il oublié des médias ?





SOS famille politique en vrac : pourquoi la droite française aurait beaucoup à gagner à redécouvrir Benjamin Disraeli pour se reconstruire

SOS famille politique en vrac : pourquoi la droite française aurait beaucoup à gagner à redécouvrir Benjamin Disraeli pour se reconstruire



Edouard Husson

En 1845, un député britannique de 40 ans, Benjamin Disraeli publie un roman intitulé "Sybil ou les deux nations". L'auteur a déjà publié plusieurs oeuvres de fictions et il écrira des romans jusqu'à la fin de son existence, même après avoir occupé le poste de Premier ministre. "Sybil" est pourtant le roman le plus connu de Disraeli, et sans doute celui qui continue à être lu aujourd'hui. Depuis la fin des années 1830, les rapports, parlementaires ou gouvernementaux, consacrés au sort de la classe ouvrière dans l'Angleterre industrielle s'étaient multipliés.

C'est de ces rapports que Marx et Engels font le point de départ de leur oeuvre. Mais qui se souvient qu'un homme politique conservateur britannique tira des conclusions opposées à partir du même constat? Oui, le sort des ouvriers britanniques était terrible ; et bien, face à l'indifférence du parti libéral (whig), le parti conservateur (tory) devait prendre à son compte les revendications ouvrières, lutter pour l'élargissement du suffrage, faire aboutir une protection sociale, en un mot, faire cesser la coexistence de "deux nations", dont l'hostilité réciproque croissante détruirait le pays, si rien n'était fait.

Quelle leçon! Là où Marx et Engels appelaient de leurs voeux l'accroissement de la fracture et de la lutte entre les "deux nations" dont parlent Disraeli, ce dernier, fidèle à vingt-cinq siècles de philosophie politique occidentale pariait sur la capacité de l'action politique à surmonter les cassures sociales et préserver la paix civile. L'oeuvre politique de Disraeli est contenue tout entière dans l'intuition des années 1840. Toute sa carrière, il lutta pour préserver le pragmatisme de la politique commerciale (contre le libre-échangisme idéologique des whigs, auquel s'étaient rallié une partie des conservateurs): Disraeli n'est pas idéologiquement protectionniste car il sait combien les taxes sur le blé importé peut renchérir le prix de l'alimentation pour les ouvriers mais il ne veut pas pour autant sacrifier les intérêts des producteurs britanniques. Après un bref premier séjour à Downing Street, en 1868; Disraeli n'exerça en fait qu'un seul long mandat de Premier ministre (entre 1874 et 1880); le bilan législatif de cette période n'en est que plus impressionnant: élargissement de la scolarisation; règlementation sur la vente d'alimentation; loi sur la santé; mise en place d'un système de crédit permettant aux ouvriers d'accéder à la popriété etc....Un contemporain résume la situation en ces termes: "Le parti conservateur a plus fait pour le monde ouvrier en cinq ans que les libéraux en cinquante ans".

Disraeli est entré dans l'histoire comme le fondateur d'un parti conservateur moderne. Et l'on peut dire sans crainte de se tromper que son influence sur ce parti a perduré jusqu'aux années Thatcher. On peut même se demander, à voir les Tories assumer depuis un an le Brexit, si les années 1979-2016, marquées par le ralliement du parti conservateur à des idées ultralibérales, n'auront pas été une parenthèse. En tout cas, si elle veut conserver le pouvoir, Theresa May, confrontée à un parti travailliste puissant, devra aller au bout de la sortie du thatcherisme en redécouvrant cette "autre nation", celle des perdants de la mondialisation. Benjamin Disraeli lui montre la voie à suivre.

A vrai dire, la leçon de l'expérience Disraeli peut être étendue à l'ensemble du monde occidental qui, actuellement, est à la fois dominé par le néo-libéralisme mais cherche par tous les moyens à en sortir. Identifions quelques axes forts de la philosophie et de l'action politique de Benjamin Disraeli et demandons-nous quelles leçons pourrait en tirer la droite française, à la recherche d'une potion magique pour vaincre Macron.

1. Remettre la question de la souveraineté au premier plan: alors que bien des écrivains libéraux de son temps ne pensaient qu'en termes d'équilibre des pouvoirs ou d'ouverture des frontières, Disraeli insiste sur le côté corrosif pour la souveraineté britannique de la coexistence de "deux nations". Dans le cadre monarchique, Disraeli développe la notion d'une souveraineté renforcée au service du peuple. Mais son raisonnement est tout à fait transposable à un Etat républicain: tous méritent d'être intégrés dans une seule nation réconciliée; pour cela il faut néanmoins un Etat fort, non pas pléthorique, mais dont les représentants sont sûrs des prérogatives qu'ils peuvent exercer.

2. Disraeli ne prend pas prétexte des "deux nations" pour refuser la révolution industrielle. Au contraire, il en encourage la poursuite; il fait partie de ces conservateurs lucides qui, dans toute l'Europe, à côté de chrétiens-démocrates ou de socialistes réformistes, ont permis, depuis cent-cinquante ans, la poursuite de l'industrialisation du monde dans des cadres plus équilibrés. Il est très important d'avoir en tête ce "oui au progrès et à l'innovation!" de Disraeli car trop souvent ceux qui, en France, se réclament d'un projet conservateur, se méfient de la nouvelle révolution industrielle en cours, celle qui s'appuie plus particulièrement sur la révolution numérique. Or, il n'y a pas de doute, sortir notre pays de la crise consistera en un immense effort d'investissement dans l'éducation aux compétences de l'ère digitale et dans la troisième révolution industielle.

3. Pour Disraeli, la fonction première du pouvoir politique est la protection. Le devoir premier des classes dirigeantes consiste à protéger l'ensemble de la société. D'où l'immense oeuvre législative du Premier ministre, dans les années 1870. D'où aussi sa lutte sans concessions, dans les années 1850 et 1860, contre tous ceux, au sein de son propre parti, adhéraient sans recul critique au "laissez-faire" et au libre-échangisme systématique des libéraux. Le combat pour la refondation de la droite, aujourd'hui, passe par la mise en question du dogmatisme concernant l'Europe et la mondialisation. Non pas qu'uil faille tout jeter par dessus bord - Disraeli n'a jamais été partisan d'un protectionnisme sans nuances - mais il s'agit de revenir au principe de réalité.

4. En politique étrangère, la Chambre des Communes, a souvent retenti, dans les années 1860 à 1880, de l'affrontement entre Disraeli et Gladstone, figure la plus imposante du parti libéral, et le seul à pouvoir disputer à Disraeli le 10 Downing Street. Gladstone était l'ancêtre du droit d'ingérence et du renversement des pouvoirs en place au nom des principes libéraux. Il se serait reconnu dans le soutien de Tony Blair à la guerre d'Irak de 2003 ou dans celui de David Cameron au renversement de la dictature libyenne en 2011. Disraeli, lui, aurait profondément rejeté de tels comportements. Il n'était pas moins profondément attaché aux libertés que son adversaire politique Gladstone; mais il pensait qu'il y avait plus à perdre à la destruction des cadres existants. Ainsi, en 1878, au Congrès de Berlin, obligea-t-il la Russie à modérer son envie de dépecer l'Empire ottoman. Pour Disraeli, on ne mène pas de bonne politique étrangère avec des bons sentiments. Le filon "réaliste" auquel il se rattache est à redécouvrir dans un monde où la Russie, l'Iran,la Chine et l'Inde sont désormais en mesure de réorganiser l'Asie Centrale et donc de modifier les grands équilibres du monde.

5. Tout au long de sa carrière politique, Benjamin Disraeli a insisté sur l'importance de la transmission d'une génération à l'autre, d'un héritage et d'un socle de valeurs. Alors que l'historiographie dominante de son époque exaltait les révolutions anglaises du XVIIè siècle, Disraeli afffirmait que les continuités l'emportaient sur les ruptures dans l'histoire britannique. Pour lui, le passé commun partagé était un ingrédient essentiel de la réconciliation des "deux nations".

6. Homme du couronnement de la reine Victoria comme "impératrice des Indes"; du rachat de parts dans la société du Canal de Suez, Disraeli a beaucoup fait pour l'émergence d'un Commonwealth élargi et d'un empire britannique à) l'échelle du globe. La France n'a-t-elle pas, dans le monde actuel, un atout considérable: une francophonie en pleine exansion?

Voilà donc quelques points de repère pris à l'oeuvre et à l'action de Benjamin Disraeli: retour à l'affirmation d'une souveraineté logée d'abord dans l'Etat national, investissements massifs dans la troisième révolution industrielle (y compris dans l'éducation appropriée aux métiers de l'ère numérique), pragmatisme commercial, refus de l'ingérence dans les affaires intérieures d'autres Etats et poursuite d'un équilibre mondial, préservation et transmission d'un héritage national, politique active de la francophonie: tels sont certaines des leçons que la droite française pourrait tirer de l'expérience Disraeli.

L'enjeu est énorme; comme en Grande-Bretagne dans les années 1840/1860, le pays est profondément clivé socialement; on parle d'une "France d'en haut" et d'une "France périphérique". S'inspirer de Disraeli c'est prendre les moyens de mettre fin à la coupure de la France en "deux nations". Cela ne passe pas seulement par la réaffirmation de soi et d'une identité. mais aussi par un esprit offensif pour affirmer la place du pays dans tous les secteurs d'activité, un pays capable de surmonter ses clivages sociaux ou culturels, mais en faisant face aux grands enjeux de modernisation.












samedi, juin 24, 2017

A propos des « citoyens du monde»


 

Vous en avez de la chance d'avoir des amis assez classieux pour être (par auto-désignation) citoyens du monde. Le citoyen du monde est un être sublime. Jugez-en, car ici on nous dit que le citoyen du monde appartient à la communauté des sages :
"L’idée d’une cosmo-politique est si peu évidente que les premières occurrences du thème de la citoyenneté mondiale sont clairement antipolitiques. Il suffit, pour s’en convaincre, de citer la réponse de Diogène le Cynique à la question d’Alexandre lui demandant de quelle cité il était originaire : « Je suis un citoyen du monde (kosmopolitès) ». Cette revendication apparaît comme un défi adressé non seulement à la puissance du conquérant, mais encore aux classifications politiques en usage dans la Grèce antique.
Le cosmopolitisme de Diogène est d’essence individualiste et anarchiste : pour lui, être « citoyen du monde » signifie d’abord n’appartenir à aucune cité, n’être soumis à aucune grandeur d’établissement. De ce point de vue, l’absence d’institution mondiale n’est pas un argument contre le cosmopolitisme, mais au contraire une garantie d’indépendance absolue. C’est parce qu’il échappe à l’institution que le monde constitue un espace adéquat à l’individualisme cynique.
Il n’est pas question de présenter ici une histoire du cosmopolitisme, même à la lumière des critiques que ses partisans ont produites des puissances établies. Il suffit de rappeler que la tradition anti-institutionnelle ouverte par Diogène se retrouvera dans le cosmopolitisme stoïcien dont l’essence est davantage métaphysique ou morale que politique. Quand bien même elle porte le nom de « citoyenneté », l’appartenance de l’homme au monde et à sa loi fonde, pour les stoïciens, un pouvoir de connaître et un devoir d’agir, pas un droit juridiquement opposable aux cités ou à l’Empire.
Certes, le citoyen du monde appartient à une communauté. Mais celle-ci, en tant que communauté des sages, excède toutes les formations institutionnelles susceptibles d’advenir dans l’histoire."


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      C'est d'autant plus amusant de vous lire qu'il se trouve que j'ai évoqué justement Diogène auprès de mon interlocuteur... qui n'en avait jamais entendu parler.


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          Chez les "citoyens du monde", on trouve ceux qui sont plutôt sérieux dans ce qu'ils avancent et qui ont les moyens de vivre ici ou là, dans un petit milieu extrêmement choisi, sans grand contact avec le population locale. Et puis des tas de gens qui jouent un rôle convenu, et qui n'ont aucun moyen intellectuel, social, économique, de mettre vraiment en application leur indistinct idéal affiché.
          Même si le monde a beaucoup changé, ça m'évoque un peu la fameuse résolution de la Oxford Union en 1933, où, lors d'un débat d'étudiants d'Oxford (huppés), une grosse majorité avait approuvé une motion pacifiste (et à arrière-plan pro-bolchevik) selon laquelle il était hors de question de se battre "pour le roi et pour la patrie".


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              Vous avez raison. Les "citoyens du monde" conséquents très peu nombreux et, de toute façon, cela suppose des moyens financiers que n'a pas 1% de la population.
              Les autres "citoyens du monde" sont juste des imbéciles et des salauds qui répudient leurs devoirs envers leur patrie et aussi envers leurs parents (car ils disent "Je suis né dans ce pays par hasard", il est tout aussi logique de dire "Je suis né de ces parents par hasard").
              Là où ce genre d'attitude devient carrément dégueulasse, et l'histoire de l'Oxford Union que vous citez l'a prouvé, c'est que vous ne pouvez vous tripoter la nouille en vous déclarant "citoyen du monde" qu'à l'abri d'une armée, qu'à l'abri du fait que d'autres sont prêts à mourir pour vous défendre. Et, en plus, ces enfoirés sont capables de les récuser sur le mode "Je ne demande à personne de mourir pour moi". Sauf que si on vient les tuer chez eux, ils diront "Que fait l'armée ?".
              Bref, les "citoyens du monde" sont des enculés de première bourre. Ce n'est pas du monde bien.


            vendredi, juin 23, 2017

            Macron : pourvou que ça doure

            Jean-Pierre Le Goff: « Macron n'échappera pas aux enjeux de civilisation »

            Je suis d'accord avec Jean-Pierre Le Goff.

            A l'issue d'une campagne atroce (si vous trouvez le mot « atroce » excessif, considérez que, pour ma part, j'ai vu, pendant cette campagne électorale, mourir la démocratie française en direct et en continu), les Français se sont offert une parenthèse d'irréalité en élisant Emmanuel Macron.

            Je suis curieux de savoir combien de temps cela va durer. Et pourquoi pas cinq ans ?




            jeudi, juin 22, 2017

            « Le Martyre des chrétiens d’Orient » de Frédéric Pons

            « Le Martyre des chrétiens d’Orient » de Frédéric Pons

            Ce bref article a le mérite de la clarté.



            La « parité », on s’en fout

            Les journalistes, vous savez, ces gens qui font la leçon à tout le monde comme s’ils détenaient LA vérité, s’extasient sur la « parité » au gouvernement et au parlement.

            Vous avez remarqué qu’ils ne prennent même plus la peine de préciser de quelle parité il s’agit. Parité ouvriers / cadres ? Parité urbains / ruraux ? Parité sudistes / nordistes ? Non, c’est évident : parité hommes / femmes.

            Mais pourquoi cette parité là est si importante, mystère total. Ils n’ont pas un argument qui tienne la route et, pourtant, les abrutis politico-médiatiques n’imaginent même pas que leur évidence n’a aucun fondement intelligent. Elle est même franchement sexiste : il n’y a que des sexistes rabiques pour croire que le sexe d’un député ou d’un ministre est une information pertinente, voire essentielle.

            Et voilà que je tombe sur cette chronique matutinale de Zemmour (comme quoi, il reste des non-contaminés par les conneries médiatiques modernes) :

            "On parle de parité pour occulter la question sociale", déplore Éric Zemmour

            Notons, pour retrouver un peu de sérieux, que cette technique consistant à concentrer l’attention du public sur de faux enjeux est un outil majeur de manipulation des masses. Pendant qu’on discute de « parité », qu’on sature les antennes avec ce sujet qui n’a absolument aucune importance pour l’avenir de la France, on ne parle pas des sujets « nauséabonds » : l’immigration, l’islam, la soumission à l’européisme, au capitalisme de connivence, l’école, la justice …

            Voyez, moi aussi, je suis détourné : j’y consacre un billet.

            L'autre technique, c'est la perversion, la torsion, du langage. tenez, comme les traitres de LR qui se baptisent Constructifs. Qu'est-ce que « constructif », terme moral, éventuellement social, vient faire dans la choucroute politique ? « Socialiste », « nationaliste », ça définit une politique. Mais « constructif » ? Ca ne veut rien dire. Par contre, c'est un terme « positif », qui « connote bien ». Perversion, vous dis-je.




            mardi, juin 20, 2017

            Eux et nous, mais pas seulement, mais pas superficiellement

            Les conservateurs aujourd’hui jouent nous contre eux. Opposition facile : les travailleurs contre le banquier, les patriotes contre l’hyperclasse mondiale, les enracinés contre les ectoplasmes etc. C’est facile mais stérile. Moi-même, j'y joue, à ma grande honte.

            Rappelons, ce que certains semblent avoir oublié, que les conservateurs font de la politique non pour prendre une pose avantageuse et esthétique, mais pour s'emparer du pouvoir, dans le but d'utiliser ce pouvoir afin de protéger la France et le peuple français. Ceux pour qui la politique est une petite entreprise familiale sans réelle volonté d'arriver au pouvoir (suivez mon regard) trahissent leurs devoirs.

            Avec « Pensez printemps » (qui m'a fait rire, à tort, moi aussi), Emmanuel Macron a été plus habile que tous les branleurs de nouille de la droite molle et de la droite dure. Oui, ce slogan creux, mais il permet une projection positive. Emmanuel Macron est l’alibi de la frivolité des Français : ils se donnent l’illusion du renouvellement sans les difficultés du renouvellement réel. Les droites n'ont pas été la moitié du quart aussi intelligentes.

            Et quand il s'est agi de cramer Fillon, les macronistes ont oeuvré, ils se sont sorti les doigts du cul.

            Les médias ont beau jeu de caricaturer les conservateurs en vieux bougons, parce que nous leur donnons quelques raisons. La France reste en attente d’une espérance qui ne soit pas à base de destruction systématique et ne se contentera pas de la nostalgie.

            La notion, soutenue par des gens comme Philippot, Polony, Marine Le Pen, Sapir, que le clivage droite/gauche est obsolète, est une grave erreur de jugement. Il est vrai que de nouveaux clivages, essentiellement souverainistes / européistes, passent à travers la gauche et la droite. Mais en conclure que le clivage droite/gauche est dépassé revient à faire de la politique une pure intellectualité. C’est tout le contraire qui est vrai. La politique est faite d’affects, d’histoire, d’appartenance, de sociologie.

            Thomas Sowell, dans Conflict of visions, est plus fin que Marine Le Pen et sa troupe de crétins : les deux visions s'opposent sur plus que de simples opinions.

            C’est pourquoi il faut compter que le clivage droite/gauche perdurera et qu'il est tout à fait illusoire d'espérer joindre les souverainistes des deux bords. En revanche, il est tout à fait possible de faire glisser le spectre politique vers la droite.

            Le bon cadre de réflexion repose donc sur deux piliers :

            ♘ comment unir les droites, comment ratisser large à droite, façon RPF ? Par les appareils ? Par les hommes ? Lesquels ? Par les idées ? Lesquelles ?

            ♘ comment séduire ? Comment faire rêver ?

            Pour cela, il faut être au clair sur ses idées, ce que n'est pas du tout le FN. Or, le FN, plus que les autres, parce qu'il n'a jamais exercé le pouvoir national, doit montrer sa compétence technique. Fouletitude de questions dérangeantes traînent sur internet.

            Par exemple, Julien Rochedy : « Le FN veut favoriser la production locale. Très bien. Les règles de l'UE l'interdisent. Comment nous en affranchissons nous ? ». Ou Eric Verhaeghe : « Le FN veut financer le système social par la lutte contre la fraude. Outre que les montants ne sont pas hauteur du problème, comment faire accepter par les Français l'inquisition que cette ambition suppose ? » Et tant d'autres ...

            Ce ne sont pas les analyses qui manquent :

            L’avenir du Front National est-il dans un aggiornamento libéral ?

            Carnets de déroute I

            Mathieu Bock-Côté : « Macron oblige ses opposants conservateurs à élever le niveau »

            Plus tragique, mais aussi plus marrant :

            Jean-Marie Le Pen : "Madame Le Pen n'a pas compris les raisons de son échec"

            M'est avis que le FN n'entendra pas vraiment les questions et les conseils et fera le service minimum en matière de remise en cause, ce qui le condamne à être le piège qui stérilise le populo comme le PCF dans les années 70.

            D'où la question qui ne tardera pas à nous travailler : comment nous débarrasser du FN ?





            lundi, juin 19, 2017

            La vie sous Jupiter 1er











            Quand il n'y aura plus de Français ...

            C’est embêtant, dit Dieu. Quand il n’y aura plus ces Français,
            Il y a des choses que je fais, il n’y aura plus personne pour les comprendre.

            Charles Péguy, Le Mystère des saints Innocents (1912)


            Pour un conservatisme d'avenir

            Si les conservateurs s'obstinent à cultiver la nostalgie et seulement elle, ils n'iront nulle part. J'aime bien Zemmour mais il est limité par son fatalisme. Il ne faut pas faire l'erreur des légitimistes du XIXème siècle, dont l'ambition de revenir à l'état quo ante a échoué

            Les conservateurs doivent proposer un projet. J'entrevois quelques pistes.

            Pierre-Yves Rougeyron propose de mettre la priorité sur la France maritime, Roger Scruton sur la beauté, Natacha Polony sur le local.

            Les plus intelligents sont d'accord sur la méthode : compétence technique, non-dispersion des efforts, combats sur les points-clés, habileté tactique (inutile de braquer l'opinion, on se fait plaisir mais la cause n'avance pas. Les conneries du FN sur L'Euro doivent servir de leçon).

            Dussè-je en choquer quelques uns, je pense que le retour du général De Gaulle est un exemple.

            Vous pouvez vous déchainer dans les commentaires.



            Parce que tout recommence toujours …

            Certains voient dans le règne macroniste une chance pour la vraie droite : le PS est mort, LR et le FN ne se portent pas très bien et l’adversaire centriste anti-national est enfin identifié clairement, après des décennies de fausse alternance.

            Tout cela est vrai, mais il ne faut pas se faire d’illusions. Un tas de gens vivent de la vieille politique, qui est une a-politique (« Il n’y a pas d’alternative », « le cercle de la raison ») ils ne vont pas disparaître du jour au lendemain. Ni le FN ni LR ne vont disparaître, ils continueront à faire sentir, chacun dans son genre, leurs effets néfastes de piliers du Système.

            Mais, sur le moyen terme, à l’horizon de quinze à vingt ans, il est clair qu’une recomposition politique a commencé. Le danger est que cela n’aille pas assez vite : Gramsci et un certain bon sens historique disent que les coups de balancier culturel et politique durent de trente à quarante ans, soit une grosse génération. Les fils contestent les pères.

            Le coup de balancier à gauche, qu’on peut dater de 1965-1970, aurait donc dû se terminer au plus tard en 2010 et une vague de droite aurait dû commencer, avec le destin de finir vers 2050. Or, ce processus naturel a été bloqué par la pusillanimité de la droite.

            Nous sommes menacés par le retour de balancier à gauche (sous la forme du transhumanisme ?) avant que le balancier ne soit allé vraiment à droite. Certes, en 2050, je sucrerai les fraises …

            Je vous laisse avec Pierre-Yves Rougeyron (il pose d'excellentes questions sur la cohérence des opposants à Macron) :



            Et puis, il y a autre chose que l'incohérence des adversaires, il y a aussi leur manque de combativité.

            Je ne doute pas que certains se feraient tuer sur les barricades pour défendre la France, mais sont-ils prêts à se salir les mains ? Les mcronistes, eux, le sont (affaire Fillon, financements d'EM, ...). A coté de Macron, ses adversaires sont des enfants de choeur.

            Face à de forces si puissantes, il faut une intelligence mais aussi un caractère :

            Trump et l’Etat Profond : un complot fort bien monté

            Pour vous remonter le moral

            J'écoute quelquefois ce reportage pour me remonter le moral :




            On y entend le courage et l'intelligence (avec l'ouïe très fine).

            On y entend le courage de ces jeunes pilotes, dont une poignée de Français (il faut se souvenir de noms comme Demozay, Mouchotte, Fayolle, Bouquillard ...), six cents au total, qui montaient  trois, quatre fois par jours se battre à un contre deux. Qui risquaient la mort ou l'atroce brulure. Tellement épuisés que certains s'endormaient dans leur avion.

            Tout le monde connaît la phrase churchillienne : « Never in the field of human conflict, was so much owed by so many to so few ».

            En revenant d'une visite au centre de contrôle d'Uxbridge, où il a vu toutes les réserves engagées, Churchill est longtemps silencieux dans sa voiture, puis il prononce en commençant par « Never in the field of history ... », Pug Ismay lui fait remarquer « Jésus et ses disciples ? ». D'où la phrase qu'on connaît.

            Avec leur humour, les pilotes de la RAF disaient : « C'est une allusion à nos notes de bar ».

            On y entendl'intelligence, tactique chez Dowding, politique et stratégique chez Churchill.