lundi, juin 23, 2025

Ces chefs de maquis qui gênaient (Raymond Ruffin)

C'est un livre de 1980. On sent bien que l'auteur est de la gauche anti-communiste, très à la mode à l'époque, mais ça ne nuit pas à son propos.

Il s'intéresse à 4 chefs de maquis qui ont eu des ennuis après la guerre.

Georges Guingouin

Le premier de la liste est l'immense Georges Guingouin (c'est un communiste et un franc-maçon avec lequel je ne partage guère d'idées, pour dire le moins, mais il faut reconnaitre les hommes de qualité).

Instituteur communiste limousin né en 1913, il est en froid avec « le Parti » (rien que que cette désignation montre que ce n'est pas un parti politique normal mais une secte) depuis le pacte germano-soviétique.

Organisateur né, il diffuse de la propagande dès 1940. En 1941, il plonge dans la clandestinité et organise un maquis.

Son coup de génie est de comprendre qu'il ne faut pas se mettre les paysans à dos mais, au contraire, leur rendre des services.
Ainsi, il faut sauter les botteleuses pour envoyer le fourrage en Allemagne. Les paysans sont donc forcés de garder leur fourrage.

Il émet des bons de réquisitions en signant Le préfet du maquis, ce qui permet aux paysans de se justifier vis-à-vis des autorités de Vichy.

Début 1944, il met au point un modus vivendi avec les gendarmes : ils font semblant de le poursuivre et il fait semblant de leur échapper.

Il s'intègre à l'organisation de la Résistance par le gouvernement d'Alger, les MUR (Mouvements Unis de Résistance).

Toutes ces initiatives sont très mal vues de la direction du parti communiste, qui n'aime ni les paysans ni le gouvernement d'Alger.

En 1944, les efforts d'organisation portent leurs fruits : le maquis limousin est un des plus efficaces.

Guingouin a très bien compris, contrairement aux chefs du Vercors, le principe de la guerilla : beaucoup se déplacer, frapper, disparaitre. Pris à partie au mont Gargan par une colonne allemande épaulée par la milice, il préfère se retirer plutôt que d'insister inutilement. On considère que les Allemands ont eu plus de pertes, qu'ils n'ont pas pu manœuvrer comme ils voulaient et que c'est donc une victoire de la Résistance (on comparera à la bataille du mont Mouchet, en Haute-Loire, où le résultat est inverse).

On a beaucoup débattu de l'utilité militaire des maquis, soit pour l'exagérer soit pour la minimiser.

Malraux, dans son discours pour Jean Moulin, prétend que le maquis limousin a retardé la division Das Reich. Aujourd'hui, on pense plutôt que cette division avait l'ordre (visite d'Himmler à Montauban en avril 1944) de prendre son temps pour terrifier la population française.

Mais, rien que l'obsession allemande des maquis est une victoire : elle mobilise de gros moyens qui pourraient être mieux employés ailleurs. Et puis les maquis pouvaient commander des bombardements ciblés redoutablement efficaces (deux heures montre en main pour faire sauter un dépôt d'essence de la division Das Reich à Chatellerault), rien à voir avec le travail d'ivrognes, l'expression est d'un Résistant, des Américains.

En juin, Guingouin reçoit l'ordre du PCF de s'emparer de la ville de Limoges, il refuse catégoriquement, arguant des massacres d'Oradour et de Tullle. La direction communiste, qui n'en a strictement rien à foutre de la vie des innocents, et qui trouve même cela mieux s'il y a des martyrs, lui en voudra beaucoup.

Après la guerre, Guingouin ne cesse d'être emmerdé par le parti communiste : il en est exclu en 1952 (pour avoir demandé des comptes à la direction sur son attitude pro-allemande entre 1939 et 1941) et un procès se tient entre 1952 et 1954 l'accusant d'exécutions sommaires sur la base de faux témoignages communistes et avec la complicité d'un juge pétainiste, il est même tabassé jusqu'au coma en prison par les gardiens !

Heureusement, des Résistants non-communistes se mobilisent et tout finit bien.

Il est acquitté en 1959 et le substitut déclare qu'il ne comprend même pas comment des poursuites ont pu être engagées.

Les communistes ne feront amende honorable qu'en 1998,  quatre ans avant la mort de Guingouin, qui les enverra poliment se faire cuire un œuf.

J'ai écrit à Georges Guingouin à la fin de sa vie, mais un assistant m'a répondu qu'il était trop faible pour rencontrer qui que ce soit.

Robert Leblanc

Robert Leblanc est un cafetier normand, né en 1910. Son parcours est très similaire à celui de Guingouin.

Le maquis Surcouf ressemble au maquis limousin en ceci qu'il est organisé avec une grande rigueur et tient les militaires de carrière dans une position subordonnée. Le drame du Vercors est d'avoir filé le manche à des ganaches qui voulaient jouer aux soldats de plomb. Je n'ai guère d'estime pour les officiers de la raie-publique et j'ai de très solides raisons historiques pour cela (mais ce n'est pas le sujet).

Disons juste qu'il y a les soldats et les guerriers et que, dans les maquis, il y avait peu de soldats et beaucoup de guerriers (je détourne une citation à propos de Marc Bloch, universitaire à lunettes . Un jour, quelqu'un lui a dit « Il y a des soldats qui ne seront jamais des guerriers. Vous, vous êtes un guerrier plus que beaucoup de soldats »). Allez, au passage, une pensée pour Jehan Alain, frêle organiste et compositeur à lunettes, père de trois enfants, qui, en 1940, retarde, seul derrière sa mitrailleuse, une section allemande avant d'être abattu. Si nos généraux avaient été de cette trempe, les choses se seraient passées autrement.

En 1948, Leblanc est accusé d'exécutions sommaires de prisonniers allemands évadés. Même cinéma : policier et juge pétainistes qui se vengent, presse qui propage les calomnies, intervention des amicales de Résistants, acquittement.

Il meurt en 1956 dans un accident de la route.

Roger Landes


De nationalité franco-britannique, Roger Landes, pseudonyme Aristide, est officier du SOE (Special Operations Executive).

Sans lui et sans son activité inlassable, les maquis du sud-ouest auraient eu bien du mal à s'organiser.

Quand il est présenté à de Gaulle en visite à Bordeaux en septembre 1944, celui-ci lui dit « Vous êtes anglais ? Votre place n'est pas ici » et lui donne quarante-huit heures pour quitter la France. Le garde du corps français d'Aristide lève sa carabine et menace d'abattre le ministre André Dietlhem qui répète l'ordre de de Gaulle (Dietlhem racontera plus tard qu'il a vraiment cru qu'il allait tirer. On a le sang chaud dans le sud !). George Starr, à qui de Gaulle a tenu le même discours la veille à Toulouse lui a répondu : « Vous êtes le chef provisoire d'un gouvernement provisoire et je vous emmerde ! ».

Les raisons politiques ne justifient pas tout. Il y a la manière : les officiers subalternes du SOE avaient beaucoup donné à la France (104 noms sur le monument aux morts de Valençay). Des formes polies pour aboutir au même résultat auraient été judicieuses.

L'ingratitude est un défaut constant chez de Gaulle qui lui a mis à dos plus d'un homme de bonne volonté, lui a attiré des mépris et des haines dont il aurait pu se dispenser.

Heureusement, Jacques Chaban-Delmas, plus humain que son maitre, organise en 1950 une réception de Roger Landes à Bordeaux pour la remise de ses décorations françaises, qui tourne à la marche triomphale.

Landes se marie avec une Française, qui n'est autre que son agent de liaison.

Henri Romans-Petit


Henri Petit (Romans est son pseudonyme) est un capitaine aviateur de réserve qui s'est déjà illustré pendant la guerre précédente. Il forme et dirige le maquis de l'Ain.

C'est le maquisard qui pousse le plus loin la logique de la guerilla, en formant ses chefs de groupe à frapper et à se retirer (et en se fâchant avec les militaires de carrière qui veulent jouer aux soldats de plomb).

Après des accrochages sanglants avec les Allemands au printemps 1943, il prend une décision simple mais cruciale : les camps n'auront plus de réserves de vivres, ils se fourniront autant que de besoin auprès des civils par des bons de réquisition (tous honorés après la guerre). Ainsi, les camps peuvent déménager en quelques minutes.

Il décide aussi qu'il n'y aura pas de camps dans la partie plane de l'Ain, exclusivement utilisée pour les parachutages. Et comprend que, pour des raisons politiques et militaires, la liaison avec Londres est très importante.

La confiance régnant, beaucoup d'armes tombent du ciel. La Trappe des Dombes a caché des dizaines de tonnes d'armes et de matériel de sabotage !

Le maquis de l'Ain est terriblement efficace, les armées alliées remontent la vallée du Rhône avec un mois d'avance sur les plans. Les Allemands, à leur habitude, se vengent en massacrant des civils.

A la Libération, Romans-Petit est emprisonné quelques semaines par le commissaire de la république Yves Farge, autre Compagnon de la Libération, qui l'accuse d'abus de pouvoir (le site de l'ordre omet de signaler cet emprisonnement).

Yves Farge n'ayant pas eu l'élégance d'expliquer son erreur de jugement (Romans-Petit ne pouvait même pas être soupçonné de représenter une menace pour le pouvoir gaulliste), on en est réduit aux conjectures ; les tenants et aboutissants de cette incarcération restent mystérieux. Peut-être l'influence néfaste de certains RMS (Résistants du Mois de Septembre). Comme disait Aragon, c'était un temps déraisonnable.

Intéressant : un des subordonnés et ami de Romans-Petit lui a écrit quelques années plus tard pour lui présenter ses excuses. Il explique qu'il a hésité à venir le délivrer avec un groupe de combat (dans les circonstances du lieu et de l'époque, ça n'aurait pas fait un pli) mais qu'il a décidé contre pour ne pas donner une mauvaise image de la France aux Américains qui occupaient la ville. Avec le recul des années, il le regrettait, concluant que la modération est souvent mauvaise conseillère, une fausse bonne idée.

Je suis d'accord : la vie humaine est tragique et la modération est inadaptée à la plupart des circonstances de la vie.

Conclusion

Tous ces Résistants d'exception ont retrouvé des professions banales (instituteur, entrepreneur en camionnage, publicitaire ; pour Roger Landes, je ne sais pas) et n'ont pas fait de politique (sauf Guingouin deux ans maire de Limoges).

La plaie du monde, ce sont les toqués qui veulent du pouvoir sur les autres.

dimanche, juin 15, 2025

Le Basculement religieux de Paris au XVIIIe siècle : Essai d'histoire politique et religieuse (Pierre Chaunu, Madeleine Foisil, Françoise de Noirfontaine)

C'est assez mal écrit, pénible à lire. Le style de Pierre Chaunu est heurté,  elliptique, souvent obscur.

Mais cette disgrâce physique, ce pied-bot de l'écriture, ne doit pas vous décourager. Le sujet est passionnant.

Deux grandes périodes d'accélération de la déchristianisation de la France : 1760-1770 à Paris et 1970-1980 dans toute la France.

Notre sujet du jour est la première de ces deux périodes.

Pierre Chaunu pense que le motif psychologique de la Réforme (il y a des motifs politiques, sociologiques, ecclésiaux, etc.) est que le clergé a trop insisté sur les tourments de l'Enfer, rendant la crainte du Jugement Dernier insoutenable. La foi seule des Protestants soulage en partie cette peur, puisqu'il « suffit » de croire pour être sauvé.

Le ver est dans le fruit.

« Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie. »

Cette citation de Blaise Pascal est des plus célèbres. Elle dit bien l'angoisse de son époque.

Le bouleversement du monde ne vient pas du système de Copernic mais de la lunette de Galilée.

Depuis les Grecs, l'univers était ordonné à l'échelle humaine, approximativement. Un homme, les pieds sur Terre ou pas loin, pouvait espérer un jour atteindre le ciel et, pourquoi pas ?, les étoiles. Avec la lunette astronomique, la sphère céleste croît en quelques années de plusieurs ordres de grandeur.

Pour simplifier, le dieu des juifs est le dieu du temps, de l'histoire, et le(s) dieu(x) des Grecs est le dieu de l'espace, des lieux. Le christianisme a réconcilié tout cela tant bien que mal mais, au XVIIème siècle, ce compromis craque aux entournures.

Comme Edward Feser, alors que le sujet, le contexte et l'auteur sont différents, Pierre Chaunu regrette l'effondrement de la scholastique.

Il fait remarquer que le XVIème siècle est théologiquement très pauvre. Sous la pression des Réformés, on est revenu à des interprétations littérales des textes bibliques, méthode depuis longtemps marginalisée par la scholastique. L'hypothèse protestante, à savoir que chacun peut lire et comprendre les textes bibliques sans intermédiation, est tout simplement fausse.

La catastrophique querelle janséniste

La théologie de la querelle janséniste, entre la grâce efficace et la grâce suffisante, est absconse, mais son fond socio-politique est très clair : dispute entre la piété populaire volontiers laxiste des jésuites et le rigorisme des jansénistes (ils ont une attirance sado-masochiste pour l'Enfer) . 

Pour vous la faire courte, le janséniste Antoine Arnauld voulait éloigner le peuple des sacrements (De la fréquente communion, 1643).

Les jansénistes ont une soif de distinction par le masochisme qui m'évoque les connards de bobos qui se déplacent à l'aide du très inconfortable et très dangereux vélocipède pour « sauver la Planète ». Je note qu'ils ont la même pulsion de régenter et de pourrir la vie du petit peuple qu'ils méprisent et qu'ils détestent à un point difficilement imaginable (enfin si, vous pouvez l'imaginer si vous connaissez des bobos) au nom d'un Bien supérieur qu'eux seuls se pensent suffisamment intelligents pour connaitre.

Il me plait de penser que Blaise Pascal, qui fut le plus talentueux, ô combien, propagandiste des jansénistes mais qui avait le souci concret des petites gens, fut rattrapé par la mort avant que de s'éloigner d'eux, lassé par leur intransigeance (certains signes permettent de le supposer).

Leurs héritiers en seront les très fumeuses Lumières, dont Chaunu, qui les déteste, dit que leur légèreté doctrinale n'avait d'égale que leur habileté médiatique (pour l'exprimer avec un mot anachronique). Nos modernes bourgeois détruisant les écoles occidentales pour se préserver de la concurrence des enfants d'ouvriers n'ont rien inventé : Voltaire écrivait déjà qu'il ne fallait pas apprendre à lire et à écrire au bas peuple, afin qu'il se tienne tranquille. « Il est à propos que le peuple soit guidé et non pas qu’il soit instruit ; il n’est pas digne de l’être… ».

Comme les querelles autour du manichéisme et du pélagianisme (en plus de la violence musulmane habituelle) ont favorisé l'islamisation de l'Afrique du Nord, il ne fait aucun doute que l'interminable querelle janséniste a largement contribué à détacher des Parisiens de la Foi.

Le roi, Louis XIV, prend parti contre les jansénistes. Et de plus en plus violemment à mesure que ceux-ci lui résistent. Le jeune roi a été marquée par la Fronde et il ne tolère pas ce qu'il considère comme une agitation séditieuse.

Une crise gallicane

La plupart des évêques n'en ont absolument rien à foutre des histoires de grâce, qui ne passionnent qu'une poignée de fanatiques. La querelle janséniste intéresse nos mitrés parce qu'elle leur fournit un prétexte pour désobéir à Rome et flinguer les jésuites (je n'apprécie pas les jésuites, mais cette phobie des jésuites, très exagérée, est dévastatrice pour la crédibilité de l'Eglise. Les enculés dans le style de Voltaire en feront leurs gorges chaudes).

L'Eglise gallicane (au passage : « gallicane » vient du mot latin qui signifie « gaulois ». Je dis ça pour les crétins qui croient qu'il n'y a pas équivalence entre français et gaulois) est une sorte de mafia qui protège son impunité.

Puis il y eut l'affaire de la régale, une histoire d'impôts sur les évêchés vacants. Un embrouillamini.

Le pape Innocent XI, un homme pas mauvais mais obtus et peu intelligent (bêtement canonisé), fort mal conseillé (les mauvais papes ne datent pas de 2013), prend le parti des jansénistes. On se retrouve donc dans cette situation absurde et très dommageable où les gallicans, dont l'essence est de désobéir à Rome, sont soutenus par le pape contre le roi de France.

A la mort d'Innocent XI, en 1689, les choses s'apaisent partiellement. Mais la querelle janséniste traine depuis 40 ans et n'est pas finie.

La faiblesse du roi

Certes, en 1710, la fermeture et la démolition de l'abbaye de Port Royal sont ordonnées et, en 1713, c'est chose faite : les bâtiments sont rasés et les tombes labourées. Mais il est bien tard et le roi vieillissant.

Le jansénisme (beaucoup de points communs avec l'écologisme) est une fascination morbide pour l'Enfer, qui nie la bonté divine. C'est aussi une contestation politique des bourgeois de la ville contre le roi allié aux classes populaires (ce n'est pas un hasard si nous retrouverons ce schéma lors de notre sanguinaire révolution).

Le plus frappant de ce jansénisme finissant est que le roi et Rome ont été impuissants, malgré des décisions parfois violentes, à ramener à la raison des évêques et un parlement parisien exaltés de fanatisme irresponsable. La magistrature parisienne a été égale à elle-même : bête, nocive et imbue de ses privilèges.

Avec le recul, il nous est plus facile qu'aux contemporains de voir ici l'émergence de l'opinion publique urbaine d'une part et des bureaucraties (versaillaise, parisienne et romaine) d'autre part. Le pouvoir du roi, pourtant légitime (la légitimité, c'est de faire le bien du pays. Ca n'est le cas ni de l'opinion publique ni des bureaucraties. C'est le cas du roi) est érodé.

De nombreux jansénistes ou héritiers du jansénisme se trouveront parmi les partisans de la constitution civile du clergé.

Interminable

Avec la mort du roi (1er septembre 1715) et la régence, le jansénisme est relancé (second jansénisme). Cette querelle interminable nous parait ridicule, et elle l'est. Elle est même lamentable.

On ne comprend pas l'âpreté et la durée de cette querelle si on ignore la méchanceté foncière de la doctrine janséniste. Par exemple, les jansénistes soutenaient sans sourciller que les enfants morts-nés étaient voués à l'Enfer.

Cela rappelle encore une fois nos écolos et leur méchanceté foncière. Ils nous expliquent en permanence que nous sommes trop nombreux pour  le bien de « la Planète » (que ne donnent-ils pas l'exemple en se suicidant ? Ah non, ce sont toujours les autres, les gueux, les pue-des-pieds, qui sont « trop nombreux », pas leurs majestés urbaines bolchéviques).

Et que fait-on quand des gens sont trop nombreux ? Quand on est « gentil », on les encourage à ne pas se reproduire. Mais l'histoire nous a prouvé qu'il y a des solutions plus radicales pour se débarrasser des gens « trop nombreux ». Et ça a déjà commencé : si la coupure d'électricité en Espagne, provoquée par les énergies loufoques des écolos, n'avait pas duré 12 heures mais 36, il y aurait eu des morts par centaines de milliers (zéro police, zéro pompier, zéro hôpitaux, zéro ravitaillement etc).

Ce détour par nos modernes écolos vous aide à comprendre pourquoi les opposants aux jansénistes refusent de rendre les armes : cette doctrine les révulse, à raison. Et réciproquement, pourquoi mon opposition aux écolos n'est pas de circonstance mais fondamentale.

On peut dire que le jansénisme ne disparait pas vraiment, que notre très sanguinaire révolution en est l'héritière directe.

Le concile Vatican 1 (1870-1871) mettra un terme définitif aux querelles théologiques dont les jansénistes prenaient prétexte.

... et dommageable

Il y un fanatisme du masochisme janséniste très destructeur (pensez au gros connard qui va à vélo au boulot l'hiver pour bien étaler sa supériorité morale de « sauveur de Planète ». Comment ne pas le détester ?).

Les jansénistes inventent les billets de confession : les sacrements ne sont donnés qu'à des gens qui peuvent prouver qu'ils ont été confessés par un janséniste.

On assiste à des scènes hallucinantes : des interrogatoires théologiques avant l'extrême-onction ou la communion.

Les anti-jansénistes retournent l'instrument contre les jansénistes.

Dans les années 1750, l'archevêque de Paris exige des billets de confession par un non-janséniste et le parlement de Paris (des magistrats) condamne, au nom de l'ordre public, à la prison les curés parisiens qui refusent les sacrements pour défaut de billet de confession. Les curés parisiens se trouvent  donc pris entre deux feux, entre leur hiérarchie et le parlement. Leur recours est la fuite en province pour échapper au ressort du parlement de Paris.

Les jansénistes implantent délibérément des fidèles dans certaines paroisses, par exemple Saint Etienne du Mont, pour provoquer des incidents : soit le curé demande des billets de confession et il est dénoncé au parlement, soit il donne les sacrements aux jansénistes sans demander de billets de confession et il est dénoncé à son archevêque. Nos modernes gauchistes, avec leur moderne testing, n'ont rien inventé : c'est la même engeance de vipères à l'esprit délateur.

Chaque partie envenime la situation, surtout le parlement. Les magistrats y apportent leur esprit méchant, buté et verbeux.

Les magistrats français ont toujours été un danger public parce qu'ils cumulent l'esprit petit-bourgeois (juriste n'est pas le profession la plus déliée d'esprit, pour le dire gentiment) et l'irresponsabilité. Voltaire disait d'eux : « Les bœufs-tigres : stupides comme des bœufs, féroces comme des tigres ».

Etonnez vous ensuite que la pratique religieuse des Parisiens vacille.

Pré-romantisme ?

Le jansénisme des années 1750 n'a plus grand'chose à voir avec celui du siècle précédent, mis à part le fanatisme.

Il tombe dans un sentimentalisme sirupeux qui cherche à faire pleurer dans les chaumières sur les pauvres jansénistes persécutés. On est à mille lieues de l'intelligence d'acier de Blaise Pascal.

Les curés parisiens

Les curés parisiens restent très longtemps en poste dans leur paroisse (30, 40 ans) et sont plutôt bien vus. Exemplaire, Jean-Denis Cochin, curé de Saint Jacques du Haut Pas pendant 26 ans, fonde l'hôpital qui porte son nom.

Par contre, il traine à Paris tout un tas de prêtres (environ 800), aux missions mal définies, plus ou moins oisifs, qui donne une fort mauvaise image de l'Eglise.

Le roi Voltaire

Le roi de Paris au XVIIIème siècle est évidemment Voltaire.

Hyper-parisien, il a un grand talent (ses contes sont un délice), mais il est bas : méchant, persifleur, moqueur, superficiel, affabulateur, rancunier, vaniteux ...

Il hait son père qui se décarcasse pour lui donner la meilleure éducation et les meilleures conditions de vie. Il va jusqu'à s'inventer une naissance adultère rocambolesque pour renier son père. Cette plus qu'ingratitude vous juge déjà le personnage.

Une fois dépouillé de ses grâces mondaines et de ses pirouettes langagières, M. François-Marie Arouet, dit Voltaire, est un très très petit homme.

On a les grands hommes qu'on peut.

Il n'en reste pas moins qu'il exerce son magistère malfaisant sur Paris. Son anti-christianisme obsessionnel (il faudrait un mot plus fort que « fanatique » pour le décrire) est célèbre. Pas besoin d'être un psychologue de renommée mondiale pour le relier à la haine du père, chez cet homme sans enfants.

Evidemment, beaucoup de contemporains estiment ce triste sire à sa juste valeur. Mais que faire contre la faveur publique d'une foule de crétins ? Il aurait fallu un Bossuet pour le remettre à sa place, on imagine son compte réglé en quelques mots par Blaise Pascal (la réputation de Descartes ne s'est jamais remise de « Descartes, inutile et incertain »), mais l'époque n'en produisait plus.

Pierre Chaunu trouve du style pour cingler ce prototype d'égoïste individualiste moderne, sans ascendance, sans descendance, sans famille, sans amis (juste des faire-valoir), juste Moi, Moi Moi.

Mais Chaunu conclut tout de même que le plus dommageable ne fut pas Voltaire, mais le gallicanisme : l'Eglise de France, obsédée de ses particularismes et de ses querelles minables (tout cela sera balayé en 1789 et tout ce qui paraissait important la veille remis à sa juste place) n'avait pas la puissance intellectuelle pour répondre aux enjeux de l'époque.

Il n'est donc pas étonnant que de nombreux parisiens s'en soient détachés.

L'athéisme et la pulsion de mort

L'athéisme, selon, Chaunu, « est la somme totale de toutes les monstruosités de l'esprit humain : il y entre de l'orgueil, du fanatisme, de l'ignorance, de l'audace et une manie destructrice qui font un désert du brillant spectacle du monde et qui avoisinent beaucoup la démence ».

Louis-Sébastien Mercier, chroniqueur parisien, est un cas intéressant. Proche des « philosophes », il n'en est pas moins mal à l'aise avec leur esprit fanatique borné. Il s'intéresse aux femmes célibataires et se scandalise qu'il y ait si peu d'enfants (dans les années 1800), lui qui a eu trois filles.

Au fond, il partage le diagnostic de Rémi Brague. La question existentielle n'est pas « La vie vaut-elle la peine d'être vécue ? » mais « La vie vaut-elle la peine d'être donnée ? ». L'homme est le seul animal qui a besoin de raisons pour se reproduire.

Or, il semble à Mercier, à Chaunu et à Brague qu'il y a une relation directe, même si elle n'est pas flagrante, entre le désir de donner la vie et la croyance que la vie, qui est pourtant tragique, est bonne en soi parce que donnée par Dieu, parce qu'il y a un au-delà paradisiaque.

Bref, l'athéisme est la raison fondamentale de la dénatalité.

Puis, en 1789, vint la catastrophe.

En octobre, à son frère qui se lamentait « Que faire ? », Madame Elisabeth, le seul homme de la famille, répondit abruptement « Et si vous faisiez le roi ? ».

On n'imagine pas Saint Louis, Charles V ou Louis XIII  hésitant une seconde à faire emprisonner ou exécuter tous les séditieux bavasseurs de café.

Mais Louis XVI (comme Nicolas II) avait perdu foi en sa mission divine et il est mort en chrétien mais comme un con.

dimanche, juin 08, 2025

300 jours pour en finir avec Hitler . 13 juillet 1944, 9 mai 1945 (Eric Branca)

Eric Branca choisit ses sujets,L'ami américainLe roman des damnésL'aigle et le léopardLa république des imposteurs, avec un soin à la limite du sadisme.

En juillet 1944, la situation de l'Allemagne nazie, hitlérienne, est sans ambiguïté : elle a perdu la guerre, définitivement, sans espoir d'échapper à une reddition sans conditions.

A l'est, l'opération Bagration (complètement ignorée par Hollywood) a tronçonné l'armée allemande. L'estimation de 400 000 pertes est un minimum. C'est l'une des plus éclatantes réussites de l'histoire militaire. La Wehrmacht est dominée non seulement matériellement mais intellectuellement. La doctrine soviétique est meilleure, son efficacité opérationnelle remarquable. L'offensive a été parfaitement échelonnée. Les conséquences sont cataclysmiques pour l'armée allemande.

A l'ouest, le blocage dans le bocage se poursuit, mais l'issue ne fait de doutes pour personne ayant une once de réalisme.

Sur les plans industriel et humain, les choses sont consommées : Les Alliés produisent, suivant les matériels, entre 3 et 10 fois plus que les Allemands, leurs troupes sont beaucoup plus nombreuses et, désormais, mieux formées.

Les villes du Reich subissent des bombardements incessants, nuit et jour.

En 1918, l'Allemagne avait cherché la paix pour moins que cela.

Alors, pourquoi 300 jours ont-ils été nécessaires pour transformer la défaite virtuelle en réalité ?

Les conjurés du 20 juillet 1944

Il faut commencer par dire qu'Hitler a une chance du diable.

Il échappe le 8 novembre 1939 à l'attentat qui était peut-être le mieux préparé, celui de l'ébéniste communiste Georg Elser. Parce que la météo étant mauvaise, Hitler doit écourter son discours pour prendre le train au lieu de l'avion. Il échappe à quelques minutes près à la bombe.

Hitler tue ceux qui ont essayé de le tuer, quelquefois après les avoir conservés au frais longtemps. Elser est assassiné à Dachau en avril 1945.

Quand on lit la prose des conjurés du 20 juillet 1944, on réalise qu'ils étaient des suprémacistes allemands, ils voulaient faire la politique d'Hitler, sans Hitler et sans exterminer les juifs. Compréhensible que les Alliés, contactés, ne les aient guère pris au sérieux.

Un moyen presque infaillible de tuer une personnalité, c'est l'attentat suicide. Stauffenberg serait resté avec sa bombe, Hitler serait mort. Les volontaires ne se bousculent pas. Voir la scène, prémonitoire et désopilante, de l'excellentissime Dictateur, (Charlot qui ramasse discrètement les pièces à la fin de la scène, le génie comique de Chaplin) qui ne fut pas jugé à sa juste valeur à sa sortie et qu'Hitler, grand amateur de cinéma américain, a vu (sa réaction n'a hélas pas été rapportée).

Dommage que Branca prenne au sérieux la thèse du suicide de von Kluge.

Branca fait remarquer avec malice que beaucoup de militaires allemands ont argué après la guerre de tentatives d'assassinat ratées sans aucun début de preuves, donc probablement imaginaires, et que ce phénomène étrange pourrait bien être une manière de dédouaner de leurs accointances nazies les galonnés récupérés par les Américains, guerre froide oblige.

Le bilan de l'attentat raté du 20 juillet 1944 est catastrophique :

1) il vient beaucoup trop tard. C'est l'ébéniste qui avait raison, et non les généraux prussiens.

2) politiquement, il permet d'achever la nazification de l'Etat et de l'armée. Le salut nazi remplace le salut militaire. Pour le dernier acte du drame, Hitler a un pouvoir absolu.

L'échec de Market Garden

Le maréchal Montgomery est un pompeux crétin (« Un psychopathe » dira Eisenhower en privé).

Il n'a remporté qu'une seule vraie victoire : El Alamein, contre une Afrikakorps affaiblie par les prélèvements pour le front de l'est. Il a échoué dans tout le reste (notamment en Normandie, Les Cannais s'en souviennent douloureusement).

Il ne doit sa carrière qu'à deux facteurs :

> le jugement défaillant de Churchill (c'est bien connu que Winston a plus d'énergie que de jugeote. Il recommencera avec Tito).

> une propension à se mettre en scène et à faire sa propre publicité jamais prise en défaut, qui finit par le rendre intouchable aux yeux du public.

Alors que l'opération stratégique prioritaire est la sécurisation du port Anvers, Montgomery ne trouve rien de mieux que de monter l'opération Market-Garden, mal préparée et mal exécutée, destinée à traverser le Rhin par la Hollande. Pour montrer que la Grande-Bretagne n'est pas un junior partner (bin si, elle l'est).

Le parfait catalogue des erreurs à ne pas commettre. : négligence, pire - ignorance volontaire, des renseignements, sous-estimation de l'ennemi, de la logistique, du terrain et de la météo, matériel inadapté.

Comme il est traditionnel à la guerre, la stupidité des chefs est payée du sang des hommes.  Et de la famine aux Pays-Bas.

Montgomery, avec sa mauvaise foi habituelle, qualifiera ce lamentable échec de « victoire à 90 % ».

Il y a une grosse responsabilité d'Eisenhower de ne pas avoir interrompu cette opération qu'il ne sentait pas. Ménager les susceptibilités est une nécessité de la guerre en coalition, mais celle-ci a été poussée trop loin à cette occasion.

Au lieu de virer Montgomery comme il aurait dû, le gouvernement britannique a, pour sa honte éternelle, accusé le général polonais (donc sans grande puissance derrière lui) qui avait vu clair.

La Finlande

La gestion parfaite de la guerre par la Finlande mérite qu'on y réfléchisse.

Elle a su défendre sa souveraineté contre l'URSS et contre l'Allemagne, tour à tour alliée aux uns et aux autres, sans se mettre à dos ni les uns ni les autres. C'est un véritable exploit d'intelligence, essentiellement dû au maréchal Mannerheim.

Il y a eu un jeu de bascule très habile entre les dirigeants finlandais, les pro-Russes et les pro-Allemands se mettant plus ou moins en avant suivant les circonstances.

Explosion nucléaire allemande en 1945 ?

Je suis déçu par ce passage car il me fait douter de l’ensemble de l’ouvrage (de même que quelques erreurs typographiques ou orthographiques, qui ne sont jamais bon signe).

Eric Branca accorde foi aux rumeurs disant que les Allemands auraient réussi une explosion atomique en 1945. Heureusement, il reste flou sur la nature de cette explosion, ce qui le sauve de la faute inexcusable. Mais je ne suis pas sûr que cette ambiguïté soit volontaire.

Il y a deux sortes d’explosions nucléaires :

> La vraie explosion nucléaire par une bombe à fission (ou à fusion). Elle nécessite une quantité de matière fissile (U235 ou Pu239) et une grosse organisation industrielle.

> La fausse explosion nucléaire, qui est une bombe chimique traditionnelle qui disperse des matières radioactives, la bombe radiologique, la « bombe sale ». Ou une bombe sous-critique.

Il est impossible que l’Allemagne ait pu procéder en 1945 à une vraie explosion nucléaire, pour deux raisons :

> il est bien documenté que les savants allemands étaient dans une impasse théorique, n’ayant pas compris l’importance de la distinction neutrons rapides/neutrons lents. Il se trouve que beaucoup des meilleurs savants atomistes allemands étaient juifs et en train de travailler à Los Alamos.

> l’Allemagne n’avaient pas les capacités industrielles de produire une bombe à fission, mais alors pas du tout. L’URSS, qui n’avait aucun problème de conception puisque 100 % issue de l’espionnage, et qui était désormais en paix, a mis 4 ans à faire la bombe A. Si l'Allemagne avait abandonné le développement des V2, du char Tigre et des Me 262, peut-être aurait-elle eu ces moyens industriels, mais ce ne fut pas le cas.

Que les Allemands aient fait péter une bombe radiologique, pourquoi pas ? Mais ça n'avait aucun intérêt. Une bombe à fission ? Impossible. C'est dommage qu'Eric Branca soit ambigu.

L'armée d'occupation américaine en France

L'attitude des Américains était méprisante vis-à-vis des Français, pour dire le moins. Ils se comportaient en terrain conquis.

Les Américains considéraient les Français comme des Indiens plus ou moins sympathiques mais, assurément, des inférieurs.

La douloureuse question des bombardements revient toujours. A raison.

Il n'y a pas d'ambigüité sur le principe : il était légitime de bombarder des objectifs industriels et militaires en France.

Mais la mise en œuvre est révélatrice. On ne compte pas les cas où les Américains ont raté leur cible mais pas les civils français autour (ne serait-ce que chez moi).

Techniquement, c'est très simple à expliquer : à l'époque, plus on vole haut, plus on est en sécurité et moins on est précis. En volant haut, les Américains choisissaient leur sécurité au détriment des civils français. Autrement dit, il ne fallait pas risquer la vie d'Américains pour épargner des Français.

D'ailleurs, on confiait les missions délicates aux Anglais ou aux Français.

Cela dit tout ce qu'il y a à savoir sur ce sujet des bombardements américains en France.

L'affaire des milliers de viols est aujourd'hui bien connue. Il y a aussi eu quelques civils normands kidnappés pour les interroger en Angleterre !

Propagande hollywoodienne

Branca conclut sur ce fait orwellien que les 3/4 des Occidentaux donnent les Etats-Unis comme principal contributeur à la victoire sur l'Allemagne nazie.

Au regard des faits, c'est tout simplement absurde, idiot. Le lavage de cerveau hollywoodien.

Rappelons juste quelques chiffres :

Morts en Europe :

USA : 140 000        URSS : 27 millions

Pertes de l'armée allemandes :
 
A l'ouest 1,5 millions   A l'est : 5 millions


En bref

J'ai été gêné par la mauvaise qualité éditoriale de l'ouvrage, nombreuses fautes d'orthographe ou erreurs diverses (Grandville pour Granville, Belgrade à la place de Bucarest, etc).

Un livre en dessous des précédents, bâclé.

lundi, juin 02, 2025

Sur ordre d'Hitler. Crimes passés inaperçus 1939-1945 (François Delpla)

Néo-nazisme

Avec le Système extrême-centriste mondialiste, nous vivons un néo-nazisme :

1) sans Hitler.

2) où la haine génocidaire des juifs a été remplacée par la haine génocidaire des blancs, avec la même prétention à la scientificité (les études « décoloniales »).

3) où le niveau de violence physique est bien moindre (mais pas nul : voyez les Gilets Jaunes éborgnés) et le niveau de manipulation des masses bien plus élevé (les moyens techniques de manipulation des masses - écrans partout et techniques de nudge- étant bien plusieurs ordres de grandeurs supérieurs aux pauvres moyens, journaux, radio et cinéma, à la disposition d'Hitler).

Voici ce que j'écrivais en 2020, je n'en changerais pas un mot  :

Il y a donc deux sortes de centrismes : le centrisme qui allie les extrêmes et le centrisme qui refuse les extrêmes. On a longtemps cru (c'est moi qui commente) que le centrisme français à la Giscard-Bayrou-Macron était du second type. Mais le centrisme actuel montre un tel fanatisme nihiliste qu'il pourrait bien être, comme le nazisme, du premier type. Bien sûr, on ne le reconnaît pas comme tel parce qu'il manque la composante anti-juive, mais l'empressement avide avec lequel notre gouvernement a profité du COVID pour étendre l'avortement et pour ordonner (circulaire du 19 mars) de tuer les vieux malades aurait été applaudi par les nazis.

Autres points communs fondamentaux entre le nazisme et le macronisme : le culte du chef, le scientisme, l'anti-catholicisme, l'idée qu'il y a des êtres supérieurs (« les premiers de cordée »), l'obsession raciale (inversée par rapport à Hitler), l'hygiénisme, l'écologie, l'européisme, la primauté de l'Allemagne. Avec le confinement généralisé et la surveillance panoptique du COVID, nous avons encore franchi une étape du rapprochement avec le nazisme. Ca commence à faire beaucoup plus que de fâcheuses coïncidences (bien sûr, il y a des différences, mais je ne suis pas sûr qu'elles soient très significatives). Et c'est très simple à expliquer, pas besoin de se faire de noeuds au cerveau : tous les auteurs du XXème siècle traitant du sujet (de Chesterton à Pie XI en passant par Huxley, et puis, tout simplement, Hitler lui-même dans Mein Kampf) avaient prévu, les uns pour le souhaiter, les autres pour le déplorer, que le recul du christianisme, spécialement sous sa forme catholique, amènerait ce type de sociétés. L'inversion de l'idéologie hitlérienne (racisme anti-blancs et anti-national) nous cache que nous vivons dans un monde qui ressemble très fort aux uchronies imaginant qu'Hitler a gagné la guerre et qu'il est mort de vieillesse dans son lit.

Bien sûr, c'est une analogie, qui a ses limites comme toute nalogie. Mais il n'en demeure pas moins qu'elle est pertinente. Comme Hitler, Macron veut abolir le commandement « Tu ne commettras point de meurtre » et se prend pour l'anti-Christ.

La profusion, l'obsession, des lois de mise à mort (Rivotril, avortement, euthanasie) n'est pas un accident,  la pulsion de mort est le cœur du macronisme comme de l'hitlérisme. (Je vous conseille cette excellente lecture : le socialisme comme pulsion de mort.)

Etant donné que je pense qu'on vit un nazisme sans Hitler, les agissements d'Hitler ont pour moi un intérêt purement historique. Je ne les crois pas transposables à notre époque.

Ce long préliminaire fini, nous pouvons attaquer les crimes individuels d'Hitler.

Le meurtre comme outil politique

Dans une lettre de 1919, donc précoce (il a 31 ans), Hitler écrit à un ami qu'il faut tuer les juifs non par sentiment, par colère, mais par calcul.

Calcul délirant mais qui a sa logique.

On se focalise sur les tueries de masse, à cause de leur caractère spectaculaire, mais les meurtres individuels obéissent aussi à la logique hitlérienne.

Hitler calcule : il tue ni trop ni trop peu (de son point de vue). Pas trop : ne pas provoquer une révolte ou solidifier l'opposition. Suffisamment : de quoi terrifier les opposants, « faire passer un message » comme on dirait dans la mafia.

Par exemple, le faux suicide de von Kluge est une manière de mettre un point final à l'après attenta du 20 juillet1944.

François Deplpla a fouillé son sujet, mais cela reste frustrant parce qu'il n'y a guère de preuves (le « bilan carbone » de l'Allemagne nazie est vraiment très mauvais : beaucoup d'archives brulées).

Ce travail est innovant parce qu'il montre la finesse et l'intelligence d'Hitler dans le Mal. Ses meurtres sont calibrés avec une précision d'horloger, ou d'entomologiste. C'est terrifiant. On est loin du pantin de Chaplin.