samedi, janvier 31, 2009

When hooligans Bach down

Strike up Johann Sebastian and watch them scatter.
29 January 2009

Staying recently in a South Yorkshire town called Rotherham—described in one guidebook as “murky,” an inadequate word for the place—I was interested to read in the local newspaper how the proprietors of some stores are preventing hooligans from gathering outside to intimidate and rob customers. They play Bach over loudspeakers, and this disperses the youths in short order; they flee the way Count Dracula fled before holy water, garlic flowers, and crucifixes. The proprietors had previously tried a high-pitched noise generator whose mosquito-like whine only those younger than 20 could detect. This method, too, proved effective, but the owners abandoned it out of fear that it might damage the youths’ hearing and infringe upon their human rights, leading to claims for compensation.

There is surely something deeply emblematic about the use of one of the great glories of Western civilization, the music of Bach, to prevent the young inheritors of that civilization from committing crimes. The barbarians are well and truly within the gates. However, in these dark times it is best to look on the bright side. Our prime minister, Gordon Brown, has told us that we must expect crime to rise along with unemployment (which has already reached more than 13 percent of the labor force, if one takes into account those whom the government dishonestly counts as sick). If proprietors all over the country follow Rotherham’s lead, therefore, we may hear much more Bach, and less rock music, than we did previously. Hegel was right when he said that the owl of Minerva flies by night.

The Rotherham example, incidentally, bears out a story told by the great Belgian Sinologist, Simon Leys, in his recent book of exquisite short essays, Le bonheur des petits poissons. Leys was sitting in a café where other customers were chatting, playing cards, or having a drink. The radio was on, tuned to a station that relayed idle chatter and banal popular music (you are lucky these days if popular music is banal only). But suddenly, and for no apparent reason, it played the first movement of Mozart’s clarinet quintet, transforming the café into what Leys called “the antechamber of paradise.” The customers stopped what they were doing, as if startled. Then one of them stood up, went over to the radio, and tuned it to another station, restoring the idle chatter and banal music. There was general relief, as if everyone felt that the beauty and refinement of Mozart were a reproach to their lives to which they could respond only by suppressing Mozart.

I sympathize with the criminal youths of Rotherham for reacting to Bach in a similar way. Any other response would be too unbearably painful for them. Rotherham boasts a lot of fine early nineteenth-century architecture (and even a very fine fifteenth-century church), but everything has been overwhelmed, dwarfed, and ruined by highways and brutalist concrete buildings of surreal hideousness, many of them municipal and all of them erected with municipal consent. If the powerful do not care about the world, why should the powerless?

Theodore Dalrymple, a physician, is a contributing editor of City Journal and the Dietrich Weismann Fellow at the Manhattan Institute.

La droite entretient l'illusion de l'Etat-providence

Ivan Rioufol dans Le Figaro du 31 janvier 2009

La vérité est que le roi est nu. "L'État a un rôle plus grand à jouer", explique pourtant au Figaro le conseiller de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino. Déjà, lors de ses vœux, le président avait assuré de sa mission protectrice. Mais l'État-providence, vers lequel veut revenir le pouvoir confronté à la crise, est sur la paille. Les crédits qu'il déverse, ces jours-ci, sont aussi volatils que ceux qui ont conduit à l'effondrement du capitalisme financier. N'y a-t-il pas d'autres voies que celles qui mènent directement aux faillites ?

La nécessaire mise en cause des mécanismes de spéculation et du "laisser-fairisme", qui reposaient sur de la fausse monnaie, sert de prétexte pour dresser, une fois de plus, le procès du libéralisme. La droite n'est pas en reste quand elle défend le retour à l'interventionnisme. Sarkozy, qui prend les banquiers comme boucs émissaires, demande même à l'UMP d'utiliser le " vocabulaire du travailleur ". Éric Besson, venu du PS pour rejoindre le parti présidentiel, dit qu'il se sent "bien dans la majorité".

Or ce nouveau glissement à gauche, qui espère conjurer le mécontentement des gens, cautionne une autre illusion : celle de l'État-mamma. Mathieu Laine le remarque (Post politique, J.-C. Lattès) : "La politique n'a plus aucune marge de manœuvre financière. Il ne peut tout simplement plus, matériellement, nous sauver (...) Il n'y avait plus d'argent, comment en trouver encore ? " La majorité ne voit-elle pas que la bulle socialiste a éclaté pour avoir, un peu comme Wall Street, vendu du vide ?

Cette tentation du pouvoir de revenir en arrière, outre qu'elle rend moins lisible le réformisme du chef de l'État, en vient à conforter le conservatisme des "progressistes", qui se replongent dans Marx et Mao. Plus de 20 000 signatures ont rejoint "l'Appel des appels" qui dénonce les "lois "naturelles" du marché". La grève de jeudi a été majoritairement celle de salariés assurés de leur emploi et qui défendent des services publics dégradés. Mais ce monde-là ne peut plus prétendre être un modèle.

C'est faire injure aux Français de les croire incapables de comprendre les deux crises systémiques (celle du tout étatisme, celle de l'ultracapitalisme) qui accélèrent l'affaiblissement du pays. L'État, qui n'a plus les moyens de ses ambitions, entretient inutilement la fiction de sa puissance. Ce faisant, il incite l'opposition à le rendre responsable d'" injustices" qui lui échappent. Pourquoi ne donne-t-il pas l'exemple de la lucidité, en se regardant dans la glace ?

"Idées rancies"

Le défi immédiat est de penser le monde qui vient. Comme le note le sociologue Michel Maffesoli (Apocalypse, CNRS Éditions) : "ll est vain de vouloir rafistoler les idéologies élaborées aux XVIIIe et XIXe siècles, et dont nous fûmes, dans tous les sens du terme, irradiés. Oui, il faut bousculer les idées rancies, rejeter les analyses apprêtées et quelque peu maussades. En bref, se dessiller les yeux." Ce n'est pas le chemin que suit la droite quand, faute d'idées neuves, elle repart sur les traces de la gauche passéiste. L'ancien président du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, paraît bien seul quand il déclare au Figaro : "Pour sortir de la crise, il faut plus de libéralisme." François Fillon, qui accuse le PS de vouloir "réhabiliter le socialisme d'hier" à travers son contre-plan de relance, est-il bien sûr d'incarner, avec le lancement de grands travaux publics, une politique plus flexible, moins dispendieuse ?

Le gouvernement ne doit pas craindre un PS comateux et une extrême gauche exaltée, qui se croient tous deux porte-parole de la France légitimement angoissée. Le gauchisme tente de refourguer sa révolution et son communisme. Il prêche un mépris de l'Occident et un refus des démocraties, en faisant alliance avec un islamisme qui prêche la subversion. "Mon rêve serait que Sarkozy soit chassé par la rue", explique même le philosophe Alain Badiou, complaisamment promu gourou par Libération. Les socialistes, eux, gardent l'espoir de transformer le profond désarroi collectif en épreuve sociale. Mais ceux-là risquent surtout de s'éloigner un peu plus de la culture de gouvernement, en côtoyant un totalitarisme qui devrait être un repoussoir.

Plus que jamais, c'est la crise de l'intelligence (Bloc-notes du 9 janvier) qu'il s'agit de résoudre, en laissant émerger librement les aspirations et les comportements nouveaux. Il est faux de laisser croire que ceux-là seraient portés uniquement par les traditionnelles processions de syndicats non représentatifs et de partis qui croient tenir leur revanche contre Sarkozy. "Aujourd'hui, la France s'arrête", annonçait L'Humanité jeudi. En réalité, le pays inquiet a continué à travailler. Ces défilés sans mots d'ordre, qui s'accrochent à un monde ancien défendu aussi par Martine Aubry, sont ceux d'une France immobile, qui refuse d'admettre que rien ne sera plus comme avant. Mais les faits sont têtus. Ségolène Royal a d'ailleurs bien fait de prendre du recul, en préférant assister au Forum social de Belém (Brésil).

Décadence

Ce n'est donc pas en donnant le sentiment de s'inspirer d'un socialisme doctrinaire et nostalgique que le gouvernement trouvera la meilleure issue à la crise. La nouvelle UMP, dont Nicolas Sarkozy vient de confier la gestion à Xavier Bertrand, saura-t-elle écouter et retranscrire sans tabous ce que disent vraiment les gens de leur vie, de leur pays, de leur culture ? Le politiquement correct, tout à son confort intellectuel, cherche à étouffer ces paroles dérangeantes. Pourtant, elles ne se résument pas à la seule défense du pouvoir d'achat et des services publics, comme voudrait le faire croire le discours plan-plan des faiseurs d'opinion. Les Français, évidemment soucieux de leur emploi, s'inquiètent plus gravement encore des nombreux symptômes annonciateurs d'une décadence de leur nation. C'est à cette population encore silencieuse, dont les fonctionnaires vont évidemment partie, qu'il faut aussi répondre. La gauche croit tenir encore le monopole des manifestations. Mais sur ce point aussi, elle pourrait bien se tromper.

Modernité

En fait, le pays est prêt à amorcer son virage vers la modernité. Le "jeudi noir" annoncé, qui n'a mobilisé dans la grève qu'un quart des fonctionnaires et une infime minorité de salariés du privé, n'a pu paralyser les transports publics, grâce à l'efficacité du service minimum mis en place par le gouvernement. Pour autant, le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, a raison de vouloir sanctionner "l'abus du droit de grève ", tel que SUD-rail l'a dernièrement utilisé, gare Saint-Lazare. Les cris d'orfraie qui ont accueilli cette proposition voulaient faire comprendre qu'il ne fallait pas parler sur ce ton aux syndicats, même quand ils se moquent des usagers. Espérons que l'UMP ne reculera pas - ne reculera plus ? -- devant la tyrannie de la bien-pensance.

jeudi, janvier 29, 2009

La folie injectrice (16) : «La reprise se fera en marchant sur le cadavre des mauvaises banques»

Deux excellents articles, hélas en Anglais, d'Arnold Kling, le tenancier d'Econ Log, dont je vous conseille la lecture régulière :

How economists analyze the simulus


Profits and recovery


Kling raisonne comme suit :

> Après un excès spéculatif, les prêteurs ne veulent plus prêter, mais, également, les emprunteurs potentiels hésitent, par prudence. Les banques sont donc moins utiles.

Croire qu'il est indispensable de sauver les banques, c'est une pensée d'avant la crise (je suis moi aussi persuadé que les gouvernements sont restés bloqués sur des schémas d'avant la crise, c'est pourquoi ils essaient contre toute logique de guérir une crise de dette par plus de dette).

> Puisque la reprise économique n'est plus alimentée par la dette, elle l'est par les profits.

Plutôt que de sauver les banques, les gouvernements feraient mieux d'organiser la faillite des banques qui sont en cessation de paiement et d'augmenter les profits des entreprises viables, par exemple en baissant, uniformément car dès que les gouvernements choisissent, ils choisissent mal (1), les charges sociales.

Puisque les gouvernements font le contraire de ce que Kling conseille, on peut conclure, si il a raison, que nous sommes mal partis, . On s'en doutait.

(1) : cf la théorie de l'information d'Hayek et la théorie des choix publics

La folie injectrice (15) : «des plans d'irrigation pendant le déluge»

Jacques Rueff, qui eut d'heureuses formules et qu'on devrait lire ou relire (sur ma table de nuit depuis des lustres), comparait les plans de relance, la baisse des taux d'intérêt et les injections de liquidités pendant une crise de dette à «des plans d'irrigation pendant le déluge».

On ne saurait décrire de manière plus concise et plus imagée la faute logique des gouvernements : pendant la crise, la mauvaise gestion étatique et les décisions aberrantes continuent.

mardi, janvier 27, 2009

La grève par désoeuvrement

Ainsi, jeudi, nous devons nous attendre à ce que toute la France soit en grève.

Toute ? Je plaisante. Bien entendu, il s'agira seulement de la France fonctionnarisée, c'est-à-dire celle qui est à l'abri du chômage, dont le pouvoir d'achat progresse le plus vite et qui part à la retraite la plus tôt, bref, de la France qui a le moins à se plaindre.

Mais je comprends les grévistes. Ils sont odieux certes, mais les gouvernements, de droite comme de gauche, leur cèdent à chaque fois, les medias les soutiennent outrageusement et les Français restent cois.

Ils auraient donc bien tort de se priver.

Au fait, si l'on en croit les déclarations d'intention, c'est une grève pour protester contre le monde comme il va. Si vous considérez cela comme vain et puéril, vous n'avez rien compris.

Il faut une raison officielle à une grève, cela fait partie du rituel, mais plus stupide et vague elle est, mieux c'est. Car cela permet à tous, même les plus mal-comprenants, de voir que le véritable objet de la grève n'est pas celui invoqué. Car, pour qu'une grève soit efficace, il faut que tout le monde en comprenne la raison, mais si l'on n'ose pas la dire.

Chez les fonctionnaires, le véritable objet d'une grève est toujours le même, c'est une menace : «Nous avons des otages (et on vous emmerde). Si dans une heure vous n'avez pas cédé à nos revendications, nous commençons par tuer le chien.»

Le plus malheureux, c'est que ça marche à tous les coups.

lundi, janvier 26, 2009

Puisque le réchauffisme vous intéresse ...

Tout homme doté de bon sens (espèce rare) sait que depuis 1950, la pollution atmosphérique en Europe diminue (c'est un peu couillon pour les prêcheurs d'apocalypse).

Il semblerait, à en croire l'article ci-dessous du Figaro, que cela a des effets inattendus :

En Europe, le réchauffement pourrait ralentir

Yves Miserey
19/01/2009 | Mise à jour : 13:49
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Les jours de brouillard ont beaucoup diminué en Europe depuis trente ans grâce à la réduction de la pollution. Cette baisse, qui a accéléré le réchauffement, est désormais stabilisée.

La réduction de la pollution atmosphérique au cours des trente dernières années en Europe a entraîné une diminution des jours de brouillard et de brume. Cette diminution a eu elle-même une conséquence insoupçonnée : elle a contribué à accentuer de manière significative le réchauffement dû à l'augmentation des rejets de gaz à effet de serre.

C'est un effet domino que Robert Vautard et Pascal Yiou, du laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (CEA/CNRS), et un météorologue néerlandais, Geert Jan van Oldenborgh, viennent de chiffrer dans une étude publiée lundi en ligne par la revue Nature Geoscience . Elle confirme que les changements climatiques actuels ne sont pas exclusivement gouvernés par le gaz carbonique (CO2) [Grandiose découverte ! Dans vingt ans, on dira peut-être que le CO2 n'a aucune influence sur le climat et que les réchauffistes étaient fous]. Les interactions sont multiples et parfois inattendues. [Deuxième grandiose découverte !] Une des conséquences devrait être un réchauffement moindre que prévu par les modèles climatiques dans les années à venir qui n'ont pas intégré l'impact des brouillards. [Si c'était la seule chose qu'ils n'ont pas intégrée ! En réalité, les modèles numériques climatiques sont une vaste fumisterie pour faire bicher medias et gogos et récolter des crédits de recherche]

La qualité de l'air augmente la radiation du soleil

«Des années 1970 aux années 2000, le réchauffement a été plus important en Europe que dans d'autres parties du monde. Les climatologues se demandaient pourquoi», rapporte Robert Vautard. De leur côté, les trois chercheurs ont voulu savoir si cette différence pouvait être liée à la diminution des jours de brouillard. On sait en effet que dans toute l'Europe occidentale, les pics de pollution comme le fameux fog de Londres sont aujourd'hui moins fréquents. Les particuliers ne se chauffent plus au charbon et les cheminées d'usine ont arrêté de cracher les énormes quantités d'oxyde sulfureux (SO2) qui faisaient la une de l'actualité dans les années 1970 avec les fameuses pluies acides. Les composés soufrés ont la particularité de favoriser la formation de gouttes et gouttelettes dans l'atmosphère. La qualité de l'air s'est nettement améliorée même si tout n'est pas parfait, comme s'empresse de le souligner Robert Vautard, qui a piloté de nombreuses études sur la circulation des particules fines et de l'ozone sur le continent européen.

Curieusement, la question de l'incidence du brouillard sur les températures n'a encore jamais été explorée à grande échelle. Et pourtant, elle mérite d'être posée car l'amélioration de la qualité de l'air augmente la radiation du soleil et donc les températures. Les bilans d'énergie reçue au sol heure par heure par le soleil réalisés à la station du LSCE, basée à Palaiseau, ont permis de chiffrer et de modéliser cette incidence de manière très fine. De plus, il existe une banque de données mondiales sur les brouillards et les brumes. Elle est gérée par le NCAR, le centre de recherche atmosphérique américain basé à Boulder, dans le Colorado.

Les données européennes sont très riches sur ce qu'on appelle dans le jargon technique la «visibilité horizontale». Il existe en tout 4 779 stations d'observation des brumes et brouillards autour des aéroports et dans des stations météo qui fonctionnent depuis les années 1970. Les télémètres ont remplacé aujourd'hui les observateurs humains dans la plupart des sites. Les scientifiques ont défini trois catégories de brouillards ou de brumes : fog (visibilité à 1 km ou moins) ; mist (2 km) et haze (5 km).

«Je m'étais souvent dit qu'on voit de moins en moins de brouillard qu'avant mais j'ai été un peu surpris par les résultats», reconnaît Pascal Yiou. Les résultats obtenus à partir des 342 sites retenus par les chercheurs sont impressionnants. En Europe occidentale, de 1978 à 2006, on constate durant les saisons froides une diminution de 30 jours de brouillards par an et de 60 jours dans beaucoup d'endroits d'Europe de l'Est. Ce décalage est dû à la chute du mur de Berlin qui a provoqué la fermeture de nombreuses industries très polluantes.


Prendre en considération ce nouveau paramètre

Pour connaître l'incidence de ce phénomène sur les températures, les chercheurs ont appliqué un modèle simple. «En Europe de l'Est, on a perdu jusqu'à deux mois de brouillard par an en saison froide (janvier-mars et octobre-décembre). En France, on est généralement entre quelques jours et un mois», résume Pascal Yiou. Le réchauffement qui s'est produit le long des côtes et dans le sud du continent où les brouillards n'ont pas baissé pourrait provenir du réchauffement de l'océan.

L'IPCCj (groupement international des experts du climat) va sans doute être amené à prendre en considération ce nouveau paramètre. On peut d'ores et déjà en conclure que l'augmentation des températures sur le continent européen devrait être moins importante que prévu étant donné que l'amélioration de la qualité de l'air sera désormais très progressive et n'aura pas d'effet spectaculaire comme au cours des trois dernières décennies

dimanche, janvier 25, 2009

Gaza : voici un témoignage que vous ne risquez pas de lire dans un journal français «de référence»

Témoignages des violences, des tricheries et de la cruauté du Hamas à l’égard de leurs concitoyens

Les plus belles pages de Rivarol (J. Dutourd)

Rivarol est ignoré par les historiens de la révolution française et c'est justice.

Pour lui, critique littéraire, la révolution française est la catastrophe qui arrive quand on donne à des écrivains ratés (1) le pouvoir de se venger de leurs frustrations et d'appliquer leur médiocrité à des affaires qui les dépassent (2).

Le mieux est de citer l'introduction de Jean Dutourd :

Quand on sait ce qu'est un écrivain raté, on comprend la méfiance et le sarcasme de Rivarol. Un homme qui écrit mal est un homme qui pense mal. En outre, le bouleversement d'une société ne coûte rien à un écrivain médiocre qui se croit incompris par elle. Sainte-Beuve dit avec justesse que Rivarol «a trouvé une des causes profondes de la Révolution, et si bien dans le caractère français : la vanité».

En 1791, Rivarol, ayant quitté la France, tira une conclusion très philosophique de ses espiègleries : «Si la Révolution s'était faite sous Louis XIV, Cotin eût fait guillotiner Boileau, et Cotin n'eût pas manqué Racine [ils n'ont tout de même raté ni Lavoisier, ni Condorcet]. En émigrant, j'ai échappé à quelques jacobins de mon Almanach des grands hommes [ouvrage satyrique de Rivarol].»

[...] L'itinéraire de Rivarol peut se résumer ainsi : de la grammaire à la politique. Il est rare de voir un «grammairien engagé». C'est cependant ce que fut notre héros. Il a prédit, puis observé, le tremblement de terre social de 1789 et il [y] a appliqué les règles les plus strictes de l'analyse logique.

[...] Gourmont a bien vu le fort et le faible de cette attitude. Dans ses Promenades littéraires, il écrit : «Tandis que tant d'hommes distingués, intelligents même, allaient à la révolution poussés par le sentiment, Rivarol restait au rivage, attaché par la logique. C'est un état d'esprit dans lequel on a toujours tort, parce, que le maître de la vie, c'est le sentiment.» (3)

[...] Ce que les historiens ne pardonneront jamais à Rivarol, sans doute, en dépit des preuves réitérées qu'il donne de sa clairvoyance, c'est son irrespect. Les historiens de droite eux-mêmes, si ils vomissent la Constituante, la Convention, les sections, les sans-Culottes et le reste, n'osent pas faire de l'ironie. A travers le temps, la Révolution leur apparait comme un bel orage, avec des nuages rouge-sang et des catastrophes majestueuses. Pour Rivarol qui était, si j'ose dire, sur le tas, la Révolution n'est qu'un événement contemporain, fait ou subi par des hommes qu'il avait connus et qu'il jugeait selon leurs normes réelles. Dans un événement contemporain, il n'y a jamais de poésie. La poésie vient ensuite ; elle naît du recul, qui efface des milliers de détails vulgaires, qui dénature les causes, qui patine les faits.

Et puis, nous n'avons pas connu l'ancienne France ; nous n'avons plus idée de ce que fut cette civilisation compliquée, vénérable et exquise. Rivarol l'a connue, lui ; il voyait ce que le monde perdait par sa destruction et vers quelles décadences on se dirigeait. Il était frappé par la grandeurs des ruines et la petitesse des démolisseurs. Il était tout occupé du contraste entre le dérisoire de l'ensemble et l'horreur quotidienne. Ces sortes de disparates amusent immanquablement les hommes supérieurs, tout en les affligeant. «La populace, dit Rivarol, est toujours cannibale, toujours anthropophage. Pour elle, il n'y a pas de siècle des Lumières.» (4) C'est du même oeil non prévenu qu'il lit la Déclaration des droits de l'homme et qu'il l'appelle «la préface criminelle d'un livre impossible». Il y a là plus que de la polémique, certainement, puisque de telles paroles irritent encore, après cent soixante ans [écrit en 1960]. Je ne connais que la vérité pour rester scandaleuse aussi longtemps. «Quant à la prise de la Bastille, écrit Rivarol, je vois bien que les Français y tiennent comme autrefois le fameux passage du Rhin, qui ne coûta pourtant de peine qu'à Boileau.» Voilà l'homme véridique. Tout le monde le honnit parce qu'il détruit les contes de fées nationaux.

On n'a pas idée de démystifier ainsi un immense événement national. Confronté aux écrits lyriques de Michelet, Rivarol serait parti d'un grand éclat de rire.

Et pour que les choses soient claires, l'ostracisme continue. Notre bien aimé ministère de la communication, béni soit son nom, a publié un texte sur Rivarol en 2001 où l'on pouvait lire : «Rivarol ne comprendra pas la Révolution, qu'il condamnera».

Cette affirmation est calomnieuse, puisqu'elle reproche à Rivarol d'avoir condamné la révolution par ignorance, alors que c'est assurément le contraire qui est exact : il a très bien compris la révolution, au point qu'il l'a condamnée.

Mais Rivarol ne se laisse pas facilement enfermer : pour lui, la bêtise de la noblesse et l'irrésolution du roi sont les premières causes de la Révolution. Il était pour un appel au peuple comme surent le faire Henri IV et Louis XIV (5).

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(1) : Robespierre a commis «un madrigal qui a fait le désespoir de la vieillesse de M. de Voltaire».

(2) : Notre époque aussi est victime de ses demi-soldes de l'intelligence, enseignants, journalistes, qui ont appris un peu, rien compris, et qui jugent de tout avec aplomb.

(3) : rude leçon pour moi, qui m'efforce de faire preuve de logique.

(4) : les hommes de la IIIème République était parfaitement conscients de cela. Bons connaisseurs dela révolution, contrairement à nous, ils avaient fréquemment le mot «peuple» à la bouche mais ont fait des lois qui permettaient de le canaliser et il ne leur serait pas venu à l'idée de l'écouter hors des formes convenues (c'est pourquoi un Clemenceau peut se dire socialiste tout en faisant tirer sur l'émeute). Je regrette que nous ayons perdu cette rigueur dans le respect de la loi. Maintenant, on écoute la rumeur populaire, censément transmise (avec quelle fidélité ?) par les trop fameux sondages, à propos de tout et de n'importe quoi.

(5) : on connaît la fameuse lettre du 12 juin 1709 lue dans toutes les paroisses de France où le roi expose ses raisons et lance un véritable appel au secours. (« Mais quoique ma tendresse pour mes peuples ne soit pas moins vive que celle que j’ai pour mes propres enfants ; quoique je partage tous les maux que la guerre fait souffrir à des sujets aussi fidèles, et que j’aie fait voir à toute l’Europe que je désirais sincèrement de les faire jouir de la paix, je suis persuadé qu’ils s’opposeraient eux-mêmes à la recevoir à des conditions également contraires à la justice et à l’honneur du nom français. ») On sait de quel sursaut elle fut suivie.

La folie injectrice (14) : faut-il sauver les banques ?

Comme le savent mes fidèles lecteurs, je suis très perplexe à propos du sauvetage des banques. D'un coté, je comprends que notre système économique ne peut fonctionner si les banques s'écroulent.

D'un autre coté, sauver des banques mal gérées ne sert qu'à éviter la purge et à prolonger les problèmes.

Dans cet article, qui n'est pas pour me rassurer :

Can the Fed uncrunch credit ?

Nicole Gelinas argumente que :

> les sauvetage favorisent les grosses banques (25 % des dépots dans les 4 premières banques américaines en 2007, 36 % aujourd'hui).

> en cas de problèmes, elles sont tellement grosses qu'elles sont impossibles à sauver, même par le gouvernement, engendrant le risque d'une catastrophe plus grande que celle d'aujourd'hui.

> les mauvaises pratiques n'entrainant pas la faillite, elles ne sont pas éliminées. La sortie de crise en est retardée.

> les quelques petites banques qui ont été prudemment gérées ne sont pas récompensées de leur prudence, puisqu'elles sont toujours en concurrence avec les grosses sauvées par l'Etat et qui auraient du couler. Là encore, la sortie de crise en est retardée.

Gelinas exprime l'espoir que les forces économiques (les taux d'intérêt) et les forces politiques (le plan Paulson a été rejeté en première lecture) empêcheront le gouvernement américain de faire n'importe quoi et de perdre le sens de la mesure : les gouvernements peuvent atténuer les effets les plus violents de la récession, mais chercher à tout prix à l'empêcher ne pourrait que provoquer une catastrophe.

samedi, janvier 24, 2009

Pierre Jourde : « Il y a en France une bonne vieille tradition de la terreur intellectuelle. »

Comme certains ont bien aimé le texte de Jourde, je vous poste cette entretien.

Je rappelle que Jourde s'est fait casser la gueule par les habitants du village du Cantal qu'il décrivait anonymement dans Pays perdu.

J'ai passé au bleu quelques passages et mis quelques commentaires entre crochets.

Pierre Jourde : « Il y a en France une bonne vieille tradition de la terreur intellectuelle. » [extrêmement vivace de nos jours]

vendredi 12 septembre 2008, par JBB

On ne va pas écrire qu’il est « le boxeur de la littérature ». Il déteste la formule. On dira juste que Pierre Jourde maîtrise à la perfection l’uppercut littéraire, sait taper là où ça fait mal et a envoyé pas mal d’auteurs dans les cordes (Ok, on l’a écrit. Désolé…). En 2002, avec La Littérature sans estomac, pamphlet jubilatoire soulignant l’importance vitale de la littérature et l’exigence qui devrait l’accompagner, l’écrivain alignait pour le compte Marie Darrieussecq, Frédéric Beigbeder, Camille Laurens ou Christine Angot. Tous knock-out, comptés par l’arbitre pour leur prose insignifiante et leurs récits sans intérêt.


D’un même élan, l’auteur s’en prenait au manque d’exigence d’une partie de la critique, si préoccupée de copinages et de renvois d’ascenseur qu’elle en avait oublié son métier. Pour illustration, Pierre Jourde expédiait le cas du Monde des Livres, publication phagocytée par un couple infernal et tout puissant, Philippe Sollers et Josyane Savigneau. Et montrait combien leurs amitiés ou inimitiés pouvaient faire ou défaire le succès d’un ouvrage, en dehors de toute considération artistique.

Des écrivains ramenés à leur médiocrité et une critique moquée pour sa vacuité : avec La Littérature sans estomac, Pierre Jourde ne s’était pas fait que des amis. Ce fut pire après Petit Déjeuner chez tyrannie, ouvrage publié en 2003 et co-écrit avec l’éditeur Eric Naulleau. Tous deux y revenaient sur Le Monde des Livres, démontrant la vulgarité et l’absence de déontologie de Sollers et Savigneau, et se mettaient définitivement à dos le milieu littéraire. A tel point qu’il fallut une pétition de soutien pour ramener à la raison les victimes de leur prose.
L’ensemble, La Littérature sans estomac et Petit Déjeuner chez Tyrannie, restera comme un des plus beaux KO littéraire de l’histoire. Œuvre d’un puncheur qui sait aussi se faire tendre cisailleur des mots et romancier de talent ; à preuve Le Pays perdu, Festins secrets ou La cantatrice avariée, trois des huit romans publiés par Pierre Jourde.

Pour Article 11, l’écrivain a accepté de revenir sur le sombre tableau dressé dans ses essais, toujours d’actualité. Et de re-détailler la collusion du milieu, le pouvoir du marketing littéraire et la médiocrité des têtes de gondole. Interview [1].

Quand j’ai évoqué le sujet de l’interview, vous avez répondu : « J’ai l’impression d’avoir répondu cent fois à ces questions à chaque rentrée littéraire. » Est-ce une façon de dire que le retentissement de La Littérature sans estomac vous a enfermé dans un rôle ?

Tout retentissement médiatique nous enferme dans un rôle. Pire, dans une caricature. La complexité est étrangère aux journalistes. Je suis donc désormais le démolisseur de service, même si la satire représente 10 % de ma production littéraire et de mes préoccupations intellectuelles. C’est ce qu’on me demande de faire. Dès que je publie un roman, même si cela n’a rien à voir, l’article qui en rend compte commence toujours par quelque chose comme « le boxeur de la littérature a encore frappé ». Après quoi on me reproche de me cantonner dans ce rôle. Les médias décident une fois pour toutes qui vous êtes. A partir de là, tout élément qui n’entre pas dans ce schéma est rejeté, n’existe pas.

Par ailleurs, au-delà de mon cas personnel, la corruption des prix devient un « marronnier ». C’est le rite de la rentrée. On parle prix trafiqués comme on parle pinard ou fromage : c’est français, c’est rituel, et on finit par trouver ça pas bien grave, amusant, et finalement normal. Ça ne l’est pas. Je ne sais donc plus comment évoquer ces questions, sans tomber dans le folklore de l’agitation littéraire. Et puis, ce qui m’intéresse, c’est le texte, pas la sociologie de la littérature.

Vous poursuiviez votre réponse en notant qu’il « y a des banalités qu’il n’est peut-être pas inutile de redire, puisque rien ne change ». Aujourd’hui, le constat dressé dans La Littérature sans estomac et dans Petit-déjeuner chez tyrannie serait le même ? Pire ?

Le même. Ces livres ont six ans, les choses ne changent pas en six ans. Et, de toutes façons, je doute qu’elles changent vraiment. Mais on peut toujours essayer. Il y avait deux ou trois idées qu’il me semblait indispensable d’exprimer. Notamment en ce qui concerne l’écart entre le discours critique et la réalité des textes. Dans ce domaine, on n’a guère avancé. Lorsque je lis certaines critiques dans les journaux qui comptent, je reste assez ahuri. J’hésite toujours entre les effets du copinage et la pure et simple incapacité à lire et évaluer un texte.

Quoi qu’il en soit, ça continue joyeusement. Grands prix littéraires à des journalistes, à des gens influents, allons-y. Le prix Décembre décerné à Yannick Haenel, alors qu’il est publié dans la collection de Sollers qui est aussi membre du jury du prix Décembre. Et Haenel publie à la gloire de Sollers un livre dans une collection dirigée par Sollers. Membre du jury du prix Décembre également, Pierre Bergé, ami de Sollers et Savigneau, qui a fait interdire dans Têtu, journal dont il est propriétaire, un article qui s’interrogeait sur certains propos de cette dame sur les homosexuels. Et allez donc. Tout cela ne scandalise même plus. Et bien entendu, dithyrambes sur Haenel dans Le Monde. Mais aussi dans le Figaro. On lit Haenel, on tombe sur du lyrisme de comices agricoles, une emphase insupportable, des conceptions littéraires adolescentes.

Mais en dehors de la corruption qui lui fait attribuer un prix, il reste que la littérature à l’épate fonctionne. Le constat de Gracq il y a 60 ans demeure valable. Tout est à l’avenant. Naulleau et moi continuons à nous faire traiter de réactionnaires dans Télérama, comme il y a six ans, comme Domecq il y a quinze ans. Tous nos arguments, et ceux de quelques autres, contre ce terrorisme intellectuel ne pèsent guère face au pouvoir de matraquage et de répétition. Même si l’on n’est pas du tout réactionnaire et qu’on l’a prouvé, il suffit que cela soit répété cent fois pour qu’on le devienne aux yeux de tous. Il n’existe pas, ou très peu, d’argumentation et de jugement proprement littéraire dans ce pays. Il y a quelques personnes qui disposent de tribunes, qui s’estiment pour cela détentrices de la légitimité et garantes de la modernité littéraire. Elles défendent leurs positions par des condamnations d’allure politique. D’autre part, lorsque vous évoquez ces problèmes, comme cela m’arrive, certains rétorquent que tout cela, ce sont des intrigues parisiennes, que cela n’intéresse personne. En quelque sorte, je ne veux pas le savoir. Je ne veux pas savoir comment la littérature est confisquée au profit de quelques médiocrités.

Bref, la critique est de plus en plus difficile. Le critique doit désormais s’attendre à se voir traité d’aigri, de fasciste ou de parisianiste, au choix. Mais, d’un autre côté, j’ai été entendu. Je crois qu’il y a beaucoup de gens qui sont prêts à entendre un discours critique un peu étayé, parce qu’ils attendent autre chose de la littérature que ce qu’on leur propose aujourd’hui. Il ne faut pas renoncer.

[2]

Angot, Sollers, Beigbeder, Camille Laurens… tous sont encore là, en tête de gondole. Seule Josyane Savigneau, pierre d’achoppement du Monde des Livres, n’a plus son rôle. Cela change quelque chose ?

L’individualité Savigneau ne pèse pas si lourd. Elle n’est qu’un symptôme, même si elle a fait beaucoup, avec quelques autres, pour détruire la crédibilité du Monde dans les milieux intellectuels. Disons qu’elle est intéressante parce que particulièrement caricaturale de l’état de la critique littéraire. On constate que quelqu’un d’aussi absolument dépourvu de talent, qui ne parvient à penser la littérature qu’en fonction de sa propre sexualité, de son sexe et de ses amitiés, peut occuper très longtemps un poste aussi stratégique que la direction du Monde des livres.

De toutes manières, il ne s’agissait pas de faire disparaître quelques écrivains médiocres du champ littéraire, mais de montrer que d’autres évaluations sur eux étaient possibles. Cela peut jouer un rôle de rassemblement des esprits, hors de la sphère purement médiatique. Vous n’imaginez pas le nombre de gens qui se croyaient idiots ne pas aimer les auteurs encensés par la critique, et qui m’ont dit s’être sentis libérés d’entendre un autre discours.

Gardez-vous espoir que cette lourde machine à produire des mauvais livres puisse un jour être vaincue ?

N’exagérons pas. L’objectif est un peu trop ambitieux. Ce qu’il faut viser, modestement, c’est dégager un peu plus d’espace pour les écrivains intéressants, ne pas laisser les mêmes accaparer la parole et le jugement, ne pas abandonner le terrain aux industriels de la bêtise. Et puis surtout, s’amuser, rire des pompeux, des marchands de clichés. ça fait beaucoup de bien.

Ces mêmes têtes d’affiche médiocres toujours à l’affiche, ce n’est pas le signe d’une France un brin moisie et rance, en littérature comme en toutes choses ?

Je n’emploierais pas ces termes un peu trop chargés de connotations. D’ailleurs la création littéraire est en France, aujourd’hui, très vivante et très riche. Méfions-nous de ne pas tomber dans le « il n’y a plus rien », qui est une autre forme du renoncement.

Cela dit, il existe sans doute un problème français : faible déontologie journalistique, prééminence des a priori idéologiques et esthétiques par rapport au jugement libre et pragmatique. Il y a en France une bonne vieille tradition de la terreur intellectuelle. Elle ne repose plus sur aucun soubassement idéologique sérieux, mais elle sert de caution et d’alibi à une caste jalouse de ses privilèges. Donc, surtout pas d’attaque contre certains artistes ou certains intellectuels, sinon vous êtes fasciste. Nous en sommes encore là. [Moi aussi, je suis frappé par la médiocrité des intellectuels français. Mais les journalistes battent des records. Est-ce leur sélection ? Leur formation ? Leurs traditions ? Je ne sais pas, mais leur manque de rigueur dans le traitement de l'information est évident.]


Enfin, Gracq le disait déjà en 1950, le monde culturel fonctionne à la valeur acquise. Vous pouvez entasser les cochonneries, dès lors que vous êtes célèbre, ça n’a plus d’importance, on ne regardera pas à ça, il faut en parler. La lecture, quand il y a lecture, n’est pas faite en fonction du texte, mais de l’image qui le précède et vient s’interposer entre le regard et les mots.

De Christine Angot, vous écriviez en 2002 : elle fait « glisser la littérature vers la presse à scandale ou la variété télévisée ». Ce que la dame illustre parfaitement avec Le Marché des amants, mettant en scène sa relation avec Doc Gyneco. Vous l’avez lu ?

Je l’ai lu, en effet, et sans a priori, prêt à le trouver bon. Je me suis ennuyé atrocement. C’est ce qui me frappe dans les livres de Christine Angot, le fait que c’est mal fichu, ennuyeux, quasiment illisible. J’admets le succès de Marc Lévy, c’est fabriqué, ça se lit. Angot, c’est du vrac, du tas. Du tas de quoi ? On ne sait pas trop, conversations téléphoniques sans fin et sans sujet, détails dépourvus de sens, confidences sexuelles, etc. C’est un peu l’esthétique du Loft. Et ça obtient le prix France Culture (il y a quelques années) ce qui en dit long sur la haine de certains intellectuels envers l’esprit. En réalité, ça n’intéresse plus personne, elle est soutenue à bout de bras par quelques journalistes influents, dont Savigneau, qui ne rate pas une occasion de soutenir un mauvais écrivain, Sollers, Libération, Les Inrockuptibles. Elle n’est pas lue, mais elle confisque les rentrées littéraires de manière scandaleuse, quand il y a tant de vrais écrivains dont on ne dit presque rien. Tout cela parce qu’elle serait un « phénomène de société ». Phénomène de rien : comme d’habitude, les journalistes parlent de ce qu’ils ont décrété être un phénomène. Cela n’apporte rien à personne, ni joie, ni plaisir esthétique, ni réflexion sur le monde ou sur soi. Un peu de voyeurisme, c’est tout. Mais je n’ai encore rencontré personne qui m’avoue aimer ça. François Bégaudeau aime, ce qui peut surprendre de la part d’un théoricien de l’engagement littéraire. Angot est en effet représentative de la pollution des esprits par le people, qui gagne la littérature, pour des raisons purement commerciales. Le romancier est désormais tenu de faire comme à la télé, de l’exhibition.

Vous êtes un critique littéraire acide, peu amène envers la médiocrité. Une exception dans le paysage. Vous vous sentez isolé ? De façon plus large, vous avez le sentiment que la société ne tolère plus une saine méchanceté ?

Tout le monde a droit à la médiocrité. Moi aussi, je suis médiocre. Mais dès qu’on s’expose, il faut admettre la critique. Si la mienne a été un peu violente, c’est qu’il y avait un écart surréaliste entre le lyrisme critique et la pauvreté des textes loués. La situation recelait quelques ressources comiques que j’ai exploitées. Et j’ai vu, en effet, que se moquer un peu des écrivains et des journalistes était devenu intolérable. La satire, cette tradition si française, et si vivante encore en politique, n’a plus le droit d’exister dans le domaine culturel. Sans doute, en effet, vivons-nous dans une société qui tend à tout rendre respectable. Respecte ma religion, respecte mes coutumes, respecte tout. Moyennant quoi, le droit de critique est de plus en plus réduit, on le constate chaque jour. [c'est vrai de toute la société, le conformisme est de plus en plus pesant.]

Le paradoxe assez comique, là encore, c’est que les écrivains et les artistes qui supportent mal la critique sont les mêmes qui jouent au rebelle et au « dérangeant ». Ils se rattrapent en prétendant qu’on les critique parce qu’ils « dérangent ». L’idée qu’on en ait le droit, et qu’on le fasse juste pour exercer ce droit, leur est intolérable. Etrangement, dans les conversations, les écrivains et les journalistes sont d’une cruauté invraisemblable sur leurs petits camarades. Mais ils n’oseraient pas écrire ce qu’ils disent. Moi non plus, d’ailleurs. La couardise ne date pas d’aujourd’hui. Reste qu’il y a, ici et là, de petits pôles de résistance. Les développer, les maintenir constitue la véritable tâche. C’est par ces regroupements d’esprits indépendants que se transmettent les valeurs littéraires, ce sont eux qui font vraiment l’histoire littéraire.

Dans LQR, la propagande du quotidien, l’écrivain Eric Hazan dénonçait cette langue qui efface les résistances et travaille à la domestication des esprits. Elle a aussi cours dans la critique littéraire ?

Il est frappant de constater à quel point le style des critiques dans les grands suppléments littéraires est terne, gris, ennuyeux, émaillé des mêmes vieux clichés (« dérangeant », notamment). C’est une sorte d’intermédiaire entre la messe et le congrès du parti. Tout cela agrémenté de termes burlesques comme « chef d’œuvre » pour qualifier des produits sans intérêt. Il y a des chefs d’œuvre chaque semaine. Dans l’ensemble, la médiocrité du discours culturel est représentative de la médiocrité journalistique dans son ensemble. La profession recrute de plus en plus de gens sans envergure, sans culture, sans humour et sans maîtrise de la langue. Ils s’expriment comme des machines. Je songe souvent, en lisant Le Monde, Le Figaro ou Libération, à des copies d’anciens étudiants médiocres. Ils ont dû faire carrière dans le journalisme. [Moi, j'hésite sur l'explication de la médiocrité des journalistes, pas Jourde !]

Vos essais ont soulevé de vives réactions ; Pays Perdu aussi, roman qui mettait en partie en scène le village du Cantal dont vous êtes originaire et qui a été très mal pris par ses habitants. Est-ce le destin d’un écrivain que de se retrouver seul contre tous ? De prendre des risques ?

Non, pas nécessairement. D’ailleurs, les écrivains sont aujourd’hui très entourés, très bichonnés. L’affaire que vous évoquez est un malentendu profond. Certains ont pris un livre d’éloge pour une dénonciation. Il faut d’abord lire, ça n’a guère été le cas en l’occurrence, et savoir lire : ce texte a engendré d’énormes contre-sens. Savoir lire devient de moins en moins répandu.

La saison des prix approche, la première sélection du Goncourt a été rendue publique mardi. Vous vous y intéressez ? Vous pensez que les arrangements et compromissions qui ont cours pour les prix sont une fatalité ?

Cela n’a plus d’intérêt, sinon financier. D’ailleurs ces jurys se sont depuis longtemps déconsidérés. Je ne crois pas que cela vaille la peine d’en parler. C’est une farce. La littérature n’est pas là. Dommage : les prix pourraient servir à soutenir de petites maisons et de jeunes auteurs sans moyens.

Votre prochain livre Littérature monstre [3] paraîtra en novembre. Vous y serez plus indulgent que dans La Littérature sans estomac ?

Cet ouvrage recueille diverses réflexions sur certains auteurs, sur la littérature en général, notamment celle de la fin du XIXe siècle. A partir de la notion de singularité, j’étudie ce que nous devons à cette période, et ce que certains ont mal digéré. Il y a donc une partie très critique, mais qui représente seulement 20% du volume.

Notes

[1] Cette interview a été réalisée par mail.

[2] Crédit photo : Baltel/Sipa.

[3] Ouvrage qui paraîtra le 6 novembre à L’Esprit des Péninsules.

Réchauffisme : une parodie

Anthropogenic continental drift : an incoherent truth

Pour les non-Anglophones, je résume cette parodie : les continents dérivent du fait de l'exploitation excessive du sous-sol (pétrole, minerais) par l'industrie.

Cette vérité scientifique est indiscutable (une des preuves citées de la dérive des continents est l'augmentation des tarifs d'Air France !).

La dérive des continents aura des conséquences catastrophiques, il est donc urgent de cesser d'exploiter le sous-sol.

Alors, où qu'il est, le réchauffement climatique ?

L'hiver est froid, vous m'en direz tant, de ce fameux réchauffement climatique !

Je suis de mauvaise foi ? Un seul hiver froid n'est pas suffisant pour tuer la thèse du réchauffement climatique ?

Je suis d'accord, mais alors que les réchauffistes balayent devant leur porte :

> un été ou un hiver chaud et aussitôt on nous présente cela comme une preuve irréfutable du réchauffement climatique.

> mais un hiver froid et on nous explique que ce n'est pas significatif.

Si ce n'est pas de l'idéologie ! On croirait entendre des communistes expliquant que le bilan de l'URSS est globalement positif.

Entre Obama et nous, plus qu'un océan

Par Michel Colomes

Lorsque les derniers accords de trompette du dernier des hail to the chief , qui ont salué toute la journée le nouveau président des États-Unis se sont tus, lorsque les derniers feux des fêtes qui ont couronné l'"Inauguration Day" se sont éteints et lorsqu'enfin les millions de témoins de la foule très colorée qui a assisté à l'exceptionnel évènement du 20 janvier 2009 se sont dispersés, il est peut-être resté à certains de ceux qui ont suivi d'Europe cette classique super production américaine impeccablement réussie - à l'exception du couac dû au juge Roberts pour la prestation de serment - un curieux sentiment : celui d'appartenir à un continent décidément bien vieux et qui a pris, en ce jour de gloire et de liesse pour l'Amérique, une bonne leçon.

Une leçon de démocratie, la vraie, celle qui, apaisée, consensuelle, tolérante, admet la confrontation des idées, mais pas l'affrontement idéologique permanent et terriblement ringard, dont nous continuons, nous, tout particulièrement en France, à être les champions. Le coup de vieux ne tient ni à l'origine, ni aux 47 ans de Barack Obama. Mais il a tout à voir avec la décontraction, la convivialité, le respect et même, oui, l'affection que, depuis son élection, le nouveau président américain a manifestés publiquement à son ancien adversaire, John McCain. Voilà deux hommes qui pendant la campagne ne se sont pas épargnés. Le vieux lutteur n'hésitant pas à dauber sur l'inexpérience de ce pied tendre d'Obama lequel lui renvoyait qu'il ne suffisait pas d'avoir été prisonnier des Vietnamiens pour savoir gouverner son pays.

Or non seulement le vainqueur n'a pas attendu dix jours pour recevoir McCain à Chicago, mais il a, pendant le long interrègne après l'élection, consulté à plusieurs reprises son adversaire républicain et lui a demandé son avis sur plusieurs nominations de ministres. Au point que McCain a reconnu devant quelques amis que le gouvernement d'Obama n'était pas si différent de celui qu'il aurait réuni s'il avait été élu ! Plus insolite encore, des trois banquets qu'Obama a présidés à la veille de son intronisation, le plus chic, cravate noire, robe longue, avait pour invité d'honneur... McCain. Enfin, le jour même de son triomphe, alors qu'il venait tout juste de prêter serment, on a vu, sur CNN, Obama et McCain échanger, après une grande tape dans le dos, un aparté complice, au milieu de la foule mêlée des sénateurs et des représentants, démocrates comme républicains.

C'est à peu près à la même heure, qu'en séance de nuit, à l'Assemblée nationale, des députés français, en une évocation rappelant plus 1793 que la Ve république, assiégeaient le perchoir du président de l'Assemblée, réclamaient sa démission, menaçaient de mort un ministre et proclamaient enfin la démocratie en péril en entonnant la Marseillaise. Il y a décidément plus qu'un océan entre les États-Unis et nous.

Du simu à la réalité, mon amie la DGAC ...

Vous savez que je considère que la DGAC est une bureaucratie qui cherche à accroitre son pouvoir, parce que c'est si bon, et à tuer l'aviation, pour éviter les emmerdes.

Prenons l'exemple de Sullenberg, le pilote qui a posé son A320 dans l'Hudson.

Imaginons qu'il ait fait cela en simulateur plutôt que dans la réalité. Et bien, en France, la DGAC lui aurait retiré sa licence sous prétexte qu'il a improvisé (en simu, on n'aurait pas pu savoir qu'il a sauvé tous ses passagers) et qu'il devient sénile.

Vous croyez que j'exagère ? Hélas, j'aimerais bien, mais de plus en plus, la bureaucratie entretient l'idée que le pilote est un animal dangereux (et irresponsable) qui doit être enfermé dans une cage de textes.

La situation n'est pas sans analogie avec celle des banquiers qui, à force d'être cernés de réglements, ont fini par perdre le contact avec la réalité.

Aznar : «Pour sortir de la crise il faut plus de libéralisme»

L'ancien président du gouvernement espagnol participait jeudi à l'Assemblée nationale à un colloque organisé par l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin sur le 60e anniversaire de l'Otan.

LE FIGARO. - Avec Barack Obama, pensez-vous que la politique américaine va changer ?

José Maria AZNAR. - Je pense qu'il n'y aura pas de changement radical, même si le nouveau président a fait naître beaucoup d'attentes. Les menaces qui pèsent sur le monde en général et sur les États-Unis en particulier sont les mêmes pour Barack Obama que pour George W. Bush.
La priorité, pour lui, c'est de sauver les États-Unis de la crise économique. Il y aura un nouveau style mais les réponses ne seront pas fondamentalement différentes, car les marges de maneuvre sont très limitées. En Europe, beaucoup croient que les Américains ont élu un anti-Américain à la présidence des États-Unis. C'est une erreur, Barack Obama est un Américain convaincu, attaché aux valeurs et à l'histoire des États-Unis.

La crise économique ne signe-t-elle pas l'échec du libéralisme ?

Ce n'est certainement pas l'échec du libéralisme, mais l'échec des mécanismes actuels de régulation et d'intervention de l'État dans un secteur qui est pourtant déjà très régulé, le système bancaire.

C'est comme en politique. Lorsqu'on élit un mauvais gouvernement, cela ne remet pas pour autant en cause la démocratie.

Que préconisez-vous pour sortir de la crise ?

Nous avons l'obligation de sauver les banques car, sans un système financier solide, il n'y a pas d'économie qui tienne. Mais il faut surtout faire des réformes économiques. Plus de flexibilité et de liberté dans l'économie, moins de taxes, moins de dépenses, plus de stabilité budgétaire, moins d'intervention de l'État.

Mais les Européens ne sont-ils pas en train de faire le contraire ?

Exactement. Et c'est bien pour cela que je suis convaincu que les États-Unis sortiront de la crise avant l'Europe.

Les Européens doivent-ils renforcer leur présence en Afghanistan, comme le demande Barack Obama ?

Oui, ils le doivent, car on ne peut pas être dans une Alliance, réclamer les bénéfices de la sécurité et ne pas y apporter sa contribution. Pourtant, je ne crois pas que les Européens vont répondre favorablement à cette demande.

Êtes-vous favorable à l'Europe de la défense ?

Je n'y crois pas beaucoup. Organiser une défense européenne en dehors de l'Otan est un rêve impossible. Mieux vaut un système qui garantisse la sécurité que deux systèmes parallèles qui soient source d'insécurité.

L'Irlande a dit non au référendum sur le traité de Lisbonne. Comment l'UE doit-elle sortir de cette situation ?

Je ne crois pas que ce soit une bonne chose de faire revoter un pays qui a dit non jusqu'à ce qu'il dise oui. L'Europe n'a pas de problème institutionnel, mais un problème de leadership politique. On l'a vu pendant la présidence française, l'Union européenne peut fonctionner avec les institutions actuelles à condition qu'elle ait une direction et un leader.

Ne faut-il pas que le président de l'UE soit en fonction pendant deux ans, comme le prévoyait le traité constitutionnel, et non plus six mois ?

L'efficacité ne dépend pas de la durée du mandat du président, mais de sa crédibilité et de son efficacité. Si le président en exercice n'est là que pour inaugurer les chrysanthèmes, cela ne peut pas marcher.

Quelles sont vos relations avec Nicolas Sarkozy ?

Elles sont excellentes, comme elles le sont avec Jean-Pierre Raffarin avec qui j'ai aimé travailler lorsque nous dirigions nos gouvernements respectifs.

Nicolas Sarkozy a été un très bon président de l'Union européenne. Ce n'est un secret pour personne que c'est un homme très actif, très intelligent. En France, il occupe un grand espace politique, l'espace traditionnel de la droite, du centre et une partie de l'espace de la gauche. À vrai dire, il occupe presque tout l'espace. Sur le plan stratégique, c'est très intelligent ! Son bilan est positif. J'étais sûr de cela.

Le problème de la compétence du citoyen (2) : l'oppression majoritaire

Le deuxième volet du problème de la compétence du citoyen, c'est l'oppression majoritaire.

Après tout, qu'il y ait une majorité de crétins ne me gêne pas. Ce qui me dérange, c'est qu'ils essaient de m'imposer ce que je dois dire et faire et, si ils le pouvaient, penser.

Par exemple, je trouve les idées à la mode sur l'écologie, le conflit israelo-palestinien ou la «discrimination positive» stupides voire nocives et dangereuses. Peu importe que j'ai tort ou raison, mon souci est qu'il m'est de plus en plus difficile d'exprimer mes opinions publiquement.

Je peux encore sur mon blog (je ne me suis fait menacer de procès qu'une fois, quand j'ai écrit que la lutte contre l'homophobie ne devait pas être une priorité de l'éducation nationale. Une fois, c'est déjà trop), mais il m'est de plus en plus difficile de le faire dans une assemblée, de vive voix.

Une opinion hérétique n'est plus sujet de débat, c'est prétexte à expulsion du groupe.

Cette oppression par la majorité, que redoutait déjà Tocqueville, est en train de devenir une réalité par le biais d'un conformisme pesant, appuyé par un appareil légal de plus en plus restrictif.

Au cours de ces dernières années, le spectre de ce que l'on n'a pas le droit de dire s'est considérablement élargi. Que ce soit avec les meilleures intentions du monde (et encore, je n'en suis pas sûr) ne change rien au problème, c'est le principe même de ces restrictions qui devrait être banni.

J'en rencontre de plus en plus de ces zozos qui se croient libres et émancipés mais qui ne sont que des moutons dans le troupeau, bêlant les idées toute faites du jour et qui se vexent que je ne bêle pas avec eux. Savez vous qu'un mouton peut être féroce ?

Dans cette société fière de sa prétendue liberté, il ne fait pas bon être un homme libre.

vendredi, janvier 23, 2009

Le problème de la compétence du citoyen : l'exemple du conflit israelo-palestinien.

Vous lirez l'article ci-dessous, ce n'est pas à lui en tant que tel qui m'intéresse.

Ce sont les réactions des abonnés du journal qui ont attiré mon attention.

Il y en a à ce jour 173 et environ 90 % sont très négatives, grossières et insultantes. La plupart révèlent des réactions passionnelles, un manichéisme envahissant et, pour le dire franchement, une complète réussite de la stratégie d'intoxication médiatique du Hamas.

Dans ce conflit, les fractions sont multiples, d'un coté comme de l'autre (il y a des Palestiniens qui ont aidé les Israeliens à frapper le Hamas), le passé est lourd, la situation complexe et les responsabilités partagées.

Le manichéisme n'a donc pas sa place dans l'analyse. Le seul manichéisme, omniprésent, est celui de la propagande : chaque camp prétend être celui du Bien, des pauvres victimes (innocentes, forcément innocentes), contre le Mal, l'horrible agresseur d'enfants (innocents, forcément innocents).

A cette lumière, l'article de Jourde, qu'on soit d'accord ou non sur l'ensemble, rappelle quelques vérités, dit quelques contre-vérités ou biaise le propos, mais en tout cas, ne mérite ni excès d'honneur ni excès d'indignité.

Or, la plupart des réactions sont du genre «Beurkk, c'est à vomir», ce qui me semble tout à fait excessif et ridicule.

Visiblement, ces gens sont incapables de saisir et de penser la complexité de la situation. Le vomi est plus facile que la réflexion.

D'où la question que je me pose : quelle est la proportion de citoyens aptes à comprendre une situation complexe (crise économique, conflit millénaire, théorie scientifique, etc ...) et à se former un avis qui ait quelque consistance ?

J'avoue avoir de grands doutes sur la valeur des opinions communément exprimées sur des sujets d'actualité comme les OGMs, le climat, la crise économique, la politique étrangère, etc ...

Je suis perplexe face au gouffre chaque jour plus béant entre la complexité du monde et la capacité de réflexion des citoyens, qui se révèle à l'usage fort limitée.

Il me semble qu'il y a là une explication du sentiment que la démocratie est dans une impasse. Je n'ai pas de solution, juste des inquiétudses.

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Le juif, coupable universel, par Pierre Jourde
LE MONDE | 21.01.09 | 13h58 • Mis à jour le 21.01.09 | 13h58

Depuis l'entrée de Tsahal dans la bande de Gaza, les médias parlent benoîtement d'"importation du conflit", de "violences intercommunautaires". Elles sont tout de même un peu à sens unique, les violences "intercommunautaires". Cela consiste, en gros, à ce que des jeunes gens d'origine arabo-musulmane s'en prennent à des juifs, manifestant par là leur soutien à leurs "frères" palestiniens opprimés. Ils n'ont d'ailleurs pas attendu le conflit de Gaza pour pratiquer ce sport, et l'agression ou l'injure adressée aux juifs est devenue un phénomène récurrent.

La mort de centaines de femmes et d'enfants palestiniens est un désastre humain qui doit susciter en tout homme l'horreur et la compassion. En conséquence de quoi, il est légitime d'aller casser la figure à un juif de France qui n'y est pour rien. Sans doute parce que ces gens-là, c'est bien connu, forment un lobby. Tout juif est complice.

Que soutiennent-ils, en tant que quoi manifestent-ils, ceux qui cassent du juif, et ceux qui manifestent contre l'opération israélienne ?

Soutiennent-ils le Hamas ? Savent-ils que les textes de référence de ce mouvement n'ont rien à envier à ceux du Parti nazi ? Que son objectif déclaré est de tuer les juifs et de détruire Israël ? Veulent-ils qu'Israël reçoive éternellement ses missiles sans réagir ? Savent-ils que l'intrication des combattants et des civils est telle, à Gaza, que faire le tri lors d'une opération militaire est d'une extrême difficulté ?

Réagissent-ils en tant qu'Arabes ? Mais ils sont français, et en quoi un Français est-il impliqué dans un conflit international, sinon au nom de la justice universelle ? Réagissent-ils alors au nom de la justice universelle ? En tant qu'êtres humains ? Mais alors, pourquoi ne se révoltent-ils pas quand on massacre les Indiens du Chiapas, les Tibétains ? Pourquoi les centaines de milliers de morts, les inconcevables cruautés perpétrées au Darfour ne les jettent-ils pas dans les rues ? Tout de même pas parce qu'elles sont le fait des milices d'un régime islamiste ? Pourquoi ne trouvent-ils pas étrange que les communautés juives aient quasiment disparu de tous les pays arabes, après persécutions et spoliations ? Pourquoi ne réclament-ils pas, au nom de la justice, le droit au retour des juifs chassés ?

PROPAGANDE PARANOÏAQUE

S'ils réagissent en tant qu'Arabes, où étaient-ils quand les Syriens ou les Jordaniens massacraient dix fois plus d'Arabes, palestiniens ou non, que Tsahal ? Savent-ils que l'un des rares endroits du Moyen-Orient où les Arabes bénéficient de droits démocratiques, c'est Israël ? Savent-ils que, pour la liberté, la démocratie, les droits de l'homme, il vaut infiniment mieux être arabe en Israël que juif dans un pays arabe, et, à bien des égards, qu'arabe dans un pays arabe ?

Savent-ils qu'Israël soutient financièrement la Palestine, soigne les Palestiniens dans ses hôpitaux ? Que les deux millions d'Arabes israéliens ont leurs députés ? Savent-ils que, si la haine antijuive et le négationnisme se déchaînent dans les pays arabes, attisés par une propagande paranoïaque, qui n'hésite pas à faire usage du faux antisémite des Protocoles des Sages de Sion, la réciproque n'est pas vraie ? Que si de nombreux Israéliens défendent les droits des Arabes, rarissimes sont les Arabes qui défendent des juifs ?

Réagissent-ils en tant que communauté opprimée ? Mais alors, pourquoi les Noirs de France ne s'en prendraient-ils pas aux Arabes qui les exterminent au Soudan ? Pourquoi la communauté indienne ne manifesterait-elle pas contre les régimes arabes du Golfe qui traitent leurs "frères" comme des esclaves ? Voilà qui mettrait de l'ambiance dans la République !

Réagissent-ils en tant que musulmans ? Mais où étaient-ils quand on les massacrait en Bosnie, en Tchétchénie, en Inde ? Leur silence ne s'explique tout de même pas parce que les massacreurs n'étaient pas des juifs, n'est-ce pas ? Savent-ils que les musulmans d'Israël pratiquent librement leur culte ? Que l'université hébraïque de Tel-Aviv abonde en jeunes filles voilées ? Combien de juifs en kippa au Caire, à Damas, à Bagdad ? L'exigence de justice est-elle à sens unique ?

On finit donc par se dire que ces manifestations, les violences et les cris de haine qui les accompagnent ne sont motivés ni par la compassion envers les victimes palestiniennes, ni par le souci de la justice, ni même par la solidarité religieuse ou communautaire, mais bien par la bonne vieille haine du juif. On peut massacrer et torturer à travers le monde cent fois plus qu'à Gaza, le vrai coupable, le coupable universel, c'est le juif.

Une poignée de juifs qui transforment un désert en pays prospère et démocratique, au milieu d'un océan de dictatures arabes sanglantes, de misère, d'islamisme et de corruption, une poignée de juifs qui, en outre, décident de ne plus être victimes, voilà qui est insupportable. Il faut donc bien que les juifs soient coupables, sinon où serait la justice ?

jeudi, janvier 22, 2009

La folie injectrice (14) : le PS contre-attaque

Le gouvernement propose un plan de relance de 10 Mds d'€, le PS surenchérit en proposant 50 Mds d'€, et pourquoi pas 100 ou 200 ?

Pour une fois, je suis d'accord avec le PS.

Aux relancistes d'être logiques avec eux-mêmes : si 10 Mds relancent un peu, 50 Mds relancent beaucoup et 100 Mds, c'est le nirvana, non ?

mercredi, janvier 21, 2009

Suis-je toujours contre ?

Un commentateur m'a fait rire à propos de l'obamania en insinuant que j'étais toujours contre.

Il y a une part de vérité.

Je ne cache pas une certaine coquetterie à aller à contre-courant de la foule.

Mais il y a plus profond : je suis en désaccord radical avec notre époque et ses usages les plus marquants : le relativisme, l'enfant-roi, la «diversité», les «droits à», l'infantilisme, l'assistanat, la «solidarité», la victimolâtrie,le politiquement correct, le grand n'importe quoi des mœurs et des relations familiales, etc ...

Ce qui explique que je sois contre plus souvent qu'à mon tour.

Team of rivals (Doris K Goodwin)

C'est, paraît-il, cet ouvrage qui a inspiré Barack Obama dans la sélection de son gouvernement.

Abraham Lincoln est d'une espèce totalement inconnue en France : le grand homme d'Etat modeste. Notre spécialité serait plutôt les minus vaniteux (suivez mon regard).

Rien n'est plus éloigné de l'homme providentiel que Lincoln et, pourtant, il est absolument remarquable.

D'origine très modeste, il s'est fait tout seul. Savoir lire et écrire correctement est une arme redoutable. Un homme qui a reçu cette base peut faire sa vie librement (c'est pourquoi notre système éducatif qui, très prudent, se méfie des hommes libres, leur préférant les bons petits moutons de la bien-pensance, fait en sorte que ça n'arrive plus). Lincoln s'est formé tout seul en lisant et en écrivant jour et nuit (il n'avait pas la télé). J'ai bien peur que la recette pour faire de tels hommes ait été perdue.

Il a réussi à force de ténacité, mais, en même temps, ça n'était pas un vieux routier de la politique. Quasi-inconnu au début de la convention républicaine de Chicago, il a manœuvré avec art pour être le seul à ne pas avoir d'ennemis irréductibles. Il a été désigné comme candidat à la surprise générale. Certains ont même écrit que, par cette désignation d'un inconnu «quasi-illettré», le parti républicain se discréditait.

En réalité, c'est tout le contraire : l'homme allait faire preuve d'un talent politique rarement rencontré dans l'histoire.

Les difficulté commencent dès la période de latence entre son élection comme président (là encore, campagne remarquable : choix des «schwerpunkts» très juste) et son investiture : le parti républicain menace d'éclater et les Etats du sud commencent à faire sécession.

S'appuyant sur ses rivaux dont, à force de modestie ferme (il ne tombe pas dans la complaisance),il a soigné l'ego, il réussit à sauver les meubles alors qu'il n'a encore aucun pouvoir. Par certains cotés, il me rappelle Churchill gagnant du temps en mai 1940 (même si les styles sont opposés).

Il nomme à des postes de responsabilités des rivaux et des opposants, qui croient bien souvent qu'ils vont pouvoir le manœuvrer. Mais c'est confondre modestie et faiblesse. L'affabilité de Lincoln est un instrument de domination très puissant : personne ne trouve de prise pour lui en vouloir durablement.

De plus, sa civilité n'est pas un signe de manque de confiance en soi mais, au contraire, elle prouve qu'il sait qui il est, qu'il n'a pas besoin des signes de pouvoir, généralement inspirés des animaux en rut, habituels chez les chefaillons.

On se dit toujours que ce qui est arrivé devait arriver. Dans le cas de Lincoln, cela donne à réfléchir : d'un coté, il est difficile d'envisager que tant de talents politiques eussent pu rester sans emploi ; d'un autre coté, son élection comme président était seulement son deuxième succès électoral (remarquable Amérique, capable de voter pour un inconnu).

Pour conclure, vous remarquerez qu'on peut faire quelques parallèles avec Obama. C'est tout le mal que je souhaite aux Américains.

Je reviens à la France, je n'y vois pas de politicien dans le style de Lincoln, qui s'impose par ses qualités sans éprouver le besoin d'écraser ses adversaires. Peut-être Henri IV ...

mardi, janvier 20, 2009

L'étrange obamania européenne

Je suis franchement hilare en voyant l'obamania européenne, que je trouve tout à fait ridicule.

Je me permets de rappeler trois vérités :

> Obama est un homme, et non le Messie.

> il est Président des Etats-Unis, non du monde. Il a agira donc au mieux de ce qu'il estimera l'intérêt des USA, dont rien ne dit qu'il coïncidera avec celui du monde en général et de l'Europe en particulier.

> les premiers signes ne montrent pas d'inflexion radicale de la politique américaine.

Mesrine, ce héros ...

Parait-il que Jacques Mesrine est le héros de deux films, rien que ça.

Alphonse Boudard, ex-truand, et Robert Broussard, ex-flic, sont d’accord sur un point : un type comme Mesrine, c’est d’abord un fainéant, un bon-à-rien qui ne veut pas se salir les mains à l’usine.

Alors, le romantisme, le gentleman cambrioleur, tout, ça, c’est pour faire mouiller les bourgeoises, c’est du flan.

Notre époque bavarde et prétentieuse a effectivement les héros qu’elle mérite, Guevara, Mesrine, des ratés, fainéants et sanguinaires.

On est cerné par les cons, je vous dis.

dimanche, janvier 18, 2009

Les taxis de la Marne (J. Dutourd)

Le titre vient de ce que la bataille de la Marne est la dernière occasion où les Français ont montré de l'intelligence militaire et l'envie de se battre pour gagner.

Enfant, Dutourd était choqué par l'injonction qui revenait souvent dans les conflits avec ses camarades : «Cède. Tu es le plus intelligent.» Si l'intelligence ne sert pas à vaincre et à avoir le dessus, à quoi sert-elle ?

Ecrit en 1956, ce livre est un cri de désespoir contre le déclin intellectuel et patriotique français.

Pour Dutourd, intelligence et patriotisme sont liés : en politique, il est intelligent d'être patriote.

Toutes les arguties ne changent rien à cette vérité : la politique est dure, celui qui a raison c'est celui qui vainc.

Le vaincu peut se trouver toutes les subtiles excuses du monde, il a tort, puisqu'il a perdu.

Dutourd insiste beaucoup sur les ravages du mélange des morales, individuelle et collective.

Par exemple, les généraux humanistes de 1940. A titre privé et individuel, un général peut être humaniste, mais à titre collectif et public, un général humaniste est un traitre, il est là pour vaincre, non pour faire le généreux.

Cela a toujours été pour moi un mystère que Gamelin ne soit pas sacqué dès le 14 mai 1940. Quand la patrie est en danger, il est ridicule d'avoir peur de froisser les susceptibilités.

On connait la célèbre distinction entre les militaires herbivores et les militaires carnivores. Dutourd remarque que les généraux de 1940 n'étaient pas des tueurs et qu'ils étaient plus faits pour être fonctionnaires que guerriers, d'ailleurs, ils se sont très bien coulés sous Vichy dans les emplois de ministres, ambassadeurs, préfets, qui semblaient plus correspondre à leur vocation de minables.

Quand on se rappelle la campagne de France de 1814, on imagine ce qu'une poignée de ministres et de généraux de tempérament gaullo-churchillien eut réussi à faire.

Faute de vaincre, la France est devenu une nation de bavards prétentieux et séniles que plus personne n'écoute.

Il n'y a donc guère de raison de s'étonner qu'elle disparaisse, dissoute par l'immigration que vous savez (voir messages précédents).

samedi, janvier 17, 2009

La folie injectrice (13) : les malheurs de Bank of America

Rappelons les termes du débat :

> les étatistes, c'est-à-dire 99 % de ceux que l'on entend, soutiennent que la crise entraine une tétanisation excessive des acteurs économiques et que les Etats doivent soutenir la demande et les canards boiteux à coups de déficit public pour éviter l'effondrement de l'économie.

> les libéraux soutiennent eux que la prudence des acteurs économique est légitime, que la juger «excessive» est subjectif et ne repose sur rien (1) et que les interventions de l'Etat ne font que contrarier les ajustements économiques, au risque de transformer une récession en dépression.

Je pensais que le sauvetage des banques était nécessaire mais a minima.

Or, ne voilà-t-il pas que les événements tendent à montrer que l'analyse des libéraux a peut-être quelque fondement.

Bank of America, après avoir entrepris d'acheter Merril Lynch, avait renoncé à cette opération par prudence. Mais, sous la pression des autorités et de leur dévouement obsessionnel vis-à-vis des banques en difficulté, BofA a finalement réalisé ce rachat contre son gré.

Aujourd'hui, elle est de ce fait en grand péril. La sollicitude étatique a donc abouti à mettre en danger une grosse banque plutôt qu'à en laisser mourir une moyenne.

Je trouve que ça n'entre pas mal dans le thème «les interventions étatiques transforment une récession brutale et courte en une dépression longue et profonde».

Une raison toutefois d'être optimiste : l'économie apparait tout de même très résistante et il se pourrait qu'elle soit forte au point d'arriver à surmonter les obstacles mis à son rétablissement par les Etats.

(1) : car il n'y a aucune raison que les hommes de l'Etat en sachent plus long que les autres

Burn after reading

Comme d'habitude, les frères Coen n'épargnent pas leurs personnages : George Clooney en obsédé de sexe et de jogging, Frances Mc Dormand en obsédée de la chirurgie esthétique, Brad Pitt en crétin etc ...

C'est assez rigolo.

Le feld maréchal von Bonaparte (J. Dutourd)

Dans cette uchronie, Jean Dutourd imagine que la Corse reste génoise et que Louis XVI fait charger les dragons place de la Bastille le 14 juillet 1789.

La thèse s'articule autour de deux propositions :

> Tant que le principe monarchique était préservé, il pouvait arriver malheur aux Français, mais pas à la France (Jeanne d'Arc avait bien compris la force de continuité et de stabilité du principe monarchique). Depuis que quelques têtes chaudes et la trop grande mollesse d'un roi ont changé cela, le principe est inversé : il peut arriver que les Français soient heureux, mais la France est condamnée au malheur et à l'instabilité.

> Si la restauration avait eu lieu en 1795, elle avait sa chance.

Bonaparte finit maréchal à la cour de Vienne. La France n'est pas saignée à blanc, l'Allemagne n'est pas unifiée. On évite deux guerres mondiales.

vendredi, janvier 16, 2009

Et si le secret de Sullenberg n'en était pas un ?

Chesley «Sully» Sullenberg est ce pilote de 57 ans qui a posé son A320 en panne de moteurs dans l'Hudson, sauvant ses passagers.

En préliminaire, à la lumière de cet accident, deux remarques très françaises :

> la grève des pilotes d'Air France pour empêcher le recul de l'âge de départ à la retraite obligatoire des pilotes apparait pour ce qu'elle est : un ridicule caprice de nantis.

> l'obsession de notre bureaucratie de l'aviation civile avec le réglement, la norme, le «tout le monde dans le même moule», ne doit pas faire oublier que tous les individus ne sont pas égaux et qu'il y a des qualités qu'aucun texte, qu'aucun rond-de-cuir, n'est apte à évaluer (il y a longtemps que l'aviation n'est plus pour les bureaucrates de la DGAC qu'un prétexte à tirer des crédits pour emmerder le monde. Plus un avion ne volerait que la DGAC continuerait à exister, «au nom de la sécurité»).

Sullenberg a certainement eu beaucoup de chance, mais, tout de même, il a été très bon.

Cela me rappelle l'histoire de ce pilote de Mirage III qui perd un bidon au décollage et bascule sur le dos. Théoriquement, c'est la mort assurée. Et, pourtant, à force de réflexe et de doigté, il s'en sort.

Son explication ? «J'y avais pensé avant.»

Bien souvent, à la racine d'un accident d'avion au dénouement «miraculeux», on trouve le fait que la situation n'est pas inédite pour le pilote, si invraisemblable qu'elle soit.

Remarquez que ces considérations sont applicables à l'automobile.

Ras le bol des mamans !

Je deviens de plus en plus atrabilaire. Il faut dire que notre époque folle m'y pousse.

Dernier épisode en date : le congé maternité express de Rachida Dati.

Ah ! On les a vu défiler ces mères exemplaires pour donner des leçons de maternité à la Dati.

Vous voulez que je vous dise ? Elles me gonflent, moi, ces mères de combat, qui portent leur dévouement maternel comme le saint sacrement. Il y en a marre des mères possessives. Laissez vivre vos enfants, lâchez leur la grappe et vivez votre vie.

Dans les journaux, on ne lit plus «mères» mais «mamans». Mais c'est l'enfant qui dit «maman». Je suis adulte et je ne le regrette pas, j'ai une mère, pas une maman.

Non mais vous imaginez Saddam Hussein promettant «la maman de toutes les batailles» ? L'appel à sauver la «maman-patrie» en danger ?

Nous sommes cernés par les cons, je vous dis. Pour le coup : vive Rachida Dati !

mercredi, janvier 14, 2009

«Vivre ensemble» qu'elle disait

Fadela Amara est bien gentille. Dans la France de 2009, les arabes défilent, les juifs manifestent, les uns et les autres sont prêts à se jeter à la gorge, et cette dame préconise de leur apprendre à «vivre ensemble». Encore ce discours rose et sirupeux sur les humains qui seraient tous faits pour s'entendre, entente que seule empêcherait une méconnaissance mutuelle.

Elle ferait mieux de s'interroger sur les raisons que ces gens se trouvent de ne pas vouloir vivre ensemble. Elle s'apercevrait qu'ils ne se connaissent pas si mal et que l'ignorance n'explique pas la haine.

C'est même l'inverse : pour vivre ensemble, il faut une sérieuse indifférence, une bonne dose de méconnaissance. C'est quand on se connaît trop bien qu'on s'engueule. On ne s'est jamais si bien entendu avec les Allemands que depuis qu'on s'en fout de ce qu'ils deviennent.

En réalité, les être humains de différentes races et origines ne sont absolument pas faits pour vivre ensemble, le fantasme d'une société métissée et multicolore n'est que cela : un fantasme pour publicitaires. Quand on laisse les êtres humains à eux-mêmes, ils se regroupent par ressemblance.

Pour que différentes communautés acceptent de vivre ensemble, il y faut un creuset, pas un gentil petit creuset douillet, mais un vrai creuset, chaud, violent, terrible, douloureux, il y faut une main de fer, qu'elle soit celle des autorités ou celle de la nécessité.

Or, la main de fer des autorités, ça fait longtemps qu'elle n'existe plus dans ce domaine (il suffit de se rappeler les reculades de l'école face aux revendications identitaires) ; quant à la main de fer de la nécessité, elle a été coupée par l'assistanat généralisé.

Dans le même temps qu'on laissait se développer sans contrôle une immigration africaine massive, particulièrement difficile à intégrer, on se privait de tout ce qui aurait pu permettre de l'intégrer, à commencer par l'exigence scolaire.

Après quoi, il n'y a pas lieu de s'étonner que certains quartiers, prétendument français, ressemblent plus à Yaoundé et à Alger qu'à Versailles.

Si ces quartiers ressemblent au tiers-monde, ce n'est pas faute d'argent, par radinerie du pays d'accueil. Des milliards sont dépensés dans une «politique de la ville» qui était en vérité une politique des banlieues. Si certaines banlieues en France rappellent Beyrouth, le soleil en moins, c'est parce que leurs habitants y ont reconstitué leur «chez eux», qui n'est pas Versailles, qui n'est, tout simplement, pas chez nous.

Quelle France est féconde ?

Parait-il que la France voit augmenter sa fécondité.

Cependant, c'est dans des conditions telles que je me demande si il y a lieu de s'en féliciter : la partie la plus féconde de la population est d'origine immigrée, c'est-à-dire la partie de la population qui contribue à ce que la France ne soit plus la France (je souffre quand je croise une femme voilée des pieds à la tête).

Mais, après tout, nous payons notre lâcheté : comme je l'ai écrit plusieurs fois, c'est au pays d'accueil de décider qui accueillir et comment. Or, notre politique d'immigration a depuis trente ans consisté à fermer les yeux et à qualifier de «fasciste» ou de «raciste» quiconque entreprenait d'expliquer que l'immigration africaine incontrôlée posait problème.

mardi, janvier 13, 2009

On n'est pas sous l'ancien régime, les fonctionnaires ne sont pas prioprétaires de leur poste

Les juges d'instruction ne sont propriétaires de leur siège, les profs ne sont pas propriétaires de l'école, les cheminots ne sont pas propriétaires de la SNCF et j'en passe.

Ca vous paraît évident ?

Pourtant, regardez l'actualité : les profs se comportent comme si ils étaient propriétaires de leur poste, les cheminots et les juges également.

Gaza, Israel, la Palestine, je m'en fous ... et vous devriez en faire autant

L'un des problèmes du conflit israelo-arabe, c'est qu'il permet aux acteurs de se sentir au centre du monde.

Les medias se foutraient de ce conflit autant que je m'en fous (après tout, même le nombre de victimes y est ridicule par rapport au Darfour, à la Tchechénie, etc ...), il est possible que les belligérants se montreraient plus raisonnables.

dimanche, janvier 11, 2009

Le «politiquement correct» nous casse les couilles

«Le prince Harry, troisième dans l'ordre de succession au trône britannique, est au centre d'une polémique pour des propos racistes prononcés sur une vidéo où il qualifie un membre de son unité militaire de "Paki" ("Pakistanais") et traite un autre d'"enturbanné"

Rappelons que, malgré les habiles tentatives de camouflage, les armées occidentales ne sont pas des succursales de la chorale des petits chanteurs à la croix de bois. Un langage rude y est d'usage. Si on a une sensibilité de rosière, on ne s'engage pas dans l'armée.

Quand je vous dis qu'on est cerné par les cons ...

samedi, janvier 10, 2009

Nous sommes cernés par les cons !

Depuis longtemps, je m'interroge sur la "démocratie d'opinion" et sur la démocratie tout court.

J'entends et je lis chez certains de mes contemporains, dont le vote pèse autant que le mien, des propos d'une parfaite imbécilité.

Je pense à des choses qui sont en complète contradiction avec l'expérience et le bon sens (par exemple, le courant écologiste, très à la mode, fourmille de références en ce domaine (1) ). Il ne s'agit pas seulement de divergences d'opinions, mais d'accrocs à la logique élémentaire et à des faits patents (entendre un écolo expliquer à la fois qu'il faut réduire les émissions de CO2 et ne pas construire de centrales nucléaires nouvelles un pur délice comique).

Or, j'ai bien peur que les imbéciles soient largement majoritaires. C'est naturel. Chacun a un métier, où on peut lui supposer expérience et compétence. En dehors de cela, il n'y a nulle raison que chacun ait des lumières sur les grands sujets de la vie publique (rappelons pour rigoler que 67 % des Français déclarent ne jamais manger de gènes, alors, leur avis sur les OGMs, vous vous doutez de ce que j'en fais).

Je rétablirais bien le suffrage censitaire. C'est un filtre imparfait mais pas plus mauvais qu'un autre, et simple. La moitié seulement des Français, celle qui paye des impots sur le revenu, serait autorisée à voter.

Génial, non ?

(1) : et je ne parle pas d'autres sujets, comme la politique étrangère ou l'économie, où les fadaises se déversent à la tonne.

Israel fait le sale boulot

Je n'ai pas encore parlé de cette actualité brulante.

Tous les gouvernements sont bien contents du ménage qu'Israel fait dans la bande de Gaza, à l'exception peut-être des gouvernements syrien et iranien.

Il faut vraiment être atteint d'une grave crise de dhimmitude pour condamner Israel dans les circonstances actuelles.

Le Hamas porte la totale responsabilité des morts dans la bande de Gaza.

Je ne pense pas que ça soit nécessaire d'expliquer plus avant : pour ceux qui veulent voir, c'est évident, et ceux qui ne veulent pas voir, rien ne les fera changer d'avis.

jeudi, janvier 08, 2009

La gauche française : pour tout ce qui est contre, contre tout ce qui est pour

Vous imaginiez que la gauche était opposée à la publicité à télévision publique, infâme soumission au grand capital prédateur ?

Hé bien non, au contraire elle est pour.

Vous imaginiez que la gauche était pour la suppression du juge d'instruction parce que des hommes de gauche évoque régulièrement depuis des années cette réforme ?

Hé bien non, au contraire, elle est pour.

Il suffit que Nicolas Sarkozy prenne une décision, fasse une proposition, pour que la gauche soit contre, même quand c'est une idée portée par la gauche.

Comprenne qui pourra.

Je ne vois pas le gain à court terme et il est évident que cette attitude mesquine, pour ne pas dire puérile, entraine une perte de crédibilité à long terme.

Une greffe de cerveau s'impose. Des volontaires pour un don ?

Le slogan «Pour tout ce qui est contre, contre tout ce qui est pour» est celui du M. O. U. (le Mouvement Ondulatoire Unifié), parti politique créé par Pierre Dac. Vous ne trouvez pas que le slogan, le nom et l'acronyme vont comme un gant au PS ? Quand la réalité dépasse la fiction ...

mercredi, janvier 07, 2009

Instruction : meuh non, le niveau ne baisse pas, l'exemple de la physique

En parcourant mes dossiers, je suis tombé sur ces deux textes :

> celui-ci, je l'avais déjà publié :

Le niveau en physique au bac


> et celui-là :

Témoignage d'un enseignant-chercheur

De ce dernier texte, j'extrais le passage suivant :

Pour finir, un incident mérite d’être évoqué. Parmi les étudiants n’ayant pas remis leur
rapport dans le temps imparti, l’un d’entre eux a fait une véritable crise de nerfs quand le
secrétariat l’a informé que sa copie ne serait plus acceptée car la date limite était dépassée. La
secrétaire lui fit savoir que j’avais pris la résolution de ne plus accepter de copies remises
après cette échéance (vu le laxisme des étudiants). Il faut noter qu’au cours du mois précédent
j’avais envoyé plusieurs rappels aux étudiants retardataires et que je leur avais laissé le
maximum de temps possible pour rédiger leur rapport. L’étudiant a fait une terrible crise de
nerfs, hurlant dans les couloirs, se jetant par terre, déchirant sa copie, m’insultant et me
menaçant de mort. Il a dû être maîtrisé par plusieurs personnes. J’ai été informée de cet
incident seulement trois mois après par la secrétaire qui s’était enfin décidée à m’en parler
car l’étudiant persistait à dire qu’il voulait « me buter ». Elle m’a téléphoné pour me prévenir
mais elle a refusé de me donner son nom, ce qui m’aurait permis de savoir qui éviter… Je n’ai
même pas essayé d’en parler à quelqu’un à l’université car je savais que cela ne servirait à
rien.

Il ne s'agit plus là d'instruction mais d'éducation. Ce comportement est symptomatique d'un enfant-tyran qui a vieilli, d'un enfant dont le sentiment de toute-puissance n'a jamais rencontré l'obstacle de limites posées par ses parents.

On est donc en présence d'un cas patent où la mauvaise éducation fait obstacle à l'instruction. Vous en trouverez d'autres, à peine moins clairs, dans ce texte désespérant mais nullement surprenant.

Cela délimite les responsabilités dans l'éternel débat entre les parents et l'école, entre l'éducation et l'instruction : les parents sont les premiers responsables de l'éducation.

On ne peut reprocher à l'école de ne pas arriver à instruire des enfants mal élevés.

Allant jusqu'au bout de cette logique, je suis fort enclin à considérer que l'école est légitime à sanctionner, jusqu'à l'exclusion, les élèves au comportement déplacé bien plus sévèrement qu'il est d'usage de nos jours (et ce n'est pas une question de «moyens»).

Il y a une alternative à l'exclusion expéditive des fauteurs de troubles : c'est le rétablissement des internats. La seule manière pour le système d'enseignement d'assurer une éducation que les parents refusent, c'est d'isoler les enfants des parents. Mais ce système suppose le problème à moitié résolu, puisqu'il faudrait que les parents reconnaissent qu'il y a un problème, début de la sagesse, pour accepter de placer leurs enfants en internat.

Comme l'école n'ose faire ce tri en virant ou en séparant les fauteurs de trouble, les parents font le tri par la fuite vers le privé.

Réciproquement, l'école est première responsable de l'instruction, on peut donc à bon droit lui reprocher de mal instruire des élèves qui se comportent correctement.

Bien entendu, les parents ne sont pas dégagés de leur responsabilités dans l'instruction de leurs enfants pas plus que l'école ne doit abandonner toute ambition éducative. Les choses sont mêlées. Il convient pourtant de ne pas perdre de vue comment se répartissent les responsabilités.

lundi, janvier 05, 2009

Le réveillon vu par les bandits militants de gauche

Autoréduction ou extorsion ?

La plus pénible, c'est qu'en supplément de se comporter comme des racketteurs narcissiques, ils nous abreuvent de leur rhétorique à deux balles.

A tout prendre, je préfère un vrai voleur. Lui, au moins, n'a pas le toupet de nous faire la morale.

Enfin, pour achever de démoraliser le citoyens respectueux des lois, il y a fort à parier que ces abrutis ne subiront aucune sanction, ce qui ne pourra qu'encourager d'autres actions du même genre. Quand ceux qui sont censés défendre le droit n'y croient plus ou renoncent par démagogie, l'anarchie s'installe.